Première séance du mercredi 09 juillet 2025
- Présidence de Mme Nadège Abomangoli
- 1. Programmation pour la refondation de Mayotte - Département-région de Mayotte
- 2. Statut de l’élu local
- Discussion des articles (suite)
- Après l’article 5
- Article 5 bis
- Article 6 bis (article soumis à la procédure de législation en commission)
- Après l’article 6
- Amendement no 532
- Article 7 (article soumis à la procédure de législation en commission)
- Après l’article 7
- Article 7 bis
- Amendements nos 48, 87, 219, 232 et 263, 397, 446, 789
- Article 7 ter
- Amendement no 813
- Article 8 A
- Suspension et reprise de la séance
- Article 8 B
- Amendement no 460
- Article 8
- Après l’article 8
- Amendement no 435
- Article 8 bis
- Amendement no 843
- Après l’article 8 bis
- Suspension et reprise de la séance
- Article 9
- Amendements nos 838 rectifié, 762 rectifié et 698
- Après l’article 9
- Amendement no 672
- Article 9 bis
- Après l’article 9 bis
- Amendement no 566
- Article 10
- Après l’article 10
- Amendement no 700
- Article 11
- Article 11 bis
- Article 12
- Après l’article 12
- Discussion des articles (suite)
- 3. Ordre du jour de la prochaine séance
Présidence de Mme Nadège Abomangoli
vice-présidente
Mme la présidente
La séance est ouverte.
(La séance est ouverte à quinze heures.)
1.
Programmation pour la refondation de Mayotte
-
Département-région de Mayotte
Commissions mixtes paritaires
Mme la présidente
L’ordre du jour appelle la discussion, sur le rapport des commissions mixtes paritaires, du projet de loi de programmation pour la refondation de Mayotte (no 1681 rectifié) et du projet de loi organique relatif au département-région de Mayotte (no 1682).
La conférence des présidents a décidé que ces deux textes donneraient lieu à une discussion générale commune.
Présentation commune
Mme la présidente
La parole est à M. Philippe Vigier, rapporteur des commissions mixtes paritaires.
M. Philippe Vigier, rapporteur des commissions mixtes paritaires
Vous me permettrez d’avoir d’abord une pensée pour notre collègue Olivier Marleix, qui siégeait avec nous pendant l’examen de ce texte en commission des lois, où il a été très actif. C’était un voisin de circonscription, et un compagnon de route depuis vingt-cinq ans. Je tenais simplement à lui adresser une pensée affectueuse, ainsi qu’à ses proches.
Avec ces projets de loi, c’est la deuxième fois que nous nous retrouvons en 2025 pour un rendez-vous fondamental pour Mayotte, afin de permettre à l’île de répondre enfin aux nombreux défis auxquels elle fait face.
Les enjeux de Mayotte, chacun les connaît bien : pauvreté, insécurité, immigration, enjeux socio-économiques très forts, mais aussi géostratégiques, puisque Mayotte est située au cœur de l’océan Indien, à proximité d’États influents qui considèrent cette zone comme fragile.
Les textes dont nous débattons sont donc puissants, et je tiens à saluer votre écoute, monsieur le ministre d’État, tout au long de leur construction. Je remercie également nos collègues sénateurs, les députés ici présents, et toutes les équipes qui se sont mobilisées pour nous permettre d’apporter une réponse à la hauteur à Mayotte.
Le dispositif législatif est original, structuré autour de quatre piliers, bien identifiés par tous. Le premier est institutionnel : faire de ce département une région à part entière, comme c’est le cas pour les autres territoires ultramarins.
Le deuxième, économique et social, porte sur la convergence tant attendue depuis le statut départemental de 2011. Sur ce point, nous sommes au rendez-vous, et pas uniquement par le biais d’ordonnances. Grâce au travail parlementaire, le smic sera porté à 87,5 % de celui de l’Hexagone dès le 1er janvier 2026. Ce pilier intègre aussi l’accompagnement des entreprises, par le biais d’exonérations de charges sociales plus puissantes et l’application, enfin, de la fameuse loi du 27 mai 2009 pour le développement économique des outre-mer (Lodeom), jusqu’ici inappliquée à Mayotte.
Le troisième pilier, très important, concerne l’immigration. La moitié de la population de Mayotte n’est pas mahoraise ; elle vient principalement des Comores, mais aussi de la région des Grands Lacs. Pour répondre à cette situation, nous mettons en place ce rideau de fer et des moyens nouveaux. Au lendemain de Chido, monsieur le ministre d’État, vous avez apporté une première réponse avec un volet très puissant en matière de lutte contre l’immigration, facteur de désordres sur le plan du logement, de la sécurité, de fragilités économiques et sociales ou pour l’accès aux services publics.
Le quatrième pilier, c’est l’investissement. Mayotte souffre depuis trop longtemps de retards structurels, dus à des erreurs collectives. L’État n’a pas toujours été au rendez-vous, les collectivités non plus. Ce sont désormais 4 milliards d’euros qui seront investis d’ici 2031. Peu de territoires ont bénéficié d’un tel effort financier. Le rapport annexé retrace l’ensemble de ces engagements : un grand port maritime – enfin –, un nouvel aéroport – arlésienne depuis vingt ans – et des équipements structurants dans les domaines de la santé, de la sécurité et de la justice. Monsieur le ministre, vous avez également accompagné la création d’un établissement public, outil puissant qui permettra de concrétiser ces investissements tant espérés.
Bien sûr, cette copie n’est pas parfaite et une difficulté subsiste autour de l’article 19, les élus – parlementaires comme élus locaux – l’ont exprimé. Nous les avons écoutés. Cet article visait à régler le désordre cadastral. Nous le savons, sans maîtrise cadastrale, on risque des lenteurs et il n’y aura pas d’équipements structurants. Certains collègues nous ont rassurés hier en commission mixte paritaire en affirmant que cela ne poserait pas de difficulté pour le nouvel hôpital puisque nous disposons de la maîtrise foncière. Je le souhaite de tout cœur.
Nous ne sommes pas dans une logique de coercition, mais dans une démarche de confiance avec les habitants de Mayotte, pour leur montrer que l’État sait répondre aux urgences. Il l’a fait en janvier ; il le fait à nouveau avec ces projets de loi puissants, comme il l’avait fait face à la crise de l’eau.
En effet, à Mayotte, à l’heure où je vous parle, des tours d’eau ont toujours lieu ; 10 000 enfants ne sont pas scolarisés ; on peut avoir un grand cœur, mais n’oublions pas que la moitié de la population est en situation irrégulière.
Le projet de loi de programmation pour la refondation de Mayotte est un texte d’avenir. Il affirme que la République française n’oubliera pas Mayotte, qui a maintes fois exprimé son attachement à la France, l’ayant confirmé lors de référendums, avec des scores remarquables.
C’est avec fierté que j’ai été rapporteur de ce texte, qui incarne un chemin d’équilibre et d’écoute. Et ce n’est pas terminé : mesdames et messieurs les parlementaires, il ne va pas nous échapper. Un comité de suivi est prévu, auquel nous participerons – monsieur le ministre, merci de nous avoir permis d’y être associés. Nous serons également associés à la rédaction des ordonnances, notamment celles traitant de la convergence sociale. (Applaudissements sur les bancs des groupes Dem et EPR.)
M. Olivier Falorni
Excellent ! On sent la maîtrise du dossier !
Mme la présidente
La parole est à M. le ministre d’État, ministre des outre-mer.
M. Manuel Valls, ministre d’État, ministre des outre-mer
L’acte que l’Assemblée nationale s’apprête, je l’espère, à accomplir aujourd’hui est crucial. Et pour ne pas tomber dans l’emphase, disons-le simplement : il est historique. Depuis plus de six mois, j’ai eu l’occasion de le rappeler ici, à cette tribune, en tant que ministre des outre-mer, j’ai – nous avons – fait de la situation à Mayotte, meurtrie par le cyclone Chido, une priorité absolue.
J’ai déjà évoqué devant vous, à de nombreuses reprises, l’engagement total du gouvernement dans la gestion de crise, dans le lancement de la reconstruction – vous l’avez souligné, cher Philippe Vigier – et, désormais, dans la refondation de Mayotte.
Non seulement l’État n’a pas abandonné ce territoire, mais il a refusé de se limiter à une réponse immédiate. Il a choisi d’aller plus loin, de franchir une étape décisive pour l’archipel : une étape vers une protection renforcée des Mahorais, vers l’égalité réelle, vers un développement concret, puissant du territoire, au service de la population.
Cet engagement, nous le devons à Mayotte et à ses habitants, liés de manière indéfectible à la France. Tant de fois, ils ont manifesté leur attachement à notre pays – à leur pays –, depuis les référendums actant leur maintien dans la République jusqu’à celui relatif à la départementalisation.
Nous le leur devons, car, malgré tout le chemin parcouru, malgré les nombreux plans et les améliorations notables, nos compatriotes mahorais expriment encore souvent un sentiment d’abandon, de doute, de scepticisme face à de nouveaux engagements. Et cela, le cyclone l’a révélé de manière criante. Ce qui se joue à Mayotte dépasse la réalité de l’archipel : il s’agit de restaurer la crédibilité de la parole publique ; il s’agit de rebâtir le lien de confiance entre les habitants de ce territoire et l’État.
À l’heure où des ingérences étrangères cherchent à déstabiliser la République, il est plus que jamais nécessaire d’agir et de concrétiser la promesse républicaine à Mayotte. En présentant ces projets de loi à la fin du mois d’avril 2025, le gouvernement proposait au Parlement un dispositif important et ambitieux.
Je pense aux nombreuses mesures contre l’immigration clandestine et l’habitat illégal, rapportées notamment par votre rapporteur pour avis Frantz Gumbs ; aux articles renforçant le contrôle des armes ; au principe de l’accélération de la convergence sociale par ordonnance, en vue d’une effectivité au plus tard en 2031. Depuis la départementalisation, c’est la première fois qu’un gouvernement inscrit la convergence sociale dans la loi ; c’est un effort inédit, massif, à la hauteur de l’impératif de justice et d’égalité.
Je pense aussi à la mise en place d’une zone franche globale, dont nous avons parlé avec Charles de Courson, autre rapporteur pour avis ; aux mesures d’accompagnement de la jeunesse mahoraise ; aux dispositifs visant à renforcer l’attractivité du territoire pour les fonctionnaires – un défi qui reste à relever ; à la transformation du département en département-région, collectivité qu’il va falloir accompagner en termes d’ingénierie et de logistique, et à la révision du mode de scrutin. Je pense enfin, évidemment, aux engagements nouveaux que comporte le rapport annexé et aux investissements qu’il prévoit.
Même si elle a été jugée insuffisante par certains au regard de leurs exigences, nous avons mené une concertation étroite, réelle, avec le conseil départemental, les maires et les forces vives mahoraises, tandis qu’ici, vos collègues Estelle Youssouffa et Anchya Bamana se sont pleinement impliquées dans le débat – nous connaissons leur engagement exigeant.
Au cours des deux derniers mois, le Parlement s’est emparé de ce texte et en a progressivement renforcé l’ambition. Grâce à l’engagement des députés et des sénateurs, il est désormais, et j’en remercie l’ensemble d’entre vous, plus solide et plus puissant. À l’initiative unanime de vos rapporteurs, la décision d’abroger le titre de séjour territorialisé au 1er janvier 2030 a été prise. Je salue Philippe Gosselin, également rapporteur, qui est loin et que j’ai eu au téléphone. Je voudrais également avoir une pensée pour Olivier Marleix, que je connaissais bien, que je respectais et qui avait participé à nos débats.
À l’initiative du rapporteur général Philippe Vigier et d’Agnès Firmin Le Bodo, rapporteure, de nombreuses mesures de convergence sociale ont été directement inscrites dans le texte. Le projet qui vous est soumis prévoit une première étape ambitieuse de rapprochement du niveau du smic net au 1er janvier 2026 et un accompagnement des entreprises, ainsi qu’un déploiement de la protection universelle maladie (Puma) et un allègement des démarches d’attribution de la complémentaire santé solidaire (C2S).
Toujours à l’initiative de Philippe Vigier, vous avez acté la transformation du port de Longoni en grand port maritime. À l’initiative du gouvernement, les 3 milliards d’euros d’investissements prévus pour les six prochaines années ont été portés à 4 milliards.
Dans un contexte politique difficile, dans lequel il n’est pas toujours évident de trouver du sens, il faut mesurer l’engagement de ce gouvernement pour Mayotte depuis plus de six mois : 500 millions d’euros de dépenses d’urgence engagés entre décembre et janvier ; des dizaines de millions d’euros pour accompagner les collectivités, aider la filière agricole, soutenir les entreprises – même si leurs attentes vont bien au-delà –, mais aussi les salariés, avec l’activité partielle, ou encore pour lancer un prêt à taux zéro afin d’aider les particuliers à reconstruire leur toit – cette dernière mesure devant poursuivre sa montée en puissance sur le terrain.
Je pense aussi à la mission interministérielle dédiée à la reconstruction et à la refondation, dirigée par le général Facon, à mes côtés ; aux militaires mobilisés pour reconstruire les écoles, les complexes sportifs, ou réparer les fuites d’eau ; aux deux projets de loi et à la proposition de loi de Philippe Gosselin visant à renforcer les conditions d’accès à la nationalité ; à la création, enfin, de l’établissement public chargé de coordonner les travaux de reconstruction, dont le directeur général devrait être nommé dans les prochains jours.
Surtout, ce gouvernement et cette majorité entérinent dans le projet de loi ordinaire des actions déterminantes et inscrivent les financements correspondants pour changer durablement le visage de Mayotte. Fin des coupures d’eau et des rotations scolaires – l’école étant, plus que jamais, la priorité des priorités –, développement de l’intermodalité, gestion durable des déchets, lutte contre l’insécurité, ou encore construction sur Grande-Terre d’un nouvel aéroport – si souvent annoncé, jamais réalisé, ce qui nous impose une obligation de résultat : ces investissements auront des incidences directes sur la vie quotidienne des Mahorais.
Le compromis que les parlementaires ont trouvé hier en commission mixte paritaire (CMP) consacre un engagement sans précédent de l’État pour Mayotte, dans lequel le Parlement a pris toute sa part.
Sur la convergence sociale, je l’ai dit, grâce à l’engagement de vos rapporteurs, il est inscrit directement dans le texte de loi une première hausse du smic net au 1er janvier 2026. Pour accompagner au mieux cette hausse, un dispositif ciblé a été préparé par le gouvernement à la demande de vos rapporteurs. Il consiste à renforcer à Mayotte la réduction générale de cotisations sur les bas salaires. Concrètement, au 1er janvier 2026, d’une part, le point de sortie des allègements de cotisations sera augmenté à 1,6 smic, au lieu de 1,4 smic, et, d’autre part, le champ de la réduction générale de cotisations sera étendu aux contributions d’assurance chômage. Cette mesure consiste à avancer de dix ans ce qui était prévu en matière d’allégements de cotisations. Le crédit d’impôt pour la compétitivité (CICE) est maintenu dans cette période et la Lodeom sera déployée à compter du 1er janvier 2027. Notre proposition est donc plus favorable aux entreprises et mieux ciblée que celle qui aurait consisté à déployer la Lodeom plus tôt, même si je comprends les termes du débat. Elle est aussi plus sociale, car ce décalage aurait pu également conduire à reporter la hausse du smic.
Je regrette par ailleurs que malgré l’important travail des rapporteurs du Sénat, de Philippe Vigier et d’Agnès Firmin Le Bodo, pour ne citer qu’eux, l’article 19 du projet de loi n’ait pu être rétabli. Il s’agissait seulement, face au désordre foncier persistant sur l’archipel, d’étendre une procédure qui existe déjà et qui garantit l’ensemble des droits des propriétaires, pour accélérer notamment la construction du port et de l’aéroport. Nous en avons parlé avec le président de la commission des lois ; sans doute cette décision va-t-elle cependant dans le bon sens, puisqu’il fallait, sur ce point, écouter les quatre parlementaires mahorais. Le rejet de ce dispositif aura probablement des conséquences directes sur le rythme de construction de ces infrastructures, mais je reste optimiste, déterminé, et nous devrons, ensemble, avec les élus du territoire, trouver les bonnes procédures pour y remédier, fournir le soutien, l’ingénierie et la logistique nécessaires.
Mais l’essentiel n’est pas là. L’essentiel, mesdames et messieurs les députés, c’est qu’en votant ces textes, vous allez aider le gouvernement à porter une ambition politique sans précédent pour Mayotte et participer de cet engagement massif et puissant. Surtout, vous allez aider les Mahorais.
Après cette adoption, je continuerai à consacrer toute mon énergie à Mayotte. L’essentiel sera la mise en œuvre, avec une stratégie planifiée, des mesures votées, dont le Parlement sera pleinement informé. C’est en tout cas une étape essentielle que nous franchissons. Nous le devons aux Mahorais ; ils l’attendent. (Applaudissements sur les bancs des groupes EPR et Dem et sur quelques bancs du groupe DR.)
Mme la présidente
La parole est à M. le président de la commission mixte paritaire.
M. Florent Boudié, président des commissions mixtes paritaires
C’est la troisième fois depuis le début de cette année que notre assemblée se prononce sur des mesures concernant le département de Mayotte. C’est dire l’importance qu’accorde la représentation nationale à la destinée de Mayotte, aux Mahorais, aux Mahoraises.
Vous l’avez dit, monsieur le ministre, le projet de loi de programmation est absolument inédit, exceptionnel même, car pour la première fois, il décline une approche globale. Nous avions déjà débattu, en commission comme en séance, de mesures portant sur la question migratoire, mais ce texte va bien au-delà de cette seule question, certes essentielle pour l’île.
Je pense bien sûr à la lutte contre l’habitat informel ou, plus encore, à l’objectif d’égalité réelle lié à la convergence sociale. De ce point de vue, monsieur le ministre, vous n’avez en rien galvaudé le qualificatif d’« historique » que vous avez employé, au regard de l’effort fait – un effort certes étalé dans le temps –, des moyens et des capacités financières déployés par l’État, dès le 1er janvier 2026, pour atteindre l’égalité réelle.
Je m’exprime devant vous en tant que président de la commission mixte paritaire. Nos quatre heures de débat, hier, ont permis des rapprochements entre la position du Sénat et celle de l’Assemblée nationale sur des points majeurs, à commencer par le renoncement à l’article 19. Cela n’allait pas de soi car cet article partait d’une bonne intention, consistant à accélérer les projets de grandes infrastructures, notamment portuaires et maritimes, et nous savons combien les Mahoraises et les Mahorais les attendent.
Pourtant, mal perçu dans l’île, l’article 19 posait incontestablement un problème d’acceptabilité politique et, en tant que président de la commission mixte paritaire – je parle sous le contrôle du rapporteur –, il m’est apparu essentiel que nous puissions aboutir à un compromis. Cela a été le cas, et il faut en féliciter à la fois les sénateurs et les députés, car cette décision n’était pas simple.
Rapprochement également sur la fin du titre de séjour territorialisé, qui était une demande forte de l’Assemblée nationale – et non du Sénat, c’est le moins que l’on puisse dire. C’est ce dernier qui a fait l’effort de rejoindre la position des députés. Là encore, mesurons le chemin parcouru : celles et ceux qui ont eu l’occasion, ces dernières années, de débattre de la question migratoire à Mayotte savent à quel point le titre de séjour territorialisé était un véritable point d’achoppement : le voici dépassé grâce à ce texte.
Pour ces raisons, et bien d’autres que je ne détaillerai pas ici, nous pouvons très largement nous rassembler autour de ces projets de loi. Leur ambition globale autorise que nous nous fixions tous ensemble l’objectif unique de servir les Mahoraises et les Mahorais, sans perdre de vue la nécessité, pour les parlementaires que nous sommes, de veiller, dans les semaines et les mois qui viennent, à travers notamment le comité de suivi sur lequel le ministre s’est engagé et qui figure dans le rapport annexé, à la bonne et stricte application de ce grand projet de loi de programmation pour la refondation de Mayotte. (Applaudissements sur les bancs des groupes EPR et Dem. – Mme Marie-Christine Dalloz applaudit également.)
Discussion générale commune
Mme la présidente
La parole est à Mme Anchya Bamana.
Mme Anchya Bamana
Je voudrais d’abord, au nom des Mahorais, présenter mes condoléances à la famille d’Olivier Marleix. Qu’il repose en paix.
Mayotte n’est pas une terre lointaine oubliée de la République. Elle est la France, pleinement, totalement, définitivement !
Depuis sa départementalisation en 2011, elle n’a cessé d’être le théâtre de promesses non tenues : sept plans depuis 2013 ! Il y a quelques semaines, le gouvernement nous a proposé cette loi dite de programmation, un texte sans engagement clair, sans calendrier précis, sans garantie de financement ; bref, un texte insuffisant sans un sérieux travail d’amendement. Ce travail, nous l’avons fait ! (Applaudissements sur les bancs du groupe RN.) Le groupe Rassemblement national peut parler aujourd’hui d’une victoire politique nette. Si le texte a pu être adopté, c’est parce que nous avons forcé le gouvernement à revoir sa copie et à intégrer nos propositions.
Victoire majeure sur l’article 19, qui prévoyait une dérogation au droit commun en matière d’expropriation. Grâce à notre mobilisation, il a été retiré. C’est un signal fort envoyé aux Mahorais, qui redoutaient une spoliation légalisée.
Sur le plan économique et social, des avancées notables ont été obtenues : l’alignement du smic dès 2027, et non plus en 2031 comme le prévoyait le texte originel ; la création d’une zone franche globale, sauvée grâce à nos voix.
Autre point fondamental : la régularisation foncière. Sans cadastre, sans droit de propriété reconnu, aucun développement durable n’est possible. Il faut doter la commission d’urgence foncière d’une véritable capacité d’action, en lien avec les collectivités locales. Je dois remarquer que sur le terrain, des démarches en ce sens ont été entamées. Merci au gouvernement de nous avoir entendus sur ce point crucial.
Malgré ces victoires, nous restons vigilants. Le problème de la Lodeom demeure entier ; Mayotte reste exclue de ce dispositif, sans aucun fondement ni justificatif. C’est une injustice, une discrimination vis-à-vis des entrepreneurs mahorais. L’égalité sociale et économique n’est pas négociable !
Deux sujets majeurs sont restés dans un angle mort de ce texte : l’eau et la santé. Mayotte vit toujours sous le régime des coupures d’eau : comment justifier 1 milliard d’euros pour se baigner dans la Seine mais rien pour répondre à l’urgence de l’accès à l’eau potable pour les Mahorais ? (Applaudissements sur les bancs des groupes RN et UDR.) Je relance ici, solennellement, ma proposition de solution technique portée par l’ONG Waterships.
Quant au système de santé, il est à bout de souffle, sous-dimensionné, sous-doté en personnel. Il doit faire l’objet d’une refonte complète, afin de pouvoir soigner correctement les Mahorais sans épuiser le peu de soignants qui restent. Je déplore que nos amendements sur ces sujets aient disparu du texte.
En outre, rien n’a été prévu pour mieux surveiller nos frontières maritimes, alors même que c’est par la mer que l’immigration clandestine submerge l’île. Aucun patrouilleur de la marine nationale n’est annoncé pour Mayotte, quand d’autres départements d’outre-mer en sont dotés. Pourtant, sans reprise du contrôle en mer, aucune refondation de Mayotte ne sera possible et les drames humains continueront !
D’ailleurs, un nouveau camp de migrants s’est installé dans l’indifférence du gouvernement. À Mamoudzou, un troisième village informel a vu le jour : Tzoundzou 3. Après Tzoundzou 1 et Tzoundzou 2, voici le campement illégal devenu quartier officieux, une enclave de non-droit, une zone de non-France. Nous demandons solennellement au gouvernement de démanteler ce camp, symbole à lui seul de l’impuissance de l’État face à l’immigration massive qui gangrène mon département.
En conclusion, nous voterons ce texte, non pas parce qu’il est bon mais parce que nous l’avons amélioré, profondément, dans l’intérêt des Mahorais. Ce projet de loi n’aurait pas eu de colonne vertébrale sans le travail acharné du groupe Rassemblement national. Nous continuerons à suivre son application pas à pas et à dénoncer chaque recul, chaque reniement, chaque retard, car nous n’oublions pas que, derrière chaque ligne de ce texte, ce sont des familles, des enfants, bref, des citoyens français, qui attendent enfin des résultats concrets. Nous avons été leur voix, nous resterons leur bouclier. (Applaudissements sur les bancs des groupes RN et UDR.)
Mme la présidente
La parole est à M. Jean Terlier.
M. Jean Terlier
Nous voici de nouveau réunis pour examiner un texte crucial par lequel l’État s’engage à mener une action structurelle et durable pour Mayotte à travers une politique sociale juste et équitable.
Nous ne pouvons que saluer les travaux de la commission mixte paritaire qui s’est tenue hier : à force de dialogue, ils ont débouché sur un texte de compromis qui prend en compte les attentes des Mahoraises et des Mahorais.
Adopter le projet de loi de programmation pour la refondation de Mayotte relève de notre devoir et de notre responsabilité, car ce département mérite une attention particulière et des réponses adaptées aux réalités locales.
Le groupe Ensemble pour la République salue l’accord trouvé en commission mixte paritaire ; il porte sur des mesures sociales, économiques et éducatives attendues mais surtout indispensables pour assurer la prospérité économique à Mayotte. La commission mixte paritaire a acté la convergence des droits sociaux et l’harmonisation des prestations sociales à l’horizon 2031. Elle a notamment entériné l’alignement sur le smic national du smic mahorais, qui augmentera pour atteindre 87,5 % du montant de droit commun dès 2026. N’oublions pas non plus le maintien des allégements de charges sociales au profit des employeurs, allégements qui permettront de mener à bien cette convergence des montants du smic.
Ce texte soutient tous les acteurs tout en garantissant une protection sociale large et renforcée.
Nous saluons également le maintien des articles 9, 10 et 11, qui contiennent des dispositions essentielles qui avaient pourtant été supprimées en commission à l’Assemblée nationale.
L’article 9 impose la vérification par les établissements de paiement, de crédit et de monnaie électronique de la régularité du séjour des personnes qui ne sont pas des ressortissants de l’Union européenne.
Un député du groupe RN
Grâce au RN !
M. Jean Terlier
L’article 10 permet aux agents de l’État et des collectivités publiques, commissionnés par le maire ou le ministre chargé de l’urbanisme, de constater l’édification de locaux ou d’installations sans droit ni titre.
Un député du groupe RN
Grâce au RN !
M. Jean Terlier
L’article 11 renforce le contrôle des armes en consacrant un régime de visite domiciliaire pour recherche d’armes à Mayotte,…
Un député du groupe RN
Grâce au RN !
M. Jean Terlier
…sur demande motivée du préfet et avis du procureur de la République.
M. François Cormier-Bouligeon
Très bien !
M. Jean Terlier
Nous nous réjouissons que la suppression du titre de séjour territorialisé figure dans le texte que nous allons voter aujourd’hui. Une suppression en 2030 semble un compromis utile, conforme à la fois à la réalité du terrain, qui requiert un temps d’adaptation, et à l’esprit de ce projet de loi, qui tend à ne plus laisser Mayotte seule face aux défis socio-économiques.
Soyons lucides : la lutte contre l’immigration irrégulière et le renforcement des mesures de sécurité à Mayotte vont de pair avec son développement économique.
Comme le rapporteur général, nous regrettons néanmoins que cette CMP n’ait pas permis de rétablir l’article 19, qui permettait de recourir à la procédure de prise de possession d’extrême urgence en matière d’expropriation. Cette mesure de soutien aux infrastructures mahoraises aurait répondu à un besoin de continuité territoriale ; mais vous l’avez rappelé, monsieur le président, ce texte est le fruit d’un compromis trouvé en commission mixte paritaire.
Chers collègues, le jeune département de Mayotte nous regarde. L’archipel attend de nous que nous adaptions la loi à ses fragilités, à ses besoins et à son avenir en construction. Aussi le groupe Ensemble pour la République votera-t-il en faveur de ce texte. (Applaudissements sur les bancs des groupes EPR et Dem.)
M. François Cormier-Bouligeon
Excellent !
Mme la présidente
La parole est à Mme Dominique Voynet.
Mme Dominique Voynet
S’il y a un texte que nous aurions aimé pouvoir voter, c’est bien celui-ci.
Le cyclone Chido a dévasté Mayotte, privant de vie plusieurs dizaines de personnes, en blessant des centaines d’autres, provoquant de terribles dégâts dont on lit toujours les ravages dans le paysage comme dans les yeux des habitants.
Six mois plus tard, les bateaux coulés encombrent toujours la baie de Mamoudzou et les coupures d’eau rythment encore la vie des Mahorais. Les déchets s’entassent par dizaines de milliers de tonnes dans les fossés, les mangroves et les villages. Si des réparations d’urgence ont été effectuées dans des écoles, des commerces ou à l’hôpital, il s’agit bien évidemment de réparations provisoires et non de reconstructions.
Comment en serait-il autrement ? L’exemple d’Irma, sur lequel Frantz Gumbs est revenu à plusieurs reprises au cours de l’examen du projet de loi, nous l’a prouvé : reconstruire solidement, durablement, intelligemment, en instaurant une gouvernance adaptée, en utilisant des matériaux sains, en s’adaptant au climat, au contexte sismique, au mode de vie et aux usages des habitants représente en effet un effort considérable, qui doit être tenu dans le temps.
L’enjeu est immense. Si la France s’est réveillée groggy le 14 décembre en constatant l’ampleur des dégâts provoqués par Chido, elle a pris conscience dans les jours suivants du retard de développement et du mal-développement révoltant de Mayotte, où l’eau potable manque, où les eaux usées s’écoulent trop souvent dans le lagon, où les transports publics n’existent pas, où les services publics restent désespérément sous-dimensionnés et où, faute de consolidation du cadastre, faute de volonté politique aussi, il est si difficile d’accoucher des équipements dont la population a pourtant terriblement besoin.
Si l’État n’a pas su, pu ou voulu répondre aux attentes et aux besoins de Mayotte et des Mahorais au décours de la période coloniale et si les conditions de la départementalisation n’ont permis ni rattrapage des services publics, ni développement social et économique endogène, celles et ceux qui ont suivi le feuilleton de la troisième retenue collinaire, de la piste longue de l’aéroport ou du nouvel hôpital savent que tout n’est pas de sa responsabilité.
Ce texte comporte d’indéniables avancées – convergence sociale, suppression du visa territorialisé au 31 décembre 2030, engagement dans la relocalisation de l’aéroport, construction d’un deuxième hôpital. Ceci étant dit, le refus obstiné d’adopter des dispositions, ne serait-ce que transitoires, destinées à faciliter la maîtrise foncière des équipements les plus nécessaires et urgents conduit à douter fortement d’un passage à l’acte concret dans les mois et années qui viennent.
Mais ne faisons pas durer plus longtemps le suspense : le groupe Écologiste et social ne pourra voter ce projet de loi marqué par un renforcement de la toute-puissance du préfet. Nous craignions que ce renforcement n’esquisse l’extension du dispositif au pays tout entier – depuis hier, on sait que ces craintes sont justifiées. Ce texte est aussi marqué – c’est bien là l’essentiel – par une obsession : le contrôle d’une immigration rendue responsable de tous les maux de Mayotte – violence endémique, déficit en logements, activités clandestines, absence d’eau, vie chère. (Mme Estelle Youssouffa s’exclame.)
M. Kévin Mauvieux
Ouvrez les yeux !
Mme Dominique Voynet
Disons-le franchement : le durcissement des règles d’acquisition de la nationalité française, l’absence incompréhensible d’aide médicale de l’État (AME) (Mme Estelle Youssouffa s’exclame), la simplification des procédures de destruction des îlots d’habitat informel, les moyens dévolus à la mise en place d’un « rideau de fer », terme aux connotations historiques pénibles, ne nous paraissent ni justes, ni efficaces pour contrôler les mouvements de populations en provenance du continent africain, des Comores et de Madagascar. (Exclamations sur les bancs du groupe RN.)
Année après année, dans l’océan Indien comme dans la Manche, les passeurs s’adaptent au renforcement des moyens d’intervention en mer et au durcissement de la stratégie d’intervention, au prix de la vie de nombreux migrants. À Mayotte même, on précarise, on fragilise, on accule à une clandestinité plus sordide encore des personnes parfois installées là depuis longtemps. Pour quel résultat ?
Refonder Mayotte : tel était l’objet de ce projet de loi. On en est loin. Au mieux, on reconstruira. Mais quel développement pour Mayotte ? L’archipel est-il condamné à rester une économie de comptoir, à vivre de transferts sociaux et de dispositifs exorbitants du droit commun, à devenir la base arrière de l’industrie extractiviste dans le golfe du Mozambique ? Peut-il renforcer son autonomie alimentaire, offrir des perspectives à sa jeunesse, inventer son propre chemin ? Investir dans l’éducation, la formation professionnelle, la culture ?
J’espère que viendra un temps où on pourra poser ces questions à Mayotte même sans être accusé en termes insultants de faire partie d’une cinquième colonne ou de vouloir sacrifier Mayotte aux appétits expansionnistes du voisin comorien. (Applaudissements sur les bancs des groupes SOC et GDR.)
Mme la présidente
La parole est à M. Philippe Naillet.
M. Philippe Naillet
Mayotte est française depuis 1841, soit bien avant Nice et la Savoie. Pourtant, malgré cette longue appartenance à la France, les Mahorais attendent toujours que la devise républicaine – en particulier l’égalité – s’applique pleinement, entièrement et sans équivoque sur leur territoire.
Un Mahorais touche un smic inférieur de 400 euros à celui en vigueur sur le reste du territoire. À Mayotte, le revenu de solidarité active (RSA) s’élève à 303 euros, soit deux fois moins que dans le reste de la France ; l’allocation aux adultes handicapés (AAH) est fixée à 339 euros, contre 971 euros ailleurs dans le pays. Les allocations familiales, les aides au logement et même l’allocation de rentrée scolaire y sont aussi considérablement plus faibles.
Tant que nous n’aurons pas garanti l’alignement social à Mayotte, la parole de l’État continuera à manquer de crédibilité. Comment partager un destin politique commun quand on ne bénéficie pas des mêmes droits ? Telle est la vraie question.
Le projet de loi relatif à la refondation de Mayotte s’inscrit dans un contexte d’urgence, mais aussi dans l’histoire longue d’un territoire trop souvent relégué aux marges de la République. Ce texte se veut une réponse aux défis profonds de l’île : l’enclavement, la saturation des services publics, la précarité sociale massive, l’habitat indigne, l’explosion démographique et les tensions migratoires. Il se présente également comme une réponse politique et budgétaire à la catastrophe provoquée par le cyclone Chido.
La réunion de la commission mixte paritaire, qui fut longue, se devait d’être conclusive pour les Mahorais et Mahoraises. Nous sommes satisfaits que le texte ait pu être expurgé des références à la préférence nationale et d’autres dispositions xénophobes ou inconstitutionnelles défendues par certains députés du Rassemblement national.
Nous restons cependant préoccupés par plusieurs articles du volet migratoire, en particulier les articles 7 et 8, qui autorisent respectivement le placement d’un étranger accompagné d’un mineur dans une unité familiale de rétention et le retrait du titre de séjour d’un étranger dont l’enfant est responsable d’un trouble à l’ordre public. Ces mesures sont inhumaines, inefficaces, et présentent un risque d’inconstitutionnalité.
Avec le groupe Socialistes et apparentés, nous avons participé activement aux débats, fait des propositions et obtenu des améliorations significatives. Examen en commission et en séance confondus, près de quarante de nos amendements ont été adoptés.
Parmi ces avancées, citons la mise en place d’un mécanisme de suivi annuel fondé sur les crédits et autorisations d’engagement votés dans la loi de finances, ainsi que l’instauration d’un rapport annuel du comité de suivi, garantissant un contrôle parlementaire effectif et une évaluation de la refondation.
Même si beaucoup d’orateurs ne semblent pas avoir fait le même choix sémantique, nous avons également obtenu que le terme « alignement » soit préféré à celui de « convergence » dans les documents de programmation, car il traduit une exigence immédiate de justice sociale et d’équité pour Mayotte. La fin anticipée de la rotation scolaire dès 2027, au lieu de 2031, affirme le droit à une éducation digne pour tous les enfants du territoire.
Malheureusement, la CMP a décidé de ne pas retenir l’engagement à réviser le coefficient géographique pour les financements hospitaliers, ce qui constitue pourtant la clé de voûte d’un meilleur financement du centre hospitalier de Mamoudzou.
Nous regrettons également que l’élargissement du cadre d’urgence à caractère civil à l’ensemble de l’archipel afin de faciliter la résorption de l’habitat insalubre en reconnaissant l’intérêt public majeur de ces opérations n’ait pas été retenu, pas plus que l’inscription d’une stratégie territoriale globale de santé, articulée autour du renforcement du centre hospitalier de Mayotte (CHM) et d’un meilleur maillage des soins primaires sur tout le territoire. Nous déplorons aussi le refus d’étendre l’aide médicale de l’État à Mayotte. Chaque fois que l’on revoit ses ambitions à la baisse, on se prive de moyens et d’actions qui permettraient de répondre aux urgences sur le territoire mahorais.
Le déplacement que j’ai effectué à Mayotte fin avril avec ma collègue Sandrine Nosbé a constitué pour moi une véritable boussole tout au long de l’examen de ce texte. La situation hors normes qui est celle des Mahorais justifie des dispositifs ciblés, chiffrés et assortis d’un calendrier prévisionnel. Or le texte prévoit des orientations mais ne les traduit que partiellement en engagements concrets.
Pour toutes ces raisons, nous nous abstiendrons lors du vote du projet de loi.
Nous voterons en revanche en faveur du projet de loi organique, qui vise à consacrer l’évolution de la collectivité de Mayotte en département-région. (Applaudissements sur les bancs du groupe SOC.)
Mme la présidente
La parole est à M. Ian Boucard.
M. Ian Boucard
Mayotte est aujourd’hui le symbole d’un double défi : celui de la République face à une situation d’urgence absolue et celui de notre capacité collective à défendre notre souveraineté aux frontières de l’Europe. Le projet de loi pour la refondation de Mayotte est une réponse attendue, ambitieuse et nécessaire. Le groupe de la Droite républicaine votera en faveur de ce texte car il trace une trajectoire claire pour ce territoire martyrisé par le cyclone Chido, mais aussi par des années d’oubli, de sous-investissement, d’insécurité et d’immigration massive.
Tout d’abord, nous saluons l’effort budgétaire consenti : plus de 3,5 milliards d’euros sur six ans pour reconstruire Mayotte après le cyclone Chido et rattraper des décennies d’abandon ; 730 millions pour l’eau et l’assainissement, une urgence vitale quand près d’un Mahorais sur deux n’a pas accès à l’eau potable en continu ; 407 millions pour la santé, avec l’extension du centre hospitalier de Mamoudzou et la construction d’un second hôpital à Combani ; 400 millions pour les écoles afin de mettre fin à la rotation scolaire qui prive des milliers d’enfants de l’enseignement que doivent recevoir tous les enfants de la République ; et 1,2 milliard pour une piste longue enfin digne d’un territoire français. Nous saluons également la création d’un comité de suivi qui devra rendre des comptes au Parlement, mais nous resterons vigilants : ces crédits doivent se traduire en actes.
Sur le plan migratoire et sécuritaire, le texte reprend plusieurs propositions que notre groupe a défendues, notamment à l’initiative de notre collègue Mansour Kamardine, dont je salue ici les années de combat. (M. Laurent Wauquiez applaudit.) Nous nous félicitons de l’abrogation, à l’horizon 2030, du titre de séjour territorialisé à Mayotte et nous saluons le renforcement des conditions d’accès au séjour : désormais, pour obtenir le titre de « parent d’enfant français », il faudra prouver une contribution effective à l’entretien et à l’éducation de l’enfant par des justificatifs nominatifs – il sera ainsi mis fin aux régularisations de complaisance.
Nous approuvons, en outre, la possibilité pour l’administration de retirer le titre de séjour aux parents dont les enfants mineurs troublent l’ordre public. Ce n’est pas au contribuable français de financer des comportements délinquants. Nous soutenons l’accélération des destructions de bidonvilles, qui gangrènent le territoire et alimentent l’économie informelle et les réseaux mafieux. Enfin, le texte impose désormais aux opérateurs de transfert d’argent de vérifier la régularité du séjour de leurs clients et crée un délit en cas de contournement de cette obligation, ce qui asphyxiera les filières de passeurs.
L’article 12 permet désormais au préfet d’ordonner la remise temporaire des armes en cas de risque de troubles graves. C’est une mesure de bon sens pour protéger les forces de l’ordre et la population. Rappelons que les forces de sécurité ont saisi à Mayotte, en 2024, en à peine six mois, près de 600 armes blanches et armes à feu. L’article 10, quant à lui, donne au préfet les moyens d’ordonner l’évacuation et la démolition accélérée d’habitats insalubres et dangereux. Ces procédures permettront de reprendre le contrôle de secteurs entiers aujourd’hui livrés aux bandes organisées.
Mais nous le disons avec force : nous resterons vigilants, monsieur le ministre d’État, car une loi, aussi ambitieuse soit-elle, ne vaut que par sa mise en œuvre. À ce titre, nous attendons des moyens humains suffisants pour nos policiers et nos gendarmes, ainsi que le déploiement effectif et indispensable de drones, de radars et du rideau de fer technologique que vous avez annoncé autour de l’île. Par ailleurs, nous regrettons vivement la disparition du texte de la mesure relative à la base navale en eau profonde que notre collègue rapporteur Philippe Gosselin avait fait adopter. Elle était essentielle pour assurer la souveraineté maritime et lutter contre l’arrivée illégale des kwassa-kwassa.
Mayotte est un avant-poste de la République. Si la France ne tient pas ferme ici, c’est l’ensemble de notre souveraineté qui vacillera. Ce texte est une étape, pas un aboutissement. Les Mahorais attendent des résultats concrets et veulent une République qui protège, une République qui tient enfin ses promesses. Les Mahorais ont choisi la France, la France doit être à la hauteur de ce choix. C’est pourquoi, avec exigence et lucidité, le groupe de la Droite républicaine votera pour ce projet de loi, pour Mayotte et pour la France. (Applaudissements sur les bancs du groupe DR et sur quelques bancs des groupes EPR et Dem.)
Mme la présidente
La parole est à M. Aurélien Taché.
M. Aurélien Taché
Hier, la droite sénatoriale, le socle commun et l’extrême droite se sont mis d’accord pour enterrer ce qu’il restait du pacte républicain à Mayotte – c’est tout l’objectif du projet de loi de refondation de Mayotte adopté hier en commission mixte paritaire. D’une même voix, ils ont définitivement exclu l’archipel du droit commun. Alors que les Mahorais se battent depuis des décennies pour devenir des Français à part entière et le rester, ce texte constitue un recul sans précédent dans le processus inachevé qui devait mener à leur intégration complète dans la République.
Mayotte n’est devenue un département français qu’en 2011, trente-cinq ans après le référendum confirmant son appartenance à la France. Et pourtant, quinze ans après, l’île est toujours traitée comme un territoire de seconde zone. Jusqu’à aujourd’hui, ni le smic ni les prestations sociales n’ont été alignés sur l’Hexagone. C’est une aberration quand on connaît le niveau de pauvreté et le taux de chômage de l’archipel. Aujourd’hui, six mois après le dévastateur cyclone Chido, le gouvernement semble enfin prendre la mesure du problème et prévoit un alignement des prestations sociales. Mais quand ? C’est toute la question. Comme d’habitude, monsieur le ministre, vous remettez à demain ce qui peut être fait aujourd’hui. Malgré l’urgence, les prestations sociales et le smic ne seront pas alignés sur l’Hexagone avant 2030 au moins, alors que l’île est dévastée. C’est incompréhensible !
Par ailleurs, aucune solution n’est trouvée à la crise du logement. Au contraire, tout semble être fait pour l’aggraver. Les mesures visant à faciliter la destruction de l’habitat informel sont particulièrement inquiétantes. Bien sûr, il faut reconstruire un bâti de qualité, avec des normes exigeantes, mais détruire des quartiers informels sans prévoir de reloger les gens qui s’y trouvent est tout simplement criminel. Cela revient à mettre à la rue des milliers de personnes qui se trouvaient déjà en situation d’extrême précarité et qui n’auront désormais même plus un endroit où s’abriter. Depuis huit ans que je siège à l’Assemblée nationale, c’est vraiment la mesure la plus cruelle que j’ai vu adopter !
Et comment ne pas être révolté par les mesures de ce texte contre les étrangers ? Éternels boucs émissaires, ils apparaissent dans le texte comme le seul problème des Mahorais. Plus grave encore, alors que l’immigré est depuis plusieurs années désigné comme l’ennemi numéro un à Mayotte, c’est maintenant à ses enfants que le gouvernement s’en prend directement ! Après avoir honteusement supprimé le droit du sol à Mayotte – il n’est plus effectif pour 90 % des gens, les enfants à naître seront les premières victimes de cette suppression –, le gouvernement, main dans la main avec l’extrême droite, déploie désormais tous les artifices juridiques possibles pour rendre la vie impossible aux enfants français nés de parents étrangers.
Condition d’entrée sous couvert d’un visa long séjour, condition de contribution à l’entretien des enfants, allongement du délai de résidence de trois à cinq ans : les parents d’enfants français – je dis bien d’enfants français – qui ne remplissent pas ces critères ne pourront pas obtenir la carte de séjour « parent d’enfant français » et devront quitter le territoire. Quand on sait que 40 % de la population est au chômage et que la majorité des titres sont délivrés à des étrangers entrés irrégulièrement, ce sont des dizaines de milliers d’enfants dont les parents se verront privés du droit de séjour. (Mme Estelle Youssouffa s’exclame.) En définitive, le gouvernement offre à tous ces enfants un choix cynique mais simple : « Soit tu grandis en France sans tes parents, sois tu grandis avec tes parents sans la France ». Et cela ne s’arrête pas aux titres de séjour des parents. La centralisation des reconnaissances de paternité et de maternité à Mamoudzou risque d’entraîner un encombrement des services et donc de retarder l’accès aux droits de tous les enfants de Mayotte, sans exception.
En définitive, toutes ces mesures n’auront qu’un seul effet : faire de ces petits Français des citoyens de seconde zone, que la République, si elle est encore digne de ce nom à Mayotte, aura privés de leurs parents. Quant aux autres, ceux qui n’ont pas la nationalité française, ils pourront être enfermés dans des centres de rétention et privés de leur liberté seulement pour avoir commis le crime d’être né sur l’île d’à côté.
Mes chers collègues, ce texte conclut une année bien sombre dans l’histoire de Mayotte. Après le cyclone dévastateur qui a endeuillé l’île, nous avons échoué à trois reprises à protéger. Nous avons échoué cet hiver à faire reconstruire l’île selon des normes anticycloniques et antisismiques avancées. Nous avons renoncé à prendre soin des enfants de Mayotte et à leur offrir une scolarité quelle que soit leur nationalité – au contraire, nous avons stigmatisé tous les enfants d’étrangers au point de priver nombre d’entre eux d’un accès à la citoyenneté. Et aujourd’hui nous continuons dans cette lancée en inscrivant immédiatement dans le droit de nouvelles discriminations contre les immigrés et leurs enfants. Dans le même temps, nous reportons à un horizon lointain l’égalité sociale pour les Mahorais et nous cherchons toujours l’argent pour garantir leur accès à l’eau potable et à un minimum de services publics.
Au fond, tout se passe comme si à Mayotte, la République française avait décidé d’abandonner la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, sur laquelle elle est pourtant fondée. À La France insoumise, nous continuerons de la défendre contre vents et marées et à nous battre pour que Mayotte devienne un département comme les autres. (M. le rapporteur s’exclame.) Au contraire, au Rassemblement national – qui a tenu la plume dans la rédaction de ce texte, Mme Bamana l’a rappelé –, on veut prendre exemple sur ce que la République fait à Mayotte pour enterrer le principe d’égalité dans l’ensemble du territoire français. J’invite nos concitoyens à y songer quand ils iront voter. (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP.)
M. Florent Boudié, président des commissions mixtes paritaires
Que de contrevérités !
Mme la présidente
La parole est à Mme Maud Petit.
Mme Maud Petit
Dans l’histoire récente de nos travaux parlementaires, on a rarement vu un département être placé au cœur d’un texte aussi ambitieux, aussi structuré, aussi porteur d’espoir. Mayotte l’est aujourd’hui. Mayotte, département français depuis 201l, vit une situation que nul n’oserait tolérer ailleurs dans le territoire national. À la fois département et île frontière, elle est confrontée à une accumulation de défis majeurs, sanitaires, sociaux, institutionnels et migratoires. Le passage du cyclone Chido, qui a aggravé ces difficultés en décembre dernier, en a aussi été un révélateur, même si bon nombre d’entre nous en avaient déjà conscience : révélateur non seulement de l’urgence de la reconstruction face aux événements naturels, mais aussi du retard accumulé, d’engagements trop souvent repoussés et de fragilités systémiques.
Face à ces difficultés, la résilience des Mahorais force le respect, mais elle ne saurait suffire. La République doit enfin leur répondre par des actes, à la hauteur de ce qu’ils endurent et de ce qu’ils espèrent. Le texte issu de la commission mixte paritaire marque en ce sens un véritable tournant : c’est la première fois qu’une stratégie aussi globale est proposée pour refonder l’avenir de Mayotte – il était temps ! Le projet de loi constitue un véritable plan d’action, avec des mesures coordonnées dans la durée, une vision claire et des moyens significatifs. Au total, 4 milliards seront mobilisés jusqu’en 2031 pour construire, stabiliser et projeter Mayotte vers un avenir solide, à la hauteur des solidarités et des progrès que porte notre République pour chacun de ses concitoyens. Un comité de suivi composé de représentants de l’État, de parlementaires mahorais et des élus locaux accompagnera la mise en œuvre de ce plan, gage de transparence et de cohérence.
Ce projet global repose aussi sur un constat lucide : aucune refondation ne pourra être viable tant que nous n’aurons pas pris à bras-le-corps les questions liées à l’immigration irrégulière, à l’habitat précaire et à la sécurité, qui induisent des logements saturés, des services publics peu calibrés et donc sursollicités, et un climat social sous tension. Le texte répond à ces défis en prévoyant l’abrogation du titre de séjour territorialisé, qui permettra une régulation cohérente, et la création d’unités familiales pour mieux encadrer les procédures d’éloignement dans le respect des droits et des situations de vie. Sur le plan sanitaire, le nouvel hôpital de Combani deviendra un pilier de l’accès aux soins. Sur le plan économique, les infrastructures stratégiques telles que le grand port maritime ou la piste longue de l’aéroport sont réaffirmées comme des priorités.
Ce projet de loi est aussi un acte de justice sociale : le recensement de la population prévu par le texte est un préalable essentiel à toute politique publique sérieuse. Mais c’est surtout sur la convergence des droits sociaux que le texte franchit une étape historique : un smic net porté à 87,5 % du niveau national dès janvier 2026, puis un alignement complet d’ici à 2031. Le Parlement a joué un rôle central pour inscrire ces engagements dans le projet de loi, avec un calendrier clair et contraignant. Et je veux saluer en particulier l’engagement de Philippe Vigier. (Applaudissements sur les bancs du groupe Dem.)
Parmi d’autres avancées notables, on peut citer la participation des parlementaires à la rédaction des ordonnances, ce qui renforce la coconstruction, la réintroduction du caractère suspensif pour le référé-suspension, défendue par Frantz Gumbs et qui sécurise juridiquement les opérations de résorption sans en compromettre le rythme, et l’évolution institutionnelle vers une collectivité à vocation régionale, qui offrira un cadre plus adapté à Mayotte.
Nous ne devons cependant pas éluder ce qui n’a pas été retenu :…
M. Philippe Vigier, rapporteur
Très bien !
Mme Maud Petit
…la question foncière reste un point aveugle du texte. Oui, nous persistons à penser que la suppression de l’article 19 sur l’expropriation constitue un recul préoccupant : l’État se retrouve privé de moyens concrets pour acquérir les terrains nécessaires à des projets publics majeurs pourtant très attendus par les Mahorais.
Mme Estelle Youssouffa
Non à l’expropriation !
Mme Maud Petit
C’est un non-sens total ! Il faut le dire : sans foncier et sans outil juridique adapté, des chantiers prioritaires – hôpital, aéroport, infrastructures portuaires, assainissement, établissements médico-sociaux et pénitentiaires – risquent d’être freinés, si ce n’est bloqués. C’est une fragilisation importante du volet opérationnel, qui devra être rapidement corrigée. Chacun doit maintenant prendre ses responsabilités pour y parvenir. Enfin, dernier point d’alerte : le maintien en l’état de treize sections administratives. C’est un risque constitutionnel réel qui persiste.
Mes chers collègues, Mayotte a choisi la République. Ce choix engage, en retour, la République. Le groupe Les Démocrates votera en faveur du projet de loi. (Applaudissements sur les bancs du groupe Dem et sur quelques bancs des groupes EPR et DR.)
Mme la présidente
La parole est à Mme Agnès Firmin Le Bodo.
Mme Agnès Firmin Le Bodo
Mayotte n’a que trop souffert. Forts de ce constat, nous sommes aujourd’hui réunis pour franchir une étape décisive pour le territoire mahorais. Avant le cyclone Chido, notre 101e département connaissait déjà de nombreuses difficultés : un taux de chômage de 30 %, contre 7,4 % dans l’Hexagone, un niveau de vie médian des Mahorais sept fois plus faible qu’au niveau national, des habitats informels qui représentent 30 % de l’habitat total, une très forte insécurité, avec des bagarres à la machette et des rixes mortelles régulières, ou encore une pénurie de l’offre de soins, notamment libérale... Les chiffres parlent malheureusement d’eux-mêmes et témoignent des grandes difficultés que connaissent nos compatriotes mahorais. Les défis à relever sont donc nombreux.
Après des mois d’urgence et des décennies de souffrance, Mayotte s’apprête toutefois à connaître un nouvel élan, promis par l’État depuis longtemps : cet élan est concrétisé par un projet de loi ambitieux qui acte de nombreuses avancées et qui permettra, j’en suis sûre, de restaurer la confiance dans l’État.
Les attentes de nos compatriotes mahorais sont nombreuses : ils demandent à l’État de conduire des réformes structurelles pour améliorer leur vie quotidienne, lutter contre l’insécurité chronique de l’île et encourager sa prospérité économique. En somme, ils attendent des réformes qui leur permettent de voir sur le long terme. Il nous appartient de répondre à cette aspiration légitime, qui est à la hauteur de l’affection qu’ils portent à notre République. Quinze ans après le référendum sur la départementalisation, qui avait recueilli 95 % de « oui », leur attachement à la France reste indéfectible.
Ce projet de loi vise, quelques mois après la loi du 24 février 2025 d’urgence pour Mayotte, à apporter des réponses structurelles majeures.
L’objectif de ce texte – inédit car global – est double. Contrairement à ce que certains de nos collègues pourraient affirmer, il n’est pas paradoxal. D’une part, il vise à sortir progressivement Mayotte du droit dérogatoire moins-disant par rapport à l’Hexagone – s’agissant notamment des prestations sociales ou du montant du smic – qui le caractérise depuis trop d’années. D’autre part, il vient renforcer les moyens juridiques offerts aux services de l’État. Le but de ces nouvelles dispositions dérogatoires n’est pas d’être moins-disant mais, bien au contraire, mieux-disant afin d’accroître l’efficacité de l’action de l’État.
Le groupe Horizons & indépendants se félicite de cette CMP conclusive, après quatre heures d’échanges. Des mesures majeures porteront bientôt leurs fruits, et nous le devons aux Mahorais.
Je pense à l’amélioration des dispositifs de lutte contre les reconnaissances frauduleuses de paternité et de maternité ; à la création d’un régime dérogatoire pour le département de Mayotte visant à autoriser les agents de police judiciaire à traverser les lieux privés constituant un habitat informel ; à l’accélération des modalités de convergence du droit applicable en matière de droits sociaux à Mayotte, avec une première pour ce territoire : tout est inscrit dans la loi.
Je me félicite du travail acharné que nous, rapporteurs, avons mené à vos côtés, monsieur le ministre, pour inscrire dans la loi le relèvement du smic dès le 1er janvier 2026 ; la convergence sociale sera complète en 2031.
Nous avons également inscrit dans la loi, pour la première fois, l’application de la Lodeom, qui sera effective à partir du 1er janvier 2027, ou encore l’extension à Mayotte de la protection universelle maladie et de la complémentaire santé solidaire.
Ces mesures témoignent de la volonté du législateur de rapprocher Mayotte du droit commun, tout en prévoyant des dispositifs juridiques spécifiques, adaptés aux flux d’immigration irrégulière massifs que connaît l’île. Soyons-en fiers.
La CMP a également fait œuvre utile en rétablissant l’article 19 ter visant à accélérer la procédure de consultation du public pour la piste longue de l’aéroport de Mayotte, tant promise, tant nécessaire et tant attendue, en conservant la rédaction de l’article 10 adoptée par notre assemblée, qui vise à faciliter les opérations de résorption de l’habitat informel à Mayotte, ou encore en adoptant la fin du visa territorialisé en 2030.
Le groupe Horizons
M. Philippe Vigier, rapporteur
Eh oui !
Mme Marine Le Pen
J’ai les épaules larges !
Mme Agnès Firmin Le Bodo
Convaincu que ce texte porte des mesures utiles et un engagement sans faille de l’État, le groupe Horizons
Mme la présidente
Avant de donner la parole aux trois dernières oratrices inscrites, je vous rappelle que la conférence des présidents a décidé qu’il serait procédé à un scrutin public sur les projets de loi ordinaire et organique, tels qu’ils résultent des textes des commissions mixtes paritaires.
Les scrutins sont annoncés dans l’enceinte de l’Assemblée nationale.
La parole est à Mme Estelle Youssouffa.
Mme Estelle Youssouffa
Nous saluons l’accord trouvé en commission mixte paritaire, bien qu’il soit imparfait. Le groupe LIOT votera ce compromis, malgré ses limites, car il apporte des avancées indispensables pour Mayotte. Nous le ferons sans enthousiasme, mais avec le sens des responsabilités, parce qu’il faut ouvrir enfin des perspectives pour Mayotte. Si cette CMP est restée sourde à de nombreuses positions défendues par les quatre parlementaires de Mayotte, elle a été conclusive et c’est heureux.
Je salue ainsi la suppression de l’article 19, qui aurait créé un droit d’expropriation inédit. Les Mahorais ne seront pas dépossédés de leur terre : l’État devra respecter les garanties constitutionnelles attachées à la propriété. C’est une victoire pour Mayotte.
Nous prenons également acte de l’inscription dans la loi de la trajectoire de 4 milliards d’euros pour l’eau, la santé, la reconstruction, l’école et la sécurité. Nous veillerons à ce que chaque crédit soit au rendez-vous du prochain budget.
Pourtant, malgré mes efforts en coulisse et l’engagement pris ce matin devant le groupe LIOT sur cette question, votre refus, monsieur le ministre, d’aligner la date de l’application de la Lodeom sur celle de l’entrée en vigueur de la hausse du smic en 2026 pose les ferments d’une crise économique et de mouvements sociaux à Mayotte.
Le lobbying malveillant du Medef et de la Fédération des entreprises des outre-mer (Fedom) a porté ses fruits empoisonnés pour priver nos entreprises et nos travailleurs des dispositifs existant dans les autres départements ultramarins. Cela ne peut qu’aboutir à une crise sociale majeure. Mais comme vous le dites pour l’article 19, il faudra prendre ses responsabilités !
Je rappelle que la moitié seulement des prestations sociales existant dans notre pays sont appliquées à Mayotte, et que le montant des prestations versées est deux fois inférieur au montant national, alors que le panier alimentaire moyen y coûte 150 % plus cher que dans l’Hexagone. Pas un mot, pas un engagement de votre part sur les prestations sociales non contributives, qui sont pourtant à votre main.
Nous déplorons également le nouveau découpage de la collectivité en treize sections, qui bride la représentation pluraliste composée de cinquante-deux élus. Un sectionnement trop éclaté renforce l’effet majoritaire aux dépens de l’effet proportionnel recherché par l’instauration d’un scrutin de liste. Le toilettage institutionnel, cher au ministre Thani Mohamed Soilihi qui a déployé des efforts insensés pour obtenir ce découpage paralysant – et probablement anticonstitutionnel – se paiera sans doute comptant, avec des recours en justice.
Enfin, parce que Mayotte est le seul département revendiqué par un État voisin, la lutte contre l’immigration irrégulière doit être totale. Les mesures contre les reconnaissances frauduleuses, la fin du titre de séjour territorialisé en 2030 et la confiscation des titres des parents de mineurs violents vont dans le bon sens, mais elles exigeront des moyens maritimes, policiers et judiciaires à la hauteur.
Cette loi ouvre un chemin, imparfait mais réel ; nous voterons donc en sa faveur, mais notre soutien sera exigeant. À chaque budget, nous vérifierons que pas un euro ne manque pour enfin construire notre île.
Mayotte restera vigilante, parce que c’est sa devise et ce qui nous définit. Nous sommes un petit trésor de France avec le plus beau lagon du monde, niché dans le canal du Mozambique, dans l’océan Indien. Mayotte écrit son histoire, singulière et belle, avec humilité mais détermination – une histoire en bleu, blanc, rouge.
Longtemps invisibles, nous, Mahorais, avons récemment surgi sur la scène médiatique et politique nationale au gré des crises. Vous l’avez dit, monsieur le président de la commission, nous avons voté trois fois cette année pour Mayotte. Cela faisait tellement longtemps qu’on ne l’avait pas fait que ce n’est que justice. La catastrophe du cyclone Chido nous a fait entrer dans le cœur de nos compatriotes, qui ont manifesté une fraternité bouleversante alors que nous connaissions l’enfer.
Les Français de l’Hexagone et d’outre-mer se sont mobilisés massivement pour nous venir en aide, collecter des dons matériels et de l’argent. Ils ont annulé leurs vacances de Noël pour venir protéger, soigner, rétablir l’électricité, l’eau et le téléphone, pour réparer en urgence et distribuer les secours à Mayotte. Pour cela, nous les remercions du fond du cœur.
Chido a détruit Mayotte, mais a aussi ouvert une nouvelle page de notre histoire. Les épreuves nous ont atteints dans notre chair, mais elles nous forgent. Mayotte est plus forte, plus combative, plus déterminée que jamais à prendre toute sa place dans la République.
Cette loi imparfaite n’est qu’une étape. Nous prenons ces avancées et nous nous battrons pour obtenir ce qui nous revient de droit. C’est un combat républicain que Mayotte gagnera. Le chemin est long, mais Mayotte sait triompher de l’adversité avec une ténacité incroyable, un immense sourire, un humour ravageur, une solidarité généreuse et une grande modestie.
Certains ici voulaient nous effacer, mais nous sommes mahorais et fiers de l’être : des Français de Mayotte, avec nos kichali, nos traditions, parlant shimaoré et kibushi, et chantant La Marseillaise à pleins poumons – nous le ferons le 14 juillet. Mayotte est dans la République et c’est une chance pour la France. Cette loi est une belle avancée pour notre pays. (Applaudissements sur les bancs des groupes LIOT, RN et UDR.)
Mme la présidente
La parole est à Mme Émeline K/Bidi.
Mme Émeline K/Bidi
Notre assemblée est amenée à s’exprimer sur les deux projets de loi, ordinaire et organique, de refondation de Mayotte. Jamais nous n’avions autant parlé dans cet hémicycle de Mayotte, ni même d’un autre territoire ultramarin, de façon aussi longue et passionnée.
Lors de l’examen de ces textes en première lecture, il y a quelques semaines, nous vous avions déjà exposé nos déceptions, nos craintes et notre colère, même si nous savons ce projet de loi de programmation indispensable au vu de la réalité du territoire mahorais mise en exergue par le cyclone Chido.
Déception, d’abord, de voir que l’essentiel des avancées sociales censées répondre aux attentes concrètes de la population mahoraise étaient reléguées dans un rapport annexé sans valeur législative ni contraignante. Déception aussi face à un texte dont l’ambition et la portée ne nous semblaient pas à la hauteur du délaissement dont Mayotte est victime depuis des décennies.
Crainte, ensuite, que les promesses de l’État en termes d’investissement ou de convergence sociale ne soient pas tenues, comme tant de promesses avant elles. Crainte aussi que la convergence ne se traduise jamais par une véritable égalité des droits, que les délais et les taux fixés font apparaître comme un lointain mirage.
Colère, enfin, de voir que le cœur du texte consistait en une série de mesures dérogatoires ou d’exception en matière d’immigration. Le cuisant échec de cette méthode aurait pourtant dû vous conduire à reconsidérer toute votre politique de lutte contre l’immigration illégale et à choisir une politique qui ne conditionne pas l’égalité sociale à la maîtrise des frontières terrestres et maritimes, qui n’oppose pas lutte contre l’immigration et respect des droits fondamentaux.
Le texte issu de la CMP n’est pas si éloigné de celui que nous avons voté ici fin juin. Nos remarques sont donc toujours d’actualité et notre vote, sans surprise, restera inchangé.
Si nous saluons la suppression par la CMP de l’article 19 sur la facilitation des expropriations, nous regrettons par exemple que la Lodeom ne soit appliquée qu’en 2027.
Sur ce dernier point, monsieur le ministre, la colère des élus mahorais fait écho à l’inquiétude des élus de tous les territoires d’outre-mer. Nous n’oublions pas que l’année dernière, alors que vous n’étiez pas encore ministre des outre-mer, le gouvernement avait voulu raboter la Lodeom.
J’imagine que la tentation est grande, au sein de quelques ministères, de rechercher des économies en revenant encore sur ce dispositif fiscal cette année – ou l’année prochaine. Il serait alors particulièrement cynique de promettre aux entrepreneurs mahorais l’application d’une aide en voie de disparition.
Mais le cynisme, je l’ai dit, je le laisse à GBH (Groupe Bernard Hayot) et au président de la République. Je ne vous ferai pas, à vous, ce mauvais procès.
Pour vous, le plus difficile commence maintenant : transformer les tableaux du rapport annexé en lignes budgétaires bien ordonnées dans les prochains projets de loi de finances et de financement de la sécurité sociale, transformer les promesses en écoles, en hôpitaux, en ports, en routes, en eau claire et potable pour toutes les Mahoraises et tous les Mahorais, qui attendent depuis trop longtemps que la promesse républicaine – Liberté, Égalité, Fraternité – soit aussi une réalité à Mayotte. (Applaudissements sur les bancs des groupes GDR, SOC et EcoS.)
Mme la présidente
La parole est à Mme Sophie Ricourt Vaginay.
Mme Sophie Ricourt Vaginay
Depuis son accession au statut de département en 2011, Mayotte a concentré toutes les contradictions de notre modèle démocratique et républicain : un attachement profond à la France et, dans le même souffle, une défiance légitime envers un État incapable de protéger, d’éduquer, de soigner.
Le cyclone Chido, en décembre 2024, n’a pas seulement emporté des tôles et des palmiers : il a dévoilé la nudité structurelle de nos carences. L’onde de choc fut autant physique que morale, rappelant que la République, là-bas, vacille sous le double fardeau du dénuement et de l’immigration incontrôlée. Refonder Mayotte n’est plus un choix administratif ou législatif : c’est un impératif de souveraineté.
Le premier texte – le projet de loi de programmation – est le fruit d’un long cheminement parlementaire. Il engage la France à hauteur de 3,2 milliards d’euros d’ici 2031. Ce n’est pas un chèque en blanc, mais la matérialisation d’un engagement républicain, un contrat de confiance sur l’eau, l’école, la santé et les infrastructures. Mais que valent des routes si elles deviennent des couloirs pour l’économie souterraine ? Que vaut un hôpital si l’ordre public y est absent ?
Le second texte – le projet de loi organique – va plus loin. Il entérine la création du département-région de Mayotte, alignant ce territoire sur le modèle de la Guyane ou de la Martinique. Avec une assemblée de cinquante-deux élus, une gouvernance clarifiée et une cohérence normative renforcée, ce texte jette les bases d’une architecture institutionnelle stable, validée par le Conseil d’État. Je salue le travail déterminant et assidu du Rassemblement national, avec notre soutien, pour aboutir à cette version finale.
Toutefois, ces deux textes n’auront de portée que si nous affrontons sans détour la réalité migratoire, car Mayotte n’est pas seulement submergée, elle est assiégée. L’explosion démographique alimente la violence, le travail informel, les bidonvilles insalubres. Le droit du sol, en l’état, n’est plus une générosité : c’est un piège démographique qui désarme la République et ruine la cohésion locale.
Le groupe UDR considère que la question de l’adaptation du droit du sol à Mayotte n’est plus un tabou juridique, mais une nécessité stratégique. Il s’agit d’un chantier constitutionnel qui exige un courage politique dépassant la simple arithmétique législative. Nous ne devons plus confondre la protection des personnes et la dilution de la nation.
Le groupe UDR votera ces textes, par pragmatisme, par loyauté républicaine, mais surtout par exigence. Exigence de l’application intégrale des mesures promises ; exigence d’un suivi rigoureux des 3,2 milliards annoncés ; exigence d’un contrôle parlementaire permanent, garant d’une démocratie vivante et non décorative.
Nous saluons la création d’un rapport remis annuellement au Parlement, clé de voûte d’une responsabilité continue, mais nous affirmons que ce contrôle doit s’élargir à la question migratoire, afin que Mayotte ne reste pas la variable d’ajustement d’un humanisme naïf. La République est un pacte : elle protège ceux qui y adhèrent, mais elle doit aussi se protéger elle-même.
Nous ne refondons pas seulement un territoire, nous refondons la promesse républicaine aux confins de notre souveraineté. Si nous voulons que Mayotte reste française dans son c?ur et dans son quotidien, il nous faut cesser de différer les décisions difficiles. Refonder, c’est assumer, c’est préférer le long terme à l’effet d’annonce. Le courage n’est pas de signer un chèque, mais de tenir la plume qui inscrit la loi dans la réalité. (Applaudissements sur les bancs des groupes UDR et RN.)
Mme la présidente
La parole est à M. le rapporteur.
M. Philippe Vigier, rapporteur
Je tiens à saluer les rapporteurs qui m’ont accompagné dans l’examen de ces projets de loi, à commencer par Agnès Firmin Le Bodo, sans qui nous n’en serions pas là sur la convergence sociale, et Philippe Gosselin, qui est à des milliers de kilomètres, mais qui nous regarde et sans qui nous ne serions pas arrivés à ce beau résultat sur le volet migratoire, en particulier la fin de la territorialisation des titres de séjour.
M. Pierre Cordier
Avec le décalage horaire, il est surtout en train de dormir !
M. Philippe Vigier, rapporteur
Je salue également Estelle Youssouffa, dont tout le monde connaît l’exigence légitime pour Mayotte. Je salue les députés qui ont participé avec les sénateurs à la commission mixte paritaire.
Je remercie Manuel Valls, qui a fait en sorte que notre travail parlementaire aboutisse positivement.
Mme Mathilde Panot
Nous n’avons pas encore voté !
M. Louis Boyard
Attendez le vote !
M. Philippe Vigier, rapporteur
C’est un texte issu d’une CMP, chers collègues !
Un dernier mot pour Frantz Gumbs, qui s’est beaucoup impliqué sur le fameux article 19. Vous pouvez l’applaudir, parce que ce n’était pas facile ! (Applaudissements sur les bancs du groupe Dem.)
Les Mahorais nous regardent : jamais une réponse politique, économique et sociale aussi puissante ne leur avait été proposée. À nous de les accompagner ! Je vous invite à adopter ce texte ! (Applaudissements sur les bancs du groupe Dem.)
Mme la présidente
La parole est à M. le ministre d’État. (Exclamations sur plusieurs bancs des groupes LFI-NFP et EcoS.)
M. Manuel Valls, ministre d’État
Je voulais seulement dire quelques mots à une représentation nationale nombreuse, alors que durant les débats, ses rangs étaient plus clairsemés.
M. Emeric Salmon
Pas chez nous ! Nous étions là !
M. Manuel Valls, ministre d’État
Je sais néanmoins l’intérêt que vous portez à ce territoire.
Je remercie à mon tour le rapporteur général et l’ensemble des rapporteurs pour leur engagement, ainsi que les députés qui ont participé aux débats, en particulier Mmes Anchya Bamana et Estelle Youssouffa, qui représentent Mayotte. (Vifs applaudissements sur les bancs des groupes RN, Dem, LIOT et UDR ainsi que sur quelques bancs des groupes EPR et DR.) Vous pouvez les applaudir, elles assument un engagement difficile.
Ce texte donne des moyens supplémentaires en matière de sécurité, de lutte contre l’immigration illégale, de lutte contre l’habitat irrégulier. Surtout, il relance – pour la première fois depuis longtemps – la convergence sociale et économique qui doit aboutir à l’égalité réelle à Mayotte.
Ces textes permettront à ce territoire de se doter progressivement d’infrastructures solides – port et aéroport, mais pas seulement – et à donner la priorité aux écoles, aux transports et à la santé.
Enfin, nous avons une obligation de réussite, compte tenu des 4 milliards engagés. Comme ministre des outre-mer, je suis particulièrement fier d’avoir défendu ces textes. Vous avez raison, madame Youssouffa : Mayotte méritait bien trois textes, dont deux ont été à l’initiative du gouvernement, comme l’a rappelé Florent Boudié.
Qu’on approuve ou qu’on critique ces textes, ils seront adoptés. Je ne doute pas qu’il en ira de même demain au Sénat. Certains essayeront de porter à leur crédit les avancées que ces textes introduisent, mais en tous cas, ils nous imposent une obligation de résultat.
Je suis également fier de répondre aux attentes des Mahorais, qui le méritent, puisqu’ils sont si français. Désormais, il faudra travailler vite pour redresser ce territoire. (Applaudissements sur les bancs des groupes EPR et Dem ainsi que sur quelques bancs du groupe DR.)
Mme la présidente
La discussion générale est close.
Vote sur l’ensemble (projet de loi ordinaire)
Mme la présidente
Je mets aux voix l’ensemble du projet de loi ordinaire, tel qu’il est issu de la commission mixte paritaire.
(Il est procédé au scrutin.)
Mme la présidente
Voici le résultat du scrutin :
Nombre de votants 527
Nombre de suffrages exprimés 465
Majorité absolue 233
Pour l’adoption 354
Contre 111
(L’ensemble du projet de loi est adopté.)
(Applaudissements sur les bancs des groupes RN, EPR, DR, Dem, HOR, LIOT et UDR.)
Vote sur l’ensemble (projet de loi organique)
Mme la présidente
Je mets aux voix l’ensemble du projet de loi organique, tel qu’il est issu de la commission mixte paritaire.
(Il est procédé au scrutin.)
Mme la présidente
Voici le résultat du scrutin :
Nombre de votants 527
Nombre de suffrages exprimés 527
Majorité absolue 264
Pour l’adoption 525
Contre 2
(L’ensemble du projet de loi organique est adopté.)
Suspension et reprise de la séance
Mme la présidente
La séance est suspendue.
(La séance, suspendue à seize heures vingt, est reprise à seize heures trente.)
Mme la présidente
La séance est reprise.
2. Statut de l’élu local
Suite de la discussion d’une proposition de loi
Mme la présidente
L’ordre du jour appelle la suite de la discussion de la proposition de loi portant création d’un statut de l’élu local (nos 136, 1603 deuxième rectification).
Discussion des articles (suite)
Mme la présidente
Hier soir, l’Assemblée a poursuivi la discussion des articles, s’arrêtant à l’amendement no 339 portant article additionnel après l’article 5.
Après l’article 5
Mme la présidente
Sur les amendements nos 339 et 735, qui peuvent faire l’objet d’une présentation groupée, je suis saisie par le groupe Rassemblement national de demandes de scrutin public.
Les scrutins sont annoncés dans l’enceinte de l’Assemblée nationale.
La parole est à Mme Sophie Mette, pour défendre ces amendements.
Mme Sophie Mette
Ces deux amendements ont été rédigés avec les élus de la neuvième circonscription de la Gironde – ma circonscription. Ils visent à instaurer un cadre clair, équitable et lisible pour le remboursement des frais engagés en vue de l’exercice du mandat local, sans modifier les plafonds existants ni créer de nouvelle charge publique. La grille nationale qu’ils tendent à créer permettra d’aligner les pratiques sur le terrain tout en laissant une liberté d’adaptation aux communes – c’est important. Les élus ont besoin de lisibilité, notamment pour justifier leurs dépenses auprès de leurs administrés. Ces amendements ont donc pour objet de les sécuriser dans l’exercice quotidien de leur mandat et de renforcer l’égalité de traitement entre les collectivités.
Mme la présidente
La parole est à M. Stéphane Delautrette, rapporteur de la commission des lois constitutionnelles, de la législation et de l’administration générale de la République, pour donner l’avis de la commission.
M. Stéphane Delautrette, rapporteur de la commission des lois constitutionnelles, de la législation et de l’administration générale de la République
Sur le fond, je rappelle qu’il existe déjà un arrêté déterminant les modalités de remboursement des frais de séjour et de transport et que les modalités de remboursement des frais de garde d’enfants sont également précisées par la voie réglementaire.
Sur la forme, il ne me semble pas possible que les élus d’une commune discutent et amendent un arrêté ministériel établissant une grille indicative. Avis défavorable sur les deux amendements.
Mme la présidente
La parole est à M. le ministre de l’aménagement du territoire et de la décentralisation, pour donner l’avis du gouvernement.
M. François Rebsamen, ministre de l’aménagement du territoire et de la décentralisation
Madame la députée, j’ai lu vos amendements avec intérêt. J’ajoute un commentaire aux propos du rapporteur : il est important qu’une communication destinée aux élus clarifie les évolutions du droit sur ce point et le gouvernement s’engage à ce que cette clarification ait lieu. Nous nous appuierons à cette fin sur des associations d’élus locaux. Ce sera l’occasion de rappeler les règles, le droit, qui ne sont pas toujours connus, comme vous le soulignez.
L’avis du rapporteur n’en demeure pas moins juste. Je vous propose donc de retirer ces amendements, sans quoi mon avis sera défavorable.
Mme la présidente
Je mets aux voix l’amendement no 339.
(Il est procédé au scrutin.)
Mme la présidente
Voici le résultat du scrutin :
Nombre de votants 84
Nombre de suffrages exprimés 78
Majorité absolue 40
Pour l’adoption 11
Contre 67
(L’amendement no 339 n’est pas adopté.)
(L’amendement no 735 n’est pas adopté.)
Article 5 bis
Mme la présidente
Je suis saisie de quatre amendements, nos 853, 459, 759 et 824, pouvant être soumis à une discussion commune.
Les amendements nos 853, 459 et 759 sont identiques ; ils font l’objet de deux sous-amendements, nos 867 et 868.
La parole est à M. le ministre, pour soutenir l’amendement no 853.
M. François Rebsamen, ministre
Ces amendements identiques sont importants. L’article 5 bis prévoit l’obligation, pour le ministre chargé des collectivités territoriales, d’adopter une circulaire rassemblant l’ensemble des dispositions statutaires applicables aux titulaires d’un mandat électif local au plus tard douze mois après la promulgation de la loi. Or le gouvernement n’est pas favorable à ce que soit inscrite dans la loi l’adoption d’une circulaire, qui n’est rien d’autre qu’un outil administratif. Il partage en revanche avec l’ensemble des parlementaires l’objectif de renforcer la diffusion et l’intelligibilité des dispositifs qui encadrent l’exercice des mandats locaux.
Dix ans après l’adoption de la charte de l’élu local, nous vous proposons donc de créer, dans le code général des collectivités territoriales, une nouvelle section qui énonce les droits et devoirs des élus locaux.
M. Emmanuel Mandon
Très bien !
M. François Rebsamen, ministre
S’agissant des devoirs, cela correspond notamment à la reprise de la charte de l’élu local adoptée en 2015, complétée par la mention de la nouvelle obligation de déclaration des dons, avantages et invitations dans un registre. Cette section reprendra également les dérogations au délit de prise illégale d’intérêts qui figurent dans le code pénal.
Ainsi, nous vous proposons la création, très attendue, d’un véritable statut de l’élu local. L’article 5 bis constitue pour cette raison l’un des articles clefs du texte que nous examinons.
M. Emmanuel Mandon
C’est une mesure très attendue !
Mme la présidente
La parole est à M. Stéphane Delautrette, rapporteur, pour soutenir l’amendement no 459.
M. Stéphane Delautrette, rapporteur
Je suis entièrement d’accord avec les propos de M. le ministre – comme vous le voyez, les rapporteurs ont déposé un amendement identique à celui du gouvernement. La nouvelle rédaction de l’article que prévoient ces amendements constitue en effet un point central de notre proposition de loi, qui procède de l’engagement pris en commission de vous soumettre une proposition de réécriture.
Cette dernière rappelle les droits généraux des élus locaux – possibilité de percevoir des indemnités, prise en charge des frais, affiliation au régime général de la sécurité sociale, droit à la protection fonctionnelle et à la formation et bénéfice de dispositions permettant de concilier l’exercice de leurs mandats avec la poursuite d’études supérieures ou une activité professionnelle. Il faut voir dans cette réécriture l’affirmation d’un principe fort, que la présente proposition de loi renforce point par point : le mandat s’accompagne de droits et de devoirs.
M. Florent Boudié, président de la commission des lois constitutionnelles, de la législation et de l’administration générale de la République
Excellent !
Mme la présidente
Je suis saisie de plusieurs demandes de scrutin public : sur les amendements no 853 et identiques, par le groupe Rassemblement national ; sur l’amendement nos 824, par les groupes Rassemblement national et Horizons & indépendants ; sur l’amendement no 428, par le groupe Rassemblement national.
Les scrutins sont annoncés dans l’enceinte de l’Assemblée nationale.
La parole est à Mme Violette Spillebout, pour soutenir l’amendement no 759.
Mme Violette Spillebout
Dans le même esprit que les interventions précédentes, je dirai que l’article 5 bis prévoit l’obligation, pour le ministre chargé des collectivités territoriales, d’adopter une circulaire recensant l’ensemble des dispositions statutaires applicables aux titulaires d’un mandat électif local, dans un délai de douze mois suivant la promulgation de la loi. Or l’élaboration d’une circulaire relève exclusivement du pouvoir réglementaire et non de la compétence du législateur. L’amendement du groupe EPR vise donc à supprimer cette disposition, tout en conservant l’objectif essentiel de clarification et d’amélioration de la lisibilité des droits et obligations qui encadrent l’exercice des mandats locaux.
Cette disposition est fidèle à l’esprit des travaux menés dans le cadre de la mission d’information que nous avait confiée la délégation aux collectivités territoriales et à la décentralisation. Il s’agit de créer un véritable statut de l’élu local, comme l’indique le titre de cette proposition de loi. Je crois que nous aurons à examiner certains amendements qui tendent à modifier ce titre. Pour notre part, nous y tenons, car l’engagement et les sacrifices que consentent les élus locaux au nom de l’intérêt général – Stéphane Delautrette nous rappelait hier qu’un maire consacre en moyenne trente-quatre heures par semaine à l’exercice de son mandat – méritent la création d’un véritable statut. C’est une mesure attendue par les associations d’élus, largement débattue et défendue par le Sénat, qui contribuera à renforcer la sécurisation de l’exercice des mandats locaux.
Mme la présidente
La parole est à M. Freddy Sertin, pour soutenir les sous-amendements nos 867 et 868, qui peuvent faire l’objet d’une présentation groupée.
M. Freddy Sertin
Le sous-amendement no 867 reprend le dispositif de l’amendement no 20. Dans le cadre de la nouvelle section du code général des collectivités territoriales dont les amendements identiques qui viennent d’être défendus prévoient la création, il consacre la lecture de la charte de l’élu local sous la forme d’une prestation de serment lors de l’installation du conseil municipal.
Quant au sous-amendement no 868, il reprend le dispositif de l’amendement no 21. Il intègre, dans le cadre de ladite nouvelle section du code général des collectivités territoriales, le respect du principe de laïcité dans la charte de l’élu local. La laïcité, pierre angulaire de notre République, garantit la neutralité de l’État et des services publics et assure ainsi l’égalité de tous les citoyens devant la loi. Notre proposition s’inscrit dans une démarche de consolidation des valeurs républicaines, essentielles à la cohésion sociale et à la démocratie.
Mme la présidente
La parole est à Mme Agnès Firmin Le Bodo, pour soutenir l’amendement no 824.
Mme Agnès Firmin Le Bodo
Monsieur le ministre, nous avons eu l’occasion d’échanger au sujet de la nécessité d’aboutir, par ce texte, à la création d’un véritable statut de l’élu local. C’est le sens des amendements que vous défendez, comme de celui que promeut le groupe Horizons
Mme la présidente
Quel est l’avis de la commission sur ces amendements en discussion commune ?
M. Stéphane Delautrette, rapporteur
Je commencerai par les deux sous-amendements défendus par M. Sertin. Les membres de la commission les ont déjà examinés et n’ont pas souhaité les soutenir. Je réitère cette position en émettant un avis défavorable sur ces sous-amendements. En effet, obliger les élus locaux à prêter serment ou à s’engager publiquement à respecter la charte de l’élu local peut sembler témoigner d’une forme de défiance à leur égard. Cette obligation ne s’applique pas aux élus nationaux et je rappelle qu’à l’installation d’un conseil municipal, le maire procède à la lecture de la charte de l’élu local, dont tous les élus prennent connaissance. Cette solennité s’affirme ainsi dès l’installation du conseil et les membres de la commission n’ont pas vu l’intérêt de créer une cérémonie publique qui impliquerait une prestation de serment.
Quant au respect du principe de laïcité, il fait partie intégrante de la charte de l’élu local et de l’engagement pris de respecter les symboles et principes de la République, dont la laïcité fait partie. Je rappelle que le maire est garant de l’ordre public. Le sous-amendement no 868 est donc satisfait.
S’agissant de l’amendement no 824 défendu par Mme Firmin Le Bodo, vous aurez compris que nous partageons son objectif : créer un statut de l’élu local. Nous souscrivons donc à sa proposition. Cependant, il me semble que la rédaction que nous proposons avec le gouvernement atteint cet objectif. C’est pourquoi je demande son retrait au profit des amendements identiques que nous défendons.
Mme la présidente
Quel est l’avis du gouvernement ?
M. François Rebsamen, ministre
Même avis. Le rapporteur s’est fort bien exprimé. Le sous-amendement no 867 est un peu inopérant car il présente quelques erreurs de rédaction. S’agissant du no 868, la laïcité est dans la Constitution, dans la jurisprudence, en somme dans tous les textes existants, et je ne vois pas pourquoi il faudrait en rajouter, puisqu’elle fait partie de notre identité, sauf à des fins de stigmatisation.
Quant à l’amendement no 824, nous comprenons votre intention, madame Firmin Le Bodo, mais le statut de l’élu local que nous défendons sera inscrit dans la loi, puisque l’article 5 bis le sera dans la rédaction que nous proposons si nos amendements sont adoptés ! Je vous invite à retirer votre amendement, car vous trouverez dans nos amendements identiques tous les éléments qui permettront d’aboutir enfin à ce que nous attendons : l’inscription d’un statut de l’élu local dans la loi.
Mme la présidente
La parole est à Mme Élisa Martin.
Mme Élisa Martin
Nous voyons d’un bon œil le fait d’énoncer, de préférence dans la loi, tout ce qui pourrait participer d’une première ébauche du statut de l’élu local – j’emploie ce mot à dessein car une aporie subsistera, difficile à résoudre, au sujet des salariés du privé, auxquels, en dépit du dispositif voté hier soir, il sera toujours difficile de s’engager localement sans faire les frais de cet engagement.
Il ne nous paraît pas nécessaire de rendre obligatoire une prestation de serment, pour les raisons qui ont déjà été avancées. En revanche, le fait de rappeler que l’élu local doit respecter le principe de laïcité, qui fait partie des grands principes républicains, ne nous pose pas de problème.
J’appelle votre attention sur la notion d’intérêt, puisque l’élu local doit veiller « à prévenir ou à faire cesser immédiatement tout conflit d’intérêts ». Nous aurons évidemment à en reparler à l’article 18, lorsque nous aborderons la question du conflit d’intérêts public-public qui, selon nous, ne devrait pas être supprimé.
Mme la présidente
La parole est à M. Freddy Sertin.
M. Freddy Sertin
Je retire mes deux sous-amendements.
(Les sous-amendements nos 867 et 868 sont retirés.)
Mme la présidente
La parole est à M. Emmanuel Duplessy.
M. Emmanuel Duplessy
L’article 5 bis vise principalement à rassembler dans un même document l’ensemble des droits et obligations de l’élu local, afin qu’ils soient plus accessibles et mieux connus des intéressés. Nous avons d’ailleurs constaté en commission des lois – nous y reviendrons dans les heures qui viennent – que certaines dispositions statutaires qui les concernent sont mal connues par les élus locaux. Je veux bien croire qu’une circulaire n’est pas la forme la plus adaptée pour ce faire, mais je crains que la seule inscription dans le CGCT ne suffise pas à assurer la diffusion et l’appropriation de ces dispositions. Le groupe Écologiste et social serait disposé à soutenir ces amendements de réécriture de l’article, mais nous aurions besoin de savoir comment le gouvernement compte communiquer et informer l’ensemble des élus.
M. François Rebsamen, ministre
Il faudra lire le journal !
M. Emmanuel Duplessy
En l’absence de circulaire, ne risque-t-on pas de vider l’article de sa substance ?
Mme la présidente
La parole est à M. Sébastien Huyghe.
M. Sébastien Huyghe
Je ne reviens pas sur l’amendement no 759, identique à celui du gouvernement, qu’a parfaitement défendu Violette Spillebout. En ce qui concerne la prestation de serment suggérée par notre collègue Freddy Sertin, sachez que je formulerai moi-même une proposition à ce sujet, après l’article 23, visant à faire des chefs des exécutifs locaux des élus assermentés, ce qui emporterait des conséquences puisqu’ils engageraient leur foi.
Mme la présidente
Je mets aux voix les amendements identiques nos 853, 459 et 759.
(Il est procédé au scrutin.)
Mme la présidente
Voici le résultat du scrutin :
Nombre de votants 108
Nombre de suffrages exprimés 107
Majorité absolue 54
Pour l’adoption 58
Contre 49
(Les amendements identiques nos 853, 459 et 759 sont adoptés ; en conséquence, l’article 5 bis est ainsi rédigé et les amendements nos 824 et 428 tombent.)
Article 6 bis
(article soumis à la procédure de législation en commission)
Après l’article 6
Mme la présidente
Nous en venons à l’amendement n° 532 portant article additionnel après l’article 6, sur lequel je suis saisie par le groupe Rassemblement national d’une demande de scrutin public.
Le scrutin est annoncé dans l’enceinte de l’Assemblée nationale.
La parole est à M. Stéphane Delautrette, rapporteur, pour soutenir cet amendement no 532.
M. Stéphane Delautrette, rapporteur
Il vise à corriger ce qui m’apparaît comme une anomalie, en permettant aux présidents des assemblées de Corse et de Martinique d’employer des collaborateurs dans les mêmes conditions que les présidents des exécutifs de ces collectivités – ce qu’ils ne peuvent pas faire actuellement. L’examen de la présente proposition de loi nous fournit l’occasion de rétablir de la cohérence entre les différentes collectivités, où qu’elles se trouvent.
Mme la présidente
Quel est l’avis du gouvernement ?
M. François Rebsamen, ministre
Je donne un avis très favorable à cet amendement, qui rétablit de l’équité.
Mme la présidente
La parole est à Mme Élisa Martin.
Mme Élisa Martin
Il est important que tous les chefs d’exécutif ou d’assemblée puissent bénéficier des mêmes moyens ; nous le devons en particulier aux territoires d’outre-mer, mais aussi à la Corse. Dès lors qu’il est encadré et que ce cadre est respecté, l’emploi des collaborateurs est réellement utile pour aider à élaborer et à appliquer les décisions. Nous voterons donc pour l’amendement.
Mme la présidente
Je mets aux voix l’amendement no 532.
(Il est procédé au scrutin.)
Mme la présidente
Voici le résultat du scrutin :
Nombre de votants 116
Nombre de suffrages exprimés 114
Majorité absolue 58
Pour l’adoption 112
Contre 2
(L’amendement no 532 est adopté.)
Article 7
(article soumis à la procédure de législation en commission)
Après l’article 7
Mme la présidente
Nous en venons à plusieurs amendements portant article additionnel après l’article 7.
Sur l’amendement no 475, sur les amendements identiques nos 359 et 450 ainsi que sur l’amendement no 601, je suis saisie par le groupe Rassemblement national de demandes de scrutin public.
Les scrutins sont annoncés dans l’enceinte de l’Assemblée nationale.
Nous commençons par les amendements nos 475, 359 et 450, qui peuvent être soumis à une discussion commune.
Je rappelle que les amendements nos 359 et 450 sont identiques.
L’amendement no 475 de M. Joël Bruneau est défendu.
La parole est à M. Jean-Pierre Bataille, pour soutenir le sous-amendement no 858 à cet amendement no 475.
M. Jean-Pierre Bataille
Par son amendement, M. Bruneau entend permettre au président d’un établissement public de coopération intercommunale (EPCI) d’organiser les réunions de commissions en plusieurs lieux, par visioconférence. Par mon sous-amendement, je souhaite préciser que, lors de ces visioconférences, les élus sont tenus d’ouvrir leur caméra. Il vous est sans doute arrivé d’assister à des réunions devant des écrans noirs – c’est mon cas. Garantir la présence effective de l’élu local derrière sa tablette ou son ordinateur ne me semble pas inopportun.
Mme la présidente
L’amendement no 359 de Mme Josiane Corneloup est défendu.
La parole est à Mme Sabine Thillaye, pour soutenir l’amendement no 450.
Mme Sabine Thillaye
On le sait bien, il est souvent difficile de concilier engagement électif et vie professionnelle, en particulier pour les jeunes élus qui étudient en dehors de leur commune d’élection, faute d’établissement d’enseignement supérieur dans leur commune.
L’amendement vise à étendre aux séances des conseils municipaux le recours à la visioconférence, qui a été expérimenté au sein des EPCI durant la crise sanitaire et qui est inscrit, pour ce qui concerne la réunion des commissions municipales, à l’article 7 de la présente proposition de loi.
La loi du 21 février 2022 relative à la différenciation, la décentralisation, la déconcentration et portant diverses mesures de simplification de l’action publique locale, dite loi « 3DS », avait déjà consacré la possibilité de tenir en visioconférence une séance de conseil départemental, de conseil régional, de l’Assemblée de Corse, de l’Assemblée de Guyane et de l’Assemblée de Martinique. L’amendement précise que les séances lors desquelles il est procédé à l’élection du maire et des adjoints ainsi que celles consacrées à l’adoption du budget primitif ne peuvent se tenir de la sorte, ne serait-ce que partiellement.
La faculté de recourir à la visioconférence serait entièrement laissée à la discrétion du maire ; il n’est donc aucunement envisagé de généraliser la visioconférence à l’ensemble des conseils municipaux. Les modalités d’application de la disposition seraient fixées par un décret, qui dresserait notamment la liste des motifs d’empêchement considérés comme légitimes.
L’amendement a été élaboré avec l’Association des jeunes élus de France, qui y tient particulièrement.
Mme la présidente
Quel est l’avis de la commission sur ces amendements en discussion commune et sur le sous-amendement ?
M. Stéphane Delautrette, rapporteur
Je demande le retrait de l’amendement no 475 de M. Bruneau, car il est satisfait par les dispositions de l’ordonnance no 2014-1329 du 6 novembre 2014, qui autorisent le recours à la visioconférence pour les instances administratives à caractère collégial, ce qui inclut les réunions des commissions des EPCI. Je suis défavorable au sous-amendement no 858.
Sur les amendements no 359 et 450, nous avons affiché très clairement en commission notre volonté de maintenir en présentiel les réunions délibérantes des conseils municipaux et des conseils communautaires, non seulement pour des raisons techniques, mais également pour en préserver la solennité. N’oublions pas que la présence physique facilite les échanges. La période du covid était exceptionnelle, et elle a aussi illustré les difficultés des communes, notamment des plus petites, à utiliser la visioconférence. Je vous demande donc également de retirer ces amendements, faute de quoi j’y serai défavorable.
Mme la présidente
Quel est l’avis du gouvernement ?
M. François Rebsamen, ministre
Mêmes avis que M. le rapporteur.
Mme la présidente
La parole est à Mme Élisa Martin.
Mme Élisa Martin
Nous sommes tout à fait opposés – je vous le dis sans ambages – à l’extension du recours à la visioconférence.
D’abord, comme le covid nous l’a réappris, si besoin était : les êtres humains sont des animaux sociaux ; nous avons besoin d’être en contact les uns avec les autres pour échanger, mesurer ce que l’autre ressent, en particulier lorsqu’il s’agit de prendre une décision.
Ensuite, le sous-amendement de M. Bataille visant à imposer aux élus à ouvrir leur caméra illustre bien l’une des difficultés de la visioconférence. En outre, les participants à une réunion en visioconférence ne pourraient pas voter à bulletin secret.
Cela pose un troisième problème, fort concret : il faut que les communes ou les EPCI disposent d’outils numériques non seulement solides, mais encore sécurisés. Tout cela coûte de l’argent et requiert une certaine technicité.
De surcroît, le fait de se réunir au même endroit permet d’éviter certaines pressions. On ne sait jamais vraiment dans quelles conditions se trouve un élu placé derrière son écran, quand bien même sa caméra serait ouverte.
La disposition pose donc des problèmes philosophiques – pardon pour la grandiloquence du terme –, techniques et liés à l’indépendance même de l’élu. On invoque le cas des jeunes gens : adaptons plutôt l’organisation des conseils municipaux à leur emploi du temps, par exemple en les réunissant plutôt le vendredi en fin de journée, afin qu’ils puissent y participer.
Mme la présidente
La parole est à Mme Sabine Thillaye.
Mme Sabine Thillaye
Je tiens à préciser qu’il s’agit d’un dispositif d’exception, qui demeure à la discrétion du maire. Si nous voulons mobiliser des jeunes dans les conseils municipaux,…
Mme Élisa Martin
Ça ne changera rien ! C’est du gadget !
Mme Sabine Thillaye
…nous ne pouvons pas en rester aux outils du passé.
M. Emeric Salmon
La présence physique, un outil du passé ?
Mme Élisa Martin
Et les pressions ?
Mme Sabine Thillaye
Bien sûr, la solennité est importante et le présentiel est un avantage. Mais dans certaines conditions, bien encadrées, avec des motifs bien établis et laissés à l’appréciation du maire, il doit être possible d’y déroger. Nous devrions adopter cette disposition afin de maintenir les jeunes dans les conseils municipaux, voire les y intéresser.
Mme la présidente
La parole est à M. Sébastien Huyghe.
M. Sébastien Huyghe
Nous sommes très favorables aux amendements identiques nos 359 et 450. Même si le principe doit demeurer celui de la réunion physique, nous considérons que des cas se présentent où, exceptionnellement, l’usage de la visioconférence doit être autorisé pour participer au conseil municipal – par exemple pour quelqu’un qui serait en déplacement professionnel à l’autre bout du territoire.
Mme Élisa Martin
Il est possible de faire une procuration !
M. Sébastien Huyghe
Des raisons légitimes, qui seront déterminées par décret et dont les modalités pratiques seront fixées par le règlement du conseil municipal, doivent permettre à une personne qui souhaite y participer mais qui n’a pas matériellement la possibilité d’être sur place, de le faire.
Ce texte vise à inciter les gens à s’engager. Certains de nos concitoyens, de par leur profession, savent qu’ils ne pourront pas participer à l’intégralité des conseils municipaux ; ils pourraient alors s’interdire cet engagement. Ce dispositif, utilisé de manière exceptionnelle, pourra les rassurer et leur permettre de s’investir pleinement dans le mandat qui leur aura été confié.
Mme la présidente
La parole est à Mme Claudia Rouaux.
Mme Claudia Rouaux
Je suis, au contraire, très réservée. Nous avons tous connu les élections municipales de 2020, qui se sont tenues pendant la crise du covid. Or nous n’avons jamais connu autant de démissions dans les conseils. C’est que le présentiel permet une certaine sociabilisation et des débats. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe LFI-NFP.) Il faut éviter au maximum la visioconférence – je ne dis pas qu’il faut l’interdire, on peut exceptionnellement l’autoriser à la demande d’un conseiller municipal. C’est quelquefois trop simple de rester chez soi, derrière son écran ; cela reste moins motivant que de se déplacer. L’engagement est aussi là : dans le fait de se réunir autour d’une table pour discuter. À titre personnel, je suis opposée à ces amendements, qui risquent d’entraîner de nombreuses autres démissions, comme celles que nous avons connues depuis les dernières élections municipales.
Mme la présidente
La parole est à M. Jean-Pierre Bataille.
M. Jean-Pierre Bataille
Je retire mon sous-amendement no 858. En effet, me reviennent des souvenirs de visioconférence où il fallait couper la caméra parce que le réseau n’était pas suffisant…
Mme Élisa Martin
Eh oui !
M. Jean-Pierre Bataille
…pour conserver à la fois l’image et le son, si bien que l’on devait se contenter de ce dernier. Par ce sous-amendement, je voulais appeler l’attention de l’ensemble des élus sur l’assiduité nécessaire, y compris lorsque l’on se trouve derrière un écran.
(Le sous-amendement no 858 est retiré.)
Mme la présidente
La parole est à Mme Josiane Corneloup.
Mme Josiane Corneloup
Nous devons voter en faveur de ces amendements : il faut ouvrir au plus grand nombre la possibilité de participer aux conseils municipaux. L’obligation d’une réunion physique peut être un frein, notamment pour des jeunes en études. Notre collègue a dit que les réunions d’un conseil municipal pouvaient se tenir les vendredis soir. Or il y a des jeunes qui ne rentrent chez eux qu’une fois par mois, quand d’autres sont en déplacement commercial.
Mme Élisa Martin
S’ils ne sont jamais là, ils ne peuvent pas être élus locaux !
Mme Josiane Corneloup
Bien sûr que la présence physique est préférable ; mais le maire peut parfaitement autoriser, à titre exceptionnel, qu’une réunion du conseil municipal se tienne en visioconférence, d’autant que l’amendement précise que cela demeure impossible pour l’élection du maire et des adjoints ainsi que pour l’adoption du budget.
Mme la présidente
La parole est à Mme Agnès Firmin Le Bodo.
Mme Agnès Firmin Le Bodo
Nous comprenons le sens de ces amendements : donner la possibilité, notamment aux jeunes, de s’engager – mais cela m’ennuie de stigmatiser les jeunes en laissant penser que lorsqu’ils s’engagent, ils ne sont pas présents.
Mme Élisa Martin
Eh oui !
Mme Agnès Firmin Le Bodo
Autant la possibilité de recourir à la visioconférence pour les commissions préalables constitue une belle avancée, autant je suis très réservée sur le fait qu’un conseil municipal, où se tiennent des votes importants, puisse se réunir à la fois en présentiel et en visioconférence. Je pense que nous prenons ici, collectivement, le risque de dévoyer l’engagement et le sens de la démocratie. (M. Gabriel Amard applaudit.) Je suis donc très défavorable à ce que nous ouvrions la possibilité de tenir des conseils municipaux en format hybride. Nous savons très bien le faire lorsque les circonstances nous y obligent ; restons-en là. La norme doit demeurer celle du présentiel pour le conseil municipal. C’est essentiel pour la démocratie. (Applaudissements sur les bancs du groupe HOR et sur quelques bancs du groupe LFI-NFP. – M. Didier Le Gac, rapporteur de la commission des lois, M. Mathieu Lefèvre et Mme Claudia Rouaux applaudissent également.)
Mme la présidente
La parole est à M. Bryan Masson.
M. Bryan Masson
Notre groupe pense que les visioconférences sont une bonne chose pour les commissions du conseil municipal, qui conduisent souvent à se déplacer pour une seule délibération.
J’ai été jeune conseiller municipal – j’espère être encore un jeune député – et, si j’ai voulu l’être, c’était pour m’engager au sein de la collectivité. J’entends trop d’exemples de jeunes qui se trouveraient très loin de chez eux et seraient dès lors tenus en retrait des réunions ; mais dans un tel cas, il ne faut pas être conseiller municipal !
Mme Élisa Martin
Exactement !
M. Bryan Masson
Certains jeunes conseillers municipaux, au contraire, veulent pleinement s’engager. En outre, il convient de conserver une certaine sacralité du conseil municipal, où se tiennent des votes importants et qui constitue, tout de même, un rendez-vous de la maison commune. Je suis absolument opposé à ce que le conseil municipal, cet événement sacré dans nos villes et nos villages, puisse se tenir en visioconférence.
Par ailleurs, je vous laisse imaginer l’organisation que cela exigerait dans certaines communes ; cela constituerait un frein à l’engagement véritable des élus. Oui à la visioconférence pour les commissions, parce que c’est possible et que celles-ci prennent souvent très peu de temps de réunion pour un grand temps de déplacement ; mais non à la visioconférence pour le conseil municipal ! (Applaudissements sur les bancs des groupes RN et UDR.)
Mme la présidente
Je mets aux voix l’amendement no 475.
(Il est procédé au scrutin.)
Mme la présidente
Voici le résultat du scrutin :
Nombre de votants 130
Nombre de suffrages exprimés 129
Majorité absolue 65
Pour l’adoption 63
Contre 66
(L’amendement no 475 n’est pas adopté.)
(Applaudissements sur quelques bancs du groupe LFI-NFP. – M. Hendrik Davi applaudit également.)
Mme la présidente
Je mets aux voix les amendements identiques nos 359 et 450.
(Il est procédé au scrutin.)
Mme la présidente
Voici le résultat du scrutin :
Nombre de votants 131
Nombre de suffrages exprimés 130
Majorité absolue 66
Pour l’adoption 23
Contre 107
(Les amendements identiques nos 359 et 450 ne sont pas adoptés.)
Mme la présidente
La parole est à M. Jérémie Iordanoff, pour soutenir l’amendement no 601.
M. Jérémie Iordanoff
Cet amendement vise à limiter les possibilités de réunions en visioconférence aux cas de force majeure. La discussion qui vient d’avoir lieu l’illustre : la visioconférence doit constituer un dernier recours. Elle a été introduite par la loi « 3DS », à la suite du covid, et on peut imaginer d’autres cas de force majeure qui obligeraient à se réunir en visioconférence. Cependant, il faut strictement limiter les réunions des conseils, et des commissions, à ces cas de force majeure. Tel est le sens de l’amendement.
Mme la présidente
Quel est l’avis de la commission ?
M. Stéphane Delautrette, rapporteur
Nous avons évoqué à plusieurs reprises les façons de limiter le recours à la visioconférence. L’article 7 le restreint à l’ensemble des réunions de travail qui ne sont pas des réunions de délibération. Nous avons fait le choix de privilégier la réunion des conseils municipaux et des conseils communautaires en présentiel. J’émets donc un avis défavorable sur l’amendement.
Mme la présidente
Quel est l’avis du gouvernement ?
M. François Rebsamen, ministre
Même avis.
Mme la présidente
La parole est à Mme Edwige Diaz.
Mme Edwige Diaz
Au Rassemblement national, comme l’a dit mon collègue Bryan Masson, nous sommes favorables au recours à la visioconférence pour les commissions municipales, mais pas pour les conseils municipaux.
Nous sommes défavorables à cet amendement pour plusieurs raisons. D’abord, la visioconférence pourrait lever partiellement certains freins à l’engagement – je pense aux jeunes adultes, aux femmes, aux personnes en situation précaire, aux personnes non véhiculées et aux travailleurs en éloignement professionnel.
Je suis assez surprise de voir un amendement écolo limiter le recours à la visioconférence et le conditionner à un cas de force majeure. Car quelle en sera la conséquence ? L’obligation d’utiliser la voiture ! Cela témoigne d’une méconnaissance de la ruralité. Je suis élue de la Gironde, qui est le département le plus étendu de France,…
M. Romain Daubié
Non, c’est la Guyane !
Mme Edwige Diaz
…où de nombreux lieux-dits sont éloignés des centres-bourgs. Vous voulez donc obliger les conseillers municipaux à parcourir de longues distances pour assister à des réunions qui ne durent parfois que quelques minutes ou qui ne traitent que d’une seule délibération ! Vous qui passez votre temps à stigmatiser les automobilistes, à les taxer de pollueurs, vous voulez par cet amendement imposer l’usage de la voiture : c’est l’écologie façon Ubu roi ! (Applaudissements sur les bancs des groupes RN et UDR.)
Mme la présidente
La parole est à Mme Élisa Martin.
Mme Élisa Martin
Sans commentaire… (Exclamations sur quelques bancs du groupe RN.)
M. Julien Guibert
Mais si, allez-y !
Mme Élisa Martin
La difficulté est que la formule « en cas de force majeure » ne veut rien dire. Or on ne peut introduire dans la loi des notions qui paraissent aussi floues. N’ayons pas recours à la visioconférence dans certaines situations, cela sera très bien. Un système de procurations existe. Par ailleurs – précisons, par honnêteté, que ce n’est évidemment pas le sens de l’amendement –, si certaines personnes, structurellement, de par leur situation, ne peuvent assister aux réunions municipales, peut-être ne faut-il pas qu’elles soient élues !
Mme la présidente
Je mets aux voix l’amendement no 601.
(Il est procédé au scrutin.)
Mme la présidente
Voici le résultat du scrutin :
Nombre de votants 129
Nombre de suffrages exprimés 127
Majorité absolue 64
Pour l’adoption 13
Contre 114
(L’amendement no 601 n’est pas adopté.)
Article 7 bis
Mme la présidente
Je suis saisie de huit amendements identiques, nos 48, 87, 219, 232, 263, 397, 446 et 789, qui tendent à supprimer l’article 7 bis.
Sur ces amendements identiques, je suis saisie par les groupes Les Démocrates et Horizons d’une demande de scrutin public.
Le scrutin est annoncé dans l’enceinte de l’Assemblée nationale.
La parole est à Mme Josiane Corneloup, pour soutenir l’amendement no 48.
Mme Josiane Corneloup
Le régime actuel des délais de convocation aux séances du conseil municipal s’adapte aux différentes strates démographiques des communes : il prévoit un délai minimal de convocation de trois jours francs pour les communes de moins de 3 500 habitants et de cinq jours francs pour les communes de 3 500 habitants et plus.
Ces délais minimaux sont adaptés à l’organisation des secrétariats des communes rurales, qui ne sont parfois ouverts que quelques demi-journées par semaine, avec un effectif souvent partagé entre différentes collectivités. Ces délais leur laissent ainsi davantage de marges de manœuvre et de souplesse pour procéder à la convocation du conseil municipal dans le respect des règles du code général des collectivités territoriales.
Si l’on peut comprendre que l’allongement du délai de convocation permettrait une meilleure préparation des séances, les délais prévus par l’article 7 bis me semblent bien trop longs et risquent de provoquer une décorrélation entre le contenu de la séance et la réalité des problèmes que rencontrent les communes et qui revêtent parfois un caractère urgent. C’est la raison de cet amendement de suppression.
Mme la présidente
La parole est à Mme Martine Froger, pour soutenir l’amendement no 87.
Mme Martine Froger
Cet amendement, élaboré en concertation avec l’Association des maires de France et des présidents d’intercommunalité (AMF), tend à supprimer l’augmentation des délais de convocation des conseils municipaux prévue par l’article 7 bis.
Une telle mesure apparaît inadaptée, notamment aux petites communes, dont les moyens humains sont souvent limités. Si le souhait d’améliorer la préparation des séances est compréhensible, les délais proposés, trop longs, risquent de nuire à la réactivité des conseils municipaux en cas de sujets urgents.
Cet amendement tend donc à supprimer l’article, afin de conserver des règles adaptées, souples et respectueuses des contraintes locales.
Mme la présidente
La parole est à Mme Nicole Le Peih, pour soutenir l’amendement no 219.
Mme Nicole Le Peih
Il tend à supprimer cet article prévoyant l’allongement des délais de convocation des réunions des conseils municipaux. Ces délais sont en effet adaptés à la taille des communes : trois jours francs pour les communes de moins de 3 500 habitants et cinq pour les communes de 3 500 habitants et plus. Les mairies rurales, qui fonctionnent souvent avec des effectifs réduits, peuvent ainsi respecter sans difficulté la procédure. Allonger les délais risquerait de rigidifier le fonctionnement des conseils et de rendre les communes moins réactives face aux urgences. L’action locale serait ainsi déconnectée du rythme réel des décisions à prendre.
Afin de préserver la souplesse indispensable à la gestion communale, cet amendement tend donc, par la suppression de l’article 7 bis, au maintien des délais en vigueur.
Mme la présidente
La parole est à Mme Françoise Buffet, pour soutenir l’amendement no 232.
Mme Françoise Buffet
Il tend également à supprimer l’article 7 bis, pour les raisons que mes collègues ont déjà évoquées. Si l’on peut comprendre l’intention – allonger les délais pour permettre une meilleure préparation des séances –, il reste que les durées proposées sont trop longues et risquent de déconnecter les conseils municipaux des enjeux urgents du terrain.
Mme la présidente
Les amendements nos 263 de M. François-Xavier Ceccoli, 397 de M. Patrick Hetzel, 446 de Mme Sabine Thillaye et 789 de Mme Agnès Firmin Le Bodo sont défendus.
Quel est l’avis de la commission sur ces amendements de suppression ?
M. Stéphane Delautrette, rapporteur
Je leur donne un avis favorable, en cohérence avec la position exprimée par les deux corapporteurs – M. Le Gac et moi-même – en commission. (Mme Nicole Le Peih applaudit.)
Mme la présidente
Quel est l’avis du gouvernement ?
M. François Rebsamen, ministre
Même avis : favorable.
Mme la présidente
La parole est à M. Gabriel Amard.
M. Gabriel Amard
Le délai de sept jours prévu par l’article 7 bis nous semble une avancée. Les collègues qui s’inquiétaient, tout à l’heure, des difficultés que pourraient rencontrer certains membres des conseils municipaux pour organiser leur emploi du temps et se rendre disponibles pour les séances – en présentiel – devraient se rappeler des arguments qu’ils avançaient alors ! Les dispositions de cet article seraient en effet une belle manière de permettre à ceux qui ont des contraintes – étudiants ou salariés – de s’organiser, en faisant en sorte qu’ils soient prévenus plus longtemps à l’avance.
Au demeurant, ce texte n’interdit pas au président de séance d’ajouter, jusqu’au dernier moment, des points à l’ordre du jour – quoi que l’on pense de cette méthode ou de cette pratique.
Rappelons-nous également que le transfert de compétences des communes vers les intercommunalités a eu pour effet d’alléger les ordres du jour – dans certaines communes, le nombre de conseils municipaux qui se tiennent chaque année a même diminué.
L’article 7 bis représente donc une avancée importante, afin que les réunions des conseils municipaux puissent se dérouler plus sereinement et dans une plus grande transparence. Les réunions ordinaires, notamment, en seront d’autant mieux préparées, particulièrement pour les élus d’opposition.
Le groupe La France insoumise-Nouveau Front populaire votera donc contre ces amendements de suppression. (Mme Élisa Martin applaudit.)
Mme la présidente
La parole est à Mme Catherine Hervieu.
Mme Catherine Hervieu
Cet article tend à allonger de seulement deux jours le délai de convocation, afin de permettre aux conseillers municipaux de mieux s’organiser en vue de leur participation à la réunion du conseil municipal.
Il permet ainsi de favoriser l’engagement qualitatif des élus locaux : la préparation des réunions demande un peu de temps. Ce point est d’autant plus important que nous essayons de faciliter l’engagement des jeunes et des salariés, qui doivent trouver un équilibre entre le temps consacré à leur famille, le temps consacré à leur travail et le temps consacré à leur engagement dans la commune. L’allongement de deux jours – de trois à cinq ou de cinq à sept, selon la taille de la commune – ne nous paraît donc en rien rédhibitoire ; le groupe Écologiste et social votera contre ces amendements de suppression de l’article 7 bis. (Applaudissements sur quelques bancs des groupes EcoS et LFI-NFP.)
Mme la présidente
La parole est à M. Sébastien Huyghe.
M. Sébastien Huyghe
Le groupe EPR votera contre ces amendements de suppression : ce texte, qui incite nos concitoyens à s’engager, doit leur permettre d’organiser leur temps en sachant suffisamment à l’avance quand se tiendront les réunions du conseil municipal et avec quel ordre du jour.
Pour le bon fonctionnement de la démocratie, il est souhaitable que les conseillers d’opposition, qui peuvent moins facilement que ceux de la majorité accéder aux dossiers, aient plus de temps pour étudier ceux-ci et pouvoir ainsi se positionner, favorablement ou défavorablement. Ils reçoivent aujourd’hui ces documents dans des délais trop resserrés qui les empêchent de les étudier en profondeur – d’autant plus qu’il s’agit de personnes qui ne sont pas des professionnels de la politique et qui s’engagent en parallèle de leur activité professionnelle.
M. Gabriel Amard
Bien dit, collègue !
Mme la présidente
La parole est à M. Sylvain Berrios.
M. Sylvain Berrios
S’il est exact que le conseil municipal et le maire peuvent, jusqu’au dernier moment, invoquer l’urgence pour mettre une délibération sur la table, il n’en demeure pas moins que le groupe Horizons soutiendra ces amendements de suppression. La mécanique d’un conseil municipal, en effet, ne tient pas tout entier dans le moment de sa convocation, mais également dans la convocation des commissions qui le précèdent, là où les conseillers municipaux ont précisément à travailler les délibérations qui seront envoyées trois jours francs avant la date de sa réunion. C’est à ce moment-là que l’on prend connaissance des documents et que l’on commence à travailler.
L’allongement du délai de convocation du conseil municipal aurait pour conséquence d’allonger également le délai de convocation des commissions, ce qui serait très chronophage pour les élus, alors même que le calendrier des convocations du conseil municipal est connu pour l’année dans presque toutes les collectivités territoriales.
M. Gabriel Amard
Malheureusement, non !
Mme la présidente
La parole est à Mme Josiane Corneloup.
Mme Josiane Corneloup
Pour ceux qui pensent qu’il serait sans conséquence de passer de trois à cinq jours, je voudrais évoquer le cas des communes de moins de 1 000 habitants : elles ne disposent parfois d’un agent administratif que quinze heures par semaine. Pour ces petites communes, passer de trois jours à cinq jours, c’est en fait passer à dix jours. (M. Dider Le Gac, rapporteur, et M. Sylvain Berrios applaudissent.)
M. Sylvain Berrios
Bien sûr !
Mme la présidente
La parole est à M. le ministre.
M. François Rebsamen, ministre
Cela a beau sembler insignifiant, passer de trois à cinq jours va perturber profondément la vie des communes de moins de 1 000 habitants.
Mme Josiane Corneloup
C’est clair !
M. François Rebsamen, ministre
Cet article obligerait à programmer les commissions longtemps en avance, alors que les heures de secrétariat de mairie ne sont souvent pas très nombreuses. À vouloir trop bien faire, on risque, en réalité, de défaire des habitudes bien ancrées.
En vérité, dans presque toutes les communes de France, les dates de réunion du conseil municipal sont connues un an à l’avance. (« Non ! » sur les bancs du groupe Dem.) Peut-être pas chez vous, mais partout ailleurs, alors !
Passer de trois à cinq jours compliquerait beaucoup la vie des secrétaires de mairie, qui n’ont que quelques heures pour préparer la réunion du conseil municipal – réunion qui ne demande pas, dans toutes les petites communes et pour tous les élus, un formidable travail d’étude approfondie de tous les dossiers. Laissez un peu de place à la spontanéité !
Mme la présidente
La parole est à M. Emmanuel Mandon.
M. Emmanuel Mandon
Je vous invite à considérer la situation des élus minoritaires ou d’opposition, ou bien celle du conseiller municipal qui n’a connaissance que par intermittence des évolutions d’un dossier – ce qui pose problème –, quand il ne découvre pas son existence à l’occasion de la réunion du conseil.
Il faut faire la différence entre la situation des personnes qui exercent les responsabilités et celle des personnes qui ne participent qu’à la collégialité du conseil ; le rôle de ces derniers doit être revalorisé. Cet article est une manière de moderniser le fonctionnement des conseils municipaux, afin d’encourager l’engagement dans le rôle d’élu.
Pour ceux qui exercent une responsabilité exécutive, il y a une continuité de l’action ; mais les choses sont différentes pour les élus minoritaires et les simples conseillers. Notre assemblée devrait avoir pour ambition de renforcer leur information et de leur permettre, notamment, de consulter leurs concitoyens – ce que des délais trop contraints ne permettent pas. (Applaudissements sur les bancs du groupe Dem. – M. Gabriel Amard applaudit aussi.)
Mme la présidente
Je mets aux voix les amendements identiques nos 48, 87, 219, 232, 263, 397, 446 et 789.
(Il est procédé au scrutin.)
Mme la présidente
Voici le résultat du scrutin :
Nombre de votants 129
Nombre de suffrages exprimés 128
Majorité absolue 65
Pour l’adoption 83
Contre 45
(Les amendements identiques nos 48, 87, 219, 232, 263, 397, 446 et 789 sont adoptés ; en conséquence, l’article 7 bis est supprimé et les amendements nos 107, 247, 66, 734 rectifié, 33 et 37 tombent.)
Article 7 ter
Mme la présidente
La parole est à M. Éric Michoux, pour soutenir l’amendement no 813.
M. Éric Michoux
Il vise, en remplaçant le mot « semestre » par « trimestre », à accroître la fréquence à laquelle le bureau d’un EPCI doit se réunir en présentiel. Le développement de la visioconférence est certainement une bonne chose, mais ces réunions peuvent poser des problèmes techniques, notamment dans les petites communes. Les participants n’ont pas toujours des systèmes de connexion compatibles, le réseau n’est pas forcément fiable ; les petites communes rurales, qui ne disposent pas toutes d’un ingénieur réseau, n’y arriveront jamais.
En outre, des pratiques de nature à discréditer la visioconférence apparaissent, notamment dans le monde de l’entreprise. Je pense à l’usage des vignettes, images qu’on peut afficher lorsque l’on s’absente d’une réunion et qui donnent aux autres participants l’impression d’avoir affaire à un interlocuteur présent, alors qu’il n’y a personne au bout du fil. Certaines structures en viennent à interdire la visioconférence car l’intelligence artificielle permet désormais de donner l’impression que l’image d’un participant réagit. Le cas s’est présenté dans mon entreprise : lors d’une réunion de sept personnes, deux fournisseurs venus prendre de l’information étaient représentés par des avatars.
Il convient donc de modérer le recours aux réunions à distance. La visio, c’est certainement très bien, mais le présentiel, c’est essentiel ! (Applaudissements sur quelques bancs des groupes UDR et RN. – Sourires.)
M. René Pilato
Ça sent la fin de session extraordinaire !
Mme la présidente
Quel est l’avis de la commission ?
M. Stéphane Delautrette, rapporteur
Avis défavorable. Nous avons déjà débattu de cette question ; les dispositions du texte me semblent suffisamment précises.
(L’amendement no 813, repoussé par le gouvernement, n’est pas adopté.)
(L’article 7 ter est adopté.)
Article 8 A
Mme la présidente
Nous en venons à des amendements tendant à rétablir l’article 8 A, supprimé par la commission.
Sur les amendements identiques nos 74, 522, 538, 588 et 663 ainsi que sur l’amendement no 483, je suis saisie par le groupe Rassemblement national de demandes de scrutin public.
Les scrutins sont annoncés dans l’enceinte de l’Assemblée nationale.
Je suis saisie de sept amendements, nos 331, 74, 522, 538, 588, 663 et 483, pouvant être soumis à une discussion commune.
Les amendements nos 74, 522, 538, 588 et 663 sont identiques.
La parole est à Mme Josiane Corneloup, pour soutenir l’amendement no 331.
Mme Josiane Corneloup
Cet amendement de ma collègue Marie-Christine Dalloz vise à supprimer l’incompatibilité entre l’exercice d’un mandat de conseiller communautaire et l’exercice d’un emploi salarié dans l’une des communes membres de l’EPCI concerné.
Mme la présidente
La parole est à M. Charles de Courson, pour soutenir l’amendement no 74.
M. Charles de Courson
Il tend à rétablir l’article 8 A, introduit en séance au Sénat et supprimé par la commission des lois de l’Assemblée nationale. Il s’agit de lever l’incompatibilité existante entre l’exercice d’un mandat communautaire et l’occupation d’un emploi salarié au sein d’une des communes membres de l’EPCI. Cela s’appliquerait au cas où l’employé d’une commune donnée, siégeant par ailleurs au conseil municipal d’une autre commune dans laquelle il habite, serait élu délégué communautaire. Je ne vois pas quel conflit d’intérêts cela pourrait susciter, étant entendu qu’il restera impossible pour une personne d’être salariée de la commune dans laquelle elle est élue au conseil municipal. Face à la difficulté croissante de trouver des candidats pour les mandats locaux, notamment en milieu rural, il est nécessaire de faire évoluer la législation.
Mme la présidente
L’amendement no 522 de M. Thibault Bazin est défendu.
La parole est à M. Christophe Bentz, pour soutenir l’amendement no 538.
M. Christophe Bentz
Une personne exerçant un emploi public dans une commune membre d’un EPCI et conseiller municipal dans une autre commune membre ne peut siéger au conseil communautaire, car ces fonctions sont considérées comme incompatibles. L’amendement vise à rétablir la compatibilité souhaitée par le Sénat, qui a voté à la quasi-unanimité un amendement à cet effet du sénateur macroniste Jean-Baptiste Lemoyne. Au Sénat, le parti communiste, le parti socialiste, les centristes, les macronistes, une partie de la droite et le Rassemblement national ont voté le dispositif ; malheureusement, la commission des lois de l’Assemblée nationale a fait exactement l’inverse. Nous le regrettons, mais il est encore temps de se rattraper.
La meilleure solution serait une profonde réforme de la loi Notre, portant nouvelle organisation territoriale de la République. Nous réclamons notamment la suppression des EPCI. Nous verrons cela en 2027.
En tout cas, cette incompatibilité est une injustice territoriale et démocratique. Je réponds par avance à votre objection : non, il n’y a pas de conflit d’intérêts.
M. Pierre Pribetich
Ah bon ?
M. Christophe Bentz
Les élus sont là pour défendre leurs administrés, leur commune et leur territoire. Ils sont au service des citoyens. Nous proposons, par cet amendement, de les soutenir dans leur engagement. Ils veulent que leur travail soit reconnu ; en définitive, ils veulent de la liberté, de la subsidiarité et, surtout, de la confiance. (Applaudissements sur plusieurs bancs des groupes RN et UDR.)
Mme la présidente
La parole est à M. Bryan Masson, pour soutenir l’amendement no 588.
M. Bryan Masson
Il est identique à celui de M. Bentz. L’objectif de la proposition de loi est de faciliter l’engagement ; les sénateurs l’ont très bien compris. Or, pour des raisons que nous peinons à comprendre,…
Mme Élisa Martin
Je vais te réexpliquer.
M. Bryan Masson
…la commission a fait sauter l’article à la quasi-unanimité. Comme vient de le dire mon collègue, le Rassemblement national souhaite revenir sur cette décision. Il faut permettre aux agents des collectivités de s’engager dans la vie politique. Faisons comme les sénateurs : facilitons ! Depuis le début de l’examen du texte, notre assemblée semble plutôt chercher à embêter les maires et les collectivités qu’à faciliter l’engagement citoyen.
M. Emmanuel Duplessy
N’importe quoi !
Mme Élisa Martin
En effet…
Mme la présidente
L’amendement no 663 de M. Patrick Hetzel est défendu.
La parole est à M. Christophe Bentz, pour soutenir l’amendement no 483.
M. Christophe Bentz
Cet amendement de repli vise également à réduire l’injustice démocratique et territoriale résultant de cette incompatibilité. Je tiens à saluer Mme Angélique Aignelot, maire de Savigny, en Haute-Marne, qui a alerté l’ensemble des députés, tous groupes confondus, sur ce problème. J’en profite d’ailleurs pour saluer les plus de 450 000 conseillers municipaux de France, qui accomplissent un précieux travail de proximité.
Je le répète, il n’y a pas de conflit d’intérêts dans ce cas : les élus œuvrent pour défendre le bien commun et l’intérêt général. L’amendement tend à différencier les zones urbaines et les zones rurales en excluant les communautés de communes – présentes en zone rurale – de la liste des EPCI concernés par l’incompatibilité. Madame la ministre chargée de la ruralité, vous savez bien que les zones rurales ont leurs spécificités et qu’elles manquent de ressources humaines susceptibles de s’engager. Leurs élus ne méritent pas d’être mis de côté sous prétexte qu’ils sont engagés dans plusieurs collectivités rurales. Ils demandent de la reconnaissance et les moyens d’agir. (Applaudissements sur plusieurs bancs des groupes RN et UDR.)
Mme la présidente
Quel est l’avis de la commission sur ces amendements de rétablissement ?
M. Stéphane Delautrette, rapporteur
Monsieur Bentz, les députés de votre groupe ne sont pas les seuls à être reconnaissants envers les élus locaux pour leur engagement et pour ce qu’ils apportent à notre société ; croyez-moi, nous le sommes tous. (Applaudissements sur plusieurs bancs des groupes EPR, LFI-NFP, SOC, EcoS et Dem. – M. Didier Le Gac, rapporteur, et Mme Marie-Agnès Poussier-Winsback applaudissent également.)
Faciliter l’engagement local, cela ne veut pas dire…
Mme Élisa Martin
Faire n’importe quoi !
M. Stéphane Delautrette, rapporteur
…placer les élus dans une situation difficile. C’est précisément la raison pour laquelle nous souhaitons maintenir la suppression de l’article. L’imbrication des décisions communales et des décisions intercommunales est extrêmement forte. Prenons un exemple : si le directeur général des services ou le secrétaire de mairie d’une petite commune, par ailleurs élu dans une commune voisine, siégeait au conseil communautaire – voire s’il avait des responsabilités au sein de l’exécutif intercommunal –, il aurait le devoir paradoxal de représenter sa commune alors même que cela peut le mener à tenir des positions contraires à celles du maire qui l’emploie, lequel peut d’ailleurs être président ou vice-président de la communauté de communes. Mettre ainsi en difficulté les élus ne nous semble pas de nature à faciliter l’engagement local. Par ailleurs, même si je ne doute pas de leur intégrité, ils seraient exposés au risque de conflit d’intérêts. C’est pourquoi la commission est défavorable à tous ces amendements. (Mme Élisa Martin applaudit.)
Mme la présidente
La parole est à Mme la ministre déléguée chargée de la ruralité, pour donner l’avis du gouvernement.
Mme Françoise Gatel, ministre déléguée chargée de la ruralité
Je souscris, sur plusieurs points, aux propos tenus par les auteurs des amendements. Il est vrai que l’objectif du texte est de faciliter l’engagement local et que les communes présentent des particularités selon qu’elles sont rurales ou urbaines, petites ou grandes. En revanche, nous divergeons quant à la conclusion qu’il faut en tirer.
Je rappelle que l’article 8 A ne faisait pas partie du texte initialement déposé au Sénat ; nous avons envisagé, pour les mêmes raisons que vous, d’inclure cette disposition, mais nous avons considéré que, comme le dit M. le rapporteur, ce n’était pas protéger un salarié d’une commune membre de l’EPCI que de lui permettre de siéger au conseil communautaire. Bien qu’il ne s’agisse pas d’un conflit d’intérêts au sens strictement juridique, je pense qu’en pratique, le problème se poserait.
Mme Élisa Martin
Oui !
Mme Françoise Gatel, ministre déléguée
Il serait délicat pour le salarié d’une commune de devoir se justifier d’avoir tenu, en tant que conseiller communautaire, des positions qui déplairaient au maire qui l’emploie. Par exemple, lors d’un transfert de compétences – décision lourde de conséquences –, il peut être difficile au salarié d’une commune membre de faire partie de la commission locale d’évaluation des charges transférées (Clect) ; il en va de même en matière de financements croisés ou de fonds de concours.
Je souhaite, comme vous, faciliter l’engagement local, mais il convient d’éviter de placer des élus dans une situation difficile. Lorsque l’on est salarié d’une commune, il est sans doute plus aisé d’être élu municipal dans une commune appartenant à un autre EPCI. Pour toutes ces raisons, le gouvernement est, comme le rapporteur, défavorable à l’ensemble des amendements.
Mme la présidente
La parole est à Mme Élisa Martin.
Mme Élisa Martin
Rappelons que ce qui entrave l’engagement local n’est pas l’incompatibilité des fonctions, mais la difficulté qu’ont les élus, faute de moyens suffisants, à mener les politiques publiques qui leur permettent de tenir leurs engagements. Nous sommes radicalement opposés au type de cumul que visent les amendements, car il suscitera forcément des conflits d’intérêts. Par exemple, si l’intercommunalité décide de construire une piscine et doit choisir entre deux options, l’une favorable à la commune dont vous êtes salarié – qui pourrait alors bénéficier du développement lié à des embauches supplémentaires – et l’autre favorable à la commune dans laquelle vous êtes élu, comment vous en sortirez-vous ? Cela ne marche pas ! L’incompatibilité n’est pas sans motif.
De surcroît, je rappelle qu’on peut être conseiller municipal, adjoint au maire ou même maire sans être conseiller communautaire – c’est souvent le cas pour les maires de communes rurales. Les élus locaux n’ont aucune obligation de siéger au conseil communautaire.
Ne touchons pas à cela. Derrière cette affaire, il y a la question du conflit d’intérêts public-public, et nous avons bien compris où l’on voulait nous emmener. Nous sommes radicalement opposés à la possibilité de cumuler ces deux fonctions.
Mme la présidente
La parole est à M. Sébastien Huyghe.
M. Sébastien Huyghe
Ce dont nous traitons ici n’est pas un cas d’école. Récemment encore, dans ma circonscription, le maire d’une commune plus importante exerçait la fonction de directeur général des services d’une commune voisine. Or il y a assurément un lien de subordination entre le maire et le directeur général des services. Quoi qu’on en dise, lorsqu’ils se trouveront côte à côte sur les bancs du conseil communautaire, cet élu sera nécessairement tiraillé entre sa fonction de directeur général des services – ou, plus généralement, de tout collaborateur employé par une commune – et sa fonction de maire. De telles situations sont très fréquentes.
Certains ont évoqué la question des piscines. Dans l’une des intercommunalités de ma circonscription, il y a un projet de cuisine intercommunale porté par la communauté de communes. Le maire qui est collaborateur dans la commune voisine sera tiraillé entre l’intérêt réel de la commune où il est élu et la position qu’a pu prendre le maire de la commune dans laquelle il travaille. Nous ne devons pas mettre les élus dans de telles difficultés.
C’est pourquoi le groupe EPR votera contre les amendements tendant à rétablir l’article 8 A.
Mme la présidente
La parole est à M. Christophe Bentz.
M. Christophe Bentz
Je remercie Mme la ministre et M. le rapporteur pour leurs réponses.
D’abord, du fait des dispositions de la loi Notre, et étant donné que les EPCI sont de plus en plus gigantesques, on risque de dissuader bien des employés publics de s’engager pour leur commune de résidence.
Mme Élisa Martin
Non ! Simplement, ils ne seront pas conseillers communautaires !
M. Christophe Bentz
Ensuite, monsieur le rapporteur, je vous répondrai par rapport à ce pseudo-conflit d’intérêts – je répète qu’à mon sens il n’y en a pas. Dans la réalité, au sein du conseil communautaire, le maire défendra l’intérêt de sa commune, c’est tout. Si par malheur il pouvait y avoir un conflit d’intérêts, il peut ne pas participer à la délibération puis au vote ; cela se produit régulièrement.
Enfin, il y a quelque chose que je ne comprends pas. Le Sénat a voté ce dispositif à la quasi-unanimité. Pourquoi chacun des groupes de l’Assemblée prend-il la position inverse de celle des sénateurs de la même sensibilité politique ? Vous le savez, le Sénat est la chambre des collectivités territoriales, et il en a une parfaite connaissance. À défaut de faire confiance aux députés qui ont déposé ces amendements, faites confiance aux sénateurs, qui ont une vision précise de l’organisation et du maillage territorial français. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe RN.)
Mme Sabrina Sebaihi
Commencez par rendre l’argent !
Mme la présidente
La parole est à Mme Catherine Hervieu.
Mme Catherine Hervieu
Nous sommes contre le rétablissement de cet article, qui a été beaucoup discuté en commission des lois. S’il a été supprimé, c’est qu’il y avait pour le rejeter des arguments qui ont été longuement développés par le rapporteur ainsi que par Élisa Martin ou par le groupe EPR. J’ajouterai qu’en autorisant le cumul, nous risquons d’introduire une confusion : on ne saura plus qui fait quoi. En outre, les conseils municipaux comptent suffisamment de membres, même dans les plus petites communes, pour se répartir l’ensemble des tâches selon la volonté et l’engagement de chacun.
Se focaliser sur cette possibilité de cumul, c’est introduire une perversité qui peut aboutir à l’absence de neutralité et mettre en danger certaines personnes, ce que nous ne souhaitons évidemment pas.
Par ailleurs, il faut respecter l’exigence de transparence et de clarté dans la conduite des politiques publiques, quel que soit l’échelon institutionnel.
Mme la présidente
La parole est à M. Charles de Courson.
M. Charles de Courson
Mes chers collègues, il faut voter ces amendements ! Vous dites qu’il peut y avoir un conflit d’intérêts. C’est vrai, mais c’est loin d’être le seul cas, et c’est bien pour cela qu’est prévu le déport.
M. Didier Le Gac, rapporteur
On va passer son temps à se déporter !
M. Charles de Courson
Au conseil municipal ou au conseil communautaire, un élu qui a un intérêt à l’affaire en discussion doit se déporter. Le conseil départemental où je suis élu compte quarante-six membres, et on demande parfois à quinze d’entre eux de se déporter, par exemple parce qu’ils sont membres d’une association.
Si nous votons le texte en l’état, nous considérons qu’un conseiller communautaire qui exerce un emploi salarié au sein d’une commune membre est par principe dans une situation de conflit d’intérêts,…
Mme Sabrina Sebaihi
C’est effectivement le cas !
M. Charles de Courson
…alors que ce n’est pas vrai,…
Mme Élisa Martin
Si !
M. Charles de Courson
…d’autant qu’il a la possibilité de se déporter.
Mme Élisa Martin
Ce n’est pas ce qui est proposé !
M. Charles de Courson
Le président du conseil communautaire ou le maire peut demander à quelqu’un de ne pas participer au vote.
Lorsqu’il s’agit de voter la fiscalité communautaire, je ne vois pas où est le conflit d’intérêts.
On retombe sur un problème dont traite la jurisprudence actuelle – en tout cas jusqu’à l’adoption éventuelle de ce texte : le conflit d’intérêts entre collectivités publiques.
Mme Élisa Martin
Les deux problèmes sont liés !
M. Charles de Courson
De nombreux collègues demandent que l’on cesse de considérer qu’il y a là un conflit d’intérêts.
Je vous appelle donc à voter ces amendements. Dans les cas qui peuvent poser problème, de temps à autre, il suffit que la personne se déporte.
Mme la présidente
La parole est à M. Sylvain Berrios.
M. Sylvain Berrios
L’intervention de M. Bentz du Rassemblement national est assez piquante : il parle comme si seul le Sénat avait un contact avec les élus locaux et savait ce qui se passait dans notre pays. (M. Jean-René Cazeneuve, M. Carlos Martens Bilongo, Mme Élisa Martin et Mme Blandine Brocard applaudissent.)
M. Christophe Bentz
Les amendements que nous avons déposés sont la preuve que non !
M. Sylvain Berrios
Ici, nous avons tous des relations avec chacun des maires des communes de notre circonscription. Certains d’entre nous ont été élus locaux, souvent maires, et nous avons une connaissance des collectivités territoriales, peut-être pas à travers le même prisme politique que le Sénat, mais si le texte est ici en délibération, c’est que notre avis compte tout autant que celui du Sénat.
M. Christophe Bentz
C’est précisément ce que je dis !
M. Sylvain Berrios
Monsieur le rapporteur général de Courson, cher ami, le conflit d’intérêts existe bel et bien. Surtout, en permettant le cumul, on crée cette situation de conflit. Certes, il y a toujours la possibilité de se déporter. Cependant, dans l’hypothèse où un maire et le directeur des services de sa commune, ou encore le secrétaire de mairie, sont élus dans le même EPCI, lequel se déportera ?
Mme Josiane Corneloup
Les deux !
Mme Sabrina Sebaihi
Tout le monde !
Mme Élisa Martin
Plus personne ne votera !
M. Sylvain Berrios
Le secrétaire de mairie parce que c’est l’employé du premier ?
Mme Claudia Rouaux
C’est ingérable !
M. Sylvain Berrios
On voit bien qu’il y a là un conflit d’intérêts consubstantiel à la disposition que vous soutenez. Le groupe Horizons votera donc contre ces amendements tendant à rétablir l’article 8 A.
M. Philippe Brun
Il a raison !
Mme la présidente
La parole est à M. Pierre Pribetich.
M. Pierre Pribetich
Notre discussion est très intéressante car elle soulève le problème du lien de subordination. Le rapport de subordination peut se poser dans les deux sens : entre l’intercommunalité et la commune, mais aussi entre un maire et un employé de sa commune exerçant par ailleurs une responsabilité d’élu communautaire. Si l’on veut lever toute ambiguïté, il faut interdire le cumul.
J’ai beaucoup de respect pour les sénateurs, mais nous avons notre vérité, qui peut être différente de celle du Sénat. Suffisamment de personnes ayant exercé un mandat d’élu local siègent dans cet hémicycle pour que nous sachions, par expérience, qu’un tel mélange des genres aboutit forcément à des catastrophes. Cela peut aboutir à favoriser une décision, mais la situation inverse est possible : la personne, ne voulant pas apparaître comme favorisant cette décision, se met en retrait et ne valorise pas l’action de sa commune, ou n’exerce pas sa fonction de représentation.
Méfions-nous ! Souvenez-vous de ce qu’écrivait Boileau : « Ce que l’on conçoit bien s’énonce clairement ». Si vous voulez éviter tous les conflits, maintenons cette incompatibilité. (Applaudissements sur les bancs du groupe SOC et sur quelques bancs du groupe EcoS.)
Mme la présidente
Je mets aux voix l’amendement no 331.
(Le vote à main levée n’ayant pas été concluant, il est procédé à un scrutin public.)
Mme la présidente
Voici le résultat du scrutin :
Nombre de votants 140
Nombre de suffrages exprimés 137
Majorité absolue 69
Pour l’adoption 62
Contre 75
(L’amendement no 331 n’est pas adopté.)
Mme la présidente
Je mets aux voix les amendements identiques nos 74, 522, 538, 588 et 663.
(Il est procédé au scrutin.)
Mme la présidente
Voici le résultat du scrutin :
Nombre de votants 138
Nombre de suffrages exprimés 134
Majorité absolue 68
Pour l’adoption 60
Contre 74
(Les amendements identiques nos 74, 522, 538, 588 et 663 ne sont pas adoptés.)
(M. Philippe Brun applaudit.)
Mme la présidente
Je mets aux voix l’amendement no 483.
(Il est procédé au scrutin.)
Mme la présidente
Voici le résultat du scrutin :
Nombre de votants 143
Nombre de suffrages exprimés 138
Majorité absolue 70
Pour l’adoption 60
Contre 78
(L’amendement no 483 n’est pas adopté ; en conséquence, l’article 8 A demeure supprimé.)
Suspension et reprise de la séance
Mme la présidente
La séance est suspendue.
(La séance, suspendue à dix-sept heures cinquante-cinq, est reprise à dix-huit heures cinq.)
Mme la présidente
La séance est reprise.
En accord avec l’ensemble des groupes, je donnerai la parole, après les avis, à un orateur favorable à l’amendement et à un orateur qui y est opposé. Pour les discussions communes, je donnerai la parole à deux orateurs pour et deux orateurs contre. Il conviendra donc de m’indiquer en amont le sens de votre prise de position.
Article 8 B
Mme la présidente
La parole est à M. Stéphane Delautrette, rapporteur, pour soutenir l’amendement no 460 tendant à supprimer l’article 8 B.
M. Stéphane Delautrette, rapporteur
La disposition prévue à l’article 8 B est inopérante, car elle renvoie à un titre qui n’existe pas – le titre II du livre Ier de la première partie du CGCT. Nous proposons donc de supprimer l’article.
(L’amendement no 460, accepté par le gouvernement, est adopté ; en conséquence, l’article 8 B est supprimé.)
Article 8
Mme la présidente
Je suis saisie de plusieurs amendements, nos 742, 430, 603, 432, 433, 476, 89, 761, 632, pouvant être soumis à une discussion commune.
Les amendements nos 89 et 761 sont identiques.
La parole est à M. Laurent Mazaury, pour soutenir l’amendement no 742.
M. Laurent Mazaury
Cet amendement vise à réviser le droit au congé électif pour les employés candidat à une élection locale. Plus précisément, il s’agit de réserver ce congé au candidat tête de liste et de le limiter à dix jours dans les communes de moins de 3 500 habitants et à quinze jours dans les communes de plus de 3 500 habitants.
Mme la présidente
Nous en venons à l’amendement no 430, sur lequel je suis saisie par le groupe La France insoumise-Nouveau Front populaire d’une demande de scrutin public.
Le scrutin est annoncé dans l’enceinte de l’Assemblée nationale.
La parole est à M. Carlos Martens Bilongo, pour soutenir cet amendement no 430.
M. Carlos Martens Bilongo
L’amendement no 430 tend à porter à trente jours le congé électif pour tous les candidats aux élections municipales, qu’ils soient têtes de liste ou non. L’amendement no 434, de repli, vise à porter ce congé de dix à quinze jours pour les candidats qui ne sont pas têtes de liste.
La campagne pour les élections municipales de 2026 commencera en septembre ou en janvier. Quelle que soit la position que l’on occupe sur une liste, il est normal de disposer de quinze jours de congé, car il est important de pouvoir s’impliquer correctement dans la campagne.
Mme la présidente
La parole est à M. Jérémie Iordanoff, pour soutenir l’amendement no 603.
M. Jérémie Iordanoff
Cet amendement porte à trente jours ouvrables la durée maximale d’autorisation d’absence accordée par l’employeur au candidat, quelle que soit sa place dans la liste. Vingt jours pour faire une campagne, cela n’est ni raisonnable ni conforme à la réalité du terrain. Une durée de trente jours nous paraît un minimum.
Mme la présidente
Les amendements nos 432 et 433 de Mme Élisa Martin ainsi que l’amendement no 476 de Mme Nicole Sanquer sont défendus.
La parole est à M. Laurent Mazaury, pour soutenir l’amendement no 89.
M. Laurent Mazaury
Il s’agit d’un amendement de repli. Le droit actuel prévoit un congé de dix jours pour tous les candidats aux élections municipales ; le Sénat a opté pour vingt jours. Nous proposons de limiter le congé à quinze jours.
Mme la présidente
La parole est à M. Sébastien Huyghe, pour soutenir l’amendement no 761.
M. Sébastien Huyghe
Cet amendement vise à clarifier et à simplifier le régime du congé électif accordé aux candidats.
La rédaction actuelle de l’article 8 introduit une distinction entre les candidats qui conduisent une liste et les autres. Cette distinction créerait des inégalités de traitement et n’est pas pertinente pour les scrutins qui ne reposent pas sur un système de liste. Ce flou juridique risque de priver certains candidats de leur droit à un congé électif, en contradiction avec le principe d’égalité devant le droit de se présenter aux élections.
Par ailleurs, la possibilité pour les candidats têtes de liste de bénéficier d’un congé de vingt jours entraînerait de fortes contraintes pour les entreprises, en particulier lors des élections locales, où plusieurs centaines de milliers de personnes se présentent. Une généralisation de ces congés prolongés est susceptible de désorganiser significativement l’activité économique, notamment dans les petites structures.
Par cet amendement, nous proposons un congé électif de quinze jours pour tous les candidats, quel que soit le type de scrutin, et le maintien d’un congé de vingt jours pour les candidats aux élections législatives et sénatoriales. En outre, cette rédaction conserve l’augmentation du délai de prévenance de vingt-quatre à soixante-douze heures, ce qui apportera une meilleure visibilité aux entreprises.
Mme la présidente
La parole est à Mme Marie-José Allemand, pour soutenir l’amendement no 632.
Mme Marie-José Allemand
Actuellement, l’employeur doit laisser un congé de dix jours ouvrables au salarié candidat à une élection. L’article prévoit de le porter à vingt jours. Par cet amendement de compromis, nous proposons de le fixer à quinze jours. Cela reviendrait à aligner la durée sur celle de la campagne officielle – le congé se décomposerait en deux fois cinq jours avant le premier tour, suivis de cinq jours avant le second tour.
Mme la présidente
Quel est l’avis de la commission sur ces amendements en discussion commune ?
M. Stéphane Delautrette, rapporteur
Tous ces amendements tendent à réécrire l’article 8. Nous sommes tous d’accord pour reconnaître que la rédaction issue des travaux de la commission n’est pas satisfaisante.
Je réitère la position de compromis que j’avais défendue en commission : fixer le congé électif à quinze jours pour l’ensemble des candidats, qu’ils soient têtes de liste ou non. Il ne nous semble pas justifié d’établir une distinction entre la tête de liste et les autres candidats, ce qui créerait une inégalité de traitement.
La durée de quinze jours se justifie d’autant plus que la campagne officielle des municipales est de deux semaines avant le premier tour – correspondant à un congé de deux fois cinq jours – et d’une semaine entre les deux tours – soit un congé de cinq jours. Nous soutenons donc les amendements identiques nos 89 de Mme Froger et 761 de Mme Spillebout. Nous donnons un avis défavorable à tous les autres amendements.
Mme la présidente
Quel est l’avis du gouvernement ?
Mme Françoise Gatel, ministre déléguée
L’amendement no 742 de M. Bataille fait varier la durée du congé en fonction de la taille de la commune. Cette proposition ne me semble pas suffisamment documentée. S’agissant de la distinction entre la tête de liste et les autres candidats, je rejoins la position du rapporteur, d’autant plus qu’une tête de liste peut changer, pour diverses raisons. Je donne donc un avis défavorable à cet amendement.
Les amendements no 430 de Mme Martin et no 603 de M. Iordanoff visent à porter à trente le nombre de jours d’absence. J’appelle votre attention sur le fait que ce texte est fait pour faciliter l’engagement. Or augmenter considérablement les contraintes pour les entreprises – notamment les entreprises commerciales ou artisanales de trois ou quatre salariés, dans lesquelles il peut y avoir des candidats – créera, chez le chef d’entreprise, une réticence très forte vis-à-vis de l’engagement politique. Je suis donc défavorable à ces deux amendements.
Pour les mêmes raisons, je suis défavorable à l’amendement no 432 de Mme Martin, qui vise à fixer le congé à vingt-cinq jours. Il en va de même pour le no 433, qui établit en outre une distinction entre la tête de liste et les autres candidats : afin de faciliter l’engagement, chacun doit bénéficier d’un même traitement.
L’amendement no 476 de M. Bruneau est satisfait, car le congé ouvert au candidat est de droit : nous n’avons pas besoin de le sécuriser outre mesure. Je demande donc le retrait de l’amendement ; à défaut, j’émettrai un avis défavorable.
Les amendements identiques nos 89 de Mme Froger et 761 de Mme Spillebout, qui visent à fixer la durée du congé à quinze jours au lieu de vingt, me semblent un très compromis. Je leur donne donc, comme la commission, un avis favorable.
Enfin, madame Allemand, votre amendement no 632 pourrait recevoir un avis favorable si sa rédaction était revue. Je vous propose de le retirer au profit des identiques nos 89 et 761, qui vont dans le sens que vous souhaitez.
(L’amendement no 742 n’est pas adopté.)
Mme la présidente
Je mets aux voix l’amendement no 430.
(Il est procédé au scrutin.)
Mme la présidente
Voici le résultat du scrutin :
Nombre de votants 98
Nombre de suffrages exprimés 98
Majorité absolue 50
Pour l’adoption 26
Contre 72
(L’amendement no 430 n’est pas adopté.)
(Les amendements nos 603, 432, 433 et 476, successivement mis aux voix, ne sont pas adoptés.)
(Les amendements identiques nos 89 et 761 sont adoptés ; en conséquence, les amendements nos 632, 705, 355, 461 et 434 tombent.)
(L’article 8, amendé, est adopté.)
Après l’article 8
Mme la présidente
La parole est à Mme Élisa Martin, pour soutenir l’amendement no 435 portant article additionnel après l’article 8.
Mme Élisa Martin
Lorsqu’il bénéficie de jours d’absence pour mener sa campagne, le salarié a deux possibilités : soit les imputer sur ses congés payés, soit les récupérer « en accord avec l’employeur ». Nous proposons de supprimer cette mention, pour laisser la récupération au libre choix du salarié ; ce serait à lui de décider.
Mme la présidente
Quel est l’avis de la commission ?
M. Stéphane Delautrette, rapporteur
Nous avons eu ce débat en commission : si nous voulons, conformément à l’objectif du texte, susciter l’engagement des salariés au service la vie locale, donc faciliter leur candidature, sans que les employeurs y mettent des freins, nous devons leur laisser une liberté de discussion. Une décision unilatérale du salarié qui s’imposerait à l’employeur ne serait guère de nature, je le crains, à faciliter les relations entre eux. Il faut au contraire favoriser le dialogue, l’échange ; la mesure que vous proposez part d’une bonne intention, mais pourrait nuire à l’intégration professionnelle de l’élu au sein de son entreprise. Pour toutes ces raisons, mon avis est défavorable.
Mme la présidente
Quel est l’avis du gouvernement ?
Mme Françoise Gatel, ministre déléguée
En dehors des sociétés coopératives et participatives (Scop), dont les salariés sont aussi les patrons, le principe veut que l’employeur soit responsable de l’entreprise et verse les salaires. Le fait que le salarié décide seul créerait des problèmes vis-à-vis de ses collègues : même s’ils sont quatre ou cinq, ils trouveront un peu étrange que ledit salarié, parce qu’il se présente à une élection, puisse gérer tout seul la manière dont il récupère des heures de travail assumées par d’autres. En outre, la question se poserait également pour les présidents d’association, par exemple. Il existe un droit à congé et un certain nombre de dispositions ; restons-en là. Très sincèrement, je ne peux que donner un avis défavorable – vous vous en doutiez.
Mme la présidente
La parole est à Mme Élisa Martin.
Mme Élisa Martin
Bien évidemment, il peut y avoir une discussion entre le salarié et l’employeur. Toutefois, le fait que la mention « en accord avec l’employeur » soit inscrite dans la loi place d’emblée le salarié, dans l’exercice de son mandat, sous l’égide de son patron. Il peut être complexe de commencer ainsi à exercer son mandat.
Mme la présidente
La parole est à Mme Marina Ferrari.
Mme Marina Ferrari
Je suis opposée à l’amendement. Madame Martin, une entreprise a besoin de visibilité : un salarié ne peut décider tout seul de la manière dont il va récupérer des jours ! Il y a des plannings, une organisation à respecter. Je crains qu’une mesure de ce genre ne dissuade très fortement les chefs d’entreprise de faire appel, pour rejoindre leur personnel, à des élus locaux. En tant qu’élus, nous sommes déjà souvent confrontés à cette difficulté, notamment lorsque, comme cela m’est arrivé, nous cherchons un emploi : on refuse d’embaucher les gens susceptibles d’avoir un engagement municipal. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe Dem.)
(L’amendement no 435 n’est pas adopté.)
Article 8 bis
Mme la présidente
La parole est à Mme la ministre déléguée, pour soutenir l’amendement no 843 tendant à supprimer l’article 8 bis.
Mme Françoise Gatel, ministre déléguée
L’article 8 bis vise à instaurer un abattement fiscal destiné aux artisans, aux agriculteurs – nous aurons l’occasion de reparler de ceux-ci – et aux commerçants indépendants qui, afin de pouvoir exercer un mandat électif local, confient leur fonds à un tiers dans le cadre d’une location-gérance ou d’un bail rural. Ce mécanisme repose sur un avantage sectoriel qui constituerait une niche fiscale nouvelle. Or vous connaissez la position du gouvernement quant à la création de niches fiscales. La mesure ne nous paraît pas soutenable et cible une seule catégorie socio-professionnelle.
Mme la présidente
Quel est l’avis de la commission ?
M. Stéphane Delautrette, rapporteur
Sagesse.
Mme la présidente
La parole est à Mme Catherine Hervieu.
Mme Catherine Hervieu
L’article 8 bis relève de la même logique de l’article 5, qui vise à faciliter l’engagement dans un mandat local. Les mesures que nous prenons doivent concerner l’ensemble des travailleurs, quels qu’ils soient. Nous avons jusqu’à présent beaucoup évoqué les salariés des entreprises, petites ou grandes, mais certaines catégories socio-professionnelles échappent aux dispositifs dont nous venons de discuter. Cet article peut certes être interprété comme créant une niche fiscale, mais il tend aussi à faciliter l’exercice d’un mandat local par les petits commerçants, les artisans et les agriculteurs – je ne parle pas des gros exploitants agricoles qui possèdent des centaines de milliers d’hectares et bénéficient des aides de la politique agricole commune (PAC). Cette mesure contribuerait à ce que les élus locaux soient représentatifs de notre société.
Mme la présidente
Je mets aux voix l’amendement no 843.
(Le vote à main levée n’ayant pas été concluant, il est procédé à un scrutin public.)
Mme la présidente
Voici le résultat du scrutin :
Nombre de votants 114
Nombre de suffrages exprimés 110
Majorité absolue 56
Pour l’adoption 53
Contre 57
(L’amendement no 843 n’est pas adopté.)
(L’article 8 bis est adopté.)
Après l’article 8 bis
Mme la présidente
Nous en venons à des amendements portant article additionnel après l’article 8 bis.
La parole est à Mme Delphine Lingemann, pour soutenir l’amendement no 426.
Mme Delphine Lingemann
Il vise à instaurer une nouvelle incompatibilité : les salariés d’un EPCI ne pourraient pas exercer de fonction exécutive – maire, adjoint au maire ou conseiller municipal délégué – dans une commune membre de ce même EPCI. En effet, ces agents risquent alors de se trouver dans une situation compromettant l’indépendance nécessaire à l’exercice de leur mandat, ou dans une position inconfortable vis-à-vis de leur employeur. L’amendement préserve néanmoins la possibilité pour ces agents d’exercer un mandat électif simple – conseiller municipal sans délégation –, car cela ne les placerait pas dans une situation de décision directe vis-à-vis de leur employeur, ni ne les mettrait en difficulté dans l’exercice de leur mandat.
Mme la présidente
Quel est l’avis de la commission ?
M. Stéphane Delautrette, rapporteur
L’amendement est en partie satisfait : le code électoral interdit à une personne employée par un EPCI à un poste de direction ou de cabinet, ou ayant quitté de telles fonctions depuis moins de six mois, de se faire élire conseiller municipal dans une commune membre de cet EPCI. Il interdit en outre – nous venons d’en débattre en examinant l’article 8 A – aux salariés d’un EPCI ou de l’une de ses communes membres d’exercer un mandat de conseiller communautaire. Rappelons que l’objectif du texte est de faciliter l’engagement local, non pas de contraindre outre mesure l’accès à ces mandats – sauf lorsque l’on juge cela utile. Selon moi, le régime actuel des inéligibilités et des incompatibilités est équilibré et cohérent. Par conséquent, j’émets un avis défavorable.
Mme la présidente
Quel est l’avis du gouvernement ?
Mme Françoise Gatel, ministre déléguée
Même avis que le rapporteur.
(L’amendement no 426 n’est pas adopté.)
Mme la présidente
La parole est à Mme Nicole Sanquer, pour soutenir l’amendement no 474.
Mme Nicole Sanquer
Inspiré d’un dispositif similaire existant pour les exploitants agricoles engagés au sein d’un syndicat, il vise à ce que ces exploitants bénéficient d’un service de remplacement lorsqu’ils sont élus.
Mme la présidente
Quel est l’avis de la commission ?
M. Stéphane Delautrette, rapporteur
L’enjeu que vous évoquez est important : il s’agit de concilier activité professionnelle et exercice d’un mandat. Si je souscris à l’objectif et comprends l’intention, je rappelle que le code du travail permet déjà à un exploitant agricole de faire appel à un groupement d’employeurs qui met un salarié à sa disposition pour le remplacer. Votre amendement étant satisfait, je vous demande de le retirer ; à défaut, j’émettrai un avis défavorable.
Mme la présidente
Quel est l’avis du gouvernement ?
Mme Françoise Gatel, ministre déléguée
Même avis. Les agriculteurs bénéficient déjà d’un crédit d’impôt sur les dépenses engagées pour leur remplacement. Il s’applique notamment lorsque le remplacement est dû à des contraintes liées aux fonctions électives. Votre amendement procède d’une bonne idée, mais il est satisfait.
Mme la présidente
Je mets aux voix l’amendement no 474.
(Le vote à main levée n’ayant pas été concluant, il est procédé à un scrutin public.)
Mme la présidente
Voici le résultat du scrutin :
Nombre de votants 118
Nombre de suffrages exprimés 118
Majorité absolue 60
Pour l’adoption 44
Contre 74
(L’amendement no 474 n’est pas adopté.)
Suspension et reprise de la séance
Mme la présidente
La séance est suspendue.
(La séance, suspendue à dix-huit heures trente, est reprise à dix-huit heures trente-cinq.)
Mme la présidente
La séance est reprise.
Article 9
Mme la présidente
Nous en venons à deux amendements identiques, nos 838 rectifié et 762 rectifié, sur lesquels je suis saisie par le groupe Ensemble pour la République d’une demande de scrutin public.
Le scrutin est annoncé dans l’enceinte de l’Assemblée nationale.
La parole est à Mme la ministre déléguée, pour soutenir l’amendement no 838.
Mme Françoise Gatel, ministre déléguée
Il vise à préciser le périmètre des nouvelles autorisations d’absence dont bénéficient les élus municipaux afin d’éviter des interprétations susceptibles de mettre en difficulté à la fois les élus, les exécutifs et les entreprises.
Il prévoit également d’étendre la possibilité pour l’employeur de rémunérer les temps d’absence liés à l’utilisation des crédits d’heures au bénéfice des élus départementaux et régionaux.
Enfin, en réponse aux débats sur la procédure dérogatoire au régime de déclaration préalable des autorisations d’absence en cas de crise ou de situation exceptionnelle, il propose de lier cette procédure à l’activation du plan communal de sauvegarde.
Mme la présidente
La parole est à M. Sébastien Huyghe, pour soutenir l’amendement no 762 rectifié.
M. Sébastien Huyghe
Cet amendement du groupe Ensemble pour la République vise à apporter plusieurs ajustements essentiels à l’article 9. L’objectif est de garantir un équilibre entre la nécessaire disponibilité des élus locaux et la bonne organisation des entreprises qui les emploient.
L’article 9 prévoit de nouvelles autorisations d’absence pour les élus municipaux. Cela va dans le bon sens lorsqu’il s’agit de permettre la participation à une cérémonie publique, à condition de bien en préciser le périmètre. Mais il est également prévu d’autoriser ces absences pour des missions accomplies « dans le cadre d’un mandat spécial ». Or une notion, définie par la jurisprudence, est trop large et ferait peser une contrainte trop importante sur les employeurs.
De plus, l’article 9 permet à l’employeur de rémunérer les temps d’absence liés à l’utilisation des crédits d’heures pour les élus municipaux. Dans un souci d’égalité de traitement, l’amendement propose d’étendre cette disposition au bénéfice des élus régionaux et départementaux.
Enfin, l’amendement propose d’instituer un dispositif spécifique pour permettre la mobilisation des élus lorsque le maire prescrit des mesures de sûreté en cas de danger grave ou imminent. Les modalités et conditions de cette procédure exceptionnelle seraient précisées par décret en Conseil d’État.
Mme la présidente
Quel est l’avis de la commission ?
M. Stéphane Delautrette, rapporteur
J’ai demandé une suspension de séance il y a quelques instants car j’avais besoin d’obtenir des précisions sur l’amendement du gouvernement. Les réponses qui m’ont été apportées par la ministre me conduisent à donner un avis favorable à ces deux amendements identiques. Ils découlent d’un débat en commission sur la nécessité de clarifier et de sécuriser juridiquement le recours aux autorisations d’absence. La rédaction de la proposition de loi, telle qu’elle a été transmise par le Sénat, pouvait en effet engendrer des difficultés d’application, tant pour l’employeur que pour le salarié.
La rédaction proposée par cet amendement contribue aux objectifs de cette proposition de loi : favoriser l’engagement local et permettre à l’élu de s’absenter pour des motifs qui concernent réellement l’exercice de son mandat.
Mme la présidente
La parole est à Mme Élisa Martin.
Mme Élisa Martin
Nous sommes tout à fait favorables à cette disposition. Nous avons été témoins de la mobilisation de nombre d’élus locaux qui n’hésitent pas à chausser leurs bottes en caoutchouc pour venir en aide à leurs concitoyens lors d’inondations, par exemple. Ils sont en effet en première ligne face à toutes sortes de catastrophes. Il était donc nécessaire de clarifier ces dispositions afin que les élus locaux puissent apporter leur aide et contribuer à l’exécution du plan de sauvegarde, un plan que les maires pourront par ailleurs piloter plus efficacement.
Mme la présidente
La parole est à M. Emmanuel Duplessy.
M. Emmanuel Duplessy
La réécriture proposée exclut les missions accomplies dans le cadre d’un mandat spécial des activités donnant droit à des autorisations d’absence. Les mandats spéciaux correspondent pourtant à des activités nécessaires et utiles comme l’organisation de jumelages, la participation à des colloques, les actions de formation destinées à améliorer la qualité de l’action publique ou encore la contribution à l’organisation d’événements culturels communaux pour lesquels la contribution des élus est nécessaire lorsque les moyens manquent. Nous regrettons ce choix. La rédaction proposée est excessivement restrictive et nous vous invitons à ne pas la soutenir.
Mme la présidente
La parole est à Mme la ministre déléguée.
Mme Françoise Gatel, ministre déléguée
Les amendements ne sont pas restrictifs ; ils tendent à faciliter les autorisations d’absence en cas de circonstances exceptionnelles liées aux plans communaux de sauvegarde.
Les activités que vous mentionnez ne me semblent pas relever des mandats spéciaux, mais plutôt des fonctions inhérentes au rôle d’élu, pour lesquelles il dispose d’un crédit d’heures d’absence. Par définition, un mandat spécial est si spécial qu’il n’est pas octroyé par délégation. Il s’agit par exemple d’une autorisation donnée par le maire à un élu pour participer à un congrès ou pour assister à une réunion du schéma de cohérence territoriale (Scot) alors qu’il n’en est pas membre.
Pour sécuriser la procédure et éviter toute contestation, nous souhaitons étendre le champ des autorisations d’absence sans inclure les mandats spéciaux. Je ne devrais peut-être pas le dire ici, mais si nous les intégrions, nous risquerions d’ouvrir une boîte de Pandore menant à considérer comme un mandat spécial n’importe quelle tâche effectuée dans le cadre des fonctions d’élu. Je vous le dis sans malice.
Mme la présidente
Je mets aux voix les amendements identiques nos 838 rectifié et 762 rectifié.
(Il est procédé au scrutin.)
Mme la présidente
Voici le résultat du scrutin :
Nombre de votants 119
Nombre de suffrages exprimés 118
Majorité absolue 60
Pour l’adoption 114
Contre 4
(Les amendements identiques nos 838 rectifié et 762 rectifié sont adoptés ; en conséquence, les amendements n° 477 et 464 tombent.)
Mme la présidente
La parole est à Mme Catherine Hervieu, pour soutenir l’amendement no 698.
Mme Catherine Hervieu
Une disposition ajoutée lors de l’examen de l’article 9 en commission des lois précise que les employeurs ne sont pas tenus de rémunérer les autorisations d’absence des élus salariés. Cette précision nous semble superfétatoire, car la législation actuelle ne prévoit pas d’obligation de rémunération.
De plus, une telle mention pourrait avoir un effet contre-productif et inciter les employeurs à refuser de rémunérer les élus salariés contraints de s’absenter, notamment en cas de crise. Elle entrerait ainsi en contradiction avec l’esprit initial du texte, qui est d’assurer une meilleure reconnaissance des élus. C’est pourquoi nous proposons de la supprimer.
Mme la présidente
Quel est l’avis de la commission ?
M. Stéphane Delautrette, rapporteur
Je précise que cette disposition n’a pas été introduite en commission puisqu’elle figurait déjà dans le droit existant. Elle a simplement été réécrite afin de la mettre en cohérence avec les dispositions de la présente proposition de loi.
A contrario, l’adoption de votre amendement reviendrait à faire subir aux élus municipaux et départementaux les effets que vous souhaitez éviter en supprimant l’alinéa, qui ne concerne que les élus régionaux. Avis défavorable.
(L’amendement no 698, repoussé par le gouvernement, n’est pas adopté.)
Mme la présidente
Je suis saisie de l’amendement no 702 de Mme Béatrice Bellay.
(L’amendement no 702 est retiré.)
(L’article 9, amendé, est adopté.)
Après l’article 9
Mme la présidente
La parole est à Mme Catherine Hervieu, pour soutenir l’amendement no 672.
Mme Catherine Hervieu
De nombreux élus locaux témoignent des difficultés rencontrées pour obtenir des aménagements d’horaires de la part de leur employeur. Beaucoup soulignent aussi la dégradation du dialogue au sein des entreprises sur les facilités à accorder aux élus.
Si les élus disposent déjà d’un certain nombre de droits à absence, une grande partie de leur travail consiste à rencontrer les citoyens et les acteurs de leur territoire et à participer à des réunions qui n’entrent pas dans le strict cadre des séances plénières ou des réunions mentionnées par le code général des collectivités territoriales (CGCT).
Nous proposons donc que les élus locaux aient la possibilité de bénéficier, à leur demande, d’un temps partiel de droit dont ils détermineraient eux-mêmes la quotité dans le respect des règles en vigueur.
Mme la présidente
Quel est l’avis de la commission ?
M. Stéphane Delautrette, rapporteur
Avis défavorable. Cette discussion rejoint celle que nous avions tout à l’heure sur le fait, pour un salarié, de prendre une décision unilatérale qui s’imposerait à son employeur. De la même façon, un salarié ne doit pas pouvoir décider unilatéralement de la quotité de travail : un temps partiel doit faire l’objet d’une discussion avec son employeur.
Je comprends votre intention, mais la disposition que vous défendez ne faciliterait pas la relation entre le salarié et son employeur ; et si nous voulons faciliter l’engagement local, nous ne devons pas rendre plus difficile pour les élus de trouver un emploi. Plus nous imposons de contraintes à l’employeur, plus les élus risquent d’avoir du mal à trouver un emploi.
Mme la présidente
Quel est l’avis du gouvernement ?
Mme Françoise Gatel, ministre déléguée
Avis très défavorable : cet amendement serait en effet contre-productif.
Pour ma part, je crois beaucoup au dialogue dans l’entreprise, quelle que soit la taille de celle-ci, et cette disposition me semble un renoncement à ce dialogue : le salarié, arrivant le lundi matin après avoir été élu le dimanche, informerait son patron de ce que seront sa quotité de travail et son organisation… Les collègues de ce salarié apprécieraient sans doute beaucoup, car ils subiraient des modifications qu’ils n’ont pas voulues !
Il peut arriver de chercher un emploi pendant un mandat : les entreprises, voyant les obligations qui leur sont imposées, risqueraient de renoncer à employer un élu, considérant qu’elles ne peuvent pas faire face.
Mme la présidente
La parole est à Mme Ségolène Amiot.
Mme Ségolène Amiot
Vous occultez une partie de ce que permet le code du travail, notamment le remplacement d’un salarié qui n’est pas disponible pendant une période plus ou moins longue – en l’occurrence, le temps d’un mandat. Ce n’est pas à l’employeur d’imposer à un élu le rythme auquel il va mener son mandat, ou la façon dont il va s’organiser.
Nous toutes et nous tous avons d’ailleurs annoncé à nos employeurs, lorsque nous en avions, que notre contrat de travail était suspendu, puisque nous avions été élus députés. Les élus locaux pourraient, de la même façon, avoir le droit de suspendre une partie de leur contrat et donc être remplacés. Cela ne pose pas de problème à l’employeur – et cela permet l’embauche de quelqu’un qui cherche un emploi.
Mme la présidente
La parole est à M. Stéphane Delautrette, rapporteur.
M. Stéphane Delautrette, rapporteur
Nous en reparlerons lorsque nous discuterons l’article 11, qui prévoit des temps de concertation et d’échange entre l’élu et son employeur, avec des points d’étape réguliers sur la conciliation entre l’exercice du métier et celui du mandat. Je crois beaucoup aux dispositions du texte qui visent à faciliter les échanges, et donc l’adaptation du rythme et de la charge de travail à la lumière des besoins des deux parties.
Quant à la suspension du contrat de travail, c’est un peu différent ici, puisqu’il est question de temps partiel.
(L’amendement no 672 n’est pas adopté.)
Article 9 bis
Mme la présidente
Je suis saisie de plusieurs amendements, nos 111, 252, 347, 465 et 618, tendant à rétablir l’article 9 bis, supprimé par la commission.
Sur ces amendements, je suis saisie par le groupe Libertés, indépendants, outre-mer et territoires d’une demande de scrutin public.
Le scrutin est annoncé dans l’enceinte de l’Assemblée nationale.
La parole est à M. Thibault Bazin, pour soutenir l’amendement no 111.
M. Thibault Bazin
Cet amendement de M. Patrick Hetzel propose de rétablir l’article 9 bis tel qu’il a été adopté par le Sénat en première lecture, afin de renforcer la protection des élus salariés.
Il s’agit d’un article pragmatique qui transpose dans le code du travail des garanties déjà prévues par le code général des collectivités territoriales. Cette clarification est une demande ancienne de l’Association des maires de France et des présidents d’intercommunalité (AMF).
Comme ce n’est pas mon amendement, peut-être lui donnerez-vous un avis favorable ! (Sourires.)
M. Didier Le Gac, rapporteur
Bien essayé !
Mme la présidente
La parole est à Mme Delphine Lingemann, pour soutenir l’amendement no 252.
Mme Delphine Lingemann
Il vise en effet à réintroduire l’article 9 bis tel qu’il a été adopté au Sénat. Les droits que nos textes accordent aux élus salariés sont souvent mal respectés, car mal connus des employeurs. Il s’agit d’en garantir l’application en les inscrivant dans le code du travail et non seulement dans le code général des collectivités territoriales.
Mme la présidente
L’amendement no 347 de M. Mickaël Cosson est défendu.
La parole est à M. Jean-Claude Raux, pour soutenir l’amendement no 465.
M. Jean-Claude Raux
Il s’agit de garantir l’effectivité des droits des élus locaux salariés, par exemple s’agissant des temps d’absence. De nombreux témoignages montrent qu’il est parfois difficile pour les élus de bénéficier de certaines prestations sociales auxquelles ils ont pourtant droit : peu d’employeurs connaissent bien le code général des collectivités territoriales – leur livre de chevet, c’est plutôt le code du travail.
Pour faciliter l’exercice des mandats électifs locaux, il convient de clarifier les droits et devoirs de chacun aux yeux des salariés comme des employeurs.
Mme la présidente
La parole est à M. Laurent Mazaury, pour soutenir l’amendement no 618.
M. Laurent Mazaury
J’en ai été moi-même victime : dans une entreprise, on se réfère toujours au code du travail, et le CGCT est consulté bien trop tard. J’insiste fortement : cet amendement doit être adopté, car il facilitera tant la candidature que l’exercice du mandat de ces élus locaux dont nous avons tant besoin.
Mme la présidente
Quel est l’avis de la commission ?
M. Stéphane Delautrette, rapporteur
Certaines dispositions qui sont inscrites dans le CGCT ne le sont pas dans le code du travail, c’est vrai. Mais si nous devons transposer dans le second toutes les dispositions du premier qui concernent les élus qui occupent un emploi, nous avons devant nous un énorme travail !
Les dispositions qui figurent dans le CGCT, s’agissant du temps d’absence assimilé à une durée de travail effective pour la détermination du droit aux prestations sociales que vous mentionnez ici, s’appliquent : nul employeur ne peut les ignorer.
Il revient aux associations d’élus de faire connaître ces règles aux élus afin que ceux-ci les présentent à leur employeur.
Il en va de même pour l’article L. 2123-7 du CGCT, aux termes duquel « le temps d’absence prévu aux articles L. 2123-1, L. 2123-2 et L. 2123-4 est assimilé à une durée de travail effective pour la détermination de la durée des congés payés ainsi qu’au regard de tous les droits découlant de l’ancienneté ».
Vos amendements tendent aussi à étendre les avantages sociaux dont bénéficient les élus locaux.
Quand j’étais maire, j’étais salarié, je travaillais : mes jours d’absence n’ouvraient pas droit aux titres-restaurant ou aux chèques-vacances. Il revient à chaque entreprise de fixer les règles en la matière. En revanche, je bénéficiais de toutes les règles relatives aux prestations sociales.
Demande de retrait ; à défaut, avis défavorable.
Mme la présidente
Quel est l’avis du gouvernement ?
Mme Françoise Gatel, ministre déléguée
Il est rassurant de constater que même pendant les périodes où un salarié bénéficie d’une autorisation d’absence, il conserve certains avantages sociaux.
Ces amendements me fascinent : ils traduisent la simplicité du droit français ! Une disposition en faveur des salariés a été inscrite dans le droit, mais selon vous, elle ne figure pas dans le bon texte ; il faudrait donc l’inscrire de nouveau dans la loi. Je ne suis pas sûre que l’inscrire dans un autre code contribue à la simplification que nous appelons de nos vœux.
Cher monsieur Bazin, je connais bien l’AMF ; j’ai suggéré à plusieurs reprises à ses représentants d’appeler l’attention des organisations professionnelles sur cette disposition. Dans toute entreprise, s’il n’y a pas de DRH, il y a des comptables, qui connaissent les règles de droit. Il appartiendra aux associations départementales d’élus de le rappeler à leurs collègues. Vous l’avez compris, j’émettrai un avis défavorable – cette mesure ajouterait de la complexité.
Mme la présidente
La parole est à Mme Élisa Martin.
Mme Élisa Martin
Je ne suis pas certaine que toutes les entreprises disposent d’une direction des ressources humaines ou d’un comptable.
Mme Françoise Gatel, ministre déléguée
Si, quand même !
Mme Élisa Martin
Beaucoup de petites entreprises font appel à un comptable extérieur. J’entends l’argument de M. Delautrette selon lequel ce n’est pas la seule disposition du CGCT qui pourrait figurer dans le code du travail. Mais nous discutons d’un statut de l’élu local. Inscrire cette disposition dans le code du travail constituerait une réelle facilité, pour les employeurs, dont c’est le texte de référence, et pour les salariés élus, qui pourraient s’appuyer sur ces dispositions pour faire valoir leurs droits. Ne tournicotons pas, allons-y ! Comme cela, les choses seront claires.
Mme la présidente
La parole est à M. Sébastien Huyghe.
M. Sébastien Huyghe
Le groupe Ensemble pour la République est favorable à ces amendements. La bible des entreprises, c’est le code du travail. Les élus territoriaux ne sont pas tous des salariés de grandes entreprises ; nombre d’entre eux travaillent dans de petites entreprises. Il est nécessaire d’inscrire ces droits sociaux dans le marbre du code du travail.
Les élus y perdent déjà quand ils acceptent de prendre des responsabilités. Ce texte vise à faire en sorte qu’ils ne perdent pas trop de droits sociaux en s’engageant au service de nos concitoyens.
Mme la présidente
La parole est à Mme la ministre déléguée.
Mme Françoise Gatel, ministre déléguée
Comme chacun sait, il y a plusieurs codes, mais il y a une seule loi. Je ne connais aucun commerçant employant un ou deux salariés qui ne dispose pas d’un expert-comptable, notamment pour contrôler les fiches de paie.
Mme Élisa Martin
Oui, un comptable extérieur ! Mais ça n’a rien à voir !
Mme la présidente
Je mets aux voix les amendements identiques nos 111, 252, 347, 465 et 618.
(Il est procédé au scrutin.)
Mme la présidente
Voici le résultat du scrutin :
Nombre de votants 120
Nombre de suffrages exprimés 119
Majorité absolue 60
Pour l’adoption 87
Contre 32
(Les amendements identiques nos 111, 252, 347, 465 et 618 sont adoptés ; en conséquence, l’article 9 bis est ainsi rétabli.)
Après l’article 9 bis
Mme la présidente
L’amendement no 566 de Mme Delphine Lingemann, portant article additionnel après l’article 9 bis, est défendu.
(L’amendement no 566, repoussé par la commission et le gouvernement, n’est pas adopté.)
Article 10
Mme la présidente
Je suis saisie de plusieurs amendements, nos 682, 764, 423, 633 et 814, pouvant être soumis à une discussion commune. Ils tendent à rétablir l’article 10, supprimé par la commission. Les amendements nos 682 et 764 sont identiques et font l’objet d’une demande de scrutin public par le groupe Ensemble pour la République.
Le scrutin est annoncé dans l’enceinte de l’Assemblée nationale.
Les amendements nos 423, 633 et 814 sont également identiques.
La parole est à M. Stéphane Delautrette, rapporteur, pour soutenir l’amendement no 682, qui fait l’objet de deux sous-amendements.
M. Stéphane Delautrette, rapporteur
Il vise à rétablir l’article 10 en tenant compte des débats en commission des lois.
Si l’idée de créer un label « employeur partenaire de la démocratie locale » est intéressante pour reconnaître l’engagement des entreprises en faveur de leurs salariés qui s’investissent dans la vie publique, de nombreuses hésitations se sont exprimées en commission au sujet de ses modalités. La proposition d’associer des avantages fiscaux à l’octroi de ce label, en particulier, a été très critiquée, au point de conduire finalement au rejet de l’article.
M. Emmanuel Mandon
On s’en souvient !
M. Stéphane Delautrette, rapporteur
Au vu de ces critiques, nous proposons de rétablir l’article 10 dans une version améliorée et en lui ôtant ses dispositions fiscales. La convention que l’employeur peut conclure avec la collectivité territoriale dans laquelle un de ses salariés est élu devrait ainsi prévoir des mesures au moins aussi favorables que celles prévues par le CGCT pour faciliter l’exercice du mandat local.
Le simple fait d’employer un élu ne saurait donc justifier l’obtention du label : il faut, de la part de l’employeur, une volonté manifeste d’aller au-delà de ce que la loi lui impose. Il n’est pas possible d’inscrire en détail dans la proposition de loi les critères d’attribution du label. Celle-ci devra néanmoins tenir compte, entre autres, du nombre d’heures d’autorisations d’absences accordées avec maintien de la rémunération – rappelons qu’il n’est aujourd’hui nullement obligatoire de rémunérer ces heures – ou encore des conditions de disponibilité pour la formation.
Mme la présidente
La parole est à M. Sébastien Huyghe, pour soutenir l’amendement no 764.
M. Sébastien Huyghe
Il vise en effet à rétablir l’article 10 dans une rédaction enrichie de nature à sécuriser et à renforcer les conventions entre employeurs et collectivités territoriales. Il précise que la convention doit prévoir des mesures au moins aussi favorables que celles prévues par la loi, afin d’assurer une véritable protection des droits des élus salariés et d’éviter toute régression par rapport aux garanties existantes.
Les critères d’attribution du label « employeur partenaire de la démocratie locale », qui seront définis par décret, devront tenir compte du taux de présence des élus locaux au sein de l’entreprise, du nombre d’heures d’autorisations d’absences rémunérées et des conditions de disponibilité pour se former.
Enfin, l’amendement précise également la portée des conventions-cadres pouvant être conclues entre les employeurs et les associations représentatives d’élus locaux. Ces conventions visent à simplifier la signature des accords et à harmoniser les pratiques grâce à la définition d’un socle commun. Elles l’emporteront sur les conventions individuelles conclues avec les collectivités adhérentes. Ces dernières ne pourront prévoir des dispositions moins favorables que celles prévues dans la convention-cadre, ce qui permettra ainsi de renforcer la sécurité juridique et l’égalité de traitement des élus locaux salariés.
Un tel dispositif est essentiel pour favoriser l’attractivité et la diversité de l’engagement local.
Mme la présidente
La parole est à Mme Françoise Buffet, pour soutenir le sous-amendement no 877, à l’amendement no 682.
Mme Françoise Buffet
Il s’agit d’un sous-amendement de précision rédactionnelle.
Mme la présidente
La parole est à M. Éric Michoux, pour soutenir le sous-amendement no 881, à l’amendement no 682.
M. Éric Michoux
Il prévoit l’attribution automatique du label dès lors que l’employeur a conclu une convention. M. le rapporteur a tout à fait raison de souligner la richesse que représentent les élus salariés.
Mme la présidente
L’amendement no 423 de Mme Delphine Lingemann est défendu.
La parole est à Mme Marie-José Allemand, pour soutenir l’amendement no 633.
Mme Marie-José Allemand
Nous sommes également favorables au rétablissement de l’article 10, dont les dispositions s’inspirent de celles dont bénéficient les entreprises qui valorisent leurs salariés s’engageant comme pompiers volontaires, par exemple. Qui sait, il suscitera peut-être de nouvelles vocations.
Mme la présidente
L’amendement no 814 de M. Éric Michoux est défendu.
Quel est l’avis de la commission ?
M. Stéphane Delautrette, rapporteur
Avis favorable sur le sous-amendement de Mme Buffet, qui précise utilement les choses. En revanche, s’agissant de celui de M. Michoux, mon avis sera défavorable. En effet, nous ne souhaitons pas d’automaticité dans l’attribution du label ; nous voulons que celle-ci soit subordonnée au respect de plusieurs règles, définies par décret.
En ce qui concerne les amendements no 423 et identiques, demande de retrait au profit de l’amendement de réécriture que nous proposons ; à défaut, avis défavorable.
Mme la présidente
Quel est l’avis du gouvernement ?
Mme Françoise Gatel, ministre déléguée
Le rétablissement du label « employeur partenaire de la démocratie locale », sans lui associer une niche fiscale – en parfaite cohérence avec ce que nous avons dit tout à l’heure –, est une excellente idée. Ce label apportera une protection pour les salariés élus, puisque les employeurs qui l’auront obtenu devront respecter leurs engagements.
Partant de là, j’émets un avis favorable aux amendements identiques nos 682 et 764. S’agissant des autres amendements, qui apportent des nuances, je vous demande de les retirer – de toute façon, si l’amendement du rapporteur est adopté, il fera tomber les autres.
S’agissant du sous-amendement de Mme Buffet, je m’en remets à la sagesse de l’assemblée. Enfin, j’émettrai un avis défavorable au sous-amendement de M. Michoux.
Mme la présidente
La parole est à Mme Élisa Martin.
Mme Élisa Martin
Dans la nouvelle rédaction, les entreprises ne bénéficient plus d’une réduction d’impôt ; je reconnais que c’est une bonne chose. Cette mesure n’en reste pas moins un gadget. Celui qui fera l’effort d’être élu, de participer aux réunions, d’aller à la rencontre des habitants, qui s’exposera à de nombreuses critiques – puisque malheureusement le gouvernement ne donne pas aux collectivités les moyens de mener les politiques publiques qu’elles souhaitent – et qui subira la charge mentale, c’est l’élu, certainement pas l’entreprise.
M. Sylvain Berrios
Tout ça, c’est à Grenoble ! Ailleurs, on ne se fait pas engueuler !
Mme Élisa Martin
Par ailleurs, attribuer ce label aux entreprises qui acceptent d’embaucher un salarié élu et d’assumer ses absences – alors même qu’elles pourraient faire un autre choix – revient à favoriser celles qui disposent d’une taille et de moyens financiers suffisants, tout en excluant les autres.
Mais surtout, cessons les faux-semblants : si l’entreprise considère que c’est une bonne chose qu’un de ses salariés exerce un mandat électif, elle lui laisse la latitude nécessaire ; dans le cas contraire, elle se contrefiche d’obtenir ce label.
Enfin, le groupe La France insoumise regrette de ne pas avoir déposé un amendement qui aurait visé à donner le statut de salarié protégé aux élus locaux employés dans le secteur privé. En effet, le principal obstacle à l’engagement électif reste la crainte d’être mal vu par son employeur.
(Le sous-amendement no 877 est adopté.)
(Le sous-amendement no 881 n’est pas adopté.)
Mme la présidente
Je mets aux voix les amendements identiques nos 682 et 764, sous-amendés.
(Il est procédé au scrutin.)
Mme la présidente
Voici le résultat du scrutin :
Nombre de votants 116
Nombre de suffrages exprimés 116
Majorité absolue 59
Pour l’adoption 98
Contre 18
(Les amendements identiques nos 682 et 764, sous-amendés, sont adoptés ; en conséquence, l’article 10 est ainsi rédigé et les amendements identiques nos 423, 633 et 814 tombent.)
Après l’article 10
Mme la présidente
Je suis saisie de l’amendement no 700, portant article additionnel après l’article 10.
La parole est à M. Frédéric Valletoux, pour le soutenir.
M. Frédéric Valletoux
Il prévoit une démarche d’information à destination des entreprises employant au moins un maire ou un adjoint. Elle pourrait prendre la forme d’un courrier officiel leur rappelant les droits liés à la qualité d’élu ainsi que les dispositions relatives au statut des élus salariés.
Mme la présidente
Quel est l’avis de la commission ?
M. Sylvain Berrios
Favorable, excellent rapporteur !
M. Stéphane Delautrette, rapporteur
Je comprends tout à fait votre intention. Cependant, comme nous l’avons déjà évoqué, il existe plusieurs façons de faire parvenir cette information aux entreprises. La difficulté de votre proposition tient dans sa mise en œuvre concrète : si l’on confie aux services préfectoraux la mission d’envoyer les courriers, comment identifieront-ils les employeurs des salariés élus ? Tout cela paraît compliqué.
Pour ma part, je crois davantage à une initiative conduite par les associations d’élus, voire à une transmission directe de l’information par l’élu lui-même à son employeur.
Mme la présidente
Quel est l’avis du gouvernement ?
Mme Françoise Gatel, ministre déléguée
Comme l’a rappelé le rapporteur, nous avons largement débattu du manque d’information donnée aux entreprises. Votre proposition appelle toutefois deux remarques. D’une part, elle vise uniquement les maires et les adjoints, alors que la question se pose pour l’ensemble des élus locaux. D’autre part, je ne suis pas sûre que les structures que vous mentionnez disposent du fichier des entreprises employant des élus.
Pour ma part, je crois davantage à une méthode qui ne relève pas de la loi. Il appartient, par exemple, à l’Association des maires de France de sensibiliser les chambres de commerce et les chambres consulaires aux dispositifs qui régissent le statut d’élu salarié. Votre idée est bonne, mais son mode d’application l’est moins. (Sourires.) Demande de retrait ou, à défaut, avis défavorable.
Mme la présidente
Le maintenez-vous, monsieur Valletoux ?
M. Frédéric Valletoux
Je le retire.
M. Sylvain Berrios
On s’autorégule, à Horizons !
(L’amendement no 700 est retiré.)
Article 11
(L’article 11 est adopté.)
Article 11 bis
Mme la présidente
La parole est à M. Stéphane Delautrette, rapporteur, pour soutenir l’amendement no 466, qui fait l’objet d’un sous-amendement.
M. Stéphane Delautrette, rapporteur
L’article 11 bis, résultant de l’adoption d’un amendement du Sénat, prévoit la prise en compte de la qualité de membre d’un exécutif local pour les demandes de mutation au sein de la fonction publique de l’État, en érigeant cette qualité en priorité légale de mutation.
La commission a adopté une nouvelle rédaction pour prévoir que cette règle s’appliquerait de manière subsidiaire par rapport aux six priorités légales déjà en vigueur, telles que la séparation du conjoint ou la situation de handicap.
Toutefois, le texte limite cette mesure aux seuls exécutifs communaux, départementaux et régionaux, en omettant les EPCI. Cet amendement vise donc à étendre cette disposition aux présidents et vice-présidents d’établissement public de coopération intercommunale.
Mme la présidente
La parole est à Mme Françoise Buffet, pour soutenir le sous-amendement no 878.
Mme Françoise Buffet
Cet amendement de précision rédactionnelle vise à clarifier les EPCI visés, à savoir les EPCI à fiscalité propre – communauté de communes, communauté d’agglomération, communauté urbaine ou métropole –, et non tous les EPCI, notamment les syndicats intercommunaux et les syndicats mixtes.
Mme la présidente
Quel est l’avis de la commission sur le sous-amendement ?
M. Stéphane Delautrette, rapporteur
Avis favorable.
Mme la présidente
Quel est l’avis du gouvernement ?
Mme Françoise Gatel, ministre déléguée
La question est importante dès lors qu’il s’agit de faciliter l’exercice des mandats. Il est en effet difficilement compatible d’exercer un mandat électif tout en occupant un poste de fonctionnaire éloigné géographiquement. J’accueille donc positivement cette proposition d’étendre le dispositif aux présidents et vice-présidents d’EPCI, parce qu’ils le valent bien. Sur le sous-amendement de Mme Buffet, je m’en remets à la sagesse de l’Assemblée.
Mme la présidente
La parole est à Mme Élisa Martin.
Mme Élisa Martin
Nous sommes tout à fait favorables à ce dispositif qui, par effet miroir, met en lumière à quel point il est plus difficile de garantir des droits permettant d’exercer un mandat dans de bonnes conditions quand on est salarié du secteur privé. Il ne s’agit pas de pointer un manquement de la part du gouvernement, encore moins des rapporteurs, mais de constater une limite à laquelle se heurte le texte. Quoi qu’il en soit, s’agissant des agents de la fonction publique d’État, il faut aller dans ce sens.
(Le sous-amendement no 878 est adopté.)
(L’amendement no 466, sous-amendé, est adopté.)
Mme la présidente
La parole est à M. Sébastien Huyghe, pour soutenir l’amendement no 765.
M. Sébastien Huyghe
Il vise à étendre la disposition prévue par l’article 11 bis aux chefs d’opposition, au même titre que les maires ou adjoints au maire, les présidents et vice-présidents des conseils départementaux et régionaux. En effet, si l’exercice de fonctions d’opposition n’est pas exécutif, il joue un rôle politique important, dans un contexte local souvent difficile, avec un niveau d’exposition comparable à celui des membres de l’exécutif.
Cette situation peut affecter la carrière des agents publics, notamment lorsqu’ils cherchent à changer de poste ou à réintégrer leur administration d’origine. Reconnaître cette réalité en leur accordant la priorité d’examen des demandes de mutation reviendrait à protéger le pluralisme démocratique et à garantir un traitement équitable à tous les élus engagés.
Mme la présidente
Quel est l’avis de la commission ?
M. Stéphane Delautrette, rapporteur
Respecter les élus d’opposition et leur accorder de l’attention est une préoccupation à laquelle nous sommes tous sensibles. Néanmoins, il convient de faire une distinction entre, d’une part, un élu qui exerce une fonction exécutive lui conférant un rôle institutionnel dans la gestion de la collectivité et, d’autre part, un chef d’opposition, qui ne joue pas un tel rôle.
M. Didier Le Gac, rapporteur
Eh oui !
M. Stéphane Delautrette, rapporteur
Il est difficile d’appliquer à ce dernier les mêmes dispositions qu’aux élus de l’exécutif. C’est la raison pour laquelle j’exprime un avis défavorable.
Mme la présidente
Quel est l’avis du gouvernement ?
Mme Françoise Gatel, ministre déléguée
Comme le rapporteur, j’entends l’intention exprimée par les auteurs de cet amendement et je rappelle l’importance d’entretenir des relations respectueuses avec l’opposition au sein des conseils municipaux. Toutefois, la mesure proposée créerait une forme de discrimination entre fonctionnaires et non-fonctionnaires. De plus, des élus qui sont de simples conseillers municipaux peuvent aussi exercer des fonctions importantes.
Enfin, l’amendement suivant, présenté par le gouvernement, traitera de la question de la mutation d’office dans la fonction publique. S’il est légitime de veiller à ce qu’une mutation ne soit pas imposée à un membre de l’exécutif local, rappelons que les mutations d’office restent très exceptionnelles et répondent parfois à des difficultés rencontrées par l’agent dans son service – sans que cela implique nécessairement une responsabilité de sa part. Demande de retrait ou, à défaut, avis défavorable.
Mme la présidente
La parole est à M. Sébastien Huyghe.
M. Sébastien Huyghe
Vous comprendrez que lorsqu’un chef d’opposition d’un conseil municipal est muté à l’autre bout du département, voire de la région, pour ne pas dire de la France, il se retrouve dans l’impossibilité d’exercer son mandat démocratique, de porter la contradiction, de défendre une vision alternative et de proposer des projets différents de ceux de la majorité.
Cette parole risque d’être décapitée par la mutation professionnelle d’un fonctionnaire. C’est pourquoi je maintiens cet amendement, qui est important pour la vigueur démocratique de nos territoires.
Mme la présidente
La parole est à M. Stéphane Delautrette, rapporteur.
M. Stéphane Delautrette, rapporteur
Pour être plus précis et mieux mettre en évidence les difficultés d’interprétation que votre proposition pourrait créer, rappelons que le CGCT reconnaît explicitement la possibilité pour les groupes de se déclarer d’opposition au sein des conseils départementaux et régionaux, mais pas au sein des conseils municipaux ni des EPCI. Vous mesurez donc bien les difficultés à définir ce qu’est l’opposition et qui peut en être le chef dans un conseil municipal. Je le répète, je comprends votre intention, mais la disposition que vous proposez n’est pas applicable.
(L’amendement no 765 n’est pas adopté.)
Mme la présidente
La parole est à Mme Françoise Gatel, ministre déléguée, pour soutenir l’amendement no 802.
Mme Françoise Gatel, ministre déléguée
Le sixième et le septième alinéa de l’article 11 bis visent à prendre en compte le statut d’élu dans une décision administrative de mutation d’office lorsqu’elle est motivée par l’intérêt du service. En l’état du droit, aucune disposition légale du code général de la fonction publique ne traite spécifiquement de cette forme de mutation.
La mutation d’office dans l’intérêt du service est une décision prise par l’autorité administrative, qui affecte un fonctionnaire sur un poste éloigné du service dans lequel il exerce ses fonctions. Il s’agit souvent de rétablir un climat apaisé ou d’alléger des tensions, parfois au bénéfice du fonctionnaire concerné.
Quand une telle situation est portée devant le juge administratif, celui-ci examine à la fois la situation personnelle du fonctionnaire et la marge de manœuvre dont dispose l’administration, en tenant compte du fait qu’il s’agit d’une mesure d’ordre intérieur.
Le principe du libre exercice des mandats par les élus étant une liberté fondamentale, quoi qu’il arrive, le juge administratif tiendra compte de la situation du fonctionnaire titulaire d’un mandat local dans le cadre d’une mutation d’office.
En conservant cette disposition dans le texte, on risque de créer de sérieuses difficultés alors que le fonctionnaire concerné peut déjà formuler un recours devant le juge administratif. C’est pourquoi le gouvernement propose de supprimer ces alinéas.
Mme la présidente
Sur les amendements nos 802 et 470, je suis saisie par le groupe Horizons d’une demande de scrutin public.
Le scrutin est annoncé dans l’enceinte de l’Assemblée nationale.
Quel est l’avis de la commission ?
M. Stéphane Delautrette, rapporteur
Parfois, le rôle de rapporteur est délicat…
M. Thibault Bazin
Je ne vous le ferai pas dire ! (Sourires.)
M. Stéphane Delautrette, rapporteur
…car l’ajout, ici, est issu de nos débats en commission. Il m’est donc difficile d’être favorable à l’amendement du gouvernement. Certes, j’entends que cette disposition n’a pas encore été jugée – qu’aucun cas concret ne s’est encore présenté. Néanmoins, ce qui a motivé cette inscription dans la loi, c’est une volonté de sécurisation juridique. C’est pourquoi, en tant que rapporteur de la commission, je suis défavorable à cet amendement.
Mme la présidente
La parole est à M. Sébastien Huyghe.
M. Sébastien Huyghe
Le dispositif n’est pas si contraignant, madame la ministre. Il s’agit seulement de « prendre en compte » la qualité d’élu. Si un élu lillois fait l’objet d’une mutation d’office, la mutation peut par exemple intervenir à Douai plutôt qu’à Perpignan – choisir Douai n’a évidemment pas les mêmes effets qu’un éloignement à l’autre bout du pays.
Mme Élisa Martin
Eh oui !
M. Sébastien Huyghe
Nous demandons la prise en compte du statut de l’élu, mais n’imposons rien, si ce n’est de faire preuve de bon sens : pourquoi imposer une mutation à plusieurs centaines de kilomètres alors que quelques dizaines de kilomètres peuvent suffire ?
Mme la présidente
La parole est à Mme Marina Ferrari.
Mme Marina Ferrari
Je suis gênée : avec de telles dispositions, on crée des catégories privilégiées d’élus. Selon que vous serez ou non fonctionnaire, vous ne bénéficierez pas du même traitement, ni de la même évolution de carrière, puisqu’on vous permettra de rester sur votre territoire.
Nous nous sommes battus pendant des années pour obtenir une véritable représentation nationale, avec des élus locaux davantage issus de la société civile. Et là, on crée à nouveau des catégories à part. (Mme Blandine Brocard et M. Frédéric Petit applaudissent.) Je vous avoue que cela me perturbe un peu.
L’objectif est-il d’encourager davantage de fonctionnaires à s’engager dans nos communes ? Vous comme moi sommes souvent sollicités pour des demandes de mutation ou des interventions personnelles. En l’espèce, on ouvre une voie qui, à mes yeux, est très déraisonnable.
M. Christophe Blanchet
Très bien !
Mme la présidente
La parole est à Mme Élisa Martin.
Mme Élisa Martin
Vous n’abordez pas tout à fait le problème dans le bon sens. Je l’ai déjà dit, les salariés du secteur privé rencontrent des difficultés. En revanche, si on peut mettre en place des aménagements, comme celui-ci, pour les fonctionnaires, nous aurions tort de nous en priver.
M. Charles Sitzenstuhl
Corporatisme !
Mme la présidente
Je mets aux voix l’amendement no 802.
(Il est procédé au scrutin.)
Mme la présidente
Voici le résultat du scrutin :
Nombre de votants 112
Nombre de suffrages exprimés 112
Majorité absolue 57
Pour l’adoption 56
Contre 56
(L’amendement no 802 n’est pas adopté.)
Mme la présidente
La parole est à M. Stéphane Delautrette, rapporteur, pour soutenir les amendements nos 467 et 470, qui peuvent faire l’objet d’une présentation groupée.
M. Stéphane Delautrette, rapporteur
L’amendement no 467 est rédactionnel, et le no 470 vise à réparer un oubli – je m’en excuse auprès de Sébastien Martin –, celui des présidents et vice-présidents d’EPCI.
Mme la présidente
Quel est l’avis du gouvernement ?
Mme Françoise Gatel, ministre déléguée
Vous n’en serez pas surpris, mon avis est défavorable – non par mesquinerie, mais au nom de la cohérence. (Sourires.)
(L’amendement no 467 est adopté.)
Mme la présidente
Je mets aux voix l’amendement no 470.
(Il est procédé au scrutin.)
Mme la présidente
Voici le résultat du scrutin :
Nombre de votants 114
Nombre de suffrages exprimés 113
Majorité absolue 57
Pour l’adoption 93
Contre 20
(L’amendement no 470 est adopté.)
(L’article 11 bis, amendé, est adopté.)
Article 12
Mme la présidente
La parole est à Mme Catherine Hervieu, pour soutenir l’amendement no 445.
Mme Catherine Hervieu
L’article 12 vise à améliorer l’accès des étudiants à l’exercice des mandats locaux. Je rappelle que ces derniers ne représentent que 0,69 % des élus, alors qu’ils constituent près de 4,5 % de la population.
Le code de l’éducation autorise déjà les établissements d’enseignement supérieur à prévoir des aménagements dans l’organisation et le déroulement des études ainsi que des droits spécifiques liés à l’exercice de responsabilités particulières. Nous proposons d’étendre ces dispositions aux étudiants candidats à un mandat électif public, dont la déclaration de candidature a bien été enregistrée conformément aux règles du code électoral – j’insiste sur ce point.
Mme la présidente
Sur l’amendement no 471, je suis saisie par le groupe Socialistes et apparentés d’une demande de scrutin public.
Le scrutin est annoncé dans l’enceinte de l’Assemblée nationale.
Quel est l’avis de la commission ?
M. Stéphane Delautrette, rapporteur
Vous proposez d’introduire des aménagements dans l’organisation et le déroulement des études pour les étudiants candidats à un mandat électif public. C’est conforme aux objectifs de la proposition de loi – supprimer les freins et faciliter l’engagement local.
Les étudiants ont bien été identifiés comme encore trop éloignés de l’engagement local, et tout ce qui peut contribuer à faciliter cet engagement nous paraît donc aller dans le bon sens.
Suite à nos débats en commission, vous avez accepté que nous retravaillions la rédaction de l’amendement – je vous en remercie. Le texte auquel nous sommes parvenus est équilibré. Il accorde aux étudiants de nouveaux droits pour favoriser leur engagement, tout en les limitant aux besoins réels liés à leur candidature. C’est pourquoi j’émettrai un avis favorable.
Mme la présidente
Quel est l’avis du gouvernement ?
Mme Françoise Gatel, ministre déléguée
Madame Hervieu, j’entends votre souhait de faciliter l’engagement des étudiants, et c’est en effet l’objectif de l’article. Pour ma part, cependant, je vous avoue ne pas croire que les universités pourront appliquer ce que vous proposez.
Vous avez raison de rappeler qu’on devient officiellement candidat une fois la déclaration enregistrée. Ensuite, un délai de trois à quatre semaines s’écoule entre le dépôt des listes et le scrutin. Contraindre une université à adapter son organisation sur une telle période me paraît complexe et peu opérationnel – il peut y avoir des examens, ou d’autres contraintes auxquelles l’établissement ne pourra facilement faire face. Avis défavorable.
M. Thibault Bazin
On vous soutient, madame la ministre !
M. Patrick Hetzel
Très bien !
Mme la présidente
La parole est à Mme Catherine Hervieu.
Mme Catherine Hervieu
J’entends vos arguments – ce serait compliqué. Mais si nous souhaitons que les choses évoluent, il faut s’en donner les moyens en faisant évoluer le cadre légal. Une fois la disposition votée, les universités et les étudiants sauront s’adapter à ce nouveau cadre, qui favorisera une citoyenneté plus active, en particulier chez les jeunes et les étudiants.
(L’amendement no 445 est adopté.)
Mme la présidente
L’amendement no 471 de M. Stéphane Delautrette, rapporteur, est rédactionnel.
Mme Élisa Martin
Pourquoi avoir demandé un scrutin public, alors ?
Quelques députés du groupe DR
Franchement, on se le demande…
Mme la présidente
Quel est l’avis du gouvernement ?
Mme Françoise Gatel, ministre déléguée
Favorable.
Mme la présidente
Je mets aux voix l’amendement no 471.
(Il est procédé au scrutin.)
Mme la présidente
Voici le résultat du scrutin :
Nombre de votants 114
Nombre de suffrages exprimés 110
Majorité absolue 56
Pour l’adoption 102
Contre 8
(L’amendement no 471 est adopté.)
Mme la présidente
La parole est à M. Didier Le Gac, rapporteur de la commission des lois constitutionnelles, de la législation et de l’administration générale de la République, pour soutenir l’amendement no 472.
M. Didier Le Gac, rapporteur de la commission des lois constitutionnelles, de la législation et de l’administration générale de la République
À mon tour, je salue l’initiative des sénateurs. C’est à ma connaissance la première fois qu’un texte législatif aborde la situation de l’étudiant élu, afin d’encourager l’engagement de nos jeunes concitoyens.
En l’état de sa rédaction, l’article 12 dispose qu’à l’instar des sportifs de haut niveau, les étudiants pourront bénéficier d’un emploi du temps aménagé et que leurs frais de transport seront remboursés afin qu’ils puissent se rendre depuis leur lieu d’étude aux réunions du conseil municipal de leur commune.
M. Sébastien Martin et Mme Marie-Christine Dalloz
On va finir par fonctionnariser tout le monde !
M. Didier Le Gac, rapporteur
Mon amendement propose de limiter la prise en charge des frais de déplacement aux seules séances plénières du conseil municipal, et non à l’ensemble des réunions des commissions, par cohérence avec les dispositions de l’article 7 et la possibilité d’organiser par visioconférence les réunions des commissions – mais pas à celles des conseils municipaux. L’étudiant souhaitant participer à une commission pourra donc toujours le faire à distance.
Mme la présidente
Sur l’amendement no 472, je suis saisie par le groupe Horizons d’une demande de scrutin public.
Le scrutin est annoncé dans l’enceinte de l’Assemblée nationale.
Quel est l’avis de la commission ?
M. Stéphane Delautrette, rapporteur
Une fois n’est pas coutume, j’aurais un avis divergent de celui de mon collègue Le Gac. Je pense en effet que restreindre la prise en charge des déplacements à ceux destinés à assister aux conseils municipaux n’est pas de nature à faciliter l’engagement des étudiants. Un élu, qu’il soit étudiant ou autre, doit pouvoir participer à tout ce qui est utile à l’exercice de son mandat, et il ne s’agit pas de dire à un étudiant qu’il se limitera à assister au conseil municipal pour voter des décisions : ce n’est pas ça, l’engagement local !
M. Emmanuel Duplessy et Mme Marie Pochon
Eh non !
M. Stéphane Delautrette, rapporteur
Avec votre amendement, un étudiant se verrait privé de la possibilité d’avoir des responsabilités dans sa commune ; j’y suis donc défavorable.
Mme la présidente
Quel est l’avis du gouvernement ?
Mme Françoise Gatel, ministre déléguée
Nous voulons tous offrir aux étudiants de nouvelles possibilités d’engagement, mais il faut savoir être responsable et raisonnable. Ayant moi-même été maire, comme beaucoup ici, j’ai vu des étudiants dont l’université ou l’école était à 200 ou 300 kilomètres et qui finissaient par décrocher. Défavorable à l’amendement précédent de Mme Hervieu, je suis également défavorable à ce qu’on indemnise les étudiants pour n’importe quelle réunion. En revanche, je suis favorable à ce qu’on les indemnise pour les frais de déplacement liés aux conseils municipaux, sachant que je suis, par ailleurs, très hostile à la visioconférence pour ces derniers.
Ce que propose Didier Le Gac s’inscrit dans la logique du remboursement des frais de garde à certains conseillers municipaux voté en 2019. J’y suis donc favorable, car cela est fait pour favoriser l’engagement des jeunes comme celui des salariés du privé, tout en restreignant la proposition initiale, avec responsabilité, raison et frugalité.
M. Christophe Blanchet
Très bien !
Mme la présidente
La parole est à Mme Élisa Martin.
Mme Élisa Martin
Dans ces conditions, ça ne marchera pas. M. Delautrette a expliqué qu’on ne pouvait réduire la fonction d’élu aux seuls conseils municipaux. Certaines cérémonies auxquelles un étudiant élu peut souhaiter participer se déroulent en semaine, par exemple.
Mme la présidente
Je mets aux voix l’amendement no 472.
(Il est procédé au scrutin.)
Mme la présidente
Voici le résultat du scrutin :
Nombre de votants 119
Nombre de suffrages exprimés 116
Majorité absolue 59
Pour l’adoption 77
Contre 39
(L’amendement no 472 est adopté.)
Mme la présidente
La parole est à Mme la ministre déléguée, pour soutenir l’amendement no 798.
Mme Françoise Gatel, ministre déléguée
C’est un amendement de coordination relatif à l’outre-mer.
(L’amendement no 798, accepté par la commission, est adopté.)
(L’article 12, amendé, est adopté.)
Après l’article 12
Mme la présidente
Je suis saisie de plusieurs amendements portant article additionnel après l’article 12.
La parole est à M. Emmanuel Duplessy, pour soutenir l’amendement no 489.
M. Emmanuel Duplessy
Il vise à sécuriser la situation des étudiants boursiers qui seraient par ailleurs élus dans une collectivité territoriale. En effet, le versement d’une bourse, et c’est heureux, est actuellement soumis à un critère d’assiduité. Nous proposons d’inscrire noir sur blanc dans le code de l’éducation que l’absence d’un étudiant liée à l’exercice de son mandat doit être considérée comme une absence justifiée par l’université et le centre régional des œuvres universitaires et scolaires (Crous) et ne pas induire de sanction financière.
Mme la présidente
Sur l’amendement n° 383, je suis saisie par le groupe Rassemblement national d’une demande de scrutin public.
Le scrutin est annoncé dans l’enceinte de l’Assemblée nationale.
Quel est l’avis de la commission sur l’amendement no 389 ?
M. Stéphane Delautrette, rapporteur
Je crois, monsieur Duplessy, que vous avez présenté l’amendement no 490 et non le no 489, qui propose l’octroi de crédits dans le cadre du système européen de transfert et d’accumulation de crédits (ECTS). Ce dernier est satisfait, puisque l’octroi de crédits ECTS est d’ores et déjà possible, en application du code de l’éducation. C’est pourquoi ce sera une demande de retrait.
Mme la présidente
Quel est l’avis du gouvernement ?
Mme Françoise Gatel, ministre déléguée
Même avis.
Mme la présidente
La parole est à M. Emmanuel Duplessy.
M. Emmanuel Duplessy
Veuillez m’excuser pour la confusion entre les deux amendements !
J’entends que l’amendement no 489 est satisfait puisque l’option existe déjà, notamment grâce aux unités d’enseignement d’ouverture, qui reconnaissent l’engagement citoyen. Néanmoins, cette reconnaissance est à géométrie variable. S’il n’y a guère de problème pour ceux qui sont élus étudiants au sein de leur université, l’engagement dans le cadre d’une collectivité territoriale peut parfois donner lieu à de petits accrochages avec l’administration et l’université.
Il s’agit donc, là encore, de sécuriser la situation des étudiants élus de collectivités territoriales et de leur assurer le même traitement que celui des étudiants élus au sein de l’université dans le cadre de leur engagement universitaire et citoyen. Si la mesure existe déjà, nous voulons qu’elle soit comprise et appliquée de manière uniforme.
(L’amendement no 489 n’est pas adopté.)
Mme la présidente
La parole est à M. Bruno Bilde, pour soutenir l’amendement no 383.
M. Bruno Bilde
Nous proposons de permettre aux étudiants élus locaux de conclure une convention tripartite avec leur établissement d’enseignement supérieur et la collectivité où ils exercent leur mandat.
Mme Delphine Lingemann
Les universités n’ont que ça à faire !
M. Bruno Bilde
Cette convention offrirait un cadre juridique souple permettant, par exemple, des aménagements d’emploi du temps.
Il s’agit de reconnaître la réalité des difficultés que rencontrent les étudiants qui s’engagent dans la vie publique. Trop souvent, cet investissement civique se traduit par un ralentissement ou une désorganisation de leur parcours académique, faute de mécanismes d’accompagnement appropriés. Cet amendement répond ainsi à un impératif de conciliation entre vie étudiante et engagement citoyen, dans la perspective d’une réelle égalité des chances dans l’exercice du mandat électif.
Mme la présidente
Quel est l’avis de la commission ?
M. Stéphane Delautrette, rapporteur
Nous avons déjà eu ce débat en commission, et mon avis reste défavorable.
Votre amendement est en effet pleinement satisfait par ce que prévoit la proposition de loi. C’est la commission de la formation et de la vie universitaire de chaque établissement qui définit le cadre général des aménagements et des droits spécifiques, en tenant compte des spécificités des différentes filières, à charge pour l’étudiant de faire à l’établissement sa demande d’aménagements. Ce que vous proposez, vous, ce sont des conventions individuelles qui conduiraient à court-circuiter le conseil des études et de la vie universitaire (Cevu) et le cadre général qu’il définit, avec le risque de créer des ruptures d’égalité. Si je comprends votre intention, ce que vous proposez ne me semble pas de nature à permettre d’atteindre l’objectif visé.
Mme la présidente
Quel est l’avis du gouvernement ?
Mme Françoise Gatel, ministre déléguée
Votre idée est pertinente, mais ce que vous proposez entraîne beaucoup de complexité, alors que l’objectif que vous visez peut déjà être atteint de manière plus adaptée. C’est donc une demande de retrait ou un avis défavorable.
Mme la présidente
Je mets aux voix l’amendement no 383.
(Il est procédé au scrutin.)
Mme la présidente
Voici le résultat du scrutin :
Nombre de votants 108
Nombre de suffrages exprimés 108
Majorité absolue 55
Pour l’adoption 35
Contre 73
(L’amendement no 383 n’est pas adopté.)
Mme la présidente
La parole est à Mme Catherine Hervieu, pour soutenir l’amendement no 740.
Mme Catherine Hervieu
Il s’agit toujours de favoriser l’engagement des étudiants et leur candidature à une élection, en prévoyant des aménagements dans l’organisation et le déroulement des études supérieures, aménagements qui seraient proposés par les établissements d’enseignement supérieur dans des conditions fixées par décret. o °C
Mme la présidente
Quel est l’avis de la commission ?
M. Stéphane Delautrette, rapporteur
Votre amendement est satisfait par le no 445, que vous nous avez proposé tout à l’heure et que nous avons adopté. C’est donc une demande de retrait.
Mme la présidente
Quel est l’avis du gouvernement ?
Mme Françoise Gatel, ministre déléguée
En cohérence avec la réponse que je vous ai faite tout à l’heure, avis défavorable.
Mme Catherine Hervieu
Je le retire !
(L’amendement no 740 est retiré.)
Mme la présidente
La parole est à M. Emmanuel Duplessy, pour soutenir l’amendement no 490.
M. Emmanuel Duplessy
Je l’ai donc déjà présenté. Il s’agit de faire en sorte que les étudiants boursiers ne puissent pas perdre leur bourse du fait d’absences liées à l’exercice de leur mandat.
Mme la présidente
Quel est l’avis de la commission ?
M. Stéphane Delautrette, rapporteur
Avis favorable.
Mme la présidente
Quel est l’avis du gouvernement ?
Mme Françoise Gatel, ministre déléguée
On a beau dire qu’un bonheur ne vient jamais seul, mon avis va être différent. Je l’ai dit, je suis opposée à l’idée de créer des droits particuliers et catégoriels.
M. Julien Guibert
Le principe d’égalité !
Mme Françoise Gatel, ministre déléguée
C’est donc une demande de retrait ou, à défaut, un avis défavorable.
Mme la présidente
La parole est à M. Charles Sitzenstuhl.
M. Charles Sitzenstuhl
Chers collègues, je pense qu’il faut quand même faire attention à ce que nous votons dans cet hémicycle. (Exclamations sur quelques bancs des groupes LFI-NFP, SOC et EcoS.) Depuis une heure ou deux, je m’interroge sur certains amendements adoptés, sur leur caractère applicable et sur leur pertinence eu égard aux objectifs qu’ils prétendent atteindre.
En l’occurrence, la ministre déléguée a fourni un bon argument en expliquant qu’on risquait de créer différentes catégories d’étudiants. En outre, tel qu’il est rédigé, cet amendement peut se prêter à des interprétations très subjectives : que signifie en effet « l’exercice d’un mandat » ? Quand on est étudiant et qu’on a la chance d’être élu – comme ce fut mon cas, puisque j’ai été étudiant et conseiller municipal en même temps –, la priorité reste quand même de mener ses études. Je crains que « l’exercice d’un mandat » puisse ainsi servir d’excuse à des personnes qui voudraient se dispenser de certains cours. (Nouvelles exclamations sur les bancs des groupes LFI-NFP, SOC, EcoS et GDR.) Cet amendement va donc beaucoup trop loin, tant du point de vue légistique qu’à cause de ses conséquences pratiques, et la sagesse devrait nous conduire à le rejeter.
Mme la présidente
La parole est à M. Emmanuel Duplessy.
M. Emmanuel Duplessy
Ce qui vient d’être dit est presque choquant ! Partir du principe que des étudiants voudraient se faire élire dans leur collectivité et s’engager dans leur commune pour pouvoir rater quelques cours, c’est imaginer une démarche drôlement vicieuse…
M. Thibault Bazin
Il ne faut pas être naïf !
M. Emmanuel Duplessy
…et un mauvais calcul, me semble-t-il, car un engagement municipal est largement plus chronophage que quelques cours dont il permettrait de se dispenser.
Arrêtez de voir le mal partout, et des fraudeurs partout. On parle de jeunes qui font le choix de s’engager dans la démocratie locale. La plupart d’entre eux ont conscience qu’un haut niveau académique est toujours utile. Ne cherchons pas la petite bête. (Applaudissements sur les bancs des groupes EcoS et SOC.)
Mme la présidente
La parole est à Mme la ministre déléguée.
Mme Françoise Gatel, ministre déléguée
Je voudrais répondre sur le fond, et expliquer ce que je voulais dire par rupture d’égalité. Le texte créerait des dispositions particulières pour un élu étudiant, alors qu’on ne le fait pas pour un étudiant sportif de haut niveau, pour un étudiant salarié ou un étudiant pompier ou réserviste de la garde nationale.
M. Charles Sitzenstuhl
Voilà !
Mme Françoise Gatel, ministre déléguée
Enfin, je rappelle que les dispositions qui existent dans le code de l’éducation permettent déjà certains aménagements.
M. Pierre Pribetich
C’est faux !
Mme la présidente
Je mets aux voix l’amendement no 490.
(Le vote à main levée n’ayant pas été concluant, il est procédé à un scrutin public.)
Mme la présidente
Voici le résultat du scrutin :
Nombre de votants 89
Nombre de suffrages exprimés 67
Majorité absolue 34
Pour l’adoption 37
Contre 30
(L’amendement no 490 est adopté.)
(Applaudissements sur les bancs des groupes SOC et EcoS.)
Mme la présidente
La suite de la discussion est renvoyée à la prochaine séance.
3. Ordre du jour de la prochaine séance
Mme la présidente
Prochaine séance, ce soir, à vingt et une heures trente :
Suite de la discussion de la proposition de loi portant création d’un statut de l’élu local.
La séance est levée.
(La séance est levée à vingt heures.)
Le directeur des comptes rendus
Serge Ezdra