Question au Gouvernement n° 780 :
Stiuation à Gaza

17e Législature

Question de : Mme Mathilde Panot
Val-de-Marne (10e circonscription) - La France insoumise - Nouveau Front Populaire

Question posée en séance, et publiée le 12 juin 2025


SITUATION À GAZA

Mme la présidente . La parole est à Mme Mathilde Panot.

Mme Mathilde Panot . Monsieur le premier ministre, où êtes-vous ? Où est la France ?

Mourir de faim ou mourir d’une balle. Avez-vous vu les images insoutenables des Palestiniens abattus par l'armée israélienne alors qu’ils venaient juste chercher de l'aide alimentaire ? Où êtes-vous ? Que dites-vous ?

Combien de crimes encore allez-vous laisser commettre avant de prendre enfin des sanctions contre l'extrême droite de Netanyahou ? (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP. – M. Édouard Bénard applaudit également.) Où êtes-vous ? Que faites-vous ?

La flottille de la liberté, elle, a vogué pour briser le blocus de l'aide humanitaire. (« Des clowns ! » et autres exclamations sur les bancs du groupe RN.) C’est la fierté de la France que l’équipage compte six de nos concitoyens, dont une représentante du peuple français. (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP. – MM. Stéphane Peu et Alexis Corbière applaudissent également.)

M. Hervé de Lépinau . La croisière s'amuse !

Mme Mathilde Panot . Ils ont fait plus en dix jours que vous en vingt mois – comme les dockers de Marseille qui, en bloquant l’exportation d’armes vers Israël, ont fait honneur à notre pays. Gloire à la flottille de la liberté ! Gloire à Rima Hassan ! (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP.)

M. Hervé de Lépinau . Gloire à Mao Zedong ! Gloire à Staline !

Mme Mathilde Panot . Gloire aux dockers de Marseille ! Gloire aux peuples du monde qui se mobilisent pour le peuple palestinien !

Monsieur le premier ministre, l'arrestation illégale, dans les eaux internationales, d'un équipage ; la détention illégale d'une eurodéputée et de trois de nos concitoyens, depuis trois jours, par un État dirigé par un homme sous mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale, sans un mot de condamnation de votre part, c’est du jamais-vu ! (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP.)

Les 45 000 mails de soutien que vous avez reçus vous dérangent plus que le blocus illégal qu'ils dénoncent. Vous manquez à tous vos devoirs, légalement, moralement, diplomatiquement. Et vous n’avez rien à dire quand une parlementaire subit le chantage insupportable la sommant de reconnaître une action illégale qu’elle n’a pas commise !

Vingt mois de génocide, mais vous tergiversez pour reconnaître l'État de Palestine. Vous refusez l’embargo sur les armes et les sanctions contre Israël.

Monsieur le premier ministre, pourquoi protégez-vous Netanyahou plutôt que nos concitoyens et qu’une représentante du peuple ? Pourquoi ne faites-vous rien pour faire respecter notre pays et le droit international ? (Les députés du groupe LFI-NFP se lèvent et applaudissent. - Applaudissements sur quelques bancs des groupes SOC, EcoS et GDR.)

Un député du groupe Dem . Pas un mot sur le Hamas ! Pas un mot sur les otages ! C'est moralement scandaleux !

Un député du groupe LFI-NFP . Tais-toi ! (Exclamations sur quelques bancs des groupes EPR et Dem.)

Un député du groupe RN . Quelle violence !

M. Erwan Balanant. On ne peut pas demander à un parlementaire de se taire !

Mme la présidente . La parole est à M. le premier ministre, chargé de la planification écologique et énergétique.

M. François Bayrou, premier ministre, chargé de la planification écologique et énergétique . Madame la présidente Mathilde Panot, il y a deux volets dans votre question. Le premier concerne Gaza. Ce qui se passe aujourd'hui à Gaza est inacceptable et intolérable ; c'est une souffrance, y compris pour ceux qui ont toujours défendu l'existence d'Israël.

Une députée du groupe LFI-NFP . Il faut arrêter de livrer des armes, alors !

M. François Bayrou, premier ministre . La France est un des premiers États à avoir dénoncé cette situation (Exclamations sur quelques bancs du groupe LFI-NFP) et à travailler aujourd'hui à une réponse effective qui nous permettra d'avancer vers deux États, seul moyen d'obtenir la paix et la sécurité des uns et des autres.

Mme Sarah Legrain . Et les sanctions ? Et l'arrêt des ventes d'armes ?

M. François Bayrou, premier ministre . Mais on ne peut pas parler de Gaza sans parler du 7 octobre ; on ne peut pas parler de Gaza sans parler de l'assaut et du pogrom que le Hamas a perpétrés ce jour-là.

M. Patrick Hetzel . Très juste !

M. François Bayrou, premier ministre . Pour vous dire le fond de ce que je pense, je crois que ceux qui ont lancé l'assaut du 7 octobre voulaient obtenir la situation dans laquelle nous sommes aujourd'hui. (Exclamations sur les bancs du groupe LFI-NFP.)

M. Patrick Hetzel . Évidemment !

M. François Bayrou, premier ministre . Ce qu'ils prévoyaient, c'était le caractère inacceptable de ce pogrom, et la réponse inéluctable d'Israël, qui ne pouvait être, dans leur esprit, qu'extrêmement puissante et violente. (Exclamations sur quelques bancs du groupe LFI-NFP.)

Mme Marie Mesmeur. Contre les enfants ?

M. François Bayrou, premier ministre . Ce qu'ils voulaient obtenir, la vraie cible du Hamas le 7 octobre, c'était la possibilité de faire un jour la paix avec Israël – la paix entre Israël et les Palestiniens, entre Israël et les pays arabes qui l'entourent.

J'en viens au deuxième volet de votre question : la flottille. Je dois vous dire que ces militants ont obtenu l'effet qu'ils voulaient obtenir, mais que c'est une instrumentalisation à laquelle nous ne devons pas nous prêter. (Applaudissements sur plusieurs bancs des groupes EPR, DR et Dem ainsi que sur quelques bancs du groupe RN. – M. David Habib applaudit également. – Vives exclamations sur les bancs du groupe LFI-NFP.) Nous pensons et nous croyons que l'action du gouvernement français à l'égard du gouvernement d'Israël… (Exclamations sur les bancs du groupe LFI-NFP.)

Mme la présidente . S'il vous plaît ! Laissez M. le premier ministre terminer sa réponse !

M. François Bayrou, premier ministre . Nous pensons que c'est précisément par l'action diplomatique et l'effort pour regrouper plusieurs États afin de faire pression sur le gouvernement d'Israël…

Un député du groupe LFI-NFP . Ça ne marche pas !

M. François Bayrou, premier ministre . …qu'on peut obtenir la seule solution possible, et la seule digne. (Applaudissements sur les bancs des groupes EPR, DR et Dem ainsi que sur quelques bancs du groupe LIOT.)

M. Ugo Bernalicis . Vous ne pourrez pas dire dans trente ans que vous ne saviez pas !

Mme la présidente . La parole est à Mme Mathilde Panot.

Mme Mathilde Panot . Monsieur le premier ministre, vous reprenez les éléments de langage de Netanyahou. Convoquez l'ambassadeur israélien pour exiger une libération immédiate et inconditionnelle ! (Les députés du groupe LFI-NFP se lèvent et applaudissent. – Applaudissements sur quelques bancs des groupes SOC et EcoS.)

Mme la présidente . La parole est à M. le premier ministre.

M. François Bayrou, premier ministre . Madame, je ne reprends aucun élément de langage, de qui que ce soit. (« Si ! » et autres exclamations sur les bancs du groupe LFI-NFP.) Je prends le seul élément de langage qui nous réunit,…

Mme Mathilde Panot . Une parlementaire française est détenue depuis trois jours !

M. Erwan Balanant . Écoutez-le !

Mme la présidente . Un peu de calme, s'il vous plaît !

M. François Bayrou, premier ministre . …c'est-à-dire le regard des Français sur une situation inacceptable mais instrumentalisée. (Applaudissements sur les bancs des groupes EPR, Dem et HOR.)

Mme Mathilde Panot . Honte à vous ! Cela fait trois jours qu'elle est détenue ! (Exclamations sur divers bancs.)

Mme la présidente . Madame la présidente Panot, s'il vous plaît ! Mes chers collègues, un peu de calme ! (Les députés du groupe LFI-NFP s'exclament, font de la main le chiffre trois et se lèvent pour quitter l'hémicycle. - Exclamations sur les bancs des groupes EPR, DR, Dem, et HOR. - Quelques députés des groupes RN, EPR et Dem désignent de la main la sortie de l'hémicycle.)

M. Sylvain Berrios . Au revoir !

Mme Mathilde Panot . Cela fait trois jours que des Français sont emprisonnés ! (Exclamations sur divers bancs.)

M. Patrick Hetzel . Rappel à l'ordre ! Sanctions ! Ils créent du tumulte !

Mme la présidente . Si vous quittez l'hémicycle, faites-le dans le calme, s'il vous plaît ! Vous pouvez rejoindre la salle des Quatre Colonnes, si vous le souhaitez. (Applaudissements sur les bancs des groupes EPR, DR, Dem et HOR. – La plupart des députés du groupe LFI-NFP quittent l'hémicycle en vociférant.)

M. Arnaud Le Gall . Et le droit international, alors ? (M. Arnaud le Gall, en bas des travées, interpelle directement M. le premier ministre.)

Mme la présidente . Pensez au spectacle que nous sommes en train de donner ! Merci par ailleurs de bien vouloir respecter le temps de parole de votre collègue Mme Pantel, qui pose la question suivante.

Données clés

Auteur : Mme Mathilde Panot

Type de question : Question au Gouvernement

Rubrique : Politique extérieure

Ministère interrogé : Premier ministre

Ministère répondant : Premier ministre

Date : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue au Journal officiel du 12 juin 2025

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