Question de : M. Anthony Boulogne
Meurthe-et-Moselle (6e circonscription) - Rassemblement National

M. Anthony Boulogne alerte M. le ministre d'État, ministre de l'intérieur, sur les chiffres de la délinquance enregistrés par les gendarmes de la compagnie de brigades Dieulouard-Nomeny. Le bilan de l'année 2024 fait état de 900 interventions, soit une hausse de 20 % par rapport à 2023. Concernant les faits de délinquance, on enregistre une augmentation de 30 % des cambriolages en comparaison avec l'année précédente. Les atteintes aux biens sont également en progression par rapport à 2023, avec 407 faits établis. Quant aux atteintes aux personnes, elles s'établissent à 85. Au total, 704 crimes et délits ont été recensés par les gendarmes de Dieulouard et Nomeny, encore en hausse par rapport aux chiffres de l'année précédente. Ce bilan inquiétant n'est que la déclinaison locale d'un phénomène d'ensauvagement constaté à l'échelle nationale. Il lui demande donc de lui détailler quelles mesures il compte mettre en œuvre afin d'enrayer la hausse de la délinquance et de la criminalité en Meurthe-et-Moselle en particulier et dans l'ensemble du pays en général.

Réponse publiée le 17 juin 2025

La gendarmerie nationale est pleinement mobilisée pour combattre toutes les formes de délinquance. Le groupement de gendarmerie départementale de Meurthe-et-Moselle (GGD 54) ne fait pas exception et demeure résolument engagé pour la sécurité des personnes et des biens. Dans la zone de compétence relevant du GGD 54, le nombre de crimes et délits constatés a augmenté de 8,19 %, passant de 10 238 faits en 2023 à 11 077 en 2024. Malgré cette tendance à la hausse, le nombre de faits élucidés se trouve être en évolution de +7,36 % à concurrence de 5 676 en 2024 contre 5 287 en 2023. Par comparaison, le taux global d'élucidation des crimes et délits s'élève à 51,24 % pour le GGD 54 alors qu'au plan national, il est de 44,38 % en 2024. Le nombre de crimes et délits constatés sur le secteur de la COB Dieulouard a également augmenté sur la même période avec 657 faits en 2023 contre 704 en 2024, soit une hausse de 7,15 %. Le nombre de faits élucidés est quant à lui resté stable avec 235 faits élucidés en 2023 contre 237 en 2024. S'agissant plus spécifiquement des atteintes aux personnes, leur nombre est resté relativement stable sur le ressort du GGD 54 (2 315 faits en 2023 contre 2 381 en 2024). Il a en revanche fortement diminué sur le secteur de la COB Dieulouard, passant de 123 faits en 2023 contre 85 en 2024, soit une baisse de près de 40 %. Afin de lutter efficacement contre toutes les formes de violences, la gendarmerie nationale a mis en place plusieurs mesures : une meilleure formation des militaires à l'accueil, à la prise en charge et à l'audition des victimes (notamment mineures) ; le traitement prioritaire de ces contentieux ; les doctrines d'ouverture systématique de procédures, y compris sans plainte de la victime ; et l'adaptation permanente des techniques d'enquêtes à la délinquance (notamment en ce qui concerne le volet numérique). En outre, le plan de création des 239 brigades annoncé par le Président de la République permet de densifier le maillage territorial de la gendarmerie entre 2024 et 2027, par la création de brigades fixes ou mobiles qui facilite le contact direct avec les victimes, la prise de plainte en mobilité grâce à des outils numériques adaptés et limite ainsi la fracture sociale et rurale. Le plan 239 brigades a permis la création récente, au profit du GGD 54, de la brigade fixe d'Einville-au-Jard. Cette unité contribue directement à renforcer l'action de la gendarmerie dans le département. La gendarmerie mise également sur des actions de prévention, conduites localement par les 101 maisons de protection des familles (MPF) déployées au plan national. Cet investissement porte ses fruits puisqu'il a permis de maintenir un taux d'élucidation très important dans le cas des atteintes aux personnes, que ce soit au plan national (77% en 2023 et 2024) ou au sein du groupement de la Meurthe-et-Moselle (85,7 % en 2023 et 84 % pour l'année 2024). Concernant les atteintes aux biens, la gendarmerie constate une tendance à la hausse sur l'ensemble du GGD 54 (+13,2 % par rapport à l'année 2023). En effet, l'ensemble du département a été exposé à une forte augmentation des cambriolages (+21%) et des vols à la roulotte (+60%). Les interpellations réalisées sur le département permettent de matérialiser une grande part de délinquance en provenance d'autres départements limitrophes (délinquance itinérante) et de la grande couronne parisienne (grande criminalité organisée des pays de l'Est). Les atteintes aux biens ont connu une augmentation marquée sur le secteur de la COB Dieulouard par rapport à l'année précédente (408 faits en 2024 contre 315 en 2023, soit une hausse de 29,5 %). Plus spécifiquement, le nombre de cambriolages a connu une hausse significative de 48,5 % sur cette même période (68 faits constatés en 2023 contre 101 en 2024). En dépit de ces chiffres, il convient de préciser que 839 personnes ont été mises en cause pour des faits d'atteintes aux biens en 2024 sur le ressort du GGD 54, soit 12,6 % de plus qu'en 2023. Afin de lutter contre cette délinquance d'appropriation, la gendarmerie articule son action autour de deux axes : un axe préventif et un axe répressif. Le volet préventif se décline par la sensibilisation de la population (référents participation citoyenne, presse locale, réseaux sociaux, application MaSécurité), la mobilisation de la chaîne de prévention situationnelle (correspondants et référents sûreté, pouvant délivrer un diagnostic de sûreté, notamment sur les bâtiments publics), la mise en œuvre des opérations tranquillité vacances et tranquillité entreprise et commerce (OTV, TEC), et enfin une accentuation de la présence de voie publique. À ce titre, la croissance de la part d'activité sur la voie publique (PVP), déjà en hausse en 2023, s'est poursuivie en 2024. En 2024, la gendarmerie nationale a ainsi délivré 50,36 millions d'heures de PVP, soit une augmentation moyenne de près de 11,7% par rapport à l'année précédente. Sur cette même période, pour le département de la Meurthe-et-Moselle, cette hausse s'élève à 3,8%, passant de 478 490 à 496 440 heures de PVP. Le volet répressif repose en premier lieu par une prise en compte systématique des lieux cambriolés par des gendarmes techniciens spécifiquement formés aux constatations sur ce type de faits (TICP et TIC), lesquels disposent de matériels adaptés et dédiés à la recherche d'indices. Les gendarmes sont également sensibilisés à la dimension numérique de la preuve et s'attachent à rechercher tous les moyens d'identifier les auteurs via les objets connectés, la téléphonie et les dispositifs de vidéoprotection (publics et privés).  En deuxième lieu, la lutte contre les phénomènes sériels de vols (cambriolages, vols à la roulotte…) s'appuie sur la mobilisation des capacités de rapprochement des faits et des auteurs, et ceci au niveau départemental, régional et national (BDRIJ, SAJ et SCRC). S'agissant de la lutte contre les groupes criminels itinérants et transnationaux, la gendarmerie exploite les canaux de coopération internationaux, tant pour le partage du renseignement criminel et judiciaire que pour la continuité de ses investigations (CCPD, Europol, accords de Prüm).  En dernier lieu, le traitement judiciaire des cambriolages s'inscrit pleinement dans le principe de subsidiarité des unités et de complémentarité des moyens, afin que chaque affaire soit traitée à son échelon d'investigation le plus pertinent (unités territoriales, brigades et sections de recherches, structures temporaires d'enquêtes, office central). Afin de mieux prendre en compte la hausse des atteintes aux biens sur le ressort de sa circonscription, la compagnie de Nancy mobilise un groupe de lutte contre les cambriolages. Elle mène parallèlement, avec notamment l'appui de l'escadron départemental de sécurité routière (EDSR), des actions offensives en réalisant des contrôles de flux ciblés sur les axes structurants empruntés par les malfaiteurs. Ces efforts portent leurs fruits. Début 2025, trois personnes ont été interpellées en flagrance pour des faits de vols à la roulotte puis condamnées. Cette année également, le démantèlement, par les militaires du GGD 54, d'une casse sauvage entretenue par plusieurs individus a permis l'identification de véhicules et de pièces de véhicules volés. L'enquête est toujours en cours.

Données clés

Auteur : M. Anthony Boulogne

Type de question : Question écrite

Rubrique : Sécurité des biens et des personnes

Ministère interrogé : Intérieur

Ministère répondant : Intérieur

Dates :
Question publiée le 4 mars 2025
Réponse publiée le 17 juin 2025

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