Question écrite n° 8332 :
Veille des réseaux sociaux du Gouvernement par Talkwalker

17e Législature

Question de : M. Philippe Latombe
Vendée (1re circonscription) - Les Démocrates

M. Philippe Latombe alerte M. le Premier ministre sur les risques que présente le choix de l'entreprise Talkwalker pour assurer la veille des réseaux sociaux du Gouvernement. Le social listening (en français, écoute sociale), va être confié à un prestataire canadien à capitaux américains. Talkwalker peut avoir accès gratuitement aux données de TikTok grâce à une API fournie dans le cadre d'un partenariat avec la plateforme chinoise. Quant à X (ex-Twitter), un accord existe également avec Talkwalker. La veille des réseaux sociaux du Gouvernement va donc être assurée par une entreprise américaine qui aura accès aux données de deux géants des réseaux sociaux dont aucun n'est français. M. le député souhaite savoir comment il serait possible de monitorer de façon objective et efficace des réseaux sociaux dont un est connu comme relayant le plus de fake news. Il lui demande également si le Gouvernement prévoit de garantir que le choix de confier la veille de son compteX à une entreprise américaine, partenaire et « amie » de ce même réseau social, ne constitue pas un parti pris susceptible de compromettre l'efficacité et l'impartialité du monitoring.

Réponse publiée le 29 juillet 2025

J'ai pris connaissance avec la plus grande attention de votre question écrite par laquelle vous appelez mon attention sur l'attribution par le Service d'information du Gouvernement (SIG) d'un marché de veille des réseaux sociaux à l'entreprise Talkwalker, à propos de laquelle vous vous inquiétez des liens qui existeraient entre cette entreprise et les réseaux sociaux X et TikTok et de l'impact de ceux-ci sur la confidentialité des données traitées dans le cadre de ce marché. En premier lieu, il convient de rappeler que la société Talkwalker est une entreprise luxembourgeoise, disposant d'une implantation en France depuis 2019 et dont les serveurs traitant les données sont situés en Allemagne. Si elle a effectivement été rachetée en 2024 par une société canadienne dont certains fonds actionnaires sont américains, il convient de rappeler que cette situation ne suffit pas à la soumettre plus que toute autre entreprise non américaine aux réglementations extraterritoriales des Etats-Unis. Il est en tout état de cause erronée d'affirmer qu'il s'agit d'une « entreprise américaine. » En second lieu, la société Talkwalker n'a pas accès « gratuitement » aux données du réseau social TikTok dans le cadre d'un partenariat, de même qu'elle n'a pas un « accord » avec le réseau social X. Dans les deux cas, la société Talkwalker accède, via une API, aux données de ces deux réseaux sociaux dans le cadre d'une relation contractuelle payante avec les réseaux sociaux concernés. Rien ne permet donc d'affirmer que la société Talkwalker serait « partenaire et amie » du réseau social X. La société Visibrain, titulaire sortant, accède également aux données du réseau social X par un contrat du même type. En l'absence d'une telle contractualisation avec les réseaux sociaux, d'autres acteurs du marché collectent les données par une méthode dite de scraping qui se fait sans l'accord des réseaux sociaux et est soumise de ce fait à un risque d'interruption de service si ces derniers mettent en place des parades pour les bloquer. Toutefois, concernant l'existence d'un éventuel risque sur les données qui seraient saisies et collectées dans la plateforme proposée par la société Talkwalker, je souhaite préciser que les exigences du marché permettent de garantir le respect des règles européennes les plus strictes, notamment s'agissant du respect du RGPD (articles 44 et suivants relatifs aux transferts et à l'hébergement des données dans l'UE ou en pays adéquats) et l'autre à la protection des données traitées (mesures de chiffrement, auditabilité, traçabilité et gestion des habilitations). Vous m'interrogez également sur la capacité des services à monitorer de façon objective et efficace des réseaux sociaux pourvoyeurs de fake news. Le recours au social listening, dans le cadre du marché en cause, a pour objectif de permettre de quantifier et qualifier les conversations et réactions des utilisateurs des principaux réseaux sociaux sur les sujets d'actualité. Dans cette optique, il est de l'intérêt du Gouvernement, afin d'assurer des stratégies de communication cohérentes avec les attentes des Français, de couvrir le spectre le plus large possible, et donc les réseaux sociaux les plus utilisés. A ce titre, le fait que certains d'entre-eux puissent être plus propices que d'autres à la diffusion de fausses informations est en soit une ressource à traiter par le Gouvernement, a fortiori si ces fausses informations sont susceptibles d'être largement reprises par les utilisateurs de ces réseaux sociaux. En synthèse, je souhaite réaffirmer qu'aucun lien autre que des relations commerciales et contractuelles classiques dans ce domaine d'activité ne peut être fait entre la société Talkwalker et les réseaux sociaux qui font l'objet d'une veille. Certes ce marché va élargir de fait le recours à l'outil proposé par la société Talkwalker au sein des administrations bénéficiaires, cependant il faut rappeler qu'il était déjà utilisé dans le cadre d'un autre lot de ce même accord-cadre, et qu'il l'était également dans le précédent marché, courant sur la période 2022-2025, sans qu'aucune difficulté n'ait été rencontrée.

Données clés

Auteur : M. Philippe Latombe

Type de question : Question écrite

Rubrique : Gouvernement

Ministère interrogé : Premier ministre

Ministère répondant : Premier ministre

Dates :
Question publiée le 8 juillet 2025
Réponse publiée le 29 juillet 2025

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