Développement de l'éolien : un modèle énergétique à réévaluer d'urgence
Question de :
Mme Stéphanie Galzy
Hérault (5e circonscription) - Rassemblement National
Mme Stéphanie Galzy interroge Mme la ministre de la transition écologique, de la biodiversité, de la forêt, de la mer et de la pêche sur les nombreuses limites soulevées par le développement de l'énergie éolienne. Malgré une hausse continue des installations, la production d'électricité éolienne a reculé de 8 % en 2024, traduisant une rentabilité de plus en plus incertaine. Des rapports issus du GIEC alertent par ailleurs sur une évolution des vents qui pourrait accentuer cette tendance. Sur le plan environnemental, la responsabilité directe de certains parcs éoliens dans la mort d'espèces protégées, comme l'aigle royal, suscite une inquiétude croissante. Enfin, les coûts de démantèlement, souvent sous-estimés, pourraient représenter un fardeau important pour les finances publiques. Face à ces constats alarmants, elle souhaite savoir si le Gouvernement envisage de suspendre les nouveaux projets éoliens, en particulier ceux en fin de vie ou en phase de démantèlement, dans l'attente d'une évaluation indépendante de leur efficacité énergétique, de leur impact écologique et de leur viabilité économique.
Réponse en séance, et publiée le 16 juillet 2025
SUPPRESSION DE PROJETS ÉOLIENS
Mme la présidente . La parole est à Mme Stéphanie Galzy, pour exposer sa question, no 402, relative à la suppression de projets éoliens.
Mme Stéphanie Galzy . La transition énergétique ne doit pas se faire à n'importe quel prix. Si vous présentez l'éolien comme un levier pour atteindre une indépendance énergétique, les réalités sur le terrain soulignent des failles inquiétantes.
Premièrement, la fiabilité de l'éolien est de plus en plus incertaine. En 2024, la production d'électricité éolienne a chuté de 8 % par rapport à 2023, malgré une augmentation du nombre d'installations de plus de 11 %. Les chiffres confirment ce paradoxe avec une baisse de 15 % depuis 2020.
Le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (Giec) prévoit que cette tendance pourrait se poursuivre avec une diminution mondiale des vents faibles et moyens, mais une augmentation des vents forts. Les éoliennes se mettant en sécurité dans ce dernier cas, cela réduirait encore la rentabilité de ces installations.
Deuxièmement, les conséquences pour la biodiversité sont désastreuses. En avril 2024, deux parcs éoliens situés dans l'Hérault ont été condamnés pour leur responsabilité dans la mort d'espèces protégées, dont l'aigle royal. Leur mort aurait fait scandale si elle avait été causée par un accident de chasse.
Si les installations continuent de causer la mort de ces espèces, nous pouvons légitimement nous demander combien d'autres parcs éoliens sont également en train de détruire notre faune, pourtant protégée par la loi.
Troisièmement, les coûts de démantèlement sont exponentiels et mal évalués. Un projet de parc éolien de 2 mégawatts nécessite un budget de démantèlement estimé à 100 000 euros, mais certaines études récentes révèlent des coûts réels de l'ordre de 171 000 euros par éolienne. À ce rythme, les coûts pourraient dépasser les prévisions.
Face à cette réalité, afin d'éviter la prolifération de projets à faible rendement, des risques environnementaux considérables et un fardeau financier insupportable pour les contribuables, le gouvernement envisage-t-il un moratoire sur tous les nouveaux projets éoliens, particulièrement ceux en phase de démantèlement, jusqu'à ce qu'une évaluation sérieuse et indépendante de leur effet réel soit réalisée ?
Mme la présidente . La parole est à Mme la ministre déléguée chargée de la ruralité.
Mme Françoise Gatel, ministre déléguée chargée de la ruralité . Votre question est importante, car elle traite à la fois de notre autonomie énergétique et de la préservation de notre environnement. L'État est loin d'être inactif sur le sujet.
L'électricité produite par les éoliennes terrestres est indispensable pour atteindre nos objectifs en matière de production décarbonée et pour sécuriser notre approvisionnement, puisqu'il s'agit de la troisième source de production d'électricité.
L'éolien terrestre représente un peu plus de 23 gigawatts de puissance installée. C'est une filière compétitive, qui apporte des recettes nettes pour l'État. Le développement des énergies renouvelables est compatible avec la lutte contre l'érosion de la biodiversité, que vous appelez de vos vœux.
La création de parcs éoliens terrestres est encadrée par une réglementation stricte, qui soumet l'installation d'éoliennes de plus de cinquante mètres de hauteur à une autorisation environnementale. Dans ce cadre, l'exploitant doit rechercher et appliquer des mesures de prévention, afin d'éviter, de réduire et, à défaut, de compenser les dommages causés aux espèces protégées. En cas d'atteinte excessive à la biodiversité, le parc éolien ne peut être autorisé.
Afin de favoriser les conditions d'une transition énergétique conciliant le développement des énergies renouvelables et la préservation des milieux naturels, le gouvernement a créé, en 2024, l'observatoire des énergies renouvelables et de la biodiversité. Cet observatoire permettra de regrouper et de valoriser les connaissances existantes.
Enfin, l'exploitant est responsable du démantèlement des éoliennes et de la remise en état du site. Il doit constituer des garanties financières permettant de couvrir les opérations, dans l'hypothèse où il serait défaillant. Le financement du démantèlement est ainsi sécurisé : il ne sera pas à la charge du contribuable, de l'État ou des collectivités.
Mme la présidente . La parole est à Mme Stéphanie Galzy.
Mme Stéphanie Galzy . Votre réponse n'est pas satisfaisante. Si l'objectif est de brasser du vent à tout prix, l'éolien est une grande réussite. (M. Serge Muller applaudit.)
Auteur : Mme Stéphanie Galzy
Type de question : Question orale
Rubrique : Énergie et carburants
Ministère interrogé : Transition écologique, biodiversité, forêt, mer et pêche
Ministère répondant : Transition écologique, biodiversité, forêt, mer et pêche
Date : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue au Journal officiel du 10 juin 2025