Question au Gouvernement n° 776 :
Industrie automobile

17e Législature

Question de : M. Matthieu Marchio
Nord (16e circonscription) - Rassemblement National

Question posée en séance, et publiée le 11 juin 2025


INDUSTRIE AUTOMOBILE

Mme la présidente . La parole est à M. Matthieu Marchio.

M. Matthieu Marchio . L’industrie automobile française, jadis fleuron national, est aujourd'hui en déclin. Selon une étude récente du secteur, jusqu’à 50 % de la production de composants pourrait disparaître d’ici cinq ans. Résultat : 40 000 emplois sont menacés. Pourquoi ce naufrage ? Parce que la Macronie mène depuis des années une politique hostile aux automobilistes, en particulier les plus en difficulté : hausse des taxes sur le diesel, malus écologique toujours plus punitif, fin programmée des moteurs thermiques en 2035, et surtout les fameuses zones à faibles émissions, remises en cause grâce à la mobilisation des députés RN. (Applaudissements sur les bancs du groupe RN.)

Il n’y a en effet que les députés du Rassemblement national, avec Marine Le Pen, pour défendre ces millions de Français qui souffrent – ceux qui n’ont pas les moyens d'acheter une voiture électrique à 40 000 euros. Vous ne jurez que par la voiture électrique, mais elle ne peut pas être l’unique solution. Elle est trop chère, peu autonome, longue à recharger, et ses batteries posent, elles aussi, de sérieux problèmes environnementaux. Elle doit s’inscrire dans un véritable mix énergétique offrant un choix aux Français, et non devenir une nouvelle religion sans pratiquants.

L’automobile est le symbole de l’échec de votre politique de réindustrialisation. La France ne se réindustrialise pas ; elle bricole et elle recolle les morceaux pendant que tout s’effondre. Croyez-vous vraiment à la réindustrialisation de notre pays alors que, selon votre propre secrétaire général pour l’investissement, Bruno Bonnell, tant qu’on ne change pas profondément notre approche, « il faut arrêter de parler de réindustrialisation » ? Voilà l’aveu ! Alors que les États-Unis, le Japon et la Chine protègent leurs industries, vous, vous continuez à vous soumettre aux règles d’une Union européenne qui interdit toute préférence nationale, même quand il s’agit de sauver nos ouvriers et nos usines.

Allez-vous enfin défendre notre industrie automobile et nos ouvriers ? Allez-vous imposer du contenu local, soutenir le thermique propre et garantir aux Français le droit de circuler librement, ou allez-vous encore céder au dogme d’un libre-échange qui ruine notre économie et menace notre souveraineté ? (Applaudissements sur les bancs du groupe RN.)

Mme la présidente . La parole est à M. le ministre chargé de l’industrie et de l’énergie.

M. Marc Ferracci, ministre chargé de l'industrie et de l'énergie . Pas moins de 150 000 emplois industriels supplémentaires, des centaines d'usines qui ont ouvert,…

Un député du groupe RN . Pipeau !

M. Marc Ferracci, ministre . …un pays qui est, pour la sixième année consécutive, le plus attractif d'Europe…

M. Laurent Jacobelli . C'est déclaratif !

M. Marc Ferracci, ministre . …pour les investissements étrangers, en particulier industriels : cette majorité et celles qui se sont succédé depuis 2017 n'ont pas à rougir de leur bilan en matière industrielle.

M. Hervé de Lépinau . Ah si ! De la même couleur que les sièges !

M. Marc Ferracci, ministre . Est-ce que cela signifie que tout va bien et que tout cela est satisfaisant et suffisant ? Non.

M. Jean-Philippe Tanguy . Il faut atterrir !

M. Marc Ferracci, ministre . Il faut se battre pour nos filières en difficulté. Vous évoquiez l'automobile, qui en est une – en particulier celle des équipementiers automobiles. Il faut se battre sur chaque dossier industriel,…

M. Jean-Philippe Tanguy . Ce n'est pas un programme, ça !

M. Marc Ferracci, ministre . …comme nous l'avons fait pour la Fonderie de Bretagne – près de 300 emplois ont été sauvés grâce à l'engagement des élus et de l'État –, pour la cristallerie d'Arques, dans le Pas-de-Calais – là encore, grâce à l'engagement des élus et de l'État, près de 4 000 emplois ont été sauvés –, pour la papeterie Chapelle Darblay, en Seine-Maritime – le projet, qui met en jeu là aussi des centaines d'emplois, est aujourd'hui sur des rails.

Un député du groupe RN . Qu'est-ce qu'on est bons !

M. Marc Ferracci, ministre . Je le répète, il faut sortir des caricatures, monsieur le député, et admettre que l'action en matière industrielle se déploie depuis bien longtemps. Nous devons également nous battre pour la compétitivité de nos entreprises. Nous nous battons pour la simplification :…

M. Laurent Jacobelli . Il y en a encore, des normes absurdes !

M. Marc Ferracci, ministre . …mon collègue François Rebsamen et moi-même l'avons fait en exemptant les projets industriels du ZAN, l'objectif zéro artificialisation nette, dans le cadre du projet de loi simplification.

Mme Anne-Laure Blin . C'est un peu timide ! Le ZAN est toujours là !

M. Marc Ferracci, ministre . Nous le faisons également en maintenant la stabilité fiscale et la baisse du coût du travail, qui a créé des centaines de milliers d'emplois depuis 2017. (Rires et exclamations sur les bancs du groupe RN.)

M. Laurent Jacobelli . Vous vivez où ?

M. Marc Ferracci, ministre . Vous nous dites qu'il faut mieux protéger. J'ai l'impression que vous avez manqué ce qu'il s'est passé ces dernières semaines et ces derniers mois. Nous avons œuvré pour que l'Union européenne, sur proposition de la France, sorte de la naïveté. (Rires et exclamations sur les bancs du groupe RN.) Des propositions sont aujourd'hui sur la table pour taxer davantage l'acier chinois et pour protéger l'industrie automobile de manière plus significative.

Mme la présidente . Un peu de silence, s'il vous plaît !

M. Jean-Philippe Tanguy . Il raconte n'importe quoi !

M. Marc Ferracci, ministre . Cette sortie de la naïveté, nous l'assumons – vous n'en avez en aucun cas la paternité. Nous la défendons au niveau européen et nous continuerons à le faire. (Exclamations sur les bancs du groupe RN. – Applaudissements sur quelques bancs des groupes EPR et HOR.)

Données clés

Auteur : M. Matthieu Marchio

Type de question : Question au Gouvernement

Rubrique : Industrie

Ministère interrogé : Industrie et énergie

Ministère répondant : Industrie et énergie

Date : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue au Journal officiel du 11 juin 2025

partager