Question écrite n° 3348 :
Menaces turques sur les populations kurdes de Syrie.

17e Législature
Question signalée le 9 juin 2025

Question de : M. Édouard Bénard
Seine-Maritime (3e circonscription) - Gauche Démocrate et Républicaine

M. Édouard Bénard alerte M. le ministre de l'Europe et des affaires étrangères sur les menaces pesant sur le peuple kurde en Syrie. Profitant de la chute du régime de Bachar al-Assad renversé par le groupe Hayat Tahrir al-Cham (HTC) en décembre dernier, le président turc Recep Tayyip Erdogan s'active à pousser plus avant son avantage pour atteindre les objectifs anciens et répressifs qu'il s'est fixé et ce, avec le soutien des forces supplétives syriennes qu'il a armées, à savoir : chasser les Kurdes, anéantir l'administration autonome du nord et de l'est de la Syrie et annexer une partie des territoires frontaliers. L'ingérence militaire turque, qui perdure depuis de nombreuses années, constitue une violation flagrante du droit international et met en péril la stabilité régionale. Il est primordial de défendre le peuple kurde qui a été un allié déterminant pour la France et ses partenaires occidentaux dans la lutte commune contre l'État islamique (EI). Les batailles décisives de Kobané (2014-2015) et Raqqa (2017) témoignent de leur rôle essentiel, particulièrement à travers la création des Forces démocratiques syriennes (FDS) en 2015. En dépit de leurs sacrifices, les alliés kurdes sont aujourd'hui abandonnés à leur sort, confrontés à une menace grandissante. Les récentes activités de l'EI observées en Syrie et en Irak voisin rappellent le risque imminent d'un renforcement de ses capacités opérationnelles. Les Kurdes, qui détiennent encore des milliers de djihadistes dans des prisons surpeuplées et vulnérables, jouent actuellement un rôle-clé dans la prévention de la résurgence de l'EI. Plusieurs milliers de détenus de l'EI, dont de nombreux combattants étrangers, y compris Français, sont aujourd'hui susceptibles de retrouver la liberté dans le chaos qui suivrait immanquablement une intervention militaire d'envergure du gouvernement turc ou de ses obligés du HTC. Aussi, il demande quelles actions diplomatiques déterminées entend prendre le Gouvernement français pour endiguer l'ingérence turque en Syrie, protéger les populations kurdes et réaffirmer l'engagement de la France pour la paix et la sécurité au Levant.

Réponse publiée le 15 juillet 2025

La France suit avec une attention particulière la situation des Kurdes en Syrie, nos alliés historiques dans la lutte contre le terrorisme. La répression sanglante orchestrée par Bachar al-Assad contre son peuple depuis 2011 a eu pour conséquence directe la montée de la menace terroriste islamiste de Daech, que nous avons combattue inlassablement aux côtés des Forces démocratiques syriennes, dans le cadre de la Coalition internationale contre Daech. Depuis le 8 décembre 2024 et la chute de la dictature de Bachar al-Assad, un nouvel espoir renaît en Syrie. Dans cette nouvelle Syrie, les Kurdes doivent pouvoir participer pleinement à la réappropriation de leur nation, accéder à une pleine citoyenneté et voir leurs droits, en particulier culturels, reconnus. La France est attachée à la mise en œuvre d'un processus de transition politique pacifique et inclusif, comme l'a réaffirmé le Président de la République lors de sa rencontre avec le Président de transition syrien, Ahmad al-Charaa, à Paris le 7 mai dernier. Cette transition politique doit réunir l'ensemble des composantes du tissu social syrien. L'accord de principe entre les nouvelles autorités syriennes et les Forces démocratiques syriennes, conclu le 10 mars dernier, est un premier pas positif en ce sens, qui doit permettre, à terme, la réunification de la Syrie et l'intégration des Kurdes. Nous avons contribué, par nos efforts de médiation, à ce dialogue et continuons de soutenir les négociations devant mener à la pleine application de cet accord. Le ministre de l'Europe et des affaires étrangères s'entretient régulièrement avec le général Mazloum Abdi, commandant des Forces démocratiques syriennes, qu'il a eu l'occasion de rencontrer à Erbil le 24 avril dernier, pour discuter des moyens de garantir la sécurité de la population kurde du Nord-Est syrien. Par ailleurs, nous œuvrons à assurer l'intégration des Kurdes syriens dans leur environnement régional. Nous avons effectué un travail de médiation entre les Kurdes du Nord-Est syrien et les autorités turques, que nous appelons, lors de nos consultations régulières, à favoriser la désescalade, à cesser toute situation conflictuelle et à trouver un modus vivendi qui convienne à toutes les parties. En outre, nous sommes engagés pour faciliter les discussions entre les Kurdes syriens et les Kurdes d'Irak.

Données clés

Auteur : M. Édouard Bénard

Type de question : Question écrite

Rubrique : Politique extérieure

Ministère interrogé : Europe et affaires étrangères

Ministère répondant : Europe et affaires étrangères

Signalement : Question signalée au Gouvernement le 9 juin 2025

Dates :
Question publiée le 21 janvier 2025
Réponse publiée le 15 juillet 2025

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