XVIIe législature
Session ordinaire de 2024-2025

Première séance du vendredi 27 juin 2025

Sommaire détaillé
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Première séance du vendredi 27 juin 2025

Présidence de Mme Naïma Moutchou
vice-présidente

Mme la présidente

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    La séance est ouverte.

    (La séance est ouverte à neuf heures.)

    1. Programmation pour la refondation de Mayotte

    Suite de la discussion d’un projet de loi

    Mme la présidente

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    L’ordre du jour appelle la suite de la discussion du projet de loi de programmation pour la refondation de Mayotte (nos 1470, 1573).

    Discussion des articles (suite)

    Mme la présidente

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    Mercredi 25 juin, l’Assemblée a poursuivi la discussion des articles du projet de loi, s’arrêtant à l’article 19.
    Je vous informe qu’à la demande de la commission, en application de l’article 95, alinéa 4, du règlement, l’Assemblée examinera par priorité, après l’article 25, les articles 30 à 34, et après les amendements portant article additionnel après l’article 24, l’article 23.

    Article 19

    Mme la présidente

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    Plusieurs orateurs sont inscrits sur l’article 19.
    La parole est à Mme Anchya Bamana.

    Mme Anchya Bamana

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    La suppression de l’article 19 s’impose pour des raisons à la fois juridiques, politiques et éthiques. Cet article vise en effet à instaurer une procédure dérogatoire d’expropriation accélérée, permettant à l’État de prendre immédiatement possession des terrains sans respecter les garanties traditionnelles prévues par le code de l’expropriation pour cause d’utilité publique, sans attendre le versement d’une indemnité au propriétaire exproprié. Or ces garanties protègent les droits fondamentaux des citoyens, notamment le droit de propriété, reconnu par la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen ; contourner ce cadre constitue une grave entorse à l’État de droit.
    Derrière la rhétorique de la reconstruction se cache en réalité un vaste programme d’urbanisation sans concertation réelle, sans débat public, sans respect du lien identitaire fort qui unit les Mahorais à leur terre. Dans une population dont la propriété foncière est souvent orale, communautaire, transmise depuis des générations, voire par des indivisions non réglées, cet article est perçu comme une spoliation légalisée.
    Ce que veulent les Mahorais, c’est régler le cadastre et rester sous le régime de droit commun pour cette question. À force d’insister –⁠ j’ai écrit au premier ministre –, j’ai cru comprendre que le gouvernement avait enfin entamé une démarche en ce sens : nous l’encourageons à aller jusqu’au bout de cette mission, à régulariser les 70 000 à 100 000 parcelles non titrées qu’a identifiées la Commission d’urgence foncière (CUF), qu’elles soient privées, départementales ou étatiques.
    Mesdames et messieurs les députés, je vous remercie de voter contre cet article ! (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe RN.)

    Mme la présidente

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    La parole est à Mme Estelle Youssouffa.

    Mme Estelle Youssouffa

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    Il y a des dispositions zombies, des dispositions que l’on n’arrive pas à tuer. L’article 10 du projet de loi d’urgence pour Mayotte s’est réincarné en article 19 de ce projet de loi « Mayotte 2 » en vertu d’une idée du gouvernement –⁠ prendre les terres mahoraises par dérogation – qui figurait déjà dans le texte proposé par le ministre Lecornu, alors chargé des outre-mer, en 2021 ! L’idée zombie de l’État, donc, consiste à mettre la main sur le foncier de notre département, où, de manière inhabituelle, il est le propriétaire foncier le plus minoritaire. Vous l’aurez compris, cela n’a rien à voir avec Chido : le problème tient à ce que l’État n’arrive pas à régler la question foncière à Mayotte et ne s’en donne pas les moyens.
    Contrairement à d’autres territoires, ce n’est pas que nos terrains n’ont pas assez de propriétaires, mais qu’ils en ont trop –⁠ il est très important de le comprendre. On compte plusieurs strates de propriété. Notre île est devenue française en 1841 : les questions d’état civil étaient alors réglées par les autorités cadiales. Ces autorités musulmanes, avec lesquelles la République a toujours cohabité en bonne intelligence, s’occupaient des affaires foncières.
    Lors de la départementalisation, l’État s’est approprié les archives des cadis et les a laissées pourrir, alors qu’ils avaient signalé qu’il importait de les conserver pour mettre en ordre les questions foncières. Viennent ensuite l’incendie à deux reprises des archives départementales, puis des commissions foncières qui n’ont jamais été dotées de moyens humains ou financiers.
    Chaque fois, l’État délaisse ces matières, alors que la propriété foncière constitue un droit garanti par la Constitution et qu’il y a à Mayotte beaucoup d’occupations illégales de terrains.
    Ce sujet épineux fait du moins l’objet d’un consensus : tout Mayotte demande la suppression de l’article 19.

    Mme la présidente

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    La parole est à Mme la présidente de la commission des affaires économiques, à laquelle la commission des lois a délégué l’examen des articles 10, 19, 19  bis, 19  ter, 20, 21, 21  bis, 23 et 24.

    Mme Aurélie Trouvé, présidente de la commission des affaires économiques

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    Je fais état ici des discussions et surtout du vote de la commission des affaires économiques, laquelle a restreint la portée de cet article aux seules infrastructures portuaires ou aéroportuaires, pour la raison que viennent d’évoquer les oratrices : l’atteinte –⁠ c’est du moins ce qu’ont estimé un grand nombre de collègues – au droit de propriété, garanti par les articles 2 et 17 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen ainsi que par certaines dispositions de la Constitution. Il s’agit tout simplement de prendre possession de parcelles sans verser au propriétaire la moindre indemnité, ce qui, pour citer une collègue en commission, pose « un problème éthique » : les Mahorais, comme l’ensemble des Français, ont droit à une indemnisation juste et efficace.
    Il faut en outre noter la forte opposition à cet article d’une grande partie de la population ; c’est ce qu’ont rapporté nombre de collègues, y compris les élues de Mayotte, mais aussi ce que nous avons pu constater lorsqu’une délégation de notre commission s’est rendue sur place. Le collectif Urgence Mayotte, entre autres, est extrêmement clair à ce propos et avance que la mesure, susceptible de provoquer de très fortes tensions sociales, pourrait se révéler contre-productive en matière de maintien de l’ordre public.

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Philippe Vigier, rapporteur général de la commission des lois constitutionnelles, de la législation et de l’administration générale de la République.

    M. Philippe Vigier, rapporteur général de la commission des lois constitutionnelles, de la législation et de l’administration générale de la République

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    Avec cet article 19, nous sommes au cœur d’un sujet absolument central pour Mayotte : oui ou non, nous donnons-nous les moyens de refonder, de reconstruire ? Vous avez raison, madame Bamana, et Mme Youssouffa le rappelait à l’instant : il y a, à Mayotte, un désordre foncier auquel nous avons la possibilité de mettre fin.
    Je voudrais rappeler quelques éléments que vous avez tous en tête. En 2005, la publication foncière à Mayotte était assurée au régime du titre foncier, avec des actes sous seing privé, beaucoup d’indivisions, des successions, des transmissions, engendrant une situation dans laquelle la valeur de nombre de propriétés est devenue totalement incertaine –⁠ encore une fois, les députées de Mayotte le savent parfaitement. Les habitants se retrouvent donc en possession de biens sans valeur. S’ajoutent à cela des constructions sans titre, dont certaines sont anciennes.
    S’agissant de la régularisation des titres, on ne peut pas dire que rien n’ait été fait : la loi de 2017 de programmation relative à l’égalité réelle outre-mer, dite loi Erom, devait entraîner la création d’une commission d’urgence foncière… (Murmures.)
    Ce n’est pas parce que l’on a mal fait à un moment donné que l’on doit aujourd’hui continuer de mal faire !
    En 2019, on n’avait pas encore commencé à travailler ; en 2022 était prévu un groupement d’intérêt public (GIP) pour gérer le sujet. Dix ans plus tard, où sommes-nous ? Nulle part ! On se retrouve avec 800 000 titres de propriété problématiques, 5 000 hectares non identifiés, sans valeur, et des Mahoraises et des Mahorais spoliés –⁠ il n’y a pas d’autre mot. La régularisation des parcelles sans titre n’a pas eu lieur. Ce n’est pas un texte particulier qui s’applique, mais le droit commun, c’est-à-dire la prescription acquisitive au bout de trente ans ; simplement, à Mayotte, il ne s’applique qu’à partir de 2008. Cependant la fameuse loi dite 3DS du 21 février 2022 permet de rentrer dans le régime de droit commun au bout de dix ans –⁠ en l’occurrence à partir de 2018.
    C’est pourquoi, madame Youssouffa, l’alinéa 3 de l’article 19 tel qu’adopté par les sénateurs, avant que la commission ne le limite, prévoyait un champ plus large : « la réalisation des infrastructures portuaires et aéroportuaires, des ouvrages et installations des réseaux publics d’eau et d’assainissement, des constructions, ouvrages et installations à l’usage des forces de sécurité intérieure », entre autres.
    Madame Bamana, vous avez fort opportunément déposé à l’article 1er un amendement visant à accélérer le projet de casernement de l’hôtel de police à Mamoudzou :…

    Mme Anchya Bamana

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    Avec le foncier disponible !

    M. Philippe Vigier, rapporteur général

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    …cela ne pourra se faire sans ces dispositions.
    L’article adopté par le Sénat mentionnait également les « établissements de santé et médico-sociaux » : Mme Voynet, ici présente, qui a géré l’agence régionale de santé (ARS) de Mayotte, sait ce que c’est. Ils ne figurent plus dans l’article 19.
    J’entends que le problème de l’indemnisation est crucial, que le sujet de la confiance est crucial, que les fameuses 80 000 parcelles doivent être attribuées, identifiées ; il faut surtout faire en sorte que celles et ceux qui détiennent ces biens, qui les occupent, soient sûrs qu’ils ont une valeur vénale et puissent transmettre ce patrimoine à leur famille.
    Tout ce qui est logements a été exclu de l’article, de même que les établissements scolaires ; concernant les infrastructures d’urgence, il existe une nécessité qui s’inscrit dans le cadre de la loi. En parallèle, il nous faudra faire ce travail cadastral, y mettre plus d’arpenteurs, de géomètres, comme l’a préconisé le général Facon, pour obtenir un cadastre numérisé, de manière à répondre aux exigences de la refondation de Mayotte. Je me suis permis de m’exprimer un peu longuement : il importait de poser le cadre de la discussion de ce matin.

    Mme la présidente

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    La parole est à M. le ministre d’État, ministre des outre-mer.

    M. Manuel Valls, ministre d’État, ministre des outre-mer

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    Mesdames et messieurs les députés, très heureux de vous retrouver…

    Mme Dominique Voynet

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    Plaisir partagé !

    M. Manuel Valls, ministre d’État

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    Je n’en doute pas, madame Voynet. (Sourires.) S’agissant des questions foncières, les uns et les autres ont raison de souligner l’importance du sujet. Nous l’aborderons lors de l’examen de l’article 20, mais il est forcément lié à celui que nous évoquons.
    Il est vrai qu’à Mayotte, l’identification du véritable propriétaire d’un bien immobilier se révèle souvent difficile, voire impossible dans certains cas. Je veux bien que l’on mette tout sur le dos de l’État, mais cette situation s’explique par de nombreux facteurs historiques, culturels, par la coexistence sur le territoire, en matière immobilière et foncière, de sources de droit concurrentes.
    Au pluralisme juridique et à l’absence de titrement des terres s’ajoutent d’autres causes de désordre foncier : indivisions inextricables –⁠ je pense aux successions non réglées depuis plusieurs générations –, pression migratoire qui engendre de nombreuses occupations illicites, introduction tardive –⁠ en 1992 seulement – du cadastre parcellaire. Cette situation est préjudiciable tant aux personnes privées, que la difficulté de prouver leur qualité de propriétaire prive de toute prérogative, toute sécurité juridique, qu’aux collectivités publiques confrontées à un manque à gagner fiscal, à l’impossibilité de lancer des procédures d’expropriation, et à la paralysie des opérations d’aménagement.
    C’est dans ce contexte qu’en 2017 a été instaurée la CUF, laquelle n’a pris qu’en 2022 ses premiers actes notariés. Pour répondre à Mme Bamana, qui évoque souvent ces questions, il faut accélérer encore : c’est l’objectif de l’article 20. Celui-ci prévoit, dans l’application du délai réduit de prescription acquisitive, la prise en compte de la possession concernant la période antérieure au 11 avril 2024, date d’entrée en vigueur de la loi du 9 avril 2024 visant à l’accélération et à la simplification de la rénovation de l’habitat dégradé et des grandes opérations d’aménagement.
    Parce que cette nouvelle dérogation peut porter concrètement ses fruits, il est prévu de conditionner ce délai abrégé au fait de faire inscrire au livre foncier de Mayotte un acte constatant la possession.
    Les outils sont là ; des objectifs ambitieux peuvent être fixés à la CUF en vue d’accélérer le titrement. J’accorde volontiers, notamment aux deux députées mahoraises, que nous avons pris beaucoup de retard et qu’il faut des moyens humains, sans quoi nous n’y arriverons pas.
    Nous aurons l’occasion d’y revenir à l’article 20, mais comme cela est intimement lié à l’article dont nous discutons, je voulais apporter cette précision.
    Je reviens à l’article 19. Je peux comprendre la passion et les mots, mais enfin, madame Bamana, madame Youssouffa, abandonnez l’idée que l’État souhaite exproprier les Mahorais ! Nous pouvons avoir un débat, y compris sur la base du passé et des mauvaises expériences, mais l’État ne veut pas exproprier les Mahorais ou leur enlever leurs terres. Nous essayons tous d’agir avec le bon sens que nous partageons pour accélérer la reconstruction des infrastructures essentielles à Mayotte. C’est là l’objectif. J’ai déjà eu l’occasion de le dire lors de la discussion du projet de loi d’urgence pour Mayotte.
    La disposition proposée à l’article 19 tient compte des difficultés d’identification des propriétaires. Elle permet, c’est vrai, de prendre possession des terrains dans des conditions qui évitent de bloquer les travaux, tout en garantissant les droits attachés à la propriété privée. J’insiste sur ce point. Cette procédure n’est d’ailleurs pas une nouveauté ; elle est déjà prévue par le code de l’expropriation pour des travaux intéressant la sécurité nationale et un certain nombre d’infrastructures routières. Il est ici proposé de l’élargir, à Mayotte, à d’autres cas jugés stratégiques pour la reconstruction de l’île. Essayons discuter de cela.
    Cette disposition est mise en œuvre de manière très précise et protectrice pour les propriétaires ou les personnes qui pourraient revendiquer les propriétés des terrains. Soyons précis. Le texte prévoit six garanties.
    Premièrement, cela concerne les projets déclarés d’utilité publique.
    Deuxièmement, l’autorisation de prise de possession anticipée intervient uniquement en cas de difficultés pour exécuter les travaux tenant à la prise de possession dans plusieurs terrains.
    Troisièmement, elle est autorisée par un décret, après avis conforme du Conseil d’État.
    Quatrièmement, le juge peut prononcer une indemnisation spéciale aux personnes intéressées justifiant d’un préjudice causé par la rapidité de la procédure.
    Cinquièmement, une indemnité provisionnelle d’expropriation est versée aux propriétaires, ou consignée en cas de difficultés pour la verser, notamment si le propriétaire n’est pas identifié.
    Sixièmement, cette disposition est valable pour un délai de dix ans à compter de l’entrée en vigueur de la loi.
    Il s’agit donc d’une mesure extrêmement encadrée juridiquement, garantissant les droits des personnes concernées, avec un contrôle du juge intervenant à plusieurs étapes : contrôle de la déclaration d’utilité publique, contrôle des conditions de la prise de position, prononcé d’une indemnité spéciale.
    De plus, elle est circonscrite et encadrée dans le temps.
    Je veux souligner que les élus du territoire ont été entendus, à juste titre. Dans la proposition qui vous est soumise, les projets pouvant faire l’objet de cette procédure ont été strictement définis.
    J’ajoute que la commission est allée encore plus loin pour encadrer le texte du projet initial, sur le fondement d’un amendement de Mme Estelle Youssouffa.
    L’objectif de l’article 19, c’est d’aller vite pour un certain nombre de projets qui sont, pour nombre d’entre eux, légitimement attendus depuis très longtemps par les Mahorais et par leurs élus. Je ne me place pas d’un point de vue idéologique ou politique : si, à la fin des fins, l’Assemblée ne veut pas de cet article, elle ne l’adoptera pas –⁠ c’est son droit plein et entier –, mais alors, qu’on ne vienne pas ensuite dire que les choses ne sont pas assez rapides et que l’on n’a pas pu accélérer les procédures en l’absence de cet outil ! Il faudra faire attention sur ce point.
    L’amendement adopté par la commission des affaires économiques considère que les grandes infrastructures, ports et aéroports, sont indispensables et justifient l’activation de cet outil. Le gouvernement pense qu’il faut aller plus loin quant à la liste des infrastructures concernées, mais au moins, mettons-nous d’accord sur le principe : nous avons besoin de cet outil pour de grandes infrastructures.
    J’espère très sincèrement qu’on trouvera un cheminement ; mais franchement, ne mettez pas en cause le gouvernement en prétendant qu’il y aurait un projet caché, un complot, visant à nuire à l’identité et à la culture mahoraise.
    Je comprends les craintes, les peurs, la méfiance. Elles peuvent être fondées sur un passé ou un passif ; je peux parfaitement le comprendre. Pour autant, essayons de trouver le meilleur chemin pour se doter des meilleurs outils pour le développement du territoire.

    Mme la présidente

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    Nous en venons aux amendements.
    Je suis d’abord saisie de trois amendements identiques, nos 7, 168 et 302, tendant à supprimer l’article 19.
    La parole est à Mme Anchya Bamana, pour soutenir l’amendement no 7.

    Mme Anchya Bamana

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    Cet amendement vise à supprimer l’article 19 qui introduit, à Mayotte, une procédure exceptionnelle d’expropriation avec prise de possession immédiate des terrains pour une durée de dix ans.
    Estelle Youssouffa le disait tout à l’heure : après la suppression de l’article 10 du projet de loi d’urgence votée en février, voici que le gouvernement le réintroduit tranquillement dans ce texte. C’est la preuve, monsieur le ministre d’État, que vous n’écoutez pas les Mahorais.

    M. Manuel Valls, ministre d’État

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    Ça va !

    Mme Anchya Bamana

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    Cela fait vingt-cinq ans que les gouvernements successifs font la sourde oreille face à la demande récurrente des élus locaux de procéder à la régularisation du foncier mahorais. La Commission d’urgence foncière, créée par le législateur en 2017, est une maison vide qui n’a jamais eu les moyens nécessaires pour réaliser cette mission, faute d’une volonté politique avérée.
    Ce qu’attendent les Mahorais, ce qu’attendent les collectivités, c’est de s’atteler à la mise à jour du cadastre, comme en témoignent les conclusions des assises du foncier de Mamoudzou organisées en 2023.
    Je l’ai dit tout à l’heure : le droit de propriété est une liberté constitutionnellement protégée. Cet article constitue donc une entorse à l’État de droit, ce qui n’est pas acceptable pour les Mahorais.
    Mesdames et messieurs les députés, je vous demande donc de voter cet amendement ; sinon, vous déciderez pour les Mahorais, sans les Mahorais, et donc contre les Mahorais. (Applaudissements sur les bancs du groupe RN.)

    Mme la présidente

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    Sur les amendements identiques nos 7, 168 et 302, en cours de discussion, je suis saisie par les groupes Rassemblement national et Libertés, indépendants, outre-mer et territoires de demandes de scrutin public.
    Le scrutin est annoncé dans l’enceinte de l’Assemblée nationale.
    La parole est à Mme Sandrine Nosbé, pour soutenir l’amendement no 168.

    Mme Sandrine Nosbé

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    Cet article reprend les dispositions de l’article 10 du projet de loi d’urgence pour Mayotte. Il avait été écarté suite à de nombreuses critiques venant de Mayotte. Sorti par la porte, le voilà donc qui revient par la fenêtre sous la forme de l’article 19. Nous avons pourtant débattu de cette mesure d’expropriation lors de l’examen du précédent projet de loi ; nous avons été nombreux à rappeler au gouvernement que les Mahorais sont viscéralement opposés à cette expropriation.
    Le collectif Urgence Mayotte, que nous avons auditionné, nous dit d’ailleurs que l’État profite de l’occasion donnée par le cyclone Chido pour réaliser ce projet d’une Mayotte sans âme, ni fierté, ni appartenance.
    De plus, faut-il comprendre que le droit de propriété, qui a pourtant valeur constitutionnelle, devra faire l’objet d’une exception à Mayotte, et que les Mahorais ne seront donc plus concernés par ce droit constitutionnel ?

    M. Manuel Valls, ministre d’État

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    Mais non !

    Mme Sandrine Nosbé

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    Faut-il comprendre que Mayotte devra encore se sacrifier ? Pendant toutes ces années, on a sacrifié les Mahorais ; et là, on va encore leur demander de sacrifier leurs terres alors même que les dossiers de révision et de régularisation du foncier s’enlisent à Mayotte depuis des années.
    La refondation de Mayotte ne peut se faire contre son consentement. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe LFI-NFP. –⁠ Mme Anchya Bamana applaudit également.)

    Mme la présidente

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    La parole est à Mme Estelle Youssouffa, pour soutenir l’amendement no 302.

    Mme Estelle Youssouffa

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    Je voudrais vous renvoyer à l’actualité. Ces derniers jours, l’Hexagone a connu des inondations extrêmement graves et mortelles. Imaginez-vous l’État dire dans les territoires concernés, à Paris ou ailleurs, qu’il n’y aura pas de reconstruction si on n’exproprie pas d’abord à toute vitesse ?
    Je ne sais pas si vous prenez la mesure du discours qui est tenu ici. Concrètement, il s’agit de dire aux personnes qu’elles vont être expropriées. Or, on parle de terrains où il y a de nombreux propriétaires. Les titres de propriété ont souvent été distribués de manière opaque, voire sous le sceau de la corruption, par les mairies ou le conseil départemental. Le cadastre n’est ni fait, ni à faire ; il n’est pas financé, et les commissions ad hoc trucmuche bidule ne le sont pas non plus. On se retrouve donc avec pléthore de propriétaires à Mayotte.
    Face à cela, que fait l’État ? Il thésaurise ! Il met de côté la somme prévue pour l’indemnisation, qu’il a établie tout seul puisqu’il n’y aura pas de négociation pourtant prévue par la loi, et cet argent, une fois qu’il aura fructifié, n’ira pas dans la poche des Mahorais.
    L’État va bulldozer Mayotte et reconstruire en dépit de ce que veulent les Mahoraises et les Mahorais. C’est inadmissible. Il est impensable que l’État ose utiliser notre détresse et nous dire que si nous n’acceptons pas, la reconstruction avancera à la vitesse d’une tortue, tout ça pour justifier de mettre la main sur le foncier. Il n’en est pas question. Toute l’île et tous les élus l’ont dit et répété.
    Je veux enfin que l’on comprenne bien ce qui est en jeu dans cet article 19 ; il s’agit de projets annoncés depuis des années mais jamais concrétisés. Il n’y a donc aucun projet neuf. En réalité, les questions foncières ont déjà été traitées avec le conseil départemental et avec les mairies. On ne peut pas nous dire aujourd’hui qu’une expropriation est nécessaire alors que les sujets fonciers n’ont toujours pas été réglés.

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Frantz Gumbs, rapporteur pour avis de la commission des affaires économiques, pour donner l’avis de la commission à laquelle, je le rappelle, la commission des lois a délégué l’examen des articles 10, 19, 19  bis, 19  ter, 20, 21, 21  bis, 23 et 24.

    M. Frantz Gumbs, rapporteur pour avis de la commission des affaires économiques

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    J’ai préféré prendre la parole après la présentation formelle de ces amendements de suppression. Je voudrais dire quel est mon regard global sur l’article 19.
    Je ne reviendrai pas sur les particularités géographiques et démographiques qui caractérisent Mayotte ni sur les flux migratoires massifs qu’elle subit depuis des décennies. En revanche, la situation de ce qu’on appelle le désordre foncier mérite que l’on s’y attarde.
    D’abord, il faut noter que le relief de Mayotte est très accidenté. C’est une chose, à mon avis, qu’on ne prend pas suffisamment en compte. Tout le centre de l’île est escarpé, ce qui réduit d’autant le foncier utile. Cela ne simplifie pas les choses.
    Ensuite, les transactions et les transmissions ont été faites selon des règles coutumières ; nous en sommes d’accord. Le cadastre est donc très incomplet et imparfait.
    C’est dans ce contexte, me semble-t-il, que la loi se doit de prévoir les conditions dans lesquelles les infrastructures indispensables pourront être réalisées. C’est là l’objet de l’article 19.
    Selon la rédaction de l’article 19, « la procédure prévue aux articles L. 522-1 à L. 522-4 du code de l’expropriation pour cause d’utilité publique peut –⁠ et j’insiste sur ce mot – être appliquée, dans les conditions prévues aux mêmes articles… »
    En d’autres termes, je le répète et veux le marteler ; il ne s’agit absolument pas de créer une procédure d’expropriation spécifique à Mayotte, comme on l’a trop souvent entendu. On se propose d’utiliser, si c’est nécessaire, la procédure que le code prévoit déjà pour le reste de la France. Cette procédure a par ailleurs déjà été utilisée pour des opérations d’ampleur et d’urgence exceptionnelles –⁠ pour la réalisation du village olympique et d’autres équipements des Jeux olympiques de Paris l’été dernier par exemple.

    Mme Estelle Youssouffa

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    C’est faux !

    M. Frantz Gumbs, rapporteur pour avis

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    En réalité, ce qui est nouveau dans le texte, ce n’est pas la procédure, mais les objets auxquels elle s’applique.

    Mme Estelle Youssouffa

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    Voilà !

    M. Frantz Gumbs, rapporteur pour avis

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    L’alinéa 3 du texte initial dresse une liste des structures dont le caractère d’intérêt général est tout à fait indiscutable. Ces structures sont indispensables dans des délais courts ; on parle de ports et d’aéroports, de réseaux d’eau et d’assainissement, d’ouvrages à l’usage des forces de sécurité intérieure, d’installations de production et de distribution d’électricité ou encore d’établissements de santé. Je le répète : le caractère d’utilité publique de tous ces objets me semble tout à fait indiscutable.
    L’alinéa 2 du texte d’origine concerne les opérations de reconstruction conduites par le nouvel établissement public créé en application de la loi d’urgence pour Mayotte. Je me suis interrogé sur le caractère ouvert de cette formulation, mais j’observe que la moitié des membres –⁠ sept sur quatorze – du conseil d’administration de cet établissement public sont des élus de Mayotte. Il est présidé par le président du conseil départemental, et le président de l’association des maires de Mayotte en est membre.
    Je ne vois pas comment l’État pourra passer outre les choix de ces élus, qui représentent l’ensemble de la population mahoraise au sein de cet établissement public. Ils ont la légitimité pour dire ce qui est prioritaire pour les Mahorais et ce qui ne l’est pas. Faire fi de leur avis unanime reviendrait à s’exposer à une agitation sociale dont le gouvernement n’a pas besoin –⁠ et Mayotte encore moins.
    Cet article permettra de gagner en efficacité, dans la mesure du discernement dont sauront faire preuve les grands acteurs et partenaires du territoire. C’est sur le territoire que les choix devront être faits. Encore faut-il fournir à Mayotte les outils nécessaires.
    C’est dans ce contexte complexe, et malgré une certaine hésitation, que j’émets un avis défavorable sur les amendements de suppression. Supprimer purement et simplement l’article 19 enlèverait toute efficacité aux opérations de reconstruction de Mayotte.

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis du gouvernement ?

    M. Manuel Valls, ministre d’État

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    Madame Youssouffa, l’État n’est pas le seul à s’exprimer : vous négligez les rapporteurs. (Mme Estelle Youssouffa sourit.) Contrairement à l’État, ils n’ont pas d’intérêts dans cette affaire –⁠ à moins que vous ne pensiez le contraire ? Ni le rapporteur pour avis, ni le rapporteur général ne sont des suppôts de l’État, motivés par je ne sais quel appât du gain ou le potentiel exercice de responsabilités sur le territoire mahorais ! Et moi non plus d’ailleurs.
    Je le dis à l’Assemblée : si vous ne voulez pas de cet article, c’est tout à fait votre droit, et c’est normal. Je respecte profondément l’Assemblée nationale. Je n’utilise aucun mot, madame Youssouffa, aucun, qui viserait à discréditer la prise de parole des uns ou des autres ! Je ne permettrai pas que l’on mette en cause l’État ou le gouvernement sur ce projet, dont j’ai présenté les raisons profondes.
    Les trois amendements qui ont été présentés proposent de supprimer l’article 19. Tout à l’heure, j’ai déjà exposé les raisons qui ont conduit à l’introduction de ces dispositions. J’entends parfaitement les critiques et les craintes exprimées, par vous notamment. Elles font écho aux débats qui ont eu lieu lors de l’examen du projet de loi d’urgence –⁠ vous l’avez rappelé, tout comme Mme Bamana.
    Cet article est différent de celui de la loi d’urgence que vous avez évoqué. Son objet est très circonscrit : il permet de recourir à la procédure de prise de possession anticipée uniquement pour construire les infrastructures essentielles au développement du territoire, comme vient de le dire le rapporteur. À la demande des élus, le périmètre a été restreint aux infrastructures essentielles et urgentes –⁠ eau, transport, nouvel hôpital, écoles. Il faut le rappeler.
    Je veux rétablir un certain nombre de vérités, notamment à votre intention, madame Bamana. Ne faites pas un faux procès à l’État ! Le reste de la procédure restera inchangé : enquête publique et parcellaire, déclaration d’utilité publique, arrêté de cessibilité, négociations amiables. Toutes ces étapes seront engagées, dans les conditions ordinaires. Il ne s’agit donc pas d’élargir le champ de l’expropriation, ou les conditions de sa justification. Nous ne modifions en rien la procédure administrative de déclaration d’utilité publique.
    L’article permettra simplement d’accélérer la dernière étape, à savoir la fixation des indemnités d’expropriation, en garantissant, j’y insiste, le versement ou la consignation de ces indemnités. Il tient compte des difficultés d’identification des propriétaires qui peuvent être rencontrées à Mayotte, et permet de prendre possession des terrains dans des conditions ne débouchant pas sur un blocage des travaux, tout en garantissant les droits attachés à la propriété privée.
    La maîtrise foncière est cruciale pour réaliser ces aménagements au service de la population et de l’économie mahoraises. Je crois que nous sommes tous d’accord sur un point : le morcellement du tissu urbain et la nature des projets envisagés rendent impossible la mobilisation du seul foncier public.
    Il ne s’agit pas d’une dérogation spécifique à Mayotte. Le rapporteur l’a également rappelé : ce dispositif de prise de possession anticipée est ancien. Il a déjà été utilisé dans d’autres contextes sur le territoire national. La même procédure sera utilisée pour la construction d’une infrastructure de transport en Guyane. De nombreux textes législatifs récents l’ont aussi mobilisée, notamment dans le cadre de la préparation des Jeux olympiques ou de la construction de réacteurs nucléaires.
    Elle peut déjà être s’appliquer à Mayotte. Il s’agit d’élargir le champ d’application de cette procédure à d’autres constructions jugées stratégiques pour la refondation de cet archipel. On peut restreindre ce champ –⁠ cela a été fait. La procédure est mise en œuvre de manière très précise et protectrice pour les propriétaires et les personnes qui pourraient revendiquer la propriété des terrains concernés.
    Elle n’est donc attentatoire ni au droit de propriété des Mahorais, ni aux droits fondamentaux. L’article 19 a été soumis, comme tout le reste du texte, au Conseil d’État.
    Pour terminer, je réponds à la comparaison qui a été faite avec l’article 10 du projet de loi d’urgence. L’un de vous m’avait interpellé sur ce point. L’article 10 était une habilitation à légiférer par ordonnance. Il a été supprimé et on nous a demandé de le clarifier. C’est fait ! En commission notamment, vous l’avez également clarifié, en restreignant encore davantage le champ d’application de l’article 19.
    Le droit de propriété est constitutionnel. Adoptez cet article : s’il est inconstitutionnel, le Conseil constitutionnel le censurera. Cela ne sera pas le cas –⁠ j’ai démontré que cet article protégeait les droits et libertés.
    Ce texte est le deuxième texte de loi sur Mayotte de l’année ; beaucoup d’articles ont été adoptés. Il vise à l’efficacité : l’État ne veut rien prendre au détriment de Mayotte, mais simplement créer les conditions d’une plus grande efficacité pour le développement des projets. L’Assemblée décidera.
    Avis défavorable.

    Mme la présidente

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    La parole est à Mme Dominique Voynet.

    Mme Dominique Voynet

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    Je demande une suspension de cinq minutes.

    Suspension et reprise de la séance

    Mme la présidente

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    La séance est suspendue.

    (La séance, suspendue à neuf heures trente-cinq, est reprise à neuf heures quarante.)

    Mme la présidente

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    La séance est reprise.
    La parole est à Mme Estelle Youssouffa.

    Mme Estelle Youssouffa

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    La mesure proposée élargit le périmètre de la procédure d’expropriation précédemment autorisée pour les Jeux olympiques, un axe routier en Guyane ou une centrale nucléaire –⁠ c’est la raison pour laquelle il faut passer par la loi.
    Sur un territoire de 375 kilomètres carrés, où l’État va enfin se mettre à construire des infrastructures, elles sont toutes stratégiques ! L’État veut donc mettre en place une procédure qui conduira le propriétaire à se retrouver seul face à la machine de l’État. Le juge, qui était plus ou moins censé jouer le rôle d’arbitre, n’interviendra plus.
    On compte donc mettre en route sur notre terre une machine destinée à nous spolier, nous, Mahoraises et Mahorais –⁠ je suis désolée, mais c’est bien de cela qu’il s’agit.
    La terre, pour les Ultramarins et les insulaires, comme pour les autres Français, ce sont nos racines. C’est la seule chose qui nous reste : tout a été rasé par le cyclone Chido. C’est notre terre nourricière, grâce à laquelle nous avons réussi à faire pousser de quoi compléter notre régime alimentaire. C’est sur elle que nous pouvons construire nos habitations, grâce auxquelles nous avons un toit. Nous sommes en pleine reconstruction. Or on nous explique ici que si nous n’acceptons pas qu’on nous prive de nos terres par dérogation, la reconstruction n’aura pas lieu.

    M. Manuel Valls, ministre d’État

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    Mais personne ne dit ça !

    Mme Estelle Youssouffa

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    C’est un abject chantage ! Cela fait des années que les gouvernements successifs s’assoient sur les revendications des Mahoraises et des Mahorais, qui demandent qu’on mette enfin bon ordre au désordre foncier. On ne nous en a pas donné les moyens ! Nous nous apprêtons à voir enfin se concrétiser des projets qui ont été annoncés il y a plusieurs années, bien avant le passage de Chido.
    Les négociations avec le conseil départemental et les mairies ont eu lieu. Il n’y a pas de problème de foncier pour les projets en question. Ou alors les membres du gouvernement qui ont répondu aux questions des députés mahorais ont menti à la représentation nationale quand ils ont affirmé que le sujet était réglé !

    M. Manuel Valls, ministre d’État

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    Citez les noms, madame Youssouffa !

    Mme la présidente

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    La parole est à Mme Dominique Voynet.

    Mme Dominique Voynet

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    On le voit, chacun ici est ambivalent, car il y a d’un côté le droit de propriété et de l’autre le droit d’être soigné, de se déplacer et d’avoir de l’eau propre au robinet. Nous ne voterons pas ces amendements de suppression, mais nous considérons que la liste des équipements que le gouvernement entend réaliser grâce à ce mécanisme était bien trop longue dans la version issue du Sénat. Parler des équipements nécessaires à la distribution d’électricité ou à la production de l’eau était trop vague et excessif. La commission des affaires économiques a été raisonnable en limitant le champ de l’article à la réalisation des infrastructures portuaires et aéroportuaires –⁠ nous y reviendrons peut-être un peu plus tard. Je propose quant à moi d’y ajouter l’hôpital, promis en 2019. Un terrain a été identifié en 2020 mais, à la suite du changement de majorité au conseil départemental, la discussion a été quasiment reprise à zéro. Cinq ans plus tard, nous avons à peine avancé. Des garanties doivent être données par le gouvernement sur le calendrier et l’indemnisation.
    Certains crient à la spoliation, mais j’ai envie de leur dire : « Bienvenue au club ! » Pensez-vous que les personnes expropriées en raison du chantier de l’A69 sautent de joie ? (Mme Mathilde Feld applaudit. –⁠ Exclamations sur quelques bancs du groupe RN.) Si l’expropriation est justifiée par des projets d’intérêt général, on en discute et on arbitre. Si les projets ne sont pas prioritaires, on prévoit des dispositifs plus protecteurs pour les habitants. Avec un article 19 mentionnant le port, l’aéroport et l’hôpital, il me semble en tout cas que nous ne serions pas loin du compte.

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Yoann Gillet.

    M. Yoann Gillet

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    Monsieur le ministre, chers collègues, arrêtez les mensonges ! Depuis des années, les Mahorais sont méprisés et oubliés. Vous et vos prédécesseurs leur avez fait énormément de promesses, mais elles n’ont jamais été tenues. Vous dites qu’il faut reconstruire Mayotte, mais il faut tout simplement la construire. Non, la suppression de cet article n’empêchera pas la construction ou la reconstruction de Mayotte. L’avenir de l’île ne peut être envisagé sans qu’on y associe les Mahorais. Nous ne pouvons pas donner un chèque en blanc au gouvernement alors que vous n’avez jamais tenu vos promesses, monsieur le ministre –⁠ avant d’occuper cette fonction, vous avez eu d’autres responsabilités.
    Le droit commun permet déjà d’agir, de construire, d’exproprier, dans le respect de chacun. La défiance est telle chez les Mahorais qu’ils s’opposent vigoureusement au dispositif prévu à l’article 19 : ils savent ce dont vous êtes capables, ils savent que vous les méprisez.
    Le rapporteur général a pris l’exemple de l’hôtel de police de Mamoudzou, dont la construction serait impossible sans cet article : un mensonge de plus ! Cela fait quinze ans que ce projet est annoncé. Le terrain a été identifié et cédé à l’État par la mairie. Si le projet ne se réalise toujours pas, c’est uniquement parce que l’État n’a jamais débloqué le financement nécessaire. Arrêtez donc de mentir ! Il faut un budget pour Mayotte, pour construire et pour reconstruire. Nous ne vous donnerons pas un chèque en blanc. (Applaudissements sur les bancs du groupe RN.)

    Mme la présidente

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    La parole est à Mme Maud Petit.

    Mme Maud Petit

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    Permettez-moi d’apporter une voix différente à ce débat, issue de ma réflexion personnelle sur l’article 19. Lorsque je pense que des mesures ont des effets négatifs sur nos concitoyens, je suis vent debout contre leur application. Au départ, j’étais opposée à cet article, mais j’ai réfléchi et j’ai compris qu’on ne pouvait pas laisser les choses en l’état. J’ai cherché à vérifier que les expropriations seraient bien assorties de garanties et j’ai interrogé le ministre, les rapporteurs et les habitants de Mayotte. J’ai constaté que toute la population n’était pas opposée aux expropriations. Certaines personnes comprennent très bien que cette mesure est nécessaire pour faire avancer les choses.
    Comme vient de le dire M. Gillet, il ne s’agit pas simplement de reconstruire Mayotte, mais aussi de la construire tout court. Et il y a des gens qui comprennent très bien que la cession de leur terre est nécessaire pour mener des projets en attente depuis trop longtemps. Ils ont seulement besoin d’une garantie sur l’effectivité des paiements. Or cette garantie est prévue par l’article 19. L’État consignera les sommes sur un compte bloqué et les versera au propriétaire après levée de l’indivision et reconnaissance de la propriété du terrain. Les Mahorais demandaient aussi la garantie d’une indemnisation à la juste valeur du terrain. L’article 19 me semble de nature à l’apporter également.
    Chers collègues, je vous invite à repousser ces amendements de suppression. Mayotte attend des infrastructures et des établissements depuis des dizaines et des dizaines d’années. Supprimer l’article 19, c’est maintenir la situation présente pendant encore plusieurs années. Ne trahissons pas la confiance des Mahorais, n’attendons pas un prochain texte pour avancer. (Mme Estelle Youssouffa s’exclame.) Agissons maintenant ! (Applaudissements sur les bancs du groupe Dem.)

    Mme la présidente

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    Je vais donner la parole à encore deux orateurs, afin que chaque groupe se soit exprimé sur ces amendements de suppression, puis à M. le rapporteur pour avis et à M. le rapporteur général. Nous reprendrons ensuite le rythme d’un orateur pour, un orateur contre. Nous venons en effet de consacrer près d’une heure à ce sujet !

    M. Philippe Vigier

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    Très bien !

    Mme la présidente

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    La parole est à Mme Sandrine Nosbé.

    Mme Sandrine Nosbé

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    À l’occasion des dix ans de la départementalisation de Mayotte, la Cour des comptes a fait le constat de l’échec total des plans qui se sont succédé depuis une décennie, que ce soit le plan Mayotte 2025 de François Hollande ou le plan d’urgence 2018 : « Alors qu’ils avaient pour objet de projeter une ambition de moyen et de long terme pour l’archipel, aucun des deux plans de développement n’a été animé et suivi au-delà de l’année de son lancement. »
    Monsieur le ministre d’État, une refondation, une reconstruction, ne peut être engagée sans la volonté du peuple mahorais, le peuple français de Mayotte. Depuis plusieurs dizaines d’années, Mayotte attend que l’État lui jette un œil et s’occupe de son développement économique et social. Des plans ont été promis, mais rien n’a été fait. Vous comprenez sans doute que les Mahorais n’aient plus confiance ! Maud Petit nous dit qu’elle a rencontré des Mahorais favorables à l’expropriation. J’étais récemment à Mayotte et toutes les personnes que j’ai rencontrées étaient contre l’article 19.

    M. Manuel Valls, ministre d’État

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    Et contre l’immigration !

    Mme Sandrine Nosbé

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    Peut-être, monsieur le ministre, mais ils sont pour le développement social et économique avant d’être contre l’immigration. Vous avez fait le contraire en donnant la priorité à la question de l’immigration, qui n’est pas la priorité des Mahorais. Depuis lundi, nous ne faisons que parler de l’immigration. À aucun moment nous n’avons parlé du social.
    D’après le collectif Urgence Mayotte, l’article 19 constitue « la pierre angulaire de toute cette construction d’une loi-programme qui ne présente aucune garantie de réalisation quant aux infrastructures réclamées par toute la société mahoraise depuis des décennies ». Le conseil départemental de Mayotte demande également la suppression pure et simple de cet article. Je le répète, la refondation, la reconstruction, de Mayotte ne peut se faire contre la volonté des Mahorais.

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Davy Rimane.

    M. Davy Rimane

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    Lorsqu’on connaît l’histoire qui unit l’État central et les territoires dits d’outre-mer, on sait l’importance du foncier et de la terre. Notre histoire commune montre que l’État n’a pas été au rendez-vous des Ultramarins à plusieurs reprises. Dans différents territoires, un certain nombre de fois, des personnes ont été spoliées de leur foncier. Aujourd’hui, la spoliation des terres continue avec l’assentiment de l’État. Il est normal qu’un article qui prévoit carrément la possibilité de procéder à l’expropriation provoque une levée de boucliers. L’histoire nous rappelle que cela a déjà eu lieu, au détriment du droit à la propriété.
    Vous n’avez pas réussi à convaincre les Mahorais avec ce texte. Je me suis rendu à Mayotte et j’ai rencontré les élus et les représentants des associations : il y a une fronde générale contre l’article 19 –⁠ et de nombreux autres articles me posent problème dans le projet de loi. La question foncière est prégnante dans les territoires d’outre-mer et ne peut pas être abordée comme vous l’avez fait. Avec humilité, permettez-moi de vous donner un conseil, monsieur le ministre : il faut reprendre les discussions et donner des garanties aux Mahorais ; sans quoi, ils maintiendront leur opposition à l’expropriation –⁠ en tant qu’Ultramarin, c’est en tout cas ce que je ferais si j’étais à leur place. Car les garanties que vous leur apportez aujourd’hui ne sont pas claires.

    M. Manuel Valls, ministre d’État

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    Ce n’est pas vrai !

    M. Davy Rimane

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    Je suis le petit-fils d’un Guyanais exproprié par l’État pour installer la base spatiale. Encore aujourd’hui la question n’est pas réglée en Guyane. Des gens ont été mis à la porte de chez eux, placés dans des cages à poule, et n’ont jamais été dédommagés ! Je comprends le ressentiment des Mahorais. Encore une fois : sans garanties solides, vous ne ferez jamais accepter cette mesure. (Mme Mathilde Feld et M. Antoine Léaument applaudissent.)

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Frantz Gumbs, rapporteur pour avis.

    M. Frantz Gumbs, rapporteur pour avis

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    Je n’ai pas la prétention de connaître Mayotte et les besoins des Mahorais mieux que les Mahorais, mais je crois connaître mieux que la plupart des gens ici présents ce que sont un cyclone majeur et les difficultés afférentes à la reconstruction, surtout s’il s’agit de reconstruire en mieux –⁠ et c’est l’objectif du projet de loi. Je témoigne ici que la préfecture de Saint-Martin, détruite par l’ouragan Irma en 2017, n’est toujours pas reconstruite. Ses services sont logés dans des bâtiments temporaires. Je témoigne ici qu’un collège de 700 élèves sera, peut-être, livré fin 2025. Je témoigne ici qu’une très belle médiathèque mise hors service n’est toujours pas reconstruite. Les projets de reconstruction du seul cinéma de l’île, du meilleur stade et des centres culturels sont tous encore dans les tuyaux. Tout cela parce que la réglementation ordinaire est plus contraignante en France que dans la plupart des autres pays. D’où la nécessité d’utiliser des outils spécifiques. (Applaudissements sur les bancs du groupe Dem.)

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Philippe Vigier, rapporteur général.

    M. Philippe Vigier, rapporteur général

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    Chacun aura compris que l’article 19 est central dans le projet de refondation de Mayotte. Je remercie Maud Petit et Frantz Gumbs pour leurs propos. Quand on représente les territoires ultramarins en tant que parlementaire, quand on connaît bien les départements français d’Amérique, comme Maud Petit, on est conscient des défis à relever –⁠ et je vous parle avec mes tripes ! J’entends tout ce qui a été dit sur l’État impuissant et sur les promesses non tenues. Nous sommes tous concernés ! Estelle Youssouffa a participé avec moi à de nombreuses réunions du syndicat des eaux de Mayotte. La seule question que nous devons nous poser est de savoir si nous allons continuer à faire comme avant ou si nous essayons d’avancer.
    Je le dis avec gravité : on ne peut pas, après ce rapport annexé qui présente une programmation financière de 4 milliards d’euros sur dix ans, des autorisations d’engagement et des opérations identifiées, décrites sur vingt pages, déclarer que Mayotte a été abandonnée ! Marc Fesneau, ici présent, a été ministre de l’agriculture et sait de quoi je parle, tout comme M. le ministre d’État, désormais chargé du dossier : en Guyane, et Davy Rimane a raison, combien de temps a-t-il fallu pour créer la société d’aménagement foncier et d’établissement rural (Safer) et trouver des financements ? N’ai-je pas embêté le ministre de l’agriculture à de nombreuses reprises à ce sujet ? Certes, on peut déplorer l’impuissance publique. Certes, nous n’avons pas été à la hauteur collectivement. Certes, nous avons raté des choses. Mais pas que l’État ! Lorsqu’il s’agit d’eau, de logement et d’équipements publics, les collectivités sont également concernées.
    Alors je voudrais souligner trois points. Va-t-on spolier les Mahoraises et les Mahorais ?

    Mme Estelle Youssouffa

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    Oui !

    M. Philippe Vigier, rapporteur général

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    Les biens ne sont pas identifiés ; j’ai eu l’honnêteté de dire devant vous tout à l’heure, monsieur de Lépinau, que 80 000 parcelles ne sont pas identifiées. Dans ces cas-là, la valeur vénale, c’est zéro !

    M. Hervé de Lépinau

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    Absolument pas !

    M. Philippe Vigier, rapporteur général

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    Ensuite, l’extension de la procédure d’extrême urgence est limitée à dix ans. Ce n’est pas trente ans, c’est dix ans !
    Enfin, un comité de suivi de l’application et de l’évaluation de la loi comprendra des parlementaires et je sais, madame Bamana, que vous y prendrez toute votre part.
    Je ne demande qu’une chose. Je ne dis pas que nous sommes parfaits, mais les sénateurs ont bien voulu voter cet article.
    Frantz Gumbs en a témoigné : quand on est allé à Saint-Martin et à Saint-Barthélemy, on sait ce que peut être le désordre foncier.
    Il y a l’hôpital, madame Voynet ; il y a l’aéroport –⁠ il faut le dire, on a promené les gens pendant quinze ans, ça va bien ; il y a le grand port –⁠ qui, sans l’arbitrage du ministre d’État, n’aurait pas existé à terme. Je veux qu’on avance. C’est notre responsabilité collective.
    Nous ne donnons pas un blanc-seing ! Hervé de Lépinau pose une vraie question : quand aurons-nous l’inventaire complet ?
    Pour ce qui est des indemnités, une indemnité provisionnelle d’expropriation est versée, et peut être doublée par une indemnité spéciale destinée à compenser le préjudice. Vous avez rappelé en commission, monsieur le ministre, l’exemple de la zone d’aménagement concerté (ZAC) de Tsararano-Dembéni, pour laquelle 29 millions d’euros ont été versés pour 40 hectares de terrains agricoles, dont une trentaine constructibles. À Mayotte, le projet d’aménagement et de développement durable (PADD), cher à Charles Fournier, n’existe pas ; le schéma d’aménagement régional n’a jamais été terminé. Nous avons donc ici un outil… (M. Hervé de Lépinau brandit un document.)
    Monsieur de Lépinau, on ne peut pas baisser les bras et se dire que c’est foutu ! Je fais, moi, partie de ceux qui croient qu’il est possible d’établir un nouveau schéma, avec des moyens nouveaux, grâce à cette loi de refondation. On ne peut pas dire qu’il manque 25 000 logements et ne rien faire !
    L’article 19, déjà dans sa version sénatoriale excluait, à la demande des élus locaux, les écoles et les logements.
    Franchement, ce que nous proposons est un chemin de confiance –⁠ un chemin qui sera contrôlé, balisé. Et si ça ne va pas, nous y reviendrons !

    Mme la présidente

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    Je mets aux voix les amendements identiques nos 7, 168 et 302.

    (Il est procédé au scrutin.)

    Mme la présidente

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    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        63
            Nombre de suffrages exprimés                59
            Majorité absolue                        30
                    Pour l’adoption                40
                    Contre                19

    (Les amendements identiques nos 7, 168 et 302 sont adoptés ; en conséquence l’article 19 est supprimé et les autres amendements à cet article tombent.)
    (Applaudissements
    sur les bancs du groupe RN. –⁠ Mme Estelle Youssouffa applaudit également.)

    Après l’article 19

    Mme la présidente

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    L’amendement no 691 rectifié du gouvernement est défendu.
    Quel est l’avis de la commission ?

    M. Frantz Gumbs, rapporteur pour avis

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    Avis favorable.

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Hervé de Lépinau.

    M. Hervé de Lépinau

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    La question de la confiance est essentielle. Le ministre qui siège aujourd’hui au banc était premier ministre il y a dix ans, et il avait établi le fameux plan Mayotte 2025, une ambition pour la République.

    M. Manuel Valls, ministre d’État

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    Ce n’était pas moi, mais ce n’est pas grave…

    M. Hervé de Lépinau

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    Vous étiez premier ministre à cette époque, me semble-t-il.

    M. Manuel Valls, ministre d’État

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    C’était avant…

    M. Hervé de Lépinau

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    Si les préconisations inscrites dans ce plan –⁠ notamment « résorber la problématique foncière », page 21 – avaient été suivies depuis dix ans, nous n’aurions pas rejeté l’article 19. (Applaudissements sur les bancs du groupe RN.) La lenteur de l’État n’est que la conséquence d’une absence…

    Mme la présidente

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    Pouvez-vous en revenir à l’amendement, s’il vous plaît ?

    M. Hervé de Lépinau

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    Mon propos s’inscrit…

    Mme la présidente

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    Nous avons passé une heure sur l’article 19.

    M. Hervé de Lépinau

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    C’est un point important qu’il fallait rappeler.

    M. Marc Fesneau

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    Ils sont très gênés !

    Mme la présidente

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    Alors faites le lien avec l’amendement…

    M. Hervé de Lépinau

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    Le lien, c’est que le gouvernement va essayer de trouver un moyen de contourner ce vote. Mais l’application du droit suffirait ! Il existe un code de l’expropriation, qui permet de régler ces problèmes fonciers. Appliquez-le. Menez des enquêtes parcellaires, et ainsi vous pourrez établir un cadastre –⁠ ce qui serait une très bonne chose pour les Mahorais. (Applaudissements sur les bancs du groupe RN.)

    (L’amendement no 691 rectifié est adopté.)

    Mme la présidente

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    Je suis saisie de deux amendements, nos 654 et 621, pouvant être soumis à une discussion commune.
    La parole est à M. le ministre d’État, pour soutenir l’amendement no 654.

    M. Manuel Valls, ministre d’État

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    Comme l’indique le rapport annexé au présent projet de loi, dont nous avons discuté en commission et dont nous reparlerons à la fin de nos débats, le port de Longoni doit être considéré comme une infrastructure stratégique pour le développement économique de Mayotte et comme vecteur d’intégration régionale.
    L’État s’engage à transformer le port de Longoni en port sous compétence de l’État à l’issue de la concession de service public en 2028. Dans le cadre de la concertation locale préalable à l’élaboration du présent projet de loi, les rapporteurs ont mis en avant l’importance du port de Longoni pour le développement du territoire de Mayotte et souhaité que cet équipement devienne un port d’État avec le statut de grand port maritime.
    Il est donc proposé de compléter le titre II du livre VII, c’est-à-dire les dispositions relatives à Mayotte de la partie du code des transports qui porte sur le transport et la navigation maritimes, pour donner à l’État la faculté d’y créer un grand port maritime. Cette faculté ne pourra évidemment être exercée par l’État qu’à l’issue d’une expertise et d’une concertation avec le conseil départemental de Mayotte, en veillant à garantir la continuité d’activité du port à l’issue de la concession, la desserte territoriale et son développement. Un audit financier du port de Longoni sera réalisé avant la fin de l’année 2025.
    La récente décision du tribunal administratif de La Réunion, qui a prononcé la résiliation du contrat de délégation de service public au 1er septembre 2026, nous impose de ne pas perdre de temps pour créer un grand port maritime à Mayotte.
    Il y a beaucoup d’attentes, je le sais : beaucoup d’engagements ont été pris, beaucoup de promesses ont été faites. Et le cyclone Chido a révélé l’étendue des besoins.
    Je ne répondrai pas aux insultes ou aux provocations sur les mensonges des uns et des autres. Ce n’est pas la question aujourd’hui. Quant à ceux qui brandissent le droit, je les vois parfois bien plus prompts à critiquer la justice de notre pays, qu’elle soit pénale, administrative ou constitutionnelle.
    En tout état de cause, ce ne sont pas des polémiques de bas étage entre nous que les Mahorais attendent, mais des réponses. Cet amendement important y contribue.

    Mme la présidente

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    La parole est à M. le rapporteur général, pour soutenir l’amendement no 621.

    M. Philippe Vigier, rapporteur général

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    M. le ministre d’État a très bien posé le sujet. On nous demande ce que nous allons faire pour Mayotte : eh bien, citez-moi un autre territoire ultramarin qui n’ait pas de grand port maritime. Si vous voulez un seul signe de la volonté du gouvernement d’apporter une réponse forte aux besoins de Mayotte, en voici un.
    Vous avez laissé passer tout à l’heure quelque chose de considérable. Chacun a émis son vote et chacun en assumera la responsabilité.
    Je reviens au grand port en me tournant vers les députés de l’Amérique française : le hub portuaire des Antilles est en train d’être réalisé grâce à des fonds européens. Sans grand port maritime, il n’y a pas de fonds européens.
    Une concertation avec le conseil départemental, propriétaire du port, ainsi qu’avec les acteurs économiques, avec les élus, avec le comité de suivi, bref avec tout le monde, aura naturellement lieu. Mais il faut aller vite. On avance ; ce qui n’était pas possible il y a peu le devient.
    J’insiste enfin sur la position géostratégique extraordinaire de Mayotte : le Mozambique n’est pas loin, et vous savez qu’on y recherche du pétrole.
    Il faut soutenir le développement économique de Mayotte qui en a tant besoin.
    Je suis favorable à l’amendement du gouvernement. Le mien va dans le même sens.

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis de la commission ?

    M. Frantz Gumbs, rapporteur pour avis

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    Avis favorable.

    Mme la présidente

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    La parole est à Mme Sandrine Nosbé.

    Mme Sandrine Nosbé

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    Dans un courrier de décembre 2017, la ministre des transports écrivait ceci au premier président de la Cour des comptes : « Si la voie d’un statut intégrant l’État dans la gouvernance du port était explorée, il convient de souligner que, s’agissant d’un port décentralisé, le principe de libre administration des collectivités nécessite un accord de la collectivité territoriale de Mayotte pour renoncer à sa compétence portuaire au profit de l’État. Nous n’avons pas connaissance de la position du conseil départemental sur ce point, ni même s’il en a forgé une. »
    Monsieur le ministre d’État, avez-vous consulté le conseil départemental ? Savez-vous quelle est sa position ?
    J’ai eu une visioconférence avec des membres de la CGT de Mayotte et des citoyens mahorais mais ils n’en savaient rien.

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Davy Rimane.

    M. Davy Rimane

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    Collègue Vigier, vous avez été ministre des outre-mer, vous connaissez la réalité de ces territoires. Vous dites qu’on avance, que des choses se mettent en place… Mais cela fait des décennies que nous demandons des choses à l’État.

    M. Philippe Vigier, rapporteur général

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    C’est toujours le même discours !

    M. Davy Rimane

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    Non, ce n’est pas toujours le même discours ! Je vous ai écouté avec respect, monsieur Vigier. À chaque fois que nous avons obtenu des avancées, qu’il s’agisse d’établissements publics ou d’infrastructures, c’est parce que nous nous sommes battus, parce que la population s’est mobilisée. Souffrez d’entendre que la confiance n’existe pas. Qui serait contre le fait qu’il y ait un grand port maritime à Mayotte ? Là n’est évidemment pas la question.
    Quand on parle de développement, d’infrastructures, d’aménagement des territoires, vous devez assumer ce qui a été fait –⁠ l’appareil d’État doit assumer, pas M. Vigier ou M. Valls ici présents. Il y a une continuité de l’État. Et vous voudriez nous faire croire que, parce que nous avons voté contre l’article 19, nous serions comptables de ces décennies d’inaction ? Mais vous, de quoi êtes-vous comptables ?
    Si vous voulez vraiment que nous avancions, arrêtez de montrer les uns ou les autres du doigt. Si quelqu’un doit assumer la situation, c’est bien vous. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe LFI-NFP.)

    M. Jean-Hugues Ratenon

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    Bravo !

    (L’amendement no 654 est adopté ; en conséquence, l’amendement n° 621 tombe.)

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Jean-Hugues Ratenon, pour soutenir l’amendement no 179.

    M. Jean-Hugues Ratenon

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    Nous demandons l’enfouissement de l’ensemble des câbles aériens présents sur l’île de Mayotte partout où la topographie le permet.
    Le cyclone Chido a coupé Mayotte du monde, avec des vents dépassant 200 kilomètres par heure, voire 250 dans certains endroits. Les rafales ont arraché la majorité des câbles aériens, privant d’électricité tout le territoire mahorais. Trois semaines après le passage du cataclysme, voire plus longtemps, des quartiers étaient encore dans le noir ou sans communication.
    La situation n’est pas isolée : à La Réunion, plusieurs semaines après le passage du cyclone Garance, des milliers d’abonnés étaient toujours privés d’électricité, d’internet ou de téléphone. Cela montre que la résilience des réseaux aériens est insuffisante. Cette précarité persistante aggrave la vie quotidienne et affecte l’économie locale ; la reconstruction se limite trop souvent à restaurer à l’identique des infrastructures vétustes et inadaptées aux nouveaux risques climatiques.
    On le sait, la France est en retard sur ses voisins européens et peine à atteindre les 50 % de câbles enfouis. Ce retard est d’autant plus problématique à Mayotte et à La Réunion, ainsi que dans les autres territoires d’outre-mer, où la fréquence et l’intensité des cyclones augmentent avec le réchauffement climatique. La puissance des vents croît, mais l’infrastructure électrique ne s’adapte pas.
    Si le projet de loi se borne à rétablir la vétusté déjà présente avant le cyclone, la reconstruction ne permettra pas d’améliorer la vie quotidienne des populations ultramarines. Cet amendement vise donc à mettre en place, d’ici à la fin 2026, un programme d’enfouissement complet du réseau électrique aérien à Mayotte.

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis de la commission ?

    M. Frantz Gumbs, rapporteur pour avis

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    Votre amendement part en effet du bon sens. Un réseau électrique enfoui est plus résilient qu’un réseau aérien. Toutefois, d’après les acteurs du territoire, en particulier des techniciens et des responsables de ces opérations, l’enfouissement complet est impossible car la topographie ne le permet pas –⁠ il existe des risques d’éboulement et de mouvements de terrain ainsi que des reliefs accidentés.

    M. Jean-Pierre Vigier

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    Très bien !

    M. Frantz Gumbs, rapporteur pour avis

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    C’est pourquoi j’émettrai un avis défavorable.

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis du gouvernement ?

    M. Manuel Valls, ministre d’État

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    Même avis.

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Antoine Léaument.

    M. Antoine Léaument

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    Je soutiens cet amendement dont je souhaite élargir la portée. Le changement climatique, qui a commencé, aura des impacts majeurs. Nous l’avons nous-mêmes vécu à l’Assemblée, inondée pour la deuxième fois en peu de temps, sans que nous ayons appris de la fois précédente. Je ne voudrais pas qu’il se passe la même chose dans les territoires d’outre-mer, en particulier à Mayotte.
    Si nous laissons les câbles électriques en surface, dès qu’il y aura un cyclone, ils seront de nouveau à terre. Nous devons reconstruire de manière durable et pérenne. L’amendement de notre collègue Ratenon, que je vous invite à lire, propose non pas d’enterrer le réseau électrique aérien d’ici au 31 décembre 2026, mais de présenter avant cette date un programme d’enfouissement. C’est un amendement de bon sens ; l’objectif ne me semble pas trop ambitieux.
    Par ailleurs, nous devons nous préparer au changement climatique au niveau national. Vous avez vu la température qu’il fait dehors ? Ce n’est pas exceptionnel ; cette situation est appelée à se reproduire tous les ans. Nous devons aménager les villes pour faire diminuer la température, en particulier grâce aux îlots de fraîcheur, et il faut nous préparer à faire face à des inondations –⁠ nous en aurons sans arrêt à l’Assemblée.
    Ne laissons pas nos compatriotes des territoires d’outre-mer dans des situations encore pires. Les événements climatiques y sont plus violents et ils le seront encore davantage du fait du changement climatique ; autant se préparer efficacement. (M. Jean-Hugues Ratenon applaudit.)

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Philippe Naillet.

    M. Philippe Naillet

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    Nous soutenons bien sûr l’excellent amendement de notre collègue Ratenon. Comme M. Léaument l’a rappelé, l’enjeu, ce sont les conséquences du réchauffement climatique pour les territoires ultramarins. Dans son dernier rapport, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec) a montré que les territoires les plus concernés par le réchauffement climatique étaient nos îles : les Antilles, La Réunion, Mayotte, et d’autres. Il est donc très important d’anticiper en enfouissant les réseaux. Notre collègue Ratenon l’a souligné et j’y insiste : aujourd’hui encore, certains Réunionnais n’ont toujours pas d’électricité, plusieurs mois après le passage du cyclone Garance.
    C’est un enjeu fondamental : nous devons protéger les personnes et les équipements. Cette responsabilité ne peut pas être assumée uniquement par les collectivités –⁠ les mairies et les intercommunalités. L’État doit prendre sa part –⁠ une part importante – dans l’enfouissement des réseaux comme dans l’entretien des ravines.

    M. Jean-Hugues Ratenon

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    Bravo !

    Mme la présidente

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    La parole est à M. le rapporteur pour avis.

    M. Frantz Gumbs, rapporteur pour avis

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    Nous ne disons pas qu’il ne faut pas enfouir les câbles électriques, mais l’amendement préconise un rapport en vue d’enfouir l’intégralité du réseau, ce qui n’est pas possible. (Exclamations sur les bancs du groupe LFI-NFP.) Lorsque nous avons évoqué la question en commission, j’étais en désaccord pour exactement la même raison. Vous auriez dû réécrire votre amendement pour préciser que l’enfouissement n’était pas possible partout. C’est la raison pour laquelle je reste défavorable.

    (L’amendement no 179 n’est pas adopté.)

    Mme la présidente

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    L’amendement no 650 rectifié du gouvernement est défendu.

    (L’amendement no 650 rectifié, accepté par la commission, n’est pas adopté.)

    Article 19  bis

    Mme la présidente

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    Je suis saisie de six amendements identiques, nos 646 rectifié, 79 rectifié, 90 rectifié, 373 rectifié, 536 rectifié et 636 rectifié.
    Sur ces amendements, je suis saisie par le groupe Horizons & indépendants d’une demande de scrutin public.
    Les scrutins sont annoncés dans l’enceinte de l’Assemblée nationale.
    La parole est à M. le ministre d’État, pour soutenir l’amendement no 646 rectifié.

    M. Manuel Valls, ministre d’État

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    Ces amendements identiques visent à faire bénéficier le projet de piste longue de la procédure de déclaration d’utilité publique (DUP) dite réserves foncières, introduite par le Sénat à l’article 19  bis. Ce dispositif prévu par le code de l’expropriation pour cause d’utilité publique permet l’acquisition rapide des terrains nécessaires à la réalisation d’une opération d’aménagement. L’aéroport actuel étant exposé à des risques naturels susceptibles de remettre en cause son exploitabilité à court ou à moyen terme, pour garantir la continuité territoriale de Mayotte –⁠ ai-je besoin de le rappeler –, il est nécessaire, quel que soit le projet retenu, de trouver rapidement une solution. Cette procédure permet notamment de conduire l’enquête publique sans étude d’impact, alors que le projet n’est pas complètement défini.
    Dans tous les cas, quel que soit le projet retenu, cette DUP dite réserves foncières devra être complétée par l’obtention d’une déclaration de projet qui sera octroyée après une enquête publique au cours de laquelle l’étude d’impact du projet devra être présentée. Cette étude d’impact devra exposer les mesures envisagées dans le cadre de la démarche « éviter, réduire, compenser ». Il s’agit ici d’accélérer la maîtrise du foncier et de permettre les travaux préparatoires dès 2027, ce qui permettrait de gagner deux ans par rapport à une procédure de DUP classique, pour un projet d’aéroport attendu depuis très longtemps.
    Cela est nécessaire également pour éviter l’installation de constructions illégales et maîtriser les prix d’acquisition. Comme le rapporteur général tout à l’heure, je serai très clair : sans l’adoption de ce dispositif et de celui relatif à la concertation publique, qui sont adaptés à l’urgence de la situation de l’aéroport de Mayotte, les travaux ne pourront pas débuter avant fin 2028 au plus tôt. La période d’exposition aux aléas entraînés par la piste actuelle sera prolongée d’autant. Je vous appelle donc à voter pour ces amendements identiques.

    Mme la présidente

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    La parole est à M. le rapporteur pour avis, pour soutenir l’amendement no 79 rectifié.

    M. Frantz Gumbs, rapporteur pour avis

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    Je me prononcerai également en faveur du rétablissement de l’article 19  bis. Les Mahorais attendent depuis de longues années la concrétisation de cette promesse non tenue. Recourir à la procédure de déclaration d’utilité publique dite réserves foncières pour conduire le projet de nouvel aéroport sans attendre les études d’impact est donc une nécessité. Il vaut mieux construire sur la terre ferme à Grande-Terre plutôt qu’à Petite-Terre, où l’aéroport actuel de Pamandzi est exposé à un risque de submersion –⁠ mon avis est conforté par ce que j’ai vu du projet d’extension de cet aéroport.

    Mme la présidente

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    La parole est à Mme Élisabeth de Maistre, pour soutenir l’amendement no 90 rectifié.

    Mme Élisabeth de Maistre

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    Le projet d’aéroport sur le site de Bouyouni revêt un caractère prioritaire en raison des enjeux majeurs de désenclavement de l’île et de la vulnérabilité à moyen terme au risque de submersion de l’actuel aéroport de Petite-Terre, à Pamandzi. Selon les projections, cet équipement stratégique pourrait devenir inutilisable d’ici à une quinzaine d’années.
    Bien que l’ensemble des études techniques et environnementales ne soit pas encore achevé, l’article 19  bis, introduit par voie d’amendement gouvernemental au Sénat, propose d’assimiler ce projet à une opération d’aménagement au sens du code de l’urbanisme. Cette qualification permettrait de recourir à la procédure de déclaration d’utilité publique dite réserves foncières, ouvrant ainsi la voie à des expropriations anticipées.
    Ce dispositif présente un double avantage : il accélère les procédures foncières indispensables au démarrage du chantier, tout en limitant les risques d’occupation illégale des terrains concernés, souvent exposés à l’habitat informel. L’objectif est de lancer les travaux dès 2027 afin que le nouvel aéroport soit opérationnel à l’horizon 2036. À défaut de recourir à cette procédure dérogatoire, le calendrier du projet pourrait être repoussé d’au moins deux ans.

    Mme la présidente

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    L’amendement no 373 rectifié de Mme Anne Bergantz est défendu.
    La parole est à M. Jean Moulliere, pour soutenir l’amendement no 536 rectifié.

    M. Jean Moulliere

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    Il vise à rétablir une disposition essentielle, adoptée par le Sénat, visant à accélérer la réalisation du projet de nouvel aéroport à Mayotte. Face au risque de submersion de l’aéroport actuel, ce projet est vital pour le désenclavement de l’archipel. Il est essentiel de voter ces amendements qui assimilent le projet d’aéroport à une opération d’aménagement, nous pourrions gagner deux ans et ainsi commencer les travaux en 2027.

    Mme la présidente

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    L’amendement no 636 rectifié de Mme Brigitte Liso est défendu.
    La parole est à Mme Anchya Bamana.

    Mme Anchya Bamana

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    J’ai été élue à Mayotte pour porter la voix des Mahorais. Le conseil départemental a délibéré sur ce sujet. Chers collègues, j’appelle votre attention sur un point très sensible du projet de loi de programmation pour la refondation de Mayotte : le changement de site de la piste longue, tel qu’il semble aujourd’hui envisagé, contrevient au cadre juridique et réglementaire en vigueur. Le décret du 7 mai 2012, pris à la suite d’un débat public rigoureux, a entériné le choix du site de Petite-Terre pour la construction d’une piste longue essentielle à la continuité territoriale de Mayotte. Ce décret pris après consultation des citoyens et des institutions n’a jamais été abrogé. En l’absence de décret modificatif ou d’une évaluation indépendante, aucune base légale ne permet aujourd’hui de statuer sur un nouveau site.
    De plus, le schéma d’aménagement régional (SAR) de 2023, document opposable et coconstruit, prévoit explicitement l’implantation de la future plateforme aéroportuaire à Petite-Terre, en cohérence avec une stratégie de développement équilibré de l’île. Statuer aujourd’hui pour déplacer ce projet vers Bouyouni, c’est légiférer sur une manipulation technique. Ni les risques volcaniques ni le surcoût de 7 milliards d’euros allégué pour le projet de piste longue à Petite-Terre ne sont étayés par des études scientifiques officielles.
    Enfin, je rappelle que, le 21 mai dernier, les sénateurs de Mayotte ont d’abord voté pour le maintien du site sur Petite-Terre, avant d’être contraints de se rallier à un amendement contraire, sous pression et contre l’avis unanime des élus locaux. En tant que parlementaires, nous avons la responsabilité de ne pas entériner un contournement des procédures, encore moins un déni de démocratie territoriale. Je vous invite à la plus grande prudence et au respect du droit, de la transparence et de la dignité des décisions locales. (Applaudissements sur les bancs des groupes RN et UDR.)

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Benoît Biteau.

    M. Benoît Biteau

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    Vous connaissez mon attachement aux activités agricoles et à la biodiversité. L’équation que nous avons à résoudre n’est pas simple : l’actuel aéroport, dont l’extension pourrait affecter des frayères à poisson exceptionnelles, est exposé au risque de submersion. Sauf que nous avons besoin à Mayotte d’un aéroport fonctionnel, 365 jours par an, 24 heures sur 24. Nous devons nous efforcer d’y parvenir.
    Le projet qui est soumis présente donc des avantages : l’aéroport n’aura pas d’impact sur une frayère emblématique, et il ne sera pas submersible. En revanche, il empiète sur des terres agricoles. C’est pourquoi je vous demande, monsieur le ministre, monsieur le rapporteur, que la phase d’émergence du projet intègre dès à présent les mesures de compensation agricole indispensables, afin que la mise en service de l’aéroport ne porte pas atteinte à la souveraineté alimentaire de Mayotte.
    C’est sans doute l’occasion de réfléchir à une agriculture qui cohabite avec la biodiversité –⁠ et réciproquement –, plus vertueuse que celle que nous propose actuellement M. Duplomb, et d’envisager des compensations agricoles cohérentes avec l’équation que ce projet aéroportuaire nous amène à résoudre.

    Mme la présidente

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    J’ai vu de nombreuses mains se lever brusquement, mais je rappelle que la règle est de limiter les interventions à deux orateurs par amendement, idéalement « un pour, un contre ». Je vous remercie de bien vouloir vous signaler à l’avance, pour que je puisse équilibrer les prises de parole. Nous devons avancer : à ce rythme, l’examen du texte ne s’achèvera, au mieux, qu’à six ou sept heures du matin –⁠ des conditions de débat qui sont loin d’être idéales.
    Avant de passer au vote, la parole est à Mme la présidente de la commission des affaires économiques, à qui je demande d’être concise.

    Mme Aurélie Trouvé, présidente de la commission des affaires économiques

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    Je veux simplement revenir sur les raisons pour lesquelles la commission a voté contre cet article 19  bis, qui crée une dérogation au droit commun en accélérant la procédure de déclaration d’utilité publique et qui autorise les expropriations avant que toutes les procédures, notamment les études d’impact et les évaluations environnementales, ne soient terminées.
    Les débats en commission n’ont pas mis en évidence une opposition sur le fond du projet ; ils ont souligné qu’il serait à la fois difficile inopportun de le mener à bien contre la population, sans avoir convaincu au préalable les habitants et les élus locaux. Ceux-ci refusent d’être mis devant le fait accompli et exigent que l’ensemble des études et des consultations publiques soient effectuées, et que toutes les précautions nécessaires soient prises.
    Au-delà de l’enjeu budgétaire –⁠ non négligeable, puisque le coût du projet est estimé entre 1 et 6 milliards d’euros –, le débat porte aussi sur la localisation de l’infrastructure. Ceux qui se sont rendus à Mayotte le savent bien : si l’activité sismique menace effectivement l’actuel aéroport de Petite-Terre, le projet de relocalisation empiéterait sur les terres très fertiles de Grande-Terre.
    Ces contraintes nécessitent un débat avec la population. C’est pourquoi la commission a estimé qu’il n’était pas possible d’accélérer les procédures, les évaluations et les études, sans avoir d’abord convaincu les habitants et les élus locaux, préférant ainsi repousser cet article. (M. Antoine Léaument applaudit.)

    Mme la présidente

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    La parole est à M. le rapporteur général.

    M. Philippe Vigier, rapporteur général

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    Je veux apporter mon soutien à l’amendement du gouvernement et aux amendements identiques déposés par de nombreux collègues. Nous allons sortir enfin de tant d’années d’errance justifiées par des raisons environnementales, comme vient de le rappeler la présidente de la commission. Ce projet ne part pas de rien, madame la présidente, et vous le savez : le site du nouvel aéroport est identifié depuis plusieurs années. Le ministre a d’ailleurs rappelé l’état d’avancement des différentes études environnementales.
    Permettez-moi de donner un chiffre qui contredit l’idée selon laquelle Mayotte serait abandonnée : 1,2 milliard d’euros investis d’ici à 2035 pour ce projet. Citez-moi une autre infrastructure pour laquelle on dépense autant d’argent. Et c’est normal de le faire, parce qu’un territoire ultramarin comme Mayotte ne sera ni développé ni refondé sans une capacité aéroportuaire sécurisée et maîtrisée.
    Nous avons naturellement auditionné la direction générale de l’aviation civile (DGAC) et la direction générale des infrastructures, des transports et des mobilités (DGITM). Comme l’a rappelé le ministre, la concertation est menée avec le conseil départemental, tous les élus et les parlementaires membres du comité de suivi.
    Je remercie nos collègues écologistes qui ont rappelé l’exigence environnementale inhérente au projet. Nous serons au rendez-vous pour y répondre et réaliser cet équipement utile et indispensable pour Mayotte.

    Mme la présidente

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    La parole est à M. le ministre d’État.

    M. Manuel Valls, ministre d’État

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    Je souhaite informer l’Assemblée nationale –⁠ comme je l’avais, me semble-t-il, déjà fait en commission – que le comité de pilotage s’est réuni le 28 mai dernier, en présence d’un représentant de la DGAC. Je remarque que, d’un côté, chacun réclame des précisions, des rapports et des informations ; de l’autre, lorsque ces éléments sont transmis, certains les contestent aussitôt sur le plan scientifique.
    Madame Bamana, ni vous ni moi ne sommes, à ma connaissance, des scientifiques. Il nous faut donc nous appuyer sur l’expertise de la DGAC. Certes, elle peut se tromper, mentir ou raconter n’importe quoi mais jusqu’à preuve du contraire, elle est l’autorité compétente en la matière. Or que nous dit-elle ? Elle affirme que l’aéroport ne peut être maintenu dans sa configuration actuelle, en raison de la subsistance de problèmes techniques conjuguée à la montée des eaux et à la sismicité forte qui fragilisent le sous-sol.
    Cet avis nous oblige à prendre nos responsabilités. De plus, le projet de piste longue à Petite-Terre nécessiterait en partie une construction sur pilotis, pour un coût estimé à 7 millions d’euros, avec une fermeture totale de l’aéroport pendant au moins dix-huit mois. Qu’en serait-il alors de la continuité du service ? Je sais que vous, madame Bamana, tout comme le sénateur Saïd Omar Oili, êtes de grands spécialistes de la question. Pour ma part, je m’appuie sur des éléments techniques et scientifiques. Ni vous, ni moi, ni le sénateur ne sommes des experts en la matière, même si vous brandissez parfois des études scientifiques qui, malheureusement, ne reposent que sur du vent.

    M. Antoine Léaument

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    Oh !

    M. Manuel Valls, ministre d’État

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    Le projet prévu sur le site de Bouyouni constitue un ouvrage de taille importante mais techniquement assez simple. Il pourra s’appuyer sur des matériaux disponibles à proximité immédiate, dont l’exploitation bénéficiera à l’économie locale. La création d’un comité dédié à l’avenir de Petite-Terre, déjà évoquée, est annoncée pour juin 2025, ainsi que les prochaines étapes devant conduire au lancement des travaux dès 2027.
    Les jeunes agriculteurs présents au comité de pilotage, préoccupés à juste titre par l’avenir de l’agriculture, ont pris des positions très constructives. Conformément à mes souhaits, le préfet a proposé un suivi spécifique avec la chambre de l’agriculture, de la pêche et de l’aquaculture de Mayotte (Capam) pour assurer le maintien de l’activité agricole et sa modernisation –⁠ un sujet qui nous importe –, grâce aux mesures de compensation. Il est normal que les débats se poursuivent, notamment sur l’enjeu essentiel que représente l’avenir de Petite-Terre.
    Quant à la concertation des élus, un peu de franchise ne nuit pas dans cette assemblée. Moi-même d’abord, le président de la République ensuite, avons pris nos responsabilités sur le projet de nouvel aéroport, attendu depuis très longtemps. Les deux députées mahoraises le savent bien : on a baladé tout le monde sur ce dossier depuis de nombreuses années.

    M. Philippe Vigier, rapporteur général

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    Absolument !

    M. Manuel Valls, ministre d’État

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    S’agissant d’un projet de cette envergure, il est normal de ne pas faire n’importe quoi et de bien choisir le site. Mais chacun attendait enfin des positions claires de l’État et de ses représentants. C’est désormais chose faite –⁠ de ma part, et surtout de la part du président de la République lors de son dernier déplacement.
    Quant à la position des élus…

    Mme Anchya Bamana

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    Une délibération a été votée !

    M. Manuel Valls, ministre d’État

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    Oui, madame Bamana, mais je suis désormais plutôt spécialiste de cette question : les élus vous disent des choses parfois très différentes.

    Mme Anchya Bamana

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    Non !

    M. Manuel Valls, ministre d’État

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    Mais si, madame Bamana, c’est comme ça ! Vous disent-ils clairement les choses ? Non. Ils affirment soutenir le projet, puis ils délibèrent différemment. Pourquoi ? Parce qu’il y a aussi des groupes de pression opposés au projet. Dans ce contexte, au moins, l’État joue son rôle et assume ses responsabilités, ce qui permet d’avancer –⁠ et c’est là l’essentiel. J’ajoute que la délibération que vous évoquez s’est déroulée dans des conditions très particulières.

    M. Antoine Léaument

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    C’est-à-dire ?

    M. Yoann Gillet

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    Quelles conditions particulières ?

    M. Manuel Valls, ministre d’État

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    Je suis conscient que les choses sont difficiles sur ces sujets, y compris pour les élus, mais il nous appartient d’assumer nos responsabilités, au-delà du respect des procédures rappelé à l’instant par la présidente de la commission des affaires économiques. Sur le fond du projet, il est temps d’avancer car sa réalisation est attendue et souhaitée dans les meilleurs délais. C’est pourquoi je demande instamment à l’Assemblée nationale de prendre pleinement en compte, dans sa délibération, l’enjeu majeur que représente l’accélération des procédures.

    Mme la présidente

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    Je mets aux voix les amendements identiques nos 646 rectifié, 79 rectifié, 90 rectifié, 373 rectifié, 536 rectifié et 636 rectifié.

    (Il est procédé au scrutin.)

    Mme la présidente

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    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        55
            Nombre de suffrages exprimés                54
            Majorité absolue                        28
                    Pour l’adoption                18
                    Contre                36

    (Les amendements identiques nos 646 rectifié, 79 rectifié, 90 rectifié, 373 rectifié, 536 rectifié et 636 rectifié ne sont pas adoptés ; en conséquence l’article 19  bis demeure supprimé.)

    Article 19  ter

    Mme la présidente

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    Nous en venons à six amendements identiques, nos 647 rectifié, 80 rectifié, 92 rectifié, 374 rectifié, 537 rectifié et 637 rectifié, visant à rétablir l’article 19  ter, supprimé par la commission.
    Sur ces amendements, je suis saisie d’une demande de scrutin public par le groupe Horizons & indépendants. Nous commencons par l’amendement no 647 rectifié du gouvernement.

    (L’amendement nos 647 rectifié est retiré.)

    Mme la présidente

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    Je suis saisie de l’amendement no 80 rectifié de M. le rapporteur pour avis. 

    (L’amendement no 80 rectifié est retiré.)

    Mme la présidente

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    Les amendements identiques nos 92 rectifié de M. Olivier Marleix, 374 rectifié de Mme Anne Bergantz et 537 rectifié de M. Jean Moullière sont défendus.
    La parole est à M. Charles Sitzenstuhl, pour soutenir l’amendement no 637 rectifié.

    M. Charles Sitzenstuhl

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    Je défends cet amendement visant à rétablir l’article 19  ter, même s’il n’a plu beaucoup de sens d’un point de vue légistique. J’en profite pour prendre la parole sur le même sujet et pour partager mon étonnement avec l’ensemble de l’hémicycle et ceux qui suivent nos débats, à propos des votes précédents.
    En effet, des amendements, qu’il soit d’origine gouvernementale ou parlementaire, ont pour objectif d’accélérer les projets à Mayotte. Pourtant, et malgré la qualité des arguments du ministre d’État et des rapporteurs, ils sont rejetés.
    En particulier, le vote qui a eu lieu à l’instant sur le projet de nouvel aéroport m’a surpris. Je suis très étonné, notamment du vote du groupe Rassemblement national. (Exclamations sur les bancs du groupe RN.)

    M. Hervé de Lépinau

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    Comme toujours !

    M. Charles Sitzenstuhl

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    Je comprends de nos débats que le développement économique et social de Mayotte repose sur la réalisation de projets absolument majeurs et encalminés depuis des années. Nous avons la possibilité d’accélérer ces projets…

    M. Robert Le Bourgeois

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    Vous êtes tout seul !

    M. Charles Sitzenstuhl

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    …en adoptant des amendements de simplification, que le Rassemblement national ne vote pas.

    M. Yoann Gillet

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    Où sont vos collègues ? Bossez un peu, fainéants !

    M. Robert Le Bourgeois

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    Il est où, Gaby ?

    M. Charles Sitzenstuhl

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    Comme toujours, les mêmes iront expliquer que c’est la faute de l’État et du gouvernement, alors que ceux-ci proposent des moyens juridiques pour accélérer les projets.

    Mme Claire Marais-Beuil

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    C’est la faute de votre groupe qui n’est pas là !

    M. Charles Sitzenstuhl

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    Il y a donc une contradiction manifeste dans vos positions. C’est le moment, ce vendredi matin, de le reconnaître et d’assumer des votes qui vont à l’inverse des discours que vous tenez habituellement à l’égard des Mahorais.

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis de la commission sur ces amendements identiques ?

    M. Frantz Gumbs, rapporteur pour avis

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    Avis favorable.

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis du gouvernement ?

    M. Manuel Valls, ministre d’État

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    Avis favorable.

    Mme la présidente

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    La parole est à Mme Estelle Youssouffa.

    Mme Estelle Youssouffa

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    Il faut mesurer à quel point la parole de l’État et des gouvernements successifs a perdu tout crédit à Mayotte. Sur une question aussi fondamentale que celle du foncier, l’absence de pédagogie, d’explications et de moyens, nous a conduits à la situation actuelle. En la matière, la discussion, limitée à un constat –⁠ celui du désordre foncier – et à une solution –⁠ l’expropriation radicale en dehors du droit commun, n’a pas contribué à rétablir la confiance.
    L’enjeu, jusqu’ici largement ignoré dans nos débats malgré des amendements allant dans ce sens, est d’allouer davantage de moyens à la sortie du désordre foncier. L’État et le gouvernement s’y sont systématiquement opposés. C’est pourquoi nous en sommes arrivés à cette situation. On ne peut pas reconstruire Mayotte sans et contre les Mahorais. Or leur adhésion à votre conception de la reconstruction est nulle.
    En ce qui concerne l’aéroport, il ne s’agit ni de celui de Petite-Terre, ni de celui de Grande-Terre : c’est un aéroport pour Mayotte. Je ne suis pas scientifique, mais je constate que le débat à ce sujet, sur l’île, est extrêmement houleux et politiquement explosif. Pourquoi le gouvernement est-il en difficulté ? Parce qu’il promet un grand aéroport à Mayotte depuis vingt ans, tout en multipliant les manœuvres dilatoires.
    Après avoir invoqué la protection des dugongs, une espèce rare –⁠ tellement rare qu’elle vit précisément autour du site envisagé pour le futur grand aéroport de Mayotte –, le gouvernement nous explique désormais que le volcan sous-marin rend impossible la réalisation du projet à Petite-Terre. Après nous avoir baladés pendant vingt ans, la confiance a totalement disparu.
    Après le passage du cyclone et l’enfoncement de l’île lié à l’activité volcanique, la question de la desserte aérienne de Mayotte est devenue une urgence absolue. Tel est l’enjeu du projet d’aéroport de Grande-Terre.
    Dès lors, le gouvernement doit répondre aux questions suivantes : quelle reconversion économique pour la Petite-Terre, qui perdra son activité aéroportuaire ? Quelle protection pour les populations mises en danger par l’enfoncement de l’île en Petite-Terre ? Aucune réponse n’a été apportée. Quelles solutions face à la disparition de terres agricoles au profit de la nouvelle infrastructure ? Seule une réponse à ces questions rétablira la confiance à Mayotte –⁠ une confiance aussi indispensable que les infrastructures elles-mêmes.

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Yoann Gillet.

    M. Yoann Gillet

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    Notre collègue macroniste sous-entend que nous voudrions cacher nos votes au motif qu’ils seraient incohérents avec notre discours. Si nous demandons des scrutins publics, c’est bien parce que nous assumons nos positions et que nous sommes cohérents dans notre défense de Mayotte ! Nous, députés du Rassemblement national, sommes les porte-parole des Mahorais. (Exclamations sur quelques bancs des groupes LFI-NFP et SOC. –⁠ M. Charles Sitzenstuhl et Mme Estelle Youssouffa s’exclament également.) Contrairement à vous, nous nous préoccupons d’eux depuis bien longtemps.

    Mme la présidente

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    Merci, monsieur le député. Revenons-en au sujet, s’il vous plaît !

    M. Yoann Gillet

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    Regardez vos bancs ! Chez les macronistes, il n’y a personne. Vous êtes absents.

    Mme la présidente

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    Monsieur le député !

    M. Yoann Gillet

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    Si vous perdez des votes, c’est parce que vous n’êtes pas là, comme les députés Les Républicains : vous n’en avez rien à faire, des Mahorais… (Mme la présidente coupe le micro de l’orateur. –⁠ Les députés des groupes RN et UDR applaudissent ce dernier.)

    Mme la présidente

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    Ces propos étaient sans lien avec l’amendement.

    Mme la présidente

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    La parole est à Mme Sandrine Nosbé.

    Mme Sandrine Nosbé

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    Les Mahorais attendent depuis plusieurs décennies l’aéroport promis. Il devait être construit à Petite-Terre. Soudain, Emmanuel Macron a annoncé qu’il le serait finalement à Grande-Terre. Cependant, le lieu prévu pour l’installation est composé à 90 % de terres agricoles. Des Mahorais que j’ai rencontrés –⁠ non seulement la CGT de Mayotte, mais aussi la CFDT et le conseil économique, social et environnemental (Cese) de Mayotte – m’ont indiqué que d’autres terrains avaient été identifiés et se demandent pourquoi l’État tient à construire à Bouyouni à tout prix. Personne n’a été consulté. Le Cese de Mayotte l’a été récemment mais sans séance plénière.
    Lorsque l’État se comporte de cette manière, sans associer les collectivités ni le Cese à la décision, sans écouter les collectifs de citoyens, il suscite nécessairement la défiance. Les associations environnementales le disent également : puisque ces terres sont à 90 % agricoles, il faut construire ailleurs !
    Nous prenons acte que vous ne souhaitez plus installer l’aéroport à Petite-Terre en raison du danger que pose le volcan découvert en 2018, une raison qui ne fait d’ailleurs pas consensus parmi les chercheurs, mais le rejet de la construction à Bouyouni fait, lui, l’objet d’un consensus très large.

    Mme la présidente

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    La parole est à M. le rapporteur général.

    M. Philippe Vigier, rapporteur général

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    Après l’échec de l’article 19, qui a été supprimé, et de l’article 19  bis, qui n’a pas été rétabli, nous débattons une fois de plus, à l’occasion de l’article 19  ter, du projet d’aéroport à Mayotte.
    Comme l’a dit M. le ministre d’État, la population a été baladée pendant de nombreuses années. Ni vous ni moi ne sommes ingénieurs, nous devons donc accepter qu’il est impossible de le construire à Petite-Terre, non seulement pour les raisons qu’ont rappelées nos collègues écologistes, mais aussi pour préserver les récifs coralliens. Des études ont donc été menées depuis des années et ont conduit à l’identification d’un site.
    Collègues du Rassemblement national, vous êtes en train de renoncer à tous ces équipements structurants pour Mayotte que vous nous reprochez sans arrêt de ne pas installer ! Je ne laisserai pas passer cela. (Applaudissements sur les bancs du groupe Dem. –⁠ Exclamations sur plusieurs bancs du groupe RN.) Il est facile de tenir de grands discours ici, alors que vous ne faites rien pour que les choses avancent là-bas, sur le terrain !

    M. Yoann Gillet

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    Nous, nous respectons les Mahorais !

    M. Philippe Vigier, rapporteur général

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    Par ailleurs, ne dites pas qu’aucune garantie n’a été donnée : cela n’est pas vrai. Madame Nosbé, vous reprochez à l’État de ne pas dialoguer, mais sachez que, quand j’étais ministre délégué chargé des outre-mer, j’ai passé huit heures avec les membres du conseil départemental pour évoquer le projet d’aéroport.

    M. Hervé de Lépinau

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    Ce n’est pas beaucoup !

    M. Philippe Vigier, rapporteur général

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    Il y avait une grande différence entre les discours qu’ils m’ont tenus et la délibération qui en est ressortie ! Bizarre, n’est-ce pas ?

    M. Antoine Léaument

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    Délibérer, ça peut justement servir à quelque chose !

    M. Philippe Vigier, rapporteur général

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    Il faut savoir ce qu’on veut !

    Mme Anchya Bamana

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    Ce n’est pas vrai !

    M. Philippe Vigier, rapporteur général

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    J’ai rencontré l’ensemble des forces vives. Elles m’ont assuré que Mayotte refusait d’être un territoire isolé où rien ne se passe. Eh bien, nous répondons puissamment en investissant dans un aéroport, dans un grand port, dans les infrastructures d’eau ou de santé ! Les mêmes problèmes se poseront demain pour tous ces projets. J’invite chacun à y réfléchir ; il est facile de tenir de grands discours, mais les votes, eux, sont enregistrés.
    Par ailleurs, je rappelle que nous réfléchissons à l’horizon 2035, mais que le schéma d’aménagement régional (SAR) n’existe toujours pas, ni le schéma régional de développement durable. Je le dis franchement, l’État n’est pas responsable de tout ! Vous êtes tous des adeptes de la décentralisation, de la déconcentration ; où sont les pouvoirs locaux ? Chacun doit faire un pas vers l’autre. Vous ne pouvez pas prétendre qu’il y aurait les gentils d’un côté, les méchants de l’autre.
    Enfin, je souligne que nous prévoyons 4 milliards d’euros d’investissements. Chacun, en conscience, prendra ses responsabilités. J’ai eu l’honnêteté d’expliquer lors de la discussion générale que, si nous disposions d’une certaine visibilité sur les autorisations d’engagement, ce n’était pas le cas pour les crédits de paiement. Nous aurons d’autant moins de visibilité que nous ne semblons pas capables de cranter dans le temps de tels projets ; dans ces conditions, ils pourraient être demain à la merci de ceux qui nous disent aujourd’hui : « Vous n’êtes pas à la hauteur, vous n’aimez pas Mayotte, vous ne lui apportez pas d’équipements structurants. » Les votes, eux, resteront, et nous le rappellerons. (Applaudissements sur les bancs des groupes EPR, DR et Dem.)

    M. Charles Sitzenstuhl

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    Très bien !

    Mme la présidente

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    La parole est à M. le ministre d’État.

    M. Manuel Valls, ministre d’État

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    Je commencerai par une remarque qui, bien sûr, ne concerne pas les députés de la majorité présents. Si la représentation nationale considère ce texte comme important, tous les groupes devraient être très fortement mobilisés, même un vendredi –⁠ ce n’est pas le ministre en moi qui parle, mais l’ancien parlementaire.

    M. Antoine Léaument

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    C’est plus facile quand on est Essonnien !

    M. Manuel Valls, ministre d’État

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    Cela est d’autant plus vrai que la pire des catastrophes naturelles a frappé un territoire déjà particulièrement touché par les difficultés économiques et sociales et que, ce qui est plutôt rare de nos jours, le gouvernement, sous l’autorité du premier ministre, prévoit d’engager 4 milliards d’euros –⁠ les choix effectués lors de l’examen du projet de loi de finances restant essentiels à cet égard.
    Madame Youssouffa, je comprends parfaitement la méfiance que peut susciter la parole de l’État, même s’il serait inexact de dire que rien n’a été fait. Cela dit, je rappelle que nous examinons actuellement le deuxième texte de loi de l’année concernant Mayotte, que nous nous appuyons sur les travaux menés par M. Philippe Vigier lorsqu’il était ministre et par vous-même dans le cadre de la proposition de loi que vous avez déposée, et que nous menons une concertation sur place –⁠ certes difficile et perfectible – avec l’ensemble des élus. Dans ces conditions, je m’étonne qu’on veuille s’opposer à des amendements ou articles visant l’accélération des projets engagés.

    M. Charles Sitzenstuhl

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    Exactement !

    M. Manuel Valls, ministre d’État

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    Je suis bien sûr attentif à l’avenir de Petite-Terre. Nous avons mis en place un comité de pilotage du projet, et la décision concernant l’aéroport, attendue depuis très longtemps –⁠ comme je l’ai dit, les Mahorais et leurs élus ont été baladés pendant des années –, vient d’être prise ! Le travail qu’il faut mener pour l’avenir de Petite-Terre sera mené, tout comme la concertation avec le monde agricole de Grande-Terre. Il importe de rassurer les acteurs et de bâtir des projets solides ; c’est pourquoi nous tenons des réunions comme celle, impliquant les jeunes agriculteurs, que j’ai évoquée plus tôt. Nous prenons tous ces engagements. Nous nous engageons de manière générale quant à l’avenir de l’aéroport ; cet engagement concerne tant Petite-Terre que le site de construction lui-même, car c’est de continuité territoriale que nous avons besoin. Il s’agit d’un équipement de grande qualité, complémentaire avec le grand port maritime : les deux projets constituent des atouts de développement économique.
    Pour terminer, je rejoins les propos de Philippe Vigier. Je me rendrai prochainement à Mayotte une nouvelle fois ; à cette occasion, je dirai aux élus, aux collectifs, aux habitants que les votes de l’Assemblée nationale ont ralenti l’avancée de certains projets.

    M. Charles Sitzenstuhl

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    Vous avez raison !

    M. Manuel Valls, ministre d’État

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    Je ne veux pas que, dans un avenir proche –⁠ je ne serai plus aux responsabilités –, on dise à un président de la République, au premier ministre, au ministre des outre-mer ou à celui des transports que l’État n’a pas été au rendez-vous. Il y aura des responsabilités à assumer. (Applaudissements sur les bancs des groupes EPR, DR, Dem et HOR. –⁠ M. le rapporteur général applaudit également.)

    M. Yoann Gillet

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    Nous serons là !

    Mme la présidente

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    Je mets aux voix les amendements identiques nos 92 rectifié, 374 rectifié, 537 rectifié et 637 rectifié.

    (Il est procédé au scrutin.)

    Mme la présidente

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    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        64
            Nombre de suffrages exprimés                61
            Majorité absolue                        31
                    Pour l’adoption                19
                    Contre                42

    (Les amendements identiques nos 92 rectifié, 374 rectifié, 537 rectifié et 637 rectifié ne sont pas adoptés ; en conséquence l’article 19  ter demeure supprimé.)

    Suspension et reprise de la séance

    Mme la présidente

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    La séance est suspendue.

    (La séance, suspendue à dix heures cinquante-cinq, est reprise à onze heures.)

    Mme la présidente

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    La séance est reprise.

    Article 20

    Mme la présidente

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    La parole est à Mme Estelle Youssouffa, pour soutenir l’amendement no 457, tendant à supprimer l’article 20.

    Mme Estelle Youssouffa

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    L’article 20 prévoit une réduction du délai de la prescription acquisitive à 10 ans à Mayotte. Nous connaissons l’ampleur du désordre foncier. Cohérent avec l’article 19, l’article 20 produirait un big bang du foncier à Mayotte sans solution pour la régularisation. Il faut comprendre que l’occupation illégale à Mayotte est considérable, car les clandestins y construisent des bidonvilles. La prescription acquisitive repose sur une occupation paisible et ininterrompue, or on ne peut pas dire que les occupations à Mayotte soient paisibles. Nous nous opposons donc à cette dérogation au droit commun pour les prescriptions acquisitives à Mayotte.

    Mme la présidente

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    Sur l’amendement n° 457, je suis saisie par les groupes Rassemblement national et Libertés, indépendants, outre-mer et territoires de demandes de scrutin public.
    Le scrutin est annoncé dans l’enceinte de l’Assemblée nationale.
    Quel est l’avis de la commission ?

    M. Frantz Gumbs, rapporteur pour avis

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    La réduction du délai de prescription acquisitive en outre-mer est déjà prévue par l’article 51 de la loi du 9 avril 2024 visant à l’accélération et à la simplification de la rénovation de l’habitat dégradé et des grandes opérations d’aménagement. Nous ne proposons ici que de le rendre rétroactif en encadrant strictement le dispositif.
    L’article 20 permet de lutter contre le désordre foncier en encourageant les démarches de régularisation des Mahorais auprès de la CUF. Je crois vraiment que cet article peut servir la population. Il permettra de résorber le chaos foncier et reste protecteur des propriétaires éventuels qui pourraient se sentir lésés. Un décret déterminera les modalités d’information des personnes susceptibles d’être concernées par ces dispositions afin qu’elles puissent être informées et que l’usucapion ne se fasse au détriment de personne. Dans ce but, la publicité sera garantie.
    Je suis donc totalement défavorable à la suppression de l’article 20.

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis du gouvernement ?

    M. Manuel Valls, ministre d’État

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    Même avis.

    Mme la présidente

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    La parole est à Mme la présidente de la commission des affaires économiques.

    Mme Aurélie Trouvé, présidente de la commission des affaires économiques

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    Je vais exposer les arguments sur la base desquels la commission des affaires économiques a voté pour l’article 20.
    Cela part du constat que vous avez rappelé, monsieur le rapporteur, qui établit l’importance du désordre, ou plutôt du chaos foncier : environ 80 000 parcelles à Mayotte ne sont ni cadastrées ni immatriculées et on n’en connaît pas bien les limites parcellaires. Par conséquent, une grande partie des terres est juridiquement inexploitable.
    Nous avons eu un long débat sur ce point en commission, aussi vais-je entrer un peu dans le détail. L’objectif est de raccourcir le délai d’usucapion, qui transforme l’usage d’un bien de façon continue, paisible, publique, non équivoque, en titre de propriété. Ce délai est de trente ans dans le droit commun, et nous proposons dans l’article 20 de le ramener à dix ans à Mayotte.
    La majorité des membres de la commission a estimé que c’était un article utile et même nécessaire pour progresser dans la résolution du problème du désordre foncier. C’est aussi, je crois, l’avis du conseil départemental et celui d’un certain nombre d’élus locaux. Cette disposition a également fait l’objet d’un avis positif du Conseil d’État. Enfin, monsieur le ministre, je me tourne vers vous pour souligner, comme cela a été dit en commission, que des moyens conséquents sont nécessaires à l’administration foncière afin que ce travail soit réellement accompli.

    M. Philippe Vigier, rapporteur général

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    Très bien !

    Mme la présidente

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    Chers collègues, nous rencontrons des problèmes techniques qui nous empêchent de procéder à un scrutin public. Des tests sont en cours, qui ne devraient pas durer très longtemps. Je vous demande de bien vouloir renoncer à ce scrutin public afin que nous procédions à main levée. Êtes-vous d’accord ? (Assentiment sur les bancs des groupes RN et LIOT.) Je vous remercie.

    (L’amendement no 457 n’est pas adopté.)

    Mme la présidente

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    La parole est à Mme Estelle Youssouffa, pour soutenir l’amendement no 445.

    Mme Estelle Youssouffa

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    Dans la même perspective, il tend à porter la prescription acquisitive à vingt-neuf ans, ce qui correspond à peu près à la situation actuelle et au droit commun.
    Je rappelle qu’à Mayotte, la pression foncière est énorme sur les terrains et que les occupations illégales sont nombreuses. Monsieur le ministre, je reviens à la charge : il me semble que la solution n’est pas d’accélérer les expropriations ni les régularisations de manière dérogatoire. Il faut doter Mayotte en moyens financiers et humains afin de trouver des solutions pour mettre un terme au désordre foncier. En l’occurrence, raccourcir le délai de prescription acquisitive alors qu’on sait que de nombreux étrangers occupent illégalement des terrains de manière violente et qu’il y a énormément de corruption autour des titres fonciers ne peut pas être une solution pour Mayotte.
    Je vous demande donc de voter l’amendement no 445.

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis de la commission ?

    M. Frantz Gumbs, rapporteur pour avis

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    Défavorable.

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis du gouvernement ?

    M. Manuel Valls, ministre d’État

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    Défavorable.

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Hervé de Lépinau.

    M. Hervé de Lépinau

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    Ce que nous vous reprochons, dans ce projet de loi de programmation pour la refondation de Mayotte, c’est de vouloir aller vite et mal. Nous vous reprochons d’essayer de rattraper les dix années qui viennent de s’écouler, pendant lesquelles le plan Mayotte 2025 n’a pas été réalisé.
    Si vous réduisez le délai de la prescription acquisitive à dix ans, d’abord, comme l’a dit Mme Youssouffa, des étrangers en situation irrégulière pourront dire qu’ils sont là depuis quinze ans, présenter des éléments de preuve et affirmer qu’ils sont propriétaires –⁠ c’est assez gênant.
    Ensuite, vous allez être confrontés à l’occupation illégale du domaine public, or vous savez que le domaine public ne peut pas être acquis par prescription. Comme il n’y a pas de cadastre, je vous souhaite bien du plaisir pour établir où se trouve la limite du domaine public. Comme les problèmes n’ont pas été traités dès l’origine et dans le bon sens, vous allez accroître la confusion et créer du contentieux. Monsieur le rapporteur général, à la limite, je pourrais abandonner le mandat de député, reprendre la robe et aller poser ma plaque à Mayotte.

    M. Philippe Vigier, rapporteur général

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    Quand vous voulez !

    M. Hervé de Lépinau

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    J’aurais du boulot en matière de contentieux de l’expropriation et en contentieux de la propriété privée. Vous créez les conditions d’un afflux judiciaire parce que les uns et les autres revendiqueront leurs droits. Il est donc important de maintenir le droit commun concernant la prescription.
    Enfin, par pitié, s’il faut instaurer rapidement un cadastre, faisons pour le cadastre ce que les services départementaux d’incendie et de secours (Sdis) de France ont fait pour aider les Mahorais juste après le cyclone Chido. Créons une solidarité interdépartementale : je suis convaincu que chaque département de France pourra envoyer un métreur et un géomètre pour accélérer le dispositif. (Applaudissements sur les bancs du groupe RN.)

    Mme la présidente

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    La parole est à M. le rapporteur général.

    M. Philippe Vigier, rapporteur général

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    Cher collègue de Lépinau, c’est vous qui vous trompez –⁠ je vous le dis avec humilité. Vous le savez très bien, et je l’ai rappelé lors des débats sur l’article 19, à Mayotte, la règle des trente ans pour la prescription acquisitive s’applique à partir de l’année 2008, de sorte qu’elle ne sera effective qu’en 2038. Si nous vous suivions, cette disposition serait donc inopérante jusqu’à cette date.
    Heureusement, la loi 3 DS est passée par là et nous permet d’agir. Ce n’est pas aller trop vite. Vous nous reprochez toujours d’être en retard. Je vous disais précédemment que nous pouvions travailler en temps masqué, c’est-à-dire faire l’inventaire parcellaire, mettre à jour le cadastre et conduire simultanément les fameuses études et enquêtes environnementales. Vous le savez, j’ai eu l’honneur, comme beaucoup ici, de piloter une collectivité : le travail en temps masqué permet de faire tout cela en même temps et de trouver des solutions. Sans travail en temps masqué, alors que la mise en service de la piste longue de l’aéroport, par exemple, est prévue en 2035, si nous prenons trois ou quatre années de retard dès maintenant, elles retarderont d’autant la fin du chantier, dont le coût sera encore plus inabordable.
    Je respecte votre raisonnement, mais vous vous trompez. Certes, il faut mettre le paquet pour disposer de documents d’urbanisme, mais j’ai rappelé –⁠ avec beaucoup d’humilité là encore – les errements, les erreurs et les insuffisances du passé.
    C’est parce que nous nous donnons les moyens d’avancer sans accélérer les processus mais en menant plusieurs actions de façon concomitante que nous apporterons une bonne réponse. Vous verrez que les faits nous donneront raison. Malheureusement, le mal a été fait tout à l’heure.

    (L’amendement no 445 n’est pas adopté.)

    Mme la présidente

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    Je suis saisie de deux amendements, nos 687 et 172, pouvant être soumis à une discussion commune.
    La parole est à M. le ministre d’État, pour soutenir l’amendement no 687.

    M. Manuel Valls, ministre d’État

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    Vous pouvez bien mettre en cause le gouvernement en disant qu’il veut aller trop vite et mal, cependant je constate que ceux qui nous demandent d’aller très vite sont les mêmes que ceux qui déposent des amendements supprimant des articles dont la disparition ralentira le déploiement des dispositifs. Très honnêtement, la cohérence de cette attitude m’échappe.
    Comme je préfère être positif, je présente un amendement inspiré d’une proposition de la sénatrice mahoraise Salama Ramia, afin d’accélérer ces régularisations. Si j’ai bien compris l’intention de l’amendement voté en commission, celui-ci visait à exclure du champ de l’article 20 les occupants des habitats indignes et informels. Cependant, cette disposition fragilise le dispositif.
    L’amendement no 687 tend à répondre à la nécessité d’accélérer la remise en ordre du foncier, tout en tenant compte de la préoccupation de ne pas permettre l’acquisition par prescription par les occupants d’habitats informels.
    Il permettrait de faire la distinction, mieux que ne le fait actuellement l’article 20, entre, d’une part, les titulaires de possessions pouvant légitimement se prévaloir de la rétroactivité de la réduction du délai de prescription acquisitive –⁠ le passage de trente ans à dix ans défendu par les rapporteurs – pour les constructions datant d’avant le 11 avril 2024 ; et, d’autre part, les occupants des bangas, qui, eux, ne peuvent pas s’en prévaloir. La délimitation des zones de bangas mobilisera l’expertise des services de l’État, qui dresseront une cartographie fine du territoire.
    En outre, à l’inverse de la rédaction actuelle de l’article 20, l’amendement ne modifie en rien le régime juridique de droit commun de la prescription acquisitive et ne complexifie pas l’instruction des demandes de régularisation du foncier.
    Tels sont les motifs pour lesquels je vous demande de voter cet amendement, qui montre bien que le gouvernement est à l’écoute des travaux de la commission et des parlementaires.

    Rappel au règlement

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Yoann Gillet, pour un rappel au règlement.

    M. Yoann Gillet

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    Je le formule sur le fondement de l’article 100, relatif à la bonne tenue de nos débats. Le groupe Rassemblement national demande une suspension de séance, jusqu’à ce que le vote par scrutin public fonctionne de nouveau. La panne actuelle empêche certains collègues de voter par délégation.

    Mme la présidente

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    Je vous propose de poursuivre. Nous verrons si le scrutin public est possible sur l’article 20.

    Article 20 (suite)

    Mme la présidente

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    Chers collègues, je vous informe donc que, sur l’article 20, je suis saisie par le groupe Rassemblement national d’une demande de scrutin public.
    Le scrutin est annoncé dans l’enceinte de l’Assemblée nationale.
    L’amendement no 172 de Mme Sandrine Nosbé est défendu.
    Quel est l’avis de la commission ?

    M. Frantz Gumbs, rapporteur pour avis

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    Je suis favorable à l’amendement no 172 du gouvernement. Il permettrait de mieux cibler le dispositif d’exclusion du bénéfice de la rétroactivité instauré par l’alinéa 1er de l’article 20, en ne visant que les bangas. Avis favorable.

    Mme la présidente

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    La parole est à Mme Estelle Youssouffa.

    Mme Estelle Youssouffa

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    Je voudrais clarifier un point. En mahorais, un banga désigne une construction traditionnelle. Je ne sais par quel abus de langage vous croyez tous que ce terme s’applique aux habitats clandestins. Cela fait des années qu’on vous l’explique.
    Les habitats clandestins n’ont pas d’existence légale, vous venez de le rappeler. L’amendement que j’avais fait voter en commission les excluait du dispositif, mais vous êtes en train de revenir là-dessus. Quand on vous dit qu’on ne fait pas confiance au gouvernement, c’est précisément pour ce type d’entourloupe !
    Le problème, à Mayotte, c’est que des dizaines de kilomètres carrés sont occupés par des clandestins qui pourront ensuite se prévaloir de la prescription acquisitive sur dix ans pour prendre possession des terres mahoraises. C’est ce que vous avez décidé.
    Vous ne nous accordez pas les moyens financiers et humains nécessaires pour régulariser le foncier, et maintenant, vous passez par la loi pour régulariser en masse. Vous vous permettez même un amendement pour exclure artificiellement les bangas, qui n’ont pas d’existence légale : c’est magique, quand même !
    Comment voulez-vous qu’à Mayotte, on ne pense pas que ce que vous voulez, c’est l’expropriation des Mahorais et l’installation des clandos ? C’est honteux !

    Mme Dominique Voynet

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    C’est honteux de parler comme ça !

    Mme Estelle Youssouffa

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    C’est honteux de présenter un amendement pareil ! Non seulement vous faites rejeter le mien, mais, en plus, vous persistez et vous signez !

    Mme la présidente

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    La parole est à Mme Sandrine Nosbé.

    Mme Sandrine Nosbé

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    Je demande une suspension de séance de deux minutes.

    Mme la présidente

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    La parole est à M. le ministre d’État.

    M. Manuel Valls, ministre d’État

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    Je demande une suspension de séance de dix minutes, parce que je ne peux plus admettre les mises en cause personnelles et générales de l’État et du gouvernement. C’est insupportable. (Applaudissements sur les bancs des groupes EcoS et Dem.)

    Suspension et reprise de la séance

    Mme la présidente

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    La séance est suspendue.

    (La séance, suspendue à onze heures vingt, est reprise à onze heures trente.)

    Mme la présidente

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    La séance est reprise.

    Mme la présidente

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    La parole est à M. le ministre d’État.

    M. Manuel Valls, ministre d’État

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    Le gouvernement retire l’amendement no 687 au profit du no 172. (Applaudissements sur les bancs du groupe EcoS.)

    (L’amendement no 687 est retiré.)

    Mme la présidente

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    Dans ces conditions, la commission peut-elle nous donner son avis sur l’amendement no 172, auquel elle préférait l’amendement que le gouvernement vient de retirer ?

    M. Frantz Gumbs, rapporteur pour avis

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    Favorable.

    Mme la présidente

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    La parole est à M. le rapporteur général.

    M. Philippe Vigier, rapporteur général

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    Je confirme que nous sommes favorables à l’amendement no 172 de Mme Sandrine Nosbé.

    (L’amendement no 172 est adopté.)

    Mme la présidente

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    Je mets aux voix l’article 20, tel qu’il a été amendé.

    (Il est procédé au scrutin.)

    Mme la présidente

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    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        53
            Nombre de suffrages exprimés                51
            Majorité absolue                        26
                    Pour l’adoption                29
                    Contre                22

    (L’article 20, amendé, est adopté.)

    M. Manuel Valls, ministre d’État

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    Victoire des forces de l’esprit et de la lumière !

    Après l’article 20

    Mme la présidente

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    Nous en venons à deux amendements nos 114 et 443,  portant article additionnel après l’article 20.
     La parole est à M. Philippe Naillet, pour soutenir l’amendement no 114.

    M. Philippe Naillet

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    Il vise à insérer les dispositions suivantes après l’article 20 : « Afin de faciliter la mise en œuvre des politiques de régularisation foncière et de maîtrise de l’urbanisation dans le département de Mayotte, l’État peut, à titre expérimental et pour une durée de cinq ans, mettre en œuvre, dans le respect des compétences respectives des collectivités territoriales, une coordination renforcée des services de l’État et des établissements publics compétents, en lien avec les collectivités territoriales intéressées. Cette coordination vise à identifier les modalités de simplification des procédures administratives applicables à la régularisation foncière, dans le respect des droits des tiers ; définir un cadre juridique permettant, le cas échéant, l’adaptation des règles du code de l’urbanisme et du code de la propriété des personnes publiques à la situation particulière du territoire, notamment en matière d’indivision et de domanialité ; encourager, par des mesures d’accompagnement réglementaires, l’accès à la propriété formelle et la sécurisation des occupations du foncier public ou privé irrégulièrement occupé. »

    Mme la présidente

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    Si vous le voulez bien, monsieur Naillet, vous pourriez présenter également votre amendement no 443.
    Avant cela, j’informe toutefois l’Assemblée que, sur les amendements no 114 et 443, je suis saisie par les groupes Rassemblement national et Socialistes et apparentés de demandes de scrutins publics.
    Les scrutins sont annoncés dans l’enceinte de l’Assemblée nationale.
    Monsieur Naillet, vous avez la parole.

    M. Philippe Naillet

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    Dans la continuité de l’amendement précédant, il s’agit aussi avec l’amendement no 443 d’accélérer la régularisation foncière dans le département de Mayotte car –⁠ nos débats l’ont montré – c’est un véritable enjeu.
    Le plan exceptionnel de régularisation foncière que nous demandons vise notamment à identifier et sécuriser les occupations foncières existantes dans les zones à forte densité d’habitat, sous réserve de leur comptabilité avec les documents de planification et les exigences environnementales ; à délivrer, selon les procédures simplifiées, des titres de propriété ou autres droits réels adaptés à la situation des occupants, notamment en présence d’indivision ou d’absence de titres formels ; enfin, à mobiliser le foncier public ou privé en vue de projets d’intérêt général, notamment en matière de logement d’équipement public et de relogement.

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis de la commission ?

    M. Frantz Gumbs, rapporteur pour avis

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    Depuis de nombreuses années, de nouveaux outils ont été développés pour améliorer la gestion foncière. Ainsi, la loi du 27 mai 2009, dite Lodeom, prévoit la création du futur groupement d’intérêt public d’urgence foncière à Mayotte, le GIP-CUF, pour accélérer les régularisations foncières et instaurer un acte notarié renforcé afin de faciliter la reconnaissance de propriété. S’il n’a pas encore fait la preuve de toute son efficacité, ce GIP a le mérite d’exister et son travail s’améliore.
    Le décret du 14 février 2023 a instauré à Mayotte une procédure judiciaire accélérée pour certaines actions relatives à la reconnaissance du droit de propriété immobilière.
    La loi Letchimy de 2019, dont nous avons parlé, facilite la sortie de l’indivision successorale en favorisant la prise de décision par la majorité des propriétaires indivisaires.
    Enfin, en 2024, la loi habitat dégradé a réduit le délai de prescription en outre-mer de trente à dix ans.
    Il faut mettre en œuvre les nombreux outils existants. Créer un nouvel instrument supplémentaire n’aurait pas de sens si on ne s’empare pas de ceux qui sont déjà disponibles.
    Monsieur Naillet, je comprends bien l’esprit de vos amendements, qui posent indirectement la question des moyens, mais je ne pense pas qu’il permette d’accélérer la résorption du chaos foncier à Mayotte. Alors que le GIP-CUF est resté trop longtemps une coquille vide ou sans moyens réels, il commence à fonctionner de manière plus efficace.
    Dans ces conditions, je demande le retrait des amendements ; à défaut, mon avis sera défavorable.

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis du gouvernement ?

    M. Manuel Valls, ministre d’État

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    Même avis.

    Mme la présidente

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    La parole est à Mme Estelle Youssouffa.

    Mme Estelle Youssouffa

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    En avril 2023, à la veille de l’opération Wuambushu, la préfecture de Mayotte a décompté, avec l’aide des communes, les terres occupées illégalement : elles représentaient à peu près 5 000 hectares, c’est-à-dire 50 km2 sur une île qui en fait 375. Ce que vous venez de faciliter ici, c’est la régularisation de ces terres occupées illégalement, sans droit ni titre, avec des habitats informels, c’est-à-dire des bidonvilles. Vous venez d’organiser un appel d’air à la construction de bidonvilles à Mayotte et d’ouvrir des droits à leurs occupants !
    Cet amendement, défendu par LFI avec l’aval du gouvernement –⁠ ce qui est quand même extraordinaire au regard des postures publiques des uns et des autres – est voté pour favoriser les clandestins et les occupants illégaux à Mayotte. C’est une honte dans le cadre de cette loi sur la refondation de Mayotte, prétendument destinée à construire et reconstruire l’île !

    M. Yoann Gillet

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    C’est scandaleux !

    Mme Estelle Youssouffa

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    Pour qui reconstruisez-vous ? Pour les Comoriens qui occupent illégalement Mayotte et contre les Mahorais.

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Hervé de Lépinau.

    M. Hervé de Lépinau

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    Je m’adresse au rapporteur général. Les amendements qui viennent de passer nous ont montré que vous voulez tordre le cou au droit commun.
    À l’attention de Mme Youssouffa maintenant : peut-être le Conseil constitutionnel considèrera-t-il qu’il n’est pas constitutionnel de réduire la durée de l’usucapion sur une partie du territoire ?

    M. Manuel Valls, ministre d’État

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    Cela a déjà été fait !

    M. Hervé de Lépinau

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    Nous aviserons le cas échéant.
    Nous parlons maintenant de l’établissement qui va être chargé de contrôler tout ça : mettez le paquet ! Dès lors que le domaine public est imprescriptible –⁠ je l’ai dit tout à l’heure – il est grand temps que l’État s’intéresse à son foncier, fixe les limites et expulse les clandestins qui occupent son domaine ! Cela serait un bon début.
    Certains propriétaires privés vont se sentir spoliés par cette prescription réduite : je vous souhaite bien du plaisir pour les accompagner dans leur désespoir. Cela va très mal se passer !
    Enfin, monsieur le ministre d’État, critiquer une politique, c’est l’essence même de la politique.

    Mme Claire Marais-Beuil

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    Eh oui !

    M. Hervé de Lépinau

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    Lorsque vous étiez premier ministre, vous avez été à l’initiative du rapport Mayotte 2025. Ce rapport énumérait des mesures importantes pour l’île. Il est normal que nous vous mettions face à vos responsabilités puisqu’un certain nombre d’entre elles n’ont pas été mises en œuvre. Nous accuser de bloquer la reconstruction de Mayotte alors que rien de sérieux n’a été fait depuis la départementalisation, c’est aller un peu vite en besogne ! (Applaudissements sur les bancs du groupe RN.)

    M. Manuel Valls, ministre d’État

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    J’ai dit « ralentir » pas bloquer.

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Philippe Naillet.

    M. Philippe Naillet

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    En préambule, je souhaite préciser qu’avec ces amendements, je ne cherche pas à faire en sorte que les personnes qui occupent illégalement des terrains, puissent devenir propriétaires.

    Mme Estelle Youssouffa

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    Pourtant !

    M. Emeric Salmon

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    C’est déjà ça !

    M. Philippe Naillet

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    L’enjeu, c’est la clarification et la sécurisation foncière afin de pouvoir développer des projets d’aménagement.
    Je le dis en toute humilité : il faut savoir prendre un peu de hauteur dans ce débat, sinon on ne s’en sortira pas.
    Selon les données de la direction de l’habitat de l’urbanisme et des paysages du conseil départemental de Mayotte, seules 10 à 15 % des parcelles sont aujourd’hui couvertes par un titre de propriétaire clair et opposable.

    M. Philippe Vigier, rapporteur général

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    Absolument !

    M. Philippe Naillet

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    Comment aménager un territoire sans commencer par un exercice de clarification foncière ? L’absence de sécurité foncière constitue l’un des freins les plus puissants au développement structuré de Mayotte.
    En matière d’aménagement, cette situation entraîne un allongement considérable des délais de mise en œuvre des opérations d’intérêt général, en particulier celles de résorption de l’habitat indigne mais aussi d’équipement des quartiers prioritaires. À titre d’exemple, l’opération d’aménagement de Mavadzani, prévue sur 12,50 hectares en zone AU, a nécessité plus de trois années de procédures foncières malgré une intervention directe de l’État et du département. Le lancement des travaux n’est envisagé qu’en 2026, avec une livraison des premiers logements en 2029.
    De même, le projet de rénovation du quartier de Carobolé, qui mobilise du foncier public en zone urbaine, a nécessité le recours à des dérogations environnementales et une concession d’aménagement complexe illustrant l’empilement des contraintes générées par l’insécurité foncière. Tel est le sens de ces amendements.

    Mme la présidente

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    Je mets aux voix l’amendement no 114.

    (Il est procédé au scrutin.)

    Mme la présidente

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    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        60
            Nombre de suffrages exprimés                60
            Majorité absolue                        31
                    Pour l’adoption                24
                    Contre                36

    (L’amendement no 114 n’est pas adopté.)

    Mme la présidente

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    Je mets aux voix l’amendement no 443.

    (Il est procédé au scrutin.)

    Mme la présidente

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    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        60
            Nombre de suffrages exprimés                60
            Majorité absolue                        31
                    Pour l’adoption                24
                    Contre                36

    (L’amendement no 443 n’est pas adopté.)

    Article 21

    Mme la présidente

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    Plusieurs orateurs sont inscrits sur l’article 21.
    La parole est à M. Yoann Gillet.

    M. Yoann Gillet

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    Cet article contient une mesure de bon sens, défendue par notre collègue Anchya Bamana, député de Mayotte, et par le Rassemblement national, pour apporter une réponse urgente face à une réalité incontournable à Mayotte : les besoins criants en infrastructures scolaires et d’enseignement supérieur.
    En quinze ans, les effectifs scolaires ont plus que doublé, saturant les établissements existants qui fonctionnent désormais en surcapacité. Selon l’Insee, le second degré devrait accueillir plus de 8 700 élèves d’ici à 2030. Du côté de l’enseignement supérieur, Mayotte compte déjà 3 000 étudiants, dont plus de 2 200 à l’université de Mayotte, avec une forte croissance en perspective.
    Pour ne rien arranger, Mayotte est la seule académie sans aucune résidence universitaire du centre régional des œuvres universitaires et scolaires (Crous) alors que la jeunesse mahoraise, majoritairement boursière, a besoin de logements adaptés.
    Cette situation démographique exceptionnelle et la croissance rapide de la population étudiante exigent des réponses à la hauteur des enjeux. Le manque d’ingénierie publique locale et les ressources limitées en maîtrise d’ouvrage rendent les contrats globaux de conception-réalisation d’autant plus pertinents pour accélérer les projets.
    Face à cette urgence, il est indispensable d’assouplir les procédures en matière de construction scolaire par la prorogation et l’extension de ces marchés globaux. Ce dispositif faciliterait la gestion des projets en réduisant les risques de retard et de surcoût et garantirait une meilleure anticipation des contraintes locales, notamment celles liées à la reconstruction post-cyclone Chido. En ouvrant l’accès des marchés publics aux petites et moyennes entreprises (PME) mahoraises, il constituerait aussi un levier précieux pour l’économie locale, dynamisant ainsi le tissu économique de l’île.
    En conclusion, je rappelle à toutes fins utiles que, si le système scolaire est engorgé à Mayotte, c’est aussi en raison de la submersion migratoire. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe RN.)

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Charles Fournier.

    M. Charles Fournier

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    Quand on se rend à Mayotte, ce qui frappe c’est l’état de l’économie, économie qui repose principalement sur le secteur informel.
    La refondation ne peut pas passer uniquement par les questions migratoires –⁠ même si elles ont malheureusement occupé l’essentiel de nos débats jusqu’à maintenant –, elle reposera sur le choix d’un projet économique. Quelle refondation économique pour Mayotte ?
    Je le répète : parlons des écoles, de l’enseignement supérieur mais aussi des filières de formation professionnelle et continue. Je vous présenterai des amendements en ce sens.

    Mme la présidente

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    La parole est à Mme la présidente de la commission des affaires économiques.

    Mme Aurélie Trouvé, présidente de la commission des affaires économiques

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    Cet article, cela a été dit, vise à accélérer la construction d’écoles du premier et du second degré, de résidences universitaires et de résidences affectées à l’enseignement supérieur public en prorogeant l’expérimentation de passation de marchés de type conception-réalisation. La Cour des comptes considère en effet qu’il manque au moins 850 salles de classe à Mayotte. Cette disposition permet de surcroît que 30 % du montant prévisionnel estimé du marché soit confié à des microentreprises, à des très petites, petites et moyennes entreprises ou à des artisans locaux.
    Les travaux en commission des affaires économiques ont permis d’inclure les crèches et les cantines parmi les équipements concernés par la procédure de dérogation prévue pour la passation de marchés publics mais aussi d’intégrer une référence à l’entrepreneuriat social et solidaire. C’est un sujet qui avait été évoqué avec la délégation de la commission des affaires économiques lors de son déplacement à Mayotte, l’idée étant de privilégier les entreprises locales en faisant en sorte que tous les contrats ne soient pas raflés par Lafarge et Bouygues.

    Mme la présidente

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    Sur l’amendement no 603 rectifié, je suis saisie par le groupe Rassemblement national d’une demande de scrutin public.
    Le scrutin est annoncé dans l’enceinte de l’Assemblée nationale.
    La parole est à M. Charles Fournier, pour soutenir l’amendement no 603 rectifié.

    M. Charles Fournier

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    L’amendement tend à faciliter la rénovation des espaces professionnels des structures de l’enseignement professionnel, y compris des plateaux techniques, en les faisant bénéficier des mêmes conditions de prorogation de l’autorisation de passer des marchés globaux de type conception-réalisation à Mayotte. Les plateaux techniques des lycées professionnels de Mayotte ne sont pas opérationnels du fait du manque d’entretien, de maintenance et de matériel. Ce manque d’investissement est d’autant plus regrettable que ces outils sont nécessaires dans la formation initiale mais aussi dans celle délivrée aux artisans ou d’autres professionnels. Nous avons besoin d’équipements qui soient à la hauteur des enjeux et qui permettent d’anticiper les opérations d’innovation.

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis de la commission ?

    M. Frantz Gumbs, rapporteur pour avis

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    Je comprends votre préoccupation mais l’amendement me semble satisfait. Cela étant, la précision n’étant pas inutile, je m’en remets à la sagesse de l’Assemblée.

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis du gouvernement ?

    M. Manuel Valls, ministre d’État

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    Même avis.

    Mme la présidente

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    Je mets aux voix l’amendement no 603 rectifié.

    (Il est procédé au scrutin.)

    Mme la présidente

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    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        58
            Nombre de suffrages exprimés                58
            Majorité absolue                        30
                    Pour l’adoption                57
                    Contre                1

    (L’amendement no 603 rectifié est adopté.)

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Charles Fournier, pour soutenir l’amendement no 602.

    M. Charles Fournier

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    L’amendement tend à ce que les marchés publics de conception-réalisation soient assortis de clauses environnementales au sens de l’article 35 de la loi du 22 août 2021. Mayotte est un réservoir de biodiversité qui reste très vulnérable face au dérèglement climatique. Nous devons exiger que la construction soit conditionnée au respect de certaines pratiques compatibles avec la préservation des milieux naturels et les enjeux climatiques. Ce n’est qu’à cette condition que nous pourrons y développer l’activité économique, par exemple le tourisme.

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis de la commission ?

    M. Frantz Gumbs, rapporteur pour avis

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    L’article 35 de la loi « climat et résilience » prévoit déjà qu’à compter d’août 2026, tous les marchés publics devront contenir une condition d’exécution environnementale. Cette disposition a été étendue aux collectivités d’outre-mer par l’article 30 de la loi de 2023 relative à l’industrie verte. Cette obligation s’impose donc aussi aux marchés de conception-réalisation, y compris à ceux passés dans le cadre de l’expérimentation prévue à l’article 21 du présent projet de loi qui n’a pas prévu de dérogation sur ce point. Je vous invite par conséquent à retirer cet amendement qui est satisfait ; à défaut, j’y serai défavorable.

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis du gouvernement ?

    M. Manuel Valls, ministre d’État

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    Même avis.

    Mme la présidente

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    La parole est à Mme Estelle Youssouffa.

    Mme Estelle Youssouffa

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    La mesure proposée par nos collègues écologistes est très importante. Les contraintes climatiques à Mayotte seront certes prises en considération à compter d’août 2026, mais il nous est permis d’espérer que les travaux de reconstruction auront commencé avant. Il ne semble donc pas complètement inutile de prévoir des clauses environnementales dans le cahier des charges.
    Pas moins de 90 % de la population vit sur la zone côtière de Mayotte, qui est touchée par la montée des eaux, du fait du réchauffement climatique. Le passage du cyclone a entraîné la déforestation massive de l’île et le Giec a alerté quant aux risques qui pesaient sur notre trésor de biodiversité. Les scientifiques le reconnaissent eux-mêmes : ces épisodes climatiques, encore rares mais d’une grande violence, sont une conséquence du changement climatique. Nous devons donc porter une attention particulière aux propositions de nos collègues écologistes.

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Charles Sitzenstuhl.

    M. Charles Sitzenstuhl

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    Je comprends les inquiétudes de nos collègues mais le rapporteur nous a clairement rappelé qu’il était préférable de nous en tenir à la légistique. Pourquoi rappeler dans cet alinéa une disposition qui a force de loi ? Ce serait mal rédiger cet article que d’y mentionner les clauses environnementales de la loi du 22 août 2021, laquelle, par hypothèse, a une portée normative. Ne compliquons pas inutilement ce texte en l’encombrant de dispositions superfétatoires. Je m’opposerai donc à cet amendement, non pas que je n’en approuve pas l’intention, mais parce qu’il altérerait la qualité de la loi.

    (L’amendement no 602 n’est pas adopté.)

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Frantz Gumbs, rapporteur pour avis, pour soutenir l’amendement no 91.

    M. Frantz Gumbs, rapporteur pour avis

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    L’amendement tend à revenir sur l’amendement CE55 adopté en commission des affaires économiques contre mon avis.
    En effet, sur le fond, il est louable de vouloir favoriser l’inclusion des entreprises de l’économie sociale et solidaire dans les marchés publics de conception-réalisation portant sur la réalisation d’établissements liés à l’enseignement scolaire et supérieur à Mayotte. Toutefois, tel qu’il est rédigé, l’amendement revient à exempter toute entreprise qui relève de l’économie sociale et solidaire de l’obligation de confier 30 % du montant prévisionnel du marché de conception-réalisation à des microentreprises, petites et moyennes entreprises ou à des artisans, et non à les inclure comme potentiels bénéficiaires de ces 30 %.
    Il est important que les grandes entreprises et celles de taille intermédiaire de l’économie sociale et solidaire contribuent, au même titre que les autres, à soutenir le tissu économique de Mayotte, constitué de microentreprises ainsi que de très petites, petites et moyennes entreprises.
    Pour ces raisons, l’amendement tend à revenir à la rédaction initiale de l’alinéa.

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis du gouvernement ?

    M. Manuel Valls, ministre d’État

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    Avis favorable.

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Charles Fournier.

    M. Charles Fournier

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    Je ne suis pas du tout d’accord. Que le rapporteur me cite une seule grande entreprise de l’économie sociale et solidaire qui poserait problème. L’amendement qui a été adopté en commission, à mon initiative, présentait l’avantage de faire figurer expressément la référence aux entreprises de l’économie sociale et solidaire dans le texte. Mayotte compte une chambre régionale de l’économie sociale et solidaire qui jouera un rôle important dans le passage de l’économie informelle à l’économie formelle en accompagnant les structures concernées. Que je sache, le Groupe SOS n’est pas installé à Mayotte…

    M. Philippe Naillet et M. Aurélien Rousseau

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    Ah si !

    M. Charles Fournier

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    On peut certes trouver des structures qui appartiennent à ce qui est un groupe, mais citez-moi une seule entreprise de l’économie sociale et solidaire…

    Mme Estelle Youssouffa

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    C’est biaisé ! Il est le premier employeur de Mayotte.

    M. Yoann Gillet

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    Leurs dirigeants ont des salaires à cinq chiffres !

    M. Charles Fournier

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    En tout cas, je trouve dommage de supprimer purement et simplement la référence à l’économie sociale et solidaire. C’est nier l’importance pour Mayotte de modèles comme les coopératives, par exemple. Au pire, nous aurions pu l’encadrer.

    Mme la présidente

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    La parole est à Mme Estelle Youssouffa.

    Mme Estelle Youssouffa

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    Le Groupe SOS, qui s’appelle Mlezi Maore, est une sorte d’État dans l’État. Il est le premier employeur privé de Mayotte et exerce une forme de concurrence déloyale à l’encontre de nos artisans puisqu’il bénéficie de l’appui des services de l’État, de subventions, et de toutes les aides possibles et imaginables alors que les artisans galèrent et n’ont pas même droit aux aides de la loi pour le développement économique des outre-mer.
    L’économie sociale et solidaire à Mayotte occupe une place à part et s’affranchit des règles normales de fonctionnement à tel point que l’économie classique ne peut pas se développer dans des conditions saines. Si l’on vous dit non, ce n’est pas par méconnaissance mais au contraire parce que nous savons d’avance qu’il s’agit là de l’exemple typique de la fausse bonne idée, qui n’aidera pas notre territoire. Bien au contraire, ce serait un frein à la normalisation de notre économie.

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Frantz Gumbs, rapporteur pour avis.

    M. Frantz Gumbs, rapporteur pour avis

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    L’objectif de faire bénéficier de ces 30 % de marché aux entreprises de l’économie solidaire et sociale de Mayotte, les petites comme les artisans, est déjà prévu par la loi.

    M. Philippe Vigier, rapporteur général

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    Très juste !

    (L’amendement no 91 est adopté.)

    Mme la présidente

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    Je suis saisie de plusieurs demandes de scrutin public : sur les amendements nos 177, 181, 174, 182 et 175 par le groupe La France insoumise-Nouveau Front populaire, sur les amendements nos 5 et 6 ainsi que sur l’article 31 par le groupe Rassemblement national.
    Les scrutins sont annoncés dans l’enceinte de l’Assemblée nationale.
    La parole est à M. Aurélien Taché, pour soutenir l’amendement no 177.

    M. Aurélien Taché

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    Nous souhaitons conditionner l’attribution des marchés de construction scolaire aux entreprises mahoraises. En cohérence avec l’article 11 du projet de loi d’urgence pour Mayotte voté par l’Assemblée, nous vous proposons d’adopter la même rédaction, réservant une part minimale des marchés à des PME ou artisans locaux. La participation des entreprises mahoraises aux opérations de construction est essentielle pour favoriser l’économie locale, bénéficier du savoir-faire de ces entreprises sur les spécificités du terrain et permettre une meilleure et plus durable adaptation au changement climatique.
    C’est pourquoi, nous vous proposons de conditionner ces 30 % d’attribution des marchés aux entreprises ayant leur siège social à Mayotte.

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis de la commission ?

    M. Frantz Gumbs, rapporteur pour avis

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    Je comprends votre intention mais vous ne proposez pas de borner cette mesure dans le temps. Si je rejoins votre volonté de favoriser le développement du tissu économique local à Mayotte, j’émets un avis défavorable à l’amendement pour des raisons juridiques : imposer une localisation s’oppose au principe de libre concurrence des marchés publics, notamment garantie par le droit européen. Il aurait fallu rendre la mesure exceptionnelle.

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis du gouvernement ?

    M. Manuel Valls, ministre d’État

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    Même avis.

    Mme la présidente

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    La parole est à Mme Dominique Voynet.

    Mme Dominique Voynet

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    Nous voterons pour cet amendement. C’est l’occasion pour moi de revenir sur la discussion qui vient d’avoir lieu : il est tout de même dommage que nous n’ayons pas reconnu l’importance de la dimension solidaire, indispensable pour favoriser l’accès à l’emploi, en soutenant les entreprises de l’économie sociale et solidaire. Ce qui a été dit est parfaitement vrai : Mlezi Maore est très présent sur l’archipel et fait partie du Groupe SOS. Mais cette association, qui a été créée, il faut le rappeler, par Thani Mohamed Soilihi, votre collègue au gouvernement, est essentiellement positionnée sur l’insertion et l’accompagnement des adolescents en difficulté ou des personnes étrangères qui cherchent à s’intégrer à notre société.

    Mme Estelle Youssouffa

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    De toute façon, ils font tout !

    Mme Dominique Voynet

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    Elle n’intervient pas dans le domaine de la conception et de la réalisation d’écoles ou d’universités. L’amendement de M. Taché me paraît donc tout à fait utile pour améliorer la prise en compte de ce secteur.

    Mme la présidente

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    Je mets aux voix l’amendement no 177.

    (Il est procédé au scrutin.)

    Mme la présidente

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    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        60
            Nombre de suffrages exprimés                60
            Majorité absolue                        31
                    Pour l’adoption                18
                    Contre                42

    (L’amendement no 177 n’est pas adopté.)

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Hervé de Lépinau, pour soutenir l’amendement no 5.

    M. Hervé de Lépinau

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    L’occasion nous est donnée de resituer Mayotte dans son contexte géopolitique. Nous avons vu que certaines puissances étrangères, principalement la Chine et l’Azerbaïdjan, cherchent à déstabiliser le tissu des territoires d’outre-mer, notamment en Nouvelle-Calédonie mais pas seulement. Dans le cadre de la reconstruction de Mayotte, des entreprises étrangères, issues en particulier des pays que je viens de citer, vont certainement postuler. À partir du moment où nous laissons, par le biais économique, des puissances étrangères hostiles s’installer sur un territoire, nous prenons un risque en matière de souveraineté. Il n’a échappé à personne que Mayotte se situe sur un point éminemment stratégique du globe –⁠ océan Indien, canal du Mozambique ; il s’agit donc d’un territoire qui est particulièrement attractif et donc convoité.
    Il me paraît donc essentiel d’inclure dans les marchés la notion de préférence nationale. Tout à l’heure, j’ai entendu Mme la présidente de la commission dire qu’il serait dommage que Vinci récupère le gros du marché de la reconstruction ; je trouve qu’il serait tout aussi dommage que des entreprises étrangères récupèrent des parts de marché. (Applaudissements sur les bancs des groupes RN et UDR.)

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis de la commission ?

    M. Frantz Gumbs, rapporteur pour avis

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    J’y suis défavorable dans la mesure où le droit de l’Union européenne prohibe « toute discrimination exercée en raison de la nationalité », d’après l’article 18 du Traité sur le fonctionnement de l’Union européenne. Je serai également défavorable à l’amendement suivant.

    M. Hervé de Lépinau

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    Je ne l’ai pas encore soutenu !

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis du gouvernement ?

    M. Manuel Valls, ministre d’État

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    Même avis.

    Mme la présidente

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    Je mets aux voix l’amendement no 5.

    (Il est procédé au scrutin.)

    Mme la présidente

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    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        59
            Nombre de suffrages exprimés                57
            Majorité absolue                        29
                    Pour l’adoption                27
                    Contre                30

    (L’amendement no 5 n’est pas adopté.)

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Hervé de Lépinau, pour soutenir l’amendement no 6.

    M. Hervé de Lépinau

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    On va monter d’un cran : puisque vous n’avez pas voulu retenir la préférence nationale, allons vers la préférence communautaire. Cette notion n’a pas de portée juridique, monsieur le rapporteur général, je vous l’accorde, mais elle a une portée politique. (M. le rapporteur général hausse les épaules.) C’est important car les discussions que nous avons régulièrement au sein de l’Union tendent à aller dans cette direction, en particulier lorsque les secteurs concernés touchent à la souveraineté –⁠ c’est notamment le cas de la défense.
    Puisque vous n’avez pas voulu restreindre le marché en question au champ national, restreignons-le au champ européen. Nous avons des projets d’envergure et nous disposons d’entreprises européennes capables d’apporter leur savoir-faire et leurs moyens pour permettre d’accélérer la reconstruction de Mayotte. Par pitié, monsieur le rapporteur, ne me dites pas une fois de plus que ce n’est pas possible ! Je vois mal la Commission européenne sanctionner la France pour avoir voté cet article ainsi amendé car il est absolument nécessaire pour les Mahorais.

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis de la commission ?

    M. Frantz Gumbs, rapporteur pour avis

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    Défavorable.

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis du gouvernement ?

    M. Manuel Valls, ministre d’État

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    Même avis.

    Mme la présidente

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    La parole est à M. le rapporteur général.

    M. Philippe Vigier, rapporteur général

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    La portée politique dont vous parlez, monsieur de Lépinau, vous ne l’avez pas soutenue tout à l’heure ! Avant de faire appel à des entreprises et à des compétences pour reconstruire, il faut avoir des terrains à disposition ; or vous avez stérilisé le territoire.

    M. Yoann Gillet

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    Et vous, vous n’avez rien foutu pendant des années ! (Exclamations sur divers bancs.)

    M. Antoine Léaument

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    Quelle vulgarité !

    Mme la présidente

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    S’il vous plaît ! Pas dans ces termes.
    Je mets aux voix l’amendement no 6.

    (Il est procédé au scrutin.)

    Mme la présidente

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    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        58
            Nombre de suffrages exprimés                48
            Majorité absolue                        25
                    Pour l’adoption                27
                    Contre                21

    (L’amendement no 6 est adopté.)
    (Applaudissements sur les bancs des groupes RN et UDR.)

    Mme la présidente

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    La parole est à Mme Sandrine Nosbé, pour soutenir l’amendement no 181.

    Mme Sandrine Nosbé

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    Il vise à augmenter de 30 à 50 % la part des marchés publics délégués à de très petites, petites et moyennes entreprises par le soumissionnaire principal dont l’offre a été retenue, dans le but de renforcer l’effet d’entraînement local de la commande publique pour l’économie et pour l’emploi à Mayotte. C’est crucial dans un territoire où le taux de chômage est dramatiquement élevé, puisqu’il atteint 37 %. Le marché du bâtiment et travaux publics (BTP) à Mayotte est actuellement partagé entre deux multinationales : Colas, qui est une filiale de Bouygues, et Vinci.
    Il s’agit donc de permettre un rééquilibrage, d’autant que les chantiers de construction vont être nombreux sur l’archipel dans les prochains mois et les prochaines années. Les petites entreprises et les artisans doivent aussi pouvoir contribuer à la reconstruction de leur île et en bénéficier.

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis de la commission ?

    M. Frantz Gumbs, rapporteur pour avis

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    Défavorable. Le droit en vigueur prévoit déjà de confier 20 % des marchés à ce type d’entreprises, et nous sommes passés à 30 % ; monter à 50 % ne me semble pas très raisonnable.

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis du gouvernement ?

    M. Manuel Valls, ministre d’État

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    Même avis.

    Mme la présidente

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    La parole est à Mme Dominique Voynet.

    Mme Dominique Voynet

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    Nous rêvons tous de pouvoir compter sur une économie mahoraise en pleine expansion, qui soit capable d’assumer des chantiers importants. Mais la réalité, c’est que ce n’est pas le cas pour le moment. Madame Trouvé, vous avez bien fait de pointer, tout à l’heure, une réalité assez triviale : si l’on veut reconstruire vite et beaucoup, ce seront probablement de grands groupes européens –⁠ Vinci, Bouygues ou d’autres – qui se positionneront sur ces marchés ; eux seuls seront susceptibles de reconstruire, de façon pratiquement simultanée grâce à des économies d’échelle, des écoles, des collèges et tout autre établissement d’enseignement. C’est certes préoccupant mais si nous arrivons à relever le défi des 30 %, nous aurons déjà fait un sacré boulot. Il y a beaucoup de PME à Mayotte ; l’effort de formation professionnelle sur le tas, assuré notamment par les entreprises, sera d’ailleurs nécessaire pour atteindre ce pourcentage.

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Aurélien Rousseau.

    M. Aurélien Rousseau

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    En complément de ce que vient de dire Dominique Voynet, je poserai une question : qui, aujourd’hui, est capable de construire et de faire fonctionner des usines de dessalement, par exemple ? Uniquement des grands groupes. Pendant quelques années, nous allons vivre une période pendant laquelle le défi, ce sera justement d’intéresser ces grands groupes au territoire mahorais, afin que ces équipements indispensables sortent de terre. Si l’on atteint l’objectif de 30 %, comme le disait notre collègue Voynet, ce sera déjà bien. Nous devons certes simultanément travailler pour renforcer l’infrastructure économique de l’île, mais il nous faut aussi répondre à l’urgence, même si cela suppose de s’appuyer sur de grands opérateurs.

    M. Philippe Vigier, rapporteur général

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    Très bien !

    Mme la présidente

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    Je mets aux voix l’amendement no 181.

    (Il est procédé au scrutin.)

    Mme la présidente

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    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        59
            Nombre de suffrages exprimés                58
            Majorité absolue                        30
                    Pour l’adoption                17
                    Contre                41

    (L’amendement no 181 n’est pas adopté.)

    M. Antoine Léaument

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    Vous êtes de droite !

    M. Emeric Salmon

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    Vous êtes de gauche !

    Mme la présidente

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    La parole est à Mme Sandrine Nosbé, pour soutenir l’amendement no 174.

    Mme Sandrine Nosbé

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    Nous souhaitons que les nouvelles constructions scolaires soient adaptées aux risques naturels majeurs, notamment les cyclones et les séismes. C’est un impératif, surtout depuis le passage du cyclone Chido.
    La commission d’enquête sur la gestion des risques naturels majeurs dans les territoires d’outre-mer a révélé que plus de 80 % des établissements scolaires ultramarins ne respectaient pas les normes parasismiques et paracycloniques modernes. Les événements climatiques récemment survenus à Mayotte, où plus de 50 % des écoles ont été endommagées ou détruites, ce qui a affecté près de 70 000 élèves, mettent en évidence la vulnérabilité des infrastructures scolaires face à la multiplication des risques naturels.
    Il importe donc que les nouvelles constructions scolaires respectent les normes parasismiques, paracycloniques, anti-inondations et anti-incendies. Accélérer la construction d’établissements scolaires ne doit pas se faire au rabais, au détriment de leur qualité et de leur résilience. (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP.)

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis de la commission ?

    M. Frantz Gumbs, rapporteur pour avis

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    Les dispositions prévues par l’article 21 visent à simplifier la procédure de passation des marchés pour accélérer les délais de reconstruction. En revanche, elles n’exonèrent en aucun cas le titulaire du marché du respect des règles de construction applicables sur le territoire de Mayotte.

    M. Yoann Gillet

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    Oui, l’amendement est satisfait !

    M. Frantz Gumbs, rapporteur pour avis

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    J’estime que les règles de construction en vigueur tiennent précisément compte de toutes les normes, notamment antisismiques et anticycloniques, qui sont nécessaires pour se prémunir contre les catastrophes naturelles.

    M. Philippe Vigier, rapporteur général

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    Très juste !

    M. Frantz Gumbs, rapporteur pour avis

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    L’amendement étant donc satisfait, j’en demande le retrait ; à défaut, j’émettrai un avis défavorable.

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis du gouvernement ?

    M. Manuel Valls, ministre d’État

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    Même avis.

    Mme la présidente

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    La parole est à Mme Estelle Youssouffa.

    Mme Estelle Youssouffa

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    Je souhaite apporter une précision par rapport aux propos qui ont été tenus hier. Dans son rapport annuel, Mlezi Maore explique qu’elle bénéficie d’un budget annuel de 37 millions d’euros, dont la quasi-totalité provient de subventions. Elle compte 732 salariés et au moins dix de ses programmes concernent l’hébergement, le logement. Mlezi Maore sera donc –⁠ elle l’est déjà – un acteur de la reconstruction. Vous pensez que cette économie sociale et solidaire s’articule avec des petits bras et pas grand-chose, mais c’est exactement l’inverse qui est en train de se passer à Mayotte. Elle exerce désormais une concurrence déloyale vis-à-vis d’entreprises relevant de l’économie régulière et qui, elles, ne disposent pas des mêmes appuis.
    Vous avez raison de le préciser : c’est bien l’ancien sénateur et actuel ministre Thani Mohamed Soilihi qui a présidé à la création de Mlezi Maore, qui s’est d’abord appelée Tama. C’est peut-être ce qui explique que lorsque le conseil départemental a demandé des comptes sur les résultats effectifs de l’action de Mlezi Maore, donc sur la manière dont sont utilisés les 37 millions d’euros de subventions publiques qui lui sont donnés chaque année, pour savoir en quoi ils ont un impact positif sur Mayotte, le président du Groupe SOS a débarqué pour remonter les bretelles des élus mahorais. Par conséquent, excusez-nous mais l’économie sociale et solidaire à Mayotte, non merci !

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Yoann Gillet.

    M. Yoann Gillet

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    Quand j’ai eu la chance, il y a quelques mois, d’aller à Mayotte dans le cadre d’une mission parlementaire, j’ai souhaité rencontrer les représentants de Mlezi Maore ; ils en ont été fort étonnés. J’ai voulu discuter avec eux en toute transparence, transparence dont leurs comptes et les subventions qu’ils touchent sont d’ailleurs un peu dépourvus.

    Mme Dominique Voynet

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    Rien à voir avec l’amendement !

    M. Yoann Gillet

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    Mlezi Maore ne vit que d’argent public et il faut savoir que les Mahorais sont très opposés à la présence du Groupe SOS sur leur territoire. Pourtant, nombre d’entre eux travaillent pour Mlezi Maore mais ils ont honte de le dire, y compris à leurs familles. Ils le font parce qu’ils n’ont pas le choix et qu’il faut bien rapporter un salaire, mais ils ont honte ! Ils sont d’ailleurs beaucoup à refuser d’utiliser les voitures qui leur sont fournies, parce que les portières sont pourvues du logo de l’association : ils ne veulent pas que leurs voisins sachent qu’ils travaillent pour Mlezi Maore.
    Quand j’ai eu ses dirigeants en face de moi, ils m’ont fait un grand discours sur l’humanité dont était empreinte leur action à Mayotte ; je leur ai donc demandé quel était leur salaire. Faire des bonnes actions avec un salaire net mensuel à cinq chiffres, c’est facile ! Les leçons de ceux qui viennent de métropole pour imposer leur vision des choses aux Mahorais tout en touchant de tels salaires, ce n’est pas acceptable. (Applaudissements sur les bancs des groupes RN et UDR.)

    Mme la présidente

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    Je mets aux voix l’amendement no 174.

    (Il est procédé au scrutin.)

    Mme la présidente

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    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        60
            Nombre de suffrages exprimés                60
            Majorité absolue                        31
                    Pour l’adoption                17
                    Contre                43

    (L’amendement no 174 n’est pas adopté.)

    Mme la présidente

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    La parole est à Mme Mathilde Feld, pour soutenir l’amendement no 182.

    Mme Mathilde Feld

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    Par cet amendement d’Aurélie Trouvé, notre groupe souhaite que la notion d’approvisionnement local soit prise en considération dans l’attribution des marchés de construction scolaire. L’objectif est d’encourager l’approvisionnement en circuits courts pour la restauration scolaire afin de soutenir l’agriculture locale et de développer l’économie au service des Mahorais.
    En outre, une telle disposition favorise la création de débouchés pour les agriculteurs de l’île, améliore la qualité de l’alimentation des élèves et renforce l’autonomie alimentaire du territoire.
    Cette mesure concrète, qui témoigne de la volonté de reconstruire une école de l’égalité et de l’émancipation à Mayotte, s’inscrit dans une logique de développement territorial intégré.

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis de la commission ?

    M. Frantz Gumbs, rapporteur pour avis

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    Nous sommes évidemment tous favorables à un approvisionnement en circuits courts pour les cantines scolaires car il est important de favoriser le recours à des produits locaux dans ce secteur.
    Cependant, je demande le retrait de cet amendement et émettrai, à défaut, un avis défavorable car, comme je l’avais indiqué en commission, il ne peut y avoir de lien de corrélation directe entre les cahiers des charges des marchés publics pour la construction ou la rénovation d’établissements scolaires et les marchés chargés de l’approvisionnement des cantines scolaires.

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis du gouvernement ?

    M. Manuel Valls, ministre d’État

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    Même avis.

    Mme la présidente

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    La parole est à Mme la présidente de la commission des affaires économiques.

    Mme Aurélie Trouvé, présidente de la commission des affaires économiques

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    J’entends l’argument avancé par le rapporteur –⁠ et qu’il avait d’ailleurs déjà donné en commission. Le fait d’établir un lien entre la construction scolaire et le développement de circuits courts pose en effet un problème juridique.
    Cependant, l’intérêt de cet amendement est qu’il me permet d’aborder une question que malheureusement, ce projet de loi n’évoque nulle part, sauf dans le rapport annexé –⁠ qui, je le rappelle, est dépourvu de portée normative.

    M. Philippe Vigier, rapporteur général

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    Absolument !

    Mme Aurélie Trouvé, présidente de la commission des affaires économiques

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    Rien n’est donc prévu pour favoriser l’approvisionnement des cantines en produits issus de l’agriculture locale. Or les membres de la délégation de la commission des affaires économiques qui s’est rendue à Mayotte estiment –⁠ et nombre de Mahorais sont sans doute d’accord – qu’il faut développer la commande publique pour développer l’agriculture locale, d’autant plus que celle-ci est très dynamique et que les agriculteurs sont les premiers à souhaiter approvisionner les cantines scolaires.
    Je retire mon amendement même si, encore une fois, je regrette qu’il n’ait pas été possible d’introduire une telle disposition dans le texte.

    M. Hervé de Lépinau

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    L’amendement est repris !

    Mme la présidente

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    Je mets directement aux voix l’amendement no 182.

    (Il est procédé au scrutin.)

    Mme la présidente

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    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        55
            Nombre de suffrages exprimés                55
            Majorité absolue                        28
                    Pour l’adoption                39
                    Contre                16

    (L’amendement no 182 est adopté.)

    Mme la présidente

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    La parole est à Mme Sandrine Nosbé, pour soutenir l’amendement no 175.

    Mme Sandrine Nosbé

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    Il vise à insérer, après l’alinéa 5, l’alinéa suivant : « La nation se fixe pour objectif d’augmenter la capacité d’accueil des établissements et le taux de scolarisation antérieurs au cyclone Chido. »
    Nous souhaitons que l’État prenne en main la construction des écoles pour lutter contre la déscolarisation qui touche fortement l’île et pour augmenter la capacité d’accueil des établissements scolaires.
    Il manque actuellement à Mayotte près de 1 200 classes. Les salles sont surchargées, à tel point qu’un système de rotation a été mis en place avant même le passage du cyclone Chido pour pallier le manque de moyens : quelques heures de cours quotidiennes sont réparties en trois groupes d’élèves, avec une amplitude hebdomadaire qui s’étend du lundi au samedi, au détriment de la qualité de l’enseignement, du rythme des enfants et de leur santé.
    Selon la Fédération des conseils de parents d’élèves de Mayotte, près de 20 000 enfants n’étaient pas scolarisés en 2024. Or l’alinéa 13 du préambule de la Constitution du 27 octobre 1946 –⁠ composante du bloc de constitutionnalité – indique : « La nation garantit l’égal accès de l’enfant et de l’adulte à l’instruction, à la formation professionnelle et à la culture. L’organisation de l’enseignement public gratuit et laïque à tous les degrés est un devoir de l’État. »
    L’État doit donc répondre à ces besoins et déployer les moyens nécessaires pour mettre fin à la rupture d’égalité d’accès à l’éducation et à l’instruction à Mayotte. (Mme Mathilde Feld et M. Jean-Hugues Ratenon applaudissent.)

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis de la commission ?

    M. Frantz Gumbs, rapporteur pour avis

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    Les questions liées à la scolarisation, à la construction des classes représentent une source de crispation à Mayotte. Par conséquent, il ne me semble pas pertinent d’inscrire une telle mention dans la loi d’autant plus que, selon moi, il revient aux acteurs de terrain de juger de l’opportunité de créer ou non de nouvelles capacités d’accueil des établissements scolaires en fonction de ce qu’ils estiment être leurs besoins et des particularités locales. Avis défavorable.

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis du gouvernement ?

    M. Manuel Valls, ministre d’État

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    Même avis.

    Mme la présidente

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    Je mets aux voix l’amendement no 175.

    (Il est procédé au scrutin.)

    Mme la présidente

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    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        63
            Nombre de suffrages exprimés                35
            Majorité absolue                        18
                    Pour l’adoption                18
                    Contre                17

    (L’amendement no 175 est adopté.)

    Mme la présidente

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    Je mets aux voix l’article 21, tel qu’il a été amendé.

    (Il est procédé au scrutin.)

    Mme la présidente

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    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        54
            Nombre de suffrages exprimés                52
            Majorité absolue                        27
                    Pour l’adoption                50
                    Contre                2

    (L’article 21, amendé, est adopté.)

    Après l’article 21

    Mme la présidente

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    Je suis saisie de plusieurs demandes de scrutin public : sur l’amendement no 606 par le groupe Rassemblement national et sur les nos 316 et 304 par le groupe Libertés, indépendants, outre-mer et territoires.
    Les scrutins sont annoncés dans l’enceinte de l’Assemblée nationale.
    La parole est à Mme Dominique Voynet, pour soutenir l’amendement no 606.

    Mme Dominique Voynet

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    Il est retiré.

    (L’amendement no 606 est retiré.)

    Article 21  bis  A

    Mme la présidente

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    La parole est à Mme Estelle Youssouffa, pour soutenir l’amendement no 316, tendant à supprimer l’article.

    Mme Estelle Youssouffa

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    L’article 21  bis A vise à accorder une priorité aux entreprises de l’économie sociale et solidaire –⁠ une question que nous avons abordée il y a quelques instants. Nous souhaitons donc supprimer cet article.

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis de la commission ?

    M. Frantz Gumbs, rapporteur pour avis

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    Favorable.

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis du gouvernement ?

    M. Manuel Valls, ministre d’État

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    Même avis.

    Mme la présidente

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    Je mets aux voix l’amendement no 316.

    (Il est procédé au scrutin.)

    Mme la présidente

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    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        55
            Nombre de suffrages exprimés                54
            Majorité absolue                        28
                    Pour l’adoption                40
                    Contre                14

    (L’amendement no 316 est adopté ; en conséquence, l’article 21  bis A est supprimé.)

    Article 21  bis

    Mme la présidente

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    L’amendement no 304 de Mme Estelle Youssouffa, tendant à supprimer l’article, est défendu.
    Quel est l’avis de la commission ?

    M. Frantz Gumbs, rapporteur pour avis

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    Je comprends parfaitement votre crainte que le temporaire ne devienne définitif. Cependant –⁠ je le dis humblement –, mon expérience m’a appris que les équipements temporaires étaient indispensables pour assurer une transition et résoudre des problèmes avant que des solutions définitives, en l’espèce des constructions pérennes, ne voient le jour. Autrement dit, il est important de laisser la possibilité d’un recours à des constructions temporaires car on ne peut construire des infrastructures lourdes dans des délais compatibles avec les urgences du moment. Voilà pourquoi je suis défavorable à votre amendement.

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis du gouvernement ?

    M. Manuel Valls, ministre d’État

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    Même avis.

    Mme la présidente

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    La parole est à Mme Estelle Youssouffa.

    Mme Estelle Youssouffa

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    Nous avons déjà eu cette discussion au moment de l’examen du projet de loi d’urgence pour Mayotte. Les services de l’État ont recours depuis plus de vingt à des installations modulaires pour répondre à différents besoins, par exemple la construction du rectorat, d’un hôpital ou d’une université. Ce type d’équipement est présent partout à Mayotte.
    Cette propension de l’État à recourir aux constructions modulaires nous inquiète car elle laisse penser que le modèle privilégié pour la reconstruction de Mayotte, ce sont les conteneurs. Ils sont peut-être formidables, incroyables, climatisés, comme nous le répètent tous ceux qui se livrent à un lobbying forcené. Le problème, c’est que l’on ne mentionne jamais la nécessité d’investir dans du concret, dans des bâtiments en dur, donc dans du solide.
    Le vite fait mal fait, nous n’en voulons pas –⁠ non merci. À Mayotte, on emploie le mot magnégné pour désigner ce travail de paresseux, ni fait ni à faire.
    On en revient toujours à la question de la crédibilité de l’action de l’État à Mayotte. Ce dernier a un tel passif et a vanté avec tant d’emphase les installations modulaires que cela a effrité toute la confiance que nous pouvions avoir dans sa volonté de reconstruire Mayotte avec des bâtiments solides, en dur.
    Je l’ai déjà dit : Mayotte n’est pas un laboratoire et nous ne sommes pas des cochons d’Inde. Nous ne voulons pas de conteneurs climatisés prétendument innovants. Construisons à l’ancienne, de façon classique, avec des briques et un toit. Cela nous conviendra parfaitement et, au moins, ce sera solide. Car je rappelle que les équipements modulaires installés, par exemple, dans nos collèges ont valdingué au moment du passage du cyclone. Ils ne sont plus là. Les bâtiments de ce type ne sont pas solides, ils ne tiendront pas lors du passage du prochain cyclone.

    Mme la présidente

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    La parole est à Mme Anchya Bamana.

    Mme Anchya Bamana

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    Je rejoins totalement les propos de notre collègue Estelle Youssouffa. En 2014, j’étais maire de la commune de Sada, qui compte 12 000 habitants. On nous a demandé de décliner à Mayotte, sans aucun moyen, la réforme relative aux rythmes scolaires : classes en rotation, aucune restauration scolaire prévue, absence de réfectoire et aucun personnel formé pour encadrer les enfants pendant la pause méridienne. On nous demande donc d’appliquer à Mayotte une règle édictée à Paris mais sans nous accorder les moyens dont dispose la capitale.
    Par ailleurs, j’avais totalement refusé d’installer des bâtiments modulaires. Si le gouvernement veut généraliser ce type de construction à Mayotte, c’est parce qu’il n’existe aucune réelle volonté de construire dans la durée car on n’est pas sûr d’avoir envie que Mayotte reste dans le giron français. Les Mahorais disent non à ces projets. (Applaudissements sur les bancs du groupe RN.)

    Mme la présidente

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    La parole est à Mme la présidente de la commission des affaires économiques.

    Mme Aurélie Trouvé, présidente de la commission des affaires économiques

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    Je précise que la commission des affaires économiques a été majoritairement favorable à l’article 21  bis qui vise à accélérer la construction de bâtiments temporaires pour répondre à l’urgence.
    Certes, des arguments ont été avancés contre une telle mesure. Des critiques ont été émises en matière d’environnement ou de mise en concurrence –⁠ il convient de se conformer au principe de publicité des marchés publics auquel on ne saurait déroger.
    Je précise d’ailleurs qu’une partie des amendements à venir visent à corriger certains points évoqués en commission des affaires économiques.

    Mme la présidente

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    Je mets aux voix l’amendement no 304.

    (Il est procédé au scrutin.)

    Mme la présidente

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    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        60
            Nombre de suffrages exprimés                59
            Majorité absolue                        30
                    Pour l’adoption                28
                    Contre                31

    (L’amendement no 304 n’est pas adopté.)

    Mme la présidente

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    La parole est à Mme Dominique Voynet, pour soutenir les amendements nos 605 et 604, qui peuvent faire l’objet d’une présentation groupée.

    Mme Dominique Voynet

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    J’entends avec beaucoup de sympathie les argumentations d’Estelle Youssouffa et Anchya Bamana s’agissant de la tentation de laisser perdurer bien trop longtemps des constructions modulaires. Je voudrais seulement leur dire que ce n’est pas une spécificité de Mayotte : dans une vie antérieure, j’étais maire d’une grande ville et, à l’hôpital, dans les écoles et en général pour les services publics, on y faisait usage de modulaires, parfois bien plus durablement qu’on ne l’avait imaginé d’abord, parce qu’on avait beaucoup de mal à piloter l’augmentation de la population (Mme Estelle Youssouffa s’exclame) et les réhabilitations d’équipements publics anciens qui n’avaient pas fait l’objet d’un entretien correct.
    J’en viens aux amendements nos 605 et 604, qui sont susceptibles de renforcer la réponse à vos préoccupations. Le premier d’entre eux prévoit que les constructions temporaires visées à l’article 21  bis « devront être conçues […] dans le respect des principes de réduction de l’impact environnemental » pour éviter d’accentuer encore « l’artificialisation des sols, [en] privilégiant l’utilisation de sites déjà urbanisés ou dégradés [et] le recours […] à des matériaux » de bonne qualité.
    Quant au second amendement, il prévoit que, dans la mesure du possible, ces équipements provisoires seront installés à proximité des structures existantes pour favoriser une synergie : il ne s’agit pas d’urbaniser de façon artificielle des filières supplémentaires, notamment celle de la formation professionnelle.

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis de la commission sur ces deux amendements ?

    M. Frantz Gumbs, rapporteur pour avis

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    Les règles de construction des marchés publics sont exactement les mêmes s’agissant des constructions en dur et des constructions temporaires. Je considère donc que ces amendements sont satisfaits et demande leur retrait, sans quoi mon avis sera défavorable.

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis du gouvernement ?

    M. Manuel Valls, ministre d’État

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    Même avis.

    Mme la présidente

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    La parole est à Mme Geneviève Darrieussecq.

    Mme Geneviève Darrieussecq

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    Je crois que nous devons faire avancer les choses pour les Mahorais dans de bonnes conditions et j’aimerais dans cet esprit vous faire part d’une considération technique. Il ne faut surtout pas accréditer l’idée que les constructions modulaires seraient des sous-constructions. Des recherches et des innovations très nombreuses ont été réalisées dans ce domaine et nous sommes à présent capables de construire des bâtiments modulaires tout à fait exemplaires, qui peuvent durer longtemps.
    Lorsque j’exerçais des responsabilités au ministère des armées, nous avons construit de nombreux bâtiments modulaires afin de fournir rapidement à des régiments des hébergements de qualité.
    Ce ne sont pas des sous-constructions, j’y insiste, car nous n’allons pas nous livrer à des sous-investissements à Mayotte. Voilà l’idée que je voulais défendre et qu’il va falloir partager avec les Mahorais : il s’agit d’aller vite et bien, pour eux.

    M. Aurélien Rousseau

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    Très bien !

    Mme la présidente

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    Sur l’amendement no 604, je suis saisie par le groupe Rassemblement national d’une demande de scrutin public.
    Le scrutin est annoncé dans l’enceinte de l’Assemblée nationale.
    La parole est à Mme Estelle Youssouffa.

    Mme Estelle Youssouffa

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    Les modulaires qui sont à Mayotte et que tout le monde est en train de nous vendre, nous les avons vus arriver. Nous les connaissons. Ce sont des conteneurs ou des pièces détachées de conteneurs…

    Mme Geneviève Darrieussecq

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    Mais non !

    Mme Estelle Youssouffa

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    …dont on nous dit qu’ils ont été récupérés, climatisés, isolés et juchés sur des pilotis avant d’être empilés les uns sur les autres.
    À Mayotte, ils nous sont très familiers : ce sont les établissements scolaires, certains collèges, une partie de l’hôpital –⁠ donc ça a été détruit –, une partie du rectorat –⁠ donc ça a été détruit – ou encore une partie des services de la préfecture –⁠ donc ça a été détruit. Nous n’ignorons pas le sujet.
    Puisque vous trouvez ces constructions modulaires si formidables, j’attends avec impatience qu’elles remplacent les bâtiments haussmanniens et que tout le monde s’en réjouisse ! Pourquoi, à Mayotte, la reconstruction devrait-elle consister dans l’empilement de conteneurs alors que, dans le reste du pays, on reconstruit en dur ? Pourquoi n’aurions-nous droit qu’à une reconstruction au rabais, fidèle à la devise : « Vite fait, mal fait » ?
    Personne ici, qu’il s’agisse de ma collègue Anchya Bamana ou de moi-même, ne vous a demandé d’aller vite : c’est vous qui avez toujours ce mot à la bouche. Personne à Mayotte ne vous le demande parce que nous préférons prendre notre temps et bien faire. Nous avons trop attendu pour qu’on nous vende une petite reconstruction en s’exclamant : « Allez, hop, hop, hop ! Vous allez tout avaler ! » Mayotte n’avalera pas n’importe quoi : nous n’accepterons pas la reconstruction en conteneurs que nous propose l’État pour y enfermer nos enfants, nos enseignants et tous les fonctionnaires pour lesquels nous avons demandé la construction de logements en dur.
    Les mêmes –⁠ nous les connaissons – iront ensuite manifester pour se plaindre du caractère insupportable des conditions de vie et de travail qui leur seront faites. Un seul exemple : Mayotte est une île tropicale, où ces conteneurs, alors qu’ils ne bénéficient pas d’une aération normale, doivent tous être climatisés. Or la capacité électrique requise pour ce faire n’existe pas.

    M. Philippe Vigier, rapporteur général

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    Et le photovoltaïque, ça sert à quoi ?

    Mme la présidente

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    La parole est à M. le rapporteur général.

    M. Philippe Vigier, rapporteur général

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    Je ne suis pas d’accord avec Mme Youssouffa. Sans affirmer qu’il s’agit d’une solution définitive, je veux seulement lui faire comprendre que, comme l’a très bien dit Geneviève Darrieussecq, quand il faut construire des hôpitaux de campagne en plein désert –⁠ j’en ai visité avec des ministres de la défense –, il est heureux que nous puissions faire usage de structures modulaires. Dans nos communes de l’Hexagone, lorsqu’il faut faire des travaux, que fait-on pendant quelques mois ? La même chose.
    Bien sûr, ces constructions ne doivent pas durer –⁠ nous sommes d’accord sur ce point – mais, entre rien et une structure d’accueil pour nos enfants, le choix est vite fait. Ne me dites pas qu’il n’est pas possible de climatiser et d’avoir recours à des solutions alternatives. Je vous invite à venir constater ce que nous sommes capables de faire. En tout cas, entre faire et ne rien faire, il faut choisir. En l’occurrence, nous choisissons de faire.

    (L’amendement no 605 est adopté.)

    Mme la présidente

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    Je mets aux voix l’amendement no 604.

    (Il est procédé au scrutin.)

    Mme la présidente

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    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        58
            Nombre de suffrages exprimés                53
            Majorité absolue                        27
                    Pour l’adoption                41
                    Contre                12

    (L’amendement no 604 est adopté.)

    (L’article 21  bis, amendé, est adopté.)

    Après l’article 21  bis

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Jean-Hugues Ratenon, pour soutenir l’amendement no 184 portant article additionnel après l’article 21  bis.

    M. Jean-Hugues Ratenon

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    Cet amendement tend à garantir la transparence des marchés publics à Mayotte ainsi que la rapidité de la procédure de mise en concurrence. Les dérogations proposées par le gouvernement, qui autorisent à ne procéder à aucune publicité, risque d’introduire de l’opacité et de miner la confiance dans les institutions. Nous proposons de maintenir la publicité des marchés, mais en réduisant le délai de mise en concurrence préalable à sept jours. Cela permet de concilier l’efficacité avec le respect des trois principes fondamentaux des marchés publics : l’égalité de traitement, la transparence et la liberté d’accès à la commande publique. Cet amendement répond ainsi aux besoins urgents tout en évitant le risque de dérives liées à un manque de transparence.

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis de la commission ?

    M. Frantz Gumbs, rapporteur pour avis

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    Cet amendement vise à revenir sur la dérogation à l’obligation de publicité et à instaurer un délai de mise en concurrence préalable de sept jours. S’il est vrai que l’obligation de publicité et de mise en concurrence préalables découle de principes constitutionnels, le législateur peut prévoir des dérogations, notamment en cas d’urgence impérieuse résultant de circonstances extérieures. L’article 17 de la loi d’urgence pour Mayotte prévoit ainsi une dérogation aux principes de publicité et de mise en concurrence préalables. L’objectif général du présent texte est d’accélérer la passation des marchés de travaux visant à reconstruire Mayotte, en gagnant en moyenne quatre semaines pour la conclusion d’un marché public. Mon avis sur votre amendement est défavorable car il prolonge les procédures en vigueur en matière de passation de marchés publics.

    (L’amendement no 184, repoussé par le gouvernement, n’est pas adopté.)

    Mme la présidente

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    Sur l’amendement no 648, je suis saisie par le groupe Rassemblement national d’une demande de scrutin public.
    Le scrutin est annoncé dans l’enceinte de l’Assemblée nationale.
    La parole est à M. le ministre d’État, pour soutenir l’amendement no 648.

    M. Manuel Valls, ministre d’État

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    Cet amendement vise à ratifier les deux ordonnances du 23 mai dernier, l’une relative à la transformation de l’établissement public foncier et d’aménagement de Mayotte ; l’autre portant diverses mesures d’adaptations et de dérogations temporaires aux règles de construction à Mayotte afin d’accélérer sa reconstruction à la suite du passage du cyclone Chido.
    Par la première ordonnance, le Gouvernement a souhaité apporter une réponse forte, intégrée et lisible. La reconstruction du territoire requiert une action rapide, cohérente et interministérielle, qui associe l’ensemble des acteurs publics et privés. Cette ordonnance vise à répondre à cet impératif en dotant le territoire d’un opérateur unique chargé de coordonner la reconstruction. Cette transformation lui adjoint une mission transversale de coordination, de maîtrise d’ouvrage ou d’assistance à maîtrise d’ouvrage, ainsi qu’un rôle de garant de la bonne exécution des opérations. L’ordonnance permet également d’adapter la gouvernance de l’établissement à ses nouvelles responsabilités.
    La seconde ordonnance prévoit pour sa part des dérogations ciblées aux règles du code de la construction et de l’habitation. Ces dérogations temporaires –⁠ j’y insiste – visent à faciliter la reconstruction des bâtiments endommagés ou détruits par les événements climatiques survenus entre le 13 décembre 2024 et le 13 mai 2025, sans compromettre la sécurité et les exigences sanitaires essentielles. Elles s’appliquent aux opérations de reconstruction et de réhabilitation des bâtiments endommagés ou détruits par les événements climatiques susmentionnés, dès lors que les demandes d’autorisation afférentes auront été déposées avant le 24 février 2027. J’insiste sur le fait que ces dérogations sont strictement encadrées dans le temps et dans leur portée afin de garantir la sécurité, la salubrité et la dignité des conditions de vie, tout en tenant compte des contraintes propres au territoire de Mayotte et de l’urgence de reconstruire. Elles visent à simplifier les démarches et à réduire le coût des opérations de reconstruction.

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis de la commission ?

    M. Frantz Gumbs, rapporteur pour avis

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    Ces ordonnances vont précisément dans le sens de l’esprit général du présent texte. J’y suis très favorable.

    Mme la présidente

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    Je mets aux voix l’amendement no 648.

    (Il est procédé au scrutin.)

    Mme la présidente

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    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        55
            Nombre de suffrages exprimés                51
            Majorité absolue                        26
                    Pour l’adoption                41
                    Contre                10

    (L’amendement no 648 est adopté.)

    Article 21  ter

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Hervé de Lépinau.

    M. Hervé de Lépinau

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    Vous voyez bien, monsieur le rapporteur général, que nous votons des amendements du gouvernement pour accélérer les choses !
    Cet article est issu d’un amendement que nous avons fait voter en commission des affaires économiques et qui permet, une fois de plus, de remettre les choses en ordre. Nous pouvons tous nous accorder sur le fait que Mayotte en est à son année zéro puisque la puissance de destruction du cyclone Chido a été telle qu’il faut pratiquement tout reprendre. Et, puisque l’on reprend tout, il faut tirer des enseignements du passé afin de mieux construire pour l’avenir.
    C’est pourquoi, par cet article, nous avons demandé au gouvernement de remettre au Parlement un rapport relatif à un appel à projets visant à repenser la construction à Mayotte en tenant compte de l’innovation. L’innovation est en effet essentielle pour progresser à l’avenir : si l’habitat est mieux adapté aux risques cycloniques et sismiques, nous n’aurons plus à faire face aux drames vécus par des personnes qui auront vu leur lieu d’habitation totalement détruit, nous ne verrons plus de blessés du fait de l’effondrement de l’habitat et, surtout, nous n’aurons plus à faire face aux problèmes indemnitaires du fait desquels, en dépit des nombreuses annonces faites à Mayotte, la reconstruction ne se fait pas.
    C’est pourquoi la jeunesse liée à l’innovation est une excellente chose. À cet égard, monsieur le rapporteur, je vous redis très simplement que je ne comprends pas pourquoi vous avez déposé un amendement de suppression.
    Il faut au contraire saisir l’occasion de ces drames pour que, le coup d’après, les effets soient moindres. Vous m’avez demandé, monsieur le rapporteur, pourquoi limiter ce rapport à Mayotte et ne pas l’étendre à Saint-Martin, à la Guadeloupe ou à La Réunion. Il n’y aura aucune difficulté à s’inspirer des travaux portant sur ce dispositif d’appel à projets pour que l’habitat soit amélioré aussi dans les territoires d’outre-mer que je viens d’indiquer. C’est la raison pour laquelle je demande de voter contre cet amendement de suppression.

    Mme la présidente

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    Sur l’article 21  ter, je suis saisi par le groupe Rassemblement national d’une demande de scrutin public.
    Le scrutin est annoncé dans l’enceinte de l’Assemblée nationale.
    La parole est à M. le rapporteur pour avis, pour soutenir l’amendement no 94 tendant à la suppression de l’article.

    M. Frantz Gumbs, rapporteur pour avis

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    Le lancement d’un appel à projets innovants est bien sûr une idée très positive mais, dans un premier temps, je pensais qu’il fallait un autre véhicule législatif que le présent texte pour pouvoir appliquer ce dispositif à l’ensemble des territoires outre-mer, mais vous venez de nous expliquer qu’il avait vocation à s’y appliquer aussi et, par conséquent, je retire –⁠ par extraordinaire – mon amendement de suppression. (Applaudissements sur les bancs du groupe RN. –⁠ Mmes Maud Petit et Estelle Youssouffa, ainsi que M. Éric Martineau applaudissent également.)

    M. Hervé de Lépinau

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    Je vous remercie, monsieur le rapporteur.

    (L’amendement no 94 est retiré.)

    Mme la présidente

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    Je mets aux voix l’article 21  ter.

    (Il est procédé au scrutin.)

    Mme la présidente

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    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        50
            Nombre de suffrages exprimés                40
            Majorité absolue                        21
                    Pour l’adoption                40
                    Contre                0

    (L’article 21  ter est adopté.)

    Article 24

    (L’article 24 est adopté.)

    Après l’article 24

    Mme la présidente

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    Sur l’amendement no 697 rectifié, je suis saisie par le groupe Rassemblement national d’une demande de scrutin public.
    Le scrutin est annoncé dans l’enceinte de l’Assemblée nationale.
    La parole est à M. le rapporteur pour avis, pour le soutenir.

    M. Frantz Gumbs, rapporteur pour avis

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    Cet amendement vise à créer un comité régional des pêches et des élevages marins à Mayotte lorsque le territoire sera prêt à organiser des élections professionnelles et à créer ce comité. En effet, les pêcheurs professionnels, actuellement représentés au sein de la chambre d’agriculture, de la pêche et de l’aquaculture de Mayotte, ont exprimé le souhait de pouvoir se faire représenter par un comité régional des pêches dès que possible afin de mieux organiser leur profession et de se voir mieux représentés. Je suis tout à fait favorable à la création de ce comité.

    M. Philippe Vigier, rapporteur général

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    Très bien !

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis du gouvernement ?

    M. Manuel Valls, ministre d’État

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    Favorable.

    Mme la présidente

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    Je mets aux voix l’amendement no 697 rectifié.

    (Il est procédé au scrutin.)

    Mme la présidente

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    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        52
            Nombre de suffrages exprimés                50
            Majorité absolue                        26
                    Pour l’adoption                49
                    Contre                1

    (L’amendement no 697 rectifié est adopté.)

    M. Manuel Valls, ministre d’État

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    Qui a voté contre ? Il a dû se tromper ! (Sourires.)

    Mme la présidente

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    Cela peut arriver en effet… mais pas toujours.

    Article 23 (appelé par priorité)

    Mme la présidente

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    La parole est à Mme Estelle Youssouffa.

    Mme Estelle Youssouffa

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    La question des quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV) est très importante pour Mayotte. Elle l’était déjà avant le passage du cyclone, elle est désormais vitale. La fausse bonne nouvelle annoncée par le gouvernement, c’est de placer toute l’île sous le dispositif QPV mais sans avoir augmenté l’enveloppe correspondante. Or Mayotte était déjà largement sous-dotée avec une enveloppe par habitant avoisinant 15 euros, contre 90 euros environ à La Réunion et le triple dans l’Hexagone. L’enveloppe par habitant, à Mayotte, va donc mécaniquement diminuer. Nous avons tenté en vain d’alerter le gouvernement sur cette injustice. J’espère que le ministre va prendre position parce que, sinon, des quartiers prioritaires de la ville pour tout Mayotte, c’est juste de la poudre de perlimpinpin.

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Jean-Hugues Ratenon, pour soutenir l’amendement no 193.

    M. Jean-Hugues Ratenon

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    Nous voulons adapter la dotation budgétaire à chaque commune selon ses enjeux propres et cruciaux pour garantir l’équité et l’efficacité de l’action publique. En effet, chaque commune présente des réalités différentes qu’il s’agisse de sa population, de sa situation économique et sociale. Une répartition uniforme des moyens ne tient pas compte de ces disparités et risque d’accentuer les inégalités entre territoires, notamment entre communes urbaines et communes rurales. Au contraire, ajuster les dotations permettrait de répondre de façon adaptée aux défis spécifiques de chaque commune et d’assurer la cohésion sociale et territoriale. La répartition de la dotation pourra bien évidemment faire l’objet d’un réexamen au regard des résultats issus des enquêtes de recensement prévues par l’article 14 du présent projet de loi.

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis de la commission ?

    M. Frantz Gumbs, rapporteur pour avis

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    Il est vrai qu’en étendant à toute l’île, le dispositif des quartiers prioritaires de la ville, il faudrait en même temps augmenter les dotations.

    Mme Mathilde Feld

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    Ben oui !

    M. Frantz Gumbs, rapporteur pour avis

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    Mais votre amendement créerait par principe des charges. Je ne pense pas que cela soit possible, même si je comprends parfaitement qu’il serait nécessaire d’augmenter les dotations pour les quartiers prioritaires de la ville. Je considère par conséquent qu’il s’agit d’un amendement d’appel et je vous demanderai de le retirer. Je rappelle qu’il n’aurait de toute façon aucun effet budgétaire si nous l’adoptions, mais le montant de la dotation budgétaire en faveur de Mayotte au titre de la politique de la ville mérite vraiment d’être débattu. Si vous ne retirez pas votre amendement, j’émettrai un avis défavorable.

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis du gouvernement ?

    M. Manuel Valls, ministre d’État

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    Même avis.

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Yoann Gillet.

    M. Yoann Gillet

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    Les députés du groupe Rassemblement national soutiendront cet article pour que chaque commune de Mayotte soit considérée comme un QPV. Cela nous paraît essentiel mais s’il n’y a pas les moyens en face, c’est-à-dire pas d’augmentation des crédits de fonctionnement et d’investissement, cette mesure n’aura évidemment aucun sens. Il y a néanmoins des raisons à classer l’ensemble de l’île en QPV : je pense aux exonérations fiscales, notamment s’agissant de la cotisation foncière des entreprises (CFE), et aux exonérations de cotisations sociales pour les créateurs d’entreprise, ainsi qu’aux accompagnements spécialisés pour différents programmes. Mais nous serons très vigilants, monsieur le ministre, au moment notamment de l’examen du projet de loi de finances pour 2026 : nous ne lâcherons rien et nous vous rappellerons vos engagements.

    M. Charles Sitzenstuhl

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    De toute façon, vous ne voterez pas le PLF !

    M. Hervé de Lépinau

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    Ce sera le 49.3 !

    Mme la présidente

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    La parole est à Mme Dominique Voynet.

    Mme Dominique Voynet

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    Je trouve cet article très important parce qu’il réaffirme très fortement que la reconstruction de Mayotte, ce n’est pas seulement des bâtiments, mais aussi des gens, des dynamiques sociales et des activités économiques, et qu’il va falloir les déployer sur l’ensemble du territoire. Évidemment, si on est très pessimiste et qu’on voit surtout les verres à moitié vides, on se dit qu’il s’agit de partager la pénurie ; si on est optimiste, on se dit qu’il s’agit de monter des projets avec les habitants, avec les acteurs économiques et avec les élus pour recréer des dynamiques territoriales. Je ne vous cache pas, monsieur Ratenon, que j’aurais préféré que la répartition des crédits ne se fasse pas uniquement à l’échelle des communes, mais qu’on prenne aussi en compte les intercommunalités. Dans certaines parties du territoire, elles ont dorénavant une vie réelle –⁠ après des années où elles se sont cherchées. C’est dans une certaine mesure l’objet des trois amendements qui suivent, de M. Fournier, et que je défendrai, en soutien à cet article.

    Mme la présidente

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    La parole est à M. le ministre d’État.

    M. Manuel Valls, ministre d’État

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    C’est évidemment un sujet important. Je rappelle que le gouvernement souhaite étendre à Mayotte les actions pouvant être menées au titre du programme 147, Politique de la ville. La ministre déléguée chargée de la ville, Mme Méadel, a obtenu 1 million d’euros supplémentaires pour la loi de finances initiale pour 2025, ce qui a porté l’enveloppe à 5,59 millions d’euros. Je précise que cette délégation complémentaire ne s’est pas faite au détriment des autres territoires ultramarins. Cette augmentation reste, soyons honnêtes, modeste par rapport aux besoins des QPV outre-mer, mais la ministre est très impliquée.
    Pour 2026, les crédits nécessaires pour Mayotte sont en cours d’évaluation. Le montant qui sera proposé au Parlement tiendra évidemment compte de l’élaboration des contrats de ville qui s’appliqueront sur la période 2026-2030. Des engagements s’ensuivront avant le débat sur la loi de finances, mais faisons attention : l’amendement proposé mettrait en cause le travail accompli localement. Laissons travailler à ce stade les élus avec le représentant de l’État sur ces sujets. La ministre souhaite d’ailleurs se rendre rapidement à Mayotte et j’espère pouvoir l’accompagner. C’est pour ces raisons que j’ai émis un avis défavorable à cet amendement.

    (L’amendement no 193 n’est pas adopté.)

    Mme la présidente

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    La parole est à Mme Dominique Voynet, pour soutenir les amendements nos 607, 608 et 609, qui peuvent faire l’objet d’une présentation groupée.

    Mme Dominique Voynet

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    Dans la logique de mon intervention précédente, ils précisent quelques-unes des ambitions des contrats de ville. L’amendement no 607 indique qu’ils soutiennent « la création et le développement de secteurs d’activité concourant à la transition écologique, notamment dans les domaines de l’agriculture durable et de la pêche, de la gestion des déchets, des énergies renouvelables, du tourisme durable et de l’économie circulaire ». Il s’agit de respecter l’esprit des contrats de ville et de la politique de la ville pour en faire des leviers de développement durable et d’emploi local. Les amendements nos 608 et 609 prévoient, toujours dans l’esprit toujours des contrats de ville et de la politique de la ville, « des modalités renforcées d’association des habitants » : on ne fait pas sans eux ni à leur place, ils doivent être largement associés aux politiques qui les concernent au niveau local.

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis de la commission sur ces trois amendements ?

    M. Frantz Gumbs, rapporteur pour avis

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    Les contrats de ville devraient faire l’objet de délibérations d’ici à la fin de l’année 2025 par les communes concernées. Ils sont négociés entre les services de l’État et les différentes communes de Mayotte, et je pense qu’il faut veiller à ce que les besoins du territoire soient pris en compte sans imposer tel ou tel axe à partir de Paris, en tout cas sans l’imposer par la loi.
    Par ailleurs, le développement de l’économie sociale et solidaire promu par le premier amendement peut être pertinent, mais le soutien à la pêche…

    Mme Dominique Voynet

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    Pas seulement.

    M. Frantz Gumbs, rapporteur pour avis

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    Je sais. Mais le soutien à la pêche, à l’agriculture, aux énergies renouvelables et au traitement des déchets relève surtout du soutien aux filières économiques et pas vraiment de la politique de la ville. Pour toutes ces raisons, je suis défavorable à cet amendement et, dans le même esprit, aux deux autres.

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis du gouvernement ?

    M. Manuel Valls, ministre d’État

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    Même avis.

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Yoann Gillet.

    M. Yoann Gillet

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    Pourquoi ne pas faire confiance aux Mahorais et à leurs élus locaux ? Quel traumatisme, madame Voynet, avez-vous subi au cours votre expérience à Mayotte ? Je ne suis malheureusement pas très étonné que vous souhaitiez décider à la place des élus locaux qui sont chargés, avec l’État, de coconstruire des contrats de ville, alors même que c’est bien aux élus mahorais de décider pour leur avenir. Il faut arrêter tout de même avec cet état d’esprit et ne plus vouloir tout contrôler pour tout le monde. On sait que ce sont sans doute les restes de votre expérience de quelque temps à Mayotte, les restes de cette époque où vous étiez directrice de l’agence régionale de santé, sachant que les méthodes de l’ARS peuvent consister à vouloir décider pour tout le monde sans prendre en compte les configurations locales.

    M. Benoît Biteau

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    Arrêtez ! ça n’a rien à voir !

    M. Yoann Gillet

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    La vérité, c’est qu’il y a des élus locaux à Mayotte et qu’ils connaissent leur territoire, qu’il y a des acteurs associatifs engagés dans la coconstruction des contrats de ville et qu’il y a les services de l’État qui savent également travailler avec les locaux sur ces sujets. Laissez-les tranquilles. Foutez-leur la paix.

    M. Benoît Biteau

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    Vous aussi, foutez-nous la paix !

    Mme la présidente

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    La parole est à Mme Estelle Youssouffa.

    Mme Estelle Youssouffa

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    Depuis 2014, la dotation de la politique de la ville se situe entre 11 et 15 euros par habitant à Mayotte. Elle atteint 78 euros par habitant en Martinique et 140 euros en Île-de-France. Le passage de trente-six quartiers prioritaires à cinquante a été annoncé, mais avec la même enveloppe. Mécaniquement, je l’ai dit tout à l’heure, cela signifie que le budget pour chaque quartier prioritaire de Mayotte baissera. De plus, la politique de la ville est fondée sur le recensement de 2020. Au minimum, monsieur le ministre, je vous demande de prendre l’engagement que les nouveaux contrats soient passés sur la base du futur recensement dont nous avons voté l’organisation. Cela permettrait au moins d’avoir des données à jour. Je souhaite aussi que vous vous engagiez à ce que la dotation par habitant soit portée au moins à la hauteur de celle des autres territoires ultramarins.

    Mme la présidente

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    Sur l’article 23, je suis saisie par le groupe Rassemblement national d’une demande de scrutin public.
    Le scrutin est annoncé dans l’enceinte de l’Assemblée nationale.
    La parole est à M. Philippe Naillet, avant que je ne la donne à Mme Dominique Voynet qui, sinon, fera un rappel au règlement.

    M. Philippe Naillet

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    Une fois n’est pas coutume, je vais aller dans le même sens que Mme Youssouffa. Si de quarante-deux à quarante-quatre quartiers de Mayotte regroupant 75 % de la population entrent dans le dispositif QPV, il faut que les moyens suivent. Je me réjouis du million d’euros supplémentaire annoncé par M. le ministre d’État pour le programme 147 mais chacun comprend bien qu’il ne sera pas suffisant.

    M. Manuel Valls, ministre d’État

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    C’est ce que j’ai dit !

    M. Philippe Naillet

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    Je rappelle que le dispositif QPV inclut les contrats de ville mais aussi les programmes de renouvellement urbain, un des objectifs que nous devons nous fixer pour Mayotte. Son application entraîne aussi la présence sur le terrain d’adultes relais rémunérés par l’État. Si nous voulons vraiment transformer les choses, prendre en considération les besoins des quartiers prioritaires –⁠ à savoir ce qui touche au développement humain –, il faut y mettre durablement les moyens.

    Mme Estelle Youssouffa

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    Absolument !

    Mme la présidente

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    La parole est à Mme Dominique Voynet, que je prie d’être concise.

    Mme Dominique Voynet

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    Je le serai car l’intervention de M. Gillet ne mérite pas de longs développements. (M. Emeric Salmon soupire bruyamment.) Alors même que nous avons à maintes reprises évoqué les difficultés des communes mahoraises, je suis étonnée d’entendre des commentaires de la nature des siens, qui cherchent à discréditer des amendements dont le but est de mieux associer les habitants aux politiques les concernant. En effet, beaucoup de Mahorais ne parlent pas bien le français ou vivent de façon isolée, en dehors des réseaux qui leur permettraient de comprendre les actions montées sur le terrain. Je ne comprends donc pas qu’on s’oppose à la volonté de mieux associer les habitants à l’élaboration, l’application et le suivi des politiques de la ville et des quartiers prioritaires.

    M. Davy Rimane

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    Moi non plus !

    (Les amendements nos 607, 608 et 609, successivement mis aux voix, ne sont pas adoptés.)

    Mme la présidente

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    Je mets aux voix l’article 23.

    (Il est procédé au scrutin.)

    Mme la présidente

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    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        41
            Nombre de suffrages exprimés                41
            Majorité absolue                        21
                    Pour l’adoption                41
                    Contre                0

    (L’article 23 est adopté.)

    Mme la présidente

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    La suite de la discussion est renvoyée à la prochaine séance.

    2. Ordre du jour de la prochaine séance

    Mme la présidente

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    Prochaine séance, cet après-midi, à quinze heures :
    Suite de la discussion du projet de loi de programmation pour la refondation de Mayotte et du projet de loi organique relatif au département-région de Mayotte.
    La séance est levée.

    (La séance est levée à treize heures cinq.)

    Le directeur des comptes rendus
    Serge Ezdra