Question de : M. Jérôme Guedj
Essonne (6e circonscription) - Socialistes et apparentés

M. Jérôme Guedj attire l'attention de M. le ministre d'État, ministre de l'intérieur, sur le phénomène préoccupant de désossage illégal de véhicules, qui prend de l'ampleur dans de nombreuses communes urbaines et périurbaines y compris dans la commune de Massy. Depuis plusieurs mois, de nombreux maires et habitants font état de la présence croissante de véhicules stationnés, partiellement ou totalement démontés, sur la voie publique, dans des parkings ou sur des terrains vagues. Ces désossages sont parfois réalisés en plein jour et sont généralement liés à des filières organisées de revente illégale de pièces détachées. Outre le trouble manifeste à l'ordre public et au cadre de vie, ce phénomène alimente un écosystème délinquant plus large : vols de véhicules, recel, atteintes à la propriété privée. Dans certains territoires, il est constaté que des réseaux structurés agissent avec un sentiment croissant d'impunité, utilisant parfois des zones non surveillées pour entreposer, démonter puis disperser les véhicules volés. Les collectivités locales, bien que vigilantes, se trouvent souvent démunies face à ces actes, faute de moyens juridiques ou matériels adaptés, notamment en matière d'enlèvement de véhicules hors d'usage ou de repérage rapide des réseaux impliqués. Les forces de l'ordre, quant à elles, font face à une charge opérationnelle importante, rendant difficile une action systématique contre ces pratiques. Dans ce contexte, il lui demande : quelles sont les mesures actuellement mises en œuvre par les services de l'État pour identifier et démanteler les réseaux spécialisés dans le désossage illégal de véhicules ; si un renforcement des contrôles dans les filières de vente de pièces détachées automobiles, notamment sur les plateformes en ligne, est envisagé ; s'il compte déployer des moyens supplémentaires auprès des forces de sécurité intérieure pour traiter plus efficacement ce phénomène dans les zones les plus touchées.

Réponse publiée le 9 septembre 2025

Les vols de véhicules - ou d'accessoires de véhicules -, parce qu'ils touchent à la vie quotidienne, font partie de ces situations qui exaspèrent nos concitoyens et nourrissent le sentiment d'insécurité. La mobilisation décrétée par le ministre d'État, ministre de l'intérieur, pour renforcer la lutte contre la délinquance du quotidien prend pleinement en compte ce phénomène. Alors que les malfaiteurs ciblent des véhicules stationnés sur la voie publique, le renforcement de la présence des forces de l'ordre sur le terrain constitue un enjeu majeur : c'est un axe prioritaire des plans d'action départementaux de restauration de la sécurité du quotidien. Tel est le cas dans l'Essonne, où les services de la direction interdépartementale de la police nationale (DIPN) et du groupement de gendarmerie départementale de l'Essonne sont activement engagés dans la lutte contre cette délinquance : En zone police, les données des 6 premiers mois de l'année 2025 en matière d'infractions liées à l'automobile (vols de véhicules et vols d'accessoires) témoignent d'ailleurs de tendances encourageantes, avec une baisse de 2,38 % des faits constatés, même si le constat est à nuancer en fonction des secteurs. Toutefois, si les vols de véhicules sont en forte diminution (- 18,96 %), les vols d'accessoires sont, eux, en hausse - comme ils le sont sur le plan national. En zone gendarmerie, les vols liés aux véhicules à moteur sont en baisse (-1,8 %) sur le premier semestre 2025 avec un effort important porté sur les vols à la roulotte (- 23,8 %). Les vols d'accessoires y sont en légère hausse, comme en zone police et à l'instar de la tendance nationale. Il convient de préciser que la grande majorité des vols d'accessoires conduit à prélever certaines pièces (jantes en aluminium, caméras de recul, etc.), en fonction des modèles (degré de vulnérabilité) et de la demande sur le marché parallèle. Ces équipements sont notamment dérobés de façon sérielle par des Groupes Criminels Organisés Itinérants (GCOI) des pays de l'Est pour répondre à une demande spécifique, tant à l'étranger qu'auprès de garages peu scrupuleux sur le territoire français. Les GCOI ont une très bonne connaissance de l'automobile et utilisent diverses techniques d'ouverture et de démontage rapide pour voler les accessoires des véhicules (ouverture destructive, non destructive et/ou à l'aide de systèmes électroniques intelligents). La police et la gendarmerie nationales agissent tant sur le volet de la prévention que sur le volet judiciaire et s'attachent à renforcer leur présence dans l'espace public. En matière de prévention, de nombreuses actions sont menées dans un cadre partenarial : séances publiques de sensibilisation des riverains comportant un volet relatif à la mise en sécurité des véhicules (lieux éclairés, parkings privés clos ou à contrôle d'accès, etc.) ; sensibilisation des communes et des centres commerciaux en matière de vidéoprotection ; contrôles CODAF (comité opérationnel départemental anti-fraudes) des garages, des casses automobiles et autres revendeurs de pièces détachées (27 opérations ont par exemple été réalisées au cours des 6 premiers mois de l'année dans l'Essonne). Des enquêtes judiciaires sont menées et mobilisent toutes les techniques utiles (recherche de traces et indices par la police scientifique, exploitation de la vidéoprotection et de la téléphonie, etc.). S'agissant de la lutte contre les groupes criminels itinérants et transnationaux, la police et la gendarmerie nationales exploitent les canaux de la coopération internationale, tant pour le partage du renseignement criminel et judiciaire que pour la continuité des investigations. Ces groupes sont notamment suivis par l'Office central de lutte contre la délinquance itinérante (OCLDI), rattaché à la direction générale de la gendarmerie nationale service à compétence nationale qui lutte contre les criminels d'habitude qui agissent en équipes organisées et itinérantes en plusieurs points du territoire national. Sur le plan technique, les unités peuvent s'appuyer sur l'expertise du plateau d'investigation véhicule (PIV) du service central de renseignement criminel (SCRC) de la gendarmerie nationale. Ce dernier peut contribuer à l'identification des véhicules et des pièces volées dans les cas les plus difficiles. Concernant la surveillance des plateformes en ligne, elle est notamment dévolue aux enquêteurs sous pseudonyme (ESP). Le dispositif cyber de la gendarmerie nationale compte près de 1100 enquêteurs formés à ces techniques. Ces derniers procèdent à la surveillance des réseaux sociaux ainsi qu'à la détection des pseudonymes s'adonnant à des pratiques délictuelles. Sur le terrain, les patrouilles de police et de gendarmerie ciblent les zones et horaires identifiés comme les plus propices aux vols comme les zones de forte concentration des stationnements (aires de stationnement des centres commerciaux et des gares, etc.). La police municipale est informée des secteurs les plus concernés pour, elle aussi, y mener des opérations. Il doit être souligné que si la pratique de la mécanique dite « sauvage » peut laisser penser qu'elle donne lieu à un « désossage » des véhicules, tel n'est pas le cas (les pièces utilisées peuvent en revanche provenir de trafics de pièces volées). Ce phénomène, qui peut présenter des risques pour l'environnement et entraîne des nuisances pour les riverains, est pris en compte : la police et la gendarmerie nationales mènent des opérations de lutte contre la « mécanique sauvage », notamment dans les secteurs sensibles, et des opérations sont régulièrement organisées dans le cadre de CODAF « environnement » ou d'opérations de voie publique en partenariat avec les bailleurs et les municipalités. S'agissant des « véhicules épaves » dans les quartiers sensibles, une grande part ne relève pas de trafics de pièces détachées mais de leur abandon par leurs propriétaires. Ce phénomène affecte le cadre de vie des riverains et des opérations de nettoyage des espaces publics sont régulièrement mises en œuvre en lien avec les bailleurs, les polices municipales et les services techniques municipaux. Au-delà du retrait d'encombrants et de divers déchets, elles sont l'occasion de procéder à des enlèvements (mise en fourrière des « épaves »/véhicules hors d'usage/en stationnement abusif…). La responsabilité des communes - notamment des polices municipales - sur ces sujets est importante (il appartient par exemple au maire de faire procéder à l'enlèvement des déchets), en application notamment des compétences du maire en matière de salubrité, de sécurité ou de sûreté publiques. Dans l'Essonne, la mobilisation de la police et de la gendarmerie nationales produit des résultats. Plusieurs procédures judiciaires permettent régulièrement de démanteler des trafics de véhicules ou d'accessoires volés. Tel a encore été le cas au cours des derniers mois. En octobre 2024, dans la circonscription de police nationale de Massy-Palaiseau, après 6 mois d'enquête, 6 individus étaient interpellés et 145 victimes de vols d'accessoires identifiées. En mai 2025, dans la circonscription de Sainte-Geneviève-des-Bois, un véhicule volé était retrouvé par la BAC dans un camp de gens du voyage et la perquisition permettait de retrouver 7 autres véhicules volés. En juin 2025, à Massy-Palaiseau, un individu était interpellé en flagrant délit de vols d'accessoires et une perquisition permettait de retrouver à son domicile de nombreux accessoires (l'individu reconnaissait plus de 30 faits). En juillet 2025, à Evry-Corbeil, 3 individus étaient interpellés en flagrant délit de tentative de vol d'un véhicule, l'un des auteurs étant détenteur d'un boîtier de démarrage. Dans ce domaine comme dans d'autres, le rôle des polices municipales, pour occuper de manière dissuasive la voie publique, est essentiel, tout comme le développement de la vidéosurveillance par les communes. Par ailleurs, et alors que certains modèles de véhicules sont particulièrement ciblés en raison de « vulnérabilités » techniques, les constructeurs sont nécessairement des acteurs de la lutte contre le vol. 

Données clés

Auteur : M. Jérôme Guedj

Type de question : Question écrite

Rubrique : Automobiles

Ministère interrogé : Intérieur

Ministère répondant : Intérieur

Dates :
Question publiée le 17 juin 2025
Réponse publiée le 9 septembre 2025

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