Dangers des « point à temps » pour les usagers de deux-roues
Question de :
M. Christophe Plassard
Charente-Maritime (5e circonscription) - Horizons & Indépendants
M. Christophe Plassard attire l'attention de M. le ministre de l'aménagement du territoire et de la décentralisation sur les risques que présente l'utilisation du procédé routier dit du « point à temps » pour les conducteurs de deux-roues. Ce procédé, qui consiste à projeter des gravillons associés à un liant bitumineux sur la chaussée, est largement utilisé par les services départementaux, notamment au printemps et en début d'été. Il permet, pour un coût environ quatre fois inférieur à celui d'un enrobé classique, de rénover de larges portions de routes départementales. Cependant, ce gain économique a pour contrepartie des risques réels pour les motocyclistes et cyclistes. Malgré les précautions prises par les services techniques, notamment les passages réguliers de véhicules pour le compactage, le balayage ultérieur des gravillons résiduels et la mise en place d'une signalisation temporaire, cette technique demeure particulièrement glissante pour les deux-roues, y compris à faible vitesse. Les chutes sont fréquentes et peuvent entraîner des blessures graves. Par ailleurs, des projections de gravillons provoquent également des dommages matériels sur les véhicules. De nombreux usagers, dont des professionnels de santé, alertent aujourd'hui sur les dangers inhérents à cette méthode de réparation, en contradiction avec les objectifs de développement de la mobilité douce et motorisée sur deux-roues. M. le député souhaite donc savoir si le Gouvernement entend engager une réévaluation nationale de l'usage de cette technique, en lien avec les collectivités territoriales, les fédérations de motards et les experts de la voirie, afin d'identifier des alternatives plus sûres. Il lui demande également si une interdiction de ce procédé pourrait être envisagée sur les tronçons à fort trafic de deux-roues, dans un objectif de prévention et de sécurité routière renforcée.
Réponse publiée le 12 août 2025
Les couches de roulement des chaussées sont soumises à des agressions permanentes qui provoquent des usures, des fissures et des défauts d'étanchéité. Il est nécessaire de les entretenir régulièrement pour pouvoir préserver l'intégrité de la chaussée. La technique dite du « point à temps » consiste à réparer localement la chaussée en appliquant une couche de bitume revêtue de gravillons. L'étanchéité de la chaussée est alors rétablie, l'eau n'y pénétrera plus et l'aggravation des désordres sera alors évitée. Cette technique très largement utilisée a démontré son efficacité. Cette technique nécessite toutefois des précautions particulières dans les heures et jours qui suivent son application car une partie des gravillons peut ne pas coller au bitume. Il faut alors signaler cette présence éventuelle de gravillons « libres » et les enlever dans les meilleurs délais (par balayage et aspiration). Il n'existe pas de technique alternative à des prix comparables pour éviter ce problème temporaire de rejets de gravillon. Si on ne répare pas la chaussée, cette dernière va continuer de se dégrader, elle va s'émietter et les petits morceaux de béton bitumineux qui se seront décrochés auront le même inconvénient que les gravillons du « point à temps ». Les travaux de remise en état seront en outre alors beaucoup plus lourds, donc plus coûteux et avec une empreinte carbone (émission de CO2, à l'origine du changement climatique) bien plus importante. En somme, le point à temps est une solution d'intervention qui permet de rapidement remédier au moindre désordre sur les chaussées avant qu'il ne s'aggrave ; les rejets de gravillons doivent être bien signalés et ils doivent être éliminés dans les meilleurs délais. Idéalement un itinéraire alternatif (s'il y en a un) peut être proposé aux motocyclistes et cyclistes pendant les heures ou jours de présence de cet inconvénient.
Auteur : M. Christophe Plassard
Type de question : Question écrite
Rubrique : Sécurité routière
Ministère interrogé : Aménagement du territoire et décentralisation
Ministère répondant : Transports
Dates :
Question publiée le 15 juillet 2025
Réponse publiée le 12 août 2025