Il y a plus de soixante ans, notre pays a fait le choix du nucléaire. Le Général De Gaulle disait, « l’énergie de demain viendra du nucléaire ». Et le nucléaire a fait ses preuves. La France produit une électricité décarbonée à plus de 90 %. Le schéma fonctionnait jusqu’ici avec un seul pilier : le nucléaire.

Pourtant, le gestionnaire du réseau RTE (Réseau de transport d'électricité) nous annonce un risque de manque d'électricité lors des pics de consommation à venir et a placé la France en état de « vigilance particulière » jusqu’en 2024. La production nucléaire est à un niveau historiquement faible.

Notre nucléaire, fleuron de l’industrie française a été sacrifié. Comment en sommes-nous arrivés là ?

D’abord, sous la Présidence de François Hollande. La décision de baisser la part du nucléaire dans la production d'électricité française de 75 % à 50 % en 2025 impliquait la fermeture 24 réacteurs nucléaires d'ici 2025 et l'arrêt immédiat de la centrale de Fessenheim. Alors que RTE prévenait déjà en 2017 : « la fermeture de moyens de production supplémentaires n’est pas possible à très courte échéance sans dégrader la sécurité d’approvisionnement ».

Puis, Emmanuel Macron a confirmé la fermeture de Fessenheim.

Sous ces deux Présidents, la politique énergétique fut construite sur des annonces politiciennes dénuées d’anticipation. RTE expliquait déjà en 2017 qu'il fallait consommer moins pour espérer réduire la part de nucléaire. Une simple logique comptable permettait de comprendre que nous ne pourrions pas sortir des énergies fossiles (représentant les 2/3 de notre énergie actuelle, le dernier 1/3 étant l’électricité) sans produire plus d’électricité.

Il suffisait simplement de compter et ainsi, réagir vite.

Aujourd’hui, notre filière nucléaire subit une désorganisation liée à des objectifs de démantèlement bien trop tardivement suspendus. La sécurité d’approvisionnement est dégradée, comme prédit par RTE, bien sûr aggravée par la guerre en Ukraine et l'accélération du dérèglement climatique.

Maintenant que faisons-nous ? Le nucléaire doit rester le pilier principal de notre politique énergétique. RTE indique dans son rapport d’octobre 2021 que plus la transition comprendra du nucléaire, moins elle sera coûteuse. Alors pourquoi ce projet de loi maintenant ? Nous devions commencer par un projet de loi relatif à l’énergie nucléaire. Pourquoi cette incohérence ?

Les énergies renouvelables sont le complément du nucléaire. Les projets doivent être évalués globalement : leur coût financier réel notamment l’impact de leur coût sur les réseaux, et leur acceptabilité. Nous devons être attentifs aux projets éoliens. Ils doivent être acceptables avec des retombées économiques importantes pour les territoires et acceptés par leurs habitants.

Nous avons une tradition d’hydroélectricité en France. Renforçons ce secteur. Les sénateurs ont modifié ce projet de loi avec des amendements de bon sens qui permettront une simplification administrative des projets de remise en route des centrales hydroélectriques. Les seuils existent, aidons les porteurs de projet à remettre en route les turbines. La production d’hydroélectricité peut encore augmenter, tout en respectant l’environnement et la ressource en eau, bien évidemment.

Nous avons un potentiel sous-exploité : le solaire, notamment chez les particuliers.

Je veux permettre à chaque propriétaire de contribuer à la transition énergétique. Le solaire photovoltaïque est l’occasion pour chaque particulier de devenir producteur et ainsi de mieux maitriser sa consommation en vivant « avec le climat ».

De plus, l’usage « forcé » à terme de véhicules électriques doit s’accompagner de solutions proposées à nos concitoyens. Nous devons aider à la pose de panneaux photovoltaïques en simplifiant la règlementation, en aidant les propriétaires bailleurs à équiper leurs biens, en baissant la TVA sur ces travaux, en déclarant non opposable les dispositions des documents d’urbanisme qui bloquent les projets, en rendant l’avis de l’ABF sur ce sujet « simple » et non pas « conforme », en maintenant un tarif d’achat intéressant pour le surplus en autoconsommation. Et pourquoi pas créer un fond de précarité énergétique où l’injection du surplus produit pourrait être donné aux ménages en précarité énergétique ?

Quant à elles, les grandes centrales solaires au sol ne doivent pas se faire au détriment de l’agriculture mais pour l’agriculture.  

Je finirai par citer la géothermie de surface, énergie mobilisable sur notre territoire et oubliée dans ce projet de loi et qui aurait méritée plus d’attention.