XVIIe législature
Session ordinaire de 2024-2025

Première séance du mardi 27 mai 2025

Sommaire détaillé
partager
Première séance du mardi 27 mai 2025

Présidence de Mme Yaël Braun-Pivet

Mme la présidente

  • partager

    La séance est ouverte.

    (La séance est ouverte à quinze heures.)

    1. Souhaits de bienvenue à une délégation étrangère

    Mme la présidente

  • partager

    Chers collègues, je suis heureuse de souhaiter en votre nom la bienvenue à une délégation du parlement d’Estonie, conduite par M. Kristo Enn Vagga, président du groupe d’amitié Estonie-France. (Mmes et MM. les députés et les membres du gouvernement se lèvent, se tournent vers les tribunes du public et applaudissent longuement.)

    2. Questions au gouvernement

    Mme la présidente

  • partager

    L’ordre du jour appelle les questions au gouvernement.

    Proposition de loi Duplomb

    Mme la présidente

  • partager

    La parole est à M. Boris Vallaud.

    M. Boris Vallaud

  • partager

    Monsieur le premier ministre, le spectacle est triste, la situation, grave, et la bascule vertigineuse…
    Un socle commun –⁠ manifestement de connivence avec votre gouvernement – fait alliance avec le Rassemblement national pour voter le rejet d’un texte que –⁠ pourtant – il défend, non pour lui faire échec mais pour interdire tout débat démocratique aux députés et le faire adopter discrètement par la droite sénatoriale (Protestations sur les bancs du groupe RN) ;

    M. Sébastien Chenu

  • partager

    Il fallait venir ! Où étiez-vous ?

    M. Boris Vallaud

  • partager

    …des parlementaires préfèrent l’obscurité du huis clos à la lumière de l’hémicycle ; sans doute pour lancer sa campagne présidentielle aux pieds des tracteurs bloquant l’Assemblée nationale, un ministre de l’intérieur témoigne un soutien déplacé aux manifestants faisant pression sur le Parlement (Mme  Ayda Hadizadeh applaudit) ; la presse nous rapporte qu’en visite dans le Tarn-et-Garonne, la ministre de l’agriculture appelle les agriculteurs à cibler les élus de gauche, c’est-à-dire incite à la violence politique. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe SOC.)

    Mme Ayda Hadizadeh

  • partager

    La honte !

    M. Philippe Brun et M. Jérôme Guedj

  • partager

    Scandaleux !

    M. Boris Vallaud

  • partager

    Nous pensions la démocratie menacée à ses marges ; la voici menacée en son cœur !
    Une loi démagogique, dangereuse et inefficace, mettant en cause l’autorité de la science, la santé humaine…

    M. Hervé de Lépinau

  • partager

    Ce n’est pas ce que dit l’Anses !

    M. Boris Vallaud

  • partager

    …et, en définitive, l’avenir même de l’agriculture, fracture la société qui ne demande qu’à faire bloc derrière ses paysans. Voilà où nous en sommes, monsieur le premier ministre !
    Nous refusons cet agenda du désastre annoncé, désastre économique, écologique, agricole, désastre sanitaire, démocratique et, en définitive, désastre moral.
    Nous sommes, et resterons, une force de proposition (Rires sur les bancs des groupes RN et UDR.) pour réconcilier écologie et agriculture, agriculteurs et société. Nous sommes, et nous resterons, une force de proposition pour réconcilier notre pays et faire face aux défis du monde. (Mêmes mouvements.) Nous sommes, et nous resterons, les vigies de notre bien commun –⁠ qui n’est pas la propriété des bancs de cet hémicycle –⁠ : l’État de droit et notre démocratie. (Applaudissements sur les bancs du groupe SOC et sur plusieurs bancs du groupe EcoS.–  M.  Stéphane Peu applaudit également.)
    Monsieur le premier ministre, pensez-vous qu’en cédant à la démagogie et aux menaces de violences, vous soyez véritablement dans votre rôle de garant de nos institutions et de l’intérêt général ? (Les députés du groupe SOC, plusieurs députés du groupe EcoS et Mme  Elsa Faucillon se lèvent et applaudissent.)

    M. Michel Herbillon

  • partager

    Donneur de leçons !

    Mme la présidente

  • partager

    La parole est à M. le premier ministre, chargé de la planification écologique et énergétique.

    M. François Bayrou, premier ministre, chargé de la planification écologique et énergétique

  • partager

    Puis-je vous rappeler que la motion de rejet a été votée, non par le gouvernement, mais par l’Assemblée nationale ?

    M. Jérôme Guedj

  • partager

    Ce sont vos soutiens !

    M. François Bayrou, premier ministre

  • partager

    Vous savez très bien que l’Assemblée nationale l’a votée pour parer la tentative de blocage…

    M. Benjamin Lucas-Lundy

  • partager

    Menteur !

    M. Antoine Léaument

  • partager

    Vous êtes de droite !

    M. François Bayrou, premier ministre

  • partager

    …destinée, grâce à la multiplication d’amendements –⁠ des milliers – à faire en sorte que ce texte ne puisse être examiné. (« Honteux ! » sur plusieurs bancs du groupe SOC.)

    M. Jean-Claude Raux

  • partager

    C’est faux !

    M. François Bayrou, premier ministre

  • partager

    Vous connaissez bien les motions de rejet puisqu’en décembre 2023, vous avez vous-même fait adopter une motion de rejet (M.  Philippe Vigier applaudit.)

    Un député socialiste

  • partager

    Pas sur nos textes !

    M. François Bayrou, premier ministre

  • partager

    …afin que la loi immigration ne puisse être débattue.
    Ma conviction personnelle –⁠ puisque c’est moi que vous interrogez – c’est que la manière dont nous organisons les choses n’est ni durable…

    Une députée du groupe EcoS

  • partager

    « Durable », il faut oser !

    M. François Bayrou, premier ministre

  • partager

    …ni responsable. Nous devons trouver une façon d’organiser les dialogues et les débats pour que le Parlement puisse pleinement jouer son rôle et ne soit pas entièrement bloqué par tel ou tel groupe qui dépose des milliers d’amendements.
    Je rappelle –⁠ mais vous le savez très bien – qu’à raison de trois minutes par amendement, les trois mille cinq cents amendements déposés représentaient quinze jours pleins de débats. (Protestations sur les bancs des groupes SOC et EcoS.)

    Mme Delphine Batho, M. Jérémie Iordanoff et M. Benjamin Lucas-Lundy

  • partager

    C’est faux !

    M. Pierre Cordier

  • partager

    M. Vallaud aura du temps avec la veste qu’il va se prendre !

    M. François Bayrou, premier ministre

  • partager

    Ces quinze jours de débats auraient empêché l’examen du texte sur la simplification de la vie économique, du texte sur Mayotte et, peut-être, du texte sur le statut des élus.
    Avec une telle méthode, nos concitoyens voient blocage sur blocage et se détournent de la manière dont vous débattez.

    M. Pierrick Courbon

  • partager

    Travaillez le week-end !

    M. François Bayrou, premier ministre

  • partager

    Je vous donne l’assurance que le gouvernement n’exerce aucune pression sur les élus.

    M. Jean-Paul Lecoq

  • partager

    Si !

    M. François Bayrou, premier ministre

  • partager

    Je ne l’ai jamais accepté et je ne l’accepterai jamais. La ministre de l’agriculture, n’a pas demandé de cibler tel ou tel ; elle a demandé aux agriculteurs d’expliquer…

    M. Dominique Potier

  • partager

    Comme ça ! (M. Dominique Potier fait un geste évoquant un revolver sur la tempe.)

    M. François Bayrou, premier ministre

  • partager

    …à leurs élus quel était le texte. (Protestations et « Ce n’est pas vrai ! » sur les bancs des groupes SOC et EcoS.)
    C’est la moindre des choses ! Vous le faites aussi, que je sache. C’est ce que nous faisons tous ! Les élus sont les représentants du peuple et il est normal que le peuple parle avec eux, sans pression. Voilà la raison pour laquelle –⁠ cela n’est pas la première fois que je le dis – je pense que nous devons trouver…
    La présidente de l’Assemblée nationale a essayé de faire retirer des amendements…

    M. Damien Girard, M. Jean-Claude Raux et Mme Dominique Voynet

  • partager

    Nous avons dit : « oui » !

    M. François Bayrou, premier ministre

  • partager

    …–⁠ déposés par un autre groupe que le vôtre – mais ces groupes ont refusé. (Protestations sur les bancs du groupe EcoS.)

    Mme Dominique Voynet

  • partager

    Vous avez le nez qui pousse ! (Mme  Dominique Voynet mime le nez de Pinocchio.)

    M. François Bayrou, premier ministre

  • partager

    La situation… (Brouhaha sur les bancs des groupes SOC et EcoS.)

    Mme la présidente

  • partager

    S’il vous plaît, un peu de silence !

    M. François Bayrou, premier ministre

  • partager

    …doit nous permettre de trouver un jour des manières nouvelles d’examiner les textes. (M.  Philippe Vigier applaudit.)

    Mme la présidente

  • partager

    La parole est à M. Boris Vallaud.

    M. Boris Vallaud

  • partager

    Nous avons le devoir de débattre démocratiquement dans la lumière et sous le regard des citoyens et non dans le huis clos d’une commission mixte paritaire. (Applaudissements sur les bancs du groupe SOC et sur plusieurs bancs du groupe EcoS. –  Protestations sur les bancs des groupes RN et DR.)

    Rapport sur les Frères musulmans en France

    Mme la présidente

  • partager

    La parole est à Mme Alexandra Masson.

    Mme Alexandra Masson

  • partager

    Monsieur le ministre de l’intérieur, commandé par votre propre ministère, le rapport sur les Frères musulmans en France dresse le portrait accablant d’une offensive islamiste organisée, structurée, infiltrée dans nos écoles, nos associations, nos institutions et jusque dans certains quartiers de notre République. (Exclamations sur les bancs des groupes SOC et EcoS.)
    Ce rapport parle de faits documentés, vérifiés par les services de renseignement qui établissent l’existence (Mêmes mouvements. –  Mme  la présidente tape sur son pupitre pour demander le silence) d’une stratégie de conquête, de contournement des lois et d’entrisme idéologique à grande échelle.
    En résumé, comme le dénonce depuis des décennies le Rassemblement National, la République est infiltrée et minée de l’intérieur.
    D’où mes questions : souhaitez-vous vraiment faire de la lutte contre ces idéologies une priorité pour tous ? Souhaitez-vous faire sortir ces idéologies de l’ensemble des champs d’activité économique, social, culturel dans lesquels elles sont déjà présentes ? Souhaitez-vous empêcher tout financement direct ou indirect de ces idéologies ? Souhaitez-vous juguler leur prosélytisme dans la fonction publique et dans les entreprises ? Souhaitez-vous éloigner du territoire français les étrangers islamistes ? Souhaitez-vous faire du rattachement à l’idéologie islamiste une circonstance aggravante dans le code pénal et créer une peine d’indignité nationale pour ceux qui prônent des idéologies islamistes ?
    Allez-vous enfin faire preuve de responsabilité et inscrire à l’ordre du jour de l’Assemblée la proposition de loi déposée par Marine Le Pen…

    M. Jean-François Coulomme

  • partager

    Où est-elle ?

    Mme Alexandra Masson

  • partager

    …il y a plus de quatre ans et visant à combattre les idéologies islamistes ? (Applaudissements sur les bancs des groupes RN et UDR.)

    M. Jean-François Coulomme

  • partager

    Marine Le Pen, en prison !

    Mme la présidente

  • partager

    La parole est à M. le ministre d’État.

    M. Bruno Retailleau, ministre d’État, ministre de l’intérieur

  • partager

    Ce rapport –⁠ que j’ai trouvé sur mon bureau en arrivant à Beauvau – a été commandé par les trois ministères de l’intérieur, des affaires étrangères et des armées.

    Mme Sandra Regol

  • partager

    Où se trouve la version intégrale du rapport ?

    M. Bruno Retailleau, ministre d’État

  • partager

    Il souligne très clairement l’existence d’une menace pesant à la fois sur notre tissu associatif, sur les institutions républicaines et sur la cohésion nationale. Face à cette menace, il faut naturellement réagir et nous le ferons en agissant dans trois directions.
    En premier lieu, il est important que l’État se réorganise parce que nous ne parviendrons pas à lutter contre l’entrisme islamiste si nous n’avons pas les bons outils, notamment en matière de renseignement. Ainsi, –⁠ un peu à l’image de ce que nous avons fait en matière de terrorisme et assez précisément dans la lignée de ce que nous avons fait pour lutter contre le narcotrafic – nous allons réorganiser l’État en créant une sorte d’état-major autour du renseignement territorial et une espèce de parquet pour la police administrative.

    M. Antoine Léaument

  • partager

    C’est la police de la pensée !

    M. Bruno Retailleau, ministre d’État

  • partager

    Il s’agit de développer les entraves à l’encontre des entrismes dans notre tissu associatif.
    La deuxième piste est celle d’un arsenal pour mieux tracer les circuits financiers, revoir le régime d’autorisation des ouvrages illicites, notamment étrangers, et faire en sorte que la dévolution de biens d’associations dissoutes ne puisse s’opérer au profit de terres étrangères.
    Enfin, nous avons une stratégie informationnelle. Face à cette tactique de dissimulation qu’utilise l’entrisme islamiste, il faut pratiquer la transparence. Nous l’avons fait en publiant le rapport sur l’entrisme islamiste.

    Mme Sandra Regol

  • partager

    Vous ne l’avez pas publié !

    M. Bruno Retailleau, ministre d’État

  • partager

    Nous le ferons en formant les fonctionnaires, notamment les préfets, mais aussi en progressant dans la connaissance de ces mouvements islamisme par le biais, notamment, du savoir universitaire.
    Croyez-moi, nous ne tergiverserons pas et notre main sera très ferme pour lutter contre ce que je considère comme une atteinte au tissu associatif, à la cohésion nationale et à la forme républicaine de nos institutions ! (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe DR.–  M.  Mathieu Lefèvre applaudit également.)

    M. Sébastien Chenu

  • partager

    C’est mou du genou !

    Mme la présidente

  • partager

    La parole est à Mme Alexandra Masson.

    Mme Alexandra Masson

  • partager

    Vous le savez mieux que personne : la réponse ne peut être que législative ; elle doit être concrète.
    Je vous le demande à nouveau : inscrivez à l’ordre du jour la proposition de loi de Marine Le Pen ! Elle répond à toutes les questions posées dans ce rapport et constitue la seule solution pour avancer concrètement. (Applaudissements sur les bancs des groupes RN et UDR.)

    Mme la présidente

  • partager

    Pourrions-nous avoir moins de bruit dans l’hémicycle ? Le brouhaha constant gène les orateurs et les ministres. Je vous remercie de faire silence.

    Proposition de loi Duplomb

    Mme la présidente

  • partager

    La parole est à M. Benoît Biteau.

    M. Benoît Biteau

  • partager

    Mon propos s’adresse à M. Arnaud Rousseau, président de la FNSEA. (Rires sur plusieurs bancs des groupes EcoS, LFI-NFP et SOC.) Hier, vous êtes venu avec quelques dizaines de syndiqués munis de tracteurs devant le Palais-Bourbon pour vous assurer qu’une majorité de députés voterait pour le contournement de l’examen de la proposition de loi Duplomb à l’Assemblée nationale.
    Votre corporatisme a séduit une grande partie du gouvernement, à commencer par Mme la ministre de l’agriculture qui n’existe qu’à travers vous. (Applaudissements sur les bancs des groupes EcoS, LFI-NFP et GDR ainsi que sur plusieurs bancs du groupe SOC.)

    Mme Perrine Goulet

  • partager

    Il ne faut pas répondre, madame la ministre !

    M. Benoît Biteau

  • partager

    Votre corporatisme rencontre cependant quelques limites, même au sein du gouvernement. Mme Agnès Pannier-Runacher, ministre de la transition écologique, se dit elle-même « contre la réintroduction des néonicotinoïdes ».

    M. Pierre Cordier

  • partager

    C’est vrai que ce n’est pas très solidaire !

    M. Benoît Biteau

  • partager

    Il rencontre également des limites au sein de la profession agricole. Quand vous vous réjouissez des avancées de ce texte,…

    M. Pierre Cordier

  • partager

    On a surtransposé il y a quatre ans !

    M. Benoît Biteau

  • partager

    …la Confédération paysanne, les agriculteurs bio et les apiculteurs dénoncent, eux, une loi mortifère au service des intérêts de l’agro-industrie. (Applaudissements sur les bancs du groupe EcoS et sur quelques bancs des groupes LFI-NFP et SOC.)
    Madame Genevard, vous qui voulez faire adopter un texte obscurantiste, contre la science, contre l’Anses, contre la santé publique et pour préserver les intérêts d’agromanagers, pensez-vous vraiment être du côté du progrès, de l’agriculture de demain et des attentes sociétales ? (Applaudissements sur les bancs des groupes EcoS et SOC ainsi que sur plusieurs bancs du groupe LFI-NFP. – M. Édouard Bénard applaudit également.)

    Mme la présidente

  • partager

    La parole est à Mme la ministre de l’agriculture et de la souveraineté alimentaire.

    Mme Annie Genevard, ministre de l’agriculture et de la souveraineté alimentaire

  • partager

    Comment aborder cette question ?

    Mme Christine Arrighi

  • partager

    On se le demande !

    Mme Annie Genevard, ministre

  • partager

    Tout d’abord, les organisations professionnelles sont des corps intermédiaires et je dialogue constamment avec les cinq organisations syndicales agricoles. Par conséquent, ne m’accusez pas d’être la porte-parole de tel ou tel –⁠ un procès fait, invariablement, à tous les ministres de l’agriculture.

    Mme Dominique Voynet

  • partager

    Et les menaces ? Il y a eu des pressions !

    Mme Annie Genevard, ministre

  • partager

    Par ailleurs, de tous les députés, vous êtes celui qui a déposé le plus d’amendements sur ce texte. (Les députés des groupes LFI-NFP et EcoS ainsi que Mme Elsa Faucillon se lèvent et applaudissent en se tournant vers M. Benoît Biteau.) Dès lors, vous ne devez pas vous étonner ! Comme le disait Bossuet, on ne saurait déplorer les effets dont on chérit les causes. Vous avez voulu empêcher ce texte d’aller jusqu’au bout de son parcours (« Non ! » sur plusieurs bancs du groupe EcoS), vous en payez les conséquences.
    Sur le fond, je vous rappelle que ce texte d’initiative sénatoriale, très attendu par les agriculteurs (Mmes Christine Arrighi et Sandra Regol s’exclament), a fait l’objet d’un travail très précis…

    Mme Marie-Charlotte Garin

  • partager

    Il y a des ministres qui sont gênés !

    Mme Annie Genevard, ministre

  • partager

    …avec ma collègue ministre de la transition écologique.

    Mme Ayda Hadizadeh

  • partager

    Elle n’est pas d’accord avec vous !

    Mme Annie Genevard, ministre

  • partager

    La position du gouvernement sur ce texte est celle qui a été défendue hier par plusieurs députés.

    Mme Christine Arrighi

  • partager

    C’est celle de la FNSEA !

    Mme Annie Genevard, ministre

  • partager

    Je suis trop respectueuse de la séparation des pouvoirs et du travail parlementaire (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe DR –⁠ Huées sur plusieurs bancs des groupes LFI-NFP et EcoS) pour ne pas vous rappeler qu’une majorité de députés a choisi d’adopter cette motion de rejet pour que le texte aille jusqu’au terme de son parcours et qu’ainsi la démocratie puisse s’exercer.

    Mme la présidente

  • partager

    Madame la ministre, je vous remercie.

    Mme Annie Genevard, ministre

  • partager

    J’ai toujours invité les agriculteurs et les parlementaires à dialoguer… (Mme la présidente coupe le micro de la ministre dont le temps de parole est écoulé. – Les députés du groupe DR applaudissent cette dernière.)

    Mme Frédérique Meunier

  • partager

    Excellent !

    Mme la présidente

  • partager

    La parole est à M. Benoît Biteau.

    M. Benoît Biteau

  • partager

    L’agriculture est un secteur stratégique parce qu’il s’agit aussi de l’alimentation de tous, de l’eau que nous buvons chaque jour, de l’air que nous respirons à chaque instant et de la santé de tous nos concitoyens (Applaudissements sur les bancs des groupes EcoS, LFI-NFP et SOC ainsi que sur quelques bancs du groupe GDR), y compris des agriculteurs, de plus en plus victimes de maladies professionnelles.
    Pour toutes ces raisons, nous devons sortir des logiques corporatistes et envisager ces questions dans le cadre d’un véritable débat de société –⁠ une société que vous pouvez croiser hors de ces murs et qui a des choses à vous dire.
    Vous êtes ministre de l’agriculture, de tous les agriculteurs et tous les Français –⁠ pas de la FNSEA. (Mme Dominique Voynet se lève et applaudit. – Les autres députés du groupe EcoS ainsi que ceux des groupes LFI-NFP et SOC applaudissent également.) Choisissez d’engager des politiques publiques qui soutiennent durablement la bifurcation agroécologique.
    Nous donnons rendez-vous à toute la société –⁠ dans la rue, dans les universités et dans les cours de ferme – pour exprimer son refus de ce texte et des pesticides cancérogènes, mutagènes,… (Le temps de parole étant écoulé, Mme la présidente coupe le micro de l’orateur. –? Les députés des groupes EcoS et LFI-NFP se lèvent et applaudissent ce dernier. – Plusieurs députés des groupes SOC et GDR applaudissent également.)

    Procès Le Scouarnec

    Mme la présidente

  • partager

    La parole est à M. Erwan Balanant.

    M. Erwan Balanant

  • partager

    J’associe à cette question ma collègue Perrine Goulet.
    La semaine dernière, devant le tribunal de Vannes, les victimes du médecin Joël Le Scouarnec ont dénoncé le silence de la société mais aussi, plus grave encore, celui du monde politique face à ce qu’elles avaient vécu et face à sa propre responsabilité –⁠ notre responsabilité.
    Ayons une pensée pour les victimes et pour leurs souffrances indélébiles, dans leur corps et dans leur âme. (Applaudissements sur les bancs du groupe Dem et sur plusieurs bancs des groupes EPR, LFI-NFP, SOC, EcoS et GDR.) Nous ne pouvons tolérer que des abus sexuels aient pu être perpétrés de manière sérielle sans qu’aucune véritable mesure ait été prise et –⁠ ce qui est encore pire – par un individu qui avait déjà été condamné en 2005 pour recel d’images pédopornographiques.
    Le parquet a requis il y a quelques jours la peine maximale. Le verdict doit être rendu demain.
    Pourquoi notre société n’a-t-elle pas su entendre ? Pourquoi n’a-t-elle pas su voir ? Pourquoi n’a-t-elle pas su prendre la mesure des événements ?
    Il est urgent de mieux prendre en considération les enfants victimes de violences dans les familles, dans les clubs de sport, dans les écoles, dans les lieux de protection de l’enfance, dans les établissements de soin, dans les milieux artistiques,…

    M. Philippe Vigier

  • partager

    Très bien !

    M. Erwan Balanant

  • partager

    …bref partout où nos enfants devraient se sentir protégés. (Applaudissements sur les bancs du groupe Dem.)
    Toutes ces victimes sont légitimes à dénoncer l’invisibilisation. Nous en portons notre part de responsabilité.
    En notre nom à tous, je tiens à leur présenter nos excuses (Mme Maud Petit se lève et applaudit. –⁠ Les autres députés du groupe Dem applaudissent également), à leur demander pardon et à les assurer que nous les entendons et qu’elles ne sont plus seules. Ces affaires ne doivent pas être passées sous silence.
    Pour que cette promesse ne soit pas vaine, comment garantir que notre société a les moyens d’écouter, de croire et d’accompagner les victimes ? Comment le gouvernement compte-t-il se mobiliser en matière de lutte contre toutes les violences faites aux enfants et nous assurer d’un « plus jamais ça » ? (Applaudissements sur les bancs du groupe Dem et sur plusieurs bancs des groupes EPR, LFI-NFP, SOC et EcoS.)

    Mme la présidente

  • partager

    La parole est à M. le ministre d’État, garde des sceaux, ministre de la justice.

    M. Gérald Darmanin, ministre d’État, garde des sceaux, ministre de la justice

  • partager

    Demain sera rendu le verdict dans l’affaire Le Scouarnec, un procès hors normes qui se tient dans les locaux d’une université. Vous le savez, tous les moyens ont été déployés afin d’accompagner les victimes avant, pendant et, demain, après le procès. Avec quelque 220 parties civiles, ce procès, qui a duré plusieurs semaines, a touché toute la société et l’ensemble de l’opinion.
    Il représente, pour le ministère de la justice, un coût –⁠ 1 million d’euros – mais aussi un défi pour l’avenir : comment écouter davantage la parole des enfants ? Cette question se pose pour les policiers et les gendarmes, qui travaillent sous l’autorité des procureurs de la République, et pour les magistrats mais aussi, vous l’avez dit, pour toute la société. Je pense au monde médical, qui pourrait signaler davantage de cas, aux problèmes liés au secret de la confession ou encore aux difficultés observées dans les lieux d’accueil, les écoles, les centres de loisirs mais aussi au sein des familles. Car, vous le savez, c’est au sein des familles que la majorité des violences sont commises –⁠ l’affaire Le Scouarnec en est aussi un exemple.

    Mme Clémentine Autain

  • partager

    Dans d’autres contextes aussi ! Vous en savez quelque chose, monsieur Darmanin ! (Vives protestations sur plusieurs bancs des groupes EPR, DR et Dem.)

    Mme Perrine Goulet

  • partager

    Ne pourriez-vous pas vous taire pour une fois et écouter M. le ministre ? Pour les victimes, vous devriez avoir honte !

    M. Gérald Darmanin, ministre d’État

  • partager

    En cette période particulière, un peu de dignité pourrait nous aider ! (Applaudissements sur plusieurs bancs des groupes EPR, DR et Dem. – Exclamations sur plusieurs bancs des groupes LFI-NFP et EcoS.)
    Il faut procéder à des changements législatifs –⁠ et ce sera fait. Je pourrais citer la mesure visant à rendre la prescriptibilité glissante pour les victimes de violences –⁠ un travail mené par la ministre Aurore Bergé dans le cadre de sa proposition de loi. Ce même texte, que soutient la Chancellerie, prévoit aussi une peine de trente ans de prison en cas de viols sériels, peu importe que cinq ou cent viols aient été commis –⁠ le procureur de la République a requis vingt ans dans l’affaire Le Scouarnec.
    Des changements profonds doivent être opérés en matière d’accueil des victimes mais aussi, plus largement, dans la société. Nous attendons beaucoup du verdict de l’affaire Le Scouarnec. (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe DR et sur quelques bancs des groupes EPR et Dem.)

    Proposition de loi Duplomb

    Mme la présidente

  • partager

    La parole est à Mme Manon Meunier.

    Mme Manon Meunier

  • partager

    Madame la ministre de l’agriculture, savez-vous ce qu’est le courage ? C’est ce que vous n’avez pas eu hier en acceptant un 49.3 déguisé (Applaudissements sur les bancs des groupes LFI-NFP et EcoS) sur la loi Duplomb pour priver l’Assemblée nationale d’un débat sur un sujet aussi fondamental que la souveraineté alimentaire de la France.

    M. Vincent Descoeur

  • partager

    Obstruction !

    Mme Manon Meunier

  • partager

    Vous avez eu peur que nous révélions la véritable intention de votre texte. (Applaudissements sur plusieurs bancs des groupes LFI-NFP et EcoS.) Non, il ne concerne pas la majorité des agriculteurs : seuls 65 des 63 000 élevages bovins en France sont visés. Son seul effet sur l’élevage, c’est l’accélération de l’agrandissement des exploitations,… (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP et sur plusieurs bancs du groupe EcoS.)

    M. Jean-François Coulomme

  • partager

    Exactement !

    Mme Manon Meunier

  • partager

    …toujours plus difficiles à transmettre –⁠ à l’image de ces 65 élevages – et bien souvent tenues par l’agro-industrie.
    Vous allez me rétorquer que c’est pour assurer la souveraineté alimentaire de la France.

    M. Pierre Cordier

  • partager

    Madame préfère le sucre brésilien !

    Mme Manon Meunier

  • partager

    Or la souveraineté alimentaire, ce ne sont pas des élevages développés par des firmes qui exportent massivement pour leurs profits (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP et sur quelques bancs du groupe EcoS), des élevages agro-industriels hyperconsommateurs de matières premières importées : engrais, matériaux, alimentation animale ou encore énergie.
    La souveraineté alimentaire, c’est accepter de protéger celles et ceux qui nous nourrissent en France,…

    M. Pierre Cordier

  • partager

    Justement !

    Mme Manon Meunier

  • partager

    …et arrêter de considérer l’agriculture comme une variable d’ajustement sur les marchés mondiaux. (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP et sur quelques bancs des groupes EcoS et GDR.) C’est d’abord et avant tout le droit d’un peuple à décider de son système alimentaire pour lui-même et à refuser l’emploi d’un pesticide comme l’acétamipride, dangereux pour l’environnement et pour la santé –⁠ en premier lieu celle des agriculteurs. (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP et sur plusieurs bancs du groupe EcoS.)
    Alors oui, j’espère que vous avez honte, madame. Honte d’avoir privilégié le scénario selon lequel l’avenir de notre agriculture serait décidé à huis clos par sept députés et sept sénateurs. Honte de céder aux pressions d’Arnaud Rousseau qui ne prie que pour ses propres intérêts financiers. (Mêmes mouvements.) La souveraineté alimentaire, quand on est à votre place, c’est avant tout cesser de gouverner pour les seuls intérêts de l’agrobusiness –⁠ encore faudrait-il avoir un peu de courage. (Les députés du groupe LFI-NFP et plusieurs députés du groupe EcoS se lèvent et applaudissent. – Les autres députés du groupe EcoS ainsi que M. Olivier Faure, applaudissent également.)

    Mme la présidente

  • partager

    La parole est à Mme la ministre de l’agriculture et de la souveraineté alimentaire.

    Mme Annie Genevard, ministre de l’agriculture et de la souveraineté alimentaire

  • partager

    La souveraineté alimentaire est fondamentale. C’est la liberté d’un peuple, son autonomie. Le jour où il n’y aura plus, dans notre assiette, que des produits importés, vous serez les premiers à pleurer. (Applaudissements sur les bancs du groupe DR et sur quelques bancs des groupes EPR et HOR.)
    Puis-je vous rappeler quelques chiffres ? En 2000, en matière de volailles, nous étions souverains à 149 %. Aujourd’hui, seul un poulet sur deux consommé en France y est élevé. (« À cause de vous ! » sur plusieurs bancs du groupe LFI-NFP.)
    La souveraineté alimentaire, c’est ne pas se satisfaire qu’un fruit ou un légume sur deux ne soient pas produits dans notre pays. C’est une arme géostratégique que des ennemis sont prêts à activer contre un peuple agressé, comme on le voit avec le conflit russo-ukrainien.
    La souveraineté alimentaire,…

    M. Arnaud Le Gall

  • partager

    Vous l’avez détruite !

    Mme Annie Genevard, ministre

  • partager

    …c’est prévoir l’avenir, préserver et sauvegarder les assiettes de nos enfants.
    Vous donnez des leçons mais ne connaissez pas la situation dans laquelle nous sommes aujourd’hui. (Mme Nicole Le Peih applaudit. – Exclamations sur plusieurs bancs des groupes LFI-NFP et EcoS.)

    M. Pierre Cordier

  • partager

    Hors-sol, les Insoumis !

    Mme Annie Genevard, ministre

  • partager

    Notre souveraineté alimentaire est gravement menacée.
    Par ailleurs, vous expliquez que l’agroalimentaire, c’est de l’agrobusiness –⁠ vous n’avez que ce mot à la bouche. Or là où il y a transformation, il y a production. S’il n’y a pas de transformation, il n’y a pas de production. J’en veux pour preuve le blé dur : le fait que nous ne le transformions pas pose un problème.
    Vous avez tort : l’agroalimentaire emploie 350 000 personnes dans notre pays, essentiellement dans les territoires ruraux (Applaudissements sur les bancs du groupe DR et sur quelques bancs des groupes EPR et Dem.) Cette industrie remarquable a fait énormément d’efforts pour économiser l’eau et l’énergie et pour contractualiser avec les producteurs.
    Vous devriez défendre l’agroalimentaire parce qu’il sert la production agricole. Or vous ne le savez pas, vous ne voulez pas le voir.

    M. Jean-François Coulomme

  • partager

    Manon Meunier sait de quoi elle parle !

    Mme Annie Genevard, ministre

  • partager

    Vous vous contentez de mantras qui ne correspondent en rien à la réalité. (Applaudissements sur les bancs du groupe DR. –⁠ MM. Romain Daubié et Philippe Vigier applaudissent aussi.)

    Crise de la démocratie

    Mme la présidente

  • partager

    La parole est à M. Stéphane Peu.

    M. Stéphane Peu

  • partager

    Il y a vingt ans, presque jour pour jour, le peuple français s’exprimait pour la dernière fois par référendum.

    M. Alexis Corbière

  • partager

    C’est vrai !

    M. Stéphane Peu

  • partager

    Le 29 mai 2005, il rejetait massivement le traité constitutionnel européen,… (Applaudissements sur les bancs des groupes GDR et LFI-NFP ainsi que sur plusieurs bancs du groupe EcoS.)

    Mme Danielle Simonnet

  • partager

    Il avait bien raison !

    M. Stéphane Peu

  • partager

    …contre l’avis confiant d’une majeure partie des politiques, des médias et des sondeurs.

    M. Alexis Corbière

  • partager

    Exactement !

    M. Stéphane Peu

  • partager

    Toutefois, passé le traumatisme des élites, ce refus populaire fut rapidement piétiné, balayé, trahi par la ratification du traité de Lisbonne en 2008. (Applaudissements sur quelques bancs des groupes GDR et LFI-NFP.) En 2012, la promesse de campagne d’une renégociation sera reniée dès le lendemain de l’élection, aggravant davantage la défiance des Français envers leurs gouvernants. (Applaudissements sur les bancs du groupe GDR ainsi que sur plusieurs bancs des groupes LFI-NFP et EcoS.)
    Depuis, cette crise démocratique n’a cessé de croître. En 2023, un nouveau seuil a été franchi : le gouvernement, aveugle ou inconscient, a imposé par 49.3, sans vote, la réforme des retraites, malgré l’opposition de la majorité des Français et une mobilisation sociale historique.

    M. Alexis Corbière

  • partager

    Honteux !

    M. Stéphane Peu

  • partager

    Il a ensuite utilisé l’obstruction pour bloquer tous les débats sur le sujet. Et le président vient de refuser, il y a quelques jours, la proposition d’organiser un référendum. Une plaie béante s’est ouverte dans notre démocratie et les Français ne sont pas près de tourner la page.
    Le 5 juin, le débat reviendra dans l’hémicycle lors de la discussion en séance publique de notre proposition de résolution visant à abroger cette réforme brutale et injuste. (Applaudissements sur les bancs du groupe GDR, sur plusieurs bancs du groupe EcoS et sur quelques bancs des groupes LFI-NFP et SOC.) L’Assemblée pourra enfin, pour la première fois, se prononcer au sujet de cette réforme, au nom du peuple français. Nous ne doutons pas que le vote dont cette proposition de résolution fera l’objet traduira la volonté majoritaire des Français. Alors, monsieur le premier ministre, vous aurez l’occasion d’en tirer les conséquences et de réparer ainsi la fracture démocratique qui défigure notre République.
    Ma question est simple : serez-vous l’homme qui aura réconcilié ou celui qui aura laissé s’enkyster cette blessure au cœur même de notre nation ? (Plusieurs députés du groupe GDR et quelques députés du groupe EcoS se lèvent et applaudissent. –⁠ Les autres députés du groupe GDR, quelques autres députés du groupe EcoS et quelques députés du groupe LFI-NFP applaudissent également.)

    Mme la présidente

  • partager

    La parole est à M. le premier ministre, chargé de la planification écologique et énergétique.

    M. François Bayrou, premier ministre, chargé de la planification écologique et énergétique

  • partager

    Je pourrais naturellement ajouter des arguments à ce que vous avez dit, parce qu’historiquement,…

    M. Jean-Paul Lecoq

  • partager

    Allez-y, votre temps n’est pas limité !

    M. François Bayrou, premier ministre

  • partager

    …candidat à cette élection présidentielle,…

    M. Jean-Paul Lecoq

  • partager

    Là, vous êtes premier ministre !

    M. François Bayrou, premier ministre

  • partager

    …j’avais défendu l’idée que le résultat d’un référendum ne pouvait être changé que par un autre référendum. Je n’ai pas été entendu à cette époque et d’autres choix ont été faits. Je n’étais pas président de la République et je vois que vous le regrettez. (Sourires.)

    M. Alexis Corbière

  • partager

    Il y a un petit problème de lucidité !

    M. François Bayrou, premier ministre

  • partager

    La deuxième question porte évidemment sur les retraites. Vous avez déposé un texte ; on verra ce que vote cette assemblée. Je veux vous dire une chose certaine : hier, la Cour des comptes a déclaré que les dépenses sociales étaient –⁠ je cite entre guillemets – « hors de contrôle ».

    M. Jean-François Coulomme

  • partager

    C’est de votre faute !

    M. François Bayrou, premier ministre

  • partager

    Si nous ne sommes pas capables, tous, de prendre la situation comme elle est, d’essayer de construire un projet qui puisse rassembler les sensibilités différentes autour d’une réalité qui, elle aussi, nous rassemble, alors nous allons vers de très graves déboires.
    Comme vous le savez, j’ai proposé que les organisations syndicales et les représentations des entreprises se réunissent dans ce qu’on a appelé un conclave –⁠ le mot, en ce début d’année, a été à la mode. Elles sont au travail. J’ai bon espoir que le progrès qu’elles réalisent ensemble soit capable de présenter un chemin qui puisse réunir très largement les sensibilités du pays, mais je sais que, la situation étant ce qu’elle est, il n’existe aucun chemin de progrès qui ne tienne compte de la réalité et ne choisisse au travers du temps un projet pluriannuel de retour à l’équilibre des finances publiques, des finances de l’action publique et des finances sociales du pays.

    M. Benjamin Lucas-Lundy

  • partager

    Ce n’est pas la question !

    M. François Bayrou, premier ministre

  • partager

    Si nous nous éloignons de cette nécessité, nous allons avoir de très graves déboires et toute la société le paiera, avec toutes les entreprises, tous les salariés et toutes les familles.

    M. Jean-Victor Castor

  • partager

    Allez-vous respecter le vote ?

    Rapport sur les Frères musulmans en France

    Mme la présidente

  • partager

    La parole est à Mme Laure Miller.

    Mme Laure Miller

  • partager

    Monsieur le ministre de l’intérieur, il y a quelques jours, un rapport relatif à l’évaluation de la mouvance des Frères musulmans a été rendu public. Leur stratégie d’entrisme à bas bruit dans notre pays et la diffusion de leur idéologie au sein de nos écosystèmes locaux y sont dépeintes.
    Nous savons que la stratégie des Frères musulmans repose en grande partie sur la victimisation. Or cette stratégie est partiellement gagnante en raison de certains groupes qui, ici même, abîment le débat par leurs postures idéologiques et clientélistes ! Ainsi l’extrême droite, en faisant l’amalgame entre islamisme et islam, et une partie du NFP, en refusant de voir la menace en face, sont en réalité des alliés objectifs des Frères musulmans ! (Applaudissements sur quelques bancs du groupe EPR. –⁠ Exclamations prolongées sur les bancs du groupe RN et sur quelques bancs des groupes LFI-NFP et EcoS.)

    M. Alexandre Dufosset

  • partager

    Menteuse !

    Mme la présidente

  • partager

    S’il vous plaît !

    Mme Laure Miller

  • partager

    Si la polarisation du débat public et médiatique ne semble laisser le choix qu’entre une dangereuse restriction de nos libertés publiques et une passivité coupable, nous défendons une autre voie ! En effet, la réponse est nécessairement multiple.

    Mme la présidente

  • partager

    S’il vous plaît ! On n’entend pas l’oratrice !

    Mme Laure Miller

  • partager

    Elle consiste sans aucun doute à soutenir nos concitoyens de confession musulmane qui pratiquent leur religion en parfaite harmonie avec les valeurs de la République.

    M. Hendrik Davi

  • partager

    Va directement au RN !

    Mme Laure Miller

  • partager

    Nous pensons que dénoncer l’entrisme des Frères musulmans, c’est précisément protéger nos compatriotes de confession musulmane dont l’image est profondément abîmée par ceux qui dévoient leur religion.
    La réponse réside aussi dans un réveil de notre promesse républicaine. (Applaudissements sur les bancs du groupe DR.) C’est parce que notre République est en difficulté dans certains quartiers, parce que l’école a en partie perdu sa vocation émancipatrice, parce que nous avons laissé prospérer des discriminations dans notre pays, que l’islam radical s’est engouffré dans nos manquements. (Exclamations sur quelques bancs des groupes LFI-NFP et EcoS.)
    Enfin, la réponse doit nécessairement consister aussi à mettre fin à nos petites lâchetés et à nos grandes hypocrisies en faisant preuve d’intransigeance à la moindre entaille infligée à nos valeurs républicaines, qu’il s’agisse de la liberté de conscience parmi nos enfants ou de l’égalité entre les femmes et les hommes.
    Monsieur le ministre, comment pouvez-vous organiser et permettre un débat serein et déterminé autour de ce rapport, afin qu’il constitue le point de départ d’une action résolue pour la préservation de notre République contre toute forme d’entrisme ? (Applaudissements sur les bancs du groupe EPR et sur quelques bancs du groupe DR.)

    Mme la présidente

  • partager

    La parole est à M. le ministre d’État, ministre de l’intérieur.

    M. Bruno Retailleau, ministre d’État, ministre de l’intérieur

  • partager

    Je connais votre engagement s’agissant des questions que vous abordez. Vous avez raison de demander l’intransigeance. Je voudrais dire, pour poser correctement les bases du débat, qu’à l’échelle du monde, ce ne sont pas les démocraties occidentales qui font montre de cette intransigeance mais bien les pays musulmans. Je voudrais également répéter ici que le pire des amalgames consisterait à assimiler, à confondre l’islamisme et les islamistes avec l’islam et les musulmans. (Applaudissements sur quelques bancs des groupes EPR et DR.)

    Mme Sabrina Sebaihi et Mme Danielle Simonnet

  • partager

    C’est ce que vous faites tous les jours, avec vos mots !

    M. Bruno Retailleau, ministre d’État

  • partager

    Je souhaite que nos compatriotes musulmans puissent exercer leur liberté de culte car c’est aussi cela, la laïcité, et j’y tiens par-dessus tout. (Exclamations sur plusieurs bancs des groupes LFI-NFP et EcoS.)
    Là où le séparatisme prétend créer de petites contre-sociétés séparées, précisément, de la communauté nationale, l’entrisme a ceci de particulier qu’il veut tordre nos règles, les règles de la République, pour les acclimater à un agenda islamiste.

    M. Jean-Philippe Tanguy

  • partager

    Vous laissez la porte ouverte !

    M. Bruno Retailleau, ministre d’État

  • partager

    Il faut, bien sûr, être intransigeant.

    M. Laurent Jacobelli

  • partager

    Ça, on l’a dit il y a quinze ans ! Maintenant, il faut travailler !

    M. Bruno Retailleau, ministre d’État

  • partager

    C’est la raison pour laquelle nous allons déployer nos efforts dans trois directions. Il est absolument fondamental de réorganiser totalement l’État, de le réarmer d’un nouvel arsenal pour traquer les circuits financiers et pour faire en sorte qu’en matière de publication des ouvrages illicites, nous disposions de nouvelles armes.
    Nous devons aussi faire le nécessaire pour éviter que se reproduise ce qui s’est passé lors de la dissolution de BarakaCity et du CCIF, qui ont eu le temps d’entreprendre une dévolution de leurs biens, les uns à Londres, les autres en Belgique. Ce n’est pas normal !

    Mme Hanane Mansouri

  • partager

    Ils ont été invités à l’Assemblée et vous l’avez accepté !

    M. Bruno Retailleau, ministre d’État

  • partager

    Là encore, un combat d’idées doit être mené auprès du grand public, qu’il faut informer, de même qu’il faut informer les fonctionnaires et les associations d’élus. Notre main ne tremblera pas !

    M. Jean-Philippe Tanguy

  • partager

    Les barbus y croient !

    M. Bruno Retailleau, ministre d’État

  • partager

    Il s’agit là d’un combat profondément républicain ! (Applaudissements sur quelques bancs des groupes EPR et DR.)

    M. Jean-Philippe Tanguy

  • partager

    C’est nul !

    M. Laurent Jacobelli

  • partager

    Vous en parlez ; nous le ferons !

    Situation à Gaza

    Mme la présidente

  • partager

    La parole est à M. Laurent Mazaury.

    M. Laurent Mazaury

  • partager

    J’associe à cette question l’ensemble du groupe LIOT auquel j’appartiens, tout particulièrement notre collègue Christophe Naegelen. Monsieur le ministre de l’Europe et des affaires étrangères, la situation à Gaza est catastrophique. Elle l’est depuis des semaines, depuis des mois, et ne cesse de se détériorer, dans un contexte ou l’aide humanitaire qu’Israël autorise à nouveau à pénétrer sur le territoire est très largement insuffisante pour répondre aux besoins réels de la population.
    Vous avez récemment évoqué, une nouvelle fois, la nécessité de respecter le droit international dans le cadre du conflit qui se déroule à Gaza. Bien évidemment, le Hamas est une organisation terroriste, qui manipule les esprits des populations et utilise quotidiennement les habitants de Gaza comme des boucliers humains ; le pogrom odieux du 7 octobre 2023 est le pire crime perpétré contre le peuple juif depuis la Shoah. Il n’en demeure pas moins qu’à ce jour, l’exercice par l’État d’Israël de son droit à se défendre et à voir libérer tous les otages détenus par le Hamas a largement dépassé la limite du tolérable par l’intensité des bombardements que subissent les civils.
    Par ailleurs, l’État d’Israël tombe de fait dans un autre des pièges que lui tend le Hamas, celui de l’image d’un État qui tue une population palestinienne déjà en état de dénuement absolu et envoie donc dans les bras du terrorisme, pour des dizaines d’années à venir, des centaines d’enfants de Gaza.
    Monsieur le ministre, comment la France évalue-t-elle ces actions du point de vue de leur conformité avec le droit humanitaire international, tout en prenant en compte la légitime sécurité d’Israël ainsi qu’un contexte marqué par la souffrance et les revendications du peuple palestinien ? Quelles initiatives la France entend-elle promouvoir pour favoriser un respect strict des droits humains et encourager une désescalade durable dans ce conflit ? Enfin, confirmez-vous que pour peser sur la situation, la France s’apprête à reconnaître l’État de Palestine ? (Applaudissements sur les bancs du groupe LIOT et sur quelques bancs du groupe Dem.)

    Mme la présidente

  • partager

    La parole est à M. le ministre de l’Europe et des affaires étrangères.

    M. Jean-Noël Barrot, ministre de l’Europe et des affaires étrangères

  • partager

    Avant de répondre et avec l’autorisation de Mme la présidente, je voudrais me réjouir avec vous du retour, à l’instant, sur le territoire national de notre compatriote Théo Clerc, après 422 jours de détention et à la faveur d’une grâce du président de l’Azerbaïdjan. C’est l’honneur et la fierté de la diplomatie française et de ses agents d’avoir œuvré sans relâche à sa libération. (Tous les députés se lèvent et applaudissent. –⁠ Quelques membres du gouvernement applaudissent également.)
    Vous avez raison de souligner que la situation humanitaire se dégrade considérablement à Gaza. Le cessez-le-feu a été brisé il y a deux mois. Depuis, plus de 4 000 personnes ont perdu la vie, dont, sans doute, une majorité de femmes et d’enfants –⁠ l’histoire nous le dira –, et plus de 70 000 enfants attendent des traitements d’urgence.
    Certes, depuis quelques jours, l’aide humanitaire parvient à nouveau à Gaza, de manière très insuffisante, vous l’avez dit. À cet égard, le système mis sur pied par le gouvernement israélien pour distribuer l’aide ne présente pas les caractéristiques qui en constituent les piliers : l’humanité, l’indépendance, la neutralité et l’impartialité. C’est pourquoi nous nous y opposons. Les agences des Nations unies, les travailleurs humanitaires doivent pouvoir accomplir leurs missions sans délai à Gaza.
    Vous avez évoqué la sécurité. Nous le disons avec force : les offensives militaires sont une impasse. Elles hypothèquent la sécurité d’Israël. C’est la France qui le dit, alors même qu’elle a fait la démonstration de son attachement indéfectible à cette sécurité en mobilisant ses moyens militaires lorsqu’Israël a été attaqué.
    Nous le disons avec force au peuple israélien : il existe une autre solution,…

    M. Jean-Paul Lecoq

  • partager

    Ce sont des mots ! Assez de paroles : des actes !

    M. Jean-Noël Barrot, ministre

  • partager

    …une solution politique qui passe par le désarmement du Hamas, par la réforme de l’Autorité palestinienne, par l’intégration d’un État de Palestine et de l’État d’Israël dans une architecture régionale de sécurité et par les reconnaissances, auxquelles nous travaillons, de cet État de Palestine, seule voie vers la stabilité et la paix dans la région.

    M. Julien Brugerolles

  • partager

    Vous n’avez pas répondu à la question !

    M. Jean-Paul Lecoq

  • partager

    Rien pour faire cesser les crimes !

    Situation de l’agriculture

    Mme la présidente

  • partager

    La parole est à Mme Hélène Laporte.

    Mme Hélène Laporte

  • partager

    Madame la ministre de l’agriculture et de la souveraineté alimentaire, hier, alors que les votes du Rassemblement national ont permis de faire voler en éclats la stratégie d’obstruction stérile de l’extrême gauche, une victoire de l’agriculture française a été remportée. Si cette proposition de loi visant à lever les contraintes à l’exercice du métier d’agriculteur n’est pas parfaite dans la mesure où elle ne va pas aussi loin que nous le voudrions vers la fin des surtranspositions, elle représente incontestablement un progrès pour nos fermes qui ne pourront plus supporter longtemps le fardeau normatif, plus lourd que partout ailleurs, qui leur est imposé.
    Toutefois, la bataille pour l’égalité des armes en agriculture et pour la prospérité de nos exploitations est encore loin d’être gagnée. L’accord commercial entre le Mercosur et l’Union européenne, dont on nous assurait hier que l’opposition française allait l’enterrer, pourrait être adopté dans les mois qui viennent, faute pour notre gouvernement d’être parvenu à réunir une minorité de blocage. La pression de l’Allemagne en faveur d’une ratification rapide s’accentue. Je rappelle les propos tenus le 7 mai dernier par M. Merz, selon lequel la voix de la France peine à se faire entendre. Il espère en effet que cette ratification rapide aura lieu. Or si cet accord venait à entrer en vigueur, des filières entières seraient sacrifiées. Leur indemnisation a déjà été prévue à Bruxelles, pour solde de tout compte ! Quelque 100 000 tonnes de bœuf verraient les droits de douane qui s’appliquent à elles réduits de plus de 80 % tandis que 180 000 tonnes de volaille, 180 000 tonnes de sucre et 650 000 tonnes d’éthanol en seraient totalement exonérées. Qui peut encore croire que de telles clauses peuvent laisser notre agriculture indemne ?
    Promettez-vous à nos agriculteurs que la France fera échouer ce projet d’accord ? Ou bien admettrez-vous face à eux qu’avec Emmanuel Macron, la France, deuxième État contributeur net au budget de l’Union européenne, est condamnée à l’impuissance politique ?
    Par ailleurs, la question du coût de la main-d’œuvre saisonnière reste brûlante dans un contexte où la France est en libre concurrence avec des pays où ce coût est sans commune mesure avec celui qui se pratique dans notre pays. Voilà des années que nous demandions la pérennisation du dispositif Travailleur occasionnel demandeur d’emploi. Cette pérennisation, permise par le dernier budget, constitue un signal positif qu’il fallait bien sûr envoyer mais cela ne résout pas le problème. Des pistes de renforcement de ce dispositif existent. Allez-vous engager ce chantier pour la compétitivité de nos fermes ? (Applaudissements sur les bancs des groupes RN et UDR.)

    Mme la présidente

  • partager

    La parole est à Mme la ministre de l’agriculture et de la souveraineté alimentaire.

    Mme Annie Genevard, ministre de l’agriculture et de la souveraineté alimentaire

  • partager

    Je ne reviendrai pas sur la proposition de loi, beaucoup a été dit et le sujet est maintenant bien circonstancié.
    S’agissant du Mercosur. M. le premier ministre, le président de la République et l’ensemble du gouvernement n’ont cessé d’exprimer une opposition à ce traité tel que le projet en a été signé il y a quelques mois à Montevideo par Ursula von der Leyen. Encore à l’état de projet, il n’est en effet pas bon…

    M. Vincent Descoeur

  • partager

    Il est même très mauvais.

    Mme Annie Genevard, ministre

  • partager

    …pour les quatre filières qui sont concernées : la filière bovine, la filière volailles, le sucre et l’éthanol, vous l’avez rappelé. Il y a un problème de volumétrie, et dans ces accords de libre-échange j’observe deux choses : un, l’agriculture est toujours un volet d’ajustement, deux, ce sont presque systématiquement les filières d’élevage qui sont les plus concernées. De surcroît, ce projet d’accord pose encore un autre problème puisqu’il prévoit des clauses de sauvegarde pour les pays du Mercosur qui pourraient, eux, les activer individuellement –⁠ je pense, par exemple, à l’industrie automobile –, alors que l’Union européenne devrait être unanime pour demander une clause de sauvegarde générale et non pas filière par filière. C’est donc un projet d’accord qui n’est pas équilibré… Il est très déséquilibré. Et je crois que la possibilité de recourir à des clauses miroirs ne suffit pas l’équilibrer parce que qui dit clauses miroirs, dit contrôle alors qu’il faut bien convenir que les contrôles sont impossibles du côté des pays du Mercosur et très difficilement effectués du côté de l’Union européenne. Il y a beaucoup de choses qui ne vont pas dans cet accord.
    J’ai été la semaine dernière en Hongrie et en Autriche, où j’ai recueilli l’opposition de ces pays. (M. Jean-Pierre Taite applaudit.) Je n’arrête pas de rencontrer les ministres de tous les pays de l’Union européenne, hier encore : mes homologues Irlandais, grecs et Polonais et moi-même avons ainsi été d’accord pour considérer que ce projet d’accord ne convient pas en l’état, et je continuerai à le combattre dans sa version signée à Montevideo. (Applaudissements sur les bancs du groupe DR et sur quelques bancs du groupe EPR.)

    Désindustrialisation

    Mme la présidente

  • partager

    Avant de lui donner la parole, je souhaite la bienvenue à M. Sébastien Martin, élu, ce dimanche 25 mai, député de la cinquième circonscription de Saône-et-Loire. (Mmes et MM. les députés du groupe DR ainsi que quelques députés du groupe EPR se lèvent et applaudissent vivement.)
    Cher collègue, vous avez la parole.

    M. Sébastien Martin

  • partager

    Ma question s’adresse à M. le premier ministre.
    Ce dimanche, les habitants de la cinquième circonscription de Saône-et-Loire m’ont fait confiance… (Exclamations sur les bancs du groupe RN.)

    M. Sébastien Chenu

  • partager

    Merci la gauche ! Merci LFI !

    M. Alexandre Dufosset

  • partager

    Merci Mélenchon !

    M. Sébastien Martin

  • partager

    …–⁠ visiblement, cela en gêne quelques-uns –…

    M. Bryan Masson

  • partager

    C’est sûr !

    M. Sébastien Martin

  • partager

    …à près de 60 % pour les représenter à l’Assemblée nationale. (Applaudissements sur les bancs du groupe DR.) Il y aurait beaucoup d’enseignements à tirer de cette partielle, mais je veux vous dire qu’au-delà de cette victoire, je ne peux me satisfaire des résultats contrastés dans la circonscription : d’un côté, une grande partie du territoire où nous avons enclenché la dynamique de la réindustrialisation et où nous l’avons largement emporté face au Rassemblement national ; de l’autre, une partie du territoire où des élus souhaitent rejoindre cette dynamique, mais avec des perspectives fragiles et un score plus fort pour l’extrême droite. Il ne m’appartient pas ici de juger, mais de constater.
    Car il faut bien constater que la réindustrialisation de la France n’est pas qu’un projet économique et de souveraineté : c’est avant tout un projet politique et de cohésion nationale. (Applaudissements sur de nombreux bancs du groupe DR.)

    Mme Émilie Bonnivard

  • partager

    Très bien !

    M. Thibault Bazin

  • partager

    Il a raison !

    M. Sébastien Martin

  • partager

    La réindustrialisation, c’est une chance de recréer de la valeur et d’offrir un avenir à ceux qui veulent vivre et travailler là où ils ont choisi d’habiter, mais il me semble que la volonté de réindustrialisation de votre gouvernement s’essouffle alors que tout n’est pas fait pour répondre à une mondialisation qui vient frapper nos territoires. Il est urgent de réaffirmer cette ambition, comme cela a été fait ce matin lors de l’assemblée générale des territoires d’industrie.
    Aussi, croyez-vous en une réindustrialisation par et pour les territoires ?

    M. Jean-Paul Lecoq

  • partager

    Quelle question audacieuse ! (Sourires.)

    M. Sébastien Martin

  • partager

    Pensez-vous que notre pays peut combler les fossés qui se creusent en offrant des emplois mieux rémunérés et créateurs de valeur ? Et, comme nombre de députés dans cet hémicycle, croyez-vous que l’industrie n’est pas le passé, mais bien l’avenir d’une France forte, indépendante et porteuse d’espoir pour nos concitoyens ? (Applaudissements sur de nombreux bancs du groupe DR.)

    Mme la présidente

  • partager

    La parole est à M. le ministre chargé de l’industrie et de l’énergie.

    M. Pierre Cordier

  • partager

    Faut pas nous dire que tout va bien, monsieur le ministre !

    M. Marc Ferracci, ministre chargé de l’industrie et de l’énergie

  • partager

    Permettez-moi également de vous féliciter pour votre élection, dont on doit se réjouir d’autant plus que vous succédez dans cette circonscription à un député du Rassemblement national. (« Oh là là ! » sur divers bancs du groupe RN.)
    Le gouvernement est évidemment très attaché à ce que la réindustrialisation irrigue nos territoires. La réindustrialisation, vous l’avez dit, c’est un enjeu de prospérité mais aussi un enjeu de souveraineté et un enjeu de cohésion territoriale. Nous étions tous deux ce matin, avec mon collègue François Rebsamen, à l’assemblée générale des territoires d’industrie. Le dispositif Territoires d’industrie incarne la volonté de réindustrialisation dans les territoires, et il produit des résultats : entre 2008 et 2020, 150 territoires perdaient des emplois industriels…

    M. Jean-Philippe Tanguy

  • partager

    Ça continue avec vos copains !

    M. Marc Ferracci, ministre

  • partager

    …mais, depuis 2020, 110 d’entre eux en regagnent. Nous sommes donc convaincus qu’investir dans un travail coopératif, dans une logique qui soit ascendante,…

    M. Jean-Philippe Tanguy

  • partager

    Quel charabia !

    M. Marc Ferracci, ministre

  • partager

    …c’est-à-dire en partant des besoins du territoire, les territoires d’industrie étant constitués de binômes entre un élu et un industriel qui œuvrent avec le soutien des services de l’État, est une logique gagnante.

    M. Julien Guibert

  • partager

    On en voit les résultats !

    M. Marc Ferracci, ministre

  • partager

    Nous sommes également convaincus qu’il faut améliorer ce dispositif –⁠ comme il faut par ailleurs œuvrer également aux niveaux national et européen pour la réindustrialisation. Améliorer, je l’ai dit ce matin, signifie consolider notamment les soutiens apportés aux entreprises en matière d’ingénierie et miser sur l’innovation : parmi les axes à suivre, l’innovation dans les territoires,…

    M. Jean-Philippe Tanguy

  • partager

    Le vide !

    M. Marc Ferracci, ministre

  • partager

    …et pas seulement dans les métropoles, en est un extrêmement important. Améliorer signifie aussi simplifier un certain nombre de procédures en matière d’accès au foncier : nous y sommes prêts, nous avons fait des annonces à ce sujet et continuerons à travailler dans les prochaines semaines et dans les prochains mois avec les acteurs des territoires et avec Intercommunalités de France dont vous êtes le président. (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe DR.)

    Mouvement des chauffeurs de taxi

    Mme la présidente

  • partager

    La parole est à M. Hadrien Clouet.

    M. Hadrien Clouet

  • partager

    Y a-t-il encore un macroniste qui ne soit lobbyiste d’Uber dans ce pays ? J’en doute.

    Une députée du groupe LFI-NFP

  • partager

    Il y en a un nouveau là ! (Rires sur les bancs du groupe LFI-NFP.)

    M. Hadrien Clouet

  • partager

    J’en doute au vu du racket auquel vous soumettez les chauffeurs de taxi. Chauffeurs de taxi auxquels nous adressons, nous les Insoumis, tout notre soutien et toutes nos amitiés depuis cet hémicycle, au huitième jour de grève contre une convention pourrie dont nous exigeons la suspension et le retrait. Car cette convention leur vole 300 millions d’euros en baissant les tarifs pour transport de malades, une perte de 7 500 euros par chauffeur ! (« Eh oui ! » sur les bancs du groupe LFI-NFP.) Pourtant vous avez bien trouvé 300 millions pour les rendre à M. Bolloré, fin mars, en effaçant son ardoise pour fraude fiscale. (Mêmes mouvements.) C’est aussi ce que vous avez donné aux laboratoires pharmaceutiques dans le cadre du projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2025. Mais vous préférez essorer les taxis, essorer des travailleuses et des travailleurs à plus de soixante heures semaine, payés en dessous du Smic horaire et qui bossent parfois de l’aube au crépuscule, au péril de leur santé et au risque d’accidents de la route (Mêmes mouvements), avec en plus des frais d’assurance et des frais de carburant qui, par votre faute, explosent ! Pris à la gorge, des milliers d’entre elles et d’entre eux vont devoir arrêter leur activité ou empiler les patientes et les patients à l’arrière du véhicule ! Imaginez, collègues, un monde où tous vos voisins connaissent vos maladies par cœur… On avait un service public d’aide à la personne, vous en faites des livreurs de colis et préparez le terrain aux plateformes ubérisés. (Mêmes mouvements.)
    Que tout le monde comprenne bien : la Macronie ayant fermé hôpitaux et maternités de proximité, les gens malades ou les femmes enceintes n’ont d’autre choix que de parcourir de longues distances pour être pris en charge, donc de recourir à des taxis (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP et sur plusieurs bancs du groupe EcoS. –⁠ Mme Soumya Bourouaha et Mme Elsa Faucillon applaudissent également), que vous tentez de ruiner aujourd’hui. Vous inventez l’impôt sur les déserts médicaux.
    Comme toujours dans une lutte d’intérêt général, il y a une solution d’intérêt général : salariez enfin les conducteurs de VT (Nouveaux applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP et sur plusieurs bancs du groupe EcoS) : cela rapportera un milliard d’euros dans les caisses de la sécurité sociale et permettra de stabiliser le revenu des taxis voire de les augmenter, tout en rouvrant partout des centres de soins de proximité. Qu’attendez-vous ? (Les députés du groupe LFI-NFP et plusieurs députés du groupe EcoS se lèvent et applaudissent longuement.)

    Mme la présidente

  • partager

    La parole est à M. le ministre chargé de la santé et de l’accès aux soins.

    M. Yannick Neuder, ministre chargé de la santé et de l’accès aux soins

  • partager

    Je vous ai trouvé un brin excessif au sujet des transports. (Rires et exclamations sur les bancs du groupe LFI-NFP. –⁠ Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe DR.) Je vais pour ma part faire calmement l’état des choses parce que c’est un sujet extrêmement important.
    Dans ce que vous évoquiez, il y a tout d’abord la question des plateformes, c’est-à-dire de l’ubérisation des transports. Cette question est prise à bras-le-corps par le ministre des transports, par la ministre en charge de l’artisanat et par la ministre des comptes publics, qui y ont consacré plus de trois heures de réunion ce matin (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe DR) pour trouver des solutions.

    Mme Danielle Simonnet

  • partager

    Transposez la directive européenne sur les travailleurs des plateformes !

    M. Yannick Neuder, ministre

  • partager

    Il s’agit de mieux contrôler les plateformes et de mieux lutter contre les maraudes. Nous avons encore pu prendre conscience de l’ampleur de la situation samedi soir auprès du premier ministre, lors de la concertation avec l’ensemble des fédérations de transport. Il y aura une autre réunion à ce sujet la semaine prochaine –⁠ le ministre des transports y reviendra le moment venu.
    L’autre sujet important, c’est celui des transports sanitaires. Vous savez que je suis ministre de la santé mais aussi de l’accès aux soins, et tout le monde reconnaît le rôle fondamental des transports sanitaires dans l’accès aux soins, notamment à la dialyse, à la chimiothérapie et aux séances de radiothérapie, particulièrement dans les territoires ruraux qui sont dépourvus de transports en commun. Il y a lieu, là aussi, de discuter avec les chauffeurs de taxi afin de voir avec eux les freins existants et trouver ensemble des solutions. Nous le ferons ce soir avec Amélie de Montchalin, la ministre des comptes publics. Mais, monsieur Clouet, vous êtes trop raisonnable pour ignorer le fait que nous ne pouvons pas laisser filer de telles dépenses, soit plus de 6 milliards du budget de la sécurité sociale consacrés aux transports sanitaires, en augmentation de 45 % depuis 2019. (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe DR.)

    Violences sexuelles sur les enfants

    Mme la présidente

  • partager

    La parole est à M. Damien Girard.

    M. Damien Girard

  • partager

    Monsieur le ministre de la justice, j’ai assisté vendredi dernier, à la cour criminelle de Vannes, au réquisitoire dans le procès de Joël Le Scouarnec, accusé de viols et d’agressions sexuelles sur 299 personnes, dont une majorité d’enfants. Ce procès est un électrochoc, un révélateur glaçant de l’ampleur des violences sexuelles dans notre pays : un enfant sur dix est victime de violences sexuelles en France, je dis bien un sur dix. Cela signifie qu’un enfant est agressé toutes les trois minutes. Ces chiffres sont insoutenables, ils deviennent révoltants quand on apprend que dans cette affaire, malgré une condamnation et de nombreux signaux d’alerte, le prédateur a pu continuer à exercer. Qu’avez-vous prévu pour que de tels dysfonctionnements ne puissent jamais se reproduire ?
    Dans un tel contexte, les récits mensongers véhiculés par l’extrême droite et par une partie de la droite visent à faire croire que les violences sexuelles seraient principalement le fait d’étrangers dans l’espace public.

    Mme Émilie Bonnivard

  • partager

    N’importe quoi ! On n’a jamais dit ça, c’est un mensonge !

    M. Damien Girard

  • partager

    La vérité, dans l’immense majorité des cas, c’est que l’agresseur est un proche, un parent, une figure d’autorité familiale, éducative ou médicale. (« Eh oui ! » sur de nombreux bancs du groupe EcoS.) C’est ce système de domination que nous devons questionner pour mieux le dénoncer. C’est pourquoi la formation à la vie affective et sexuelle à l’école, régulièrement attaquée parmi ces mêmes forces réactionnaires, est un levier essentiel pour prévenir en éveillant et en libérant la parole des enfants, essentiel pour détecter des victimes et sauver des vies. (Mêmes mouvements.)
    J’ai rencontré ce même vendredi des victimes de Joël Le Scouarnec : elles m’ont dit leur solitude, l’absence d’accompagnement psychologique et le silence du ministère malgré leurs sollicitations. Cela n’est pas acceptable. Elles demandent aujourd’hui la création d’une commission interministérielle sur les violences sexuelles pour que la justice soit rendue, que la vérité soit dite et que des mesures concrètes soient appliquées.
    La République doit protéger ses enfants, soutenir les victimes et faire –⁠ enfin ! – sauter le verrou de l’omerta. Allez vous agir ? (Les députés du groupe EcoS se lèvent et applaudissent longuement. –⁠  Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe GDR.)

    Mme Émilie Bonnivard

  • partager

    Il faut voter l’imprescriptibilité !

    Mme la présidente

  • partager

    La parole est à M. le ministre d’État, garde des sceaux, ministre de la justice.

    M. Gérald Darmanin, ministre d’État, garde des sceaux, ministre de la justice

  • partager

    Les victimes, extrêmement nombreuses, des violences qu’elles ont subies en tant qu’enfants ne justifient aucune polémique. Votre question permet à chacune et à chacun de réfléchir sur ce qui ne va pas et à comment le changer radicalement. C’est pour cela que depuis mon arrivée à la Chancellerie, j’ai apporté mon soutien, sous l’autorité de M. le premier ministre, à la fin d’une forme de prescriptibilité qui touche les enfants grâce à l’introduction de la prescriptibilité glissante. Je regrette d’ailleurs que l’ensemble de l’Assemblée n’ait pas adopté cette disposition. (« Eh oui ! » sur plusieurs bancs du groupe DR.)

    Mme Émilie Bonnivard

  • partager

    La gauche !

    M. Gérald Darmanin, ministre d’État

  • partager

    Je tiens à rappeler également que nous avons fait une proposition consistant à passer la prescription à trente ans en cas de viols sériels. C’est tout à fait le cas dans l’affaire Pelicot et dans l’affaire Le Scouarnec. Mais là aussi, une partie de l’hémicycle ne l’a malheureusement pas adoptée.
    J’espère que le Sénat pourra rétablir les dispositions défendues par le gouvernement, notamment par Aurore Bergé, et conformes aux attentes des victimes. Elles visent à résoudre la difficulté de la reconnaissance des viols sériels, qui sont souvent le fait de personnes avec qui les victimes ont beaucoup de contacts, comme les membres de la famille ou le personnel éducatif, ou de professionnels travaillant avec des enfants.
    Nous avons par ailleurs systématisé l’inscription des délinquants sexuels au fichier judiciaire automatisé des auteurs d’infractions sexuelles ou violentes, où le nom de M. Le Scouarnec ne figurait pas dans un tout premier temps. Enfin, le ministre de la santé, que je remercie de compléter l’action du ministère de la justice, va recevoir l’intégralité des victimes de ce dossier et voir avec le Conseil national de l’Ordre des médecins s’il est possible d’interdire d’exercice toute personne figurant dans ce fichier dès sa mise en examen, c’est-à-dire dès qu’existent des indices graves et concordants et sans attendre une condamnation. Il s’agit évidemment de tenter d’éviter une réitération des faits dans un cadre professionnel. Le procès Le Scouarnec et d’autres affaires montrent l’immensité du travail que tous les ministères, dont celui de la justice, ont à effectuer auprès des victimes, au premier rang desquelles les enfants. (Applaudissements sur quelques bancs des groupes EPR et DR.)

    Dégradation d’infrastructures électriques

    Mme la présidente

  • partager

    La parole est à M. Éric Ciotti.

    M. Éric Ciotti

  • partager

    Au cours du dernier week-end, des infrastructures électriques stratégiques des Alpes-Maritimes et du Var ont fait l’objet d’actes de sabotage. Un pylône supportant une ligne à haute tension a été scié à sa base et deux transformateurs ont été incendiés. Ces actions, qui auraient pu coûter des vies, ont frappé des institutions, arrêté les transports ferroviaires ainsi que les réseaux de télécommunication pendant plusieurs heures et mis en péril des personnes sous assistance respiratoire. Ces faits graves sont des actes de terrorisme. À la différence de certains, j’ose le mot : nous sommes face à une nouvelle forme de terrorisme qui veut déstabiliser les institutions de la République.
    Ces actions ont été revendiquées par un groupuscule d’extrême gauche ou d’ultragauche.

    M. Fabrice Brun

  • partager

    Comme par hasard !

    M. Éric Ciotti

  • partager

    Cela fait une fois de plus, après les exactions que nous avons connues à Sivens, lors des manifestations contre l’A69 ou à Notre-Dame-des-Landes.

    M. Vincent Descoeur

  • partager

    Eh oui !

    M. Éric Ciotti

  • partager

    Monsieur le premier ministre, quelles réponses entendez-vous apporter à ces nouvelles formes de violence ? Quelles mesures entendez-vous adopter pour combattre ces groupuscules d’extrême gauche…

    Mme Sophia Chikirou

  • partager

    Et ceux d’extrême droite ?

    M. Éric Ciotti

  • partager

    …et pour mieux armer la République face à ces nouvelles menaces extrêmement préoccupantes ? (Applaudissements sur les bancs des groupes UDR et RN.)

    Mme la présidente

  • partager

    La parole est à M. le premier ministre, chargé de la planification écologique et énergétique.

    M. François Bayrou, premier ministre, chargé de la planification écologique et énergétique

  • partager

    Les faits que vous rapportez sont exacts et très graves. Une attaque contre notre réseau électrique a été conduite dans les Alpes-Maritimes. J’en ai suivi l’évolution heure par heure avec Philippe Tabarot, le ministre des transports. Elle a touché le Festival de Cannes et a causé des troubles qui auraient pu être graves si l’on pense à la circulation dans les tunnels ou à l’organisation des secours d’urgence. Vous l’avez dit, un pylône de haute tension a été scié à la base et deux postes électriques ont été incendiés. Les revendications sont également celles que vous avez indiquées. Comme vous, je considère que de tels événements constituent une mise en cause extrêmement grave de l’ordre public et visent à impressionner, voire à terrifier,…

    M. Alexandre Dufosset

  • partager

    À terroriser !

    M. François Bayrou, premier ministre

  • partager

    …alors que, dans deux semaines, le président de la République organise dans la région un sommet mondial sur l’avenir des océans.

    M. Pierre Cordier

  • partager

    Le souligner est le meilleur moyen de mobiliser les auteurs de tels faits…

    M. François Bayrou, premier ministre, chargé de la planification écologique et énergétique

  • partager

    Nous allons étendre la surveillance à tous les lieux critiques, en sachant que la situation est risquée en raison de la connaissance que ces groupuscules semblent avoir de l’organisation du réseau électrique. Il s’agit d’un travail de surveillance et de sécurisation. Je ne doute pas qu’avec l’ensemble des services de sécurité le préfet soit mobilisé sur le sujet. Il faut toutefois rappeler que le risque zéro n’existe pas. Je ne veux pas prétendre devant vous que le risque serait annihilé. Il est présent, et c’est notre devoir de le prévenir.

    M. Fabrice Brun

  • partager

    Et de combattre ces terroristes !

    Taxis sanitaires

    Mme la présidente

  • partager

    La parole est à M. Hervé Saulignac.

    M. Hervé Saulignac

  • partager

    Monsieur le premier ministre, un peu à la surprise générale, vous vous êtes saisi du conflit qui oppose les taxis à l’assurance maladie et avez déclaré que vous étiez prêt à retravailler la convention qui les lie.

    M. Fabrice Brun

  • partager

    Taxi rural, taxi vital !

    M. Hervé Saulignac

  • partager

    Cette annonce est vue comme une ouverture qu’il ne faut pas décevoir. Il ne faut pas décevoir les chauffeurs ni, surtout, les 6 millions de Français qui ont recours à leurs services chaque année.

    M. Fabrice Brun

  • partager

    Ni les 100 000 Ardéchois !

    M. Hervé Saulignac

  • partager

    Plus d’un tiers d’entre eux ont besoin de soins pour un cancer ou pour une insuffisance rénale. Leurs conditions de transport ne sont pas secondaires, elles sont vitales. (Applaudissements sur les bancs du groupe SOC.) Alors, laissez-nous les taxis ! Parce que, chez moi, en Ardèche, il faut aller dans la Drôme pour accoucher puisque vous avez fermé la maternité, l’IRM est toujours à 70 kilomètres de la maison et les médecins spécialistes sont partis à la retraite sans être remplacés. Transporter un malade pour une chimiothérapie à Lyon représente plus de 300 kilomètres aller-retour et quatre heures de trajet. Ajoutez-y quatre heures d’attente et on arrive à une journée de travail entière pour un seul malade.

    M. Peio Dufau

  • partager

    Il a raison !

    M. Hervé Saulignac

  • partager

    Puisque vous avez décidé qu’il fallait aller très loin pour se soigner, laissez-nous au moins les taxis pour le faire ! (Applaudissements sur les bancs des groupes SOC et EcoS.) C’est vrai en Ardèche comme dans le Béarn et comme dans toutes les régions. Votre idée de forfait unique de prise en charge n’a aucun sens en zone rurale. Elle nivellera l’offre par le bas et conduira à des dépôts de bilan et à des déserts en matière de transports. (Applaudissements sur les bancs du groupe SOC. –⁠ Mme Delphine Batho applaudit également.) D’ailleurs, si les véhicules sanitaires légers ont disparu de certains territoires, c’est en raison des niveaux de tarification trop bas qui leur ont été imposés. Les mêmes causes auront les mêmes effets sur les taxis sanitaires.
    Au lieu de vouloir regrouper les malades à l’arrière des voitures, de vouloir des tarifs homogènes mais injustes, travaillez plutôt avec la profession, qui est disposée à rechercher des pistes d’économie, et, surtout, prenez des engagements dans la durée ! Refusez par exemple que l’assurance maladie puisse baisser les tarifs à tout moment de manière unilatérale ! (Applaudissements sur quelques bancs du groupe SOC.) Des économies, oui, mais pas sur le dos des malades, pas au détriment des territoires qui se sentent déjà punis. Laissez-nous les taxis sanitaires ! (Applaudissements sur les bancs des groupes SOC et EcoS. –⁠ M. Emmanuel Tjibaou et Mme Christelle Petex applaudissent également.)

    Mme la présidente

  • partager

    La parole est à M. le ministre chargé de la santé et de l’accès aux soins.

    M. Yannick Neuder, ministre chargé de la santé et de l’accès aux soins

  • partager

    J’étais avec vous en Ardèche il y a quelques semaines, pour constater la double difficulté que représentent la présence d’un désert médical et l’absence de transports en commun –⁠ de trains, notamment, dans ce département. Après une première réunion de cadrage, qui a mobilisé pendant trois heures samedi le premier ministre, la ministre des comptes publics et le ministre des transports, nous reprendrons le travail sur le sujet dès 18 heures.
    Signant des bons de transport depuis vingt-cinq ans, je connais bien l’importance des transports dans l’accès aux soins, notamment, à certains plateaux techniques. Par ailleurs, pendant la même durée, j’ai été maire ou élu local et la circonscription rurale où je suis élu rencontre les difficultés que vous avez décrites. Ma méthode est de rencontrer toutes les fédérations professionnelles pour trouver avec elles les solutions, sans occulter les nombreuses fraudes qui existent dans le secteur. Je compte sur l’ensemble de la profession pour avancer avec elle de manière responsable.

    Transports sanitaires

    Mme la présidente

  • partager

    La parole est à M. David Amiel.

    M. David Amiel

  • partager

    Si rien n’est fait, en 2026, le déficit de l’assurance maladie aura doublé par rapport à 2023 et atteindra 22 milliards d’euros. Ces chiffres ne sont pas les miens mais ceux de la Cour des comptes, publiés lundi. Ils appelleront bien sûr une réforme à la fois d’urgence et d’ampleur de notre système de santé et nous obligent à ne pas détricoter ce qui a été lancé. Or il est difficile de trouver des économies aussi documentées, justifiées et concertées que celles résultant de la réforme des transports sanitaires. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe EPR. –⁠ M. Romain Daubié applaudit également.)

    M. Fabrice Brun

  • partager

    Surtout dans le 15e arrondissement !

    M. David Amiel

  • partager

    Il y a urgence à agir. Les dépenses de taxis sanitaires dépassent les 3 milliards d’euros et ont augmenté de plus de 7 % par rapport à 2023. Cette dérive financière peut être jugulée sans nuire en rien à l’accès aux soins. Ni les facturations des transports à vide, ni les disparités territoriales invraisemblables, ni les fraudes importantes ne peuvent être comprises par nos concitoyens. Nous ne pouvons pas demander des efforts à l’ensemble des Français si nous ne sommes pas capables de répondre à des dysfonctionnements aussi évidents.
    Certes il n’y a pas d’économie facile et certes le dialogue doit toujours être maintenu, comme il l’a été depuis plus d’un an par l’assurance maladie. Mais nous ne serons jamais de ceux qui appellent à des économies dans les discours et reculent quand il s’agit de passer aux actes. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe EPR.)

    Mme Stéphanie Rist

  • partager

    Exactement !

    M. David Amiel

  • partager

    Le premier ministre a tenu bon ce matin à propos de l’entrée en vigueur de la nouvelle convention le 1er octobre. Aussi, monsieur le ministre, pouvez-vous nous confirmer qu’aucune piste qui conduirait à ne pas tenir à l’euro près les économies prévues ne sera discutée ? Pouvez-vous nous dire quelle méthode le gouvernement entend suivre sur les autres chantiers relatifs à l’avenir et à la défense de l’assurance maladie ? (Applaudissements sur les bancs du groupe EPR. –⁠ M. Nicolas Turquois applaudit également.)

    Mme la présidente

  • partager

    La parole est à M. le ministre chargé de la santé et de l’accès aux soins.

    M. Yannick Neuder, ministre chargé de la santé et de l’accès aux soins

  • partager

    Votre question permet de rappeler les montants en jeu quand on parle des transports sanitaires, notamment en taxi : respectivement plus de 6,3 milliards et plus de 3 milliards d’euros. Cependant, il ne faut pas oublier les patients, qui entendent ces chiffres mais connaissent de réelles difficultés pour être transportés jusqu’au lieu de leurs soins. Le premier ministre a rappelé le cap, qui est celui de l’application au 1er octobre d’une nouvelle convention. La méthode est donc assez simple : nous allons réunir tout à l’heure l’ensemble des fédérations professionnelles concernées. Catherine Vautrin et moi-même avons été attentifs au rapport de la Cour des comptes et travaillons déjà sur le PLFSS pour 2026.
    Nous allons devoir trouver une solution qui permette de simplifier tout en tenant compte des différences territoriales. Cela sera un des sujets de la concertation, mais je pense qu’il est temps de délocaliser au niveau départemental, autour des préfectures et, surtout, des caisses primaires d’assurance maladie, les simulations qui vont être faites pour chaque taxi. Des choses vont être simplifiées, homogénéisées et rendues plus transparentes. Cela va permettre à chaque taxi de se projeter en fonction des nouveaux critères qui, conformément à la volonté du premier ministre, seront appliqués le 1er octobre.

    Investissements étrangers en France

    Mme la présidente

  • partager

    La parole est à M. Hervé de Lépinau.

    M. Hervé de Lépinau

  • partager

    En marge du sommet Choose France et sous les ors du Roi-Soleil, le président de la République a annoncé en grande pompe 40 milliards d’euros d’investissements étrangers en France, sans trop s’avancer sur le contenu de ces engagements. Dans le même temps, notre collègue François Jolivet, du groupe Horizons, et moi-même rendions un rapport bien plus modeste, mais lucide,…

    Mme Olivia Grégoire

  • partager

    Est-ce modeste de dire cela ?

    M. Hervé de Lépinau

  • partager

    …sur le contrôle des IEF. En effet, derrière les effets d’annonce se cache une réalité bien plus sombre se traduisant par une faiblesse structurelle du financement des entreprises françaises qui attire les prédateurs américains, indiens ou chinois. Après le passage sous pavillon étranger de Technip, Alstom ou Arcelor, la France s’est progressivement dotée, notamment grâce au décret Montebourg, d’un arsenal juridique destiné à prévenir autant que faire se peut cette prédation.
    Pourtant, l’équarrissage de notre tissu industriel continue, avec les entreprises LMB Aerospace, Photonis, Segault ou Atos, toutes victimes de l’absence d’un fonds de financement souverain destiné à protéger les actifs stratégiques du pays en soutenant leur trésorerie. Bien que renforcé ces dernières années, le mécanisme de contrôle des investissements étrangers en France n’est pas suffisant, en raison de la faiblesse des moyens humains qui y sont consacrés, de fréquents contournements via des prises de participation en bas de bilan ou de lettres d’engagement non respectées.
    Quant au contrôle parlementaire symbolique prévu par la loi Pacte, il est tout simplement inopérant. Ce manque de contrôle constitue un frein à la réindustrialisation de la France, comme l’a souligné la commission d’enquête dont mon excellent collègue Alexandre Loubet est le rapporteur. Elle exige une politique économique robuste et résiliente.
    Monsieur le Premier ministre, pouvez-vous nous préciser la nature exacte des 40 milliards d’euros d’IEF récemment annoncés ? Le gouvernement est-il prêt à soutenir une proposition de loi transpartisane visant à instaurer enfin un véritable contrôle parlementaire de ces investissements grâce à la création d’une délégation parlementaire à la sécurité économique ? (Applaudissements sur les bancs du groupe RN et sur quelques bancs du groupe UDR.)

    Mme la présidente

  • partager

    La parole est à M. le ministre chargé de l’industrie et de l’énergie.

    M. Marc Ferracci, ministre chargé de l’industrie et de l’énergie

  • partager

    Le mécanisme de contrôle des investissements étrangers en France est, vous l’avez dit, un élément essentiel au maintien de notre souveraineté industrielle. Ce mécanisme a connu depuis 2014 une profonde rénovation, avec une extension de son champ d’application, un approfondissement du pouvoir de sanction et une augmentation des moyens et des effectifs destinés à faire appliquer le contrôle. Cette rénovation se traduit par la montée en puissance des opérations faisant l’objet d’un contrôle IEF : de 100 par an en 2014, on est passé à 400 en 2024. Dans 44 % des cas, soit une proportion significative, ces opérations donnent lieu à des restrictions ou à des conditions, lesquelles peuvent porter sur la continuité des opérations stratégiques, sur le maintien de l’emploi et des savoir-faire dans les territoires ou encore sur la protection des données sensibles. Ces chiffres en témoignent : nous sommes extrêmement vigilants à ce que notre souveraineté industrielle ne soit pas remise en question par des investissements ou des prises de participation étrangères.
    Cependant, nous devons également veiller au maintien de l’attractivité de la France. Les 40 milliards d’euros d’investissements réalisés dans le cadre de Choose France auxquels vous faites référence ne relèvent pas des IEF, ce sont des investissements directs étrangers. Nous avons besoin de maintenir cette attractivité, qui est génératrice d’emplois dans nos territoires ; Choose France, ce sont 180 000 emplois créés depuis le début.
    Nous avons besoin de trouver un équilibre entre maintien de la souveraineté et maintien de l’attractivité. Pour cela, nous devons appliquer la procédure IEF de manière proportionnée et réduire les délais d’instruction réglementaires afin de ne pas entraver les opérations.
    La ligne du gouvernement est donc claire : il s’agit de conserver ces deux jambes que sont la souveraineté et l’attractivité. (« Zéro réponse ! » sur les bancs du groupe RN.)

    Mme la présidente

  • partager

    La parole est à M. Hervé de Lépinau.

    M. Hervé de Lépinau

  • partager

    Je n’ai pas eu de réponse !

    Filière de la pêche côtière artisanale

    Mme la présidente

  • partager

    La parole est à M. Jean-Michel Brard.

    M. Jean-Michel Brard

  • partager

    Madame la ministre de la transition écologique, je vous adresse cette question en votre qualité de ministre de la mer et de la pêche.
    En cette année dédiée à la mer, se tiendra, à Nice, au début du mois de juin, la troisième conférence des Nations unies sur l’océan. Elle sera l’occasion de mettre sous les projecteurs la filière de la pêche côtière artisanale française.
    Cette activité est un pilier pour les territoires littoraux. Elle contribue à notre souveraineté alimentaire et représente un savoir-faire précieux. Pourtant, les acteurs de la filière sont inquiets. Ils sont confrontés à de multiples difficultés. Ils appréhendent la perspective d’une interdiction totale du chalutage dans les aires marines protégées, les zones de protection forte et la bande côtière des 3 milles nautiques. Ces mesures, décidées sans concertation, créeraient une distorsion de concurrence au profit des produits importés. C’est tout simplement inacceptable : les normes sociales et environnementales des produits importés sont bien moindres que celles qui pèsent sur les produits issus de la pêche côtière française.
    Il n’est pas question de mettre en cause les impératifs de protection de la biodiversité et des ressources halieutiques. Au contraire, il convient d’appliquer une protection efficace. Cela doit se faire avec ceux qui vivent de la mer.
    Dans quelques jours, tous les regards seront tournés vers la France. Pouvez-vous rassurer nos pêcheurs côtiers et leurs familles, nos mareyeurs et nos criées ? Pouvez-vous prendre l’engagement de trouver un équilibre entre la protection des ressources et la viabilité économique de la filière, ainsi que de prendre en considération le travail de concertation mené avec les acteurs concernés sur terre comme en mer ?
    Des mesures arbitraires, déconnectées des réalités du terrain, n’auraient d’autre conséquence que l’effacement d’une filière tout entière, une filière qui participe à notre souveraineté alimentaire durable ainsi qu’au dynamisme de nos territoires, du fait de ses nombreux emplois non délocalisables. (Applaudissements sur les bancs du groupe HOR.)

    Mme la présidente

  • partager

    La parole est à Mme la ministre de la transition écologique, de la biodiversité, de la forêt, de la mer et de la pêche.

    Mme Agnès Pannier-Runacher, ministre de la transition écologique, de la biodiversité, de la forêt, de la mer et de la pêche

  • partager

    Merci de me donner l’occasion, deux semaines avant le début de la troisième conférence des Nations unies sur l’océan, à Nice, d’exprimer mon soutien aux pêcheurs. Je travaille quotidiennement avec eux et, oui, j’entends leurs craintes ; je peux vous assurer qu’aucune décision ne sera prise sans concertation –⁠ je tiens à les rassurer. En tant que ministre chargée de la pêche et de la biodiversité, mon ambition est claire : défendre une pêche durable, défendre le travail de nos pêcheurs, défendre notre souveraineté alimentaire.
    C’est ce que je fais d’arrache-pied depuis plusieurs mois. Je l’ai fait à l’échelon européen, en obtenant que nos pêcheurs aient un accès acquis aux eaux britanniques dans les conditions actuelles jusqu’en 2038. Ce droit était menacé, il a été sécurisé : c’est autant de stabilité et de visibilité pour nos pêcheurs.
    Je l’ai fait à la suite de la fermeture de la pêche dans le golfe de Gascogne, en obtenant de la Commission européenne que soit sécurisé un soutien aux pêcheurs, cette enveloppe de 20 millions d’euros étant déployée avec deux mois d’avance par rapport au programme, et en m’efforçant de convaincre la Commission que nous devions réautoriser la pêche en combinant protection des cétacés et défense de l’activité qui fait vivre les professionnels.
    La Conférence des Nations unies sera l’occasion de faire entendre une voix forte contre la pêche illégale –⁠ une pêche massive, structurée, parfois soutenue par des États qui détournent les yeux. Elle fait beaucoup de mal à nos pêcheurs –⁠ je pense notamment aux pêcheurs guyanais. La pêche illégale représente dix fois la totalité de la pêche française. Là est le véritable ennemi.
    Enfin, s’agissant des aires marines protégées, nous tiendrons les engagements qu’avait pris le président de la République…

    M. Pierre Cordier

  • partager

    Oh, les engagements d’Emmanuel Macron…

    Mme Agnès Pannier-Runacher, ministre

  • partager

    …en matière de renforcement de la biodiversité. C’est bon pour la ressource halieutique ainsi que pour les pêcheurs. Nous le faisons en concertation avec les scientifiques, les pêcheurs et les associations environnementales. Ils savent qu’ils peuvent compter sur moi.

    Mme la présidente

  • partager

    La parole est à M. Jean-Michel Brard.

    M. Jean-Michel Brard

  • partager

    Je confirme que les familles des marins-pêcheurs comptent sur vous, et sur nous tous, pour défendre la consommation du poisson français. (Applaudissements sur les bancs du groupe HOR.)

    Mme la présidente

  • partager

    Nous avons terminé les questions au gouvernement.

    Suspension et reprise de la séance

    Mme la présidente

  • partager

    La séance est suspendue.

    (La séance, suspendue à seize heures vingt, est reprise à seize heures quarante.)

    Mme la présidente

  • partager

    La séance est reprise.

    3. Accompagnement et soins palliatifs
    -
    Droit à l’aide à mourir

    Votes solennels

    Mme la présidente

  • partager

    L’ordre du jour appelle les explications de vote communes et les votes par scrutin public sur la proposition de loi visant à garantir l’égal accès de tous à l’accompagnement et aux soins palliatifs (nos 1102, 1281) et sur la proposition de loi relative au droit à l’aide à mourir (nos 1100, 1364).
    Je rappelle que la conférence des présidents a décidé que ces deux votes seraient précédés d’explications de vote communes.
    Je tiens à saluer la qualité des échanges qui ont eu lieu dans cet hémicycle quinze jours durant. Près de 100 heures de débat ont été consacrées à l’examen de ces deux textes, près de 2 500 amendements ont été examinés. Comme en commission, le débat a été exigeant, digne et respectueux des convictions de chacun. Les Français l’ont vu, et ils nous le disent.
    J’adresse mes remerciements à tous les groupes politiques pour le bon déroulement de nos travaux, aux vice-présidents qui se sont succédé au perchoir, au président de la commission des affaires sociales, à l’équipe des rapporteurs et du rapporteur général, et bien sûr à vous, madame la ministre Catherine Vautrin. L’Assemblée nationale s’est élevée à la hauteur des enjeux ; elle s’est honorée. Nous le devions aux Français. (Applaudissements sur divers bancs.)

    Explications de vote communes

    Mme la présidente

  • partager

    La parole est à M. Philippe Vigier.

    M. Philippe Vigier (Dem)

  • partager

    C’est avec humilité que je m’exprime sur ces textes au nom du groupe Démocrate, à la demande de son président, Marc Fesneau. Je tiens d’emblée à le dire : tous mes collègues voteront en faveur de la proposition de loi qui permettra de pourvoir tout le territoire français en soins palliatifs et d’accompagnement, madame la ministre ; une grande majorité d’entre eux votera pour la proposition de loi relative au droit à l’aide à mourir, quelques-uns voteront contre, d’autres ont choisi de s’abstenir. Tous sont respectables dans leur choix et je porterai leur parole. (Applaudissements sur les bancs du groupe Dem et sur plusieurs bancs du groupe EPR. –⁠ Mme Justine Gruet applaudit également.)
    Comme l’a rappelé Mme la présidente, dont je salue l’implication, après ces quatre semaines de discussions –⁠ deux en commission, deux en séance publique –, nous sommes fiers d’être parlementaires. Le débat a été apaisé, argument contre argument. Je remercie le rapporteur général, qui, avec humilité, enthousiasme et pondération, a su élever le débat au niveau qu’il méritait. Je remercie le président de la commission des affaires sociales, dont je n’oublie pas les interventions à plusieurs moments. Je vous remercie aussi, madame la ministre. Nous avons en partage d’avoir cheminé, d’avoir évolué. La concision de vos réponses et votre volonté constante de préciser le texte grâce aux amendements du gouvernement ont contribué à la qualité de nos débats.
    Sur nombre de sujets sociétaux, l’autorisation de l’interruption volontaire de grossesse (IVG), l’abolition de la peine de mort, l’autorisation de la procréation médicalement assistée (PMA), le mariage pour tous, les échanges dans cet hémicycles furent houleux. Ils n’étaient pas davantage apaisés lors de l’examen de la loi Claeys-Leonetti –⁠ j’ai lu les comptes rendus des débats de l’époque. Nous avions un devoir, être collectivement à la hauteur. Nous avons été à la hauteur pour les malades, qui nous écoutent, nous regardent et dont certains, dans l’impasse, attendaient ce nouveau droit. Nous avons été à la hauteur pour les soignants, cette communauté généreuse, professionnelle, que nous avons applaudie pendant l’épidémie de covid, en particulier pour ceux qui, comme l’a dit Blandine Brocard, accompagnent les patients « jusqu’au bout de [leur] vie ».
    Plusieurs textes ont ponctué notre cheminement sur ces questions : la proposition de loi relative au droit de vivre sa mort du sénateur Caillavet, la loi Kouchner, relative aux droits des malades, la loi Leonetti, dont l’adoption, il y a vingt ans déjà, mit un terme à « l’obstination déraisonnable n’ayant d’autre effet que le seul maintien artificiel de la vie ». Le législateur avait déjà envisagé la situation des personnes « en phase avancée ou terminale d’une affection grave et incurable » dont on ne peut soulager les souffrances qu’en leur appliquant « un traitement qui peut avoir pour effet secondaire d’abréger [la] vie » –⁠ autrement dit, de hâter la mort.
    En 2016, une nouvelle étape a été franchie avec la loi Claeys-Leonetti, votée à l’Assemblée avant d’être totalement démantelée au Sénat ; il a fallu trouver un équilibre lorsqu’elle est revenue dans l’hémicycle. Un droit nouveau a alors été créé, « le droit du malade de dire : lorsque je souffre trop […], je demande, si je le souhaite, qu’on arrête et qu’on m’endorme pour que la mort survienne dans mon sommeil » –⁠ je cite Jean Leonetti.
    Le fait que certains d’entre nous aient voté contre la loi Claeys-Leonetti ne les a pas empêchés de se faire les ambassadeurs du droit à l’aide à mourir ces derniers jours. C’est bien la preuve que chacun peut évoluer au cours de sa vie ! (Mme Sandrine Rousseau applaudit.)
    S’agissant de l’accompagnement et des soins palliatifs, vous serez, madame la ministre, celle qui aura permis, grâce à la stratégie décennale, de remédier à ce que nous avons tous dénoncé : vingt et un départements sont dépourvus d’unités de soins palliatifs ; 50 % des Français ne peuvent accéder à ces services. Mais permettez-moi de réitérer encore une fois une demande : la médecine palliative doit devenir une discipline universitaire reconnue, sans quoi la filière peinera à attirer les médecins. (Applaudissements sur les bancs du groupe Dem. –⁠ M. Karl Olive applaudit également.) Osons avoir cette ambition et défendons-la ! De même, faisons valoir la nécessité de sensibiliser l’ensemble des soignants en introduisant une formation aux soins palliatifs et à la fin de vie non seulement dans les études de médecine, mais aussi dans les cursus d’infirmiers et d’aides-soignants.
    Quant à la proposition de loi relative au droit à l’aide à mourir, son histoire a commencé ici même, il y a quatre ans, avec l’examen en première lecture de la proposition de loi donnant le droit à une fin de vie libre et choisie, examen qui s’est interrompu le premier jour après l’adoption de l’article 1er. Son parcours s’est poursuivi avec le projet de loi relatif à l’accompagnement des malades et de la fin de vie, adopté par la commission spéciale, dont l’examen a malheureusement pris fin avec la dissolution.
    L’année 2025 marque donc une renaissance : 240 députés, issus de tous les bancs, ont signé la proposition de loi relative à la fin de vie, nourrie du formidable travail de la Convention citoyenne sur la fin de vie. Regardez encore une fois ce qu’ont accompli ces citoyens : c’est un exemple dont il faut s’inspirer ! (Applaudissements sur les bancs du groupe Dem. –⁠ M. Roland Lescure applaudit également.) On a tendance à l’oublier et il n’est pas souvent cité, mais je voulais aussi mentionner le Comité consultatif national d’éthique (CCNE) qui nous a dit deux choses : débrouillez-vous pour qu’il y ait des soins palliatifs pour tous ; faites en sorte d’ouvrir une voie éthique pour l’application de l’aide à mourir. Nous sommes au rendez-vous !
    Alors, que permettra cette nouvelle loi ? Elle donnera d’abord à des hommes et à des femmes le droit de bénéficier d’une aide à mourir. Il s’agit d’un droit en plus, pas d’un droit en moins ! Les patients atteints de la maladie de Charcot ne sont pas les seuls concernés, je pense notamment à ceux qui souffrent de cancers à tumeurs multiples, pour lesquels l’impasse thérapeutique est totale. Ce texte est équilibré, solide, il définit cinq critères cumulatifs et s’appuie sur un mot : le discernement. Quiconque a perdu son discernement ne pourra pas accéder à l’aide à mourir, a contrario des dispositions de la loi Claeys-Léonetti –⁠ je vous renvoie aux propos de Jean Leonetti qui expliquait qu’un patient ayant perdu son discernement pourrait bénéficier, au travers des soins palliatifs, de la sédation profonde et continue jusqu’à la mort.
    Le texte prévoit désormais que le patient réitère sa demande d’accéder à l’aide à mourir, tandis que la collégialité de la procédure a été renforcée par l’adoption de plusieurs amendements. Je le dis donc avec force : non, les résidents des Ehpad, s’ils ne remplissent pas les cinq conditions, ne pourront pas accéder à l’aide à mourir ; non, les enfants ne sont pas concernés, pas plus que les handicapés –⁠ je le dis à Perrine Goulet ; non, les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer ou d’une affection psychiatrique, dès lors qu’elles ont perdu leur discernement, ne seront pas éligibles !
    J’ajoute que les professionnels de santé sont protégés. Geneviève Darrieussecq a beaucoup insisté sur cette question, en particulier sur la clause de conscience. Tous les soignants peuvent la faire jouer. Je sais, chers collègues, que certains parmi vous souhaiteraient insister davantage sur le volontariat. Nous en reparlerons lors de la navette et je suis persuadé que nous trouverons ensemble une voie de passage.
    Quant aux directives anticipées, elles n’ont pas été intégrées au texte. C’est ce qui lui a permis de garder son équilibre et j’en remercie encore Olivier Falorni ! Nous voulions éviter que l’aide à mourir puisse faire partie d’un projet de vie ; elle ne pourra donc pas être demandée dans des directives anticipées.
    « On a bougé sur rien », ai-je entendu. Ce n’est pas vrai ! Nous avons bougé sur la collégialité, sur les soins palliatifs –⁠ qui continueront d’être proposés jusqu’au bout – ou encore sur la définition des notions de « pronostic vital engagé à moyen terme » et d’« affection en phase avancée ou terminale », pour lesquelles nous avons repris les mots de la Haute Autorité de santé (HAS).
    Quant à l’évaluation, voilà enfin un acte médical –⁠ je le dis aux collègues médecins – qui y sera vraiment soumis ! Certes, cette évaluation interviendra a posteriori, mais y a-t-il des actes médicaux qui soient évalués a priori  ? Non ! De plus, une évaluation a posteriori permettra de corriger toute dérive éventuelle. Par ailleurs, le délit d’entrave à l’aide à mourir a été calqué sur le délit d’entrave à l’IVG.
    Je tiens à m’adresser à ceux d’entre vous qui sont opposés à ce texte. Je respecte votre pensée et je sais que cette loi, pour vous, ne sera ni une loi d’humanité ni une loi de fraternité. Chacun son chemin ; chacun jugera en son âme et conscience.
    Dans notre groupe, la liberté de vote prévaut. Nous avons essayé de légiférer sérieusement, en ayant une pensée affectueuse pour celles et ceux qui nous regardent, afin d’ouvrir un nouveau chemin dans lequel le respect est présent à tout instant. C’est avec une immense humilité que nous l’avons fait et nous serons toujours prêts, si jamais des dérives se faisaient jour, à les corriger. Connaissez-vous beaucoup d’actes médicaux pour lesquels, lorsqu’une dérive est survenue dans une procédure, il soit possible de saisir le procureur de la République ou les ordres ?
    C’est à une grande majorité que les députés du groupe Les Démocrates soutiendront ce nouveau droit. Merci à ceux qui en ont été les artisans –⁠ ils ont fait preuve de détermination, d’équilibre et de solidité – et à Olivier Falorni. Chacun se déterminera en conscience ; quel que soit le résultat du vote, nous aurons donné une belle image de l’Assemblée, et apporté une vraie réponse à nos malades. (Applaudissements sur les bancs du groupe Dem et sur quelques bancs des groupes EPR, LFI-NFP, SOC, EcoS, LIOT et GDR.)

    Mme la présidente

  • partager

    La parole est à Mme Agnès Firmin Le Bodo.

    Mme Agnès Firmin Le Bodo (HOR)

  • partager

    Rarement, dans l’histoire récente de cette assemblée, un sujet aussi grave aura été traité avec autant de respect et d’écoute, durant plus de quatre-vingts heures en commission des affaires sociales et plus de quatre-vingt-dix heures en séance publique. Ce fut un débat habité, non seulement par des opinions ou des convictions mais par la vie même –⁠ sa beauté, sa finitude et ce que nous devons à celles et ceux qui s’apprêtent à la quitter.
    C’est donc avec des sentiments mêlés, entre humilité, responsabilité, sincérité et émotion, que je m’exprime devant vous, profondément reconnaissante envers le président de la République, qui a lancé les travaux de la Convention citoyenne en septembre 2022, après l’avis no 139 du Comité consultatif national d’éthique. Je veux rendre hommage aux 184 conventionnels –⁠ beaucoup sont présents dans les tribunes – et à tous ceux qui ont contribué à la rédaction des textes initiaux. Ils nous ont permis de mener ces travaux jusqu’à leur terme.
    Notre groupe votera en faveur de la proposition de loi relative à l’accompagnement et aux soins palliatifs. Elle fait l’objet d’un consensus précieux, fruit d’un travail largement transpartisan, enrichi par les apports de tous les groupes. En séance publique, le texte a été clarifié sans que jamais ne soit diluée son ambition première : faire en sorte que chacun, où qu’il soit sur notre territoire, puisse accéder à des soins palliatifs dignes de ce nom. En reconnaissant le rôle décisif des équipes mobiles, en instituant les maisons d’accompagnement, en créant le plan d’accompagnement personnalisé, ce texte, couplé à la stratégie décennale, répare, protège et entoure. Il n’offre pas de miracles mais il vise à ce que jamais plus on puisse dire : « je souffre parce que la République ne tient pas sa promesse. » Permettez-moi, à ce stade, de rendre hommage à l’ensemble des professionnels de santé intervenant dans les services de soins palliatifs.
    Sur la proposition de loi instaurant une aide à mourir, je m’exprimerai à titre personnel. Il n’y a pas de position unanime dans notre groupe, ce qui est légitime puisque ce texte touche à l’intime. Pour ma part, je voterai en sa faveur. Je le voterai car il ne sacralise pas une idéologie, n’ouvre pas une liberté sans garde-fous, mais propose un chemin balisé, exigeant, réfléchi. Il ne cède pas à la facilité ; au contraire, il assume l’extrême complexité de certaines situations de fin de vie. Il forme, avec les soins palliatifs et l’accompagnement du malade et de son entourage, le modèle français de la fin de vie. Oui, nous devons entendre la détresse de ceux qui, même entourés, même soignés, ne peuvent plus vivre ce qui n’est plus pour eux qu’une lente agonie. Oui, nous devons affirmer que nul ne peut décider à la place de celui qui souffre.
    Mais nous devons également protéger ce choix, le borner, en garantir la liberté. C’est précisément ce que l’examen en séance publique a permis de retrouver. Comme le recommandait Montesquieu, nous avons légiféré avec la main qui tremble. Merci à vous, madame la ministre ; merci aux rapporteurs, à Annie Vidal et à Olivier Falorni.
    Grâce aux amendements du gouvernement et de plusieurs députés de mon groupe, des modifications décisives ont été apportées et les conditions d’accès ont été resserrées. La notion de « phase avancée » a été clarifiée. Les souffrances psychologiques isolées ont été expressément exclues. La capacité à exprimer une volonté libre et éclairée a été réaffirmée comme un préalable indiscutable. La procédure collégiale a été renforcée, exigeant une concertation en présentiel entre médecins et soignants. Les délais de réflexion ont été confortés.
    Enfin, la question de l’administration de la substance létale a été remise à sa juste place. La version initiale a été rétablie en séance publique : le texte prévoit que la personne s’administre la substance létale et que « lorsqu’elle n’est pas en mesure physiquement d’y procéder », elle peut être aidée par un médecin ou un infirmier. Ce compromis respecte la volonté du patient jusqu’à la fin mais aussi celle du soignant, qui peut choisir de l’accompagner jusqu’au bout. Nous avons tenu bon sur cette ligne de crête ; je formule le vœu que le Sénat trouve lui aussi la voie pour maintenir cet équilibre, nécessaire à mes yeux. Cette loi est faite pour les malades, rien que pour les malades.
    L’aide à mourir n’est ni de gauche ni de droite. Sur ce sujet, plus que sur tout autre, nul ne peut s’ériger en détenteur exclusif de la morale ; nul ne peut revendiquer la notion de bon ou de mauvais accompagnement de la fin de vie. Nous sommes tous ici élus du peuple, mais chacun a ses doutes, ses convictions, ses blessures propres. Parce que nous avons accepté cela, parce que nous avons écouté plus que nous n’avons accusé, nous avons pu réaliser ensemble ce que le Parlement peut faire de plus grand : donner à la loi un visage humain.
    Ces textes ne permettent pas d’apporter une solution à toutes les douleurs, mais à travers eux, nous reconnaissons que, dans des situations inextricables, la liberté est parfois la seule forme de consolation que la République puisse encore offrir. Nous sommes honorés de les voter, nous le devons aux malades. (Applaudissements sur les bancs du groupe HOR et sur quelques bancs des groupes EPR et Dem.)

    Mme la présidente

  • partager

    La parole est à M. Laurent Panifous.

    M. Laurent Panifous (LIOT)

  • partager

    Un pays qui, à travers ses représentants élus, a le courage de regarder en face la fin de vie en tenant compte des différentes sensibilités, mérite le respect. Ces dernières semaines, nous nous sommes attelés à regarder avec lucidité les conditions dans lesquelles meurent nos citoyens, poursuivant le long travail que nous avions commencé, hélas brutalement interrompu par la dissolution.
    Les débats n’ont pas opposé ceux qui avaient raison et ceux qui avaient tort. Les votes et les positions qui s’exprimeront aujourd’hui sont tous respectables et je ne serais pas surpris d’apprendre qu’à quelques minutes d’un vote aussi important, aussi engageant, certains doutent et hésitent encore.
    Beaucoup ont dit, à raison, être pris d’un vertige à l’idée de légiférer sur la fin de vie. Sans doute n’existe-t-il rien de plus terrifiant, de plus mystérieux, de plus vertigineux que la mort –⁠ la nôtre, celle de nos proches, celle de ceux avec qui nous faisons société. Mais ne nous y trompons pas : nous ne légiférons pas sur la mort, pas plus que nous créons un « droit à mourir », comme j’ai pu l’entendre. Nous ne légiférons pas non plus sur le choix de mourir.
    Nous légiférons sur l’accompagnement que la société est prête à fournir à ceux pour qui la guérison n’est plus possible, sans jamais faiblir dans nos efforts pour les soigner et apaiser leurs souffrances. Il ne s’agit pas de précipiter la mort ni de faire de celle-ci un choix inéluctable ou, pire, forcé. Surtout, il ne s’agit pas de pallier un défaut d’accès aux soins palliatifs. Au contraire, le fait d’aborder ensemble la question des soins palliatifs et celle de l’aide à mourir présentait un intérêt : rappeler que ceux-ci et celle-là sont complémentaires et concourent à l’objectif commun d’accompagner la fin de vie dans le respect des besoins et des souhaits des personnes.
    Le préalable à nos discussions était, bien sûr, de rappeler la nécessité de renforcer les soins palliatifs partout sur le territoire. Si notre groupe soutient la première proposition de loi, il est essentiel de rappeler que l’accès universel et garanti à l’accompagnement et aux soins palliatifs ne saurait être réduit à ce texte, puisqu’il s’inscrit dans un cadre plus large, celui de la stratégie décennale présentée par le gouvernement. Celle-ci prévoit le développement et le renforcement des structures, ce qui implique des investissements importants, à la fois humains et financiers. Les ambitions affichées doivent désormais se traduire en actes et en engagements concrets.
    La création des maisons d’accompagnement constitue une avancée importante. Ces structures intermédiaires répondront aux besoins spécifiques de celles et ceux qui ne peuvent plus rester chez eux. Elles offriront aussi un espace de répit, d’écoute et de soutien, à la croisée de l’humain et du soin.
    Je veux exprimer un immense regret : la suppression de l’article 8, relatif à la formation des professionnels de santé.

    M. Hadrien Clouet

  • partager

    C’est vrai !

    M. Laurent Panifous

  • partager

    Alors même qu’il y a un consensus pour dénoncer l’absence de culture palliative à tous les échelons de notre système de santé (M. Hadrien Clouet applaudit), nous ne pouvons que déplorer la suppression de cet article, sous prétexte qu’un amendement relatif à la création, dans ladite formation, d’un volet « aide à mourir » avait été adopté. Je le regrette d’autant plus que notre groupe avait obtenu la création d’un diplôme d’études spécialisées (DES) en médecine palliative. Celui-ci est indispensable non seulement pour structurer la filière universitaire et valoriser cette spécialité, mais également pour améliorer la recherche.
    Nous comptons sur l’engagement du gouvernement pour concrétiser cet objectif inscrit dans la stratégie décennale, ainsi que tous les autres. Nous serons également vigilants sur l’engagement pris par le gouvernement d’associer les territoires ultramarins, notamment Mayotte, Saint-Pierre-et-Miquelon et la Polynésie Française, à la transposition par ordonnance des dispositions prévues.
    Ce préalable étant posé, force est de constater qu’il existe malheureusement des situations où les soins palliatifs ne suffisent pas, ne répondent pas –⁠ ou plus – aux besoins et à la volonté des personnes. Pour ces quelques cas, l’aide à mourir est une manière de sortir de l’impasse dans laquelle se trouvent ces patients, condamnés à poursuivre une vie qu’ils ne considèrent déjà plus comme la leur.
    J’ai eu l’honneur de corapporter la proposition de loi relative au droit à l’aide à mourir. Permettez-moi d’en remercier mon groupe –⁠ Libertés, indépendants, outre-mer et territoires – qui, en dépit des positions parfois prudentes de ses membres, m’a permis de m’engager pleinement dans cette démarche. Je remercie aussi, pour leur confiance, la commission des affaires sociales et le rapporteur général Olivier Falorni. Je remercie mes collègues corapporteurs, les administrateurs de la commission et les conseillers avec qui j’ai travaillé. Enfin, je vous remercie toutes et tous pour l’engagement qui a été le vôtre au service de vos convictions.
    J’ai cherché à faire ce travail avec le plus d’humilité possible, face à ce sujet qui nous dépasse. Mais cette humilité ne doit nous empêcher ni d’agir ni de légiférer. Car l’humilité, c’est aussi reconnaître que la médecine et les hommes ne peuvent pas tout, que les protocoles de soins ne permettent pas toujours de soulager. C’est aussi admettre que ce que nous ne souhaitons pas pour nous-mêmes, nous n’avons pas à l’interdire à ceux qui en ressentent le besoin.
    La proposition de loi sort enrichie de nos débats : le droit que nous nous apprêtons à créer est très encadré, par des critères d’accès stricts et par une procédure qui place au centre de la décision un collège de professionnels de santé. Cette sécurisation de la procédure correspond à nos échanges et aux inquiétudes exprimées sur de nombreux bancs. En ma qualité de corapporteur, je m’étais engagé devant vous en commission à ce que nos débats puissent éclairer ceux qui se questionnent encore ; j’espère avoir tenu cet engagement.
    Au sein de mon groupe, la liberté de vote sera bien évidemment la règle. Pour ma part, je crois profondément que notre société se grandit à accompagner les choix des personnes dans cette ultime étape de leur vie. Il n’y a aucun euphémisme ni aucune hypocrisie derrière le terme et la notion d’aide à mourir. Au contraire, c’est un engagement : celui de la société à ne pas abandonner à la douleur et à la solitude celles et ceux qui souffrent trop, sans espoir de guérison.
    L’aide à mourir, telle qu’elle est conçue dans ce texte, n’est pas un acte d’orgueil. Elle ne relève ni de l’abandon médical, ni d’un droit sans limite à disposer de la vie. Je crois au contraire que c’est un acte d’humilité et de lucidité consistant à reconnaître que, parfois, la main la plus compatissante n’est plus celle qui soigne, mais celle qui accepte de laisser partir, et qui accompagne. (Applaudissements sur les bancs du groupe LIOT et sur plusieurs bancs des groupes EPR, SOC et Dem. –⁠ M. Olivier Falorni, rapporteur général, et M. Frédéric Maillot applaudissent également.)

    Mme la présidente

  • partager

    La parole est à M. Yannick Monnet.

    M. Yannick Monnet (GDR)

  • partager

    Après douze jours de débat dans cet hémicycle est venu le moment de nous prononcer sur la proposition de loi visant à garantir un égal accès de tous à l’accompagnement et aux soins palliatifs et sur celle relative au droit à l’aide à mourir. Ces douze jours n’ont certes pas épuisé les débats. Pour ce qui me concerne, ils ont même parfois soulevé de nouvelles interrogations ou suspendu mon jugement sur un sujet qui me paraissait pourtant acquis. Mais ils ont aussi permis de conforter des avis et des convictions, sur l’un comme sur l’autre texte. Cela me paraît bien naturel, et même rassurant, au regard de la charge que nous avons ici collectivement acceptée, celle d’inscrire dans la loi une ambition nouvelle pour l’accès aux soins palliatifs et un nouveau droit, celui de l’aide à mourir, en trouvant pour celui-ci la voie la plus sage.
    S’agissant du premier texte, ses dispositions ne doivent pas demeurer déclaratives. Son titre même traduit une ambition sans précédent, qui exige de ce gouvernement et de ceux qui lui succéderont un engagement de rupture non seulement en matière d’accès aux soins palliatifs, mais aussi, plus fondamentalement, quant à notre système de santé dans son ensemble. L’accompagnement et les soins palliatifs s’inscrivent dans une prise en charge globale de la personne malade et de son entourage.
    Devant le retard colossal et insupportable de notre pays en matière d’accès aux soins palliatifs, doublé d’inégalités territoriales intolérables, nous avons souhaité que l’accès à ces soins soit désormais un droit opposable. Nous avons décidé de mettre en place des plans personnalisés d’accompagnement pour assurer un meilleur suivi global du patient. Nous avons décidé de créer de nouveaux établissements médico-sociaux publics : les maisons d’accompagnement. C’était un maillon manquant et pourtant indispensable pour des malades qui ne peuvent demeurer à domicile, sans toutefois que leur état nécessite une hospitalisation.
    Ces dispositions ne sont pas du luxe. Elles sont toutes amplement justifiées, depuis de longues années déjà, par les besoins des personnes malades et de leur entourage ainsi que par le déficit de moyens dont souffrent les soignants. Mais ces dispositions n’auront aucune traduction concrète si la volonté politique qui les soutient n’est pas celle qui, dans un seul et même geste, vise à réparer l’ensemble de notre système de soins. Lors de l’examen des prochaines lois de finances, le gouvernement ne pourra pas se tenir ici, devant nous, si sa volonté est encore et toujours de réduire les moyens alloués à notre système de santé, aux hôpitaux ou à la revalorisation salariale des soignants. Je veux croire que, si les membres de la commission des affaires sociales ont adopté ces dispositions à l’unanimité, tous groupes politiques confondus, ce n’est ni par complaisance ni par légèreté. En votant cette proposition de loi, chaque député, de même que chaque groupe politique, sait quelles obligations ce texte impose, la plus importante étant celle de réinvestir dans une politique de santé publique, en partant des besoins des soignants et des patients.
    C’est cette ambition qui, demain, devra collectivement nous guider dans nos travaux sur le devenir de l’objectif national de dépenses d’assurance maladie (Ondam), sur la définition d’un budget de la sécurité sociale, sur un renforcement de notre système de sécurité sociale. Nous l’avons vu au cours de nos débats, la notion de loi de programmation pluriannuelle fait son chemin sur les bancs de cette assemblée. Celle qui est prévue pour les soins palliatifs ne doit pas rester lettre morte. Bien davantage, son principe doit irriguer nos prochains débats budgétaires.
    C’est mû par cette conviction et avec le sentiment que ce texte doit bousculer les politiques d’austérité en matière de santé publique que le groupe des députés communistes et des territoires dits d’outre-mer votera en faveur de cette première proposition de loi. À titre personnel, je la voterai aussi car la création d’un droit à l’aide à mourir ne peut être envisagée sereinement sans la garantie d’un droit opposable à l’accompagnement et aux soins palliatifs. Mme la ministre l’a elle-même rappelé lors de notre dernière séance à ce sujet dans l’hémicycle : le recours à l’aide à mourir ne peut être un acte par défaut d’accès aux soins palliatifs. (Mme la ministre du travail, de la santé, des solidarités et des familles acquiesce.) C’est en cela que, même si nous les avons examinées séparément, les deux propositions de loi sont indéfectiblement liées. Sans un changement radical de notre appréciation de l’accès aux soins et de son financement, l’aide à mourir ne trouvera pas sa justification en tant que droit.
    Dès l’examen en commission, j’ai défendu l’idée que l’aide à mourir devait être non pas un dispositif, mais un droit, strictement encadré et conditionné. En effet, ce qui nous a conduits à légiférer sur l’aide à mourir, c’est la persistance de situations dans lesquelles des personnes atteintes d’une maladie incurable présentent des souffrances qui ne peuvent être soulagées par aucun soin et pour lesquelles la sédation profonde et continue n’est pas accessible. Dans ce contexte, envisager l’aide à mourir comme un droit, c’est garantir dans la loi l’accès à une mesure d’exception, d’ultime recours, protectrice à la fois pour la personne qui demande et pour les soignants qui devront l’accompagner.
    Contrairement à ce que j’ai pu entendre, ce droit ne consacre pas la liberté de choisir sa mort. Il garantit à des personnes de pouvoir mettre un terme à des souffrances contre lesquelles la médecine ne peut plus rien ou que la personne, qui a fait le choix, en toute conscience et volontairement, de ne plus suivre de traitement, estime insupportables. C’est sur ce point que, ces dernières semaines, nous avons grandement affiné ce que nous attendions de l’aide à mourir. Après nos débats sur l’horizon temporel du diagnostic vital engagé et sur la notion de stade avancé d’une maladie, à la lumière notamment du dernier avis de la HAS, nous avons arrêté un choix : prendre davantage en considération la qualité de vie de la personne atteinte d’une maladie incurable que le temps qui lui reste à vivre, celui-ci étant, par nature, bien souvent incertain.
    Ce choix de privilégier la qualité de vie de la personne malade prise au piège de souffrances réfractaires est l’élément fondateur du droit à l’aide à mourir. C’est un choix qui bouscule et même, sans doute, brutalise notre perception de la fin de vie : au fond, nous souhaiterions tous que la médecine puisse tout jusqu’au bout et que la volonté de vivre l’emporte en toute situation. Je considère donc comme tout à fait inopportun de réduire la discussion sur la création de ce droit à une opposition entre les progressistes, qui seraient pour, et les conservateurs, qui seraient contre.
    Quand l’ordre établi est bousculé, l’instinct commande de le préserver. Quand nous, législateurs, bousculons l’ordre des choses, notre responsabilité nous commande d’agir avec prudence, en entendant les voix qui nous interpellent sur le déséquilibre que notre geste induit nécessairement. C’est pourquoi, au moment d’exprimer mon vote, je demeure attentif aux réticences exprimées par certains collègues de mon groupe ou d’autres groupes, plusieurs ayant même signifié leur refus de créer un droit à l’aide à mourir.
    En tout état de cause, je pense sincèrement que, pour que chacun d’entre nous puisse apprécier la création de ce droit de manière libre et éclairée –⁠ je reprends là une expression qui nous a longuement préoccupés au cours de nos débats –, il faut impérativement éviter de jouer avec les ressorts du sensationnel, de la culpabilité et du clivage sans nuances.
    Ce texte est un texte de cheminement, dont la finalité et les modalités s’éclairent à mesure que l’on avance. J’ai dit précédemment où se situait, de mon point de vue, l’avancée majeure de nos derniers débats. Il y en a eu bien d’autres entre la commission et la séance : nous avons abouti à une évaluation collégiale de la demande d’aide à mourir ; nous avons mieux encadré les délais de réflexion de la personne malade et ceux de la réévaluation de sa demande ; nous avons décidé de ne pas confondre aide à mourir et mort naturelle –⁠ ce faisant, nous avons fait le choix de ne pas cacher et d’affirmer dans la transparence le caractère exceptionnel de cette modalité de mourir.
    Pour ma part, je regrette qu’ait été rétablie l’exception d’euthanasie, l’administration de la substance létale par un médecin ou un infirmier étant conditionnée à l’incapacité physique de la personne à se l’autoadministrer. En effet, il me semble que le droit à l’aide à mourir doit être garanti à tous sans distinction, y compris à ceux qui n’ont pas la force psychologique d’accomplir eux-mêmes cet acte. Je regrette par ailleurs que la question d’un délit d’incitation n’ait pas pu être examinée autrement, avec moins de véhémence et plus de sérieux. Néanmoins, à l’issue de cette première lecture, j’ai le sentiment que nous avons réussi à définir le point d’ancrage du droit à l’aide à mourir et les restrictions qui doivent l’encadrer et le soutenir pour qu’il soit une réponse exceptionnelle à une demande exceptionnelle.
    À cet instant, je tiens à rendre hommage aux membres du personnel soignant en soins palliatifs qui, pour un certain nombre, sont opposés à l’aide à mourir. Chevilles ouvrières de l’aide à vivre et à vivre dans la dignité, ils et elles craignent que ce nouveau droit ne devienne la marque d’une société élitiste et validiste, venant obstruer leur quotidien professionnel. Je considère qu’ils et elles doivent poursuivre leur combat de lanceurs d’alerte contre une société qui aurait la tentation d’écarter les plus faibles et les plus fragiles. Même si j’estime que le texte actuel nous protège de ces écueils, le plus sûr moyen de s’en écarter est de continuer à entendre et à respecter les oppositions.
    Au demeurant, les débats ne sont pas finis : les deux propositions de loi seront examinées par les sénateurs ; elles nous reviendront peut-être même en deuxième lecture. Par chance –⁠ compte tenu de ce que j’ai indiqué au début de mon intervention –, cette période sera celle des lois de finance. Nous aurons alors la possibilité de reprendre nos débats et d’affirmer une volonté politique qui sera, je l’espère, à la hauteur de l’ambition de ces deux propositions de loi : la création d’un droit opposable aux soins palliatifs et la création d’un droit à l’aide à mourir.
    Pour ma part, je voterai en faveur de chacun de ces deux textes, convaincu que la direction empruntée est la bonne, convaincu aussi qu’il faut ce vote aujourd’hui pour que se poursuive une construction éclairée de ces deux nouveaux droits. (Applaudissements sur les bancs du groupe GDR, sur plusieurs bancs du groupe SOC et sur quelques bancs des groupes LFI-NFP, EPR, EcoS et Dem. –⁠ Mme Martine Froger applaudit également.)

    Mme la présidente

  • partager

    La parole est à M. Vincent Trébuchet.

    M. Vincent Trébuchet (UDR)

  • partager

    La plus haute expression de la volonté nationale passe par le législateur. Pourquoi ? « C’est que c’est de sa conscience que sort la loi. La conscience est la loi intérieure […]», disait Victor Hugo dans son discours du 12 octobre 1877.
    Peu de votes mettront autant en jeu notre conscience que celui qui nous requerra dans quelques instants : permettre ou non l’accès à la mort choisie et provoquée. C’est dire la responsabilité immense qui a pesé sur la centaine d’entre nous qui ont débattu durant quatre-vingt-dix heures. Oui, ces discussions ont été de bonne tenue, et cela a été salué, mais on peut être courtois sans entendre, écouter autrui sans donner du prix à sa parole.
    Nous sommes plusieurs à avoir relayé la parole de nombreux philosophes, de juristes, d’économistes : ils nous alertent sur la rupture à tous niveaux que constitue cette proposition de loi et sur les dérives qu’elle contient dans son principe même, lesquelles se manifestent à l’international. Nous avons défendu la parole des soignants engagés dans les soins palliatifs : depuis leur expérience au plus proche de la fin de vie, et non par idéologie, ils nous disent qu’un autre chemin est possible. Nous avons porté la parole des nombreuses personnes malades ou handicapées : demain, elles seront éligibles à ce nouveau droit de demander la mort et elles ont peur.
    Ces paroles, monsieur le rapporteur général, madame la ministre, vous ne les avez pas véritablement entendues. Vous avez émis un avis défavorable sur la quasi-totalité des amendements que nous avions déposés. Les amendements qui visaient à renforcer la protection des personnes déficientes intellectuelles, des personnes autistes, des personnes sous protection juridique ou incarcérées ? Rejetés. Ceux qui visaient à élargir la clause de conscience aux pharmaciens chargés de préparer la substance létale, aux soignants prenant part indirectement à l’acte, ou aux établissements de soins palliatifs ? Rejetés. Ceux qui tendaient à contrôler la décision en instaurant une collégialité effective, en rendant possible un recours juridique préalable ou en prévoyant une consultation psychologique systématique ? Rejetés. Ceux qui tendaient à interdire explicitement la publicité pour l’euthanasie et sa promotion sur les réseaux sociaux, ou qui visaient à créer un délit d’incitation en miroir du délit d’entrave ? Rejetés. Les amendements, enfin, qui prévoyaient la remise d’un rapport relatif à l’impact financier de la loi sur la sécurité sociale, aux mutuelles et à leurs pratiques commerciales ? Rejetés.
    Devant cette constance à rejeter tout amendement qui ne viserait pas un élargissement pur et simple du droit au suicide assisté ou à l’euthanasie, on ne peut que s’interroger, quelle que soit sa position.
    Nous avons été collectivement incapables d’apporter à ce texte des garde-fous de bon sens, peut-être parce que le courant était trop fort. Quand la transgression de l’interdit de tuer est actée, les raisons véritables de ne pas étendre ce droit, d’exception en exception, tombent alors.
    L’Association pour le droit à mourir dans la dignité revendique clairement ce renversement éthique et  a joué un grand rôle dans l’élaboration du texte. La chose est publique, monsieur le rapporteur général : vous êtes membre de son comité d’honneur. En 1985, Paul Chauvet, son président d’alors, déclarait : « L’ADMD fait le pari d’une société idéale constituée d’hommes et de femmes libres et responsables qui choisiront en toute lucidité le moment de mourir et posséderont les moyens de concrétiser leur désir […]. »
    Souhaitons-nous cette nouvelle culture euthanasique pour notre société ? Comme l’écrivait le professeur Sicard en 2012, « La pratique euthanasique intériorise des représentations sociétales négatives d’un certain nombre de situations de vieillesse, de maladie et de handicap ». J’ajouterai : a fortiori lorsque cette pratique se nomme, en un euphémisme mensonger, « aide à mourir ». Si on les aide à exercer ce nouveau droit auquel elles seront éligibles, combien de personnes en fin de vie, malades ou handicapées, pourraient y voir autre chose qu’un devoir –⁠ ne serait-ce que simplement suggéré – de mourir ?
    Avant d’autres, notre pays a conquis, et de belle manière, de nouveaux droits. Mais ce droit là représenterait-il vraiment une avancée ? Un jeune médecin m’a expliqué : « Il y a quinze ans, au début de mon internat, l’euthanasie était monnaie courante dans certains services d’oncologie, mais l’arrivée de la culture palliative –⁠ du soin et de l’accompagnement jusqu’au bout – a rendu ces pratiques complètement caduques, jusqu’à disparaître complètement. » Allons-nous revenir en arrière, alors qu’il reste tant à faire ? Les soins palliatifs sont la promesse d’un non-abandon : il est temps d’honorer cette promesse à l’égard de tous les Français qui en sont privés. Victor Hugo déclarait « tant que le possible n’est pas fait, le devoir n’est pas rempli » ; alors, votons unanimement la proposition de loi relative aux soins palliatifs !
    Quant à celle sur l’aide à mourir, Victor Hugo nous aurait rappelé que « le législateur, en élaborant la loi, ne doit jamais perdre de vue l’abus qu’on peut en faire ». Considérant que ce texte, en son cœur même, porte de tels abus, une majorité de députés du groupe UDR votera contre. (Applaudissements sur les bancs des groupes UDR et RN. –⁠ MM. Alexandre Allegret-Pilot et Marc de Fleurian se lèvent et applaudissent.)

    Mme la présidente

  • partager

    La parole est à M. Christophe Bentz.

    M. Christophe Bentz (RN)

  • partager

    Aider, accompagner, soigner, soulager, écouter, parler, comprendre, essayer, trouver, considérer, rassurer, partager, profiter, pleurer, cajoler, amuser, rêver, réconforter, toucher, adoucir, atténuer, respecter, espérer, sauver. J’ai une pensée émue pour tous les soignants et aidants de France qui, chaque jour, prennent en charge la douleur et sèchent les larmes de ceux que nous aimons. (Applaudissements sur les bancs du groupe RN, dont plusieurs députés se lèvent, ainsi que sur les bancs du groupe UDR et sur quelques bancs du groupe DR. –⁠ Mme Maud Petit et MM. Philippe Vigier et Christophe Blanchet applaudissent également.) Nous devons répondre à la souffrance insupportable, être à la hauteur, accompagner et secourir, rendre le plus beau possible ce qui est toujours digne, rendre le plus doux possible ce qui est si précieux, tenir la main jusqu’au bout, être présent, se battre, prendre soin, aimer, faire vivre. L’accompagnement de la personne humaine par le soin jusqu’à sa mort naturelle est un trait essentiel de notre civilisation, le cœur encore battant de notre humanité. Parce qu’on n’a, jusqu’à la fin, qu’une vie et qu’une seule dignité, nous opposons l’ultime secours à votre ultime recours.
    Le suicide est toujours un drame humain, le choix individuel d’un renoncement, un cri de désespoir, qui doit naturellement être entendu par la société. Mais la responsabilité d’un suicide, aussi assisté ou délégué soit-il, ne peut pas reposer sur la société. Ou alors, la société doit tout entière en prendre la responsabilité, en s’exprimant par référendum.
    La liberté de vote voulue par Marine Le Pen au sein du groupe Rassemblement national témoigne du respect de la conscience profonde de chacun, du respect de la conviction intime, mais c’est surtout un message d’espoir, caractérisé par les soins ultimes, par un soutien inconditionnel au progrès incommensurable que constituent les soins palliatifs –⁠ cette médecine du lien tellement humaine et finalement si vitale.
    À toutes les personnes malades, souffrantes, meurtries au plus profond d’elles-mêmes par la douleur, j’adresse mes pensées affectueuses, ma considération, ma solidarité. Je le dis avec la plus grande humilité : je n’ai cessé de penser à elles, sincèrement, chaque jour, ainsi qu’à l’amour que nous portons à l’humanité qui traverse toutes les douleurs de la fin de la vie, parfois dans de très grandes souffrances. Ces hommes et ces femmes qui cheminent vers l’au-delà manqueraient inéluctablement à l’humanité : je veux leur dire qu’ils sont magnifiques, précieux, uniques (applaudissements sur les bancs des groupes RN et UDR.) ; je veux leur dire à quel point je les admire, combien est grande leur dignité dans le combat contre la maladie, contre la douleur et les souffrances, combien est grande la dignité de leurs tiraillements, entre renoncements et sursauts d’espoir, combien finalement est grande la dignité de leur combat pour la vie –⁠ parce que oui, la vie est un combat en plus d’être un don.
    Durant ces semaines de débats sur la mal nommée « aide à mourir », j’ai cherché à quel moment la vie pouvait triompher, où demeurait une part d’espérance, de combat encore possible, de chance laissée à la vie. J’ai cherché, mais je n’ai pas trouvé. (Applaudissements sur plusieurs bancs des groupes RN et UDR.) Pourtant, notre devoir est de protéger la fragilité humaine plutôt que de l’effacer ou de l’abandonner. Si la tendresse de l’aide ou de l’espoir ne suffit pas à adoucir la dureté du combat contre la maladie et ses douleurs, défendons l’espoir du progrès avec les soins palliatifs, plutôt que le désespoir de l’échec avec le suicide encadré. Il s’agit finalement de prendre le bon chemin, prendre le bon sens –⁠ celui choisi par la France – plutôt que le sens de l’absence ; de prendre le sens de la vie plutôt que le sens de l’histoire.
    Le moment est grave. Chers collègues, vous pouvez être dans l’incertitude ; souhaitons que votre doute bénéficie au principe de prudence, qu’il donne priorité à la vie. Notre responsabilité est immense : si vous entrouvrez la porte de l’abandon, elle ne se refermera plus jamais. (Mêmes mouvements.) La France est la nation du soin et doit le demeurer. Elle a inventé un modèle unique de soins, et rayonne dans le monde entier grâce à son modèle de santé et de protection de la personne humaine. La vocation sociale de la France consiste précisément à prendre soin des plus faibles, des plus fragiles, des plus vulnérables. Le monde entier admire la France pour sa singularité ; elle montre un chemin différent. Elle doit rester la lumière des nations du monde. (Applaudissements sur les bancs du groupe RN, dont la plupart des députés se lèvent, ainsi que sur plusieurs bancs du groupe UDR.)

    Mme la présidente

  • partager

    La parole est à Mme Nicole Dubré-Chirat.

    Mme Nicole Dubré-Chirat (EPR)

  • partager

    Après deux semaines d’examen en séance publique, l’Assemblée va se prononcer lors d’un vote solennel. Attendue par 85 % des Français, et par des soignants, la proposition de loi sur la fin de vie intervient dans la continuité et la complémentarité de la proposition de loi sur les soins palliatifs et d’accompagnement. Elle est défendue par notre collègue Olivier Falorni, dont je veux saluer l’engagement depuis une quinzaine d’années sur ce sujet. Je remercie aussi les corapporteurs Brigitte Liso, Élise Leboucher, Stéphane Delautrette et Laurent Panifous pour leur travail, ainsi que Mme la ministre pour sa présence et son appui.
    Ce texte est la traduction concrète des travaux menés depuis longtemps sur cette question intime et complexe. Les débats successifs ont permis la rédaction d’un texte équilibré et solide, proposant un droit à l’aide à mourir. L’aide à mourir est avant tout une liberté qui n’enlève rien à personne : ce droit offre une possibilité, il propose une réponse à la demande du patient ; son éventuelle mise en œuvre est conditionnée par un choix qui appartient à la personne et que nous n’avons pas à juger. Ce droit est très encadré : l’article 4 prévoit des conditions rigoureuses et cumulatives ; les articles 5 à 13 détaillent la procédure. Ces critères sont semblables et communs à ceux en vigueur dans d’autres pays qui pratiquent l’aide à mourir.
    Les facteurs d’éligibilité sont les suivants : la majorité ; la nationalité ou la résidence en France ; l’affection, grave et incurable ; une souffrance réfractaire à tout traitement ; et, enfin, la manifestation de la volonté. En conséquence, les personnes atteintes d’une maladie psychiatrique, simplement âgées, en situation de handicap ou mineures ne sont pas éligibles. On peut regretter que la possibilité de choisir entre autoadministration et administration par un tiers ait été supprimée –⁠ un professionnel de santé pourra administrer le produit si la personne est dans l’incapacité physique de se l’administrer. J’appelle votre attention sur le fait que l’obligation faite à la personne de réitérer la demande jusqu’à la dernière minute empêchera les personnes qui ont perdu la capacité de s’exprimer –⁠ du fait d’une maladie neurodégénérative, par exemple – d’accéder à l’aide à mourir. J’insiste aussi sur un point très important : le droit à l’aide à mourir repose, d’une part, sur le choix du malade, dans le respect de la dignité de la personne, d’autre part, sur le respect des convictions des soignants, protégés par la clause de conscience.
    Au terme d’un parcours législatif long et chaotique, il est temps pour la représentation nationale de se prononcer sur ce sujet d’importance. Je crois qu’il est de notre devoir de répondre à la demande exprimée depuis des années par certains malades et par les associations qui les représentent, et de concrétiser les propositions de la Convention citoyenne sur la fin de vie. Les débats ont été respectueux, parfois tendus, mais ils ont permis des votes transpartisans. On ne peut que s’en réjouir. L’Assemblée nationale a été à la hauteur de la gravité de la question.
    Ce texte est conforme aux valeurs de la République : « liberté » de choix, « égalité » d’accès aux soins, sans discriminations, « fraternité » de l’accompagnement en fin de vie. Notre droit doit permettre à chacun une fin de vie libre et choisie, dans les conditions les plus dignes, lorsque la maladie ou la douleur ne sont plus supportables et que plus aucun traitement n’est efficace. L’aide à mourir est une liberté propre à chacun, alors même que la mort fait partie de la vie. Comme l’écrivait Paul Morand, «  la vie est une maladie dont tout le monde meurt. »
    Si j’appelle, à titre personnel, à faire évoluer le cadre législatif, le groupe Ensemble pour la République laissera à ses membres la liberté de vote sur l’ensemble du texte, au nom du respect des valeurs de chacun. (Applaudissements sur plusieurs bancs des groupes EPR et Dem et sur quelques bancs du groupe SOC. –⁠ Mme Danielle Simonnet et Mme la ministre applaudissent également.)

    Mme la présidente

  • partager

    La parole est à M. René Pilato.

    M. René Pilato (LFI-NFP)

  • partager

    À qui appartient mon corps ? Différents cadres de pensées tentent de répondre à cette question : un cadre humaniste, dans lequel chacun est libre de disposer totalement de son corps ; un cadre religieux, dans lequel notre corps appartient à une autorité supérieure et où l’on n’en fait pas ce qu’on veut. Ces deux cadres ont chacun leurs propres croyances.
    Entre les deux, le cadre républicain et laïque, alimenté par la philosophie et la science, placé sous la tutelle de la raison, permet le vivre-ensemble dans la diversité des opinions. (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe LFI-NFP.) C’est la loi de 1905 qui acte que la foi n’est pas la loi. Cette loi d’émancipation garantit la liberté de conscience. Ainsi, en France, nous disposons de notre corps à condition de respecter certaines règles, comme pour l’IVG et la PMA. En conséquence, la proposition de loi relative au droit à l’aide à mourir, pensée et amendée par les députés dans un cadre républicain et laïque, garantit la clause de conscience.
    Ceux qui nous écoutent doivent savoir que le vote de chaque député, quelles que soient ses opinions politiques, témoignera de sa capacité à s’inscrire ou non dans ce cadre républicain et laïque. Nous, représentants du peuple, devons faire de la laïcité le ciment de nos valeurs. Dans ce moment solennel, bien qu’ils aient transparu dans les débats, nous devons laisser nos dogmes et nos croyances aux portes du Palais-Bourbon.

    Mme Marie Mesmeur

  • partager

    Très bien !

    M. René Pilato

  • partager

    Des débats de haute tenue, malgré tout, ont consolidé ces deux textes complémentaires. Le groupe La France insoumise a obtenu l’inscription d’un droit opposable aux soins palliatifs ; c’est bien ce droit qui donne toute sa force au second texte. (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe LFI-NFP.)
    Nos pensées vont aux soignants et aux aidants qui accompagnent la fin de vie. Leur engagement les honore et, au nom de mon groupe, je leur exprime notre profonde gratitude pour leur humanité et leur fraternité quotidiennes. (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP.) Ils sont aujourd’hui protégés par la loi Claeys-Leonetti, qui autorise dans les tout derniers instants la sédation profonde et continue jusqu’au décès par arrêt de l’alimentation et de l’hydratation. Cela dure de quelques heures à quelques jours ; mais plus cela dure, plus c’est difficile pour les proches.
    Cette loi, qui a marqué un grand progrès, ne répond pas à toutes les situations. Dans certains cas, face à des pathologies aux souffrances réfractaires ou lorsque ces pathologies progressent, la médecine ne peut rien. Dès lors, vivre se transforme en agonie des semaines durant. Quand notre corps devient une prison, l’ultime liberté est de pouvoir quitter cette prison, tranquilliser ses proches et leur dire : « Merci de comprendre, avec tout l’amour que vous me portez, ma douleur et ma souffrance. Merci d’être là pour mon ultime liberté ; nous serons tous apaisés. »
    L’acte encadré par le texte aidera à mieux vivre ce dénouement inéluctable. Où est la liberté quand on est contraint d’accomplir cet acte clandestinement ? Où est l’égalité quand seuls ceux qui en ont les moyens peuvent échapper à l’agonie ? Où est la fraternité quand on se retrouve seul face à des souffrances insupportables ? Cette proposition de loi relative au droit à l’aide à mourir vient combler ces manques. Ainsi, le cadre républicain et laïque permettra de demander librement, en toute légalité, de ne pas agoniser des semaines durant et de se faire accompagner en fraternité par la puissance publique.
    Ce nouveau droit ne nuit à personne et ne trouble pas l’ordre public. Je cite Olivier Falorni, rapporteur général du texte : « On ne force personne à rien du tout, ni à vivre en souffrant, ni à mourir avec une aide, ni à renier ses idées. Nul n’a le devoir d’adhérer à tout changement de la société, mais nul n’a le droit d’imposer sa vérité aux autres en les empêchant d’être libres. » (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe LFI-NFP.)
    Le temps est venu pour moi d’avoir une pensée particulière pour une personne très proche. Elle cumulait les cinq critères et j’imagine que nous aurions pu choisir ensemble la date pour mettre fin à ses souffrances, si ce texte avait été en vigueur. Le choix de cette date fut, pour elle, solitaire.
    Rien ne révèle mieux l’âme d’un pays que la façon dont il accompagne ses membres les plus fragiles. Pour toutes ces raisons, le groupe La France insoumise votera en faveur de cette proposition de loi. Pour ces mêmes raisons, très chers collègues, votez pour ou abstenez-vous. (Applaudissements sur les bancs des groupes LFI-NFP et EcoS ainsi que sur plusieurs bancs du groupe SOC.)

    Mme la présidente

  • partager

    La parole est à M. Stéphane Delautrette.

    M. Stéphane Delautrette (SOC)

  • partager

    Nous y sommes. Après la promesse du président de la République, une convention citoyenne, un travail interrompu par la dissolution, des mois d’attente et des semaines de discussion, oui, nous y sommes, enfin ! Les Françaises et les Français sont prêts et nous leur devons d’être au rendez-vous de l’histoire. Il est des débats qui nous honorent –⁠ je me permets de reprendre vos mots, madame la présidente – et celui-ci tout particulièrement, en ce qu’il touche à l’humain, à l’intime, à la conscience et à la liberté.
    Les deux textes que nous nous apprêtons à adopter seront les marqueurs de cette législature. Plus qu’un symbole, ils formeront une nouvelle marche humaniste dans les pas des grandes avancées sociétales de ces dernières décennies : le droit à l’IVG, l’abolition de la peine de mort, la loi Kouchner, la loi Claeys-Leonetti et le mariage pour tous. Autant de combats pour lesquels les socialistes ont toujours été en première ligne, sentinelles fidèles et opiniâtres.

    M. Guillaume Garot

  • partager

    Très bien !

    M. Stéphane Delautrette

  • partager

    La fin de la vie doit être appréhendée dans l’écoute et avec vigilance. Je veux saluer la qualité de nos débats, en commission comme dans l’hémicycle. Ils furent régis par la quête de la justesse et de la justice. La fin de la vie est notre question à tous. Elle touche chacune et chacun dans sa chair, son cœur et son esprit.
    De quoi parlons-nous aujourd’hui ? De la vie et de la mort. Nous parlons de mieux accompagner, jusqu’au bout, la vie des personnes malades qui subissent des souffrances insupportables, inapaisables, et qui veulent choisir les conditions de leur mort.
    Le premier texte, relatif aux soins palliatifs, prolonge la voie ouverte par Alain Claeys –⁠ que je salue – et Jean Leonetti, vers plus d’égalité. Car il n’est pas acceptable que nous n’accédions pas tous à une même qualité d’accompagnement de la douleur dans la maladie. Il est temps de couvrir tout le territoire français de services et d’unités mobiles de soins palliatifs ; de créer de nouvelles structures intermédiaires à l’image des maisons d’accompagnement et de soins palliatifs ; de mieux former les professionnels de santé à un accompagnement global de la fin de vie et de renforcer ainsi tous les maillons de la chaîne. Cela suppose que les engagements pris soient tenus lors de l’examen du prochain projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS). Nous y serons particulièrement attentifs.
    Le deuxième texte crée un droit à l’aide à mourir à la française. Je crois aux progrès de la médecine, à l’espoir de guérison et à la vie ; mais accompagner la vie, c’est accompagner la mort aussi, lorsque l’espoir n’est plus, lorsque les souffrances sont inapaisables. (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe SOC. –⁠ Mme Danielle Simonnet applaudit également.) Il nous faut alors entendre la voix de celles et ceux qui veulent partir sereinement, dignement, selon leur conscience. Il nous faut respecter leur volonté libre et éclairée.
    Il n’est pas question d’obliger qui que ce soit à recourir à ce nouveau droit, ni d’obliger les professionnels de santé à agir en désaccord avec leur conscience. Il ne s’agit pas non plus de donner un permis de tuer, mais d’accéder à une liberté de choix. Car c’est bien d’une loi de liberté dont il est question ; une loi de liberté et d’équilibre, la liberté des uns ne devant jamais entraver celle des autres.

    M. Philippe Vigier

  • partager

    Très bien !

    M. Stéphane Delautrette

  • partager

    Par ce texte, nous consacrons un nouveau droit dans le code de la santé publique, nous dépénalisons le geste et protégeons les professionnels de santé, nous déterminons des conditions claires d’accès à l’aide à mourir. Par ce texte, nous sécurisons la procédure à chaque étape, avec toutes les précautions qui s’imposent.
    Si je crois au grand pas que constitue ce texte, je regrette les reculs consentis par rapport à sa version initiale, notamment sur le libre choix par la personne du mode d’administration. (Mme Danielle Simonnet applaudit.) Enfin, je regrette l’absence de prise en compte des directives anticipées. (Même mouvement.) Pour autant, nous sommes à l’aube d’une avancée historique et je salue la ténacité du rapporteur général, Olivier Falorni. (Applaudissements sur les bancs du groupe SOC, sur plusieurs bancs des groupes EPR et Dem ainsi que sur quelques bancs du groupe LFI-NFP. –⁠ Mme Sophie Errante applaudit également.)
    Notre vigilance doit désormais demeurer entière pour que ce texte d’équilibre poursuive son chemin parlementaire sans obstruction. Car si, au bout du bout, certains devaient encore se rendre à l’étranger pour abréger leurs souffrances, alors nous aurions collectivement échoué.
    Chers collègues, nous en appelons à la fraternité, à l’égalité et à la liberté de choix et de conscience. Cette même liberté se traduit aujourd’hui par une liberté de vote au sein de mon groupe, très majoritairement favorable au droit à l’aide à mourir. Notre République est celle des Lumières, celle qui, de l’intime, forge l’universel. Faisons-lui honneur en considérant ensemble ces deux textes essentiels l’un à l’autre. (Applaudissements sur les bancs du groupe SOC et sur plusieurs bancs des groupes EPR, Dem et EcoS. –⁠ Mme Sophie Errante applaudit également.)

    Mme la présidente

  • partager

    La parole est à M. Patrick Hetzel.

    M. Patrick Hetzel (DR)

  • partager

    Il est des sujets devant lesquels toute querelle politique s’efface, tant ils engagent notre conscience collective et touchent au cœur de notre humanité. Celui de la fin de vie exige non pas des réponses rapides mais une réflexion profonde, éclairée par l’expérience, la compassion et le respect de la dignité humaine.
    Je tiens à défendre avec force les soins palliatifs, comme une voie profondément humaine tracée depuis plusieurs décennies par des équipes soignantes d’une qualité remarquable. Les soins palliatifs ne sont pas un refus d’agir ; ils sont un choix exigeant : celui de soigner jusqu’au bout, d’écouter jusqu’au bout, d’aimer jusqu’au bout. Ils ne proposent pas la mort, mais un accompagnement digne dans la vie qui reste. Ils ne donnent pas la mort, mais ils donnent tout ce qu’il est possible de donner à celles et ceux qui s’en rapprochent : le soulagement, la paix, la présence.
    En 2005, la loi Leonetti a consacré ce choix de société : refuser l’obstination déraisonnable, garantir le droit au soulagement de la douleur et affirmer le principe fondamental du respect de la personne jusqu’au terme de sa vie. Ces repères historiques ne sont pas des vestiges ; ils sont des fondations solides sur lesquelles nous devons nous appuyer. Ils nous rappellent que notre société a su faire le choix de l’humanité, de la prudence et de l’attention aux plus vulnérables.
    Il serait illusoire, et même dangereux, de prétendre débattre d’une légalisation de l’euthanasie sans avoir d’abord pleinement déployé l’accès aux soins palliatifs. Depuis des années, des médecins, des infirmiers, des aides-soignants, des psychologues et des bénévoles remplissent cette mission avec un esprit de soin admirable. (Applaudissements sur les bancs du groupe DR.) Ils savent ce que signifie accompagner une personne jusqu’à son dernier souffle, sans la hâter, sans jamais l’abandonner. Ils sont ces artisans du quotidien qui incarnent la grandeur silencieuse de notre système de santé.
    Trop souvent méconnus, les soins palliatifs ne sont pourtant pas synonymes de renoncement. Ils ne guérissent pas, certes, mais ils soignent : la douleur, l’angoisse, la solitude. Ils donnent du sens aux derniers instants, ils permettent de dire adieu, de se réconcilier, de choisir comment partir. Ils affirment avec force et douceur que chaque vie mérite d’être respectée jusqu’à son terme. (Mme Anne-Laure Blin applaudit.)

    Mme Justine Gruet

  • partager

    Exactement !

    M. Patrick Hetzel

  • partager

    Dans un monde qui a parfois peur de la fin de vie, les soins palliatifs osent l’affronter avec une infinie délicatesse. Ils nous parlent de ce que nous avons de plus précieux : notre capacité à prendre soin, à accompagner, à aimer, jusqu’au dernier souffle. Ce premier texte contient des dispositifs innovants et intéressants ; mais je crains qu’il ne puisse changer la donne de façon structurelle.
    Comment pourrions-nous prétendre ouvrir un débat sincère sur la fin de vie sans avoir d’abord pleinement développé l’offre de soins palliatifs sur l’ensemble du territoire national ? Aujourd’hui encore, trop de patients y ont accès de manière limitée et inégale, quand ils n’en sont pas, hélas, tout simplement privés. C’est là que notre responsabilité d’élu se situe : donner à chaque citoyen la garantie qu’il ne sera jamais seul dans la souffrance, jamais abandonné.
    Permettez-moi de le dire avec gravité : introduire l’euthanasie dans un système de soins encore insuffisamment formé à la culture palliative ne serait pas seulement une faute morale ; ce serait la marque d’une défaite collective. Les soins palliatifs ne sont pas une solution de repli ; ils sont la promesse d’une humanité partagée jusqu’au bout, dans le respect de la vie et de la personne. Nous devons mener, ensemble, un combat pour que l’emporte l’esprit de soin. Nous ne pouvons nous résoudre à ce que certains de nos concitoyens demandent un suicide assisté parce qu’ils n’ont pas pu accéder aux soins palliatifs. Faut-il rappeler que chaque jour, en France, 500 personnes meurent sans avoir eu accès à ces soins dont ils auraient pourtant eu besoin ?
    Le soutien aux soins palliatifs –⁠ qui, je crois, nous rassemble tous – ne doit pas non plus servir à cautionner la légalisation d’une mort provoquée. (M. Laurent Wauquiez applaudit.)

    M. Jean-Yves Bony

  • partager

    Très bien !

    M. Patrick Hetzel

  • partager

    Des moyens doivent être consacrés au développement de la culture palliative, encore et partout : il ne s’agit pas de se donner bonne conscience avec une annonce de plus.
    N’imaginons surtout pas, chers collègues, que cette loi donne une liberté de choix : si c’est là son but, cette liberté n’est qu’un artifice. Je crains que cette égalité d’accès aux soins, égalité que nous prônons, ne soit toujours pas garantie dans un an, voire dans cinq –⁠ et ce malgré le droit opposable. (Mme Justine Gruet applaudit.) On ne peut pas se mentir à seule fin de se donner bonne conscience. Paul Ricœur le disait : « Si l’éthique de détresse est confrontée à des situations où le choix n’est pas entre le bien et le mal, mais entre le mal et le pire –⁠ même alors le législateur ne saurait donner sa caution. »
    Chers collègues, la véritable grandeur d’une société ne se mesure pas à sa capacité à abréger la vie, mais à son engagement à l’accompagner, jusqu’à ses derniers instants, avec humanité, courage et tendresse. C’est cette grandeur-là que je vous invite à défendre en votant massivement en faveur des soins palliatifs. (Applaudissements sur les bancs des groupes DR et UDR et sur quelques bancs du groupe RN.)

    M. Thibault Bazin

  • partager

    Très beau plaidoyer pour la vie !

    Mme la présidente

  • partager

    La parole est à Mme Sandrine Rousseau.

    Mme Sandrine Rousseau (EcoS)

  • partager

    Notre liberté ne s’arrête pas à la porte de l’hôpital. Au terme d’une maladie incurable, seul le droit peut nous rendre égaux –⁠ nous qui sommes tous différents –, en nous donnant le choix de ne pas subir ce qu’en notre âme et conscience nous jugeons inacceptable.
    « La mort n’est jamais indigne. Ce qui l’est, c’est de ne pas respecter les valeurs propres à chaque individu. » : tels sont les mots d’Anne Bert dans Le tout Dernier Été, roman écrit alors que, atteinte de la maladie de Charcot, elle avait décidé de se rendre en Belgique.
    La question de la fin de vie a ceci de particulier qu’elle relève à la fois de l’intime, de nos convictions, de l’éthique, de l’institutionnel, de la médecine, de la liberté et de la conscience individuelle et collective. Il y a beaucoup de petits et de grands arrangements autour de la fin de vie. Il y a ces patients qui n’ont pas accès aux soins palliatifs alors qu’ils en auraient besoin et les réclament. Il y a cette sédation profonde, trop peu utilisée. Il y a ces médecins qui débranchent les patients. Il y a ces patients qui arrêtent leurs soins. Il y a ces personnes qui partent en Belgique et en Suisse. Il y a celles et ceux qui se suicident. Il y a ceux qui souffrent seuls et ceux qui ont peur. Il y a des directives anticipées qui ne servent pas toujours. Il y a ces formations aux soins palliatifs, trop peu suivies. Il y a les cancers et les maladies dégénératives, dont le nombre explose. Il y a le manque de moyens. Il y a cette insuffisance de médecins. Il y a, surtout, cette volonté de fermer les yeux pour ne pas voir.
    Oui, la mort nous effraie –⁠ tous et toutes. Pour cela, elle est souvent un tabou. Dans notre société de la performance, de l’accomplissement, du développement personnel et de la compétition, la mort est perçue comme un échec –⁠ échec des soins, de la vie, de la santé, échec individuel autant que collectif. On laisse alors les mourants se débrouiller avec leurs proches. On ferme les yeux sur ce qui se passe vraiment : souffrances parfois insupportables, difficultés d’accès aux soins et parfois –⁠ souvent – suicide.
    Car combien de personnes, en France, se sachant condamnées, décident d’en finir avec les moyens du bord –⁠ combien de suicides clandestins en violents ? Combien retournent contre eux leur arme de chasse ? Combien refusent de s’alimenter ? Combien avalent ce qu’ils ont sous la main ? Combien décident, bien que leur corps leur fasse souffrir le martyre, de traverser la France pour se rendre en Suisse ou en Belgique ? Combien de médecins, dans le secret de la relation singulière avec leur patient, décident de forcer les doses pour, comme ils le peuvent, l’aider à mourir ? Combien de proches se procurent la substance létale sur internet ou via des réseaux discrets pour la glisser dans la main d’un proche mourant ? Il n’y a aucun chiffre, aucun recensement. Mais nous serions sans doute surpris du nombre de ces suicides et de ces aides à mourir à clandestines, de ces fins de vie qui sont de véritables tabous.
    Oui, on meurt mal en France. Oui, on meurt clandestinement en France. Les soins palliatifs sont trop peu nombreux, trop peu déployés et trop peu accessibles. La proposition de loi sur les soins palliatifs vient consacrer un droit. Nous nous sommes battus pour que ce droit soit gravé dans la loi. Il est important –⁠ indispensable même – que l’accès aux soins palliatifs soit effectif, partout sur le territoire. Là où ce ne sera pas le cas, des décisions de justice pourront intervenir. Avoir réellement le choix, c’est la condition de liberté.
    Ces deux lois ne portent sur rien d’autre que sur la fin de vie. La loi sur l’aide à mourir n’est pas la loi canadienne, ni la loi suisse, ni la loi belge. Elle n’est ni celle de l’Ontario ni celle des Pays-Bas. Cette loi est issue d’années de concertation, de discussion et de prévention. Elle procède des réflexions menées par les ordres de soignants, par la Haute Autorité de santé, par les différents ministres de la santé et par la Convention citoyenne ainsi que des échanges avec le rapporteur général Olivier Falorni. Elle est le fruit de nos centaines d’heures de discussion, d’échanges et de consultations.
    Ce n’est pas une loi sur le handicap, mais sur la fin de vie – uniquement sur la fin de vie. (Applaudissements sur les bancs du groupe EcoS et sur quelques bancs des groupes LFI-NFP et SOC.) Ce n’est pas une loi qui trie. Ce n’est pas une loi qui décide qui a le droit de vivre et qui doit mourir, quelle vie vaut le coup et quelle vie ne le vaut pas. C’est une loi de liberté, une loi du libre choix, adossée à un autre nouveau droit, celui de l’accès aux soins palliatifs et à la sédation profonde et continue.
    Il n’y a pas que cinq critères – il y en a bien plus. La décision n’est pas dans les mains d’une seule personne en souffrance mais d’un collège, qui autorise ou n’autorise pas. C’est une loi qui cadre, encadre, limite et vérifie. C’est une loi de prudence –⁠ mais c’est une loi qui permet d’appuyer sur le bouton stop.
    Tous les arguments en faveur de cette loi ont été énoncés lors de nos échanges, mais je voudrais insister sur l’un d’entre eux –⁠ et un seul. Savoir que l’on peut demander une aide à mourir permet d’aider à vivre. Je le redis avec force : savoir que nous pouvons dire stop permet de vivre pleinement les derniers moments qu’il nous reste. (Mêmes mouvements.) Quel est le prix, quelle est la richesse, quel est le bonheur que de pouvoir goûter, dans la sérénité, la douceur de ce baiser déposé sur le front d’un être cher et que de pouvoir sentir l’effluve de ces fleurs qui éclosent derrière la fenêtre et dont le parfum arrive jusqu’à nos narines ! Quelle joie que d’entendre, une fois plus, une fois encore, ce rire si doux à nos oreilles ! Cette loi rend tout cela possible –⁠ avec plus d’intensité et plus de force. Qu’on demande cette aide ou qu’on ne la demande pas, savoir qu’on peut le faire sera, pour beaucoup, une condition de la sérénité –⁠ le moyen d’oublier, un instant, les tubes et les machines, les cathéters et les cicatrices pour, simplement, profiter de la vie. Et rien de plus.
    Alors, pour nos amours, pour nos amis, pour celles et ceux qui nous sont chers, pour toutes celles et ceux qui n’ont pas eu accès à cette aide, pour toutes celles et ceux que l’on a accompagnés dans toutes les maisons de France,… (L’oratrice, émue, s’interrompt un instant. –⁠ Applaudissements sur les bancs des groupes EcoS, LFI-NFP, SOC et GDR et sur quelques bancs du groupe LIOT. –⁠ Mme Nicole Dubré-Chirat et M. Jimmy Pahun applaudissent également)…pour celui qui croyait au ciel, pour celui qui n’y croyait pas, pour notre humanité, pour le droit à disposer de nos corps, pour notre liberté si précieuse et si chérie : oui au droit aux soins palliatifs, oui à l’aide à mourir. (Applaudissements sur les bancs des groupes EcoS, dont les députés se lèvent, sur les bancs des groupes LFI-NFP et SOC et sur quelques bancs des groupes EPR et Dem.)

    Mme la présidente

  • partager

    La parole est à Mme Nathalie Colin-Oesterlé.

    Mme Nathalie Colin-Oesterlé (HOR)

  • partager

    Je tenais d’abord à saluer la qualité des débats que nous avons eus ces derniers jours, en dépit de la gravité de l’instant, de la profondeur des convictions et, parfois, de la fatigue. Cette sérénité n’est pas le fruit du hasard. Nous la devons à la vigilance de chacun –⁠ particulièrement à celle de Frédéric Valletoux, président de la commission des affaires sociales – ainsi qu’à la présence continue, en séance publique, de madame la ministre. Cette constance a donné à nos échanges la gravité et la mesure que le sujet exigeait.
    Nous ne légiférons, en effet, ni sur un sujet technique ni sous le coup d’une émotion passagère. Nous traçons les frontières ultimes de notre humanité. Voter la proposition de loi consacrant l’accompagnement et les soins palliatifs, c’est faire un droit concret de ce qui n’était jusqu’alors qu’un vœu pieux : pouvoir mourir sans être abandonné, entouré de soins qui soulagent le corps et apaisent l’esprit. Les maisons d’accompagnement qui verront le jour, tiers lieux entre hospitalisation lourde et retour inadapté au domicile, feront savoir à chacun que la République ne se détourne plus quand la médecine ne guérit plus. Dès l’annonce du diagnostic, un plan personnalisé prévoira –⁠ et écrira noir sur blanc – le soin, la coordination sociale et le soutien psychologique. Parce qu’une politique sans moyens n’est qu’un artifice, le milliard d’euros inscrit dans la stratégie décennale fait des soins palliatifs une politique publique à part entière, un pilier de notre pacte social.
    J’en viens maintenant à la proposition de loi sur l’aide à mourir. Ma voix n’a jamais été celle du rejet par principe, mais celle de la vigilance sans relâche. J’ai ainsi fait des propositions constructives, visant à mieux encadrer les conditions d’accès et la procédure –⁠ beaucoup d’entre elles n’ont pas été retenues. Certes, grâce à l’adoption d’amendements que j’avais déposés avec certains de mes collègues, la souffrance passagère et la souffrance psychologique seule n’ouvrent plus le droit à la substance létale. Certes, l’autoadministration redevient la norme et l’administration par un soignant ne sera qu’un dernier recours, en cas d’incapacité physique.
    Je suis cependant convaincue qu’il reste encore beaucoup à faire pour éviter toutes les dérives et protéger les personnes les plus vulnérables. Je regrette que la décision finale reste le fardeau solitaire d’un médecin, tout comme je regrette que la consultation par un second médecin ne soit pas obligatoire, comme elle l’est en Belgique. Je suis également convaincue que le médecin traitant, quand il existe, médecin qui connaît le parcours de soins, les volontés du patient et assure son suivi régulier, devrait obligatoirement être consulté.
    Le texte, dans sa rédaction actuelle, ne donne aucune priorité aux soins palliatifs. Le patient est simplement informé qu’il y a droit. Les chiffres montrent pourtant que la très grande majorité des patients, quand leur souffrance est apaisée, ne souhaitent plus mourir.
    Le texte prévoit la création d’un délit d’entrave à l’aide à mourir ; mais l’amendement qui prévoyait la création d’un délit d’incitation à l’aide à mourir a été rejeté. Il est pourtant essentiel de veiller à ce qu’aucune pression, ouverte ou dissimulée, ne soit exercée sur des personnes vulnérables. L’absence d’une telle disposition fait peser un risque éthique important sur l’encadrement de la procédure.
    Pour toutes ces raisons, certains de mes collègues voteront contre la deuxième proposition de loi, quand d’autres, comme moi, ont décidé de s’abstenir. Je compte sur la navette parlementaire pour que ce texte ne crée pas un nouveau droit du quotidien, prêt à glisser vers un droit de l’ordinaire, mais pour que cette aide à mourir ne soit jamais plus qu’un ultime recours, lorsque la médecine ne peut plus rien.
    Aucune loi ne résoudra l’énigme de la finitude. Quel que soit notre vote, refusons de sacraliser, ce soir, ce qui doit demeurer une déchirure et proclamons, avec force, que nulle existence ne doit s’éteindre dans la solitude ou la douleur. Ce n’est pas la possibilité de hâter la fin qui élève une vie, mais la manière dont la société choisit d’accompagner la fragilité ultime, dans l’épreuve du corps comme dans l’angoisse de l’âme.
    Puissent nos concitoyens garder de notre assemblée l’image d’un hémicycle capable, face aux questions essentielles, de conjuguer la rigueur de la raison et la tendresse du cœur ! (Applaudissements sur les bancs du groupe HOR et sur quelques bancs des groupes EPR et DR.)

    Mme la présidente

  • partager

    La parole est à Mme Hanane Mansouri.

    Mme Hanane Mansouri (UDR)

  • partager

    C’est avec le cœur lourd que je m’adresse à vous aujourd’hui –⁠ le cœur lourd et un goût amer dans la bouche. Pourtant, j’aurais aimé me présenter devant vous pour saluer avec sincérité une loi ambitieuse, marquée par le souci de renforcer notre système de santé, de financer les soins palliatifs et de les rendre accessibles à tous, sur tout le territoire.
    Mais mon optimisme s’est noyé, tiré vers le fond par le renoncement, étouffé par le cynisme dissimulé sous la froideur et le mépris que j’ai vus s’épanouir au fil de ce débat.
    En séance comme en commission, l’accès à la mort n’a cessé d’être élargi. On ne peut plus parler d’un texte équilibré, qui encadrerait strictement l’euthanasie pour des personnes en fin de vie, condamnées, dénuées de perspectives.

    M. Arnaud Le Gall

  • partager

    C’est indécent !

    Mme Hanane Mansouri

  • partager

    Il suffira désormais d’être atteint d’une affection qualifiée d’incurable, sans que cela soit synonyme de mort imminente, loin de là. Voici quelques exemples de maladies chroniques incurables : l’arthrose, l’endométriose ou encore la trisomie. (Protestations sur plusieurs bancs des groupes EPR, LFI-NFP, SOC et Dem.) Elles n’empêchent ni d’aimer ni de vivre pendant de nombreuses années. Encore faut-il que nous décidions d’en faire une priorité médicale et humaine.
    Les promoteurs de ce texte nous expliquent que l’euthanasie n’est pas une obligation, mais un droit. Or ce n’est pas parce qu’on ne contraint pas qu’on n’incite pas. Ce n’est pas parce que c’est un choix qu’il est libre. Ce n’est pas parce qu’on ne dit pas directement à quelqu’un qu’il est un fardeau qu’il ne l’entendra pas ainsi. (Exclamations sur les bancs des groupes LFI-NFP et EcoS.) Qui pourra garantir qu’un entourage fatigué, parfois malveillant, ne posera pas la question à demi-mot, par lassitude ou par intérêt ?
    La douleur dont nous sommes tous familiers cache une réalité bien plus brute, celle d’un système de santé à genoux, de familles épuisées, de structures inexistantes, de personnel absent. (Applaudissements sur les bancs des groupes UDR et RN.) Dans ce vide, face à cette détresse, on propose la mort. Faut-il donc achever ceux qu’on ne veut plus porter ?
    Quand un malade dans son lit d’hôpital, dans la solitude, la douleur, murmure « Je veux mourir », il dit : « J’ai mal, aidez-moi, apaisez-moi. » (Mêmes mouvements.)

    Mme Frédérique Meunier

  • partager

    Mais qu’est-ce qu’elle en sait ?

    Mme Hanane Mansouri

  • partager

    Que devient l’humanité quand la réponse n’est plus de tendre la main, mais de refermer le poing ?
    Nous avons tous en tête l’image d’un proche parti dans la souffrance. Nous portons cette douleur, cette impuissance. Mais parmi ceux qui nous ont quittés, combien avaient accès aux soins palliatifs ? Combien ont eu, autour de leur lit, autre chose que des machines ou du vide ? Combien ont pu bénéficier jusqu’au bout d’une présence véritable, d’une écoute, d’un soulagement ?
    Il faut regarder la vérité en face, car elle a déjà un visage et une histoire –⁠ ceux d’une femme atteinte de la maladie de Charcot. Elle a cru très tôt qu’il ne lui restait plus qu’une issue : partir avant de souffrir, avant de devenir un poids. Traumatisée par la mort de sa sœur, atteinte de la même maladie, elle a très vite dit qu’elle ne voulait pas vivre la même chose et qu’elle irait en Belgique pour mourir. Tout s’est enchaîné : la douleur, la fatigue des proches, le manque d’informations relatives aux aides disponibles et une société incapable de proposer autre chose que la sortie.
    Pourtant, cette femme n’était pas à l’article de la mort. Elle était encore capable d’échanges, de joie, de nouer des liens. Elle avait même connu la joie immense de devenir grand-mère. Quand la famille s’est rassemblée autour d’elle, quand ses proches se sont relayés pour les soins, l’atmosphère s’est allégée. Il y avait de la vie, de l’amour, du sens. Mais tout cela est arrivé trop tard : elle ne savait pas que les soins palliatifs pouvaient être proposés à domicile dès le diagnostic car on ne lui avait pas dit. Le centre le plus proche avait refusé de l’admettre, jugeant que son état ne s’était pas encore assez dégradé. Personne ne l’a retenue, personne ne l’a vraiment accompagnée. Elle est partie parce qu’elle pensait que c’était la seule façon de ne pas peser.

    Mme Frédérique Meunier

  • partager

    Mais qu’est-ce qu’elle en sait ?

    Mme Hanane Mansouri

  • partager

    Voilà ce que ce texte ignore, voilà ce qu’il rendra possible, banal, fréquent.
    Pire encore : demain, informer un patient que ces solutions existent pourra être considéré comme un délit d’entrave.

    Mme Isabelle Santiago

  • partager

    Mais non !

    Mme Sophie Taillé-Polian

  • partager

    C’est honteux !

    Mme Dieynaba Diop

  • partager

    C’est faux ! C’est honteux ce que vous dites ! Vous avez le droit de ne pas être d’accord, mais ne dites pas des choses fausses !

    Mme Hanane Mansouri

  • partager

    Comme si légaliser la mort ne suffisait pas, on veut pénaliser la vie.
    Chers collègues qui hésitez encore, voter ce texte revient à punir de deux ans de prison tout médecin ou proche qui dissuaderait une personne d’avoir recours à l’euthanasie. (Exclamations prolongées sur plusieurs bancs des groupes SOC et EPR. –⁠ Applaudissements sur les bancs des groupes UDR et RN.) Le texte ouvre également cette possibilité aux personnes atteintes d’un handicap mental.

    M. René Pilato

  • partager

    C’est indigne du travail accompli !

    Mme Hanane Mansouri

  • partager

    Le tout avec une confirmation en quarante-huit heures –⁠ une procédure accélérée pour une décision irréversible. Est-ce que vraiment ce que vous souhaitez ?
    En tant que benjamine de l’Assemblée, je veux vous dire que c’est la jeunesse réaliste, consciente des plaies de notre monde et soucieuse de les panser qui vous parle ! (Mêmes mouvements.)

    Mme Dieynaba Diop

  • partager

    Ce n’est pas la jeunesse ça !

    M. Inaki Echaniz

  • partager

    Vous n’avez pas le monopole de la jeunesse !

    Mme Ayda Hadizadeh

  • partager

    C’est indigne !

    Mme Hanane Mansouri

  • partager

    Une jeunesse qui ne se résigne pas à accepter un monde qui ne croit plus, une société défaitiste. Le groupe UDR votera à l’unanimité contre ce renoncement. Refusons d’inscrire dans la loi qu’un citoyen malade, handicapé, seul, affaibli n’a pour ultime liberté que la disparition ! (Les députés des groupes UDR et RN se lèvent et applaudissent. –⁠ Exclamations sur plusieurs bancs des groupes EPR et SOC.)

    M. Hervé de Lépinau

  • partager

    Silence, les boomers !

    Mme la présidente

  • partager

    La parole est à M. Théo Bernhardt.

    M. Théo Bernhardt (RN)

  • partager

    Il est des textes qui transcendent les clivages et font débat au sein d’un même groupe politique. Certains d’entre eux résonnent si profondément dans la société qu’il devient essentiel de laisser à chacun la liberté de se positionner selon sa conscience et son expérience personnelle.
    Je veux exprimer ma grande fierté de siéger sur les bancs du Rassemblement national, qui, sur un sujet aussi intime, a choisi de laisser à chacun la liberté de conscience et de vote la plus entière. J’en remercie tout particulièrement notre présidente, Marine Le Pen. (Applaudissements sur les bancs du groupe RN. –⁠ M. Vincent Trébuchet applaudit également.)

    M. François Cormier-Bouligeon

  • partager

    Elle est où d’ailleurs ?

    M. Théo Bernhardt

  • partager

    Je mesure pleinement les réserves, parfois profondes, de plusieurs de mes collègues. Je les respecte et comprends la gravité de leurs interrogations.
    On aurait d’ailleurs dû laisser ce choix à chaque Français en recourant à un référendum. Le Rassemblement national défend l’idée que les choix de société, parce qu’ils engagent profondément les valeurs, les repères et parfois même les fondements culturels de notre civilisation, ne doivent pas être laissés à l’appréciation de quelques représentants, aussi légitimes soient-ils, mais soumis directement au peuple par voie référendaire. (Applaudissements sur les bancs du groupe RN.)

    M. Christophe Bentz

  • partager

    Exactement !

    M. Théo Bernhardt

  • partager

    Ce n’est toutefois pas la voie qui a été choisie. Nous voici donc amenés à nous prononcer sur la création d’un droit à l’aide à mourir, c’est-à-dire au suicide assisté ou à l’euthanasie, source d’attente pour beaucoup, de crainte pour d’autres. À ces derniers, je dirai ceci : consentir à ce qu’une personne, arrivée au terme d’une maladie incurable, au-delà de toute possibilité de soulagement acceptable, puisse choisir d’abréger ses souffrances, c’est reconnaître la part de souveraineté qui nous appartient encore lorsque la maladie nous a confisqué tout le reste.
    Nous entendons celles et ceux qui craignent, derrière cette liberté, l’avènement d’une société où la vie deviendrait un paramètre comptable, où l’on pousserait subtilement les plus vulnérables vers la sortie. Nous leur répondons que le texte qui nous est soumis ne fait pas l’apologie de la mort : il consacre un droit ultime, encadré, balisé, assorti de garanties. Refuser d’ouvrir cette porte au prétexte qu’elle pourrait être forcée demain, c’est condamner aujourd’hui des femmes et des hommes à une souffrance insupportable, au nom d’un risque incertain.
    Nous sommes satisfaits des amendements adoptés en séance, qui viennent encadrer ce droit. Nous avons d’abord fait du suicide assisté la règle, pour que l’euthanasie reste l’exception. Ensuite, nous avons précisé que les personnes éligibles à l’aide à mourir devaient être entrées dans un processus irréversible d’aggravation de leur état de santé. Enfin, nous avons supprimé la reconnaissance comme mort naturelle des morts résultant de l’aide à mourir.
    Ces précisions ne sont pas accessoires, mais essentielles pour prévenir tout abus, toute dérive. Les garde-fous sont indispensables pour protéger les plus vulnérables, et garantir que cette aide à mourir reste une exception rigoureusement encadrée, fondée sur une demande libre, éclairée, et surtout réitérée.
    Je me dois cependant de vous faire part de l’inquiétude que suscite chez nous l’introduction d’un délit d’entrave à l’aide à mourir dont la définition actuelle soulève de sérieuses interrogations, et auquel le groupe Rassemblement national s’est unanimement opposé lors des débats. Nous craignons que cette disposition ne vienne limiter la liberté d’expression. C’est pourquoi nous espérons sincèrement que ce délit sera supprimé par le Sénat. (Mmes Marie-France Lorho et Béatrice Roullaud applaudissent.) Dans le même temps, nous regrettons que l’instauration d’un délit d’incitation ait été rejetée, alors qu’elle aurait pu rassurer et garantir l’équilibre du texte.
    Nous tenons également à rappeler que les soins palliatifs doivent demeurer la réponse prioritaire à la souffrance en fin de vie : il est impératif de garantir un accès équitable à ces soins partout sur le territoire, afin que nul ne soit contraint de choisir l’aide à mourir faute de soins appropriés.
    Pour ceux d’entre nous qui en feront ainsi, voter ce texte ne signifie pas que nous tournons le dos à la valeur de la vie. Nous souhaitons honorer la parole de ceux qui, dans le silence de leur chambre d’hôpital, demandent qu’on respecte leur ultime liberté. (Mme Béatrice Roullaud applaudit.)
    Je l’assure à nos compatriotes inquiets : nous ne transigerons jamais avec la protection des personnes en situation de handicap, des mineurs, des personnes sous emprise ou en détresse psychologique. Les lectures successives devant le Parlement permettront de s’assurer que le texte final le garantisse.
    En votant pour cette proposition de loi, je considère que, plutôt que de tourner une page de civilisation, nous écrivons une page de compassion. Nous disons à ceux qui souffrent : « La nation vous voit. Elle vous entend. Elle ne vous laissera pas seuls. » Nous disons aux soignants : « Vous ne serez pas abandonnés. La loi sera votre bouclier. » Et nous nous disons à nous-mêmes : « Nous avons eu le courage de regarder en face la souffrance extrême et lui avons opposé la liberté suprême. »
    En définitive, cette proposition de loi vise à offrir, dans des situations exceptionnelles, une réponse exceptionnelle. Elle ne fait pas l’éloge de la mort, mais répond à la souffrance incurable. Elle n’affaiblit pas les valeurs de la vie, mais reconnaît la liberté de chacun face à l’extrême douleur.
    Parce qu’elle conjugue liberté et dignité, plusieurs députés du groupe Rassemblement national, dont je fais partie, voteront pour ce texte. Nous le ferons sans triomphalisme, dans l’humilité de l’incertitude, le respect de ceux qui pensent autrement, et la conscience aiguë de la gravité du sujet, avec l’espoir que, par-delà nos divergences, la société française saura trouver dans ce débat un surcroît d’humanité. (Applaudissements sur les bancs du groupe RN, dont plusieurs députés se lèvent.)

    Mme la présidente

  • partager

    La parole est à M. Vincent Ledoux.

    M. Vincent Ledoux (EPR)

  • partager

    « Ce n’est pas la mort que l’on redoute, c’est de mourir sans avoir été compris. » Cette phrase de François Cheng exprime avec une justesse bouleversante ce qui habite chacun face à la finitude : le besoin d’être reconnu dans sa singularité, son histoire, dans sa douleur comme dans ses choix.
    Être compris, c’est être reconnu jusqu’au bout comme une personne, et non uniquement comme un corps. C’est recevoir la main tendue, le cœur ouvert à la souffrance : le fardeau est moins lourd à porter lorsque l’on n’est pas seul. Être compris dans sa vulnérabilité, sa faiblesse, sa dépendance, n’est-ce pas là, au fond, la plus belle promesse de la fraternité républicaine ?
    Cette compréhension a été rendue possible par les pionniers des soins palliatifs, qui ont permis d’affirmer le refus de l’obstination déraisonnable, la reconnaissance des directives anticipées, et le droit à la sédation profonde. Les Français leur en sont reconnaissants : ils font massivement confiance à cette approche pour soulager les souffrances en fin de vie.
    J’aimerais exprimer ma gratitude à nos soignants, si courageux, si bienveillants –⁠ ils sont la fierté de notre République du soin.
    Pourtant, vingt ans après leur création, les soins palliatifs restent trop méconnus. Les Français les plébiscitent, mais les identifient mal. Ils demandent aujourd’hui un accès effectif, pour tous et partout. C’est à cette attente qu’il nous faut répondre par un développement massif, ambitieux et équitable de ces soins, ce que défend avec conviction notre collègue Annie Vidal. Son texte concrétise une exigence républicaine essentielle –⁠ l’égalité devant l’accompagnement ultime.
    La République, c’est aussi garantir, jusqu’à la dernière heure, la bienveillance des soins, la chaleur d’une présence, la dignité d’un accompagnement, non seulement dans les unités spécialisées, mais aussi à domicile, dans les Ehpad, dans les hôpitaux généraux et dans ces maisons d’accompagnement à taille humaine que nous allons créer. Il est temps de bâtir une véritable culture palliative, intégrée à la formation, aux parcours de soins, et aux mentalités.
    Cette proposition de loi qui s’inscrit dans la stratégie décennale du gouvernement, dotée de 1 milliard d’euros, structure et amplifie cette ambition en tissant des liens entre les acteurs du soin et en reconnaissant la place des aidants, ces piliers silencieux et essentiels. D’ici dix ans, chaque département devra être doté d’au moins une unité de soins palliatifs, afin de corriger les disparités territoriales. La coordination sur le terrain sera renforcée pour garantir une prise en charge fluide et continue des patients. Les tarifs seront encadrés pour prévenir toute inégalité d’accès liée au coût. Un plan de soins personnalisé sera systématiquement proposé, intégrant les besoins médicaux, psychologiques et sociaux de chaque patient. Des campagnes d’information seront déployées pour sensibiliser le grand public et déconstruire les idées reçues. Par ailleurs, le gouvernement devra présenter au Parlement des rapports sur plusieurs réformes attendues.
    Notre groupe, Ensemble pour la République, laisse à chacun de ses membres la liberté de vote, mais j’espère que nous soutiendrons unanimement ce texte.
    Il ne s’oppose pas à celui sur l’aide à mourir, bien au contraire. Ces deux propositions de loi sont les deux volets d’un même regard porté sur la fin de vie, qu’il convient d’envisager dans toute sa complexité. Lorsque la souffrance devient réfractaire, lorsque le pronostic vital est engagé, certains ne demandent plus seulement à être soulagés, mais à pouvoir choisir, en conscience, les conditions de leur départ. Ils ne réclament pas la mort, mais la liberté de mourir dignement, lorsque la vie n’est plus que souffrance. Comprendre, c’est aussi entendre cette demande. C’est reconnaître que la fraternité, parfois, consiste à ne pas imposer à l’autre de vivre ce qu’il ne peut plus endurer. C’est l’objet du second texte, qui fixera un cadre strict à cette possibilité.
    En soutenant ce plan ambitieux de soins palliatifs, nous faisons le choix de mieux accompagner, de mieux comprendre celles et ceux qui s’apprêtent à quitter la vie et de leur offrir, jusqu’au bout, la possibilité d’être reconnus pour ce qu’ils sont, ce qu’ils vivent et ce qu’ils ressentent.
    « Ce n’est pas la mort que l’on redoute, c’est de mourir sans avoir été compris », affirmait l’académicien : mieux entendus et respectés dans nos choix de vie, nous redouterons peut-être un peu moins notre fin. (Applaudissements sur les bancs du groupe EPR. –⁠ M. Éric Martineau applaudit également.)

    Mme la présidente

  • partager

    Je fais annoncer, dans l’enceinte de l’Assemblée nationale, les scrutins publics sur l’ensemble de la proposition de loi visant à garantir l’égal accès de tous à l’accompagnement et aux soins palliatifs et sur l’ensemble de la proposition de loi relative au droit à l’aide à mourir.

    Mme la présidente

  • partager

    La parole est à Mme Élise Leboucher.

    Mme Élise Leboucher (LFI-NFP)

  • partager

    Aujourd’hui, au nom du peuple français, nous nous apprêtons à conquérir une nouvelle liberté, avec le vertige que cela suscite, et nous avons une infinie confiance en celles et ceux qui nous succéderont, comme nos prédécesseurs l’avaient en nous. C’est le sens de notre histoire commune, celle d’une République qui, au contact du temps, n’a d’autre destin que de se perfectionner.
    Je salue Caroline Fiat, présente dans les tribunes, qui a œuvré depuis 2017 afin que l’on débatte du droit à l’aide à mourir à l’Assemblée nationale. (Applaudissements sur les bancs des groupes LFI-NFP, dont les députés se lèvent, et sur plusieurs bancs des groupes SOC et EcoS.) Je salue aussi tous les parlementaires qui ont contribué à ce moment, celles et ceux qui défendent le texte aux côtés d’Olivier Falorni, mais aussi celles et ceux qui ont apporté leur pierre à l’édifice.
    Durant plusieurs semaines, nous avons débattu d’un texte en gestation depuis plus d’un an. J’ai entendu les craintes, les inquiétudes, les interrogations. Je mesure combien la finitude, la mort, le deuil, la disparition d’un être aimé sont des sujets d’une extrême sensibilité. Nul ne le sait mieux que les personnes atteintes d’une maladie incurable, dont l’existence est dominée par la souffrance. Ces personnes, à qui je rends un hommage sincère, attendent que cette assemblée légifère. Elles attendent et nous regardent, en conscience, souvent avec leur famille, car entourer un être qui s’en va et lui permettre de partir dans le respect de son désir est un acte d’amour profond. (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe LFI-NFP.) Qui sommes-nous pour empêcher une personne malade de prendre la maîtrise sur sa maladie et ses souffrances ?
    Les débats ont fait émerger la nécessité de respecter les convictions de chacun. Le respect est au cœur de ce texte, équilibré, qui vient compléter celui sur les soins palliatifs, garantissant le respect de toutes les volontés : nul ne sera contraint de participer à l’aide à mourir, ni les infirmiers, ni les médecins, ni les patients, contrairement à ce que j’ai parfois entendu sur ces bancs. (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP.)
    Le texte que nous avons construit protège les volontés, les consciences et les convictions. En soignant chaque mot, en levant chaque menace d’interprétation, en colmatant chaque brèche juridique, nous avons créé un modèle français de la fin de vie.
    Avec mon groupe, La France insoumise, nous avons œuvré pour renforcer les soins palliatifs et d’accompagnement afin de préserver la fin de vie de la recherche du profit. Nous avons fait adopter l’interdiction des dépassements d’honoraires, exclu le secteur privé lucratif des maisons d’accompagnement, maintenu le droit opposable, ouvert la possibilité d’un recours contentieux et obtenu un rapport sur la réforme du congé de solidarité familiale et sur celle du congé de proche aidant. (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP. –⁠ Mmes Marie-Noëlle Battistel et Danielle Simonnet applaudissent également.)
    Je donne rendez-vous aux parlementaires qui ont mis en avant les difficultés d’accès aux soins et relayé les inquiétudes des soignants et des psychiatres cet automne, lors de l’examen du PLFSS. Nous devrons être à la hauteur des besoins. (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP et sur quelques bancs du groupe EcoS.)

    Mme Marie Mesmeur

  • partager

    Bravo !

    Mme Élise Leboucher

  • partager

    Il n’y a pas une vérité sur la mort et les souffrances qui la précèdent, mais autant de vérités que d’individus, autant d’histoires que de proches, d’amis, de familles. Ce sont les histoires que nous vivons, regardons, ressentons, qui façonnent notre propre rapport à la mort.
    En repensant à mes propres expériences, à celles vécues par mon entourage, en ayant en mémoire celles que des parlementaires ont eu le courage de partager ici, les témoignages nombreux que nous avons reçus, les documentaires marquants tels que Le choix d’Odette, je ressens un vertige face à l’inconnu de la mort, alors qu’elle est universelle. Tant qu’il n’est pas confronté à cette rencontre finale, nul ne peut prétendre connaître sa volonté ou sa réaction à ce moment-là. C’est bien ce qui est au cœur de ces textes : le respect de la volonté de la personne, avec l’assurance de son discernement libre et éclairé, et la garantie de l’absence de pression.
    Cette volonté est protégée tout au long de la procédure, et la protection inscrite dans la loi, en complément des dispositions existantes sur la protection des plus vulnérables. Il s’agit de respecter la volonté de la personne malade de choisir ce qu’elle souhaite pour elle-même, mais aussi la volonté du soignant, qui peut faire valoir sa clause de conscience pour ne pas aller contre ses convictions.
    Permettez-moi, une fois encore, de clarifier ce qu’est le délit d’entrave, mais surtout ce qu’il n’est pas. Il n’empêche pas de dire à un proche qu’on l’aime, ni d’évoquer avec lui d’autres choix. (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP, sur plusieurs bancs du groupe EcoS et sur quelques bancs du groupe SOC.) Il ne remet pas en cause la liberté d’exprimer son opposition au droit à mourir, ni d’écrire une tribune pour le dénoncer. Il n’empêche pas les psychiatres de soigner des personnes manifestant des pensées suicidaires. Le délit d’entrave vise seulement à protéger ce nouveau droit en garantissant qu’aucune manifestation ou blocage ne perturbera les lieux où se pratiquera l’aide à mourir. Il protège les soignants qui acceptent d’accompagner. (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe LFI-NFP et sur quelques bancs du groupe EcoS.)
    Toutes les dispositions adoptées par l’Assemblée nationale ont abouti à un texte équilibré, voire à un texte de compromis, puisque certains estiment qu’il va trop loin, tandis que d’autres, comme moi, regrettent l’absence de choix concernant l’administration de la substance.
    Notre assemblée a travaillé longuement sur ces deux textes. Nous ne votons pas pour nous-mêmes, ni pour nos proches, mais en résonance avec la société qui s’est emparée de ce sujet et s’est exprimée, notamment à l’occasion de la Convention citoyenne sur la fin de vie. (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP et sur quelques bancs du groupe EcoS. –⁠ Mme Marie-Noëlle Battistel applaudit également.)
    Collègues, nous nous apprêtons à voter deux lois humanistes, républicaines et laïques, deux lois de liberté –⁠ celle de disposer de soi-même et de sa propre fin –, deux lois d’égalité pour que chacun, sans considération financière, ait accès aux soins palliatifs ou à l’aide à mourir, deux lois de fraternité pour accompagner chaque personne en fin de vie avec compassion, humanisme, dans le respect de sa volonté. (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP, dont les députés se lèvent, et sur quelques bancs des groupes SOC et EcoS.)

    Mme la présidente

  • partager

    La parole est à Mme Marie-Noëlle Battistel.

    Mme Marie-Noëlle Battistel (SOC)

  • partager

    C’est avec émotion, humilité et fierté que je prends la parole au nom du groupe Socialistes et apparentés. Émotion, car ce débat touche à ce que nous avons de plus intime et représente une étape majeure dans un combat de long terme. (M. Pierre Cordier s’exclame.) Humilité, car aucune conviction ne peut prétendre épuiser la complexité de ces sujets. Fierté, enfin, d’être parlementaire, car notre assemblée a su, malgré les divergences, mener un débat digne, à la hauteur de la gravité du moment.
    L’ambition de certains textes dépasse le cadre législatif. Les propositions de loi que nous avons examinées parlent de l’intime, de l’universel, de ce que nous partageons tous –⁠ la vie, la souffrance et, un jour, la fin. Ces deux textes, l’un sur les soins palliatifs, l’autre sur l’aide à mourir, ont parfois été opposés, comme s’il fallait choisir entre aider à vivre et aider à mourir. Cette opposition est artificielle : il ne s’agit pas de choisir, il s’agit d’offrir à chacun la possibilité d’être accompagné dignement, selon sa situation, son état de santé et, surtout, sa volonté.
    Aider à vivre, c’est renforcer les soins palliatifs pour réduire autant que possible la souffrance. Aider à mourir, c’est permettre à celles et ceux dont la maladie est devenue un supplice sans espoir de sortir de cette épreuve avec dignité. Je pense bien sûr à celles et ceux dont les souffrances sont dites réfractaires, pour qui la médecine curative ou les soins palliatifs ont atteint leur limite. Derrière ces situations, il y a des vies, des visages, des prénoms, Jean, Claire, Karim, Alice, qui nous ont écrit ; il y a des pères et des mères, des filles et des fils, des amis que nous aimons et chérissons.
    Nous saluons des progrès importants : la reconnaissance pleine et entière des soins palliatifs comme droit opposable, leur inscription dans le parcours de soins dans tout le territoire, la création d’un diplôme spécialisé, le renforcement des équipes mobiles, la formation des soignants et l’évaluation annuelle de leur financement. Ces avancées formidables, justes et nécessaires étaient attendues depuis longtemps et nous veillerons, dans chaque projet de loi de financement de la sécurité sociale, à ce que les engagements pris aujourd’hui soient suivis d’effets concrets, sonnants et trébuchants. Tous ceux qui ont visité les rares unités de soins palliatifs qui existent dans nos hôpitaux savent à quel point les professionnels de santé sont compétents, dévoués et engagés pour accompagner chacun avec humanité. Nous leur devons plus que des mots : au-delà des principes, qu’il faut reconnaître, il nous faut surtout dégager des moyens.
    L’accès à l’aide à mourir est une avancée majeure : nous instaurons un nouveau droit strictement encadré, fondé sur la liberté, le choix et la dignité. Le renforcement du délit d’entrave est essentiel pour qu’il soit effectif et pour éviter les difficultés d’accès comme celles que nous avons connues pour l’IVG pendant trop longtemps.
    Nous regrettons toutefois que le libre choix du mode d’administration de la substance létale n’ait pas été laissé aux malades et que l’intervention d’un professionnel de santé reste exceptionnelle. Cette question renvoie directement à l’autonomie du patient et à la maîtrise des derniers instants. Certains d’entre nous regrettent également l’exclusion des personnes atteintes de maladies neurodégénératives, pour qui la lucidité du discernement précède souvent une dégradation physique irrémédiable, ainsi que le fait que la volonté du malade exprimée dans les directives anticipées n’ait pas été pleinement reconnue. À titre personnel, je souhaiterais aussi que nous avancions sur la question des souffrances psychologiques et psychiques consécutives à une situation qui répond aux cinq critères retenus.
    Malgré ces réserves, animé par le souci de n’oublier personne, notre groupe salue la qualité des débats et les avancées obtenues. La qualité des échanges, l’écoute mutuelle et le respect des sensibilités de chacun ont fait honneur à notre assemblée. Nous saluons aussi le travail collectif des parlementaires et le rôle fondamental joué en amont par la Convention citoyenne sur la fin de vie. Son travail rigoureux et profondément humain a fixé un cap et nourri notre réflexion.
    Permettez-moi enfin de rendre hommage à la commission des affaires sociales et à notre rapporteur général, Olivier Falorni, pour son engagement constant, qui force le respect, ainsi qu’à Mme la ministre Catherine Vautrin, pour son implication et son écoute tout au long de l’examen du texte. (Applaudissements sur les bancs des groupes SOC, EPR, LFI-NFP, Dem, LIOT et sur quelques bancs des groupes EcoS et HOR.)
    Il nous appartient aujourd’hui de nous prononcer sur une avancée fondamentale, attendue par une majorité de Français. Ces deux textes nous engagent avec gravité : ils affirment que le soin jusqu’au bout est un droit pour tous ; ils ouvrent la possibilité d’un ultime recours, dans des conditions rigoureuses et respectueuses des malades et des soignants ; enfin, ils rappellent que la République ne détourne pas le regard face à la souffrance et qu’elle place la dignité de chacun au cœur de notre pacte commun. La très grande majorité du groupe Socialistes et apparentés votera donc avec humilité et conviction en faveur de ces deux textes. (Applaudissements sur les bancs du groupe SOC, dont quelques députés se lèvent, et sur quelques bancs du groupe EcoS, M. Benjamin Lucas-Lundy se levant également. –⁠ Mme Stella Dupont applaudit aussi.)

    Mme la présidente

  • partager

    La parole est à M. Philippe Juvin.

    M. Philippe Juvin (DR)

  • partager

    Aujourd’hui, chaque député du groupe Droite républicaine se prononcera librement et en conscience sur ce texte. Chacun ici doit savoir précisément ce qu’il s’apprête à voter. Je l’ai déjà dit : j’aurais sans doute voté pour un geste létal transgressif dans une situation exceptionnelle, singulière, ultime et en conscience. Mais ce texte, ce n’est pas cela ! Il concernera également des personnes qui ont encore plusieurs années à vivre, dont la souffrance vient de la maladie, mais également du sentiment d’être un fardeau.

    M. Erwan Balanant

  • partager

    Mais non !

    Mme Josy Poueyto

  • partager

    Ce n’est pas vrai !

    M. Philippe Juvin

  • partager

    On nous dit que c’est une loi sur la fin de vie : c’est faux. Avec une maladie en phase terminale ou avancée –⁠ l’un des critères –, certains malades peuvent encore vivre plusieurs années. On nous dit que ces critères sont stricts : c’est faux. Un délai de réflexion de seulement deux jours, ce n’est ni strict ni raisonnable !

    M. Erwan Balanant

  • partager

    Mais c’est après quinze jours !

    M. Philippe Juvin

  • partager

    Deux jours ! Qui parmi vous n’a jamais voulu mourir un jour et désiré vivre deux jours plus tard ? (Applaudissements sur les bancs des groupes DR, RN et UDR. –⁠ Mme Dieynaba Diop s’exclame.)
    On nous parle de collégialité, mais le patient pourra n’avoir rencontré physiquement qu’un seul médecin durant toute la procédure, et ce médecin décidera seul, sans avis systématique d’un psychiatre.
    Quant au consentement libre et éclairé, l’est-il vraiment quand le patient est déficient mental, autiste, bipolaire, en prison ou sous tutelle ? (Applaudissements sur les bancs des groupes RN et UDR. –⁠ M. Olivier Marleix applaudit également.)

    M. Erwan Balanant

  • partager

    Oh là là ! C’était pourtant digne jusqu’à maintenant…

    M. René Pilato

  • partager

    Il y a cinq critères ! C’est malhonnête !

    M. Philippe Juvin

  • partager

    Nous voulions exclure ces patients par principe. Or, s’ils remplissent les critères, ils seront concernés. Un adulte sous tutelle, qui n’a pas le droit de signer un chèque, aurait donc le droit de demander l’euthanasie ? Et qu’en est-il des risques de pression de l’entourage sur un patient fragilisé et affaibli ? Oui, les abus de faiblesse existent. (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe DR et sur les bancs des groupes RN et UDR.)
    La sécurité, cela aurait été, par exemple, qu’un juge contrôle le respect des droits du malade et son consentement. À la place, nous avons un délit d’entrave, l’impossibilité pour la famille ou le médecin traitant de faire appel, et une commission de contrôle qui vérifiera simplement que tout s’est déroulé selon les règles… mais après la mort –⁠ la belle affaire !

    M. Alexandre Portier

  • partager

    Exactement !

    M. Philippe Juvin

  • partager

    On nous dit que c’est une loi de liberté, mais est-on libre quand on est dépressif ? Les psychiatres savent que non ! Est-ce qu’on est libre de ses choix quand on est pauvre et qu’on ne peut pas payer des médicaments non remboursés ou l’aide humaine et matérielle nécessaire ? Est-ce qu’on est libre quand on est grabataire, qu’on baigne dans sa sueur, son urine et ses selles, mais que l’infirmière ne passe qu’une fois par jour ?

    M. Erwan Balanant

  • partager

    C’est indigne !

    M. Philippe Juvin

  • partager

    Oui, la fin de vie est plus pénible quand on est pauvre et seul que quand on est riche et entouré, quand l’infirmière peut vous changer à tout moment du jour ou de la nuit. Oui, être pauvre et seul peut faire naître des envies de mort ! Vous dites qu’on ne forcera personne –⁠ c’est vrai –, mais quand on est pauvre et seul, la liberté de choix est faussée. Je crains que ce texte ne pousse des personnes vulnérables vers la porte de sortie.
    On nous dit que c’est une loi de fraternité, mais la fraternité, ce n’est pas ça ! C’est se préoccuper des autres. À leur admission en soins palliatifs, 3 % des patients veulent mourir. Après une semaine de prise en charge, ils ne sont plus que 0,3 %.

    M. Philippe Vigier

  • partager

    Faut-il les ignorer ?

    M. Philippe Juvin

  • partager

    Pourquoi ? En sept jours, on a répondu à leurs besoins. La demande de mort disparaît quand on prend soin et qu’on aide à vivre. (Applaudissements sur les bancs des groupes DR, RN et UDR.)
    La fraternité, c’est de soulager. Avec des hôpitaux en difficulté, un secteur de la santé mentale en crise et la moitié des malades privés de soins palliatifs, nous craignons des recours à l’euthanasie par défaut de soin. Pour preuve : il sera plus rapide d’obtenir l’euthanasie –⁠ sous deux à dix-sept jours – qu’une consultation contre la douleur –⁠ sous deux à neuf mois. (Mêmes mouvements.)

    Mme Marie-Christine Dalloz

  • partager

    Eh oui !

    M. Philippe Juvin

  • partager

    À toutes ces personnes handicapées, à tous ces éligibles quand ils répondent aux critères, qui doivent puiser une force de tous les instants pour vivre, quel message envoie-t-on ? Qu’on ne va pas les aider à vivre, non, mais qu’on va les aider à mourir. Ne voyez-vous pas toute la violence de cette proposition ? (Applaudissements sur quelques bancs du groupe DR.)
    Dans notre société fascinée par la performance, certaines vies vaudraient d’être vécues pendant que d’autres, qualifiées d’indignes, ne le vaudraient pas. Cette loi est faite par des gens bien-portants, qui sont terrorisés à l’idée de perdre leur autonomie,…

    M. Jean-Yves Bony

  • partager

    Bravo !

    M. Philippe Juvin

  • partager

    …mais elle s’appliquera aux pauvres et aux isolés. (Applaudissements sur les bancs des groupes DR, RN et UDR. –⁠ M. Thomas Lam applaudit également.) Pourquoi sinon les handicapés représentent-ils à eux seuls un tiers des demandeurs au Canada ?

    M. Sébastien Peytavie

  • partager

    Ça n’a rien à voir avec le texte !

    M. Erwan Balanant

  • partager

    Le Canada, ce n’est pas la France !

    M. Philippe Juvin

  • partager

    On nous dit que les Français veulent cette loi. Qui voudrait souffrir avant de mourir ? Ce que les Français veulent, ce n’est pas mourir, c’est éviter de souffrir ! Ce que nous aurions dû voter, c’est du temps pour soigner, soulager, accompagner.

    M. Sébastien Peytavie

  • partager

    Espérons que vous le redirez lors de l’examen du prochain PLFSS !

    M. Philippe Juvin

  • partager

    La proposition de loi sur la fin de vie est floue, instable, sujette à extension et à interprétation, comme ses équivalents étrangers l’ont été. Elle abandonne les plus fragiles et leurs familles à toute une série de pressions.
    Quelle société voulons-nous ? Une société du soin ou une société dans laquelle la compassion se résumerait à fournir la mort sur demande, sur la base de critères si peu stricts que certains veulent déjà les changer ?

    Mme Josy Poueyto

  • partager

    C’est bon, on a compris…

    M. Philippe Juvin

  • partager

    Le débat qui est ouvert aujourd’hui, devant vous est d’abord un débat de conscience. Le choix que chacun d’entre vous fera l’engagera personnellement. Pour ma part, j’ai choisi : je ne veux pas d’une société qui aide à mourir, je veux d’une société qui aide à vivre et qui soigne. Je ne voterai pas pour la proposition de loi relative à l’aide à mourir ! (Applaudissements sur les bancs des groupes DR, RN et UDR, dont plusieurs députés se lèvent.)

    Vote sur l’ensemble (accompagnement et soins palliatifs)

    Mme la présidente

  • partager

    La conférence des présidents a décidé qu’il y aurait deux votes successifs.
    Je mets aux voix l’ensemble de la proposition de loi.

    (Il est procédé au scrutin.)

    Mme la présidente

  • partager

    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        563
            Nombre de suffrages exprimés                560
            Majorité absolue                        281
                    Pour l’adoption                560
                    Contre                0

    (La proposition de loi est adoptée.)

    Mme la présidente

  • partager

    L’Assemblée nationale a adopté à l’unanimité.
    (Applaudissements sur tous les bancs.)

    Vote sur l’ensemble (droit à l’aide à mourir)

    Mme la présidente

  • partager

    Je mets aux voix l’ensemble de la proposition de loi.

    (Il est procédé au scrutin.)

    Mme la présidente

  • partager

    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        561
            Nombre de suffrages exprimés                504
            Majorité absolue                        253
                    Pour l’adoption                305
                    Contre                199

    (La proposition de loi est adoptée.)
    (Applaudissements sur plusieurs bancs des groupes EPR, LFI-NFP, SOC, EcoS, Dem, dont plusieurs membres se lèvent, ainsi que sur quelques bancs des groupes LIOT, GDR et UDR.)

    Mme la présidente

  • partager

    La parole est à M. Olivier Falorni, rapporteur général, pour la commission des affaires sociales, de la proposition de loi relative au droit à l’aide à mourir.

    M. Olivier Falorni, rapporteur général, pour la commission des affaires sociales, de la proposition de loi relative au droit à l’aide à mourir

  • partager

    Chers collègues, merci d’avoir fait de ce débat un beau débat parlementaire. Merci d’avoir voté une belle loi républicaine qui défend en son cœur les valeurs de liberté, d’égalité et de fraternité. En cet instant, je pense à tous les malades et à tous leurs proches que j’ai rencontrés depuis plus d’une décennie. Beaucoup, qui ne sont plus parmi nous, m’ont dit : « Battez-vous ! Ne vous battez pas pour nous –⁠ pour nous, ce sera trop tard –, mais pour les autres, ceux qui viendront après nous. » Il est des jours dont on sait qu’on ne les oubliera jamais. Je n’oublierai jamais cette journée. Merci à tous ! (De nombreux députés des groupes Dem, EPR, LFI-NFP, SOC, EcoS, LIOT et GDR se lèvent et applaudissent. –⁠ Applaudissements sur quelques bancs des groupes DR et UDR.)

    Mme la présidente

  • partager

    La parole est à Mme Annie Vidal, rapporteure pour la commission des affaires sociales, de la proposition de loi relative à l’accompagnement et aux soins palliatifs.

    Mme Annie Vidal, rapporteure, pour la commission des affaires sociales, de la proposition de loi relative à l’accompagnement et aux soins palliatifs

  • partager

    Je voudrais vous remercier, chers collègues, pour le beau vote unanime de la proposition de loi relative à l’accompagnement et aux soins palliatifs, ainsi que pour la qualité des débats, riches et nourris, que nous avons menés pendant deux longues semaines. Je remercie tout particulièrement Mme la ministre, qui inlassablement a répondu à toutes nos questions et parfois plusieurs fois à la même question. (Applaudissements sur les bancs des groupes EPR, LFI-NFP, SOC, Dem et EcoS.)
    Ce vote unanime envoie un message très fort aux malades, à leurs proches, mais aussi aux soignants. Tous les jours, dans des conditions parfois difficiles, ces derniers prennent soin de celles et ceux qui nous sont chers en leur manifestant écoute, respect, solidarité et humanité. Je veux les remercier, eux qui promettent de les accompagner jusqu’à leur dernier souffle et de ne pas les abandonner. Avec ce vote unanime, nous réaffirmons notre engagement à leurs côtés.
    En tant que législateurs, nous pouvons nous réjouir de cet acte collectif, mais il nous appartiendra de veiller au développement effectif des soins palliatifs. Nos successeurs et nous-mêmes devrons continuer d’agir pour que l’accompagnement et les soins palliatifs soient accessibles partout, à toutes celles et ceux dont l’état de santé les requiert. Voilà ce que nous disons haut et fort aujourd’hui aux malades, à leurs proches et aux soignants. Merci pour eux ! (Applaudissements sur plusieurs bancs des groupes EPR, SOC, DR, Dem et EcoS.)

    Mme la présidente

  • partager

    La parole est à M. le président de la commission des affaires sociales.

    M. Frédéric Valletoux, président de la commission des affaires sociales

  • partager

    Quelle que soit la manière dont chacun accueille le résultat du vote, ce qui nous unit aujourd’hui est la fierté d’avoir mené à bien un débat difficile, un débat éthique et moral compliqué. (M. Vincent Thiébaut applaudit.) Nous sommes fiers de la forme prise par ce débat et de la hauteur de vue, du respect et de l’écoute qui l’ont marqué pendant quatre-vingt-dix heures en séance et plusieurs dizaines d’heures en commission. Sur le fond, nous sommes aussi fiers que les opinions de chacun aient été respectées.
    Je tiens à saluer l’engagement et l’investissement des rapporteurs, tant Annie Vidal qu’Olivier Falorni, mais aussi leur force de conviction et la persévérance avec laquelle ils ont mené à bien nos discussions. Je salue aussi, en notre nom à tous, Mme la ministre pour la qualité de ses réponses, pour son engagement, pour son écoute et pour sa volonté de trouver un chemin de passage, une voie qui nous unisse. Ce jour honore notre assemblée et marquera d’une pierre blanche une législature pourtant complexe. (Applaudissements sur quelques bancs des groupes HOR, EPR, SOC, EcoS, Dem et GDR.)

    Mme la présidente

  • partager

    La parole est à Mme la ministre du travail, de la santé, des solidarités et des familles.

    Mme Catherine Vautrin, ministre du travail, de la santé, des solidarités et des familles

  • partager

    À travers vous, madame la présidente, permettez-moi de saluer l’Assemblée au sens le plus large du terme : je salue votre présidence et celle de vos vice-présidents et je remercie tous les services qui ont contribué au travail de la commission et au débat en séance publique pendant deux semaines. Monsieur le président de la commission, merci à votre commission et aux rapporteurs. Ce soir, je pense à toutes celles et ceux qui se sont succédé depuis 2022 pour faire droit à la demande du président de la République et pour susciter l’engagement en vue de l’aboutissement de cette première lecture.
    Chacun, dans cet hémicycle, quelles que soient ses opinions, avait les patients et les soignants à l’esprit. Chacun ici reconnaît la nécessité d’entendre les patients et d’écouter les soignants et leurs demandes.
    Le gouvernement prend acte du vote unanime de la proposition de loi sur les soins palliatifs et s’engage à la mettre en œuvre. Je rappelle que, grâce au vote de la loi de financement de la sécurité sociale pour 2025, le budget des soins palliatifs a déjà augmenté. Nous devons poursuivre dans cette voie. Je le dis aux associations du secteur des soins palliatifs : le gouvernement continuera d’agir ; ces votes ne marquent pas la fin des soins palliatifs. Soyez tous assurés de l’engagement du gouvernement.
    S’agissant de l’aide à mourir, le chemin sera encore long : le texte va désormais être examiné au Sénat, où il fera j’espère l’objet de la même écoute et de la même recherche de consensus.
    L’accompagnement du patient peut prendre diverses formes. Nous devons avoir l’humilité de comprendre que certaines souffrances réfractaires ne trouveront jamais de réponse et que l’accompagnement de ceux qu’elles touchent peut prendre la forme d’une aide à mourir. N’abandonner personne, jamais, quelle que soit la pathologie concernée, c’est aussi cela.
    Merci à chacune et à chacun d’entre vous pour ce débat ! (Applaudissements sur plusieurs bancs des groupes EPR, LFI-NFP, SOC, DR, EcoS, Dem, HOR, LIOT et GDR.)

    Suspension et reprise de la séance

    Mme la présidente

  • partager

    La séance est suspendue.

    (La séance, suspendue à dix-huit heures quarante-cinq, est reprise à dix-huit heures cinquante, sous la présidence de Mme Naïma Moutchou.)

    Présidence de Mme Naïma Moutchou
    vice-présidente

    Mme la présidente

  • partager

    La séance est reprise.

    4. Simplification de la vie économique

    Suite de la discussion d’un projet de loi

    Mme la présidente

  • partager

    L’ordre du jour appelle la suite de la discussion du projet de loi de simplification de la vie économique (nos 481 rectifié, 1191).

    Discussion des articles (suite)

    Mme la présidente

  • partager

    Le mercredi 30 avril, l’Assemblée a poursuivi la discussion des articles du projet de loi, s’arrêtant à l’amendement no 1972 à l’article 15, appelé par priorité.

    Article 15 (appelé par priorité – suite)

    Mme la présidente

  • partager

    Je vous informe que je suis saisie de plusieurs demandes de scrutin public : sur l’amendement no 1972, par le groupe Écologiste et social ; sur les amendements no 2225 et no 2237, par le groupe LFI-NFP.
    Les scrutins sont annoncés dans l’enceinte de l’Assemblée nationale.
    La parole est à M. Hendrik Davi, pour soutenir l’amendement no 1972.

    M. Hendrik Davi

  • partager

    Le concept de cloud est un formidable coup de com’. Il ancre dans nos imaginaires l’idée que le numérique est une sorte de nuage, d’entité flottante et immatérielle. Cette métaphore marketing occulte une réalité autrement vaporeuse. Les services dont le monde entier se sert quotidiennement –⁠ boîte e-mail, plateforme de streaming, transactions bancaires – impliquent d’utiliser d’énormes centres informatiques, les data centers, qui réceptionnent, stockent, traitent et envoient les données demandées à ceux qui les entreposent ou les réclament.
    Les data centers, qui se multiplient hélas à Marseille, où je vis, consomment beaucoup d’énergie, mais aussi beaucoup d’eau pour leur refroidissement. En Irlande, on estime que leur consommation électrique représentera 27 % de la consommation électrique nationale en 2028. C’est pourquoi nous devons réfléchir à nos usages, afin de limiter la multiplication de ces infrastructures.
    Enfin, les data centers consomment de l’espace, d’où cet amendement qui s’oppose à leur construction dans les espaces non artificialisés. En France, entre 20 000 et 30 000 hectares d’espaces naturels et forestiers sont consommés chaque année et le phénomène se poursuit à un rythme quatre fois plus important que celui de l’augmentation de la population. Le territoire français dispose de plus de 100 000 hectares de friches industrielles et de nombreuses zones déjà artificialisées pouvant accueillir les data centers. Par cet amendement, nous vous proposons donc qu’un data center ne puisse être qualifié de projet d’intérêt national majeur (PINM) qu’à la condition qu’il n’entraîne pas d’artificialisation des sols.

    Mme la présidente

  • partager

    La parole est à M. Stéphane Travert, rapporteur de la commission spéciale pour les titres VII à XII, pour donner l’avis de la commission.

    M. Stéphane Travert, rapporteur de la commission spéciale

  • partager

    La lutte contre l’artificialisation des sols est un objectif que nous partageons, mais nous ne voulons pas traiter cette question de manière sectorielle et isolée. Une proposition de loi visant à instaurer une trajectoire de réduction de l’artificialisation concertée avec les élus locaux, dite Trace, a été examinée au Sénat et le sera bientôt dans cet hémicycle. Elle permettra de fixer un cadre général sur le sujet. Il est par ailleurs impératif de sécuriser les conditions d’implantation des centres de données, qui deviennent des infrastructures stratégiques pour la transition numérique, la compétitivité économique et la souveraineté technologique et numérique.
    La restriction que vous proposez paraît rigide, d’autant qu’elle n’obéit pas à une vision d’ensemble. Elle risquerait de compromettre les projets d’intérêt nationaux sur lesquels nous souhaitons légiférer. Avis défavorable.

    Mme la présidente

  • partager

    La parole est à Mme la ministre déléguée chargée du commerce, de l’artisanat, des petites et moyennes entreprises et de l’économie sociale et solidaire, pour donner l’avis du gouvernement.

    Mme Véronique Louwagie, ministre déléguée chargée du commerce, de l’artisanat, des petites et moyennes entreprises et de l’économie sociale et solidaire

  • partager

    Votre amendement propose de conditionner la qualification de projet d’intérêt national majeur des centres de données à l’obligation de ne pas artificialiser les sols, c’est-à-dire d’intervenir uniquement dans des espaces artificialisés. Vous avez raison de mettre en avant l’objectif de baisse de l’artificialisation des sols en privilégiant la construction des centres de données dans les secteurs déjà urbanisés, tels que les friches. Le qualificatif de PINM n’a pour autant pas vocation à régir les modalités d’implantation foncière des porteurs de projet.
    Cette question pourrait être abordée dans le cadre de la proposition de loi Trace, la sobriété foncière étant un élément que le gouvernement examine avec attention. Il a d’ailleurs déposé un amendement après l’article 15 pour proposer une mesure préservant l’esprit de l’objectif zéro artificialisation nette (ZAN) tout en assouplissant les contraintes pesant sur les projets industriels. Avis défavorable.

    Mme la présidente

  • partager

    La parole est à M. Hendrik Davi.

    M. Hendrik Davi

  • partager

    La question de l’artificialisation des sols est majeure, notamment dans la région où je vis. Elle renvoie à notre souveraineté agricole, puisque nous n’avons plus de terres agricoles, comme le montre le débat avec les agriculteurs, mais aussi au problème de la bétonisation, particulièrement critique lors des inondations.
    L’amendement est très réaliste : les data centers occupent de l’espace, souvent à proximité de villes, et il est donc possible de trouver des friches, des zones déjà artificialisées, pour les implanter. Je ne comprends pas pourquoi cette obligation très simple ne pourrait pas figurer dans le texte. Cela montrerait d’ailleurs que vous comprenez l’exigence de simplification de la vie économique.
    À l’échelle européenne, des plans ZAN ont été adoptés et sont demandés depuis longtemps par les écologues et par les acteurs, y compris les agriculteurs. Il s’agit très simplement d’empêcher la concurrence entre les usages en imposant que les data centers soient implantés dans les espaces déjà artificialisés.

    Mme la présidente

  • partager

    La parole est à M. Hervé de Lépinau.

    M. Hervé de Lépinau

  • partager

    On peut comprendre le souci exprimé par M. Davi. Il ne me semble cependant pas que les écologistes aient beaucoup contesté la construction de ces immenses hangars logistiques liés aux nouveaux modes de consommation en ligne.

    Mme Danielle Simonnet

  • partager

    Oh si !

    M. Hervé de Lépinau

  • partager

    Je serais curieux de savoir si les écologistes achètent de temps en temps des produits sur Amazon ou d’autres sites de ce genre. Il serait intéressant de le vérifier ! (Exclamations sur les bancs du groupe EcoS.)

    Mme Marie Pochon

  • partager

    Faites une mission flash !

    M. Hervé de Lépinau

  • partager

    Par ailleurs, vous vous plaignez que des terres agricoles soient utilisées, mais sur le plateau de Sault, dans le Vaucluse, nous avions une culture emblématique, celle de la lavande et du lavandin. Or des centaines d’hectares ont été arrachés parce que la cicadelle qui attaque la lavande n’est plus repoussée par des traitements efficaces.

    Mme Marie Pochon

  • partager

    Vous avez surexploité le plateau de Sault !

    M. Maxime Laisney

  • partager

    Il ne fallait pas voter la motion de rejet préalable !

    M. Hervé de Lépinau

  • partager

    Les lois et les règlements que vous avez soutenus ont systématiquement causé des désastres. (Mme Marie Pochon proteste.) Vous pouvez garder vos gestes dédaigneux. Ils ne sont pas dignes de cette enceinte ! (Exclamations sur les bancs des groupes LFI-NFP et EcoS.)
    Aujourd’hui, dans le Vaucluse, certaines terres ne peuvent plus recevoir de cultures. Vous ne planterez jamais de raisin de vigne ou de table sur le plateau de Sault. Il serait possible d’y pratiquer l’élevage, mais les bergers ne le veulent plus parce que quatre meutes de loups vivent dans les alentours. Regardez d’abord les conséquences de ce que vous votez avant de nous donner des leçons ! (Applaudissements sur les bancs des groupes RN et UDR.)

    Mme Marie Pochon

  • partager

    Cela n’a rien à voir !

    Rappel au règlement

    Mme la présidente

  • partager

    La parole est à Mme Anne Stambach-Terrenoir, pour un rappel au règlement.

    Mme Anne Stambach-Terrenoir

  • partager

    Sur le fondement de l’article 100 sur le bon déroulement de nos débats, madame la présidente.
    Nous nous sommes lancés tête baissée dans la reprise de l’examen de ce texte, mais je souhaite rappeler dans quel contexte nous débattons et souligner le ridicule de la situation. Ce texte est censé être très important pour le gouvernement, mais son débat dans l’hémicycle est saucissonné. (Applaudissements sur les bancs des groupes LFI-NFP et EcoS. –⁠ M. Charles Sitzenstuhl applaudit également.) Pour rappel, nous l’avons examiné les 9, 10 et 11 avril, puis les 29 et 30 avril, et un mois plus tard il revient en séance publique à la faveur du premier 49.3 parlementaire de l’histoire de notre assemblée, qui nous a privés d’un débat crucial sur l’avenir de l’agriculture. (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP.)
    Il reste plus de 850 amendements à discuter. Nous savons que l’examen de ce texte ne sera pas terminé demain soir, mais nous ne savons pas exactement quand il reviendra à l’ordre du jour : peut-être les 13 et 14 juin, peut-être, qui sait, un autre week-end. Cette façon de travailler n’est pas sérieuse. Je voudrais que Mme la ministre en prenne note et transmette mes propos à M. Mignola. (Applaudissements sur les bancs des groupes LFI-NFP et EcoS.)

    Mme la présidente

  • partager

    Peut-être que si nous accélérons les débats, le saucisson sera moins découpé !

    Article 15 (appelé par priorité - suite)

    Mme la présidente

  • partager

    Je mets aux voix l’amendement no 1972.

    (Il est procédé au scrutin.)

    Mme la présidente

  • partager

    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        112
            Nombre de suffrages exprimés                109
            Majorité absolue                        55
                    Pour l’adoption                41
                    Contre                68

    (L’amendement no 1972 n’est pas adopté.)

    Mme la présidente

  • partager

    La parole est à M. Arnaud Saint-Martin, pour soutenir l’amendement no 2225.

    M. Arnaud Saint-Martin

  • partager

    Cet amendement de repli vise à une meilleure maîtrise de la consommation d’énergie et d’eau des data centers qualifiés de PINM au titre du présent article. Il a déjà été rappelé que ces centres polluent, ce que le développement de l’intelligence artificielle ne fera qu’empirer.
    Les data centers prennent l’eau –⁠ au sens propre. Les exemples sont nombreux. Google a été accusé de piller les ressources en eau de l’Uruguay pour refroidir ses centres de données. L’entreprise aurait prélevé au moins 28 milliards de litres d’eau en 2023, soit l’équivalent de la consommation annuelle d’une ville de 200 000 à 300 000 habitants. Il en va de même pour la consommation d’électricité. En Irlande, les centres de données consomment près de 18 % de la consommation électrique du pays. Cette part pourrait atteindre 70 % en 2030 si rien n’est fait pour les réguler.
    Les centres de données sont déployés à marche forcée. Il y a quelques jours, j’ai appris l’installation prochaine d’un de ces centres en Seine-et-Marne, à Fouju, un petit village au nord de ma circonscription de Melun, avec un investissement affiché de 50 milliards d’euros. Ce ne sera pas un centre de données souverain puisqu’il sera financé par MGX –⁠ un fonds d’investissement d’Abou Dabi –, Nvidia et Mistral AI, qui veulent construire le plus grand campus dédié à l’intelligence artificielle, l’IA, en Europe. Les consommations en eau et en électricité seront énormes, mais rien n’est encore prévu. L’inquiétude est grande. Il est urgent de défendre la sobriété énergétique, si tant est que ce soit encore possible.
    L’amendement prévoit donc qu’un décret en Conseil d’État fixe « des indicateurs chiffrés en matière d’efficacité dans l’utilisation de la puissance et de limitation d’utilisation de l’eau à des fins de refroidissement ». (Applaudissements sur quelques bancs du groupe LFI-NFP.)

    Mme la présidente

  • partager

    Quel est l’avis de la commission ?

    M. Stéphane Travert, rapporteur

  • partager

    Il est légitime de vouloir limiter les impacts environnementaux causés par la construction de centres de données. Cela étant, l’amendement méconnaît le dispositif même du PINM que nous souhaitons mettre en œuvre. Le décret pris par le Conseil d’État prévu à l’alinéa 9 de l’article 15 fixera les critères techniques et objectifs au titre desquels un projet pourra être qualifié de PINM. Avis défavorable.

    Mme la présidente

  • partager

    Quel est l’avis du gouvernement ?

    Mme Véronique Louwagie, ministre déléguée

  • partager

    Votre amendement vise à définir par un décret pris en Conseil d’État les critères relatifs à la transition écologique pour qu’un centre de données soit qualifié de PINM. Premièrement, le respect des critères environnementaux en amont du projet, que ce soit en matière d’efficacité énergétique ou d’utilisation de l’eau à des fins de refroidissement, n’est pas opérationnel. Deuxièmement, ces indicateurs ne sont chiffrés qu’une fois le centre de données en état de fonctionner, ce qui s’oppose au principe de simplification défendu par ce projet de loi, en particulier par l’article 15, qui vise à faciliter l’implantation de centres de données. Restreindre l’implantation de nouveaux data centers reviendrait à freiner l’adoption de technologies plus efficaces. Ce n’est ni notre objectif ni notre volonté. Avis défavorable.

    Mme la présidente

  • partager

    La parole est à Mme Manon Meunier.

    Mme Manon Meunier

  • partager

    Le problème avec les PINM, c’est qu’il n’y a pas de garde-fous, que les études d’impact sont rares et que les concertations territoriales sont limitées, au prétexte que l’intérêt national majeur permettrait de les contourner. Or les data centers ont une consommation d’eau très forte, qui peut créer des conflits d’usage.
    M. Saint-Martin a déjà mentionné quelques exemples. J’y ajoute le cas des Pays-Bas où un centre de données a consommé près de 84 millions de litres d’eau en 2021, en pleine période de sécheresse, forçant le gouvernement, au vu des problèmes générés, à mettre en place un moratoire sur ce type de centres de données.
    Qu’un décret en Conseil d’État fixe des indicateurs chiffrés en matière d’efficacité dans l’utilisation de la puissance et de limitation d’utilisation de l’eau à des fins de refroidissement est fondamental compte tenu des périodes de sécheresse que nous subirons et des conflits d’usage que les centres de données créeront avec l’agriculture, qui est vraiment d’intérêt national majeur. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe LFI-NFP.)

    Mme la présidente

  • partager

    La parole est à M. Hervé de Lépinau.

    M. Hervé de Lépinau

  • partager

    Cela étonnera sans doute les écologistes, mais je comprends qu’ils se soucient de la consommation en eau des data centers.

    Mme Lisa Belluco

  • partager

    Ah bon ? Vous ne pouvez pas vous passer de l’eau, vous aussi ?

    M. Hervé de Lépinau

  • partager

    Nous devons nous intéresser à ce sujet, non pas dans une visée restrictive, comme vous le proposez, mais au vu des usages de l’IA. Je fais partie de ceux qui considèrent que l’IA n’est pas un jouet, qu’elle doit être réservée à des usages technologiques appropriés et à la recherche, c’est-à-dire à une utilisation sérieuse. Une version de TikTok qui utiliserait l’IA serait à proscrire non seulement parce qu’elle viderait les cerveaux de nos enfants, mais aussi parce qu’elle consommerait de l’électricité dans des proportions invraisemblables. J’espère que nous aurons à réfléchir, en tant que législateurs, à la régulation des usages de l’IA. (Applaudissements sur les bancs du groupe RN. –⁠ M. Éric Michoux applaudit également.)

    Mme la présidente

  • partager

    La parole est à Mme la ministre déléguée.

    Mme Véronique Louwagie, ministre déléguée

  • partager

    Les dernières implantations de data centers se sont accompagnées d’améliorations notables. L’enquête annuelle Pour un numérique soutenable de l’Autorité de régulation des communications électroniques, des postes et de la distribution de la presse (Arcep), récemment publiée, met en évidence des améliorations continues des indicateurs de performance énergétique et hydrique des data centers en France. Cette évolution positive s’explique principalement par l’implantation récente de centres dotés de technologies de gestion de l’eau plus performantes. Le renouvellement progressif du parc améliore mécaniquement la gestion des ressources.

    Mme la présidente

  • partager

    Je mets aux voix l’amendement no 2225.

    (Il est procédé au scrutin.)

    Mme la présidente

  • partager

    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        135
            Nombre de suffrages exprimés                134
            Majorité absolue                        68
                    Pour l’adoption                45
                    Contre                89

    (L’amendement no 2225 n’est pas adopté.)

    Mme la présidente

  • partager

    Je suis saisie de plusieurs demandes de scrutin public : sur les amendements nos 1101, 1497 et 1496, par le groupe Écologiste et social ; sur l’amendement no 206, par le groupe La France insoumise-Nouveau Front populaire ; sur l’amendement no 1045, par le groupe Socialistes et apparentés.
    Les scrutins sont annoncés dans l’enceinte de l’Assemblée nationale.
    La parole est à Mme Anne Stambach-Terrenoir, pour soutenir l’amendement no 2237.

    Mme Anne Stambach-Terrenoir

  • partager

    Cet amendement de repli vise à ce que l’autorité administrative puisse refuser l’octroi d’un permis de construire pour les data centers dont l’implantation est prévue sur des sols non artificialisés, afin de les cantonner aux zones déjà artificialisées et de limiter les dégâts.
    La Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES), l’équivalent du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec) pour la biodiversité, indique dans son rapport sur l’évaluation mondiale de la biodiversité et des services écosystémiques que 75 % de la surface de la planète a été abîmée de manière significative par les activités humaines, au premier rang desquelles l’artificialisation des sols. C’est une des principales causes de l’effondrement de la biodiversité. Ce rapport a été publié en 2019 ; gageons que les choses n’ont fait qu’empirer depuis.
    Or en France, en quarante ans, la surface artificialisée a presque doublé, passant de 2,9 à 5 millions d’hectares. La France est l’un des pays d’Europe qui a le plus artificialisé ses sols : 320 000 hectares d’espaces naturels, agricoles et forestiers ont été consommés entre 2009 et 2022.
    Les demandes d’assouplissement du plan local d’urbanisme (PLU) et du ZAN introduites dans ce projet de loi afin de faciliter l’implantation de data centers sont complètement irresponsables. Nous continuerions à massivement artificialiser nos sols et nous encouragerions l’implantation de giga data centers qui consomment énormément d’énergie, sans même parler du problème posé par l’accaparement de l’eau. Rien qu’en Seine-Saint-Denis, on recense une quinzaine de centres de données qui couvrent une surface totale de 180 000 mètres carrés, dont l’utilisation en eau est massive : près de 250 000 mètres cubes par an. Ils puisent directement dans le réseau d’eau potable.
    On ne sait pas comment on refroidira les réacteurs de type EPR 2 dans quelques dizaines d’années ; il en va de même pour les data centers : à un moment, il faudra choisir entre les refroidir ou boire. C’est absolument irresponsable ! (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP. –⁠ Mme Lisa Belluco applaudit également.)
    Nous prenons le problème à l’envers. Il faut d’abord questionner l’usage que l’on fait du numérique, en particulier de l’IA générative, qui est la première raison de l’implantation de giga data centers, avant de construire de nouvelles infrastructures. Dans l’attente de cette réflexion, n’artificialisons pas davantage ! (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP.)

    Mme la présidente

  • partager

    Quel est l’avis de la commission ?

    M. Stéphane Travert, rapporteur

  • partager

    J’entends vos arguments, mais évitons que la loi soit trop bavarde. Le dispositif que vous souhaitez est déjà prévu par la loi « climat et résilience » promulguée en 2021. Avis défavorable. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe EPR.)

    Mme Sandra Marsaud

  • partager

    Très bien !

    Mme la présidente

  • partager

    Quel est l’avis du gouvernement ?

    Mme Véronique Louwagie, ministre déléguée

  • partager

    Votre amendement ressemble au no 1972 de M. Davi, qui demandait que la qualification de PINM soit conditionnée à un engagement de ne pas artificialiser les sols. L’article 15 vise au contraire à simplifier l’implantation de data centers. C’est pourquoi j’émets un avis défavorable.

    Mme la présidente

  • partager

    La parole est à Mme Claire Lejeune.

    Mme Claire Lejeune

  • partager

    Vous avez contourné le débat que nous aurions pu avoir sur la loi Duplomb mais l’examen du projet de loi de simplification de la vie économique mettra en lumière le niveau de régression écologique majeure que portent vos textes ! (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP.) Quant à nous, nous préférons débattre devant les Français plutôt que de discuter en catimini dans une commission mixte paritaire (CMP).

    M. Éric Bothorel

  • partager

    Combien de motions de rejet avez-vous déposées depuis deux ans ?

    Mme Claire Lejeune

  • partager

    Ce texte fait l’objet d’un grand nombre d’amendements mais il est tout de même examiné, alors qu’on nous a privés d’un débat sur la proposition de loi Duplomb. Ce pied de nez à la démocratie est une catastrophe.

    Mme Brigitte Barèges

  • partager

    Ce n’est pas le sujet !

    Mme Claire Lejeune

  • partager

    Vous créez des dérogations pour l’installation des data centers et vous repoussez nos amendements visant à protéger les sols de l’artificialisation et les ressources en eau de la surexploitation. Pourtant, nous savons que des pays comme l’Irlande se mordent les doigts d’avoir ouvert grand la porte à l’installation de data centers compte tenu des problèmes majeurs qu’ils connaissent aujourd’hui en matière de consommation d’eau et d’accaparement des terres. (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP.)
    Votre projet de réindustrialiser la France grâce à des data centers et des entrepôts aboutira à un village Potemkine. Ce n’est pas une industrie créatrice d’emplois, au contraire ! Nous contestons la qualification de ces projets en PINM. Vous n’œuvrez ni à notre souveraineté numérique ni à la réindustrialisation. Ce n’est que de la régression écologique pure ! (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP.)

    Mme la présidente

  • partager

    La parole est à M. Pierre Meurin.

    M. Pierre Meurin

  • partager

    Je vous salue, madame la présidente, tout comme M. le rapporteur et Mme la ministre qui reprenez au pied levé ce débat non prévu à l’ordre du jour.
    Je veux dire à nos collègues de gauche et d’extrême gauche que ce qui s’est passé hier est de leur faute. (Exclamations sur les bancs des groupes LFI-NFP, SOC, EcoS et GDR.) Au débat parlementaire sur la proposition de loi Duplomb, vous avez préféré l’obstruction. J’ai d’ailleurs bien l’impression que vous allez reporter sur ce texte l’obstruction que vous aviez prévue sur cette proposition de loi. Si nous avons été obligés de recourir à un tel stratagème, c’est parce que vous refusiez le débat parlementaire et que vous n’aimez pas les agriculteurs ! (Exclamations sur les bancs du groupe LFI-NFP.)

    M. Maxime Laisney et M. Jean-François Coulomme

  • partager

    Vous collaborez avec les macronistes !

    M. Pierre Meurin

  • partager

    Mais revenons à l’amendement, qui me permet d’évoquer une deuxième contradiction de l’extrême gauche : elle veut lutter contre l’artificialisation des sols tout en défendant la construction d’éoliennes qui nécessite l’artificialisation à outrance de terres agricoles –⁠ artificialisation sur laquelle, chers collègues, on ne vous entend en effet pas beaucoup.
    J’ajoute que l’installation d’éoliennes contribue à la déforestation de l’Amazonie. Votre indignation est à géométrie variable. Laissez-nous donc débattre. Nous voulons, pour notre part, réindustrialiser le pays et simplifier la vie économique. (Applaudissements sur de nombreux bancs du groupe RN.)

    Mme la présidente

  • partager

    La parole est à Mme Lisa Belluco.

    Mme Lisa Belluco

  • partager

    Je m’étonne de votre réponse, monsieur le rapporteur : vous indiquez que la proposition de nos collègues est satisfaite par la loi « climat et résilience » ; or, depuis 2021, vous ne faites que détricoter cette loi. (Applaudissements sur les bancs des groupes EcoS et LFI-NFP.) Le peu de dispositions écologistes qui y restent sont en voie d’être elles aussi détricotées puisque nous examinerons bientôt la proposition de loi Trace, qui aboutira à la destruction de l’objectif ZAN. C’est du reste déjà ce que prévoient plusieurs amendements au présent texte.

    Mme Sandra Marsaud

  • partager

    Ce n’est pas nous !

    Mme Lisa Belluco

  • partager

    Je trouve d’ailleurs intéressante la manière dont les macronistes changent d’avis au gré du vent.

    M. Jean-François Coulomme

  • partager

    Ils ne sont pas là, les macronistes !

    Mme Lisa Belluco

  • partager

    En effet, ils ne sont pas là. Reste que les mêmes qui ont voté, il y a peu, cette loi « climat et résilience », qui était un premier pas écologiste que nous pouvions saluer, s’attachent, jour après jour, surtout depuis la dissolution de 2024, à détruire tout ce qui a été fait en 2021.

    Mme Sandra Marsaud

  • partager

    N’importe quoi !

    Mme Lisa Belluco

  • partager

    Je trouve des plus regrettables cette absence de colonne vertébrale, de conviction, et je voudrais croire le rapporteur quand il affirme que la proposition de nos collègues figure déjà dans la loi « climat et résilience », dont, je l’espère, nous allons maintenir les dispositions censées protéger notre santé et notre avenir. (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe EcoS et sur quelques bancs du groupe LFI-NFP.)

    Mme la présidente

  • partager

    Je mets aux voix l’amendement no 2237.

    (Il est procédé au scrutin.)

    Mme la présidente

  • partager

    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        154
            Nombre de suffrages exprimés                153
            Majorité absolue                        77
                    Pour l’adoption                47
                    Contre                106

    (L’amendement no 2237 n’est pas adopté.)

    Mme la présidente

  • partager

    La parole est à Mme Lisa Belluco, pour soutenir l’amendement no 1101.

    Mme Lisa Belluco

  • partager

    Je salue notre collègue Taupiac qui a fait adopter en commission l’alinéa 10, très pertinent en ce qu’il conditionne l’installation d’un centre de données à la disponibilité en eau. Le présent amendement vise à conditionner l’implantation d’un centre de données et d’industries à la présence d’une ressource en eau de qualité et en quantité suffisante. Je ne citerai que l’exemple de l’usine STMicroelectronics, en Isère,…

    M. Jean-François Coulomme

  • partager

    Exactement !

    Mme Lisa Belluco

  • partager

    …dont la consommation en eau sera celle d’une ville de 160 000 habitants.
    Comment va-t-on expliquer à nos concitoyens qu’ils doivent veiller, l’été, à prendre des douches moins longues –⁠ nous en sommes là –, à ne pas laver leur voiture –⁠ ce qui peut s’entendre –, à ne pas aller à la piscine, à ne pas se rafraîchir pendant une canicule, alors qu’à côté se trouve une usine qui consomme l’équivalent, je le répète, d’une ville de 160 000 habitants ? Ce n’est pas tenable et il faut absolument se réserver la possibilité de refuser l’implantation de projets industriels et de centres de données dès lors que l’eau n’est pas disponible en quantité suffisante. (Applaudissements sur quelques bancs des groupes EcoS et LFI-NFP.)

    Mme la présidente

  • partager

    Quel est l’avis de la commission ?

    M. Stéphane Travert, rapporteur

  • partager

    J’ai le souci de me montrer précis et de répondre aux questions posées. Aussi, madame Belluco, en ce qui concerne votre précédente intervention, je vous indique que l’article 194 de la loi « climat et résilience » prévoit déjà le dispositif proposé par l’amendement no 2237 –⁠ d’où l’inutilité de l’introduire dans le présent projet de loi –, à savoir la création de l’objectif zéro artificialisation nette, lequel, contrairement à ce que vous soutenez, n’a pas été détricoté.
    Pour ce qui est du présent amendement, j’émets un avis défavorable. L’alinéa tel qu’il est rédigé, issu de l’adoption en commission spéciale de l’amendement CS410 de notre collègue Taupiac, a ma préférence. L’alinéa 10 prévoit en effet déjà la faculté pour l’autorité administrative de refuser un permis de construire à un centre de données en cas de tension hydrique.

    Mme la présidente

  • partager

    Quel est l’avis du gouvernement ?

    Mme Véronique Louwagie, ministre déléguée

  • partager

    Le gouvernement est bien entendu très attentif aux enjeux liés à la ressource en eau. Néanmoins, la disposition que vous défendez paraît laborieuse à appliquer dès lors que l’immense majorité des centres de données fonctionnent grâce à des circuits d’eau en boucle fermée –⁠ exerçant donc une pression assez faible sur la ressource hydrique locale. (Mme Sandra Marsaud applaudit.) Le gouvernement s’engage toutefois à vérifier les prévisions de consommation d’eau avant tout octroi de statut PINM. Et, dans l’esprit du texte, à savoir un esprit de simplification, il souhaite éviter que cette précision superflue figure dans le projet de loi. Le gouvernement est donc défavorable à l’amendement.

    Mme la présidente

  • partager

    La parole est à Mme Anne Stambach-Terrenoir.

    Mme Anne Stambach-Terrenoir

  • partager

    Je soutiens l’amendement de notre collègue Belluco. Trois jours sans eau et on meurt. Certains ici ont l’air d’oublier cette évidence quand on pense à tous les projets en cours, comme les réacteurs de type EPR 2 : on ne sait pas comment on les refroidira compte tenu de la diminution annoncée des cours d’eau. Je pense également aux mégabassines, dont on sait qu’elles amenuisent les ressources en eau, et à la facilitation de la destruction des zones humides, soit autant de dispositions figurant dans la proposition de loi Duplomb, qui sera votée par une sorte de 49.3 parlementaire. Et je pense donc aux centres de données, dont on sait la consommation faramineuse en eau : le refroidissement d’un seul de ces centres nécessite l’équivalent de 6,5 piscines olympiques par jour.

    M. Laurent Jacobelli

  • partager

    Voulez-vous donc revenir au Minitel ?

    Mme Anne Stambach-Terrenoir

  • partager

    Conditionner ces projets à la qualité et à la quantité de la ressource en eau à proximité me paraît donc la moindre des choses. Ainsi, hier, le département du Finistère a annoncé qu’il fallait dès à présent –⁠ nous ne sommes que fin mai – être vigilant pour l’été : le débit des cours d’eau baisse et, d’une manière générale, est inférieur aux normales saisonnières. De la même manière, 12 millions de personnes, en 2021, ont consommé de l’eau prétendument potable qui contenait des pesticides. Voilà de quoi on parle !
    Tout le monde ici s’accorde à considérer que la préservation de la ressource eau est très importante, bla bla bla, mais à observer les actions envisagées, c’est l’inverse qui se passe. Notre collègue a raison de dire qu’il n’est pas superflu d’inscrire dans le présent texte la disposition proposée même si elle est déjà prévue par la législation en vigueur. En effet, tout est tenté pour ratiboiser le droit environnemental et c’est d’ailleurs la seule raison d’exister de ce texte qui ne tient pas la route.
    Tenons donc compte de la qualité et de la quantité de la ressource en eau avant d’installer des projets complètement fous ! (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe LFI-NFP.)

    Mme la présidente

  • partager

    La parole est à Mme Marina Ferrari.

    Mme Marina Ferrari

  • partager

    J’ai entendu beaucoup de choses concernant la consommation d’eau et d’énergie des centres de données. Il ne faut pas pour autant nier les avancées très importantes de ces centres en matière de réduction de la consommation énergétique et de la consommation d’eau. On travaille beaucoup sur l’augmentation des températures des matériels : le seul fait de passer de 21 à 23 degrés dans un centre de données contribue à faire baisser la consommation d’énergie de 10 %. Les matériels s’adaptent.
    En ce qui concerne la consommation d’eau, ce qu’on appelait le watercooling, le refroidissement à eau, est abandonné petit à petit dans les centres de données et des techniques de récupération de l’eau, comme le free cooling, le rafraîchissement gratuit, par l’air, sont développées. Quant aux technologies émergentes, elles consommeront beaucoup moins d’énergie demain : je vous invite à observer ce qui se passe du côté des technologies quantiques.
    J’ai également entendu beaucoup de choses sur le soutien à l’industrie, notamment sur le fait que nous serions en train de choisir un modèle de société d’abandon de l’industrie au profit du numérique. Mais sans une armature numérique, sans le développement de l’intelligence artificielle pour soutenir et améliorer la productivité des industries en Europe, nous risquons, je le crains fort, de voir ces dernières disparaître –⁠ je vous invite à y réfléchir. (Mme Christelle Petex applaudit.)

    M. Thierry Tesson

  • partager

    C’est leur objectif !

    Mme la présidente

  • partager

    Je mets aux voix l’amendement no 1101.

    (Il est procédé au scrutin.)

    Mme la présidente

  • partager

    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        153
            Nombre de suffrages exprimés                144
            Majorité absolue                        73
                    Pour l’adoption                37
                    Contre                107

    (L’amendement no 1101 n’est pas adopté.)

    Mme la présidente

  • partager

    La parole est à Mme Lisa Belluco, pour soutenir l’amendement no 1497.

    Mme Lisa Belluco

  • partager

    Nous proposons d’affermir la rédaction de l’alinéa 10 : au lieu de donner la possibilité à l’autorité administrative de refuser l’octroi d’un permis de construire à un centre de données dans un territoire où la quantité d’eau serait insuffisante, il s’agirait de rendre ce refus obligatoire. Encore une fois, comment expliquerons-nous aux riverains que le projet en question consomme beaucoup d’eau –⁠ alors qu’on la savait en quantité insuffisante – alors qu’ils doivent fermer leur robinet en été, ne peuvent pas proposer une baignade à leurs enfants et que les piscines publiques sont fermées ?

    Mme la présidente

  • partager

    Quel est l’avis de la commission ?

    M. Stéphane Travert, rapporteur

  • partager

    Je donne un avis défavorable : vous rigidifiez totalement l’appréciation de l’autorité administrative en cas de tension hydrique. Or il faut lui laisser une marge d’appréciation –⁠ une marge d’erreur, si l’on peut dire.

    M. Xavier Breton

  • partager

    Logique !

    Mme la présidente

  • partager

    Quel est l’avis du gouvernement ?

    Mme Véronique Louwagie, ministre déléguée

  • partager

    Vous voulez, dans le même esprit que précédemment, interdire l’octroi d’un permis de construire à un centre de données dans un territoire connaissant des tensions sur la ressource en eau. Le gouvernement s’assurera que les projets de centres de données répondant aux critères de PINM soient les plus exemplaires possibles en matière d’empreinte environnementale et s’assurera, au cas par cas, de l’adéquation entre la consommation en eau du projet et la situation hydrique à court, moyen et long terme de son lieu d’implantation.
    En outre, je l’ai dit, les technologies modernes de refroidissement impliquent des circuits d’eau à boucle fermée –⁠ circulant en interne –, ce qui permet une très faible consommation d’eau. Il n’y a donc pas lieu de s’inquiéter outre mesure. C’est pourquoi j’émets un avis défavorable.

    Mme la présidente

  • partager

    La parole est à M. Joël Bruneau.

    M. Joël Bruneau

  • partager

    Je rappellerai, pour apaiser le débat, car, au fond, nous sommes tous d’accord sur le fait qu’il faut veiller à la ressource en eau, que pour tout projet, et pas seulement pour un centre de données, le permis de construire ne peut pas être délivré quand les autorités administratives –⁠ en général le syndicat des eaux du secteur – donnent un avis défavorable. Cet avis n’est pas fonction des interventions de tel ou tel mais se fonde sur les données de consommation prévisionnelle et des ressources locales. C’est pourquoi, dans certains territoires, comme celui où j’ai été élu, nous avons l’impérieuse obligation de limiter l’évolution de la population parce que nous n’avons pas assez d’eau pour alimenter une population à la démographie très dynamique.
    Les textes en vigueur prennent déjà sensiblement en considération la préservation de la ressource en eau. Je ne crois donc pas utile d’en rajouter, sauf si l’on veut, en effet, donner au texte une visée complexificatrice.

    Mme la présidente

  • partager

    La parole est à Mme Claire Lejeune.

    Mme Claire Lejeune

  • partager

    À suivre votre raisonnement, il faudrait voter ce texte en comptant sur les éventuelles innovations futures, qui se généraliseront peut-être. J’entends Mme la ministre expliquer que les circuits de refroidissement sont aujourd’hui fermés. Or ce n’est pas vrai, et je me contenterai de mentionner deux projets de centres de données dans le territoire essonnien, à Brétigny et à Wissous. La consommation en eau de ces deux sites se pose de manière cruciale. Vous ne pouvez donc pas demander au législateur de voter en comptant sur des innovations qui, je le répète, se généraliseront peut-être dans six mois ou un an.
    Face à un enjeu aussi primordial que celui de l’eau, notre devoir en tant que législateur est de prioriser les usages vitaux : boire, se laver. En cas de canicules estivales –⁠ elles seront de plus en plus récurrentes –, si vous dites aux Françaises et aux Français que pour continuer à faire tourner le data center du coin ils devront se priver de boire et de se laver, vous aurez des difficultés dans vos circonscriptions !
    La manière dont nous mesurons l’efficacité énergétique des data centers est problématique. Des indicateurs se développent, notamment le power usage effectiveness (PUE), mais pour obtenir un bon score, il est plus intéressant d’utiliser l’eau que l’électricité. Alors ne nous dites pas qu’il n’y a aucun souci, que tout est réglé et que tout va bien se passer !
    Si le développement des data centers s’accélère, le législateur, lui, est en retard ( Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP). En retard vis-à-vis d’Amazon et de toutes les multinationales américaines qui vont venir s’implanter sur notre sol, miter notre territoire et bétonner nos terres grâce à l’autorisation accordée par cet article. (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP. –  Mme  Cyrielle Chatelain applaudit également.)

    M. Thierry Tesson

  • partager

    Éteignez vos ordinateurs !

    Mme la présidente

  • partager

    La parole est à M. Éric Bothorel.

    M. Éric Bothorel

  • partager

    L’importance du sujet ne justifie pas de citer des chiffres qui donnent le vertige, alors qu’ils sont très raisonnables en réalité. D’après l’exposé sommaire de l’amendement précédent, le no 1101, Google aurait consommé 28 milliards de litres d’eau. Cela semble démesuré, mais cela correspond seulement à 28 000 mètres cubes. Savez-vous combien il faut de mètres cubes d’eau pour faire un téléphone comme le mien ? Un mètre cube. Combien de téléphones portables neufs se sont-ils vendus l’année dernière ? Plus de 100 milliards !
    Pour avoir un impact véritable sur la ressource en eau, plutôt que de vous attaquer aux data centers, vous devriez réduire les usages et limiter les téléphones portables qui vous servent, entre autres, à faire de belles vidéos sur Twitch ! C’est ce que relevait le rapport publié il y a quatre ans par Green IT : les data centers et les réseaux représentent une part marginale dans l’empreinte du numérique sur l’environnement. (Mme Marina Ferrari applaudit.)
    En revanche, certains chiffres sont têtus : quinze depuis octobre 2024, cinquante et une durant la seizième législature, voilà le nombre des motions de rejet défendues essentiellement par Mathilde Panot depuis deux ans. (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe EPR. –⁠ Exclamations sur les bancs du groupe LFI-NFP.)

    Mme Anne Stambach-Terrenoir

  • partager

    Nous les avons déposées sur des textes auxquels nous étions opposés !

    M. Matthias Tavel

  • partager

    Vous voulez vous faire pardonner le vote d’hier, mais il faut assumer !

    Mme la présidente

  • partager

    Je mets aux voix l’amendement no 1497.

    (Il est procédé au scrutin.)

    Mme la présidente

  • partager

    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        162
            Nombre de suffrages exprimés                153
            Majorité absolue                        77
                    Pour l’adoption                42
                    Contre                111

    (L’amendement no 1497 n’est pas adopté.)

    Mme la présidente

  • partager

    La parole est à Mme Lisa Belluco, pour soutenir l’amendement no 1496.

    Mme Lisa Belluco

  • partager

    Je m’étonne que notre collègue Bothorel ait oublié de rappeler un chiffre : depuis le début de la Ve République, il n’y a eu qu’une motion de rejet déposée par le rapporteur d’un texte contre son propre texte ! (Applaudissements sur les bancs du groupe EcoS et sur plusieurs bancs du groupe LFI-NFP.) C’est tout de même une belle performance à saluer. Cette législature nous offre bien des surprises !

    Mme la présidente

  • partager

    Nous avons suffisamment évoqué ce qui s’est passé hier. Revenons, s’il vous plaît, aux amendements.

    Mme Lisa Belluco

  • partager

    Si, comme le propose l’alinéa 10, il est possible de refuser l’implantation d’un data center en raison d’une pénurie d’eau, cette logique doit être étendue à tous les projets. Il ne s’agit pas de bloquer l’industrialisation, mais de développer des projets seulement lorsque la disponibilité de la ressource en eau le permet. (Protestations sur les bancs du groupe RN.)
    Au vu de leur réaction, j’ai l’impression que mes collègues du Rassemblement national ne boivent pas beaucoup d’eau ! Pourtant, tout le monde a besoin d’eau pour survivre. Aussi semble-t-il cohérent de limiter l’implantation de projets industriels quand l’eau n’est pas disponible sur le territoire et de prioriser les usages –⁠ la loi le prévoit déjà : eau potable, eau pour les milieux naturels, eau destinée aux activités économiques. Et puisque nous sommes tous favorables au maintien d’une agriculture forte en France, nous pourrons privilégier l’activité agricole parmi les activités économiques et placer l’industrie numérique au second plan.
    Au sein des activités économiques, donnons la priorité à l’eau pour l’agriculture et les usages alimentaires et seulement ensuite implantons les industries là où l’eau est en quantité suffisante. Cette proposition va dans le bon sens : en garantissant notre capacité à boire tous les jours, elle protège les Françaises et les Français. (Applaudissements sur les bancs du groupe EcoS.)

    Rappel au règlement

    Mme la présidente

  • partager

    La parole est à M. Éric Bothorel, pour un rappel au règlement.

    M. Éric Bothorel

  • partager

    Sur le fondement de l’article 100 pour relatif à la bonne tenue de nos débats.
    À propos du vote d’hier, vous avez parlé, madame Belluco, de première sous le Ve République. J’aimerais vous rappeler qu’en 1983 un rapporteur avait déjà déposé une motion de rejet contre son propre texte.

    Mme Sabrina Sebaihi

  • partager

    Vous voulez aussi remonter à la IVe République ?

    Mme la présidente

  • partager

    S’il s’agit d’évoquer de nouveau ce qui s’est passé hier, je refuse tout rappel au règlement ou toute prise de parole. Il reste plus de 800 amendements à examiner ! (Applaudissements sur les bancs du groupe DR et sur quelques bancs des groupes RN et EPR.)

    Article 15 (appelé par priorité - suite)

    Mme la présidente

  • partager

    Quel est l’avis de la commission sur l’amendement no 1496 ?

    M. Stéphane Travert

  • partager

    Chacun ici a à cœur de soutenir les filières viticoles –⁠ avec modération et raison – et de boire de l’eau de qualité, la protection des milieux étant indispensable !
    Avis défavorable sur l’amendement. Vous élargissez sans justification le dispositif. La généralisation que vous proposez ne prend en compte ni les éléments du texte dont nous discutons, ni la réforme globale du droit de l’urbanisme. Elle est donc source d’instabilité juridique.

    Mme la présidente

  • partager

    Quel est l’avis du gouvernement ?

    Mme Véronique Louwagie, ministre déléguée

  • partager

    Avis défavorable.

    Mme la présidente

  • partager

    Vous êtes nombreux à demander la parole. Je vais donc donner la parole à deux orateurs pour et à deux orateurs contre. (Protestations sur les bancs du groupe RN.)
    La parole est à Mme Cyrielle Chatelain.

    Mme Cyrielle Chatelain

  • partager

    La question posée par ces différents amendements est celle de la ressource en eau renouvelable, qui a baissé de 14 % depuis la période 1990-2001. D’ici à 2050, cette baisse pourrait atteindre 40 %. Il est donc nécessaire de prioriser l’usage de la ressource, d’autant que 30 % du territoire connaît déjà des restrictions à un moment ou l’autre de l’année. Répondre à la question de l’usage de la ressource est indispensable.
    Il se trouve que cette question présente un lien avec le débat que nous avons eu hier, madame la présidente. On nous dit que nous sommes déjà protégés car il existe des lois. Force est de constater qu’elles ne sont pas suffisamment restrictives puisqu’elles ont été conçues à une époque où on pensait que la ressource en eau était inépuisable. En outre, ces lois peuvent être rejetées sans débat dans l’hémicycle, ce qui constitue une régression fondamentale.

    M. Benjamin Lucas-Lundy

  • partager

    Exactement !

    Mme Cyrielle Chatelain

  • partager

    Nous avons besoin de garanties ! Il faut un texte qui dise clairement que l’eau doit être préservée, qu’elle doit être dédiée d’abord à l’usage des populations pour boire et se laver, et qu’avant d’autoriser les industries à l’utiliser il convient de s’assurer de la pertinence des projets.
    Un data center va s’installer en Isère. Les investisseurs sont originaires des États-Unis et des Émirats arabes unis. Pensez-vous vraiment qu’on doive consacrer de l’eau et de l’énergie à leur stockage de données et à leur cloud ? Quel est l’intérêt souverain de disposer de cette infrastructure sur nos territoires ? Aucun ! Oui à l’IA, mais pas si elle est au service de grandes entreprises américaines ! Réfléchissons d’abord à l’intérêt que l’IA souverain revêt pour nos entreprises.
    Parce que l’eau doit être utilisée utilement, en fonction de priorités, je vous invite à voter cet amendement de bon sens. On préserve l’eau, on priorise ses usages, on la protège. (Applaudissements sur les bancs du groupe EcoS et sur quelques bancs du groupe LFI-NFP.)

    Mme la présidente

  • partager

    La parole est à M. Jean-François Coulomme.

    M. Jean-François Coulomme

  • partager

    Notre assemblée devrait se poser la question suivante : pourquoi les Émirats arabes unis ont-ils choisi la France pour y installer un data center qui leur appartiendra ? Qui paie l’orchestre choisit la musique : s’ils investissent chez nous, le centre de stockage sera leur propriété. L’investissement représente entre 30 et 50 milliards d’euros, c’est magnifique, c’est formidable, mais pourquoi la France a-t-elle été choisie ?

    M. Charles Sitzenstuhl

  • partager

    Les Émirats arabes unis sont nos alliés !

    M. Jean-François Coulomme

  • partager

    Puisque la circulation des données se fait à travers les réseaux numériques, il est indifférent qu’un data center soit situé au Japon, en Australie ou aux États-Unis –⁠ l’accès et la vitesse d’accès aux informations sont les mêmes partout. Donc, pourquoi la France ? La réponse est simple : les Émirats arabes unis n’ont pas la ressource en eau nécessaire pour faire fonctionner de tels ogres de consommation. Ils se sont dit : « Chic, en France, ils sont sympas, ils veulent bien sacrifier leur précieuse ressource au profit des data centers » –⁠ notre pays est riche en eau. Or un data center représente en moyenne une surface artificialisée d’un hectare et consomme l’équivalent d’une ville de 50 000 habitants. En d’autres termes, il consomme des quantités d’eau considérables.
    Monsieur le rapporteur, vous affirmez que, grâce au technoscientisme, ces infrastructures finiront par fonctionner avec des circuits fermés. Très bien, mais tout cela n’est pas encore au point ! C’est donc un mensonge. Vous évoquez ce qui sera peut-être techniquement possible dans des dizaines d’années, mais, tout comme l’hydrogène vert, cette évolution n’est pas prête de voir le jour.

    M. Laurent Jacobelli

  • partager

    Ne faisons rien ! Attendons la fin du monde autour d’un feu de bois !

    M. Jean-François Coulomme

  • partager

    Aujourd’hui, l’hydrogène est gris ou marron : pour obtenir de l’hydrogène vert, il faut brûler du pétrole ou du gaz afin de produire l’électricité nécessaire à l’électrolyse. Il faut faire avec la réalité scientifique du moment. Actuellement, nos ressources en eau sont convoitées par les Émirats arabes unis parce qu’ils n’en ont pas. L’installation des data centers se fera au détriment de notre consommation d’eau potable. (Applaudissements sur plusieurs bancs des groupes LFI-NFP et EcoS.)

    Mme la présidente

  • partager

    La parole est à M. Charles Sitzenstuhl.

    M. Charles Sitzenstuhl

  • partager

    Je suis opposé à cet amendement. De toute évidence, depuis hier, nos collègues de gauche ont besoin de se refaire la cerise. On peut donc parier qu’ils vont rester toute la soirée et demain sur le sujet de l’environnement. (Protestations sur les bancs des groupes LFI-NFP et EcoS.)

    M. Benjamin Lucas-Lundy

  • partager

    C’est discriminatoire pour les fraises !

    M. Charles Sitzenstuhl

  • partager

    Mais franchement, je suis assez stupéfait du débat que nous avons depuis quelques minutes, débat qu’au demeurant nous avons déjà eu il y a quelques semaines, ce qui montre quand même –⁠ message à destination du gouvernement – l’absurdité de saucissonner ce texte. Si l’on suivait vos arguments, chers collègues, aucun projet économique ne s’implanterait en France.

    M. Pouria Amirshahi

  • partager

    Vous êtes naïf !

    M. Charles Sitzenstuhl

  • partager

    Nous n’accueillerions aucun investissement.

    Un député du Rassemblement national

  • partager

    C’est ce qu’ils veulent ! Retour aux Amish !

    M. Charles Sitzenstuhl

  • partager

    Prenez la mesure de ce que vous dites. Il faut faire avec l’économie telle qu’elle est aujourd’hui, en 2025. Nous ne vivons pas dans un monde fantasmé dans lequel on pourrait se passer des data centers.

    M. Jean-François Coulomme

  • partager

    C’est la prédation de nos ressources !

    M. Charles Sitzenstuhl

  • partager

    Vous considérez la présence de STMicroelectronics dans un territoire comme une difficulté. C’est incroyable ! Nous devons, au contraire, en être très fiers. Je rappelle que BPIFrance –⁠ donc l’État – est actionnaire de STMicroélectronics. Mais des députés nous expliquent que son développement est problématique en raison de sa consommation en eau. C’est absolument stupéfiant ! (Exclamations sur les bancs du groupe EcoS.)
    Alors que nous devons mener le combat de la réindustrialisation, on peut craindre que de tels arguments dissuadent les investisseurs étrangers. Ce débat m’inquiète énormément. Cessez de refuser de voir le monde tel qu’il est. L’économie est numérique, nous avons besoin de données et il faut les stocker, que cela nous plaise ou non. Il faut défendre notre souveraineté industrielle, mais ce n’est pas avec vous que nous y parviendrons !

    M. Emmanuel Duplessy

  • partager

    La loi de l’argent !

    Rappel au règlement

    Mme la présidente

  • partager

    La parole est à Mme Claire Lejeune, pour un rappel au règlement.

    Mme Claire Lejeune

  • partager

    Sur le fondement de l’article 100 sur la bonne tenue des débats.
    Nous ne pouvons pas laisser passer les propos que nous venons d’entendre : la gauche se « referait la cerise » au cours de ce débat ? (Mme la présidente coupe le micro de l’oratrice. –⁠ Les députés des groupes LFI-NFP et EcoS applaudissent cette dernière. –⁠ Exclamations sur plusieurs bancs des groupes EPR et RN.)

    Mme la présidente

  • partager

    Madame Lejeune, cela n’a rien à voir avec le texte. Un peu de sérieux, chers collègues !

    Article 15 (appelé par priorité - suite)

    Mme la présidente

  • partager

    La parole est à M. Henri Alfandari.

    M. Henri Alfandari

  • partager

    Si j’osais, je dirais que la cerise est bien rouge ! (Protestations sur les bancs du groupe EcoS.)

    M. Jean-René Cazeneuve

  • partager

    C’est une cerise bio !

    M. Henri Alfandari

  • partager

    Mes chers collègues, nous comprenons votre souhait : faire en sorte qu’aucune activité moderne pourvoyeuse d’emplois ne puisse s’installer en France. Par ailleurs, vous faites comme si vous étiez les seuls à vous intéresser à l’eau.
    L’IA pose des questions intéressantes que vous pourriez tout à fait évoquer. Par exemple, faut-il utiliser une IA plutôt que Google pour effectuer une recherche ? Car, en réalité, le problème de l’IA, c’est le rapport que nous entretenons avec elle. Si elle nous permet d’aller plus loin et d’instaurer de nouveaux process grâce auxquels nous obtiendrons des améliorations, alors elle constitue un véritable apport. Or notre utilisation actuelle de l’IA est profondément inintéressante. Malheureusement ce n’est pas cette question-là que vous posez. (Exclamations sur les bancs du groupe LFI-NFP.)

    M. Nicolas Bonnet

  • partager

    Ce n’est pas le sujet de ce texte !

    M. Henri Alfandari

  • partager

    Vous vous emparez simplement de l’enjeu de l’eau pour affirmer que la main humaine ne doit intervenir nulle part et qu’aucune réelle activité économique ou industrielle ne doit être déployée dans notre pays. Vous ne parlez jamais de l’utilité de l’IA, qui est pourtant le vrai sujet. C’est dommage. (Applaudissements sur les bancs du groupe HOR.)

    M. Emmanuel Duplessy

  • partager

    Merci, monseigneur !

    Rappel au règlement

    Mme la présidente

  • partager

    La parole est à Mme Gabrielle Cathala, pour un rappel au règlement.

    Mme Gabrielle Cathala

  • partager

    Il se fonde sur les articles 80-1 et 80-1-1 relatifs aux conflits d’intérêts.
    On peut lire, à l’article 80-1 : « Un conflit d’intérêts est entendu comme toute situation d’interférence entre un intérêt public et des intérêts privés de nature à influencer ou paraître influencer l’exercice indépendant, impartial et objectif du mandat. » À l’article suivant, il est indiqué : « Lorsqu’un député estime que l’exercice d’une fonction au sein de l’Assemblée nationale est susceptible de le placer en situation de conflit d’intérêts, il s’abstient de la solliciter ou de l’accepter. » Par ailleurs, ce même article prévoit que, dans pareil cas, « il en informe le bureau ».
    Je m’interroge sur la présence de M. Jean-René Cazeneuve dans l’hémicycle alors que nous discutons d’un article visant à favoriser l’implantation de grands data centers en France… (Mme la présidente coupe le micro de l’oratrice. –⁠ Protestations sur les bancs du groupe LFI-NFP.)

    Mme la présidente

  • partager

    Je vous rappelle la règle : il appartient au député lui-même de juger si sa participation à certains travaux doit être interrompue en raison d’une situation de conflit d’intérêts. Ce n’est certainement pas en séance publique que l’on règle ce type de problème. (Applaudissements sur plusieurs bancs des groupes RN, EPR, HOR et UDR.)

    Article 15 (appelé par priorité - suite)

    Mme la présidente

  • partager

    Je mets aux voix l’amendement no 1496.

    (Il est procédé au scrutin.)

    Mme la présidente

  • partager

    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        164
            Nombre de suffrages exprimés                156
            Majorité absolue                        79
                    Pour l’adoption                43
                    Contre                113

    (L’amendement no 1496 n’est pas adopté.)

    M. Jean-François Coulomme

  • partager

    Heureusement que vous avez le RN avec vous !

    M. Sylvain Berrios

  • partager

    Vous n’êtes que quarante-trois, ce n’est pas beaucoup !

    Mme Gabrielle Cathala

  • partager

    Rappel au règlement, madame la présidente !

    Mme la présidente

  • partager

    Je ne vous redonnerai pas la parole pour un rappel au règlement, madame Cathala, car je considère que votre demande est abusive. Nous devons avancer. (Applaudissements sur les bancs des groupes RN et UDR et sur plusieurs bancs des groupes EPR et HOR. –⁠ Protestations sur les bancs du groupe LFI-NFP.)

    M. Jean-François Coulomme

  • partager

    Mais il n’a pas répondu !

    Mme la présidente

  • partager

    La parole est à M. Charles Sitzenstuhl, pour soutenir l’amendement no 206.

    M. Charles Sitzenstuhl

  • partager

    Il vise à préciser la rédaction de l’alinéa 10. La notion de « tensions structurelles » me semble en effet sujette à des interprétations subjectives –⁠ le mot « structurelles » peut couvrir un spectre très large. Je propose donc d’ajouter l’adjectif « certaines ». Ainsi, nous serons sûrs que si l’on décide d’abandonner un projet, c’est en raison de faits étayés, prouvés. Nous ne laisserons pas libre cours aux interprétations.
    Mon combat depuis huit ans, c’est la réindustrialisation du pays.

    M. Laurent Jacobelli

  • partager

    Il n’est pas dans la bonne équipe !

    M. Charles Sitzenstuhl

  • partager

    Elle doit constituer la priorité, pour les prochaines décennies, de notre politique économique et de nos politiques publiques. Or il existe déjà un corpus de règles et de normes très strict en matière d’environnement, contrairement à ce qu’affirment certains dans l’hémicycle –⁠ particulièrement à gauche.
    L’enjeu est de trouver de l’espace pour que des industries et des projets économiques se développent et pour créer de la valeur en France et en Europe. Je vous renvoie aux travaux de Mario Draghi et d’Enrico Letta, entre autres personnalités qui ont souligné l’importance de la réindustrialisation, ce défi auquel est confrontée l’Europe. (Mme Gabrielle Cathala et M. Jean-René Cazeneuve brandissent le règlement.)

    Mme la présidente

  • partager

    Monsieur Cazeneuve, j’estime que l’incident est clos, il n’est pas nécessaire de remettre une pièce dans la machine. (Exclamations sur plusieurs bancs des groupes LFI-NFP et EcoS.)

    M. Manuel Bompard

  • partager

    Laissez M. Cazeneuve se défendre !

    Mme la présidente

  • partager

    Quel est l’avis de la commission ?

    M. Stéphane Travert, rapporteur

  • partager

    La rédaction que vous proposez semblera, selon les points de vue, quelque peu restrictive ou de nature à clarifier les choses. Aussi m’en remettrai-je à la sagesse de l’Assemblée.

    Mme la présidente

  • partager

    Quel est l’avis du Gouvernement ?

    Mme la présidente

  • partager

    La parole est à M. le ministre chargé de l’industrie et de l’énergie, pour donner l’avis du gouvernement.

    M. Marc Ferracci, ministre chargé de l’industrie et de l’énergie

  • partager

    Même avis.

    Mme la présidente

  • partager

    La parole est à M. Nicolas Bonnet.

    M. Nicolas Bonnet

  • partager

    Je salue mon collègue Sitzenstuhl, qui a sans doute déposé cet amendement pour, lui aussi, se redorer le blason. Il est bien normal de vouloir que les choses soient « certaines ». Cependant, si l’on suit cette logique, nous pourrions ajouter ce mot à chaque phrase. Pourquoi en aurait-on besoin à cet alinéa plus qu’ailleurs ? À l’alinéa 9, il est indiqué que le data center doit revêtir « une importance particulière pour la transition numérique, la transition écologique ou la souveraineté nationale ». Pourquoi ne pas ajouter également « certaine » à cette phrase et même, pendant que nous y sommes, à tous les articles du projet de loi dès lors qu’une disposition est prévue ? Cet amendement est superfétatoire.

    M. Emmanuel Duplessy

  • partager

    Et médiocre !

    Mme la présidente

  • partager

    La parole est à M. Frédéric Falcon.

    M. Frédéric Falcon

  • partager

    Les circonscriptions du Rassemblement national sont les plus exposées aux pénuries d’eau, notamment dans le sud de la France. Dans la mienne, à Narbonne, l’indice pluviométrique n’est pas plus élevé qu’à Marrakech. Par conséquent, nous ne pouvons pas laisser dire que le Rassemblement national est totalement indifférent aux enjeux liés à la gestion de l’eau dans le pays –⁠ je pense à tous mes collègues élus de circonscriptions du pourtour méditerranéen. (Applaudissements sur les bancs des groupes RN et UDR.)
    Cela ne signifie pas pour autant, chers collègues de l’extrême gauche, que nous ne devons pas déployer des projets d’industrialisation, vitaux pour le développement économique du pays, notamment dans des circonscriptions –⁠ comme la mienne – plutôt populaires et marquées par un taux de chômage très élevé.
    Plutôt que de gérer la pénurie –⁠ votre philosophie, semble-t-il –, nous devons soutenir de grands projets visant à créer de la ressource, par exemple le programme Aqua Domitia dans la région Occitanie. Or celui-ci est freiné par des associations écologistes qui partagent vos idées : elles refusent de créer de la ressource en eau, d’aménager des retenues et de dessaler l’eau. (Exclamations sur les bancs du groupe EcoS et sur quelques bancs du groupe LFI-NFP.)

    Mme Sandra Regol

  • partager

    Vous voulez aggraver le déficit avec des projets dangereux !

    M. Frédéric Falcon

  • partager

    En résumé, pour vous, il ne faut pas toucher à la ressource en eau, mais on ne peut pas non plus en créer. Là réside tout le paradoxe de votre approche. C’est la double peine. Nous sommes condamnés à mourir, à disparaître, à rester à l’écart du développement économique. (Applaudissements sur les bancs des groupes RN et UDR.)

    Mme la présidente

  • partager

    Je mets aux voix l’amendement no 206.

    (Il est procédé au scrutin.)

    Mme la présidente

  • partager

    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        162
            Nombre de suffrages exprimés                91
            Majorité absolue                        46
                    Pour l’adoption                20
                    Contre                71

    (L’amendement no 206 n’est pas adopté.)

    Rappels au règlement

    Mme la présidente

  • partager

    La parole est à M. Jean-René Cazeneuve, pour un rappel au règlement.

    M. Jean-René Cazeneuve

  • partager

    Il se fonde sur l’article 70, relatif à une mise en cause personnelle.
    Je ne sais pas de quoi on m’accuse. Alors que je n’ai pas encore pris la parole au cours de ce débat, je suis mis en cause par une députée de La France insoumise, ce parti de la délation et de la chasse à l’homme (Applaudissements sur plusieurs bancs des groupes EPR, DR et HOR. –⁠ Exclamations sur les bancs des groupes RN et LFI-NFP),…

    M. Philippe Ballard

  • partager

    Ils sont là grâce à vous !

    M. Jean-René Cazeneuve

  • partager

    …qui incite à la haine et dont le mode de fonctionnement est celui d’une meute. (Protestations sur les bancs du groupe LFI-NFP.)

    Mme la présidente

  • partager

    Monsieur Cazeneuve, nous vous avons compris !

    M. Jean-René Cazeneuve

  • partager

    Si la guillotine existait encore, ce serait le parti de la guillotine… (Exclamations sur les bancs des groupes LFI-NFP et EcoS. –⁠ Mme la présidente coupe le micro de l’orateur.)

    Mme la présidente

  • partager

    Par ailleurs, j’ai rappelé la règle tout à l’heure.
    La parole est à M. Benjamin Lucas-Lundy, pour un rappel au règlement.

    M. Benjamin Lucas-Lundy

  • partager

    Il se fonde sur l’article 70, alinéa 3, qui prévoit que nous pouvons répondre à une mise en cause personnelle.

    Mme la présidente

  • partager

    Votre nom n’a pas été prononcé, cher collègue ! Cela suffit ! (Exclamations sur les bancs du groupe RN.)

    Mme Sandra Regol

  • partager

    On peut aussi répondre à la mise en cause de plusieurs députés !

    M. Benjamin Lucas-Lundy

  • partager

    Soyons raisonnables ! (Mme la présidente coupe le micro de l’orateur. –⁠ Brouhaha.)

    Mme la présidente

  • partager

    La séance est suspendue.

    (La séance, suspendue quelques instants, est immédiatement reprise.)

    Mme la présidente

  • partager

    La parole est à M. Pierre Meurin, pour un rappel au règlement.

    M. Pierre Meurin

  • partager

    Il se fonde sur l’article 100, relatif à la bonne tenue de nos débats. Je précise que nous serons très économes de notre parole par la suite car nous souhaitons avancer sur ce texte.
    Nous savons très bien qu’à la moindre occasion, la gauche se livrera à une obstruction parlementaire. Évitons donc toute forme de provocation afin d’avancer sur ce texte, pour nos entreprises, pour nos agriculteurs et pour nos artisans. Nous voulons, comme vous tous, simplifier la vie économique ! (Mme la présidente coupe le micro de l’orateur. –⁠ Les députés des groupes RN et UDR applaudissent ce dernier.)

    Article 15 (appelé par priorité - suite)

    Mme la présidente

  • partager

    La parole est à M. Laurent Lhardit, pour soutenir l’amendement no 1045.

    M. Laurent Lhardit

  • partager

    Il prévoit que l’autorité administrative peut refuser un projet de centre de données lorsque les besoins énergétiques de ce dernier sont susceptibles de déstabiliser la fourniture électrique des usagers prioritaires –⁠ hôpitaux et réseaux téléphoniques, par exemple – et des ménages.
    La multiplication des projets de centres de données dans une même zone peut donner lieu, en matière d’utilisation des réseaux électriques, à un problème d’arbitrage.
    Je prendrai pour exemple ce que nous avons vécu il y a quelque temps à Marseille. Lors d’une réunion avec l’opérateur électrique historique, nous l’avons interrogé sur les onze projets de data centers qui devaient s’implanter dans la même zone de cette ville. Il nous a indiqué très clairement que, si ces projets étaient autorisés à s’implanter, alors il faudrait choisir entre leur alimentation électrique et l’électrification à quai des navires ou encore celle du réseau de bus électriques de la ville.
    C’est la raison pour laquelle nous défendons cet amendement relatif à la fourniture électrique.

    Mme la présidente

  • partager

    Quel est l’avis de la commission ?

    M. Stéphane Travert, rapporteur

  • partager

    Là aussi l’intention est louable, mais la notion de « risques d’approvisionnement » est floue. De plus, les autorités de régulation comme le Réseau de transport d’électricité (RTE) disposent déjà des outils d’analyse et d’anticipation nécessaires à l’évaluation des capacités locales d’accueil. L’article 15 prévoit en outre une clause de refus en cas de tension hydrique –⁠ grâce à l’amendement CS410 de M. David Taupiac, que nous avons adopté en commission spéciale et dont nous avons déjà parlé tout à l’heure. Avis défavorable.

    Mme la présidente

  • partager

    Quel est l’avis du gouvernement ?

    M. Marc Ferracci, ministre

  • partager

    Même avis.

    Mme la présidente

  • partager

    La parole est à M. Matthias Tavel.

    M. Matthias Tavel

  • partager

    Je souhaite rebondir sur l’intervention de notre collègue Sitzenstuhl au sujet de l’industrie. (« Rien à voir ! » et « L’amendement ! » sur quelques bancs des groupes RN et UDR.) Vous êtes gonflé, quand même, collègue ! Quand vous mettez en avant les investissements étrangers, vous oubliez toujours de dire que nous sommes le pays d’Europe dans lequel ces investissements créent le moins d’emplois ! (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP et sur quelques bancs du groupe EcoS.) Ne venez donc pas expliquer que c’est avec une telle politique que vous allez réindustrialiser la France et recréer des emplois !
    Au demeurant, si vous voulez réindustrialiser, commencez par conserver ce qui est déjà là ! S’agissant d’Arcelor, agissez au lieu de commenter ! (Mêmes mouvements.) Ne laissez pas mourir Vencorex, ne laissez pas General Electric supprimer des emplois dans le secteur de l’énergie renouvelable marine ! Si STMicroelectronics s’apprête à supprimer 1 000 emplois en France, est-ce avec l’accord de BPIFrance, la Banque publique d’investissement, qui détient une partie de son capital, donc avec l’accord du gouvernement ? (Applaudissements sur les bancs des groupes LFI-NFP et EcoS.) Est-ce cela que vous venez de nous dire, collègue ?
    Alors, soyons sérieux ! Oui, il faut réindustrialiser, mais ce n’est pas le marché, ni la main invisible des investisseurs qui le feront ! (M. Charles Sitzenstuhl s’exclame.) Il faut de la planification, notamment pour tenir compte des enjeux énergétiques et hydriques. (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP et sur quelques bancs du groupe EcoS.) Je m’inquiète d’entendre nos collègues, notamment à l’extrême droite, dire qu’il faudrait créer la ressource en eau, car l’espèce humaine n’est pas capable de créer cette ressource : elle peut seulement essayer de la préserver, de la protéger et de l’utiliser avec parcimonie, parce qu’elle est de plus en plus rare ! (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP. –⁠ M. Pierre Meurin brandit le règlement.)

    Mme la présidente

  • partager

    Je vous donne la parole, monsieur Meurin, mais pas pour un rappel au règlement –⁠ vous avez vu l’heure ?

    M. Pierre Meurin

  • partager

    Je serai très rapide, madame la présidente. Peut-on contraindre les prises de parole de telle sorte qu’elles aient vraiment trait au fond des amendements examinés ? Sans cela, la gauche va passer toute la soirée à affirmer qu’il s’agit d’un projet très grave, et ainsi de suite… (Exclamations sur quelques bancs des groupes LFI-NFP et EcoS.)

    Mme la présidente

  • partager

    Vous voyez bien qu’il faudrait alors limiter la parole de tout le monde ! C’est compliqué.

    M. Pierre Meurin

  • partager

    Nous, nous sommes économes de nos prises de parole, alors que la gauche… (Mme la présidente coupe le micro de l’orateur.)

    Mme la présidente

  • partager

    La discussion doit concerner uniquement l’amendement. Et de cela, je suis juge !
    La parole est à M. Gérard Leseul, suppléant M. Ian Boucard, président de la commission spéciale chargée d’examiner le projet de loi de simplification de la vie économique.

    M. Gérard Leseul, suppléant M. Ian Boucard, président de la commission spéciale chargée d’examiner le projet de loi de simplification de la vie économique

  • partager

    Revenons-en à l’amendement. M. le rapporteur a parlé de stress hydrique. Or l’amendement ne traite pas de l’eau mais de l’énergie, de l’alimentation électrique qui permet justement de refroidir les circuits d’eau internes aux data centers. Je ne voudrais pas, à ce stade de la discussion, que l’on se trompe sur la portée de l’amendement : il s’agit d’intégrer dans la loi une disposition relative au réseau électrique.

    Mme la présidente

  • partager

    Je mets aux voix l’amendement no 1045.

    (Il est procédé au scrutin.)

    Mme la présidente

  • partager

    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        136
            Nombre de suffrages exprimés                133
            Majorité absolue                        67
                    Pour l’adoption                42
                    Contre                91

    (L’amendement no 1045 n’est pas adopté.)

    5. Ordre du jour de la prochaine séance

    Mme la présidente

  • partager

    Prochaine séance, ce soir, à vingt et une heures trente :
    Suite de la discussion du projet de loi de simplification de la vie économique.
    La séance est levée.

    (La séance est levée à vingt heures cinq.)

    Le directeur des comptes rendus
    Serge Ezdra