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Commission des affaires étrangères - Rapport d’information : l’urgence libyenne

La commission des affaires étrangères de l’Assemblée nationale, réunie le mercredi 25 novembre 2015 sous la présidence de Mme Élisabeth Guigou (Socialiste, républicain et citoyen, Seine-Saint-Denis), a examiné le rapport de la mission d’information sur la Libye, présidée par Mme Nicole Ameline (Les Républicains, Calvados) et dont les co-rapporteurs étaient MM. Jean Glavany (Socialiste, républicain et citoyen, Hautes-Pyrénées) et Philippe Baumel (Socialiste, républicain et citoyen, Saône-et-Loire).

Les attaques de Paris ont suivies celles de Beyrouth, du Sinaï égyptien, d’Ankara, de Tunis et encore de Sousse : les victimes se comptent par milliers, elles ont tous les visages, toutes les nationalités, toutes les confessions. Ces attaques répétées interrogent la stratégie à déployer face à la terreur et à la barbarie.

La détermination dont on peut faire preuve pour éradiquer la menace terroriste en Irak ou en Syrie, restera vaine tant que des États faillis leur offriront un repli stratégique. Nous l’avons vu avec Al-Qaïda : à la suite de l’intervention américaine en Afghanistan, son centre de gravité a migré des zones pakistanaises vers la péninsule arabique, la Corne de l’Afrique et le Sahel.

Demain, le scenario à l’œuvre sous l’ère Al-Qaïda pourrait se reproduire sous l’ère Daech, cette fois-ci en Libye, avec une nuance de taille car l’organisation y opère déjà et y dispose d’une assise territoriale de plus de 250 kilomètres autour du croissant pétrolier. Considérer la Libye comme un conflit secondaire revient par conséquent à commettre une erreur stratégique grave, que nous pourrions chèrement payer : si nous échouons à stabiliser la Libye, elle fera tragiquement irruption dans l’actualité comme Mossoul en 2014. Si l’inaction perdure, Syrte succèdera peut être à Raqqa comme capitale de l’État islamique.

Depuis 2011, cette « guerre mal éteinte » s’envenime dans l’indifférence générale : la transition politique est en train de dégénérer en conflit civil, alimenté par des « parrains » étrangers peu scrupuleux, entre deux coalitions, Tripoli et Tobrouk, qui se battent pour les dividendes politiques et économiques de la chute du régime de Mouammar Kadhafi. Leur incapacité à s’entendre politiquement livre progressivement leur pays aux mains de « seigneurs de guerre » surarmés, et, demain, à Daech et à d’autres groupes djihadistes.

Le temps presse et pourtant, l’action forte et déterminée de la communauté internationale, en particulier de l’Europe, se fait attendre. Elle se limite aujourd’hui à un soutien verbal d’une médiation des Nations-Unies qui peine à la tâche. Il est impératif de trouver les voies d'une stabilité pour le pays et de redonner quelques perspectives de progrès à sa population.

L’action de la France est attendue en Libye. Tout d’abord, car elle a joué un rôle central dans le changement de régime. Qu’on s’en réjouisse ou qu’on le déplore, le pays sera tenu responsable, en bien ou en mal, du cours des évènements. Ensuite parce la France est appréciée pour l’équilibre de ses positions et sa capacité à dialoguer avec toutes les parties au conflit qui acceptent une solution pacifique. Enfin, en raison des liens solides qu’elle entretient avec ses voisins, qui tous craignent pour leur stabilité, notamment l’Égypte, l’Algérie, le Tchad et la Tunisie. La France, déjà investie avec ses partenaires africains au sein de la région sahélo-saharienne à travers l’opération Barkhane, doit impérativement mobiliser ses partenaires européens et tous les alliés de la Libye pour parvenir dans les semaines qui viennent à un accord crédible et solide.

Le rapport parlementaire sur la situation libyenne vise donc à comprendre et faire comprendre les enjeux de cette crise aux ressorts complexes, à souligner l’urgence d’un accord accompagné d’arrangements de sécurité crédibles. Il propose quelques lignes d’action qui peuvent guider la communauté internationale dans son appui au rétablissement de la paix civile et de la stabilité en Libye.

Un nouvel envoyé spécial des Nations-Unies vient d’être nommé en Libye. C’est le moment de changer le paradigme des négociations pour forcer l’accord. Le rapport propose de réunir, lors d’une conférence internationale, toutes les composantes du jeu politique libyen et leurs alliés régionaux, pour élargir le dialogue initié par Bernardino León ; de se donner les moyens de convaincre ceux qui « jouent la montre » qu’ils ont davantage intérêt à un succès des négociations qu’à leur échec, et, si nécessaire, à sanctionner ceux qui cherchent à torpiller l’accord, pour créer les conditions d’une stabilisation durable de la région.

Le rapport d’information (n°3259) sera disponible prochainement sur le site internet de l’Assemblée nationale : http://www.assemblee-nationale.fr/14/rap-info/i3259.asp

Les conclusions de la mission d’information peuvent d’ores et déjà être transmises aux journalistes par voie électronique (sur demande auprès de la division de la presse).

Contact presse :
François-Xavier Carabelli : fxcarabelli@assemblee-nationale.fr – 01 40 63 64 57