Manque de soutien aux compagnies indépendantes de danse classique en province
Question de :
Mme Colette Capdevielle
Pyrénées-Atlantiques (5e circonscription) - Socialistes et apparentés
Mme Colette Capdevielle attire l'attention de Mme la ministre de la culture sur la situation préoccupante des compagnies de danse classique indépendantes en province, confrontées à un manque structurel de soutien et à une forte centralisation des ressources culturelles à Paris, Marseille, Bordeaux et Toulouse. Si le ballet classique a longtemps été considéré comme un symbole de l'élégance française, cette excellence tend aujourd'hui à disparaître face à la prédominance de la danse contemporaine dans les circuits d'aide publique. En effet, selon les chiffres du Centre national de la danse (CND), les compagnies de danse contemporaine indépendantes représentent aujourd'hui 78 % des structures soutenues par l'État, contre seulement 1 % pour la danse classique. Cette disparité met en péril la diversité chorégraphique française et menace la survie de la danse classique en province. Les compagnies indépendantes doivent faire face à une concurrence accrue dans l'accès aux subventions, attribuées selon des critères opaques. En effet, les décisions prises par la direction régionale des affaires culturelles (DRAC) ne sont pas systématiquement justifiées, alors qu'elles concernent des fonds publics. Ce manque de transparence dans l'attribution des financements fragilise les compagnies et limite leur capacité à proposer des créations artistiques ambitieuses à destination de tous les publics sur l'ensemble du territoire. Dans ce contexte, Mme la députée interroge Mme la ministre sur plusieurs axes : ces dix dernières années, quel est le pourcentage de compagnies indépendantes classiques et néoclassiques soutenues par la DRAC en province ? Quels sont les critères d'attribution des subventions par la DRAC pour les compagnies indépendantes ? Le Gouvernement envisage-t-il de rendre ces critères publics ? Elle lui demande enfin si elle prévoit un plan de sauvetage pour renforcer la place de la danse classique dans l'éducation artistique en province d'ici à 2027.
Réponse publiée le 27 mai 2025
Les ballets sont le creuset où se fabrique et se renouvelle la danse classique, de par la taille de l'effectif de danseurs et l'accompagnement technique qu'ils peuvent offrir. Très peu de compagnies indépendantes d'esthétique classique sont en activité en France en raison des dépenses fixes auxquelles leur économie doit faire face afin de maintenir une qualité technique nécessitant des cours et des répétitions presque quotidiens. Par conséquent, ce sont les ballets en théâtre lyrique qui sont l'espace où cette esthétique peut encore être conservée et développée dans les meilleures conditions, avec les subventions de collectivités territoriales et du ministère de la culture : au total, 103 danseurs exercent ainsi dans les ballets des Opéras nationaux de Bordeaux, du Rhin (Colmar Mulhouse Strasbourg), de Toulouse, auxquels s'ajoutent les 54 danseurs des Opéras d'Avignon, de Metz, de Nice, sans compter bien évidemment les 154 danseurs du ballet de l'Opéra national de Paris. On ne peut que convenir que ces ballets développent principalement leurs activités dans des métropoles, pouvant assumer les budgets en jeu et en partager les fruits avec leur environnement géographique. Cependant, les tournées peuvent être un moyen de diffuser cette culture chorégraphique, de même que les actions culturelles sur l'ensemble des territoires urbains ou ruraux. Ces actions font partie intégrante des missions de tous ces établissements. Le ministère de la culture partage l'attachement à la danse classique et souhaite pouvoir compter sur le soutien du plus grand nombre de collectivités territoriales pour consolider les forces des ballets en théâtre lyrique et élargir l'accès à leurs spectacles et à la rencontre de leurs interprètes. La très grande majorité des compagnies indépendantes travaillant sur le territoire national développent, elles, un projet contemporain pour les raisons évoquées ci-dessus : 77 % des aides déconcentrées au spectacle vivant (ADSV) danse leur sont attribuées par les directions régionales des affaires culturelles (DRAC) en 2023, devant les danses urbaines (11 %), la danse pluridisciplinaire (8 %), la danse baroque et ancienne (2 %), les danses traditionnelles ou du monde revisitées (0,3 %). Le nombre total de ces aides aux compagnies chorégraphiques attribuées par le ministère de la culture était en 2023 de 325 pour 12,76 millions d'euros et en 2024 de 335 pour 12,79 millions d'euros. Les critères d'attribution des aides déconcentrées au spectacle vivant par le ministère de la culture sont publics, définis dans le décret 2015-641 du 8 juin 2015 à ses articles 1, 2, 4 et 5, et explicités dans sa circulaire d'application. L'article 5 précise : « Les aides mentionnées à l'article 1er sont attribuées par le préfet de région après avis de la commission consultative mentionnée à l'article 7 en tenant compte tout d'abord de la qualité artistique du projet ou du programme puis de ses perspectives de diffusion et de sa viabilité économique ». Avant les décisions d'attribution, les DRAC réunissent systématiquement une commission consultative composée d'experts de la société civile reconnus pour leur connaissance du spectacle et plus particulièrement de l'art chorégraphique ; leurs avis sur les demandes d'aides sont très généralement suivis par les DRAC. Les aides sont publiées par l'État en toute transparence depuis l'exercice 2022 via l'open data (à l'adresse https://www.data.gouv.fr/fr/datasets/les-aides-deconcentrees-au-spectacle-vivant-adsv/). Tout dépôt de demande d'aide donne lieu à une rencontre avec le conseiller danse de la DRAC, qui est en lien régulier avec les équipes indépendantes afin de les accompagner dans la préparation de leurs dossiers pour les commissions et qui les reçoivent si ces dernières le sollicitent pour leur communiquer les décisions.
Auteur : Mme Colette Capdevielle
Type de question : Question écrite
Rubrique : Arts et spectacles
Ministère interrogé : Culture
Ministère répondant : Culture
Dates :
Question publiée le 1er avril 2025
Réponse publiée le 27 mai 2025