Question de : M. Hadrien Clouet
Haute-Garonne (1re circonscription) - La France insoumise - Nouveau Front Populaire

M. Hadrien Clouet appelle l'attention de Mme la ministre de la culture sur le rétablissement du délit de blasphème et des pratiques de censure culturelle par la mairie de Toulouse. Depuis 2019, un festival de musique gothique occitan se tient chaque année à Toulouse pendant une semaine entière. Au cours de ce festival, une multitude d'artistes croisent les styles et les genres. Musique (du post-punk à la coldwave en passant par le dark folk), projection documentaire, peinture, photographie, sculpture... Il y en a pour tous les goûts, afin de présenter l'avant-garde de la scène dark française. Le public est au rendez-vous, car les différentes performances ne désemplissent pas et rassemblent au total des milliers de personnes. Toutefois, la mairie de Toulouse s'est efforcée de saboter l'édition 2024 en annulant le concert de clôture, prévu le dimanche 8 décembre dans l'église déconsacrée du Gesù, quartier des Carmes. Il aura suffi de la protestation insignifiante d'un catholique intégriste pour offrir à la mairie cléricale de Toulouse le prétexte qu'elle cherchait et retirer la mise à disposition de cet espace public au dernier moment. M. le député se demande depuis quand les catholiques intégristes pilotent l'action publique culturelle et disposent d'un droit de veto sur des évènements artistiques. Il lui demande si elle envisage de condamner de telles décisions et de rappeler son attachement à la liberté de création et de performance dans le cadre de la loi et si le festival Setmana Santa bénéficiera de l'appui du ministère pour son édition 2025, face aux censeurs.

Réponse publiée le 27 mai 2025

La loi n° 2016-925 du 7 juillet 2016 relative à la liberté de la création, à l'architecture et au patrimoine a consacré trois principes importants. D'abord, son article 1er affirme la liberté de la création artistique. Puis, son article 2 affirme la liberté de la diffusion de la création artistique, qui s'exerce dans le respect des principes encadrant la liberté d'expression. Enfin, l'article 3 prévoit que l'État veille au respect de la liberté de programmation artistique, de même que les collectivités territoriales. Par ailleurs, la loi du 7 juillet 2016 a créé, à l'alinéa 2 de l'article 431-1 du code pénal, un délit d'entrave spécifique : « le fait d'entraver, d'une manière concertée et à l'aide de menaces, l'exercice de la liberté de création artistique ou de la liberté de la diffusion de la création artistique est puni d'un an d'emprisonnement et de 15 000 euros d'amende ». Si le juge pénal ne l'a pas encore mis en œuvre, il a pu s'appuyer sur le délit d'entrave à l'exercice de la liberté d'expression, prévu au premier alinéa du même article, comme le 25 mars 2024 à travers la décision du Tribunal correctionnel de Lorient, condamnant l'auteur du délit, pour empêchement d'un concert dans une église, à cinq mois de prison avec sursis pour entrave concertée et avec menace. Les libertés de création et de diffusion ne sont pas absolues et connaissent certaines limites, notamment lorsqu'elles entrent en conflit avec d'autres libertés fondamentales, constituent des propos injurieux ou diffamatoires, méconnaissent des lois de protection mémorielle, ou encore lorsqu'elles se heurtent à des impératifs liés au maintien de l'ordre public. Les abus peuvent alors être sanctionnés selon les limites posées par le législateur, en particulier en matière pénale, sous le contrôle du juge. Face au constat ces dernières années d'une recrudescence des tentatives d'entraves à l'expression et à la diffusion artistique, le ministère de la culture a annoncé la mise en place d'un plan en faveur de la liberté de création. Celui-ci comprend un ensemble de mesures opérationnelles destinées à mieux répondre aux enjeux de protection de la liberté de création. D'une part, il prévoit de mieux structurer la remontée des cas d'atteintes à la liberté de création, à travers la nomination d'un haut fonctionnaire dédié à ces enjeux et de référents au sein de chacune des directions régionales des affaires culturelles. D'autre part, il prévoit de mieux informer et accompagner les artistes et les professionnels de la culture, notamment à travers la publication d'un guide pratique et juridique à destination des acteurs culturels et professionnels, mais aussi un soutien financier à l'activité d'information mise en place par l'Observatoire de la liberté de création. Enfin, il prévoit d'impliquer l'ensemble des parties prenantes de ces enjeux, professionnels, administrations publiques et élus territoriaux, dans un dialogue renforcé amené à se déployer sur l'ensemble du territoire national en 2025.

Données clés

Auteur : M. Hadrien Clouet

Type de question : Question écrite

Rubrique : Arts et spectacles

Ministère interrogé : Culture

Ministère répondant : Culture

Dates :
Question publiée le 21 janvier 2025
Réponse publiée le 27 mai 2025

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