Question écrite n° 3784 :
Fonds d'intervention régional et accès au soin

17e Législature
Question signalée le 2 juin 2025

Question de : M. Stéphane Viry
Vosges (1re circonscription) - Libertés, Indépendants, Outre-mer et Territoires

M. Stéphane Viry interroge Mme la ministre du travail, de la santé, des solidarités et des familles sur l'efficacité et la gestion du Fonds d'intervention régional (FIR). Alors que l'accès aux soins constitue une priorité pour une majorité de citoyens, de nombreuses données révèlent une situation préoccupante : près d'un Français sur deux rencontre des difficultés d'accès aux services de santé et près d'un sur dix y est tout simplement privé. Ce constat semble paradoxal dans un pays doté d'un système de santé parmi les plus développés. En juin 2023, le Gouvernement a présenté un plan visant à lutter contre la désertification médicale, en promettant la création de 4 000 maisons de santé pluriprofessionnelles. Bien que cette initiative réponde aux attentes des nouvelles générations de médecins, qui plébiscitent ces structures collaboratives, la concrétisation de cette ambition est entravée par des problématiques de financement et de mise en œuvre. Le Fonds d'intervention régional, conçu pour soutenir de telles initiatives, demeure sous-utilisé et d'une complexité administrative dissuasive, ralentissant les projets innovants dans les territoires. De plus, le modèle de financement actuel repose encore sur des dispositifs saturés, tels que la dotation d'équipement des territoires ruraux (DETR). Cette situation contraint les collectivités locales à assumer une part disproportionnée des coûts, malgré des budgets déjà fortement sollicités. Dans les Vosges, par exemple, une trentaine de maisons de santé fonctionnent en 2024, mais une dizaine supplémentaire serait nécessaire pour répondre aux besoins identifiés. Les collectivités locales, déjà en difficulté financière, peinent à accompagner ces projets, comme en témoignent les initiatives inachevées à Châtel-sur-Moselle, Saint-Nabord, Plombières-les-Bains et Moyenmoutier. Face à ces défis, il devient impératif de clarifier la position de l'État et des agences régionales de santé. Le FIR, doté d'une certaine souplesse dans son principe, semble aujourd'hui incapable de jouer son rôle. Pourquoi ces fonds, essentiels pour l'adaptation territoriale, sont-ils si difficiles à mobiliser ? Le Gouvernement considère-t-il encore les maisons de santé pluriprofessionnelles comme une priorité stratégique ? Ou bien, en pratique, cette responsabilité est-elle transférée aux collectivités, au mépris de leurs capacités financières ? Il souhaite également savoir quelles mesures immédiates seront prises pour simplifier l'accès aux financements, alléger les contraintes administratives et garantir que les objectifs fixés en matière d'accès aux soins soient atteints ; sans actions concrètes et rapides, le décalage entre les annonces gouvernementales et leur mise en œuvre risque de renforcer la défiance des citoyens envers l'État.

Réponse publiée le 16 septembre 2025

Depuis plusieurs années et dans le cadre des politiques prioritaires du Gouvernement, le ministère de la santé est engagé dans une politique volontariste de déploiement de l'exercice coordonné sous toutes ses formes. L'exercice isolé doit devenir l'exception et l'organisation en équipes est une des réponses au défi majeur de l'accès aux soins. Il s'agit en effet de renforcer la coordination au sein des équipes de soins avec le développement, notamment des maisons de santé pluriprofessionnelles. Les maisons de santé répondent aux aspirations des professionnels, notamment des jeunes médecins, et aux besoins de soins des Français. Elles sont un moteur de la transformation des pratiques tout en offrant une meilleure qualité de prise en charge, dans des délais réduits. Elles proposent une offre de soins durable et pérenne, grâce à leur attractivité et leur intégration dans les territoires. Aussi, le déploiement des maisons de santé est une priorité du Gouvernement, qui est pleinement mobilisé dans la mise en œuvre du « Plan 4 000 Maisons de santé pluriprofessionnelles (MSP) » et, à la fin de l'année 2024, on décomptait 2758 maisons de santé pluriprofessionnelles sur le territoire, chiffre en constante augmentation. De nombreux moyens sont déployés, notamment à travers l'accompagnement des structures et des porteurs de projets par les agences régionales de santé à travers le fonds d'intervention régional. Ces crédits permettant notamment de recruter un coordinateur dès le début du projet afin de garantir une installation stable et pérenne, et de mettre en place une réelle coopération entre les professionnels de santé au bénéfice des patients. En outre, dans le cadre du « Plan 4 000 MSP », l'accompagnement financier des projets immobiliers a également été identifié comme un enjeu majeur. Aussi, 45 millions d'euros sur trois ans, soit 15 millions d'euros par an, sont délégués sur la période 2024-2026 afin de bâtir des lieux d'exercice adaptés ou de rénover des structures déjà existantes. Enfin, les maisons de santé bénéficient de crédits pérennes de l'Assurance maladie permettant d'assurer leur fonctionnement courant et de valoriser la coordination entre les professionnels qui la composent. En 2024, les maisons de santé conventionnées touchaient en moyenne 80 000 euros par an à ce titre. Des négociations conventionnelles avec les représentants du secteur sont aujourd'hui en cours, renforçant de nouveau l'engagement des pouvoirs publics dans cette forme d'exercice.

Données clés

Auteur : M. Stéphane Viry

Type de question : Question écrite

Rubrique : Santé

Ministère interrogé : Travail, santé, solidarités et familles

Ministère répondant : Santé et accès aux soins

Signalement : Question signalée au Gouvernement le 2 juin 2025

Dates :
Question publiée le 4 février 2025
Réponse publiée le 16 septembre 2025

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