XVIe législature
Session ordinaire de 2022-2023

Première séance du mercredi 29 mars 2023

Sommaire détaillé
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Première séance du mercredi 29 mars 2023

Présidence de M. Sébastien Chenu
vice-président

M. le président

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    La séance est ouverte.

    (La séance est ouverte à quinze heures.)

    1. Protection des logements contre l’occupation illicite

    Deuxième lecture

    M. le président

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    L’ordre du jour appelle la discussion de la proposition de loi visant à protéger les logements contre l’occupation illicite (nos 818, 1010).

    Présentation

    M. le président

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    La parole est à M. le garde des sceaux, ministre de la justice.

    M. Éric Dupond-Moretti, garde des sceaux, ministre de la justice

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    Nous examinons en deuxième lecture la proposition de loi du président Kasbarian, qui nous apportera des moyens indispensables pour lutter contre les squats qui pourrissent la vie d’un certain nombre de nos concitoyens. Nombre d’entre nous ont ainsi été saisis par de petits propriétaires qui, ayant parfois économisé toute leur vie pour acquérir un bien, se trouvent dans l’impossibilité de récupérer le fruit de leur travail et de leurs économies. La lutte contre les squats est capitale, aussi tiens-je, monsieur le rapporteur, à saluer votre engagement en la matière – car oui, la loi doit d’abord protéger les honnêtes gens.
    Concrètement, votre proposition de loi telle qu’issue des travaux du Sénat et de l’Assemblée nationale en première lecture clarifie la notion de domicile en précisant qu’elle recouvre tout local d’habitation contenant des biens meubles, qu’une personne y habite ou non et qu’il s’agisse ou non de sa résidence principale. Il s’agit là d’une avancée indispensable. J’en profite pour rappeler que, contrairement à ce qu’affirment certains médias, le squat d’une résidence secondaire est bien constitutif du délit de violation de domicile et que, puisqu’il s’agit d’une infraction continue, l’intervention des forces de police pour faire cesser cette situation est possible à tout moment.
    Le texte entend aller au-delà de la protection du domicile et protéger également la propriété en tant que telle. Il ne s’agit cependant pas de faire primer le droit de propriété sur tout autre droit social, mais de répondre de manière proportionnée et adaptée à des situations individuelles profondément injustes. Je tiens à souligner l’important travail parlementaire ayant conduit à préciser le champ du délit d’introduction ou de maintien dans un local autre que le domicile. Tout d’abord, ces travaux ont permis de limiter le champ de la répression aux seuls actes frauduleux en prévoyant, s’agissant des locaux autres que le domicile, que seule l’introduction à l’aide de manœuvres, de menaces, de voies de fait ou de contrainte, ou le maintien après une telle introduction, seront réprimés. En excluant ainsi de la répression les locataires défaillants qui ne font l’objet d’aucune procédure d’expulsion, cette restriction du champ de l’infraction répond aux inquiétudes exprimées par certains et aux réserves que j’avais émises lors de l’examen du texte en première lecture.
    Les travaux parlementaires ont également conduit à instaurer dans l’échelle des peines une gradation tout à fait bienvenue. Ainsi, le squat d’un domicile, lieu particulièrement protégé en tant que lieu de la vie privée et de l’intime, est puni d’une peine de trois ans d’emprisonnement, alors que le squat d’un local autre que le domicile est puni d’une peine de deux ans d’emprisonnement. Ces quanta de peine assurent la cohérence de la répression des faits en question.
    Enfin, je souhaite évoquer brièvement la dernière infraction créée par ce texte, pour souligner la nécessité de préserver les équilibres que nous avons trouvés : ce délit vise à punir d’une peine d’amende de 7 500 euros le fait pour un locataire qui a fait l’objet d’une décision de justice définitive et exécutoire ayant donné lieu à un commandement régulier de quitter les lieux depuis plus de deux mois de se maintenir dans un local à usage d’habitation. Bien que la voie civile reste la plus adaptée dans ce cas, la rédaction issue du Sénat et de la commission des affaires économiques de l’Assemblée nationale me semble satisfaisante à plusieurs égards. Tout d’abord, les garanties qu’elle comporte permettent de protéger les locataires précaires et d’aboutir à une répression adaptée. Ensuite, le quantum de la peine encourue pour ce délit s’inscrit dans une gradation cohérente et proportionnée des peines au regard des délits de violation de domicile et de violation d’un local autre que le domicile. Il me semble donc que les travaux parlementaires ont permis d’aboutir à un bon équilibre entre la défense de la propriété immobilière, qui concerne aussi les petits propriétaires, et le droit au logement, dans le respect des principes constitutionnels.
    L’Assemblée nationale et le Sénat sont convenus d’élargir le champ d’application de la procédure d’évacuation administrative, qui pourra être mise en œuvre pour la libération des domiciles comme des logements vacants. Cela répondra plus efficacement aux besoins des petits propriétaires souhaitant retrouver leur bien. J’en profite pour saluer l’amendement présenté par M. le rapporteur qui, pour consolider juridiquement le dispositif, entend inscrire dans la loi la réserve exprimée par le Conseil constitutionnel dans sa décision du 24 mars 2023. Le Sénat et votre commission sont également convenus de circonscrire ce dispositif aux cas de squat ; il ne sera donc pas applicable aux personnes entrées régulièrement dans les lieux, telles que les locataires impécunieux. Je m’en félicite, car la procédure d’évacuation administrative ne me paraissait pas indiquée pour régler ce type de litige.
    Le texte aborde également la procédure d’expulsion qu’on pourrait dire de droit commun. À cet égard, les deux assemblées ont souhaité l’insertion automatique dans le bail d’une clause de résiliation de plein droit en cas d’impayés de loyers. Cette généralisation constitue un progrès du point de vue de la lisibilité du droit, de la simplification procédurale et de l’équité de traitement entre les locataires en cas de litige avec le bailleur. Elle sécurise le bailleur sans porter préjudice à la capacité du locataire de se défendre devant le juge en cas de litige de nature à provoquer la résiliation du bail. En outre, il s’est trouvé un consensus pour accélérer le rythme de la procédure d’expulsion. Pour n’en citer qu’un exemple, le délai renouvelable que peut accorder le juge aux occupants en phase d’expulsion lorsque leur relogement ne peut avoir lieu dans des conditions normales est réduit de trois à un an. Je ne peux qu’approuver ce nouvel équilibre qui permet d’accélérer la procédure d’expulsion tout en préservant le droit au logement, en faveur duquel le Gouvernement est pleinement mobilisé, en particulier mon collègue Olivier Klein.
    Je tiens enfin à souligner la volonté commune des deux chambres de réserver aux occupants de mauvaise foi un traitement plus sévère en les privant non seulement du délai de deux mois entre le commandement de quitter les lieux et l’expulsion, mais aussi de la possibilité d’obtenir un délai de grâce. Cette mesure me paraît aller dans le sens d’une protection accrue des propriétaires, attendue de nos concitoyens, particulièrement lorsqu’ils sont confrontés à des locataires malintentionnés.
    S’agissant des propriétaires, vous avez souhaité réagir à la jurisprudence de la Cour de cassation du 15 septembre 2022 en les exonérant de leur obligation d’entretien de leur bien lorsque survient un dommage pendant la période d’occupation. Tel est l’objet de l’article 2 bis de la proposition de loi ; je me félicite que cette disposition fasse consensus entre le Sénat et votre commission.
    Mesdames et messieurs les députés, je souhaite que cette seconde lecture nous permette de poursuivre nos débats pour parfaire encore ce texte porteur d’espoir, mais surtout porteur de solutions concrètes et de bon sens pour nombre de nos concitoyens qui aspirent simplement à jouir du fruit de leur labeur – ce qui, vous me le concéderez, est bien le moins. (Applaudissements sur les bancs des groupes RE et HOR. – M. Philippe Gosselin applaudit également.)

    M. le président

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    La parole est à M. le ministre délégué chargé de la ville et du logement.

    M. Olivier Klein, ministre délégué chargé de la ville et du logement

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    La proposition de loi qui nous revient du Sénat est un texte enrichi, à l’équilibre renforcé. Je me félicite de ces avancées nécessaires et précieuses. Je tiens à saluer tout particulièrement le travail solide des deux rapporteurs de la chambre haute, André Reichardt et Dominique Estrosi Sassone, ainsi que les sénateurs qui ont permis des améliorations concrètes.

    Mme Annie Genevard

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    Les députés aussi !

    M. Olivier Klein, ministre délégué

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    Ils ont été attentifs aux inquiétudes et aux retours du terrain sans dénaturer la juste ambition qui a présidé à l’élaboration de votre texte initial, cher Guillaume Kasbarian. La navette parlementaire a été gage de protection, de clarification et de sécurisation juridique. Ainsi, les sénateurs ont établi une distinction plus nette entre la situation du squatteur, qui doit être sanctionné à la mesure de sa faute, et celle du locataire défaillant, qui doit pouvoir être accompagné lorsqu’il est de bonne foi.
    Oui, nous assumons de sanctionner plus durement le squatteur, mais également de protéger et d’accompagner le locataire dont la situation le justifie. Nous avons longuement débattu de ce sujet et avons pris les alertes en considération. Le texte ne conduira donc pas les locataires en prison pour impayés de loyer, ce dont je me réjouis. Il ne réduira pas davantage l’accompagnement social ; au contraire, il permettra de le stabiliser, de le clarifier et de le déclencher plus tôt dans la procédure, afin d’enrayer dès que possible la spirale de la pauvreté.
    Il n’empêche pas le juge d’accorder des délais aux locataires qui peuvent payer leurs loyers mais qui ont été confrontés à une période difficile. Le juge conservera donc le pouvoir de juger au cas par cas, en fonction des demandes faites par le locataire et de sa situation financière.

    Mme Danielle Simonnet

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    Pas vraiment !

    M. Olivier Klein, ministre délégué

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    Ce pouvoir du juge est gagnant-gagnant : gagnant pour le locataire, qui peut se maintenir dans le logement ; gagnant pour le propriétaire, à qui la dette sera remboursée et le loyer payé sans attendre une expulsion, qui est toujours, pour moi, et je suis sûr que vous en conviendrez, un signe d’échec.
    Le texte renforce le rôle des commissions de coordination des actions de prévention des expulsions locatives, les CCAPEX. Grâce au chapitre ajouté par le Sénat, celles-ci seront désormais davantage territorialisées, car les élus locaux y seront plus nombreux. Elles auront un plus grand pouvoir de décision, par exemple s’agissant du maintien des aides personnelles au logement (APL). Je les inviterai évidemment, dans le contexte actuel, à garder l’esprit ouvert face aux difficultés rencontrées par nombre de nos concitoyens. Elles pourront commencer plus tôt leur travail, pour que le diagnostic social et financier soit prêt dès que possible.
    Je crois très important de conserver tous les efforts faits en faveur de la prévention des expulsions locatives. Il faut laisser du temps au travail social, laisser au juge le pouvoir d’analyser chaque situation, d’être au plus proche des réalités, difficiles, d’une expulsion, qui est toujours un échec.
    Enfin, et cela me tenait à cœur, ce texte renforce les sanctions contre les marchands de sommeil. En tant que maire de Clichy-sous-Bois, j’ai été confronté à ceux qui, indûment, organisent des squats en faisant croire qu’ils sont propriétaires des logements, en toute illégalité et au détriment des plus faibles.
    Une telle politique s’inscrit dans la lutte que mène le Gouvernement contre l’habitat indigne, dont les procédures ont été renforcées et simplifiées par la loi portant évolution du logement, de l’aménagement et du numérique – la loi Elan –, adoptée lors de la précédente législature. Notre mobilisation sur ce sujet est constante ; elle se traduit dans ce texte et se poursuivra dans les prochaines semaines, avec vous et avec les élus locaux de tous bords.
    Mesdames et messieurs les députés, loin des caricatures et des surenchères, vous avez aujourd’hui à vous prononcer sur un texte équilibré et proportionné, bâti dans une logique de compromis grâce au travail attentif du rapporteur. Ce texte a été amélioré et équilibré par les sénateurs mais aussi, dès la première lecture, par le travail des députés…

    Plusieurs députés du groupe LR

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    Quand même !

    M. Guillaume Kasbarian, rapporteur de la commission des affaires économiques

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    Il faut le dire !

    M. Olivier Klein, ministre délégué

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    …des trois groupes de la majorité.

    Mme Annie Genevard

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    Et de l’opposition !

    M. Olivier Klein, ministre délégué

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    Cette proposition de loi n’a jamais eu pour objectif de résoudre la crise du logement en France, mais elle permet de lutter contre les abus, contre ceux qui profitent du système et arnaquent les petites gens. Elle permet de résoudre des cas insupportables, des situations humaines dont vous recevez le témoignage lors de vos rendez-vous en circonscription…

    M. Sylvain Maillard

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    Eh oui !

    M. Olivier Klein, ministre délégué

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    …et qui ont été mis en lumière lors des auditions, qu’il s’agisse de petits propriétaires dont le bien est squatté de manière intolérable ou de locataires de bonne foi se retrouvant temporairement en difficulté pour payer leurs loyers. Ce texte protège les uns comme les autres. Il assure la juste conciliation entre le droit à la propriété et le droit au logement, deux droits essentiels qu’il ne faut pas opposer.
    Pour ma part, je n’oppose pas la lutte contre le squat et l’occupation illicite et une politique ambitieuse et sociale du logement. Une politique du logement ne peut pas être une politique du squat ni des impayés de loyer, mais elle doit répondre à toutes les attentes légitimes.
    Je le répète, face au mal-logement, l’objectif, c’est l’accès à un logement pérenne. Le Gouvernement est pleinement mobilisé pour l’atteindre et pour cela, je sais pouvoir compter sur les députés de notre majorité.

    Plusieurs députés du groupe LR

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    Et les autres ?

    Mme Annie Genevard

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    Non mais, ce n’est pas possible ! Et l’opposition alors ?

    M. Philippe Gosselin

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    Heureusement que le garde des sceaux est là ! (Sourires.)

    M. Olivier Klein, ministre délégué

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    Cet accès passe par la politique du logement d’abord, que nous poursuivons cette année, l’année prochaine et l’année suivante, autant que nécessaire. Il implique également de construire plus là où les besoins sont les plus importants, afin que chacun puisse se loger dignement et construire ainsi son parcours résidentiel, son parcours de vie.
    Je serai tout particulièrement attentif aux conclusions de la mission d’information sur les moyens de faire baisser les prix du logement en zones tendues, au nom de laquelle les députés Annaïg Le Meur et Vincent Rolland, que je salue, présenteront prochainement leur rapport. Je souhaite étudier leurs propositions concrètes avec eux et l’ensemble des parlementaires qui le souhaiteront.
    J’étudierai également avec attention les travaux du Conseil national de la refondation (CNR) dédié au logement qui, sans nul doute, proposera des évolutions fortes et attendues.
    Mesdames et messieurs les députés, ce texte a été amélioré et rendu équilibré grâce à un travail transpartisan des deux chambres. Il témoigne de notre capacité à construire des compromis au service de l’intérêt général, en réponse aux attentes concrètes et quotidiennes des Français. Je suis certain que nos débats permettront de faire œuvre utile…

    Mme Danielle Simonnet

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    Avec le RN !

    M. Olivier Klein, ministre délégué

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    …et de préserver l’équilibre de cette proposition de loi, qui va dans le bon sens. Je vous invite à l’adopter. (Applaudissements sur les bancs du groupe RE.)

    Rappel au règlement

    M. le président

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    La parole est à Mme Annie Genevard, pour un rappel au règlement. Sur quel fondement ?

    Mme Annie Genevard

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    Sur le fondement de l’article relatif au déroulement de nos débats.

    M. le président

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    Lequel ?

    M. Philippe Gosselin

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    Le 100 !

    Mme Annie Genevard

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    L’article 100. Monsieur le ministre délégué, je vous ai écouté attentivement. Je me permets de vous dire que les députés de la majorité ne sont pas les seuls à avoir travaillé sur ce texte.

    M. Guillaume Kasbarian, rapporteur de la commission des affaires économiques

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    C’est vrai !

    Mme Annie Genevard

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    Nous avons été nombreux à y apporter, je le crois en toute immodestie, notre utile contribution. (Exclamations sur les bancs du groupe LFI-NUPES.) Je trouve de mauvais aloi que nos débats commencent par des déclarations qui tendent à effacer de facto le rôle des oppositions. (Applaudissements sur les bancs du groupe LR et sur quelques bancs du groupe RE.)

    Présentation (suite)

    M. le président

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    La parole est à M. Guillaume Kasbarian, président et rapporteur de la commission des affaires économiques.

    M. Guillaume Kasbarian, rapporteur de la commission des affaires économiques

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    Nous voici de nouveau réunis pour parler d’un problème important qui indigne nos concitoyens : celui du squat, qui évoque, quand on l’examine plus profondément, la question du respect des autres, dans leur intimité et dans leur propriété. Dans une période turbulente, où se déchaînent les professionnels de la destruction du bien d’autrui,…

    M. Andy Kerbrat

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    Vous parlez des promoteurs de la réforme des retraites ?

    M. Guillaume Kasbarian, rapporteur

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    …il est crucial d’accorder toute sa place à ce débat central, qui permet de bien distinguer les positions des uns et des autres. La protection de la propriété, principe fondateur de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, demeure en effet une pierre angulaire de notre pacte républicain.
    Nous nous soucions depuis longtemps de l’occupation illicite. En 2018, déjà, dans la loi Elan, nous avons renforcé les procédures judiciaires de traitement des squatteurs. En 2020, dans la loi, dite Asap, d’accélération et de simplification de l’action publique, nous avons réussi à accélérer, de manière décisive, la procédure administrative qui permet leur expulsion. Nous avons donc progressé sur le sujet. Il restait pourtant plusieurs défis à relever : la hiérarchie des peines n’était pas claire ; certains cas de squat échappaient à toute définition légale ; les situations locatives n’étaient pas couvertes par les précédentes avancées.
    Devant ce constat, la proposition de loi que nous étudions repose sur une stratégie reposant sur trois piliers.
    Le premier consiste à renforcer dans notre droit l’importance du respect de la propriété privée. Ces articles ont été étoffés au cours des débats – je salue en particulier l’excellent travail des sénateurs et des députés d’opposition sur cette question. (« Bravo ! » et applaudissements sur les bancs des groupes RE et LR.) Ils clarifient et élargissent le régime des sanctions encourues, que je rappellerai brièvement ici. L’article 1er, que les sénateurs ont adopté conforme, dispose que ceux qui squattent le domicile d’autrui sont passibles de trois ans de prison et de 45 000 euros d’amende. Ceux qui squattent un autre local d’habitation ou un local à usage économique sont passibles de deux ans de prison et de 30 000 euros d’amende, comme le dispose l’article 1er A – je salue le travail de notre collègue Annie Genevard sur le sujet. (« Ah ! » et applaudissements sur les bancs des groupes RE, LR et Dem.)

    M. Philippe Gosselin

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    Ah ! Il fallait bien un rappel au règlement !

    M. Guillaume Kasbarian, rapporteur

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    L’article 1er bis institue une peine de trois ans de prison et de 45 000 euros d’amende pour les marchands de sommeil. L’article 1er A dispose que les personnes qui se maintiennent dans les lieux en dépit d’une décision de justice définitive sont passibles de 7 500 euros d’amende. Enfin, l’article 1er bis A instaure une peine de 3 750 euros d’amende pour les personnes qui incitent au squat par la publicité et la propagande.
    Ces sanctions, graduées et proportionnées à la gravité des faits, doivent permettre de rassurer nos concitoyens sur l’application de la loi et de dissiper l’impression d’une impunité dont certains jouiraient.
    Le deuxième pilier est la meilleure protection apportée aux victimes de squatteurs. Comme en ont attesté les auditions que nous avons menées et les centaines de témoignages que j’ai recueillis depuis le début de l’examen de ce texte, celles-ci se sentent démunies, désemparées, face à des personnes malhonnêtes qui les grugent de manière systématique et abusent de leur vulnérabilité.
    C’est pourquoi la proposition de loi contient les évolutions suivantes. D’abord, elle tend à fluidifier l’expulsion administrative des squatteurs en obligeant l’administration fiscale à établir le droit du demandeur et en permettant au maire de constater l’occupation illicite – je salue le travail du groupe Horizons sur l’article 2. L’article 2 bis vise à exonérer les propriétaires de l’obligation d’entretien, pour éviter qu’ils payent les dommages causés par l’absence d’entretien d’un bien, alors même que celui-ci est squatté et qu’ils ne peuvent y mener de travaux – je salue l’engagement de notre collègue Jean-Louis Thiériot sur cette question.

    M. Philippe Gosselin

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    Très bien !

    M. Guillaume Kasbarian, rapporteur

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    L’article 6 tend à renforcer l’indemnisation par l’État du propriétaire lorsque le concours de la force publique est refusé pour l’expulsion des occupants.
    Au-delà de ces cas de squats, le troisième pilier concerne une zone grise, celle qui concerne la minorité de locataires qui cesse durablement de remplir ses obligations locatives.

    M. William Martinet

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    Et pourquoi ils ne paient pas ?

    M. Guillaume Kasbarian, rapporteur

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    Nous ne pouvons passer de telles situations sous silence, même si, il faut le répéter, une écrasante majorité de locataires paient leur loyer rubis sur l’ongle.
    Ceux qui cessent durablement de le faire mettent toutefois dans la difficulté les bailleurs, pour qui le logement constitue souvent un complément de revenu indispensable. Nous en avons reçu plusieurs en audition – je tiens à les remercier de nouveau pour les témoignages, ainsi que les centaines de personnes qui ont pris le temps de nous écrire. Ils nous ont raconté leur histoire, et ce sont ces cas qui choquent tant les Français.
    Nombreux sont d’ailleurs les propriétaires qui, par peur de ne pas pouvoir récupérer leur bien, décident de quitter le marché locatif, frustrés ou désillusionnés qu’ils sont devant la difficulté des procédures applicables quand la relation locative se dégrade.
    C’est pour cette raison que cette proposition de loi de la majorité, très différente des autres qui ont pu être proposées sur le sujet, comporte un volet sur les rapports locatifs, qui contient des mesures importantes. D’après l’article 4, le bail devra contenir une clause résolutoire qui prévoit la résiliation en cas de non-paiement du loyer. Pour obtenir la suspension de l’activation de cette clause lors d’une audience, le locataire devra en formuler explicitement la demande. L’article 5 tend à réduire les délais de procédure. Il prévoit également que les délais post-audience ne pourront pas dépasser un an, contre trois ans auparavant. L’article 7 tend à anticiper la prise en charge des locataires en difficulté par la CCAPEX afin de résoudre plus en amont les problèmes d’impayés.
    Nous défendons une loi à la fois ciblée et ambitieuse, qui aura pour conséquence d’améliorer durablement la confiance des petits propriétaires, et donc de faire revenir sur le marché les biens qui l’ont quitté.
    J’entends que ce texte fait hurler au sein de la NUPES. Mais, chers collègues, mettez-vous à la place d’un propriétaire (Applaudissements sur les bancs du groupe RE. – Exclamations sur les bancs du groupe LFI-NUPES) :…

    Mme Farida Amrani

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    Mettez-vous donc à la place d’un locataire !

    M. Guillaume Kasbarian, rapporteur

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    …quel intérêt a-t-il, dans le contexte actuel, à investir dans l’immobilier, à garder en location des appartements, à demander moins de cautions, de certificats, de garanties ?
    Ce texte constitue un signal positif lancé en direction des parties prenantes de l’offre de logement en faveur de la sécurité et de la pérennité de leurs investissements. Nous en arrivons au cœur, à la raison d’être de ce texte. Pourquoi nous préoccuper de ces sujets ?

    Mme Danielle Simonnet

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    Pourquoi mépriser ainsi les pauvres ?

    M. Guillaume Kasbarian, rapporteur

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    Je vois les pancartes ; j’entends les slogans ; j’écoute les attaques. Certains disent que Kasbarian est obnubilé par le squat. (Exclamations sur les bancs du groupe LFI-NUPES.)

    M. François Piquemal

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    Monsieur Squat !

    M. Guillaume Kasbarian, rapporteur

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    D’autres disent que Kasbarian est insensible aux arguments de certaines associations. D’autres encore prétendent que Kasbarian n’a pas de cœur. D’autres enfin supputent – à tort – que Kasbarian est multipropriétaire. (Plusieurs députés du groupe LFI-NUPES miment une grosse tête.) Je vous rassure tout de suite : je ne suis pas bailleur.

    M. Andy Kerbrat

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    Vous êtes juste au service des propriétaires !

    M. Guillaume Kasbarian, rapporteur

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    Je ne possède que mon domicile, acheté à crédit, une chaumière dans un petit village d’Eure-et-Loir, près de Chartres.
    Mais revenons au fond du sujet, et partons d’un constat : le logement est le premier budget des Français, qu’il s’agisse du loyer ou du remboursement de l’emprunt. Les prix excessifs ont de multiples causes, au nombre desquelles figure, en première place, l’insuffisance chronique de l’offre. Nous connaissons une situation de déséquilibre de marché, où la demande continue de croître rapidement, pour diverses raisons, notamment démographiques, tandis que l’offre, elle, stagne, ou parfois même décroît dans certains territoires. Face à une telle conjoncture, nous devons impérativement – je l’affirme en tant que président de la commission compétente en la matière – nous donner les moyens d’une politique de l’offre ambitieuse et travailler à restaurer la confiance des acteurs du marché.
    Cette proposition de loi n’est qu’un des chantiers que nous menons sur le front de l’accroissement et de l’amélioration de l’offre de logements. D’autres chantiers sont en cours à l’Assemblée nationale. Nous menons des travaux pour amplifier la rénovation énergétique des logements dans le cadre d’une mission commune. Nous réfléchissons aux moyens de concilier la construction de logements neufs avec nos engagements écologiques. Annaïg Le Meur et Vincent Rolland travaillent sur la mobilisation des logements dans les zones tendues, où les besoins sont les plus forts. Des propositions sont élaborées, notamment par notre collègue Guillaume Vuilletet, pour réhabiliter le bâti dégradé et améliorer le traitement des copropriétés. Dominique Da Silva travaille sur le renforcement du lien entre logement et emploi.
    Vous l’aurez compris, cette proposition de loi n’est qu’une des briques d’une politique du logement plus vaste. Elle ne se substitue pas à d’autres initiatives encore à venir. Mais elle permet de donner un signal fort, favorable à l’économie du logement, destiné à encourager l’augmentation de l’offre de logements en mobilisant le parc existant et en incitant les particuliers à mettre leurs biens en location. Nous aurons l’occasion d’y revenir au cours de nos débats et, je l’espère, dans les prochains mois. (Applaudissements sur les bancs des groupes RE, Dem et HOR.)

    M. Mathieu Lefèvre

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    Excellent !

    Motion de rejet préalable

    M. le président

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    J’ai reçu de M. Boris Vallaud et des membres du groupe Socialistes et apparentés (membre de l’intergroupe NUPES) une motion de rejet préalable déposée en application de l’article 91, alinéa 5, du règlement.
    La parole est à M. Inaki Echaniz.

    M. Inaki Echaniz

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    Réforme des retraites, réforme de l’assurance chômage, réforme du RSA, lutte contre les impayés de loyers : en quelques mois, la majorité aura réussi à détériorer chacune des étapes de vie des Français déjà précaires.

    M. Philippe Gosselin

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    Cela n’a rien à voir !

    M. Inaki Echaniz

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    Depuis le début de la nouvelle législature, elle n’a en effet de cesse de pressurer les plus précaires et les victimes d’accidents de la vie.
    Aucune augmentation significative du salaire minimum alors que l’inflation dépasse les 5 % – et même les 10 % s’agissant des denrées alimentaires – et que les loyers explosent (Applaudissements sur les bancs des groupes LFI-NUPES et GDR-NUPES) ; recul de l’âge de départ à la retraite alors que le taux d’emploi des plus de 55 ans plafonne à 55 % ; diminution drastique de la durée d’indemnisation du chômage alors qu’il existe 3 millions de chômeurs pour seulement 360 000 emplois vacants ; caractère nébuleux des conditions d’obtention du RSA alors qu’un tiers des bénéficiaires n’entreprennent déjà pas les démarches pour accéder à leurs droits… Aujourd’hui, c’est à celui qui n’a pas – ou plus – les moyens de payer son loyer d’être caricaturé par cette proposition de loi.
    Toutes ces mesures pourraient s’appliquer en cascade. Prenons un exemple dramatiquement concret : Pierre a 60 ans. Il lui reste quatre ans avant de toucher sa retraite,…

    Mme Farida Amrani

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    Qu’il n’aura pas !

    M. Inaki Echaniz

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    …mais après plusieurs années de travail payé au Smic, son employeur souhaite s’en séparer. Pierre ne retrouve pas d’emploi : il est trop vieux.

    Mme Farida Amrani

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    Et grâce à vous, il devient squatteur !

    M. Inaki Echaniz

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    Il n’a pas pu se constituer une réserve financière pour faire face aux imprévus. Le montant de l’indemnisation de son chômage est raboté de 25 %. Lorsque ses droits s’éteignent, il demande le RSA, mais son obtention est désormais soumise à de nouveaux critères. Or Pierre vit dans une zone rurale, à des dizaines de kilomètres du lieu où il devrait travailler pour toucher son allocation. Il ne peut plus payer son loyer, alors que sa demande de logement social est toujours en attente : il sera bientôt expulsé. Efficacement.

    M. Philippe Gosselin

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    Caricature !

    M. Inaki Echaniz

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    La kyrielle de conditions instaurées depuis plusieurs mois ne peut qu’accentuer les effets de la précarité : c’est un terreau fertile pour voir naître ou perdurer des situations d’impayés de loyers ou de squat.
    Combattre ces situations par l’augmentation des expulsions et la criminalisation des personnes au parcours de vie fragilisé est non seulement inutile, puisqu’une personne insolvable ne le sera pas moins après son expulsion, mais aussi, et surtout, contre-productif, car précariser des publics déjà fragiles ne fera que multiplier les squats, les impayés de loyers et les occupations de l’espace public que vous souhaitez combattre. Dans votre scénario, que deviendront toutes ces personnes, monsieur le rapporteur ?
    L’ensemble des associations, de nombreux syndicats, la Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH) se sont alarmés de la teneur de cette proposition de loi, dont les dispositions risquent d’entraîner une forte augmentation du nombre de sans-domicile fixe. (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe LFI-NUPES.)

    M. Sylvain Maillard

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    Mais non, c’est faux !

    M. Inaki Echaniz

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    Si combattre les situations abusives et les fraudes pour permettre aux propriétaires de récupérer leur bien et de louer sereinement est un objectif compréhensible,…

    M. Philippe Gosselin

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    Ah, quand même !

    M. Inaki Echaniz

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    …il ne faut pas perdre de vue que les cas médiatiques qui ont entraîné le dépôt de votre proposition de loi masquent des enjeux plus larges, liés à l’hyperconcentration de la propriété et à l’ampleur du mal-logement. Pas moins de 14,8 millions de personnes sont touchées par le mal-logement en France en 2023. Si elles sont moins médiatiques, ces situations n’en sont pas moins dignes d’intérêt, puisqu’avoir un logement est un facteur déterminant d’insertion et de sortie de la pauvreté.
    Pourtant, ce sujet est quasiment invisible dans les politiques menées par la majorité depuis plusieurs mois. La Fondation Abbé Pierre a d’ailleurs dénoncé un décalage inquiétant avec la réalité. Il est de notre responsabilité d’accorder au logement la place qu’il mérite dans le débat public en lui dédiant des textes législatifs ambitieux, qui répondent à l’urgence – et ce n’est pas de libérer des logements pour qu’ils deviennent vacants ou de criminaliser la misère sociale.
    L’urgence est partout. Bien sûr, je ne peux m’empêcher de penser à mon territoire touristique, où le prix des habitations est si élevé et le nombre de meublés en location longue si bas que les habitants en sont chassés. L’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), et plus récemment, l’Inspection générale des finances (IGF) alertent sur la nécessité de supprimer les niches fiscales incitant à la location de courte durée. Il est également nécessaire de renforcer les outils des maires pour lutter contre des pratiques illégales connues, comme le détournement du bail mobilité ou du congé pour vente, des abus fréquents en zone tendue. J’espère de tout mon cœur qu’un texte sur ce sujet sera discuté avant l’été.
    Mais, plus largement, je pense à l’état de notre parc social et au manque de logements sociaux, pour lesquels la demande est chaque année plus importante. Fin 2020, plus de 2 millions de dossiers étaient en cours d’instruction, et de nombreux ayants droit, découragés, ne réalisent même plus les démarches pour obtenir un logement social.
    Je pense également au faible nombre de places d’hébergement d’urgence, alors que depuis 2001, le nombre de SDF a triplé et le nombre de femmes vivant dans la rue alors qu’elles sont enceintes ou ont des enfants en bas âge ne cesse de croître. En France, en 2023, il existe dix fois plus de logements vides que de SDF : faisons marcher notre bon sens ! (Applaudissements sur quelques bancs du groupe LFI-NUPES.)
    Je pense, en outre, à tous les outils ingénieux qui permettent de sécuriser la relation locative, et dont vous ne vous saisissez pas : la garantie Visale – visa pour le logement et l’emploi –, publique et gratuite, est sous-utilisée alors qu’elle permet une indemnisation rapide en cas d’impayés de loyer ou de dégradation du bien. Le principe de la garantie universelle et obligatoire des loyers est aussi source potentielle d’apaisement dans les rapports locatifs, et mériterait à ce titre votre attention, mais vous ne vous y intéressez pas.
    Je pense, enfin, à l’importance d’améliorer le pouvoir d’achat des Français en agissant contre la hausse des loyers et des charges, qui représentent aujourd’hui 28 % de leurs dépenses, contre 20 % dans les années 1990, et en soutenant l’achat d’habitation grâce à des dispositifs comme l’aide personnalisée au logement pour l’accession à la propriété, dite APL accession, que vous avez supprimée alors qu’elle permettait aux ménages à faibles revenus de devenir propriétaires – une arme précieuse compte tenu de la crise du logement et quand on sait qu’il faut six générations pour sortir de la pauvreté.
    Monsieur le rapporteur, occuper illégalement un logement ou ne plus payer son loyer est rarement le jeu de personnes malhonnêtes aux revenus confortables : je ne peux croire que l’exemple des « profiteurs » que vous citez pour justifier votre texte représente la majorité des cas concernés.

    M. Philippe Gosselin

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    La mauvaise foi existe aussi, vous en êtes d’ailleurs un exemple !

    M. Inaki Echaniz

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    De nombreux Français sont sous-payés et mal-logés : il est temps de regarder comment « faire plus pour ceux qui ont moins » – ce n’est pas de moi : c’est le slogan de la stratégie nationale de prévention et d’action contre la pauvreté d’Emmanuel Macron – et comment agir contre la crise immobilière et les comportements abusifs de certains propriétaires.

    M. Philippe Gosselin

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    Vous n’y contribuez pas, en tout cas ! Vous encouragez les impayés !

    M. Inaki Echaniz

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    Sur un marché très tendu, certains bailleurs sont en position de force et en profitent pour ne pas respecter la loi : conservation de caution sans fondement, loyers exorbitants outrepassant l’encadrement légal, location de logements insalubres assortie d’un refus d’effectuer des travaux. Ce sont autant de sujets que, par honnêteté, il faut évoquer en détail.

    M. Philippe Gosselin

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    C’est vrai, ce sont des sujets importants.

    M. Inaki Echaniz

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    L’article 8 de la Convention européenne des droits de l’homme garantit le droit au respect du domicile, entendu au sens large. L’article 1er de la loi du 31 mai 1990 visant à la mise en œuvre du droit au logement dispose : « Garantir le droit au logement constitue un devoir de solidarité pour l’ensemble de la nation. »

    M. Philippe Gosselin

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    À condition d’être de bonne foi !

    M. Inaki Echaniz

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    Ces principes devraient être la boussole de nos politiques publiques et constituer une priorité au moment de prendre des décisions en matière de logement : je me désole qu’ils n’aient pas inspiré la loi Asap ni cette proposition de loi. Il existe pourtant des solutions qui n’opposent pas, ne précarisent pas, n’isolent pas.
    Considérant que le texte n’emploie pas la bonne méthode ; qu’il aura des conséquences dramatiques pour les personnes concernées, dont la situation particulière ne pourra être correctement prise en considération ; qu’il pourrait avoir des effets imprévus sur les baux verbaux, ou encore sur le droit de grève, qui pourrait être menacé au sein des locaux à usage économique, le groupe Socialistes et apparentés vous propose d’adopter cette motion de rejet préalable. (Applaudissements sur les bancs des groupes SOC, LFI-NUPES et Écolo-NUPES.)

    Mme Caroline Fiat

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    Bravo !

    M. le président

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    La parole est à M. le rapporteur.

    M. Guillaume Kasbarian, rapporteur

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    Cher collègue qui avez porté la voix du groupe Socialistes et apparentés, vous vous êtes dit désolé que les dispositions de la loi Asap aient contribué à renforcer la procédure expresse d’expulsion. Je fais remarquer à notre assemblée qu’à l’époque, votre groupe avait soutenu cette démarche – vous n’étiez pas encore là, mais Mme Jourdan, en particulier, était présente, comme en témoignent les résultats du scrutin no 2916. Depuis, le groupe Socialistes et apparentés s’est manifestement un peu durci – ou un peu « mélenchonisé ». (« C’est vrai ! » et applaudissements sur plusieurs bancs du groupe RE.)

    M. Sylvain Maillard

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    Exactement ! Il s’est « nupisé » !

    M. le président

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    Nous en venons aux explications de vote, dans le silence de circonstance, mes chers collègues.
    La parole est à M. Aurélien Taché.

    M. Aurélien Taché (Écolo-NUPES)

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    Nous voilà donc dans la dernière lecture de ce que vous auriez pu appeler la PPL « CNews » ou « BFM » : une proposition de loi honteuse, qui vient uniquement en réaction aux 170 cas de squats dans notre pays, que la droite et l’extrême droite récupèrent pour stigmatiser toujours les mêmes – les plus pauvres et les étrangers. (Applaudissements sur les bancs des groupes Écolo-NUPES et LFI-NUPES.)
    Comment une majorité comme la vôtre peut-elle en arriver à s’allier à la droite et au Rassemblement national pour voter un texte si indigne et si préoccupant pour le droit au logement, alors même que 4 millions de personnes sont mal-logées dans notre pays – cela vient d’être rappelé ? Au moins, chers collègues, vous tenez enfin la majorité derrière laquelle court désespérément votre Première ministre !
    Je me demande tout de même comment nous avons pu en arriver là. Comment un président de la République élu en 2017 sous une bannière progressiste peut-il aujourd’hui préférer criminaliser la pauvreté plutôt que de chercher à l’éradiquer ? Sur ce sujet comme sur celui des libertés, nous revenons au XIXe siècle, quand la bourgeoisie voyait en tout membre de la classe laborieuse un potentiel délinquant.

    M. Philippe Gosselin

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    Oh là là…

    Mme Virginie Duby-Muller

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    C’est caricatural !

    M. Aurélien Taché

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    Votre bilan en matière de politique du logement est calamiteux ; pourtant, vous choisissez de mettre ce texte en avant. Au fond, il y a une certaine logique : au flop du dispositif MaPrimeRénov’, qui a conduit à distribuer moins de 50 000 primes alors que l’Agence nationale de l’habitat (Anah) en espérait au moins 200 000, vous répondez par la répression du collectif Dernière rénovation. À la grogne contre la baisse des APL – à hauteur de 5 euros pour les particuliers et de 50 euros pour les habitants des HLM –, vous répondez par une répression féroce des manifestations des étudiants inquiets pour leur avenir et laissez s’effondrer la production de logements sociaux. Face à l’explosion du nombre de sans-abri, qui sont désormais plus de 330 000, vous criminalisez les impayés de loyers et laissez votre police les rudoyer, comme nous avons pu le voir récemment.

    Mme Maud Bregeon

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    C’est votre police aussi !

    M. Aurélien Taché

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    À quand la réintroduction du délit de vagabondage, pour enfin envoyer en prison les personnes sans domicile ?
    Bref : toujours à court d’idées pour éradiquer la pauvreté, chers collègues, vous en débordez pour la criminaliser. Comme avec les retraites, vous prenez les choses à l’envers : les Écologistes voteront évidemment en faveur de cette motion de rejet. (Applaudissements sur les bancs des groupes Écolo-NUPES et LFI-NUPES.)

    M. le président

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    La parole est à M. Stéphane Peu.

    M. Stéphane Peu (GDR-NUPES)

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    Cette proposition de loi est paradoxale à plusieurs titres.
    Premier paradoxe : alors que votre bilan en matière de politique du logement est absolument catastrophique – jamais aussi peu de logements n’ont été construits dans notre pays – et que la crise du logement ne cesse de s’aggraver, entraînant une hausse constante de la part du budget des ménages consacrée à ce poste, plutôt que d’essayer d’apporter des réponses à cette situation, vous proposez un texte qui, au prétexte de lutter contre le squat, vise en réalité les personnes qui rencontrent des difficultés pour payer leur loyer – car c’est bien sur ce sujet que se concentre votre proposition de loi. (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NUPES.)

    M. Philippe Gosselin

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    Non ! Vous mélangez tout et encouragez les inégalités !

    M. Stéphane Peu

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    Autre paradoxe : c’est bien la droite sénatoriale qui a tenté d’éliminer les aspects les plus extrêmes de votre proposition initiale, qui était davantage marquée du sceau de l’extrême droite que par votre prétendue centralité. Votre texte vient rompre avec trente ans d’une politique sociale par laquelle tous les gouvernements successifs ont essayé de concilier les droits des propriétaires avec ceux des locataires. (Applaudissements sur les bancs des groupes LFI-NUPES, SOC et Écolo-NUPES.)
    En cet instant, j’ai une pensée pour Jean-Louis Borloo, qui doit être bien triste en voyant nos débats.

    M. Guillaume Kasbarian, rapporteur

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    Vous ne devriez pas parler à sa place !

    M. Stéphane Peu

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    Résumons : votre proposition de loi tend à entraîner un incroyable déséquilibre. À vos yeux, un propriétaire a toujours a priori raison, et un locataire a priori tort. (Applaudissements sur les bancs des groupes LFI-NUPES et Écolo-NUPES. – Exclamations sur les bancs du groupe RN.)

    M. Guillaume Kasbarian, rapporteur

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    Pourquoi un squatteur aurait-il a priori raison ?

    M. Stéphane Peu

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    Partant, tout ce que vous allez parvenir à faire, c’est offrir un immense cadeau aux marchands de sommeil. Moi qui connais la réalité des quartiers populaires et qui suis un praticien de la politique du logement, je trouve que c’est une véritable honte. (Applaudissements sur les bancs des groupes GDR-NUPES, LFI-NUPES, SOC et Écolo-NUPES.)

    M. Philippe Gosselin

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    On parle des petits propriétaires qui sont spoliés ! Vous mélangez tout !

    M. le président

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    La parole est à M. Paul Molac.

    M. Paul Molac (LIOT)

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    Eskerrik asko, Inaki :…

    M. Sylvain Maillard

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    Je n’ai pas compris ! Traduction ?

    M. Paul Molac

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    …une fois n’est pas coutume, c’est en basque que je remercie Inaki d’avoir pointé plusieurs problèmes de la politique du logement. Il a notamment déploré les deux erreurs qu’ont été la fin de l’APL accession et la ponction de l’État sur les APL.
    Comme moi, élu de Bretagne, vous venez d’une zone tendue qui connaît de gros problèmes en matière de logement : le Pays basque. Néanmoins, cher collègue, vous prêtez à cette proposition de loi un poids qu’elle n’a pas.

    M. Philippe Gosselin

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    Exactement !

    M. Paul Molac

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    L’objectif du texte est tout d’abord de pouvoir mettre fin le plus rapidement possible à un squat. Plusieurs scandales ont éclaté, après que des personnes en déplacement pour les vacances ou parties voir leurs enfants ont retrouvé leur logement squatté. Ce n’est pas acceptable – ou alors, quelque chose ne va pas.
    Ensuite, le texte vise à assurer le paiement des loyers. Cet aspect de la proposition de loi est peut-être plus contestable, c’est vrai, mais les ajouts du Sénat ont permis d’aboutir à un texte beaucoup plus équilibré. Personnellement, j’aurais préféré qu’on prévoie directement une garantie universelle des loyers (Applaudissements sur les bancs des groupes LFI-NUPES et Écolo-NUPES)

    Mme Annie Genevard

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    Et qui la paierait ?

    M. Paul Molac

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    …ce qui aurait permis de sécuriser certains petits propriétaires, comme il y en a dans ma circonscription, qui se retrouvent en difficulté parce qu’ils ne touchent plus les loyers du logement – un seul, souvent – qu’ils louent pour compléter leurs revenus – une pension de retraite, par exemple – ou parce qu’ils rencontrent des difficultés professionnelles.
    Je n’en dirai pas davantage, mais nous aurions dû aller jusque-là : cela nous aurait enlevé une épine du pied.

    Mme Annie Genevard

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    Et qui paierait cette garantie universelle ?

    M. Paul Molac

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    Pour autant, monsieur le rapporteur, nous ne voterons pas pour la motion de rejet : nous souhaitons pouvoir continuer d’examiner et d’améliorer le texte.

    M. le président

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    Sur la motion de rejet préalable, je suis saisi par le groupe Les Républicains d’une demande de scrutin public.
    Le scrutin est annoncé dans l’enceinte de l’Assemblée nationale.
    La parole est à M. Paul Midy.

    M. Paul Midy (RE)

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    Cette motion n’est pas acceptable : elle n’a aucun sens, car elle reviendrait à nier la réalité, le caractère ubuesque de situations dans lesquelles se trouvent beaucoup de nos compatriotes. Je vais vous en donner deux exemples. Prenons tout d’abord une affaire qui remonte à quelques mois : un logement squatté, que son propriétaire ne peut donc entretenir, se dégrade ; un garde-corps contre lequel s’appuyait le squatteur se rompt, ce dernier tombe, se blesse, demande réparation (M. Jean-François Coulomme s’exclame), et la justice condamne le propriétaire à lui verser 60 000 euros.

    M. Éric Dupond-Moretti, garde des sceaux

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    C’est ubuesque, en effet !

    M. Paul Midy

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    C’est là une double peine intolérable : indemniser le squatteur qui est cause que le bien n’a pu être réparé !

    M. Stéphane Peu

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    Ce n’est pas très clair…

    M. Philippe Gosselin

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    Si, si : nous avons tous bien compris !

    M. Paul Midy

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    Second exemple : Cécilia…

    M. Alexis Corbière

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    Sarkozy ?

    M. Paul Midy

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    …a acheté il y a six ans un appartement de 35 mètres carrés en Île-de-France. Elle le loue à un couple qui, dès le deuxième mois, cesse de verser le loyer ; depuis ce temps, il occupe le logement sans rien payer (Exclamations sur quelques bancs du groupe LFI-NUPES) et poste chaque semaine sur les réseaux sociaux des photos de son week-end à Marrakech ou dans quelque autre ville tout aussi sympathique. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe RE.) Face à 75 000 euros d’impayés, Cécilia, quant à elle, est contrainte de vendre avec une forte décote cet appartement squatté et de déménager elle-même, ne pouvant plus acquitter ses charges. (Exclamations sur quelques bancs du groupe LFI-NUPES. – Applaudissements sur quelques bancs du groupe RE.)

    Mme Danielle Simonnet

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    Dans de tels cas, ce texte ne changera rien !

    M. Paul Midy

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    Je le répète, de telles situations ne sont pas plus acceptables qu’il n’est correct de déposer une motion de rejet d’un texte qui vise à y remédier ! (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe RE, ainsi que sur les bancs des commissions. – Exclamations sur quelques bancs du groupe LFI-NUPES.)

    Mme Danielle Simonnet

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    Vous savez bien que c’est faux !

    M. le président

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    S’il vous plaît, chers collègues, voulez-vous bien écouter celui d’entre vous qui a la parole !
    La parole est à M. Michaël Taverne.

    M. Michaël Taverne (RN)

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    Il n’est pas étonnant qu’une fois de plus, la NUPES veuille rejeter un texte nécessaire…

    M. Stéphane Peu

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    Dupond-Moretti dans le texte !

    M. Michaël Taverne

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    …à la défense des honnêtes gens, du droit à la propriété, tout en présentant l’intérêt d’améliorer l’accompagnement des locataires en difficulté. Vous nous donnez à longueur de journée des leçons de justice, mais, comme d’habitude, votre raisonnement demeure hors-sol et profondément injuste. Vous avez évoqué l’extrémisme, opposé les locataires aux propriétaires : hors sujet ! De fait, vous préférez défendre ceux qui agissent en toute illégalité plutôt que ceux qui respectent les lois de la République, devenant ainsi des victimes désignées. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe RN.) Pensez-vous un instant à ces retraités qui, après une vie de travail, en sont réduits à dormir dans leur voiture pendant que des squatteurs occupent leur maison ?
    Notre première lecture de ce texte a eu lieu en toute sérénité, en toute responsabilité : ce doit pouvoir être également le cas de la deuxième. Une nouvelle fois, l’extrême gauche se laisse guider par l’idéologie ; c’est pourquoi le groupe Rassemblement national votera contre la motion de rejet, car nous voulons débattre du texte et continuer de l’améliorer. (Applaudissements sur les bancs du groupe RN.)

    M. le président

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    La parole est à M. William Martinet.

    M. William Martinet (LFI-NUPES)

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    La Macronie fait preuve d’une certaine cohérence : chaque fois que des gens sont, socialement parlant, en difficulté, vous cherchez à leur enfoncer la tête sous l’eau. (« Exactement ! » et applaudissements sur plusieurs bancs du groupe LFI-NUPES.) Tel est le cas, dans cette proposition de loi, des locataires. Les loyers sont aujourd’hui très élevés ; beaucoup de nos concitoyens ont du mal à les payer, même en travaillant dur.

    M. Philippe Gosselin

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    Ce n’est pas le sujet !

    M. Sylvain Maillard

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    Il ne s’agit pas des locataires, mais des squatteurs !

    M. le président

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    Chers collègues, s’il vous plaît !

    M. William Martinet

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    Ils travaillent, je le répète, et doivent pourtant faire des sacrifices pour être en mesure de boucler leur budget à la fin du mois !
    L’alimentation, la santé, la scolarité des enfants deviennent autant de problèmes. Depuis un an, qu’avez-vous fait pour eux ? Premier acte : vous avez augmenté de 3,5 % l’indice de référence des loyers (IRL), c’est-à-dire pris la décision inédite d’une hausse des loyers, en cours de bail, de 3,5 % ! (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe LFI-NUPES.)

    Mme Farida Amrani

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    Eh oui !

    M. William Martinet

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    Deuxième acte : en pleine crise énergétique, vous refusez que les copropriétés et bailleurs sociaux bénéficient du tarif régulé de l’énergie, entraînant, partout dans le pays, l’explosion du montant des charges locatives – ce sont 50, 100, 150 euros de plus que les locataires doivent verser tous les mois. (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe LFI-NUPES, ainsi que sur quelques bancs du groupe Écolo-NUPES.) Troisième acte : cette future loi dite Kasbarian, grâce à laquelle les expulsions iront plus vite,…

    M. Philippe Gosselin

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    Dans des cas bien précis !

    M. William Martinet

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    …le juge sera moins consulté, l’arbitraire du préfet accru, les possibilités de traitement social réduites. De pauvres gens qui squattent un garage vide risqueront désormais la prison ! En bref, après avoir créé toutes les conditions nécessaires pour que nos concitoyens ne puissent plus payer leur loyer, vous faites en sorte de faciliter leur expulsion. (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NUPES, ainsi que sur quelques bancs du groupe Écolo-NUPES. – M. Inaki Echaniz applaudit également.) Quel est votre but, chers collègues ? Ne voyez-vous pas que la situation sociale est catastrophique, qu’il y a des gens désespérés ? (Mêmes mouvements. – Exclamations sur quelques bancs du groupe RE.) Voulez-vous battre le record du nombre de personnes sans abri ? Souhaitez-vous l’explosion ?

    M. le président

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    Merci, cher collègue.

    M. William Martinet

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    Nous voterons pour la motion de rejet ; retirez cette proposition de loi, elle est irresponsable ! (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NUPES, dont quelques membres se lèvent, ainsi que sur quelques bancs du groupe Écolo-NUPES. – M. Inaki Echaniz applaudit également.)

    M. le président

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    La parole est à M. Philippe Gosselin.

    M. Philippe Gosselin (LR)

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    Au nom du groupe Les Républicains, je souhaiterais faire quelques remarques. Il est indéniable que la France connaît une crise du logement, que rarement l’on en a aussi peu construit – il y a là une carence de l’État, mais pas seulement. La difficulté à se loger est réelle. Reste que nous ne parlons pas ici du droit au logement, car il n’existe aucun droit à occuper sans titre un logement dont on n’est pas propriétaire ! (Applaudissements sur plusieurs bancs des groupes RE, RN, LR et Dem.)

    Mme Natalia Pouzyreff

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    Eh oui !

    M. Philippe Gosselin

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    Nous visons des occupations illicites et de mauvaise foi. Sur certains bancs, bien sûr, on défend les squatteurs contre le petit propriétaire, cet affreux capitaliste ! On se fiche pas mal des années de travail que représente sa maison ; on l’écarte, on le spolie… (Exclamations sur plusieurs bancs du groupe LFI-NUPES.)

    M. le président

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    Un instant, monsieur Gosselin. Chers collègues, n’empêchez donc pas les orateurs d’exprimer leur point de vue. J’ai demandé et obtenu le silence pour votre intervenant ; laissez à présent parler M. Gosselin ! (Exclamations sur quelques bancs du groupe LFI-NUPES.) En attendant la suite du débat, ne couvrez pas la voix de l’orateur.

    M. Alexis Corbière

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    Si, nous en avons le droit !

    M. le président

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    C’est un principe : on respecte les orateurs. Cela suffit, monsieur Corbière ! (Applaudissements sur plusieurs bancs des groupes RE, RN et LR. – M. Alexis Corbière s’exclame.) Monsieur Gosselin, vous seul avez la parole !

    M. Philippe Gosselin

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    Merci, monsieur le président ! Je disais donc que le droit au logement ne confère aucun droit à occuper illégalement un logement. Ceux qui le font savent pertinemment qu’ils spolient un petit ou parfois un plus grand propriétaire, dont il importe de rappeler que lui aussi a des droits. Où allons-nous lorsqu’une justice incompréhensible le condamne à la requête du squatteur ? Quoi qu’il en soit, il n’est évidemment pas question de vous suivre dans cette voie : nous voterons contre la motion de rejet. (Applaudissements sur les bancs du groupe LR, ainsi que sur plusieurs bancs des groupes RE, RN et Dem.)

    M. Guillaume Kasbarian, rapporteur

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    Très bien !

    M. le président

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    La parole est à M. Romain Daubié, que nous écouterons également en silence.

    M. Romain Daubié (Dem)

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    La proposition de loi que nous étudions vise à protéger les logements contre l’occupation illicite : par cette motion de rejet préalable, certains de nos collègues souhaitent nous empêcher de jouer notre rôle de législateurs et d’avoir un débat utile. C’est pourquoi le groupe Démocrate votera contre, car nous voulons que la discussion ait lieu. Dans nos circonscriptions respectives, nous avons souvent été sollicités en raison de problèmes d’occupation illégale ; ceux qui se sont investis aux côtés du rapporteur ont pris connaissance des témoignages poignants de propriétaires spoliés de leurs droits. Encore une fois, l’Assemblée nationale peut et doit débattre, légiférer en vue de remédier à ces situations. Ne pas le faire serait ajouter de l’injustice à l’injustice !

    M. Sylvain Maillard

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    Il a raison !

    M. Romain Daubié

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    Les gens honnêtes, le droit à la propriété doivent être défendus. Depuis le début de l’examen du texte, notre groupe veille à ce que soit bien établie la distinction entre squatteur et occupant temporairement défaillant : il n’est pas question de multiplier les expulsions de locataires de bonne foi (« Mais si ! » sur quelques bancs du groupe LFI-NUPES) victimes des aléas de la vie, mais de faire respecter, je le répète, le droit à la propriété, qui a valeur constitutionnelle. Ce texte mérite donc un débat de fond, que nous appelons de nos vœux ; c’est pourquoi, encore une fois, nous rejetons la motion. (Applaudissements sur les bancs du groupe HOR, ainsi que sur plusieurs bancs des groupes RE et Dem. – M. le rapporteur et M. Jean-Yves Bony applaudissent également.)

    M. le président

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    La parole est à M. Vincent Thiébaut.

    M. Vincent Thiébaut (HOR)

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    Squatter, mes chers collègues, est illégal et ne constitue pas un droit, mais un délit. (Exclamations sur quelques bancs du groupe LFI-NUPES.) L’associer à l’exercice du droit au logement, c’est confondre deux choses bien distinctes ! Par ailleurs, si la crise du logement ne fait aucun doute, ne la mettez pas entièrement sur le dos de l’État : je ne dresserai pas ici la liste des grandes villes qui ont décidé de geler les permis de construire (Applaudissements sur quelques bancs du groupe RE),…

    M. Sylvain Maillard

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    Eh oui !

    M. Vincent Thiébaut

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    …aggravant la situation dans des zones déjà tendues. Je pourrais vous citer leurs noms ! La municipalité de Strasbourg, à qui l’État verse 48 millions d’euros par an au titre du logement d’urgence, a-t-elle construit quoi que ce soit ?

    Mme Sandra Regol

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    Elle a créé plus de 600 places !

    M. Vincent Thiébaut

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    Non et non ! Cessons donc ce débat, qui n’a aucun sens. En outre, je ne vous comprends pas : contrairement à ce que vous affirmez, ce ne sont pas tant les bailleurs, les grands propriétaires,…

    Mme Aurore Bergé

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    Plutôt les petits !

    M. Vincent Thiébaut

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    …qui pâtissent du squat que des gens qui ont travaillé toute leur vie (Exclamations sur quelques bancs du groupe LFI-NUPES) en vue d’acquérir un bien – résidence principale, secondaire, ou investissement locatif dont le revenu devait compléter leur pension de retraite. Les exemples choisis par Paul Midy étaient éloquents.

    M. Loïc Prud’homme

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    Ce n’est pas vrai ! Ces cas de figure, c’est peanuts !

    M. Vincent Thiébaut

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    À ces gens frustrés de la récompense de leur labeur, nous devons justice. Le squat n’est pas admissible !

    Mme Danielle Simonnet

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    La chasse aux pauvres non plus !

    M. Vincent Thiébaut

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    Accéder à la propriété est une source de fierté, défendre les petits propriétaires relève de la justice sociale. (Exclamations sur quelques bancs du groupe LFI-NUPES.) Pour toutes ces raisons, vous aurez compris, chers collègues, que les membres du groupe Horizons ne s’associeront pas à la motion de rejet préalable et voteront même contre avec grand plaisir ! (Applaudissements sur les bancs du groupe HOR, ainsi que sur plusieurs bancs du groupe RE et quelques bancs du groupe Dem.)

    M. le président

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    Je mets aux voix la motion de rejet préalable

    (Il est procédé au scrutin.)

    M. le président

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    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        185
            Nombre de suffrages exprimés                181
            Majorité absolue                        91
                    Pour l’adoption                60
                    Contre                121

    (La motion de rejet préalable n’est pas adoptée.)
    (Applaudissements sur quelques bancs du groupe RE.)

    Discussion générale

    M. le président

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    Dans la discussion générale, la parole est à M. Aurélien Taché.

    M. Aurélien Taché

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    Puisqu’il va finalement falloir que nous débattions de ce texte, je le répète aujourd’hui avec force : la proposition de loi que nous avons à étudier aujourd’hui est certainement l’une des pires que j’ai eue à examiner dans cet hémicycle depuis six ans. En installant insidieusement l’idée qu’être mal logé ou être pauvre serait un délit, vous franchissez une limite qu’aucune majorité n’avait osé franchir avant vous. Je pensais même que vous risquiez d’effrayer une partie de la droite républicaine sans laquelle votre majorité est pourtant condamnée, mais je suis rassuré : il n’en est rien.

    Mme Annie Genevard

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    Cette proposition de loi vise les squatteurs, et nous l’assumons.

    M. Aurélien Taché

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    Car si vous vous défendez depuis le début de vouloir envoyer en prison les mauvais payeurs, c’est pourtant la peine que risquait un locataire dans la version initiale de votre texte.
    Eh oui, chers collègues de la majorité : pour que cette disposition soit supprimée, il a fallu que le Sénat, dont la majorité est à droite, revienne – grâce aux Écologistes, je tiens à le souligner – sur votre volonté de sanctionner d’une peine de six mois de prison les locataires en situation de loyers impayés continuant d’occuper un logement. Une amende exorbitante reste néanmoins prévue. Que voulez-vous ? Réinventer la prison pour dettes, qui est pourtant abolie en France depuis 1867 ? Je le dis avec gravité, monsieur le rapporteur, et au nom de tous les écologistes : je ne me résignerai jamais à ce que la justice de mon pays demande à une femme avec des enfants de choisir entre la rue et la prison si, désormais incapable de payer son loyer, elle a trouvé un immeuble où se réfugier. (Applaudissements sur plusieurs bancs des groupes Écolo-NUPES et LFI-NUPES. – M. Inaki Echaniz applaudit également.)

    M. Guillaume Kasbarian, rapporteur

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    Arrêtez les slogans !

    M. Aurélien Taché

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    Chers collègues de la majorité, votre proposition de loi est dangereuse et honteuse à bien des égards.
    Elle l’est d’abord sur le plan politique. J’ai lu avec attention votre rapport, monsieur Kasbarian, et j’ai relevé ce passage dans lequel vous soulignez qu’au Parlement « le nombre de textes déposés à ce sujet au cours des dernières années témoigne de l’intérêt accordé à ces sujets dans les permanences des parlementaires ». C’est vrai : rien que pour l’extrême droite, je compte deux propositions de loi de Marine Le Pen, une du vice-président Sébastien Chenu et une de Stéphane Ravier, désormais membre du parti d’Éric Zemmour. Neuf autres ont été déposées par les groupes Les Républicains de l’Assemblée et du Sénat.

    Mme Annie Genevard

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    Absolument.

    M. Aurélien Taché

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    Cela témoigne d’un intérêt, certes, mais de la part de la droite et de l’extrême droite qui, sur ce thème comme trop souvent, font de la récupération politique et politicienne sur le dos des plus fragiles. (Rires sur les bancs des groupes RN et LR.)

    Mme Annie Genevard

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    Pas vous, peut-être ?

    M. Frédéric Boccaletti

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    Vous savez ce dont vous parlez !

    M. Aurélien Taché

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    Nul doute que leurs voix s’ajouteront et se mêleront aux vôtres, tant le texte que vous proposez est destiné aux propriétaires et criminalise les plus précaires.
    Cette proposition de loi est donc préoccupante sur le plan politique, mais aussi et surtout du point de vue du droit au logement. Jamais, en France, celui-ci n’a été à ce point menacé. Peu de monde s’en émeut, pourtant, comme si c’était en quelque sorte une fatalité. En effet, le texte que nous étudions aujourd’hui va toujours plus loin, reprenant une disposition du Sénat qui étend la violation de domicile aux logements non meublés. La notion de squat y est même étendue aux situations dans lesquelles il n’est pas possible de prouver que le maintien dans le logement a été précédé d’une introduction forcée ! Le tout dans un contexte où la rénovation thermique n’avance pas et où la construction de logements sociaux s’effondre : alors qu’elle s’établissait à 123 000 logements en 2016, elle se situe aux alentours de 95 000 logements par an depuis l’application de votre odieuse réforme de la réduction de loyer de solidarité (RLS).
    Mes chers collègues, absolument rien ne va dans votre texte. Alors qu’il y a urgence à s’attaquer aux inégalités d’accès au logement, vous allez voter une loi qui permettra aux propriétaires délinquants de continuer à exploiter tranquillement les souffrances des plus précaires. Votre texte prévoit en effet l’insertion systématique dans les contrats de location d’une clause de résiliation automatique en cas d’impayés de loyers. Je vous rappelle tout de même que huit personnes sont décédées rue d’Aubagne à Marseille et que l’été dernier, une adolescente a perdu la vie dans un incendie à Garges-lès-Gonesse parce que son logement était totalement insalubre.
    Alors, collègues de la majorité, à votre inextinguible soif de répression – que nous constatons tous les jours en ce moment –, je vais une nouvelle fois opposer quelques chiffres. Depuis le début du parcours législatif du texte, en effet, vous semblez faire comme s’ils n’existaient pas. La Fondation Abbé Pierre estime à 330 000 le nombre de personnes sans domicile en France en 2022, soit 30 000 de plus que l’année précédente. Fin août 2022, 42 000 enfants vivaient dans des hébergements d’urgence, dans des abris de fortune ou dans la rue, selon les données de l’Unicef France et de la Fédération des acteurs de la solidarité. C’est une crise du logement inédite depuis la seconde guerre mondiale ! Surtout, chers collègues, voici un chiffre sur lequel vous ne pouvez fermer les yeux : 623 personnes sont mortes dans la rue en 2021 !
    Votre proposition de loi va bien au-delà du durcissement des peines à l’encontre de ceux que vous appelez des squatteurs. D’abord, le droit actuel prévoit déjà de protéger le domicile d’une occupation et il est donc totalement inutile et injuste de vouloir condamner les occupants à des peines allant jusqu’à deux ans de prison et 30 000 euros d’amende. Pensez-vous que des personnes avec si peu de ressources soient effrayées à l’idée de cette amende ? Vous voulez des peines de deux ans d’emprisonnement pour ceux qui s’abritent, avec leur famille, dans des immeubles souvent vides depuis de trop longues d’années : vous souhaitez donc les envoyer en prison plutôt que de leur permettre de se loger, alors qu’il y a eu 623 morts dans la rue !
    Votre proposition de loi se contente de mettre sous le tapis les véritables enjeux actuels du logement. Vous prétendez sécuriser les rapports entre propriétaires bailleurs et locataires mais vous ne vous attaquez jamais au problème à la racine : pour nous, Écologistes, il est urgent – Paul Molac vient de le rappeler – de s’attaquer à la question de la garantie universelle des loyers, afin de rassurer les propriétaires et de permettre à tous d’être logés sans crainte. C’est une question de droit et de dignité. C’est en permettant de sécuriser locataires et propriétaires en amont de la location, avec un système de garantie véritablement universelle, que nous permettrons l’accès au logement. S’attaquer à ce sujet en ne ciblant que les impayés, c’est tomber dans la démagogie : cela ne contribuera jamais à favoriser une location sereine pour l’ensemble des parties, et cela reviendra toujours à criminaliser la pauvreté.
    Je vous en conjure, chers collègues : n’entachez pas votre mandat en votant cette loi scélérate ; réfléchissons plutôt ensemble à la façon de faire du droit au logement une réalité. (Applaudissements sur les bancs du groupe Écolo-NUPES et sur quelques bancs du LFI-NUPES.)

    M. le président

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    La parole est à M. Stéphane Peu.

    M. Stéphane Peu

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    Décidément, chers collègues, vous êtes incorrigibles : toujours pressés quand il s’agit de retirer des droits et toujours entêtés, persuadés d’avoir raison seuls contre tous. En 2017, le candidat Emmanuel Macron promettait le « zéro SDF ». Pourtant, aussitôt élu Président de la République, il s’attaquait au pouvoir d’achat des locataires les plus modestes en réduisant l’aide personnalisée au logement et aux organismes HLM en leur imposant notamment la réduction de loyer de solidarité – contribuant ainsi à une aggravation profonde de la crise du logement dans notre pays. Résultat : notre pays n’a jamais aussi peu construit de logements, le nombre de demandeurs de logement HLM n’a jamais été aussi important et les victimes de la crise du logement sont toujours plus nombreuses. Mais vous, vous ne trouvez pas mieux que de proposer un texte qui va engendrer plus de détresse, plus de chaos et, accessoirement, engorger un peu plus des tribunaux saturés sans régler aucun problème.
    « Entêtés », c’est bien le mot qui vous caractérise quand vous persévérez contre l’avis de tous les acteurs du logement qui dénoncent cette proposition de loi et vous mettent en garde. Tout cela, avouez-le, est assez désespérant ! Lors de l’examen du texte en première lecture, en novembre dernier, notre groupe GDR-NUPES s’était fermement opposé à l’ensemble de ses dispositions en vous expliquant, exemples à l’appui, qu’il prend le contre-pied des politiques conduites depuis plus de trente ans pour reconnaître le droit au logement et intégrer l’accès au logement et la prévention des expulsions locatives dans les objectifs prioritaires des politiques sociales. Nous avons tenté de vous montrer un autre chemin, celui de la cohésion sociale et de l’équilibre. Mais vous avez tout rejeté en bloc. Heureusement, son examen au Sénat a permis d’émousser légèrement les arêtes les plus acérées de votre texte.
    Vous mettez en avant des situations d’occupations illicites de logements – que l’arsenal juridique existant, aussi dramatiques soient-elles, peut déjà faire cesser – pour vous en prendre, en réalité, aux locataires en difficulté. Ce texte ne vise pas les squats, mes chers collègues : il vise les locataires en situation d’impayé de loyers. Vous nous proposez ainsi un train de mesures profondément régressives, après avoir fait du logement social le parent pauvre des politiques publiques et après avoir réformé les aides au logement sur le dos des allocataires.
    Dans un contexte de flambée des prix de l’énergie, d’augmentation des prix et de stagnation des salaires et des pensions, l’urgence n’est naturellement pas à saper mais au contraire à défendre le droit au logement, le droit de chacun à une vie digne, quelles que soient ses difficultés. Oui, nous pensons qu’il est possible de prévenir les drames humains tout en protégeant les droits des propriétaires. (M. Inaki Echaniz applaudit.) Cela impose de prendre des mesures, mais pas celles que vous nous proposez : d’autres, plus urgentes et plus utiles, comme la remise sur pied de la garantie universelle des loyers, le renforcement des moyens d’hébergement et la relance ambitieuse de la construction de logements HLM. (MM. Inaki Echaniz et Aurélien Taché applaudissent.) Car loin de pacifier et de sécuriser les relations entre propriétaires et locataires, vos mesures vont les empoisonner un peu plus. Vous n’avez cessé de rappeler en commission comme en séance que l’article 17 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen érige la propriété en un droit « inviolable et sacré ».

    M. Paul Midy

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    Exactement.

    M. Stéphane Peu

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    Vous avez raison, mais vous oubliez simplement de rappeler qu’en République, ce droit de propriété que vous érigez en valeur suprême a pour limite l’intérêt général, et que l’on ne peut pas en faire un usage prohibé par les lois ou les règlements. Vous omettez surtout sciemment de rappeler que le droit au logement a lui aussi une valeur constitutionnelle, que votre texte bafoue.
    Une fois encore, nous avons pris soin de déposer des amendements visant à parvenir à une loi d’équilibre. Nous espérons qu’ils sauront vous convaincre, faute de quoi nous ne pourrons pas voter en l’état cette proposition de loi indécente. (Applaudissements sur les bancs des groupes GDR-NUPES et Écolo-NUPES.)

    M. le président

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    La parole est à M. Paul Molac.

    M. Paul Molac

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    Le logement est la pierre angulaire de l’insertion : sans toit, pas d’accès à l’emploi, à la scolarité ou à la santé. Pourtant, nos concitoyens sont de plus en plus nombreux à éprouver des difficultés à se loger. Les zones tendues, qui se cantonnaient jusqu’alors à quelques villes, s’étendent à de nouveaux territoires, en particulier à toutes nos zones touristiques. Les prix des loyers grimpent et jamais nos concitoyens n’ont consacré autant d’argent pour disposer d’un simple toit. Cette situation pèse sur leur pouvoir d’achat. Alors que les alertes se multiplient, l’exécutif ne semble pas toujours prendre la mesure de la crise qui couve ! La politique du logement menée par le Gouvernement nous mène vers des difficultés. Le choc de l’offre promis par le Président de la République lors du premier quinquennat n’est jamais arrivé, et ce second mandat démarre avec des chiffres de construction au plus bas : moins de 100 000 agréments ont été accordés pour des logements sociaux en 2022, alors qu’on nous avait promis 125 000 logements par an !
    Vous me direz que cette proposition de loi n’a pas vocation à répondre à la crise du logement en France. Pour ma part, je considère que nous ne pouvons légiférer en oubliant ce contexte critique. Nous ne pouvons rester sourds aux alertes des associations, qui s’inquiètent d’une précarisation des locataires les plus fragiles. Rappelons-le : l’inflation, qui se répercute sur les coûts de l’énergie et sur les loyers, rend difficilement soutenables les fins de mois pour une partie des Français. Ce n’est une surprise pour personne, le risque d’impayé des charges et des loyers augmente.
    Dans ce contexte, la volonté initiale de criminaliser les locataires en difficulté était très contestable. Fort heureusement, les discussions à l’Assemblée puis au Sénat ont permis de supprimer cette disposition problématique et de revenir à un texte globalement plus équilibré. Notre groupe LIOT remercie les sénateurs d’avoir aussi ajouté un volet relatif à l’accompagnement des locataires en difficulté. Le texte renforce désormais la capacité d’action des acteurs du logement avec une intervention plus rapide des CCAPEX, un délai allongé à trois mois au lieu de deux pour le diagnostic social et financier, ou encore le renforcement des pouvoirs du juge pour maintenir l’APL ou pour demander le versement des aides directement au bailleur.
    Il reste tout de même quelques interrogations. Le texte accélère certains délais de traitement des arriérés de loyers. Il faut désormais s’assurer que les services sociaux et les CCAPEX disposent d’effectifs suffisants pour systématiser les diagnostics sociaux et financiers, sur lesquels les juges ne peuvent aujourd’hui s’appuyer pour rendre leur décision que dans 30 % des cas. Il faudrait pourtant qu’ils les aient automatiquement à disposition afin d’identifier les causes de l’impayé et de proposer le dispositif de prévention le plus adapté à la situation de l’occupant.
    S’agissant des mesures relatives aux squatteurs, nous y étions dès le début favorables. Certains individus continuent de se jouer des failles de la loi pour se maintenir illégalement dans des logements qui ne leur appartiennent pas. La loi Asap avait proposé de corriger quelques écueils relatifs à la procédure d’évacuation accélérée du logement par décision administrative. Cette proposition de loi vient combler les dernières lacunes. Deviennent ainsi éligibles à la procédure d’évacuation forcée les logements occupés par des squatteurs entre deux locations ou juste après l’achèvement de la construction, avant que le propriétaire n’ait eu le temps d’emménager. La proposition de loi opère également une dissociation entre l’introduction par voie de fait, d’une part, et le maintien dans les lieux par voie de fait, d’autre part. Cela devrait permettre de sanctionner le squatteur qui resterait dans le logement par la contrainte mais qui serait entré en trouvant, par exemple, la porte ouverte.
    Nous considérons que ce n’est pas aux petits propriétaires d’endosser les conséquences de la crise du logement et de la politique défaillante du Gouvernement en la matière. La majeure partie des dispositions de cette proposition de loi permet désormais, après réécriture, de préserver l’équilibre entre droit de propriété et droit au logement, et nous y sommes favorables. Néanmoins, nous avons besoin d’avancer sur le sujet du logement, en particulier dans les zones tendues. Les élus locaux le demandent, les citoyens également. Cela passe par des aménagements fiscaux et par des outils visant à limiter les locations de courte durée, par exemple. Nous avons besoin d’adaptations législatives et réglementaires dans ce domaine ; j’espère, monsieur le ministre délégué, qu’elles arriveront très prochainement.

    M. le président

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    La parole est à M. Paul Midy.

    M. Paul Midy

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    La proposition de loi que nous examinons aujourd’hui grâce au président Guillaume Kasbarian tend à protéger les petits propriétaires contre les squatteurs qui utilisent les failles de notre droit pour s’approprier le bien d’autrui. Elle ne vise pas à compliquer encore la vie des petits locataires en galère passagère, quand ils sont de bonne foi. Ces derniers sont protégés par le droit et doivent le rester.
    Ce texte ne constitue pas non plus notre politique du logement. Celle-ci s’appuie sur la construction de logements, le développement du logement social, la lutte contre le mal-logement, le développement de l’accès à la propriété et l’accélération de la rénovation énergétique.

    M. Inaki Echaniz

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    Mais bien sûr…

    M. Paul Midy

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    Nous avons pour cela un gouvernement et un ministre – que je salue – mobilisés et des moyens en augmentation – 17 milliards d’euros en 2022.
    Les députés de La France insoumise défendent le squat, dont ils font un élément à part entière de la politique du logement. Ils considèrent que ce peut être une politique publique que de donner comme perspective à quelqu’un qui peine à se loger celle de s’approprier le bien d’autrui par la force ou la contrainte.
    En défendant le squat, vous démontrez une fois de plus votre volonté d’inverser les valeurs, d’inverser les valeurs inscrites dans la Constitution ou dans la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, d’inverser les valeurs communes que nous partageons dans notre République.

    M. Jean-François Coulomme

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    Chacun voit midi à sa porte.

    M. Paul Midy

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    Défendre les squatteurs face aux petits propriétaires, c’est aller contre l’article 17 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, qui dispose que « La propriété étant un droit inviolable et sacré, nul ne peut en être privé ».
    Défendre les casseurs face aux forces de l’ordre, c’est aller contre l’article 2 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, qui consacre la sûreté et la sécurité comme droit naturel et imprescriptible de l’homme.
    Encourager une manifestation illégale à Sainte-Soline, c’est aller contre l’article 10 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, aux termes duquel « nul ne doit être inquiété pour ses opinions, même religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l’ordre public établi par la loi ».

    Mme Sandra Regol

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    Un trou au milieu des champs trouble l’ordre public !

    M. Paul Midy

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    Lorsque vous remettez en cause nos processus institutionnels et le résultat des élections, par la voix de votre chef, M. Mélenchon, vous défendez l’inverse de l’article 3 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen.

    M. Jean-François Coulomme

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    Où voyez-vous M. Mélenchon dans cet hémicycle ?

    Mme Andrée Taurinya

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    Vous en rêvez la nuit ?

    M. Paul Midy

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    Et lorsque vous dressez des listes d’élus à menacer et à vilipender, c’est l’article 7 de cette même déclaration que vous bafouez.

    M. Jean-François Coulomme

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    Nous n’avons menacé personne !

    M. Paul Midy

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    En défendant l’inverse de notre socle de valeurs démocratiques et républicaines, vous semez la confusion dans le débat public et dans l’esprit de certains de nos concitoyens. Je crains que vous ne le fassiez pas uniquement pour faire le buzz sur les réseaux sociaux mais pour saper les fondements du système. Vous voulez le renverser par vos actions, trop souvent violentes, plutôt que par les urnes, là où votre chef, M. Mélenchon, a échoué trois fois.

    Mme Sandra Regol

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    Quand allez-vous donc parler du logement ? Il est vrai que ce sujet ne vous intéresse pas !

    M. Paul Midy

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    Je le dis à nos concitoyens : soyons très attentifs à ce qui se passe ici, à l’extrême gauche comme à l’extrême droite !

    M. Jean-François Coulomme

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    L’extrême droite est avec vous !

    M. Paul Midy

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    Comptez sur nous pour défendre nos valeurs démocratiques et républicaines, sur le fond, sans hurler ni insulter, sans violence ni appels à la violence, dans le cadre de nos institutions démocratiques et républicaines !

    Mme Danielle Simonnet

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    Avec le 49.3, surtout !

    M. Paul Midy

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    Pour ce qui est des heures à venir, nous allons défendre la valeur du droit de propriété pour tous.

    Mme Danielle Simonnet

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    Le droit des grands propriétaires, oui !

    M. Paul Midy

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    Car c’est un acquis de notre histoire commune : quand il n’y a pas de droit de propriété pour tous, alors tout appartient aux mêmes, c’est-à-dire au tyran ou à une caste de privilégiés. C’est tout l’inverse de nos valeurs démocratiques et républicaines et de ce pour quoi nous nous battons. (Applaudissements sur les bancs des groupes RE et HOR.)

    M. le président

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    La parole est à M. Michaël Taverne.

    M. Michaël Taverne

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    Un homme frappé par trois jeunes qui squattaient son logement, en juin 2022 à Vienne, dans l’Isère ;…

    M. Jean-François Coulomme

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    C’est la faute à Mélenchon !

    M. Michaël Taverne

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    …un septuagénaire rentrant chez lui après quelques jours d’absence et qui trouve son appartement squatté à Besançon, en octobre 2022 ;…

    M. Jean-François Coulomme

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    C’est la faute à Mélenchon !

    M. Michaël Taverne

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    …plus récemment, une propriétaire condamnée par la justice à payer des dommages et intérêts à des squatteurs : trois cas de squat, parmi tant d’autres, dont la presse s’est fait l’écho.
    Alors même que la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen a consacré en 1789 la propriété comme « droit inviolable et sacré », l’état actuel de notre législation ne permet pas de le garantir. Trop souvent, pour ne pas dire presque toujours, la procédure privilégie les squatteurs plutôt que de protéger et d’aider le propriétaire.
    Songeons un instant, mes chers collègues, à la réalité de ce qui se joue derrière ces situations. Des propriétaires qui ont acquis un bien immobilier, une résidence principale ou secondaire, un appartement qu’ils louent pour compléter leurs revenus, s’en trouvent dépossédés du jour au lendemain. Ils seront confrontés à des mois, voire des années de démarches et de procédures administratives et judiciaires lourdes, durant lesquels ils devront prouver que la maison léguée par leurs parents, la maison construite grâce à leur travail ou l’appartement dans lequel ils ont investi pour s’assurer une retraite sereine est bien à eux !
    Pour l’immense majorité des propriétaires, un logement squatté signifie la perte de revenus indispensables, souvent destinés à rembourser un crédit immobilier. Non, les premières victimes des squatteurs ne sont pas les riches propriétaires, ce sont toujours les mêmes : les classes moyennes ! Comme 64 % des propriétaires bailleurs, elles ne possèdent qu’un seul logement en location et elles n’ont pas les moyens d’engager un gestionnaire ou une entreprise privée de protection, encore moins de se passer de ces revenus !
    Face à cette dépossession, à ce sentiment d’impuissance, il était plus qu’urgent que la représentation nationale se saisisse enfin de ce sujet et qu’une proposition de loi permettant enfin d’apporter des réponses soit inscrite à l’ordre du jour de notre assemblée. Les députés du groupe Rassemblement national accueillent donc avec satisfaction ce texte, enrichi et amélioré au cours de la navette parlementaire.

    M. Loïc Prud’homme

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    Merci qui ?

    M. Michaël Taverne

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    En effet, si le texte initial était déjà porteur de mesures attendues et nécessaires, que nous appelions de nos vœux, la première lecture, à l’Assemblée nationale comme au Sénat, a permis d’élargir la portée de la proposition de loi. Ainsi, il est prévu que l’État peut indemniser les propriétaires victimes de squat, dans le cas où le préfet refuserait de recourir à la force publique pour exécuter une décision d’expulsion. Une autre disposition libère le propriétaire de son obligation d’entretien du bien squatté. D’autres mesures, bienvenues, visent à accompagner les locataires en difficulté.
    Ce projet, tel qu’il nous est revenu de la Chambre haute, contient, pour l’essentiel, des mesures proposées par Marine Le Pen. Elles ont été reprises dans une proposition de loi qu’elle avait déposée en mars 2021, et dans une autre, déposée en novembre 2022. Il est vrai que de nouvelles dispositions ont été votées, à commencer par celles qui visent à sécuriser les rapports locatifs. Leur nécessité ne fait aucun doute.
    En toute cohérence, nous nous prononcerons une fois encore en faveur de ce texte. Néanmoins, nous regrettons l’absence de certaines de nos propositions : la possibilité, pour l’autorité administrative, de diligenter une expulsion d’urgence dans le cas où l’occupation sans droit ni titre constituerait une atteinte à l’ordre public ; la protection des propriétaires afin qu’ils n’aient en aucun cas à régler les charges et les frais courants nés durant la période d’occupation illicite de leur bien – autrement dit, ils ne doivent pas avoir à payer les factures d’eau et d’électricité consommées par les squatteurs.
    Nous défendrons donc une nouvelle fois des amendements pour améliorer, dans un esprit constructif, le texte. Cette proposition de loi est nécessaire, elle permettra de mieux lutter contre cette atteinte absolue au droit de propriété qu’est le squat ; en ce sens, elle devrait faire l’unanimité ! (Applaudissements sur les bancs du groupe RN.)

    M. le président

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    La parole est à Mme Danielle Simonnet.

    Mme Danielle Simonnet

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    Je voudrais dédier cette intervention à Aminata. Aminata a 10 ans, elle est en CM2, elle dort dans son école avec sa maman car elles sont sans logement ; d’autres parents, solidaires, dorment dans les mêmes locaux. En France, 42 000 enfants sont SDF !
    Je pense aussi aux locataires de ma circonscription qui se mobilisent en ce moment car ils ont découvert que leurs charges locatives mensuelles allaient augmenter de 200 euros par mois – vous rendez-vous compte ?, parce que vous avez refusé de bloquer les prix de l’énergie. (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NUPES.)
    Monsieur Kasbarian, vous nous dites : « Mettez-vous à la place des propriétaires ! » Je vous demande de vous mettre à la place d’Aminata, de ces locataires qui ont peur, qui se disent qu’ils ne pourront pas payer le loyer, qu’ils seront les futurs expulsés. Mettez-vous à la place de ces gens-là !

    M. Frédéric Cabrolier

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    Accueillez-les chez vous !

    Mme Danielle Simonnet

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    Monsieur le ministre du logement, vous avez reconnu que « cette proposition de loi n’a jamais eu pour objectif de résoudre les problèmes du logement en France ». Au moins, c’est un aveu honnête : cette loi ne résout rien ; au contraire, elle contribuera à aggraver les situations. (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NUPES.)
    Quel sens du timing vous avez, à quelques jours de la fin de la trêve hivernale, alors que nombre d’associations anticipent une explosion des impayés et des expulsions ! Cette loi antilocataires est une honte absolue !
    Vous prévoyez de condamner à trois ans de prison et 45 000 euros d’amende les sans-logis qui occupent un local ou un logement vacant ; or ils le font pour éviter la rue, parce que la rue tue ! Vous prévoyez aussi d’attaquer les locataires pour impayés de loyer, en portant à 7 500 euros l’amende punissant le maintien dans le logement après un jugement d’expulsion. Enfin, vous avez décidé de réduire les délais de procédure et de grâce, entravant la prévention des impayés des expulsions : il ne sera plus possible d’établir un échéancier, sauf si le locataire a repris avant l’audience le versement intégral du loyer courant.
    Bref, vous aggraverez les problèmes des plus précaires, enfoncerez encore davantage les personnes en difficulté. Vous vous apprêtez à voter une loi antilocataires, une loi antipauvres.
    Par ailleurs, cette proposition de loi est inefficace du point de vue des intérêts des petits propriétaires : le squat d’un domicile privé est déjà puni d’un an de prison. La proposition de loi entraînera une hausse du nombre d’expulsions, donc du nombre de personnes contraintes de se réfugier je ne sais où pour survivre. Elle aggravera encore l’engorgement des tribunaux et contribuera à allonger les délais dans lesquels la justice est rendue.
    Pourtant, la prévention est bien plus efficace que la répression, y compris du point de vue des propriétaires : un locataire qui parvient à rembourser ses échéances pendant quelques mois devient éligible au Fonds de solidarité pour le logement (FSL), ce qui lui permet de solder le reste de sa dette auprès du propriétaire.
    Là où il faudrait d’urgence une garantie universelle des loyers, là où il faudrait d’urgence un plan ambitieux de construction de logements sociaux, là où il faudrait d’urgence engager la baisse des loyers, que nous proposez-vous ? Cette proposition de loi scélérate, injuste et inefficace. (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NUPES.)
    Pourtant, les alertes sont nombreuses et viennent de toutes parts : de la Défenseure des droits, du président de la CNCDH, qui a écrit aux parlementaires, du Collectif des associations unies, de la Fondation Abbé Pierre, du Secours catholique, d’ATD Quart-Monde, de l’association Droit au logement. Tous les experts du logement considèrent que si elle devait être adoptée, cette loi serait un désastre !

    M. Guillaume Kasbarian, rapporteur

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    Rien que ça !

    Mme Danielle Simonnet

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    Un désastre qui criminalisera les locataires en impayés de loyer et facilitera, dans ce contexte de crise, les expulsions !
    Je vous le dis, monsieur Kasbarian, votre proposition de loi, soutenue par l’aile la plus brutale de la Macronie, accompagnée de députés LR, emboîte allègrement le pas au Rassemblement national…

    M. Jean-François Coulomme

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    Exact !

    Mme Danielle Simonnet

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    …en reprenant les propositions de ce dernier contre les locataires, au prétexte de quelques faits divers qu’à l’époque, la ministre Emmanuelle Wargon elle-même décrivait comme anecdotiques.

    M. Guillaume Kasbarian, rapporteur

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    Ne parlez pas à sa place !

    Mme Danielle Simonnet

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    Vous allez condamner à la rue et à la prison des milliers de mal-logés et de locataires en impayés de loyer. Votre proposition de loi viole au passage nombre de droits fondamentaux comme l’écrit le président de la CNCDH : liberté d’association, liberté d’expression, liberté de la presse et même droit de grève, puisqu’elle permet de pénaliser les piquets de grève, alors qu’un bras de fer est engagé sur la réforme des retraites ! (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NUPES.)
    De tous les points de vue, cette loi est scélérate, c’est une honte !

    Mme Martine Etienne

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    Oui, c’est honteux !

    Mme Danielle Simonnet

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