Question écrite n° 643 :
Demande de dérogation à la « loi ZAN » pour les territoires hyper-ruraux

17e Législature

Question de : Mme Sophie Pantel
Lozère (1re circonscription) - Socialistes et apparentés

Mme Sophie Pantel appelle l'attention de Mme la ministre de la transition écologique, de l'énergie, du climat et de la prévention des risques sur la situation des ZAN en France. Les zones à zéro artificialisation nette (ZAN) ont été instituées dans le cadre de la politique de lutte contre l'artificialisation des sols, visant à limiter l'expansion urbaine et à préserver les espaces naturels et agricoles. Cette réglementation impose des contraintes importantes aux projets d'aménagement sur tout le territoire afin de compenser toute artificialisation par une désartificialisation équivalente. Cependant, certains d'entre eux, les territoires ruraux ou de montagne comme la Lozère, qui ont pu par le passé être caractérisé par un déclin démographique, se trouvent confrontés aujourd'hui à une double peine. En effet, la mise en œuvre du ZAN affecte leur développement au moment où une nouvelle dynamique s'installe alors même que leurs besoins, au regard des enjeux nationaux, restent faibles. Ces territoires ont par le passé été de très faibles consommateurs de terres et ne peuvent être traités de la même manière que les territoires qui ont surconsommés. Face à ce constat, Mme la députée souhaite connaître les intentions du Gouvernement concernant une possible adaptation de la réglementation de la « loi ZAN », notamment pour les territoires qualifiés « hyper ruraux ». Plus précisément, elle lui demande si elle envisage la mise en place d'un régime d'exonération ou de dérogation spécifique permettant de soutenir le développement de ces zones tout en respectant les objectifs de durabilité.

Réponse publiée le 29 juillet 2025

La loi du 22 août 2021 dite « Climat et résilience fixe l'objectif d'absence d'artificialisation nette des sols en 2050, ainsi qu'un objectif intermédiaire de réduction de moitié la consommation d'espaces naturels, agricoles et forestiers pour la décennie à cours (2021-2031) par rapport à la décennie précédente (2011-2021). La loi n'a pas pour objet d'instaurer des « zones à zéro artificialisation nette ». Par ailleurs, l'objectif de « zéro artificialisation nette » n'est pas opposable aux projets d'aménagement. Il s'agit d'un objectif national à horizon 2050 que les collectivités compétentes doivent intégrer dans leurs documents de planification et d'urbanisme aux échéances fixées par la loi. Au niveau national, les communes les plus rurales (« communes à habitat très dispersé » au sens de l'Insee) concentrent 2 % de la population pour 7 % de la consommation d'espaces. Les communes rurales (communes « peu denses » au sens de l'INSEE) représentent 88 % des communes, 33 % de la population et 65 % de la consommation d'espaces. Ces chiffres illustrent le fait que l'impératif de sobriété foncière est une responsabilité commune, dont la mise en œuvre doit être différenciée. C'est pourquoi la loi prévoit une trajectoire progressive et une modulation de l'objectif selon les besoins et spécificités de chaque territoire et non des dérogations ou des régimes spécifiques. Pour adapter l'effort de sobriété foncière aux spécificités et besoins des territoires, cette territorialisation prend notamment en compte les dynamiques démographiques et économiques, l'équilibre du territoire, dont l'enjeu de désenclavement rural, conformément à l'article R4251-3 du Code général des collectivités territoriales. En outre, afin de permettre aux communes notamment rurales de disposer d'une garantie minimale de mobilisation de foncier, la loi n° 2023-630 du 20 juillet 2023 a complété la loi Climat et résilience par un III, 3°bis à l'article 194 qui dispose notamment que toute commune répondant aux critères « ne peut être privée, par l'effet de la déclinaison territoriale des objectifs mentionnés au présent article »d'un potentiel d'au moins un hectare de consommation d'espaces naturels, agricoles et forestiers sur la période 2021-2031.  Le Gouvernement reste attaché aux enjeux de sobriété foncière et est convaincu du caractère essentiel de la maîtrise de l'artificialisation des sols en 2050, afin de préserver des espaces naturels et des ressources qui ne sont ni gratuites, ni inépuisables. Toutefois, il apparaît necessaire d'ouvrir une réflexion afin de replacer les élus au cœur du dispositif et apporter les assouplissements utiles afin que le ZAN ne soit plus perçu comme une contrainte mais comme un levier de développement ainsi que faciliter des projets essentiels à la réindustrialisation. Enfin, le développement des territoires ruraux passe aussi par la revitalisation de l'existant. L'Etat et ses opérateurs sont en appui des collectivités avec notamment le fonds vert, le recyclage urbain par les établissements publics fonciers, les programmes « Action cœur de ville » et « Petites villes de demain » de l'Agence nationale de cohésion des territoires, ou encore des services publics innovants (« Zero Logement Vacant », « UrbanVitaliz ») permettant de bénéficier de conseils gratuits par des spécialistes pour remettre des logements vacants sur le marché et réhabiliter des friches. 

Données clés

Auteur : Mme Sophie Pantel

Type de question : Question écrite

Rubrique : Ruralité

Ministère interrogé : Transition écologique, énergie, climat et prévention des risques

Ministère répondant : Aménagement du territoire et décentralisation

Dates :
Question publiée le 8 octobre 2024
Réponse publiée le 29 juillet 2025

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