Question de : Mme Florence Goulet
Meuse (2e circonscription) - Rassemblement National

Mme Florence Goulet alerte M. le ministre de l'économie, des finances et de la souveraineté industrielle et numérique sur les conséquences de l'augmentation des flux de petits colis, en provenance d'Asie notamment. En effet, ce sont 91 % des petits colis qui entrent sur le marché européen et menacent les TPE-PME françaises, qui doivent affronter une concurrence déloyale de produits à moindre coût sans respect des normes sociales et environnementales et sans les standards de qualité et de sécurité imposés aux entreprises françaises, pourtant véritables moteurs de la vie locale, comme dans son département, en Meuse, qui en sont également victimes directement ou indirectement. Cette déferlante préoccupante de marchandises étrangères met également en danger la sécurité des consommateurs. Le Gouvernement a annoncé la mise en place, pour 2026, de frais de gestion appliqués aux plateformes chargées de ces flux. Aussi, elle lui demande s'il entend agir dans l'urgence face à l'accroissement de ces flux de colis étrangers et insiste sur la nécessité de mettre en œuvre une politique efficace de protection des productions nationales et d'information des consommateurs français.

Réponse publiée le 24 juin 2025

Au titre de ses missions de protection du consommateur et de garantie des conditions d une concurrence libre et équitable, le ministère de l économie, des finances et de la souveraineté industrielle et numérique est pleinement conscient des défis que posent le développement rapide des places de marché en ligne, notamment étrangères. Ainsi, la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) est engagée dans la mise à l échelle de ses missions face à la croissance rapide du commerce électronique, qui a atteint un chiffre d affaires de 42,7 milliards d euros en France en 2024 (+ 8,4 % en un an). La DGCCRF mène un nombre croissant de contrôles de la sécurité et de la conformité des produits commercialisés en ligne par l intermédiaire des places de marché électronique. La DGCCRF organise ainsi chaque année depuis 2018 des campagnes de prélèvements reposant sur la procédure de l « achat mystère » (permettant aux enquêteurs de se placer dans la situation d achat d un consommateur) de produits proposés sur les places de marché électroniques les plus populaires en particulier, les plateformes basées en Chine : Temu, Shein, Aliexpress… Ces enquêtes annuelles permettent d éprouver, d une part, la réactivité des plateformes (qui se positionnent souvent comme de simples intermédiaires mais ont l obligation de supprimer ou de rendre inaccessibles promptement les annonces de produits illicites dès qu elles sont informées de l existence d une anomalie) et, d autre part, leur niveau de coopération pour la gestion des campagnes de rappel des produits dangereux. Fortes des enseignements de ces enquêtes, les autorités de surveillance du marché françaises continuent de plaider au niveau européen pour une application rigoureuse du principe selon lequel ce qui est illégal hors ligne soit également interdit en ligne. Cela est essentiel à la fois pour garantir la protection effective des consommateurs et pour lutter efficacement contre la concurrence déloyale d opérateurs économiques basés dans des pays tiers qui méconnaissent les règles de droit au niveau européen et les normes applicables aux produits. Depuis plusieurs années, les autorités françaises ont ainsi promu un renforcement ciblé de la responsabilité des plateformes de commerce en ligne dans le cadre de l adoption du Digital Services Act (DSA) et du Règlement relatif à la sécurité générale des produits (RSGP) règlements tous deux désormais entrés pleinement en application. Parmi leurs nouvelles obligations, il incombe dorénavant aux places de marché en ligne de retirer les produits dangereux et l ensemble des contenus identiques s y rapportant sous 48 heures quand ils leur sont signalés, selon la procédure dite de « notice & takedown » (procédure prévue pour ce type d opérateur de plateforme lorsqu il est établi qu il héberge un contenu illicite ou une annonce de produit dangereux). En outre, la procédure d injonction numérique permet si nécessaire aux autorités de solliciter les fournisseurs d accès Internet afin de rendre inaccessible aux internautes situés en France les pages web des sites non coopératifs. Enfin, conformément au DSA, chaque fournisseur de service intermédiaire (dont les fournisseurs des places de marché) n ayant pas d établissement au sein de l Union européenne mais y proposant des services, est tenu de désigner un représentant, responsable légal en cas de non-conformité au DSA. En complément de l action des autorités nationales de surveillance du marché, la Commission européenne s assure que ces nouvelles dispositions en matière de surveillance du marché sont bien mises en uvre par les opérateurs économiques concernés. Dans ce cadre, une action conjointe européenne menée en 2023 a révélé des manquements encore nombreux à l obligation pour les vendeurs issus de pays-tiers d identifier un opérateur économique au sein de l'Union européenne, en capacité de fournir des informations aux autorités de surveillance du marché (seulement 14% des offres en ligne par des vendeurs issus de pays tiers pouvaient être considérées comme conformes à cette obligation - renseignement de l information et existence effective et réelle de la personne physique désignée). Enfin, la plupart de ces opérateurs ayant été désignés comme des « très grandes plateformes » par la Commission européenne au titre du DSA sont soumises à des obligations encore plus strictes, notamment d atténuation des risques systémiques découlant de l utilisation de la plateforme. A ce titre, la Commission européenne a notamment ouvert le 31 octobre 2024 une enquête formelle visant à évaluer si TEMU a enfreint le règlement DSA. Ce type d enquête se concentre notamment sur les systèmes mis en place par ces très grandes plateformes pour limiter la vente de produits non conformes dans l Union européenne, notamment les systèmes limitant la réapparition de commerçants précédemment suspendus, connus pour avoir vendu des produits non conformes dans le passé, ainsi que les systèmes visant à limiter la réapparition de produits non conformes. A l issue de ce type d enquête, les décisions de la Commission européenne peuvent donner lieu à des sanctions financières pouvant aller jusqu à 6 % du chiffre d affaires mondial de l opérateur concerné. Par ailleurs, à titre préventif, la DGCCRF appelle les consommateurs à demeurer vigilants dans le choix des produits qu ils achètent sur Internet, notamment sur des places de marché électronique, et les invite à consulter sur son site ses conseils pour des achats en ligne en toute confiance. Pour contribuer à améliorer la surveillance des offres sur Internet, les consommateurs peuvent en outre déposer un signalement de toute anomalie qu ils auraient constatée sur la plateforme SignalConso gérée par la DGCCRF. Le Gouvernement est pleinement mobilisé sur cette problématique et, à cet égard, a annoncé le 29 avril dernier un plan d action pour la régulation et la sécurité du e-commerce, afin notamment de poursuivre l augmentation du nombre de prélèvements de produits réalisés en ligne. Il s inscrit également dans le cadre de la réforme de l Union douanière que la France soutient au niveau européen afin de mettre fin à l exemption de droits de douane sur les colis inférieurs à 150 euros. 

Données clés

Auteur : Mme Florence Goulet

Type de question : Question écrite

Rubrique : Commerce extérieur

Ministère interrogé : Économie, finances, souveraineté industrielle et numérique

Ministère répondant : Économie, finances, souveraineté industrielle et numérique

Dates :
Question publiée le 20 mai 2025
Réponse publiée le 24 juin 2025

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