Question écrite n° 4275 :
Loi sur l'achat de terres en Cisjordanie occupée et poursuite de la colonisation

17e Législature

Question de : Mme Andrée Taurinya
Loire (2e circonscription) - La France insoumise - Nouveau Front Populaire

Mme Andrée Taurinya attire l'attention de M. le ministre de l'Europe et des affaires étrangères sur une proposition de loi israélienne actuellement en cours d'examen à la Knesset visant à « éliminer la discrimination dans les achats immobiliers en Judée et Samarie ». Ce texte a pour but de faciliter et d'encourager l'achat de terres en Cisjordanie par des colons israéliens, ce qui constitue une violation manifeste du droit international. En effet, l'annulation de la loi jordanienne en vigueur et la levée des restrictions à l'achat foncier par des citoyens israéliens dans les territoires occupés renforceraient l'implantation de colonies israéliennes en Cisjordanie. Ce texte est donc en contradiction avec la Quatrième Convention de Genève, qui interdit à une puissance occupante de transférer sa propre population civile dans le territoire qu'elle occupe et avec la résolution de l'Assemblée générale de l'ONU du 18 septembre 2024, qui exige qu'Israël mette fin à sa présence illicite dans le Territoire palestinien occupé au plus tard dans 12 mois. Dans cette démarche, en légiférant directement sur un territoire occupé militairement, la Knesset affirme sa volonté d'annexion de la Cisjordanie. Ce texte risque d'aggraver l'apartheid à l'encontre de la population palestinienne en lui rendant encore plus difficile l'accès à ses propres terres et en permettant aux colons de bénéficier d'un régime de plus en plus favorable. Face à ces préoccupations, elle lui demande quelle est la position du Gouvernement sur ce projet de loi et les actions qu'il entend entreprendre pour défendre le droit international et les droits des Palestiniens face à ce nouveau développement de la colonisation.

Réponse publiée le 9 septembre 2025

La Cour internationale de justice, dans son avis du 9 juillet 2004, affirme que les colonies de peuplement israéliennes dans le territoire palestinien occupé sont un obstacle à la paix et au développement économique et social. Cette interprétation a conduit le Conseil de sécurité des Nations unies à réaffirmer dans sa résolution 2334 (2016) que la création par Israël de colonies de peuplement dans le Territoire palestinien occupé depuis 1967, y compris Jérusalem-Est, constituait un obstacle majeur à la réalisation de la solution des deux États et à l'instauration d'une paix globale, juste et durable. Dans la même résolution, il a rappelé qu'Israël, puissance occupante, est tenu de respecter scrupuleusement ses obligations et responsabilités juridiques découlant de la quatrième convention de Genève du 12 août 1949 relative à la protection des personnes civiles en temps de guerre. Or, les activités de colonisation israélienne se sont poursuivies sur une période récente, comme l'illustre la reprise du projet de colonie E1 annoncé par le conseil suprême de planification de l'administration civile israélien. Le rapport semestriel du secrétariat général des Nations unies sur la mise en œuvre de la résolution 2334, publié le 25 juin 2025, comptabilise 9 870 projets d'unités d'habitation en Cisjordanie approuvés par les autorités israéliennes du 14 mars au 17 juin 2025. En janvier 2025, la Knesset a approuvé la première étape d'un projet de loi intitulé « éliminer les discriminations dans les opérations immobilières en Judée et Samarie ». Proposé par Bezalel Smotrich, entre-temps adopté en lecture préliminaire, il permettrait aux colons d'acheter directement des terres en Cisjordanie sans traiter avec des entreprises préalablement enregistrées auprès de l'administration militaire (COGAT). En modifiant le régime foncier applicable à la Cisjordanie par l'uniformisation du droit applicable aux citoyens israéliens de part et d'autre de la ligne verte, cette loi contribuerait à l'extension croissante de la présence israélienne en Cisjordanie. Face à cela, la position de la France est claire et constante. Respectueuse du droit international, elle reconnaît la portée des résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies et des avis de la Cour internationale de justice. La France a condamné à de nombreuses reprises les actes de colonisation israéliens, illégaux au regard du droit international et de nature à imposer un état de fait qui nuit à la recherche d'une paix juste et durable et menace la solution des deux Etats portée par le Président de la République. Elle s'oppose fermement à toute velléité d'annexion et reconnaît la nécessité de réaliser les droits du peuple palestinien à l'autodétermination. Elle a donc plusieurs fois appelé Israël à reconsidérer sa politique en Cisjordanie. La France et son gouvernement réservent une attention toute particulière à cette question. Elle n'a cessé d'œuvrer en faveur d'une solution à deux Etats, qui doit permettre l'établissement d'un Etat palestinien indépendant, démocratique et contigu, vivant aux côtés de l'Etat d'Israël dans la paix et la sécurité, dans le cadre du droit international et des résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies. La France a coprésidé avec l'Arabie saoudite, les 28 et 29 juillet 2025, une conférence à New York, sous l'égide des Nations unies, pour soutenir les engagements pris en en ce sens et préparer la reconnaissance de l'Etat de Palestine en septembre 2025.

Données clés

Auteur : Mme Andrée Taurinya

Type de question : Question écrite

Rubrique : Politique extérieure

Ministère interrogé : Europe et affaires étrangères

Ministère répondant : Europe et affaires étrangères

Dates :
Question publiée le 18 février 2025
Réponse publiée le 9 septembre 2025

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