Question écrite n° 6875 :
Crise alimentaire dans les camps de réfugiés birmans et en Birmanie

17e Législature

Question de : M. Mickaël Bouloux
Ille-et-Vilaine (8e circonscription) - Socialistes et apparentés

M. Mickaël Bouloux attire l'attention de M. le ministre de l'Europe et des affaires étrangères sur l'ampleur de la crise alimentaire qui frappe la Birmanie et les réfugiés birmans. Suite aux coupures de financement, notamment de l'aide américaine, les rations alimentaires des réfugiés birman-rohingya au Bangladesh vont être réduites à 6 dollars par mois et par personne ; les rations alimentaires des réfugiés birmans en Thaïlande vont être réduites de 80 %. Pour rappel, ces réfugiés vivent dans des camps clos et n'ont pas le droit de travailler pour subvenir à leurs besoins. En Birmanie, le Programme alimentaire mondial a annoncé en mars 2025 arrêter, faute de financement, l'aide alimentaire à plus d'un million de Birmans, alors que le Programme de développement des Nations unies (UNDP) alerte sur un risque de famine dans certaines parties du pays et estime qu'un tiers de la population est en insécurité alimentaire, cela avant même le séisme dévastateur du 28 mars 2025. La production nationale agricole a chuté dramatiquement, les paysans ne pouvant plus cultiver les champs du fait du conflit, des attaques aériennes et des mines antipersonnel. Dans le même temps, l'inflation et la dévaluation de la monnaie rendent inabordables les importations pour la majeure partie de la population, qui reste donc sans solution. Le béribéri, maladie due à une carence en vitamines, fait son retour en Birmanie, tuant des nourrissons et enfants, qui auraient pu être sauvés par une simple piqûre de vitamine B. Il lui demande en conséquence les actions humanitaires et diplomatiques que la France mène pour aider à la résolution de cette crise alimentaire majeure et demande au Gouvernement si le sort des réfugiés birmans sera abordé lors des prochaines visites d'État du Président de la République en Asie du Sud-Est.

Réponse publiée le 15 juillet 2025

La France suit avec une extrême préoccupation l'aggravation continue de la situation en Birmanie. Depuis le coup d'Etat du 1er février 2021, les exactions de l'armée ont aggravé la situation humanitaire (3,5 millions de personnes déplacées, 20 millions en situation d'urgence humanitaire) et éloigné les perspectives de paix et le retour volontaire des réfugiés (900 000 personnes appartenant à la minorité rohingyas au Bangladesh). La situation de la Birmanie est abordée par le Président de la République à chacun de ses entretiens avec nos partenaires dans la région. La France appelle à un arrêt durable des violences et à l'ouverture d'un dialogue incluant l'ensemble des parties prenantes, conformément au Consensus en cinq points de l'Association des nations de l'Asie du Sud-Est (ASEAN) et à la résolution 2669 du Conseil de Sécurité des Nations unies. La France a condamné dans les termes les plus fermes les violences des forces de sécurité birmanes contre la population civile, comme récemment en réaction au bombardement d'une école qui a fait plus de 20 morts, essentiellement des enfants, dans une zone pourtant touchée par le séisme du 28 mars et alors que la junte a déclaré un cessez-le-feu jusqu'au 30 juin. La France réitère son appel à garantir la protection des travailleurs humanitaires et un accès humanitaire complet, sûr, rapide et sans entrave ni discrimination à l'ensemble du territoire et des populations. La France fait partie des Etats fondateurs, avec le Comité international de la Croix Rouge (CICR), de l'initiative mondiale visant à revitaliser l'engagement politique en faveur du respect du droit international humanitaire. La nomination, en juin 2024, d'un envoyé spécial pour la Birmanie en appui des efforts internationaux vise à assurer la meilleure coordination de nos différents outils aux niveaux national et européen afin de renforcer l'efficacité de notre soutien au peuple birman, notamment en matière humanitaire. La politique de la France repose sur deux piliers : le premier vise à maintenir la pression sur le régime issu du coup d'Etat afin d'en obtenir une cessation de ses violations répétées du droit international humanitaire et des droits de l'Homme. Nous le faisons par notre politique de sanction, menée conjointement avec nos partenaires de l'Union européenne et en soutenant la lutte contre l'impunité. Le soutien financier que nous accordons au mécanisme d'enquête indépendant des Nations unies pour le Myanmar, à hauteur de 130 000€ cette année, vise cet objectif ; Le second consiste à venir en aide directement à la population civile. Au regard de l'aggravation de la crise, la France a accru de manière constante son aide humanitaire pour atteindre plus de 11 M€ d'aide humanitaire pour la Birmanie et 3,5 M€ pour les réfugiés Rohingyas au Bangladesh en 2024. Elle se situe ainsi au premier plan de la réponse de l'Union européenne qui a fourni 46 M€d'aide en 2024. Cette aide est répartie de manière à soutenir les actions des organisations non-gouvernementales internationales, des agences des Nations Unies, dont le Haut-Commissariat aux réfugiés et le Programme alimentaire mondial, et du CICR. L'ensemble de ces acteurs est en lien avec des organisations de la société civile birmane qui disposent d'une connaissance et d'accès au terrain essentiels à l'acheminement de l'aide. Pour porter assistance aux populations touchées par le séisme du 28 mars 2025, et en dehors de la distribution par le Centre d'assistance humanitaire de l'ASEAN de matériels de première nécessité financés sur fonds français, la France a fourni une aide exceptionnelle de 2 M€ afin de venir en aide aux populations civiles confrontées à la catastrophe, à travers les actions sur le terrain de ses partenaires : les ONG françaises opérant sur place, le Programme alimentaire mondial et le CICR.

Données clés

Auteur : M. Mickaël Bouloux

Type de question : Question écrite

Rubrique : Politique extérieure

Ministère interrogé : Europe et affaires étrangères

Ministère répondant : Europe et affaires étrangères

Dates :
Question publiée le 20 mai 2025
Réponse publiée le 15 juillet 2025

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