AVIS

PRÉSENTÉ

AU NOM DE LA COMMISSION DES AFFAIRES ÉCONOMIQUES, DE L'ENVIRONNEMENT ET DU TERRITOIRE SUR LE PROJET DE loi de finances pour 2004 (n° 1093),

TOME XIV

FONCTION PUBLIQUE, RÉFORME de l'ÉTAT

ET AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE

AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE

PAR M. JACQUES LE NAY,

Député.

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INTRODUCTION 5

I.- DANS UN CONTEXTE BUDGÉTAIRE DIFFICILE, LES MOYENS DESTINÉS À L'AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE ONT ÉTÉ RATIONALISÉS 7

II.- LA CLARIFICATION DES PRIORITÉS DE LA POLITIQUE D'AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE 17

III.- VERS UN PERFECTIONNEMENT DES OUTILS DE LA POLITIQUE D'AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE 29

EXAMEN EN COMMISSION 43

Plusieurs orateurs sont ensuite intervenus.

M. Jean-Claude Flory, s'appuyant sur sa propre expérience de maire d'une petite commune ardéchoise, a estimé que la DATAR avait joué un rôle majeur et avait encore une mission déterminante à remplir pour répartir les soutiens communautaires et répondre à l'attente des zones rurales fragiles, touchées plus que d'autres par les mutations économiques. Il a observé que les élus locaux des territoires défavorisés, dans des départements tels que les Hautes-Alpes ou le Cantal, pouvaient s'appuyer efficacement sur le remarquable pôle d'expertise et de compétence de la DATAR, en particulier s'agissant des pôles d'économie du patrimoine et des programmes de développement ou de reconversion économique. Il a jugé nécessaire, en conséquence, d'accroître les soutiens accordés à la DATAR, dont les coûts de fonctionnement ne dépassent pas 5 % du budget dont elle a la charge.

M. Léonce Deprez a souhaité savoir si le ministre considérait l'aménagement du territoire comme un devoir majeur du Gouvernement pour le nouveau siècle, estimant que une politique d'aménagement du territoire était nécessaire dans une économie libéralisée. Il a appelé le ministre à exprimer clairement cette idée fondamentale face aux responsables publics qui laissent entendre avec légèreté que l'omnipotence du marché doit conduire à renoncer à toute politique volontariste de régulation et de rééquilibrage territorial.

Il a par ailleurs fait part de son soulagement après l'annonce de la poursuite des contrats de plan Etat-régions (CPER), outil essentiel dont la mort était pourtant annoncée par certains articles de presse. Il a donc approuvé le maintien des lignes directrices de ces instruments, soulignant qu'un grand nombre de territoires devaient recevoir un financement.

Il a enfin rappelé que la Commission avait décidé la création d'une mission d'information consacrée aux problèmes liées à l'application de la loi du 3 janvier 1986 dite « loi Littoral », dont les travaux révélaient à ce stade que des décrets et des moyens juridiques nécessaires à son application n'avaient pas été mis en oeuvre. Il a observé que cette situation avait conduit les tribunaux administratifs et les trois ministères concernés à se substituer au législateur, ce qui a pu occasionner des dérives technocratiques. Il a donc souhaité que les travaux de cette mission d'information trouvent un prolongement dans la politique d'aménagement du territoire menée par le Gouvernement.

M. Yves Simon a estimé que le taux de consommation des crédits des fonds structurels aurait été meilleur si l'engagement des sommes correspondantes avait débuté dès le début de l'année 2000 et non à la fin de l'année 2001. Il s'est en outre inquiété, compte tenu du taux actuel d'engagement de 45 %, du risque que la France ne puisse pas engager l'ensemble de ses crédits au terme de la période 2000-2006. Il a par ailleurs souhaité savoir si une remise en cause des fiches élaborées pour les documents uniques de programmation (DOCUP) avec l'accord de la Commission européenne était envisagée, une telle évolution étant inacceptable. Il s'est en outre inquiété des dégagements d'office possibles sur le programme Leader +, ces derniers ayant déjà démarré avec deux ans et demi de retard.

S'agissant des réseaux, il a indiqué que de nombreux élus attendaient une modification des textes en vigueur, de façon à permettre l'intervention des collectivités locales, et en particulier des départements pour les questions sur lesquelles le conseil général dispose de l'initiative. Il a suggéré de mener une réflexion visant à autoriser un amortissement progressif des projets, dont le lancement suppose une forte consommation de crédits au cours des premières années de gestion.

Il a enfin observé que les mutations économiques et les déplacements de population pouvaient conduire certains départements à gagner 1 500 habitants par mois quand d'autres en perdaient autant et a souhaité savoir comment de telles évolutions pourraient être régulées.

Mme Marie-Françoise Pérol-Dumont a estimé que le programme de lutte contre la fracture numérique présenté par le Gouvernement n'était pas convaincant, les élus locaux constatant que les moyens engagés sur le terrain ne correspondaient pas à la volonté affichée. Elle a rappelé que les fonds de l'Etat, promis aux collectivités locales lors du Comité interministériel d'aménagement et de développement du territoire (CIADT) du 13 décembre 2002 dans le cadre du cofinancement, n'étaient toujours pas mobilisés à ce jour. Elle a ainsi précisé que la répartition d'une première enveloppe entre les régions, calculée au prorata du nombre de communes, pourrait ne pas être suivie du versement du solde, qui devait pourtant intervenir avant la fin de l'année 2003. Elle a jugé cette situation d'autant plus regrettable que l'enveloppe initiale avait sous-évalué les investissements nécessaires dans de nombreuses régions.

Elle s'est également inquiétée de l'éventuel prélèvement des ressources nécessaires à la couverture complète du territoire national en téléphonie mobile sur les fonds destinés à la desserte en Internet à haut débit, jugeant qu'une telle démarche constituerait, malgré l'appui de certains élus, un subterfuge condamnable, au moment où le haut débit contribue beaucoup à l'intégration économique de la France dans l'Union européenne. Elle a estimé que le transfert de compétences aux collectivités locales n'était pas suivi du transfert des moyens nécessaires, en matière de téléphonie mobile notamment, et a jugé de ce fait que le partenariat entre l'Etat et les collectivités locales était mal engagé.

M. Alain Cousin a remarqué que l'expertise des fonctionnaires de la DATAR était indispensable pour les élus locaux et suggéré des rencontres plus fréquentes, les progrès constatés devant être poursuivis compte tenu de la technicité croissante des projets. Il a noté une amélioration des relations entretenues par les élus avec les secrétaires généraux à l'action régionale (SGAR) et a appelé à poursuivre l'effort s'agissant de la représentation territoriale des commissaires.

Il a regretté l'évolution surprenante et parfois injuste des zonages des fonds structurels et de la prime d'aménagement du territoire (PAT) et a appelé à réduire les inégalités engendrées par la PAT. Il a souhaité que la souplesse de gestion de ces crédits soit accrue et que soit étudiée, dans cette optique, la possibilité de transférer les fonds structurels des zones classées « Objectif 2 » vers des zones en soutien transitoire. Il a également approuvé l'idée, défendue par le ministre au niveau européen, de doubler le plafond en dessous duquel l'aide publique à une entreprise ne devra plus être notifiée aux instances communautaires (règle dite « de minimis ») et a souhaité savoir quels résultats avaient été obtenus en la matière.

M. François Brottes a souhaité savoir de quelle marge de man_uvre le ministre chargé de l'aménagement du territoire disposait pour contrebalancer les approches trop sectorielles des autres ministres, en particulier concernant le rôle d'aménagement du territoire joué par des entreprises publiques telles que la Poste, Electricité de France ou France-Télécom. S'agissant du contrat de plan entre l'Etat et la Poste, il s'est interrogé sur la volonté et les moyens du ministère de maintenir sur l'ensemble du territoire national une présence postale permettant de garantir aux usagers un service réel et non symbolique.

Il a noté que le Gouvernement avait décidé d'assouplir l'application du principe de spécialité régissant l'établissement public Electricité de France et a suggéré, en conséquence, d'autoriser les collectivités locales à s'appuyer sur cet important partenaire afin de mener à bien de nouveaux projets.

Il a enfin regretté la fermeture de plusieurs dizaines de trésoreries, aboutissant à la disparition de points d'ancrage importants du service public, comme cela pourrait être le cas en matière postale. Il a regretté que les démarches engagées par les élus locaux auprès des préfets afin de mettre en place des dispositifs alternatifs tels que des maisons de service public, se heurtent à la logique implacable du ministère des Finances et a appelé le ministère en charge de l'aménagement du territoire à appuyer de telles propositions. Il a regretté que l'aménagement du territoire ne figure jamais au centre des préoccupations du Gouvernement et ne permette qu'une écoute symbolique des élus par les préfets.


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© Assemblée nationale

() Suite au décret du 30 janvier 2003 portant nomination d'une ambassadrice itinérante déléguée aux investissements internationaux, cette fonction est actuellement assurée par Mme Clara Gaymard.

() « Les politiques de développement rural », Conseil national de l'évaluation du Commissariat général du Plan, juin 2003.

() Rapport d'information n° 15 de MM. Jacques Blanc, président, et Jean-Paul Amoudry, rapporteur, « L'avenirde la montagne. UN développement équilibré dans un environnement préservé », 9 octobre 2002.

() Rapport d'information n°1040 de MM. François Brottes, président, et Yves Coussain, rapporteur, « Pour une montagne respectée prenant son destin en main. Mission d'information sur les adaptations envisageables du droit applicable dans les zones de montagne », 16 juillet 2003.

() Rapport d'information AN n° 443 de M. Nicolas Forissier, rapporteur, intitulé « Réduire la fracture numérique », 28 novembre 2002.