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1908 : Zola au Panthéon

4 juin 2008

Dossier historique

Repères biographiques

Vidéo  

Discussion du projet de loi relatif à la translation des cendres
    d'Émile Zola au Panthéon (19 mars 1908) (compte rendu de séance sur le site gallica)

 

La décision de transférer les cendres d’Émile Zola au Panthéon a été prise par la Chambre des députés le 13 juillet 1906, au lendemain de l’annulation par la Cour de cassation du jugement condamnant Alfred Dreyfus. Mais la loi n’a vu son aboutissement que deux ans plus tard, le 4 juin 1908, lorsque la « panthéonisation » de l’écrivain a été réalisée.

Pour célébrer le centenaire de la « panthéonisation » d’Emile Zola, l'Assemblée nationale publie sous forme de plaquette le débat de la séance du 19 mars 1908

Le Panthéon accueille, dans la crypte, une exposition rendant honneur au chef de fil du naturalisme, auteur de la réconciliation nationale, après une lutte sans merci entre pro-et-anti dreyfusards.

Inauguration de l'exposition Zola au Panthéon, dans la crypte du Panthéon
M. Alain Pagès, commissaire de l'exposition, M. Bernard Accoyer, Président de l'Assemblée nationale

Exposition Zola au Panthéon

« On a oublié la violence qui a entouré l’année 1908 », commente Alain Pagès, commissaire de l’exposition : « On connaît bien toute l’histoire qui entoure l’Affaire Dreyfus depuis l’engagement de Zola et son fameux J’accuse publié le 13 janvier 1898 jusqu’à la réhabilitation du capitaine Dreyfus en juillet 1906 et la décision, prise le lendemain, de transférer les cendres de l’écrivain au Panthéon. En revanche, poursuit Alain Pagès, on ignore que cette panthéonisation a durablement divisé l’opinion française. Et c’est cela que nous montrons avec des documents inédits ».

L’exposition décrit en quatre étapes les différentes polémiques liées à l’affaire Dreyfus en commençant par représenter la maison de Zola à Médan (près de Poissy), où l’auteur a écrit l’essentiel de son œuvre. L’article J’accuse du 13 janvier 1898 est exposé, ainsi que les caricatures de l’époque. Enfin, un film retrace les principales étapes de l’événement, du début de l’Affaire à la « panthéonisation » de Zola.

Jusqu’au 31 octobre 2008

Panthéon, Place du Panthéon 75005 - Tél. : 01 44 32 18 00

Ouvert tous les jours de 10h à 18h15 (sauf les 11 novembre, 25 décembre et 1er janvier)

Dernière entrée à 17h30

Entrée tout public

Il y a un siècle, le 4 juin 1908, Émile Zola entrait au Panthéon. Armand Fallières, le Président de la République, Georges Clemenceau, le chef du gouvernement, vinrent s’incliner devant la dépouille du grand écrivain dreyfusard, tandis qu’à l’extérieur retentissaient les clameurs des militants nationalistes, hostiles à la cérémonie voulue par les députés.

Nos prédécesseurs de la Troisième République, en matière mémorielle, disposaient en effet d’un pouvoir spécifique : les transferts au Panthéon étaient votés par le Parlement. La loi du 19 juillet 1881 avait réaffecté l’église Sainte-Geneviève au culte des vertus civiques, dans la tradition héritée de la Révolution. En 1885, quand s’éteignit Victor Hugo, les deux chambres rendirent hommage au grand poète en votant des funérailles nationales qui rassemblèrent un million de personnes. Pour Zola, l’hommage ne fut pas unanime. Du Temple de la loi au Temple des grands hommes, le chemin se révéla long et tortueux. Déposée à la mort de l’écrivain, en 1902, par le député socialiste du Cher, Jules-Louis Breton, la proposition de loi « relative à la translation des cendres d’Émile Zola au Panthéon » ne fut adoptée que le 13 juillet 1906, au lendemain de la réhabilitation d’Alfred Dreyfus, par une Chambre qui venait de voter la réintégration dans l’armée de celui que le conseil de guerre avait injustement condamné.

En Zola, ce fut l’écrivain mais plus encore l’auteur de « J’accuse » que les députés ont voulu célébrer. « Ce fut un éclair formidable qui fit jaillir la lumière », commentait alors Jules-Louis Breton. « Sans l’initiative héroïque de Zola l’innocent serait encore au bagne, à moins que la mort ne l’eût libéré des tortures morales et physiques que lui infligeaient ses criminels bourreaux ; la lumière n’aurait pu traverser tous les faux qui l’obscurcissaient, la vérité n’aurait pu triompher des mensonges accumulés et la justice ne serait pas encore venue apporter une réparation nécessaire et bienfaisante non seulement à la victime innocente, mais encore à la France elle-même. »

Maurice Barrès, dans la séance du 19 mars 1908. Pour lui répondre, montèrent à la tribune le ministre de l’Instruction publique Gaston Doumergue – futur Président de la République –, mais aussi Jean Jaurès, qui salua avec tout l’éclat de sa culture et de son talent « le combattant énergique de la vérité ».

Je suis heureux de rendre ces superbes moments d’éloquence accessibles à tous. Je me réjouis en outre que l’Assemblée nationale et le Centre des Monuments nationaux se soient associés pour commémorer, par cette publication et par l’exposition « Zola au Panthéon », l’ultime conclusion de « l’Affaire ».

On sait qu’Alfred Dreyfus, présent à la cérémonie du 4 juin 1908, fut blessé par le nationaliste Grégori, qui réclama « la révision de la révision » du procès. Contre l’antisémitisme toujours résurgent, contre toutes les formes de révisionnisme, il importe de transmettre aux jeunes générations le souvenir des heures sombres comme celui des grands hommes qui surent s’opposer au fanatisme et au fatalisme. S’il n’appartient pas au politique d’écrire l’Histoire, la représentation nationale me paraît en revanche fondée à entretenir la mémoire d’un passé riche, complexe et plein d’enseignements pour l’avenir.

Bernard Accoyer

 

 

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Réhabilitation d'Alfred Dreyfus par la Chambre des députés

Le Panthéon (Centre des monuments nationaux)

Les cahiers naturalistes