Nouvel assouplissement de l'objectif ZAN
Question de :
Mme Florence Joubert
Dordogne (3e circonscription) - Rassemblement National
Mme Florence Joubert interroge Mme la ministre du partenariat avec les territoires et de la décentralisation sur un nouvel assouplissement de la loi du 20 juillet 2023 sur l'objectif « zéro artificialisation nette » (ZAN). Avec plus de 20 000 hectares d'espaces agricoles naturels et forestiers perdus chaque année, la sobriété foncière est une urgence indéniable pour le pays. Mais il n'en demeure pas moins que la mise en œuvre de la loi « climat et résilience » du 22 août 2021 suscite inquiétudes et difficultés parmi les élus locaux. En effet, le double objectif de contraindre les collectivités à diviser de moitié leur consommation foncière d'ici à 2030, tout en atteignant le ZAN d'ici 2050, ne prend pas suffisamment en compte toutes les spécificités des territoires. Par exemple, il paraît indispensable d'accorder une exception aux communes déficitaires en logements sociaux. En Dordogne, le principal OPH du territoire, Périgord Habitat, estime que la demande de logements sociaux a augmenté de 30 % en Dordogne contre seulement 16 à 18 % dans le reste du pays. Ainsi, en 2050, en appliquant strictement le ZAN, comment le département pourrait-il répondre à la demande de construction de logements sociaux, imposée par la loi n° 2000-1208 du 13 décembre 2000, dite loi SRU ? Les élus devront-ils systématiquement payer des amendes financières ? Par ailleurs, la modification du schéma de cohérence territoriale (Scot) est imposée aux collectivités locales pour février 2027 et celle des plans locaux d'urbanisme communaux (PLU) ou intercommunaux (PLUi) pour février 2028. Or, selon la FédéSCoT, seulement 40 % des Scot et 27 % des PLUi sont aujourd'hui en cours de révision. Ainsi, elle lui demande si elle envisage d'assouplir une nouvelle fois l'objectif ZAN en l'adaptant davantage aux spécificités de chaque territoire et d'accorder un report de calendrier aux collectivités pour réviser leurs documents d'urbanisme.
Réponse publiée le 1er juillet 2025
En moyenne annuelle, 24 000 hectares ont été urbanisés sur la dernière décennie, dont 60 % dans des territoires présentant de faibles besoins en logements. Face à ce constat, la France s'est fixée l'objectif de réduire de moitié le rythme d'urbanisation sur la décennie en cours par rapport à la précédente. Le parc de logement social, majoritairement en collectif, est déjà sobre en foncier : 85 % des logements sociaux existants sont des logements collectifs (contre 44 % pour l'ensemble du parc de logements), ainsi que 83 % des logements sociaux construits entre 2010 et 2020 (contre 54 % dans l'ensemble de la construction). A titre d'exemple, selon une étude du Cerema sur les Hauts-de-France publiée en 2023, le logement social n'a représenté sur ce territoire que 5 % de la consommation d'espace régionale pour 32 % de la production totale de logements sur la période considérée. Un traitement particulier du logement social dans le cadre de la mise en œuvre de la politique publique de sobriété foncière n'est donc pas nécessaire. Par ailleurs, les collectivités territoriales peuvent s'appuyer notamment sur les établissements publics fonciers (EPF), d'Etat et locaux, qui bénéficient de la taxe spéciale d'équipement (TSE) et des fonds SRU le cas échéant pour accompagner les communes déficitaires ou carencées SRU dans l'atteinte des 20 ou 25 % de logements sociaux sur leur territoire. En 2023, la part de logements sociaux issus des cessions de foncier porté par les EPF d'Etat est de 42 %. Au 1er janvier 2024, les EPF d'État ont par ailleurs des conventions actives avec 224 communes carencées parmi les 341 que compte le territoire national. Les communes peuvent également bénéficier du soutien financier de l'Etat à travers l'aide aux maires bâtisseurs (AMB) mise en place en 2025 dans le cadre du fonds vert visant à relancer la production de logements, notamment sociaux, en recyclage urbain. Les objectifs de sobriété foncière s'appliquent déjà de manière différenciée sur les territoires, en particulier par le mécanisme de territorialisation par les régions et les SCoT, qui sont tenus de répartir l'effort selon les spécificités locales – en particulier, les efforts passés ainsi que les dynamiques démographiques et économiques. De nombreux territoires ont déjà lancé le travail d'intégration des objectifs de sobriété foncière et sont engagés pour atteindre les objectifs de préservation des espaces naturels, agricoles et forestiers.
Auteur : Mme Florence Joubert
Type de question : Question écrite
Rubrique : Urbanisme
Ministère interrogé : Partenariat territoires et décentralisation
Ministère répondant : Aménagement du territoire et décentralisation
Dates :
Question publiée le 3 décembre 2024
Réponse publiée le 1er juillet 2025