Question de : M. Thibault Bazin
Meurthe-et-Moselle (4e circonscription) - Droite Républicaine

M. Thibault Bazin attire l'attention de Mme la ministre de la culture sur la nécessaire régulation et reconnaissance de la profession d'architecte d'intérieur. Cette profession qui s'exerce au cœur du cadre bâti, bien souvent en collaboration avec les autres acteurs de la conception architecturale, souffre de l'absence de dénomination réservée liée aux diplômes et à la concurrence de personnes peu formées qui se présentent comme « architectes d'intérieur ». La formation à ce métier de la famille de la conception architecturale demande une régulation tant sont divers les cursus suivis : formation de haut niveau « bac +5 » dispensée dans des écoles publiques prestigieuses telles que l'École nationale supérieure des arts décoratifs (ENSAD), l'école Boulle, l'École nationale supérieure des arts appliqués et des métiers d'art (ENSAAMA) ou encore privées comme l'école Camondo ; formation, de durée souvent trop courte, dispensée dans des écoles parfois de moindre qualité, insuffisamment encadrées. Régulation aussi dans la reconnaissance d'une appellation spécifique pour ce métier qui rassemble la conception et la maîtrise d'œuvre alors que des personnes peuvent se dire architecte d'intérieur sans disposer ni des diplômes, ni des assurances obligatoires nécessaires. Cette demande a alors fait l'objet d'un groupe de travail réuni au ministère de la culture. Cette action associait notamment les services du ministère de la culture concernés, des représentants du ministère de l'éducation nationale, des représentants du ministère de la recherche et de l'enseignement supérieur, des enseignants des écoles d'architecture, le Conseil français des architectes d'intérieur (CFAI), ainsi que plusieurs écoles du domaine (Camondo, École Bleue, TALM, ESAIL, ESAM). Ce groupe de travail avait pour première mission de réaliser un bilan de la charte de l'enseignement initiée en 1996, par le ministère de la culture, le ministère de l'éducation nationale et l'Office professionnel de qualification des architectes d'intérieur, devenu depuis le CFAI, ainsi qu'un référentiel (du métier) de l'activité professionnelle à la faveur d'une harmonisation des formations. Il lui demande les conclusions de ce groupe de travail. Il l'interroge aussi sur les mesures que le Gouvernement entend prendre pour assainir une situation préjudiciable, tant pour les véritables professionnels dûment formés et assurés que pour les clients publics et privés.

Réponse publiée le 9 septembre 2025

La profession d'architecte, dont le titre et les missions sont définis par la loi no 77-2 du 3 janvier 1977 sur l'architecture, est structurée en profession réglementée, garante de l'intérêt public attaché à « la création architecturale, la qualité des constructions, leur insertion harmonieuse dans le milieu environnant, le respect des paysages naturels ou urbains ainsi que du patrimoine » (alinéa 2 de l'article 1 de la loi du 3 janvier 1977). Le ministère de la culture assure la tutelle et le suivi de la profession réglementée d'architecte. La loi du 3 janvier 1977 sur l'architecture ne permet pas de reconnaître le titre d'architecte d'intérieur, le titre d'architecte étant réservé aux diplômés d'État en architecture titulaires de l'habilitation à la maîtrise d'œuvre en son nom propre et inscrits à l'Ordre des architectes. La dénomination « architecte d'intérieur » engendre par ailleurs un risque de confusion avec la profession réglementée, pour les professionnels et pour le public, qui ne favorise pas la pleine reconnaissance de cette profession, de ses compétences et de ses responsabilités particulières. Les services de l'État et les représentants de la profession ont donc privilégié depuis plusieurs années la voie d'une harmonisation des compétences acquises au cours des formations conduisant au métier d'« architecte d'intérieur ». L'offre de formation se caractérise en effet par un grand nombre d'établissements dont l'enseignement apparaît pluriel et d'inégale qualité, ce qui a conduit les ministères de tutelle à engager un travail d'harmonisation des objectifs et compétences acquises lors de ces formations. Dans cette perspective, de 2016 à 2019, le ministère de la culture a conduit une réflexion collégiale destinée à favoriser la visibilité de la formation et des métiers de « l'architecture d'intérieur » en définissant un référentiel des métiers et un référentiel des compétences. Des démarches complémentaires doivent aboutir afin de permettre une inscription au Répertoire national des certifications professionnelles. L'harmonisation des compétences est une étape conditionnant une possible reconnaissance de la profession par un titre, dont l'appellation restera à définir. Elle doit permettre d'homogénéiser les objectifs et modalités d'organisation des formations, afin d'éviter des différences de cursus qui seraient préjudiciables aux diplômés, aux clients et aux maîtres d'ouvrage. Les échanges sur ce sujet ayant bien progressé, une rencontre est prévue prochainement entre les représentants de l'Ordre des architectes et du Conseil français des architectes d'intérieur, sous l'égide du service de l'architecture du ministère de la culture.

Données clés

Auteur : M. Thibault Bazin

Type de question : Question écrite

Rubrique : Professions libérales

Ministère interrogé : Culture

Ministère répondant : Culture

Dates :
Question publiée le 24 juin 2025
Réponse publiée le 9 septembre 2025

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