- Texte visé : Proposition de loi pour dresser un état des lieux exhaustif de la menace terroriste d'extrême droite, n° 877
- Stade de lecture : 1ère lecture (1ère assemblée saisie)
- Examiné par : Commission des lois constitutionnelles, de la législation et de l'administration générale de la République
Compléter cet article par l’alinéa suivant :
« 5° Un état de la présence de l’idéologie d’extrême droite et identitaire au sein des services spécialisés en charge de la détection et de l’analyse de cette menace. »
Des travaux universitaires (on citera par exemple les études de Luc Rouban du Cevipof) font état en effet d’une sur-représentation de cette idéologie dans la police et l’armée, comme l’illustre la question du vote d’extrême-droite dans la police, dont la proportion n’a cessé de grandir ces dernières années. De 30% au premier tour de la Présidentielle de 2012, puis 51,5% au premier tour des Régionales de 2015 (source Cevipof), les intentions de vote des policiers et militaires pour le Front puis Rassemblement National ont atteint entre 52.5 et 55% (selon les scénarios) au premier tour de la Présidentielle de 2017. Finalement, selon l’enquête électorale française du Cevipof, 41% des militaires et 54% des policiers interrogés ont réellement voté pour Marine Le Pen lors de ce scrutin (contre 16% au niveau de l’ensemble de la population). Ce score atteignait également 52% des policiers pour les Européennes de 2019 (contre 23% pour l’ensemble de la population). Or, ce sont ces mêmes policiers qui, au sein du SCRT et de la DGSI (hormis les 15% de contractuels) sont chargés de nous renseigner sur la menace d’extrême-droite.
Le recueil d’informations sur cette mouvance souffre donc de biais significatifs. Concrètement, comment, sur le terrain, se détermine un officier des renseignements territoriaux membre d’Alliance face à des appels à la discrimination ; comment un militaire sensible aux thèses identitaires et analyste à la DGSE peut-il percevoir la montée des populismes d’extrême-droite en Europe ? Or, ce sont eux qui sont chargés de rendre compte de cette actualité et d’en informer le pouvoir. Il existe donc un risque important d’une sous-évaluation de cette menace, et, en miroir, d’un surévaluation des menaces « djihadiste » et d’extrême-gauche fantasmées par ces services. Par cet amendement, le groupe LFI-NUPES recommande de faire un bilan sur les effets d’une absence de neutralité des capteurs de la menace.