Difficultés d'acheminement de l'aide humanitaire dans la région du Darfour
Question de :
Mme Dieynaba Diop
Yvelines (9e circonscription) - Socialistes et apparentés
Mme Dieynaba Diop attire l'attention de M. le ministre de l'Europe et des affaires étrangères sur la situation alarmante dans la région du Darfour au Soudan, déjà marquée par des décennies de violences. L'accès humanitaire est devenu extrêmement limité, voire impossible dans certaines zones, en raison de l'insécurité persistante. Les acteurs humanitaires alertent sur les situations de famine, l'effondrement des services de santé et les violences systématiques, en particulier à l'encontre des femmes et des enfants. 12,6 millions de personnes sont déplacées depuis avril 2023 selon l'Organisation des Nations unies. Le risque de génocide, notamment à l'encontre des populations africaines du Darfour, est régulièrement évoqué par certaines ONG et chercheurs. Ces derniers jours, la situation s'est encore détériorée. La ville d'El-Fasher est assiégée par la milice militaire des Forces de soutien rapide (FSR) depuis quelques mois, aggravant l'acheminement de l'aide humanitaire, mettant encore davantage en danger les populations civiles. Face à cette situation d'urgence, la communauté internationale, y compris la France, a un rôle crucial à jouer pour apporter une aide humanitaire d'urgence. Cependant, les conditions sur le terrain, notamment les violences persistantes, l'insécurité et les restrictions imposées par certaines autorités locales, rendent l'acheminement de l'aide particulièrement complexe. Aussi, Mme la députée souhaiterait savoir quelles mesures la France, en collaboration avec ses partenaires internationaux, met en œuvre pour garantir un accès sûr, rapide et sans entrave à l'aide humanitaire dans la région du Darfour. Elle souhaite également savoir si la France envisage de rehausser son engagement diplomatique, en particulier auprès des pays voisins du Soudan et de l'Union africaine, afin de répondre collectivement à l'urgence humanitaire et de prévenir une déstabilisation plus large de la région du Sahel et de la Corne de l'Afrique.
Réponse publiée le 2 septembre 2025
Les forces armées soudanaises (FAS), les paramilitaires des forces de soutien rapide (FSR) et les groupes armés qui leur sont alliés ont plongé le Soudan dans l'une des pires crises humanitaires de l'histoire récente. Leur obstination dans la voie des armes engendre des souffrances inacceptables pour les populations civiles et provoque la mort injustifiable de civils et de travailleurs humanitaires. A des fins militaires et politiques, les parties ont délibérément développé des stratégies d'un cynisme absolu pour restreindre l'espace et les accès humanitaires. La France se mobilise face à ce déchaînement de violence. Depuis 2023, notre contribution financière à la réponse humanitaire au Soudan et dans les pays voisins s'élève à plus de 200 millions d'euros. La France agit également, avec ses partenaires, pour obtenir des parties un accès humanitaire complet, sûr, et sans entrave à travers l'ensemble du territoire soudanais, en menant les actions suivantes : -Formuler des demandes concrètes aux parties : la France, l'Allemagne et l'Union européenne ont organisé le 15 avril 2024 à Paris une conférence humanitaire internationale pour le Soudan et les pays voisins. A cette occasion, des demandes clés ont été formulées à l'attention des parties en vue de faciliter l'accès humanitaire et de garantir le respect du droit international humanitaire qui incombe à toutes les parties. Certaines d'entre elles ont été satisfaites, telle que la décision prise par les autorités dirigées par l'armée d'approuver, en août 2024, la conduite d'opérations humanitaires depuis le Tchad vers le Darfour via Adré. Trois mois plus tard, le ministre de l'Europe et des affaires étrangères et le secrétaire général adjoint des Nations unies en charge des Affaires humanitaires, Tom Fletcher, se sont rendus auprès des réfugiés soudanais à la frontière entre le Tchad et le Soudan afin d'exhorter les forces armées soudanaises à maintenir ouvert le passage d'Adré et à lever toutes les entraves à l'acheminement de l'aide humanitaire. Le ministre a également exhorté les forces de soutien rapide à cesser le pillage, le racket, les attaques ou le détournement des convois humanitaire ; -Réaffirmer la nécessité de l'application et du respect du droit international humanitaire (DIH). Le Président de la République a lancé un appel solennel au respect du droit international humanitaire au cours de la conférence de Paris. Cet appel a été réitéré par le ministre lors de la conférence de Londres sur le Soudan qu'il a co-présidée en avril 2025 aux côtés du Royaume-Uni, de l'Allemagne, de l'Union africaine et de l'Union européenne. La France soutient pleinement les travaux de la Mission internationale indépendante d'établissements des faits pour le Soudan des Nations Unies, qui enquête sur les violations du droit international humanitaire perpétrées par les parties. La France condamne fermement les attaques contre les personnels humanitaires au Soudan, la dernière en date étant l'attaque contre un convoi humanitaire du Programme alimentaire mondial (PAM) et de l'UNICEF à proximité d'Al-Koma au Nord-Darfour le 2 juin 2025, ayant entrainé la mort de 5 travailleurs humanitaires. -Exercer une pression diplomatique sur les parties. Au sein de l'Union européenne, la France a appuyé la création d'un régime de sanctions à l'encontre des responsables d'activités compromettant la stabilité et la transition politique du Soudan, en octobre 2023. Il s'agit notamment « des personnes physiques qui entravent l'acheminement de l'aide humanitaire destinée au Soudan, l'accès à cette aide ou sa distribution au Soudan, y compris par des attaques visant le personnel de santé et les travailleurs humanitaires et par la saisie et la destruction d'infrastructures et de biens humanitaires ». Trois paquets de mesures restrictives ont été adoptés en janvier, juin et décembre 2024 contre dix personnes et six entités. De nouvelles discussions sont en cours à Bruxelles et toutes les options restent sur la table. Au Conseil de sécurité des Nations unies, la France a soutenu l'adoption de la résolution 2736, qui exige que les forces de soutien rapide mettent fin au siège d'El-Fasher et demande une désescalade immédiate à l'intérieur et autour de la ville. La France y rappelle également son attachement à l'embargo sur les armes au Darfour, instauré par la résolution 1556, et a appuyé la mise sous sanctions de deux généraux des FSR par le Conseil.
Auteur : Mme Dieynaba Diop
Type de question : Question écrite
Rubrique : Politique extérieure
Ministère interrogé : Europe et affaires étrangères
Ministère répondant : Europe et affaires étrangères
Dates :
Question publiée le 29 avril 2025
Réponse publiée le 2 septembre 2025