Difficultés liées à l'enseignement de l'allemand
Question de :
M. Charles Sitzenstuhl
Bas-Rhin (5e circonscription) - Ensemble pour la République
M. Charles Sitzenstuhl alerte Mme la ministre d'État, ministre de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche, sur les difficultés liées à l'enseignement de l'allemand en France. Malgré de précédentes interpellations, la situation de l'apprentissage de cette langue demeure inquiétante. En 2024, seulement 13 % des élèves du second degré apprenaient l'allemand, un chiffre en baisse depuis 2020. Si les résultats de la session 2024 du concours de recrutement du second degré public ont affiché une légère amélioration, près de 54,5 % des postes d'enseignants d'allemand ont été non-pourvus. Il l'interroge sur les mesures qui seront prises pour parvenir à augmenter les effectifs et atteindre l'objectif fixé dans la stratégie pour le développement de l'apprentissage de la langue du partenaire du 24 novembre 2022 prévoyant une hausse du nombre d'élèves germanistes de 5 % d'ici 2025 et de 10 % d'ici 2030.
Réponse en séance, et publiée le 11 juin 2025
ENSEIGNEMENT DE L'ALLEMAND
Mme la présidente . La parole est à M. Charles Sitzenstuhl, pour exposer sa question, no 356, relative à l'enseignement de l'allemand.
M. Charles Sitzenstuhl . Ma question s'adressait à la ministre d'État, Mme Élisabeth Borne, et je remercie son ministre délégué de bien vouloir y répondre.
Elle concerne l'enseignement et l'apprentissage de la langue allemande en France, en grande difficulté depuis plusieurs années. Les élèves qui apprennent cette langue sont de moins en moins nombreux. Plus inquiétant encore, il devient difficile de pourvoir les postes d'enseignant puisqu'il semblerait qu'environ la moitié des postes de professeur d'allemand ne soient pas pourvus à l'issue des concours, ce qui place l'enseignement de cette langue dans une situation critique.
Cela fait maintenant plusieurs années que parlementaires, élus et associations alertent le gouvernement et souhaitent savoir quelles mesures l'État compte prendre pour y remédier.
L'allemand n'est pas une langue comme les autres dans notre pays, que ce soit pour des raisons historiques, géographiques, économiques – l'Allemagne, l'Autriche et la Suisse représentent des marchés importants pour nos entreprises – ou culturelles, la langue allemande permettant d'accéder à un espace culturel fondamental dans la construction de la pensée européenne et, par extension, de notre propre pensée nationale.
Il est donc essentiel qu'un nombre conséquent de nos concitoyens soient capables de maîtriser, comprendre et connaître cette langue. Il faut aussi garantir le maintien d'enseignants qualifiés, qui seront pour certains les traducteurs de demain.
Lorsqu'il était ministre de l'éducation nationale, Gabriel Attal – appelé par la suite à d'autres fonctions – avait évoqué le sujet à Bonn, en Allemagne, lors de la réunion de l'Assemblée parlementaire franco-allemande. Il avait alors annoncé que le ministère travaillait à l'élaboration d'un plan.
Où en est ce plan ? L'objectif est clair : faire progresser la connaissance et l'apprentissage de l'allemand en France, tout en veillant à la formation d'un plus grand nombre d'enseignants.
Mme la présidente . La parole est à M. le ministre chargé de l’enseignement supérieur et de la recherche.
M. Philippe Baptiste, ministre chargé de l'enseignement supérieur et de la recherche . Le 30 novembre 2023, le ministre de l'éducation nationale a adressé aux recteurs un courrier les invitant à mener une stratégie offensive de relance de l'enseignement de l'allemand. Cette stratégie vise à garantir une offre d'allemand sur l'ensemble du territoire, en augmentant le nombre d'élèves germanistes grâce à une consolidation des ressources humaines et à des programmes de mobilité.
Depuis fin 2023, un comité de suivi, piloté par la direction générale de l'enseignement scolaire (DGESCO), assure la mise en œuvre de la stratégie autour de trois axes : une offre et des parcours ; la formation et les ressources humaines ; la mobilité.
Malgré ces efforts, on observe une baisse du nombre d'élèves à la rentrée 2024, avec 13 % d'élèves germanistes dans le second degré, contre un peu plus de 14 % en 2022.
Néanmoins, pour la première fois depuis huit ans, la session 2025 de la certification en allemand a connu un regain du nombre de candidats. Par ailleurs, la stratégie nationale met un accent particulier sur l'enseignement de l'allemand dès le premier degré, grâce à deux réseaux qui garantissent les effectifs de germanistes dans les années à venir. C'est donc un investissement de moyen et long termes.
Les écoles maternelles du réseau Élysée 2020, qui favorisent une sensibilisation précoce à l'allemand, connaissent un bel essor. Elles étaient 329 en 2024, et onze nouvelles créations sont prévues à la rentrée prochaine.
Les écoles bilingues, quant à elles, offrent un parcours renforcé de trois heures minimum, pouvant atteindre la moitié de l'horaire scolaire total. La majorité des élèves suivant ces formations sont scolarisés dans l'académie de Strasbourg, où huit écoliers sur dix bénéficient de trois heures hebdomadaires d'allemand.
À la rentrée 2024, 171 000 élèves suivaient au moins trois heures hebdomadaires d'allemand dans vingt et une académies à travers la France.
Il est donc clair que nous ne laissons pas disparaître la langue de Goethe, de Thomas Mann ou de Jünger des bancs de notre école.
Mme la présidente . La parole est à M. Charles Sitzenstuhl.
M. Charles Sitzenstuhl . Je vous remercie, monsieur le ministre, pour cette réponse, d'autant que vous avez cité Thomas Mann, ce qui me fait toujours plaisir car c'est un magnifique et immense auteur !
Cependant, nous sommes face à une situation d’urgence. Il est impératif que vos services prennent pleinement la mesure de la situation critique dans laquelle se trouvent l’apprentissage et l'enseignement de l'allemand en France. Il faut inventer des solutions nouvelles sans tarder.
En outre, n'oublions pas nos engagements internationaux. Sous l’impulsion du président de la République, nous avons signé le traité d’Aix-la-Chapelle ; je ne suis pas certain que nous respections toutes ses dispositions.
Auteur : M. Charles Sitzenstuhl
Type de question : Question orale
Rubrique : Enseignement
Ministère interrogé : Éducation nationale, enseignement supérieur et recherche
Ministère répondant : Éducation nationale, enseignement supérieur et recherche
Date : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue au Journal officiel du 3 juin 2025