Question de : Mme Virginie Duby-Muller
Haute-Savoie (4e circonscription) - Droite Républicaine

Mme Virginie Duby-Muller attire l'attention de Mme la ministre de la culture sur la nécessité d'assurer l'application effective de la loi du 12 mai 2021 relative à la rémunération des artistes-interprètes pour la diffusion de leurs œuvres sur les plateformes de streaming audiovisuel. À l'occasion de l'ouverture du Festival de Cannes 2024, plus de 7 000 comédiennes, comédiens et artistes de la musique participant aux bandes-son ont signé une tribune pour réclamer l'application pleine et entière de cette loi, issue de la directive européenne de 2019 sur le droit d'auteur et les droits voisins dans l'univers numérique. Un an après cette mobilisation historique, le constat demeure inchangé : la loi n'est toujours pas appliquée. Pourtant, cette législation prévoit une rémunération appropriée et proportionnelle pour les artistes-interprètes, en contrepartie de l'exploitation de leur travail sur les plateformes numériques. Ce manquement compromet non seulement les droits de ces professionnels, mais aussi l'équilibre global de la chaîne de valeur de la création audiovisuelle. Si des discussions informelles ont été engagées récemment entre certains représentants d'artistes et les plateformes de streaming, aucun accord formel n'a encore vu le jour. La perspective d'une négociation tripartite, incluant également les producteurs audiovisuels, semble aujourd'hui s'esquisser, ce qui est à saluer. Néanmoins, la lenteur du processus fait craindre un nouvel échec symbolique à l'horizon du Festival de Cannes 2025. Ainsi, elle souhaite savoir quelles initiatives concrètes le Gouvernement entend prendre pour faire respecter une loi pourtant en vigueur depuis maintenant quatre ans, pour accélérer les négociations entre les parties concernées et pour garantir enfin aux artistes-interprètes une juste rémunération de leurs droits dans l'univers numérique.

Réponse publiée le 29 juillet 2025

La directive relative au droit d'auteur et aux droits voisins dans le marché numérique (dite DAMUN) du 17 mai 2019 a consacré le principe d'une « rémunération appropriée et proportionnelle » au profit des artistes-interprètes, fixée en considération de la « valeur économique réelle ou potentielle » des droits cédés. Une certaine liberté est laissée aux États membres s'agissant des modalités de mise en œuvre de cette rémunération (recours à la négociation collective, etc.). L'ordonnance de transposition du 12 mai 2021 a modifié l'article L. 212-3 du code de la propriété intellectuelle (CPI) afin de reconnaître le droit pour tout artiste-interprète de percevoir « une rémunération appropriée et proportionnelle à la valeur économique réelle ou potentielle des droits cédés, compte tenu de la contribution de l'artiste-interprète à l'ensemble de l'œuvre et compte tenu de toutes les autres circonstances de l'espèce, telles que les pratiques de marché ou l'exploitation réelle de la prestation ». La loi a par ailleurs prévu une liste des hypothèses dans lesquelles le recours au forfait est possible. Une référence aux conventions collectives et accords spécifiques a également été insérée dans la mesure où les planchers de rémunération des artistes-interprètes sont en pratique fixés par des conventions et accords collectifs de travail conclus entre les organisations de producteurs audiovisuels, d'une part, et, d'autre part, les organisations syndicales représentant les artistes, d'autre part. Ces rémunérations, le plus souvent qualifiées de salaire, couvrent certaines utilisations des prestations des artistes-interprètes au titre de leurs droits voisins. Ainsi, la Convention collective nationale des artistes-interprètes engagés pour des émissions de télévision du 30 décembre 1992 prévoit des planchers de rémunérations en ce qui concerne notamment les exploitations sur les services linéaires de télévision, ainsi que pour certaines exploitations secondaires (rediffusion sur les chaînes de la TNT, DVD, VoD etc.). Néanmoins, aucune modalité de rémunération des artistes n'est aujourd'hui prévue dans les conventions et accords en vigueur en cas de première mise à disposition de l'œuvre sur une plateforme de streaming. La rémunération allouée à un artiste engagé pour une œuvre commandée par une plateforme est dès lors négociée de gré à gré avec chaque producteur. L'ouverture d'une négociation tripartite entre les représentants des artistes-interprètes, des producteurs et des plateformes de streaming se profile en vue d'aboutir à un accord fixant les montants des rémunérations dues aux artistes-interprètes pour l'exploitation de leurs prestations sur les plateformes, conformément aux exigences posées par la loi. Le ministère de la culture salue la bonne volonté des différentes parties prenantes et entend suivre de près l'évolution de ces discussions. Il se tient également à la disposition de celles-ci afin de les accompagner, le cas échéant, dans ces discussions afin qu'un accord puisse voir le jour dans les meilleurs délais.

Données clés

Auteur : Mme Virginie Duby-Muller

Type de question : Question écrite

Rubrique : Audiovisuel et communication

Ministère interrogé : Culture

Ministère répondant : Culture

Dates :
Question publiée le 27 mai 2025
Réponse publiée le 29 juillet 2025

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