Lutte contre la fraude sur l'huile d'olive
Question de :
Mme Anaïs Sabatini
Pyrénées-Orientales (2e circonscription) - Rassemblement National
Mme Anaïs Sabatini attire l'attention de Mme la ministre de l'agriculture et de la souveraineté alimentaire sur la fraude à l'étiquetage des huiles d'olive commercialisées en France, ainsi que sur l'opacité des circuits d'approvisionnement et des mélanges d'huiles importées. Selon un rapport de la DGCCRF basé sur des contrôles menés en 2021, 40 % des huiles d'olive présentent des anomalies, notamment des cas de « francisation » de produits étrangers. Cette situation nuit à l'agriculture française et trompe les consommateurs, qui pensent acheter un produit local de qualité. Mme la députée rappelle que la réglementation européenne, notamment le règlement 2022/2014 complétant le règlement 1308/2013, impose des dispositions pour l'étiquetage de l'origine des assemblages d'huiles, mais ces dispositions sont peu respectées. De plus, les huiles d'olive produites en France, comme celles des Pyrénées-Orientales, souffrent d'un manque de reconnaissance et de protection lorsqu'elles ne bénéficient pas d'une appellation d'origine protégée (AOP) ou d'une indication géographique protégée (IGP). Ces huiles de grande qualité se retrouvent en concurrence déloyale avec des produits importés, souvent moins chers et de moindre qualité. Face à ces constats, elle lui demande quelles mesures le Gouvernement entend mettre en œuvre pour intensifier les contrôles et lutter plus efficacement contre les fraudes à l'étiquetage des huiles d'olive, améliorer la transparence et la traçabilité des huiles d'olive commercialisées en France, en rendant obligatoire l'indication précise de l'origine géographique des olives sur les étiquettes et, enfin, soutenir les producteurs français en facilitant l'obtention d'appellations d'origine protégée pour les huiles de qualité, notamment dans des départements comme les Pyrénées-Orientales.
Réponse publiée le 24 juin 2025
Le règlement délégué (UE) n° 2022/2104 et le règlement d'exécution (UE) n° 2022/2105 du 29 juillet 20202 fixent les normes de commercialisation de l'huile d'olive ainsi que les règles relatives aux contrôles de conformité et les méthodes d'analyses des caractéristiques des huiles d'olive. La direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) effectue chaque année des contrôles de conformité afin de vérifier le respect des normes de commercialisation sur la base d'une analyse des risques. Les critères d'évaluation du risque prennent notamment en compte la catégorie d'huile d'olive, la présence de mentions valorisantes, les constatations faites lors des derniers contrôles ainsi que les systèmes d'autocontrôles mis en place par les professionnels. La production d'huile d'olive en France représente moins de 5 % des huiles consommées et ne suffit pas à couvrir les besoins de consommation de la population, ce qui nécessite l'importation d'huile d'olive d'autres États-membres européens ou de pays tiers. Quelle que soit l'origine du produit, les services d'enquête de la DGCCRF s'assurent, lors des contrôles, du respect de l'ensemble des dispositions règlementaires en matière d'étiquetage. Les huiles doivent comporter les dénominations légales de leur catégorie. Des prélèvements sont également effectués pour s'assurer de la catégorie de l'huile d'olive indiquée sur l'étiquetage ainsi que de sa pureté : absence d'adultération avec d'autres huiles végétales. Les contrôles sont effectués chez les producteurs dans les moulins oléicoles, auprès des importateurs ou introducteurs, des négociants et au stade de la distribution chez les détaillants. Lorsque des non-conformités sont constatées elles donnent lieu à des demandes de remise en conformité et / ou à des suites pénales. À titre d'exemple, à la suite des contrôles effectués en 2024, 11 procès-verbaux pénaux et 36 injonctions de mise en conformité sont en préparation à l'égard des établissements contrôlés. La DGCCRF continue d'exercer une pression de contrôle sur le secteur et prévoit, à ce titre, d'augmenter de 15 % les prélèvements en 2025. S'agissant des appellations d'origine protégées (AOP) et indications géographiques protégées (IGP) leur obtention est l'aboutissement de démarches volontaires qui font l'objet d'un encadrement réglementaire, d'un contrôle des pouvoirs publics et d'une protection contre les usurpations pour protéger les opérateurs et les consommateurs. L'initiative des démarches de reconnaissance en AOP/IGP appartient aux groupements de producteurs concernés, l'instruction des demandes est ensuite effectuée par l'institut national de l'origine et de la qualité (INAO) avant homologation d'un cahier des charges et transmission de la demande à la Commission européenne. Cette politique de valorisation des productions ancrées dans le terroir, encadrée par la règlementation européenne est pleinement soutenue et promue par les autorités françaises.
Auteur : Mme Anaïs Sabatini
Type de question : Question écrite
Rubrique : Agriculture
Ministère interrogé : Agriculture, souveraineté alimentaire
Ministère répondant : Économie, finances, souveraineté industrielle et numérique
Dates :
Question publiée le 21 janvier 2025
Réponse publiée le 24 juin 2025