Question écrite n° 4504 :
Rénovation thermique d'immeubles dans les zones classées Bâtiment de France

17e Législature

Question de : Mme Sophie Pantel
Lozère (1re circonscription) - Socialistes et apparentés

Mme Sophie Pantel attire l'attention de Mme la ministre auprès du ministre de l'aménagement du territoire et de la décentralisation, chargée du logement, sur les dispositifs prévus par le Gouvernement pour accompagner les propriétaires d'immeubles situés au sein des périmètres de protection patrimoniale dans leurs travaux de rénovation énergétique. En particulier lorsque ces bâtiments se trouvent dans la catégorie G du diagnostic de performance énergétique (DPE), les rendant inéligibles à la location. La rénovation énergétique des bâtiments constitue un enjeu majeur dans la lutte contre le changement climatique et l'amélioration des conditions de logement des citoyens. Cependant, lorsqu'il s'agit de bâtiments situés dans des zones soumis à l'avis des architectes des Bâtiments de France (ABF), la situation devient plus complexe en raison de la nécessité de concilier l'amélioration des performances énergétiques avec la préservation du patrimoine architectural. Les interventions telles que l'isolation par l'extérieur ou le remplacement des menuiseries peuvent altérer l'apparence des façades historiques ou patrimoniales, ce qui est souvent incompatible avec les exigences de conservation. De plus, toute modification extérieure dans le périmètre de protection d'un monument historique nécessite l'autorisation des ABF, ce qui peut allonger les délais et augmenter la complexité administrative des projets de rénovation. Par exemple, l'installation de volets, une solution efficace pour améliorer l'efficacité énergétique, peut être refusée par les ABF si elle est jugée incompatible avec le caractère historique du bâtiment. De nombreux propriétaires se retrouvent sans issue avec des biens interdits à la location, une perte en matière de l'offre immobilière et de bâtiments dont la valeur s'effondre. Cette situation est d'autant plus préoccupante que 44 % des logements du parc locatif privé se trouvent dans ce périmètre et que plus de la moitié de ces logements est classé comme des « passoires énergétiques ». Toutefois, plusieurs études menées par le Conseil d'architecture, d'urbanisme et de l'environnement de la Lozère démontrent que le bâti ancien qui se trouve en Lozère, souvent à base de pierre, offre une bonne inertie thermique ainsi qu'une perméabilité à l'air et l'eau. Compte tenu de cette réalité complexe, il serait pertinent que les pouvoirs publics mettent en place des initiatives ciblées et ambitieuses pour remédier à la situation, en cherchant à concilier les objectifs de rénovations énergétiques avec le besoin de conserver notre patrimoine immobilier. Elle lui demande quelles mesures elle entend prendre.

Réponse publiée le 2 septembre 2025

Le ministère de l'aménagement du territoire et de la décentralisation et le ministère chargé du logement travaillent depuis plusieurs années avec le ministère de la culture sur la thématique de la rénovation énergétique du bâti ancien. Ils portent des actions conjointes visant à concilier les enjeux d'amélioration de la performance énergétique du bâti et de préservation de l'intérêt patrimonial des bâtiments. Une partie des actions sont d'ores et déjà finalisées ou en cours de réalisation. Ainsi, les banques de questions pour les examens d'entrée à la certification des diagnostiqueurs énergétiques, y compris pour l'audit énergétique, ont intégré, en 2024, des questions spécifiques au bâti ancien ou d'intérêt patrimonial, associé à un renforcement de leur formation sur ce sujet, afin d'assurer de compétences socles sur ce bâti particulier. Fin 2023, l'Agence nationale de l'habitat (ANAH) a diffusé des ressources à destination de tous les espaces conseils France Rénov', avec des bonnes pratiques pour conseiller les ménages sur la réhabilitation du bâti ancien. De plus, le CREBA, centre de ressources pour la réhabilitation responsable du bâti ancien, a été missionné pour contribuer à l'animation de réseaux sur ces thématiques. Ainsi, le CREBA contribue au dialogue entre associations de professionnels de la rénovation énergétique des bâtiments, de la protection du patrimoine et d'architectes. A noter également, qu'un guide, pour aider les diagnostiqueurs et les auditeurs énergétiques à choisir leurs recommandations de travaux, a été publié en mars 2025. Il donne en particulier un certain nombre de conseils et de ressources pour la réhabilitation du bâti d'intérêt patrimonial ou construit avec des techniques traditionnelles. Un autre guide, sur les techniques adaptées à la rénovation énergétique du bâti ancien et d'intérêt patrimonial, en cours de rédaction, doit permettre d'uniformiser les pratiques, et notamment de donner des références pour les décisions des architectes des bâtiments de France (ABF). Ces actions continueront à être renforcées et complétées avec des réflexions sur les outils et l'accompagnement à disposition des professionnels et des ménages pour les projets de rénovation énergétique du bâti patrimonial, notamment à travers les dispositifs d'intervention territoriale déployés par Agence nationale de l'habitat (Anah), qui permettent d'ores et déjà de mobiliser des ressources au service de l'élaboration de stratégies ciblées de rénovation de centres anciens. Par ailleurs, il convient de préciser que pour l'application des règles de décence énergétique, l'article 3ter du décret du 30 janvier 2002 prévoit que le juge ne peut ordonner de travaux dans le cas où les travaux nécessaires ont fait l'objet d'un refus par les autorités compétentes pour des raisons patrimoniales. De plus, le Gouvernement soutient l'initiative de la sénatrice Mme GACQUERRE, avec sa proposition de loi visant, entre autres, à mieux prendre en compte les contraintes des décisions administratives défavorables fondées sur des avis des architectes des bâtiments de France pour l'application de la décence énergétique. Cette même proposition de loi contient des mesures pour mieux en prendre en compte les spécificités des bâtiments anciens dans le calcul du diagnostic de performance énergétique (DPE). Enfin, il est important de rappeler que, quel que soit le contexte ou les caractéristiques du bâtiment, des travaux d'amélioration de la performance énergétique restent généralement possibles, comme en témoignent les nombreux exemples documentés par le CREBA ou l'observatoire BBC.

Données clés

Auteur : Mme Sophie Pantel

Type de question : Question écrite

Rubrique : Logement

Ministère interrogé : Logement

Ministère répondant : Logement

Dates :
Question publiée le 25 février 2025
Réponse publiée le 2 septembre 2025

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