XVIIe législature
Session ordinaire de 2024-2025

Deuxième séance du mardi 24 juin 2025

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Deuxième séance du mardi 24 juin 2025
Avertissement: version provisoire établie à 17:06

Présidence de M. Jérémie Iordanoff
vice-président

M. le président

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    La séance est ouverte.

    (La séance est ouverte à vingt et une heures trente.)

    1. Programmation pour la refondation de Mayotte

    Suite de la discussion d’un projet de loi

    M. le président

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    L’ordre du jour appelle la suite de la discussion du projet de loi de programmation pour la refondation de Mayotte (nos 1470, 1573).

    Discussion des articles

    M. le président

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    Cet après-midi, l’Assemblée a poursuivi la discussion des articles du projet de loi, s’arrêtant à l’article 2  bis.

    Article 2  bis

    M. le président

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    La parole est à M. Yoann Gillet.

    M. Yoann Gillet

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    L’article 2  bis prévoit qu’un rapport soit remis dans trois ans pour évaluer les dispositions dérogatoires en matière d’immigration et de nationalité applicables à Mayotte. Un tel rapport est propre à éclairer le Parlement sur la pertinence de cette législation et sur les adaptations nécessaires notamment au regard de l’évolution de la situation démographique de l’île.
    Il faut rappeler qu’à Mayotte, près de 50 % de la population est étrangère et la moitié des étrangers sont en situation irrégulière. L’île compte officiellement 321 000 habitants, mais il y en a bien plus en réalité. Autrement dit, des dizaines de milliers de personnes sont présentes illégalement à Mayotte, c’est-à-dire sur le territoire français.
    À Mayotte, le taux de natalité est trois fois supérieur à la moyenne nationale et 83 % des titres de séjour qui y sont délivrés reviennent à des étrangers entrés illégalement.
    Chaque année, plus de 1 500 mineurs deviennent Français en vertu du droit du sol et le gouvernement et beaucoup de députés de divers groupes –⁠ notamment du bloc central – refusent de rendre inapplicable ce droit à Mayotte, alors qu’il a l’effet d’une pompe aspirante.
    Nous voterons évidemment pour l’article 2  bis car le rapport permettra d’éclairer le Parlement sur la réalité démographique de l’île. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe RN.)

    M. le président

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    La parole est à M. Antoine Léaument.

    M. Antoine Léaument

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    Nous voterons en faveur de l’article 2  bis. D’une certaine manière, ce rapport permettra de vérifier les propos que nous échangeons sur les questions migratoires. En d’autres termes, il répondra à la question suivante : les règles appliquées à Mayotte, dérogatoires aux règles appliquées dans le reste du territoire national, sont-elles véritablement efficaces pour atteindre l’objectif que vous visez, à savoir la diminution de l’immigration ?
    La science existant sur le sujet y répond négativement. Il serait donc intéressant qu’un rapport du gouvernement vienne le confirmer, notamment confirmer ce que dit l’Insee : les mesures dérogatoires n’ont absolument aucun effet, si bien que vous traitez les conséquences, non les causes. Il sera intéressant qu’un rapport du gouvernement vienne critiquer la politique appliquée précédemment ; nous voterons donc largement pour l’élaboration de ce rapport.

    M. le président

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    La parole est à M. Charles Sitzenstuhl, pour soutenir l’amendement no 8.

    M. Charles Sitzenstuhl

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    Il vise à raccourcir le délai de remise du rapport prévu à l’article 2  bis. Je suis très étonné que l’on envisage une durée de trois ans pour la production d’un rapport portant sur un sujet dont les responsables politiques français débattent depuis plusieurs années ! Un tel délai n’est pas fréquent. Je propose donc de le ramener à un an, sauf si on me présente la raison pour laquelle il a été fixé à trois ans.

    M. Antoine Léaument

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    Dans trois ans, nous aurons dépassé 2027 ! (Sourires.)

    M. le président

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    La parole est à M. Philippe Gosselin, rapporteur de la commission des lois constitutionnelles, de la législation et de l’administration générale de la République, pour donner l’avis de la commission.

    M. Philippe Gosselin, rapporteur de la commission des lois constitutionnelles, de la législation et de l’administration générale de la République

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    Je vais immédiatement rassurer notre collègue : il n’y a pas de raison cachée à la longueur de ce délai, à moins qu’on ne veuille pas comprendre –⁠ chacun devra donc balayer devant sa porte et le groupe auquel vous appartenez pourra le faire s’il le souhaite.
    Aucune raison cachée disais-je, si ce n’est la cohérence de l’ensemble des mesures que nous défendons et dont l’application exige un certain temps de préparation. En outre, le rapport que nous souhaitons obtenir doit être établi avec un recul suffisant et ce n’est pas en un an qu’on aura atteint l’ensemble des résultats que nous visons. Un rapport publié après un an serait seulement un rapport d’étape et aurait donc peu d’intérêt.
    J’ai rappelé notre ambition pour Mayotte, qui justifie d’ailleurs le report à 2030 de la fin de la territorialisation des titres de séjour, à savoir l’obligation de résultat : l’État devra être au rendez-vous. Un délai de trois ans permettra de disposer d’une évaluation un an et demi avant l’échéance de 2030. Il paraît donc raisonnable ; ce sera le bon moment pour envisager, le cas échéant, des ajustements.
    Je rappelle qu’il est proposé d’instituer un comité de suivi de la présente loi, qui observera, dans les mois qui viennent, l’application des mesures adoptées. Je compte sur la représentation nationale, c’est-à-dire sur chacun d’entre nous, pour contribuer à ce travail. Vous pourrez en tout cas compter sur les rapporteurs pour être des vigies très attentives, sinon les gardiens du temple.
    Notre avis est donc défavorable.

    M. le président

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    La parole est à M. le ministre d’État, ministre des outre-mer, pour donner l’avis du gouvernement.

    M. Manuel Valls, ministre d’État, ministre des outre-mer

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    Même avis.

    (L’amendement no 8 n’est pas adopté.)

    M. le président

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    Sur l’article 2  bis, je suis par le groupe Rassemblement national d’une demande de scrutin public.
    Le scrutin est annoncé dans l’enceinte de l’Assemblée nationale.
    La parole est à M. Philippe Naillet, pour soutenir l’amendement no 291.

    M. Philippe Naillet

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    Il tend à renforcer la portée du rapport évaluant les dispositions dérogatoires en matière d’immigration et de nationalité applicables à Mayotte. Il s’agit en particulier de compléter l’article 2  bis par les mots « incluant une analyse de leurs effets, de leur mise en œuvre et des perspectives d’évolution. »

    M. le président

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    Quel est l’avis de la commission ?

    M. Philippe Gosselin, rapporteur

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    Votre amendement me paraît satisfait. Dans sa rédaction actuelle, l’article 2  bis prévoit déjà l’évaluation des mesures dérogatoires ; n’alourdissons pas sa rédaction. Pour cette raison, je demande le retrait de l’amendement. À défaut, mon avis sera défavorable.

    M. le président

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    Quel est l’avis du gouvernement ?

    M. Manuel Valls, ministre d’État

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    Même avis.

    (L’amendement no 291 n’est pas adopté.)

    M. le président

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    La parole est à Mme Sandrine Nosbé, pour soutenir l’amendement no 161.

    Mme Sandrine Nosbé

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    Il tend à préciser l’objet du rapport : celui-ci devrait évaluer aussi l’impact des dispositions dérogatoires en matière d’immigration et de nationalité à Mayotte sur les flux migratoires et les conditions de vie des personnes migrantes.
    Nous avons constaté, à gauche, l’abandon par l’État des outre-mer, notamment de Mayotte. Chaque année, les retards s’accumulent, à cause d’un manque d’investissements.
    À Mayotte, le taux de pauvreté atteint 77 % et le taux de chômage, 37 %. Les services publics y sont défaillants et le mal logement est extrême. Les gouvernements n’ont jamais investi à la hauteur des besoins, pour garantir l’égalité réelle aux habitants de Mayotte.
    L’obsession migratoire, qui est diffusée, fait de l’étranger un bouc émissaire chargé de tous les maux des Mahorais et envenime les relations entre les personnes présentes dans l’île. Il est temps de changer radicalement de politique à Mayotte ; cessons de détourner le regard des problèmes structurels.

    M. le président

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    Quel est l’avis de la commission ?

    M. Philippe Gosselin, rapporteur

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    À l’évidence, tous les rapporteurs du projet de loi ainsi que son rapporteur général souhaitent évaluer l’impact des politiques publiques qu’ils défendent : non seulement par obligation constitutionnelle –⁠ l’article 24 de la Constitution le prévoit –, mais par volonté de suivre l’application d’un texte qu’ils veulent voir voté largement. L’évaluation va donc de soi, et des travaux préparatoires pourront le cas échéant éclairer son contenu.
    En l’espèce, l’évaluation est déjà prévue par l’article 2  bis, de sorte que l’amendement est satisfait. Je vous invite à le retirer, sans quoi mon avis sera défavorable.

    M. le président

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    Quel est l’avis du gouvernement ?

    M. Manuel Valls, ministre d’État

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    Même avis.

    M. le président

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    La parole est à Mme Dominique Voynet.

    Mme Dominique Voynet

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    L’efficacité des mesures prises doit être évaluée en fonction non seulement des objectifs que vous voulez atteindre, mais aussi de leur impact sur la société Mahoraise.
    En outre, nous devons approfondir un sujet rarement abordé, sinon de façon polémique : le fonctionnement du bureau des étrangers et du libre accès à ce bureau –⁠ un jour sur deux, cet accès n’est pas garanti.

    M. Philippe Gosselin, rapporteur

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    Elle a raison.

    Mme Dominique Voynet

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    L’article 2  bis témoigne d’une évolution appréciable de la position du gouvernement et des rapporteurs, dans la mesure où ils nous ont expliqué à maintes reprises qu’il était impossible de dresser un bilan des dispositions adoptées en 2018 –⁠ les premières restrictions à l’accès à la nationalité française.
    En définitive, l’évaluation des dispositions dérogatoires en matière d’immigration et de nationalité constitue une certaine avancée. J’espère qu’elle sera réalisée et que l’on veillera alors à évaluer à la fois l’efficacité des mesures au regard de vos préoccupations et leur impact sur la société au regard des nôtres.

    M. le président

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    La parole est à M. Antoine Léaument.

    M. Antoine Léaument

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    J’aimerais, pour une fois, tenter de convaincre nos collègues macronistes de changer leur position et de soutenir cet amendement de La France insoumise.

    M. Charles Rodwell

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    Houlà !

    M. Antoine Léaument

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    Vous ne votez pas souvent nos amendements, mais celui-ci est d’intérêt général et vise à apporter d’importantes précisions.

    M. Pierre Cordier

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    Je ne suis pas Insoumis, donc je ne changerai pas d’avis.

    M. Antoine Léaument

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    Avec tout le respect que j’ai pour vous, monsieur Gosselin, je doute que les personnes qui établiront le rapport aillent vérifier, dans le compte rendu de nos débats, ce que vous aurez dit pour éclairer leurs travaux.
    Il est pour l’instant proposé que, dans un délai de trois ans –⁠ c’est beaucoup et nous étions d’accord avec M. Sitzenstuhl –, le gouvernement remette au Parlement un rapport évaluant les dispositions dérogatoires en matière d’immigration et de nationalité applicables à Mayotte. Nous vous proposons d’inclure dans le champ de l’évaluation « [les] effets [de ces dispositions] sur les flux migratoires et sur les conditions de vie des personnes migrantes ».
    Vous n’arrêtez pas de nous dire que telle ou telle décision aura des effets sur les flux migratoires. Je vous oppose que la science dit l’inverse. L’Insee, en particulier, affirme qu’il est impossible de prévoir les flux migratoires car ils dépendent d’un très grand nombre de facteurs.
    Chers collègues, si vous souhaitez un rapport précisément rédigé et utile à l’évaluation de la politique du gouvernement, et que l’article 24 de la Constitution soit bien respecté, comme nous y invite M. Gosselin, faites valoir vos droits de parlementaires !

    M. le président

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    La parole est à M. Yoann Gillet.

    M. Antoine Léaument

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    J’espère vous avoir convaincus ! C’était bien argumenté !

    M. Yoann Gillet

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    Nous voterons pour l’article 2  bis, qui permettra à la représentation nationale de disposer d’un rapport de nature, peut-être, à ouvrir les yeux de certains. J’entendais Mme Voynet se réjouir de ce rapport, mais on ne s’en réjouit certainement pas pour les mêmes raisons ! Je suis un grand rêveur…

    Mme Dominique Voynet

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    À l’évidence, nous ne partageons pas le même oreiller. (Sourires.)

    M. Yoann Gillet

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    …et je me dis qu’un rapport relatif à l’évolution démographique de Mayotte permettrait à Mme Voynet et à ses collègues d’extrême gauche de prendre conscience qu’il y a un problème à Mayotte et qu’il faut prendre des mesures encore plus fermes.
    Ce que démontrera ce rapport, c’est que les mesures prévues dans ce texte de programmation pour la refondation –⁠ ou prétendue refondation – de Mayotte ne sont pas suffisantes pour venir à bout de la submersion migratoire. Pour y mettre un terme, je sais, comme les Mahorais, qu’il faudra élire Marine Le Pen à la présidence de la République. (Applaudissements sur les bancs du groupe RN.)

    Mme Léa Balage El Mariky

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    Quelle conclusion ridicule !

    Mme Dominique Voynet

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    C’est effroyable.

    M. Philippe Gosselin, rapporteur

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    C’est vrai qu’elle n’est pas terrible !

    (L’amendement no 161 n’est pas adopté.)

    M. le président

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    Je mets aux voix l’article 2  bis.

    (Il est procédé au scrutin.)

    M. le président

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    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        73
            Nombre de suffrages exprimés                73
            Majorité absolue                        37
                    Pour l’adoption                73
                    Contre                0

    (L’article 2  bis est adopté.)

    Article 2  ter

    M. le président

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    La parole est à M. Antoine Léaument.

    M. Antoine Léaument

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    L’article 2  ter vise à durcir les conditions du regroupement familial. Nous en discuterons sans doute, mais permettez-moi d’abord de répondre au collègue du Rassemblement national qui prétend qu’il faudrait ouvrir les yeux de certains sur les problèmes posés par l’immigration à Mayotte. Pardonnez-moi, mais lors de la séance précédente, lorsque nous discutions de la déterritorialisation des titres de séjour, vous avez voté l’inverse de ce que demandent les Mahorais, alors même que vous prétendez vouloir les aider ! Vous êtes tellement xénophobes que vous ne souhaitez pas que des immigrés gagnent l’Hexagone. Oui, c’est bien cela que vous craignez !
    Pour notre part, nous avons une logique inverse : je n’ai aucun problème avec l’idée que des gens disposant d’un titre de séjour qui auraient envie de venir dans l’Hexagone, par exemple pour étudier ou travailler, puissent le faire. Ce n’est pas votre cas ; aussi préférez-vous laisser Mayotte dans la situation qui est la sienne. Vous ne pouvez pas à la fois pointer un problème d’immigration à Mayotte et refuser la solidarité nationale qu’implique sa résolution ! Le sujet, comme toujours, est celui des capacités des services publics, de l’emploi, du logement, de l’éducation, bref des conditions de vie. Nous envisageons la situation de manière rationnelle. Quant à vous, vous avez fait la démonstration que vous ne souteniez pas les propositions émanant des Mahorais eux-mêmes.

    M. le président

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    La parole est à M. Charles Sitzenstuhl.

    M. Charles Sitzenstuhl

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    Je ne prétends pas être l’arbitre des élégances entre le Rassemblement national et La France insoumise, mais je voudrais rappeler, monsieur Léaument, que lors de la précédente séance, nous avons examiné deux amendements de suppression de l’article 2  bis  A déposés par Mme Klinkert et moi-même, qui visaient à maintenir la territorialisation des titres de séjour délivrés à Mayotte –⁠ nous considérions en effet, avec d’autres, qu’il ne faut pas la supprimer. Le Rassemblement national a voté contre nos amendements après avoir changé de position –⁠ dix minutes plus tôt, ils votaient dans le sens contraire.

    M. Sébastien Peytavie

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    Ça leur arrive souvent !

    M. Charles Sitzenstuhl

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    Puisque vous nous avez incités à rester factuels, rappelons-les faits : le RN a voté, comme vous, contre nos amendements de suppression. Permettez-moi simplement de rétablir cette vérité, même si elle figure déjà ou figurera dans le compte rendu de la séance de cet après-midi.

    M. Philippe Gosselin, rapporteur

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    Ne refaites pas le débat !

    M. le président

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    Je suis saisi de quatre amendements identiques, nos 95, 162, 231 et 379, tendant à la suppression de l’article 2  ter.
    La parole est à M. Philippe Naillet, pour soutenir l’amendement no 95.

    M. Philippe Naillet

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    Déposé par le groupe Socialistes et apparentés, il vise à supprimer l’article 2  ter, introduit par un amendement de la droite sénatoriale. L’article L. 434-7 du code de l’entrée et du séjour des étrangers et du droit d’asile (Ceseda) dispose que l’étranger demandant à être rejoint au titre du regroupement familial doit remplir certaines conditions, notamment la suivante : « il dispose ou disposera d’un logement considéré comme normal pour une famille comparable vivant dans la même région géographique ». Or l’article 2  ter tend à préciser que « ne peut être considéré comme normal un logement édifié ou occupé sans droit ni titre ou relevant de l’habitat informel ».
    Sur le plan des principes, cette mesure portera atteinte au droit fondamental à une vie familiale normale, garanti tant par le préambule de la Constitution de 1946 que par l’article 8 de la Convention européenne des droits de l’homme (CEDH). Le Conseil constitutionnel a eu l’occasion de rappeler que les restrictions apportées à ce droit doivent rester proportionnées aux objectifs poursuivis. En l’occurrence, refuser le regroupement familial en se fondant sur le statut foncier ou sur la nature du bâti, sans considérer les efforts engagés par les familles pour accéder à un logement plus digne, reviendra à priver un grand nombre de personnes de la possibilité d’exercer ce droit, et ce de manière disproportionnée.

    M. le président

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    Sur l’article 2  ter, je suis saisi par le groupe Rassemblement national d’une demande de scrutin public.
    Le scrutin est annoncé dans l’enceinte de l’Assemblée nationale.
    La parole est à Mme Sandrine Nosbé, pour soutenir l’amendement no 162.

    Mme Sandrine Nosbé

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    Nous nous opposons nous aussi à cet article, qui vise à ajouter une condition pour le regroupement familial à Mayotte, en exigeant que le demandeur dispose, à la date d’arrivée de sa famille, d’un logement « considéré comme normal » –⁠ ce qui exclut l’habitat informel. Nous savons très bien que l’habitat informel est subi et non choisi. Dès lors qu’à Mayotte, quatre habitations sur dix sont des constructions précaires et que près d’un tiers des habitants vivent dans des bidonvilles, cette mesure n’a aucun sens ! En réalité, elle est purement xénophobe.
    J’ajoute que les personnes en situation irrégulière ne seront pas les seules concernées : selon les enquêtes menées par l’agence Harappa, deux tiers des ménages qui vivaient dans un logement précaire à Mayotte avaient à leur tête un adulte de nationalité française ou en situation régulière. Cette situation résulte en grande partie des insuffisances de la politique du logement social. Pénaliser une deuxième fois des personnes qui n’ont pas d’autre choix que d’occuper un habitat informel, en les empêchant de vivre avec leur famille, serait plus qu’inhumain.
    Rappelons que le plan Logement outre-mer 2019-2022 (Plom 2) a débouché sur la livraison de seulement 8 000 logements sociaux –⁠ contre un objectif de 10 000, porté à 15 000 par la loi du 28 février 2017 de programmation relative à l’égalité réelle outre-mer. N’oublions pas non plus que 16 % des logements demeurent insalubres dans les outre-mer et que trois Ultramarins sur dix sont mal-logés. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe LFI-NFP.)

    M. le président

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    La parole est à Mme Léa Balage El Mariky, pour soutenir l’amendement no 231.

    Mme Léa Balage El Mariky

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    L’article 2  ter est inutile et impraticable. Inutile, parce que le Ceseda prévoit déjà des critères relatifs à l’habitat –⁠ accès à l’eau, accès à l’électricité, salubrité – des personnes qui demandent à bénéficier du regroupement familial. Il est ensuite impraticable juridiquement, car la rédaction de l’article –⁠ « ne peut être considéré comme normal un logement édifié ou occupé sans droit ni titre » – ignore le désordre cadastral que connaît Mayotte ; il ne peut s’agir d’une manière intelligente, pratique et efficace de légiférer.
    Nous devrions mener une politique de l’habitat en faveur de ceux qui vivent dans les 30 % d’habitat informel de l’archipel. Nous devrions nous attaquer à ce problème –⁠ ce que nous ferons quand nous aurons fini d’examiner les articles portant sur la politique migratoire – plutôt que d’ajouter une contrainte pour le regroupement familial sans considérer la nature systémique de la situation à Mayotte.

    M. le président

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    La parole est à Mme Elsa Faucillon, pour soutenir l’amendement no 379.

    Mme Elsa Faucillon

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    L’article 2  ter correspond aux marottes de la droite extrême et de l’extrême droite s’agissant du regroupement familial. Je vous voyais grimacer à l’évocation du Ceseda, monsieur le ministre. Je le comprends, mais vous faites partie du gouvernement et vous avez donc votre mot à dire à ce sujet ; en dépit des circulaires récentes, la loi est censée primer. Nos débats démontrent en tout cas clairement que la question du logement –⁠ d’un logement stable et digne – est centrale à Mayotte, et qu’elle concerne aussi bien les personnes étrangères que les citoyens français. Faire de cette question un motif de discrimination pour déterminer qui peut ou non bénéficier du regroupement familial correspond à une volonté, à visée xénophobe, d’entraver celui-ci –⁠ raison pour laquelle nous nous opposons à l’article avec détermination.

    M. le président

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    Quel est l’avis de la commission sur ces amendements de suppression ?

    M. Philippe Gosselin, rapporteur

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    Avec détermination, je leur donne un avis défavorable. Vous nous reprochez parfois d’innover en prévoyant des mesures dérogatoires pour Mayotte, mais ce n’est pas le cas en l’occurrence. Le droit commun prévoit déjà que le demandeur dispose d’un habitat dit normal, et la jurisprudence a précisé ce que l’on entendait par là, en fixant des critères tels que le chauffage –⁠ je conviens d’emblée que ce n’est pas l’élément le plus pertinent à Mayotte –, l’accès à l’eau –⁠ la question de l’assainissement étant mise à part – et l’accès à l’électricité.
    Quant au désordre foncier, il me semble qu’on ne peut pas s’en prévaloir. L’absence d’un cadastre digne de ce nom et le fait que les titres de propriété, comme la détermination des taxes foncières, soient en partie aléatoires, ne peuvent pas servir de prétextes. En réalité, l’article 2  ter complète le droit sans le modifier substantiellement –⁠ nous légiférons peu ou prou à droit constant. Notre volonté est claire : il doit être évident que l’habitat informel –⁠ les bangas, pour être clair – ne peut pas être considéré comme un logement normal. Cette précision ne déroge en rien au droit commun.

    M. le président

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    Quel est l’avis du gouvernement ?

    M. Manuel Valls, ministre d’État

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    Nous pouvons en effet débattre du problème –⁠ prioritaire et incontestable – de l’habitat, auquel nous devons remédier en construisant des logements, en allouant des moyens à la Société immobilière de Mayotte (Sim) ou à d’autres bailleurs sociaux, sans oublier le rôle d’Action logement, afin d’assurer un toit aux Mahorais dans les meilleures conditions possibles.
    Ces amendements visent à revenir sur l’article introduit et adopté par le Sénat, visant à faire en sorte que celui qui demande à bénéficier du regroupement familial ne réside pas dans un habitat informel. Cette disposition me paraît de bon sens et conforme à l’intérêt des Mahorais comme à celui des étrangers souhaitant venir à Mayotte au titre du regroupement familial : devraient-ils être hébergés dans des logements insalubres ou dans des conditions indignes ?
    Je m’appuie sur le droit français et sur le droit européen. Le Conseil d’État a précisé que le demandeur peut être soit propriétaire d’un logement libre, soit locataire, soit titulaire d’une promesse ferme de location. Ainsi, les personnes occupant un logement sans droit ni titre sont exclues, par le juge administratif, du dispositif du regroupement familial. Par ailleurs, la directive européenne du 22 septembre 2003 relative au droit au regroupement familial prévoit : « Lors du dépôt de la demande de regroupement familial, l’État membre concerné peut exiger de la personne qui a introduit la demande de fournir la preuve que le regroupant dispose d’un logement […] qui répond aux normes générales de salubrité et de sécurité en vigueur dans l’État membre concerné [….]. » Il en ressort que l’article que vous contestez –⁠ vous en avez parfaitement le droit – vise à inscrire dans la loi un critère prévu par la jurisprudence et conforme au droit européen.

    Mme Léa Balage El Mariky

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    C’est donc inutile !

    Mme Elsa Faucillon

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    Si c’est déjà dans le droit, pourquoi l’ajouter ici ?

    M. Manuel Valls, ministre d’État

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    Évidemment, les conditions d’habitat sont bien plus difficiles à Mayotte qu’ailleurs, j’en conviens volontiers. Mais si nous nous appuyons sur la jurisprudence et sur le droit européen, c’est bien pour combattre des conditions de vie que personne ne peut supporter. Si nous supprimions l’article, comme vous le souhaitez, nous risquerions d’accroître les cas de regroupement dans les pires conditions qui soient. Je suis donc défavorable à vos amendements.

    M. le président

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    Je donnerai la parole à deux orateurs favorables à l’amendement et à deux orateurs qui y sont opposés.
    La parole est à Mme Estelle Youssouffa.

    Mme Estelle Youssouffa

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    Permettez-moi de clarifier la visée de ces amendements de suppression : sur les bancs de la gauche, seriez-vous en train de défendre la bidonvillisation de Mayotte ? Les étrangers que vous prétendez défendre devraient-ils venir grossir les rangs des habitants des bidonvilles, lieux pourtant dangereux, insalubres et indignes ? Si je vous comprends bien, il faudrait les régulariser pour qu’ils puissent rejoindre ces lieux qui sont devenus des tombeaux lors du passage des cyclones. Au reste, la question n’est pas seulement l’insalubrité, vous validez aussi l’occupation sans droit ni titre, autrement dit le vol des terres !
    Le gouvernement vient de vous expliquer que l’article vise à inscrire dans la loi un critère qui existe déjà dans notre droit. Quant à vous, vous dites en substance que Mayotte est une poubelle ! Manifestement, il vous semble tout à fait normal que les gens y vivent dans des conditions indignes ! Il faudrait même que l’on continue à régulariser des gens pour qu’ils occupent des terrains et y construisent des bidonvilles ! Souhaitez-vous encourager ce phénomène ? À Mayotte, nous avons l’ambition d’y mettre un terme. Les bidonvilles ont pullulé en une quinzaine d’années alors qu’il n’y en avait pas avant. C’est une honte pour la République ! Il est insupportable de voir des gens vivre dans des conditions pareilles.
    Au regard des valeurs que vous dites défendre, je ne vous reconnais pas : comment pouvez-vous encourager les gens à construire des bidonvilles, en les régularisant alors qu’ils n’ont pas la possibilité de vivre dans des conditions de vie normales ? Inscrire dans la loi le regroupement familial dans des bidonvilles et l’occupation illégale des terrains, il fallait oser ! C’est ce que vous voulez faire ce soir. (M. Sylvain Berrios applaudit.)

    M. le président

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    La parole est à M. Yoann Gillet.

    M. Yoann Gillet

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    Rappelons de quoi nous parlons : une mesure propre à limiter le regroupement familial dès lors qu’elle précise, au sujet de la condition relative au logement du demandeur, que ne saurait être considéré comme normal un logement occupé sans droit ni titre ou relevant de l’habitat informel –⁠ on pense notamment aux bidonvilles et aux bangas, bien trop nombreux à Mayotte.
    Avec sa position –⁠ dogmatique, une fois de plus –, l’extrême gauche prouve qu’elle compte avant tout entretenir son fonds de commerce, dont la misère et la précarité font le chiffre d’affaires ; c’est bien de cela que vous vivez. Vous l’avez rappelé vous-même : 38 % ou 40 % –⁠ cela dépend des sources – des logements à Mayotte sont informels. Plus généralement, nos compatriotes ultramarins vivent mal et font face à un sérieux problème de logement.
    Malgré ce constat, que vous partagez, vous ne voyez aucun inconvénient à faire venir toujours plus de monde, depuis l’étranger, pour vivre dans des conditions indécentes, dans des bidonvilles. Vous prouvez une fois de plus que l’humanisme dont vous faites si grand cas ne se trouve pas de votre côté. (Applaudissements sur les bancs du groupe RN. –⁠ M. Olivier Fayssat applaudit également.)

    Mme Mathilde Feld

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    Oh là là !

    M. le président

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    La parole est à Mme Elsa Faucillon.

    M. Antoine Léaument

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    Dis bien, Elsa !

    Mme Elsa Faucillon

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    Ce que nous revendiquons, c’est le droit au logement : un logement digne, décent, défini encore récemment dans les textes –⁠ je pense à la loi du 31 mai 1990 visant à la mise en œuvre du droit au logement – par un accès au chauffage et à des sanitaires. Y compris dans l’Hexagone, ces critères d’un logement confortable sont loin d’être toujours remplis.
    Lorsque nous avons examiné le dernier projet de loi relatif à l’immigration, où l’on retrouvait les marottes de la droite extrême et de l’extrême droite à propos du regroupement familial, qui s’attaquaient déjà aux conditions de logement, nous avons dû rappeler que, dans notre pays, l’égalité d’accès au droit au logement était largement remise en cause, pas uniquement par les politiques migratoires, mais tout simplement par les politiques sociales menées depuis plusieurs années. De nombreuses associations pour le droit au logement estiment que la crise que nous traversons est bien plus grave, ou à tout le moins de même ampleur, que celle de 1954. Cette situation touche autant les personnes de nationalité française que les personnes étrangères.
    Nous affirmons ici que la loi, l’État, la République doivent faire en sorte que chacune et chacun puisse accéder à un logement digne. Que cette condition ne soit pas remplie ne peut servir d’argument pour faire entrave au regroupement familial. Celles et ceux qui le souhaitent doivent pouvoir faire venir, sur le territoire où ils vivent, leur mère, leur père, leur sœur, leur frère ou la personne dont ils sont tombés amoureux –⁠ reste à savoir si l’amour est un choix ou non, ce qui pourrait faire l’objet d’une grande discussion.

    M. Emeric Salmon

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    Houlà !

    Mme Elsa Faucillon

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    La question n’est pas d’empêcher ou non le regroupement familial, mais de réaliser l’égalité dans ce département français qu’est Mayotte. C’est par l’inclusion, par l’accès à des droits égaux que l’on permet à des personnes de s’insérer dans la société, qu’elles soient étrangères ou non. (Applaudissements sur les bancs des groupes GDR, LFI-NFP et EcoS.)

    M. Antoine Léaument

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    Bien parlé !

    M. le président

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    La parole est à Mme Dominique Voynet.

    Mme Dominique Voynet

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    Je n’ai pas envie de changer un seul mot au propos de Mme Faucillon, qui me paraît frappé au coin du bon sens.

    M. Sylvain Berrios

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    Alors ne le faites pas !

    M. Emeric Salmon

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    Au suivant !

    Mme Dominique Voynet

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    Je crois que nous avons le droit de discuter de ces questions sans se faire insulter ni caricaturer ! S’il y a, dans cette enceinte, un seul député qui défend la bidonvillisation de Mayotte, il faut l’enfermer, un point c’est tout !

    M. Antoine Léaument

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    Bien dit !

    M. Fabien Di Filippo

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    Vous allez perdre beaucoup de collègues, au NFP ! (M. le ministre d’État s’esclaffe.)

    Mme Dominique Voynet

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    Revenons à des sujets plus sérieux. Monsieur le ministre, vous expliquiez tout à l’heure que la disposition que vous proposez correspond à ce que prévoient la jurisprudence et le cadre réglementaire en vigueur. Ce dernier est fixé par l’article R. 434-5 du Ceseda, qui énumère les conditions d’un logement considéré comme normal, dont une superficie minimale par occupant. Or, à Mayotte, nombreux sont les logements dans lesquels coexistent plusieurs générations, sans qu’ils soient d’ailleurs dotés des éléments de confort de base tels que les sanitaires, l’eau courante, l’assainissement et le respect des normes de sécurité.
    J’ai été maire d’une grande commune de Seine-Saint-Denis, où les conditions de logement de nombreux habitants étaient très précaires, avec des taux d’occupation très élevés, si bien que, dans certains HLM, des familles se voyaient refuser les aides au logement par la caisse d’allocations familiales. Je pense qu’une bonne partie des habitants de Mayotte vivent dans des conditions similaires ; nombre d’entre eux hébergent des proches et doivent cohabiter dans des situations difficiles.
    Nous avons, pour l’essentiel, besoin d’un plan ambitieux en faveur de l’accès au logement, non d’un durcissement qui restreindrait davantage encore le droit au regroupement familial pour des personnes qui, souvent, vivent à Mayotte depuis longtemps, y travaillent et aspirent à y demeurer avec leur famille. (Applaudissements sur les bancs du groupe EcoS.)

    (Les amendements identiques nos 95, 162, 231 et 379 ne sont pas adoptés.)

    M. le président

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    Je mets aux voix l’article 2  ter.

    (Il est procédé au scrutin.)

    M. le président

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    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        117
            Nombre de suffrages exprimés                116
            Majorité absolue                        59
                    Pour l’adoption                73
                    Contre                43

    (L’article 2  ter est adopté.)

    Article 3

    M. le président

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    La parole est à Mme Anchya Bamana.

    Mme Anchya Bamana

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    L’article 3 du projet de loi constitue une avancée juridique en faveur de la sécurisation de l’état civil à Mayotte. En confiant à l’officier d’état civil de la commune de Mamoudzou la compétence exclusive de recevoir les actes de reconnaissance de paternité ou de maternité effectués hors déclaration de naissance, il vise à lutter contre les fraudes documentaires, à renforcer la cohérence des données de l’état civil et à consolider l’autorité de l’État dans un territoire confronté à une pression migratoire intense.
    Mayotte connaît des situations où des reconnaissances d’enfant peuvent être utilisées à des fins de régularisation abusive, parfois sans lien réel de filiation. Centraliser cette procédure à Mamoudzou permettra de concentrer les moyens de contrôle, d’assurer la bonne application du droit commun et d’informer systématiquement l’auteur de la reconnaissance de ses obligations parentales ainsi que des sanctions pénales encourues en cas de manquement, mais aussi des implications en matière de droit des étrangers.
    Cependant, cette centralisation des actes de reconnaissance à Mamoudzou suppose un renforcement des capacités administratives de cette commune. C’est pourquoi l’amendement au rapport annexé que défend le groupe Rassemblement national vise à demander une évaluation précise des besoins matériels, humains et budgétaires pour garantir l’efficacité et la pérennité de cette nouvelle mission.
    Il ne peut y avoir de succès en la matière sans un accompagnement par l’État. L’ambition affichée doit s’appuyer sur une planification réaliste et une dotation adaptée à la hauteur des enjeux. (Applaudissements sur les bancs des groupes RN et UDR.)

    M. le président

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    Sur les amendements nos 102 et identiques ainsi que sur l’article 3, je suis saisi par le groupe La France insoumise-Nouveau Front populaire de demandes de scrutin public.
    Les scrutins sont annoncés dans l’enceinte de l’Assemblée nationale.
    Je suis saisi de quatre amendements identiques, nos 102, 163, 235 et 413, qui tendent à supprimer l’article.
    La parole est à M. Philippe Naillet, pour soutenir l’amendement no 102.

    M. Philippe Naillet

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    Il vise effectivement à supprimer l’article 3, qui centralise l’établissement des actes de reconnaissance de paternité et de maternité dans la commune de Mamoudzou.
    Le principe de centralisation exclusive à Mamoudzou soulève une difficulté d’accessibilité. Mayotte, comme chacun sait, est un territoire insulaire dont la topographie, les infrastructures de transport limitées et les inégalités d’accès aux services publics rendent les déplacements parfois longs et coûteux. Restreindre la possibilité de reconnaissance volontaire à une seule commune pour l’ensemble du territoire revient de facto à compliquer l’exercice d’un droit fondamental –⁠ celui de reconnaître un lien de filiation –, notamment pour des populations vivant dans les villages périphériques ou éloignés.
    À cette difficulté s’ajoute un risque concret de saturation du service d’état civil de Mamoudzou, déjà fortement sollicité en raison de la démographie du territoire.

    M. le président

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    La parole est à M. Jean-Hugues Ratenon, pour soutenir l’amendement no 163.

    M. Jean-Hugues Ratenon

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    Comme mon collègue Naillet, nous sommes opposés à cet article et nous entendons rappeler le principe selon lequel tout officier d’état civil est compétent pour enregistrer une reconnaissance de paternité ou de maternité, quel que soit le lieu de naissance.
    Cet article constitue un acte de défiance généralisée et de stigmatisation à l’égard des Mahorais, alors que des dispositifs ont déjà été instaurés tels que la production de justificatifs et la possibilité pour le procureur de la République de surseoir ou de s’opposer à l’enregistrement d’une reconnaissance lorsqu’il existe des indices sérieux laissant présumer son caractère frauduleux.
    Selon l’étude d’impact, les reconnaissances frauduleuses détectées en 2023 ne représentent que 7 % du total des reconnaissances enregistrées à Mayotte. La préfecture de Mayotte n’a effectué que huit signalements au procureur de la République en 2023. S’agissant du tribunal judiciaire de Mayotte, selon les chiffres disponibles, sur vingt-sept saisines du parquet par un officier d’état civil pour une suspicion de reconnaissance frauduleuse, on compte seulement trois oppositions du parquet au premier semestre 2023 et une seule opposition en 2022 pour vingt-six saisines. Ces chiffres ne justifient en rien la création d’une nouvelle exception légale en défaveur des Mahorais, qui subiraient une inégalité d’accès de plus à un service public par rapport à l’Hexagone.
    Cette centralisation risque également d’accroître la charge de travail de la mairie de Mamoudzou et de retarder l’établissement du lien de filiation pour des enfants. Je rappelle que les collectivités d’outre-mer, en particulier celles de Mayotte et celle de Mamoudzou, se trouvent en grande difficulté du fait d’un manque d’effectifs et de moyens. Il ne faut surtout pas alourdir leur charge de travail. Nous demandons donc la suppression de l’article. (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe LFI-NFP.)

    M. le président

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    L’amendement no 235 de Mme Léa Balage El Mariky est défendu.
    La parole est à Mme Elsa Faucillon, pour soutenir l’amendement no 413.

    Mme Elsa Faucillon

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    Nous nous opposons également à la concentration de l’enregistrement des actes d’état civil de reconnaissance de paternité ou de maternité dans la seule commune de Mamoudzou, qui risque d’être rapidement surchargée. Au demeurant, chacun connaît les conditions difficiles de déplacement à Mayotte.
    Ces actes de reconnaissance sont essentiels pour garantir l’effectivité des droits des parents et des enfants. À part la volonté d’entraver encore davantage ce droit, on voit mal à quoi cette centralisation pourra servir.

    M. le président

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    Quel est l’avis de la commission sur ces quatre amendements identiques ?

    M. Philippe Gosselin, rapporteur

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    Plantons le décor : on compte environ 10 000 naissances par an à la maternité de Mamoudzou, à quoi s’ajoutent quelques autres naissances qui ont lieu ailleurs, soit par accident, soit par choix. Le dispositif proposé n’entraînera pas une hyperconcentration puisque Mamoudzou concentre déjà 75 % des naissances qui ont lieu à Mayotte –⁠ ce qui ne signifie pas que cette commune enregistre 7 500 reconnaissances de paternité par an, elle en enregistre moins.
    Le but de cette centralisation est d’abord d’éviter certaines fraudes. En effet, de nombreux officiers d’état civil ne sont pas particulièrement formés à leur détection.

    ------------------Cette partie de la séance est en cours de finalisation---------------------------------------------

    M. le président

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    Sur les amendements nos 57, 58 et 59, je suis saisi par le groupe Rassemblement national de demandes de scrutin public.
    Les scrutins sont annoncés dans l’enceinte de l’Assemblée nationale.

    (L’article 5 est adopté.)

    Après l’article 5

    M. le président

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    La parole est à M. Yoann Gillet, pour soutenir l’amendement no 57.

    M. Yoann Gillet

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    Il vise à renforcer l’arsenal répressif à l’encontre des reconnaissances frauduleuses d’enfant en durcissant la durée maximale de la peine d’emprisonnement, aujourd’hui fixée à cinq ans.
    Nous l’avons dit et redit, Mayotte est particulièrement touchée par ce phénomène. Selon les données transmises par la préfecture, le nombre de reconnaissances de paternité y a connu une augmentation de 13 % entre 2019 et 2023, passant de 7 348 à 8 328.
    En 2022, les reconnaissances frauduleuses de paternité représentaient même 20 % de la fraude détectée sur les documents français présentés à l’appui d’une demande de titre de séjour. Par ailleurs, les reconnaissances frauduleuses détectées représentent près de 7 % du total des reconnaissances à Mayotte, ce qui témoigne d’un phénomène ancré et préoccupant.
    Cette hausse est étroitement liée au contexte migratoire spécifique de ce département. En effet, plus de la moitié des déclarants y sont de nationalité étrangère, dont 52 % de nationalité comorienne. Il y a donc lieu d’adopter cet amendement pour renforcer l’arsenal répressif en la matière.

    M. le président

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    Quel est l’avis de la commission ?

    M. Philippe Gosselin, rapporteur

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    L’idée est d’aligner les peines encourues sur le délit de faux et usage de faux, pour lequel la peine d’emprisonnement est de cinq ans. Nous avons déjà abordé ce point lorsqu’il était question du montant des amendes. Pour respecter le parallélisme, je vous propose de conserver une durée de cinq ans. J’émets donc une demande de retrait ; à défaut, avis défavorable.

    M. le président

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    Quel est l’avis du gouvernement ?

    M. Manuel Valls, ministre d’État

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    Même avis.

    M. le président

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    Je mets aux voix l’amendement no 57.

    (Il est procédé au scrutin.)

    M. le président

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    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        160
            Nombre de suffrages exprimés                158
            Majorité absolue                        80
                    Pour l’adoption                53
                    Contre                105

    (L’amendement no 57 n’est pas adopté.)

    M. le président

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    L’amendement no 58 de M. Yoann Gillet est défendu.

    M. le président

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    Quel est l’avis de la commission ?

    M. Philippe Gosselin, rapporteur

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    Défavorable.

    M. le président

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    Quel est l’avis du gouvernement ?

    M. Manuel Valls, ministre d’État

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    Même avis.

    M. le président

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    Je mets aux voix l’amendement no 58.

    (Il est procédé au scrutin.)

    M. le président

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    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        159
            Nombre de suffrages exprimés                157
            Majorité absolue                        79
                    Pour l’adoption                49
                    Contre                108

    (L’amendement no 58 n’est pas adopté.)

    M. le président

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    La parole est à M. Yoann Gillet, pour soutenir l’amendement no 59.

    M. Yoann Gillet

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    Là, le Rassemblement national vous propose un amendement de bon sens (« Non merci ! » sur divers bancs)

    M. Sébastien Peytavie

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    C’est bien de reconnaître que les autres ne l’étaient pas !

    M. Yoann Gillet

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    …et je suis convaincu qu’il sera largement adopté. Il vise à renforcer la réponse pénale à l’encontre des auteurs de reconnaissance frauduleuse d’enfants en prévoyant le prononcé obligatoire d’une peine complémentaire d’interdiction du territoire français.

    Mme Léa Balage El Mariky

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    Et l’inéligibilité aussi ?

    M. Yoann Gillet

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    Les détournements des dispositifs d’établissement de la filiation ont des effets concrets : ils saturent les services publics, engorgent les dispositifs sociaux et déstabilisent des territoires déjà sous forte pression migratoire comme Mayotte. Quand on est en France et qu’on ne respecte pas les lois de la République, on a vocation à repartir. (Applaudissements sur les bancs du groupe RN.)

    M. le président

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    Quel est l’avis de la commission ?

    M. Philippe Gosselin, rapporteur

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    Vous ne le serez peut-être pas vous-même, mais votre amendement est satisfait.
    L’interdiction du territoire français existe déjà en tant que peine complémentaire. La rendre automatique serait inconstitutionnel (Applaudissements sur quelques bancs du groupe LFI-NFP), car cela irait à l’encontre du principe constitutionnel de personnalisation des peines. Je ne peux croire que vous souhaitiez violer la Constitution.

    M. le président

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    Quel est l’avis du gouvernement ?

    M. Manuel Valls, ministre d’État

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    Même avis.

    M. le président

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    La parole est à M. Jean-Philippe Nilor.

    M. Jean-Philippe Nilor

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    M. Gillet a de la suite dans les idées ; on dirait que c’est une obsession. Vous parlez d’un amendement du Rassemblement national, mais votre amendement relève plutôt de la division nationale ! (Applaudissements sur plusieurs bancs des groupes LFI-NFP et GDR.)
    En effet, il vise en substance à alourdir les peines spécifiquement pour Mayotte, rendant la main de la justice plus lourde là-bas qu’ailleurs. Cela s’apparente encore et toujours à un pouvoir dérogatoire au détriment des Mahorais et, plus largement, de ceux que l’on appelle les Ultramarins. C’est une idée fixe chez vous ; mais chez nous, votre vision coloniale ne passera jamais. (Applaudissements sur les bancs des groupes LFI-NFP, SOC, EcoS et GDR. –⁠ M. Frédéric Maillot se lève.)

    M. le président

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    La parole est à M. Yoann Gillet.

    M. Yoann Gillet

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    Au risque de vous décevoir, cet amendement ne propose pas une mesure spécifique au territoire de Mayotte. Il prévoit une interdiction du territoire national, une disposition qui ne peut donc évidemment concerner que les étrangers.
    Monsieur le rapporteur, votre avis me déçoit sans pour autant me surprendre. Vous êtes le digne représentant de votre parti politique. On ne s’attend pas à grand-chose de la part des LR, si ce n’est  reprendre les éléments de langage du Rassemblement national dans les médias. (Applaudissements sur les bancs du groupe RN.)

    M. Philippe Gosselin, rapporteur

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    Le disque est rayé ! Il faudrait renouveler vos arguments !

    M. Yoann Gillet

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    En revanche, quand vous êtes aux manettes en tant que membres d’un gouvernement macroniste, il n’y a plus personne ; vous agissez comme des socialistes. Les Français en ont l’habitude. C’est pour cela que vous avez fait 4 % à la dernière élection présidentielle et que vous terminerez certainement au même niveau que vos collègues d’extrême gauche, qui font 3 % à Mayotte.
    Continuez, creusez : vous finirez par trouver du pétrole. (Applaudissements sur les bancs du groupe RN.)

    M. le président

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    La parole est à Mme Léa Balage El Mariky.

    Mme Léa Balage El Mariky

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    M. Gillet oublie qu’une grande partie de ces reconnaissances frauduleuses de paternité proviennent de personnes de nationalité française. Pour ces personnes, qui abîment pourtant l’idée de nation, vous ne proposez pas de peines complémentaires. Je vais vous en proposer une : l’inéligibilité. (Applaudissements sur les bancs du groupe EcoS et sur quelques bancs du groupe LFI-NFP.)
    Certains auraient proposé la déchéance de nationalité, mais je n’irai pas jusque-là.
    Vous pourriez aller au bout de votre démarche en défendant réellement l’intérêt de l’enfant. Mais non, vous proposez continuellement des amendements qui réduisent les droits des personnes étrangères –⁠ même en situation régulière – à Mayotte. Voilà votre vision. Vous ne vous souciez pas des intérêts de l’enfant que vous prétendez pourtant défendre. (Applaudissements sur quelques bancs des groupes EcoS, LFI-NFP et GDR.)

    M. le président

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    Je mets aux voix l’amendement no 59.

    (Il est procédé au scrutin.)

    M. le président

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    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        168
            Nombre de suffrages exprimés                166
            Majorité absolue                        84
                    Pour l’adoption                54
                    Contre                112

    (L’amendement no 59 n’est pas adopté.)

    Article 6

    M. le président

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    La parole est à Mme Estelle Youssouffa, pour soutenir l’amendement no 308.

    Mme Estelle Youssouffa

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    Cet amendement vise à supprimer l’aide au retour à Mayotte. Ce mécanisme financier est conçu pour inciter les migrants à regagner leur pays d’origine, mais compte tenu de la proximité entre Mayotte et les Comores, il risque d’avoir pour seul effet de favoriser le trafic humain. En effet, il suffirait aux Comoriens de venir à Mayotte, de réclamer cette aide au retour, puis de se présenter avec leurs bagages à la gendarmerie –⁠ comme ils le font déjà, notamment pendant la saison des grands mariages – pour demander à être rapatriés chez eux à nos frais. Cette aide au retour nous paraît complètement contre-productive et inadaptée aux conditions migratoires que nous connaissons sur le territoire.

    M. le président

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    Quel est l’avis de la commission ?

    M. Philippe Gosselin, rapporteur

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    Je rappelle tout d’abord qu’il n’existe pas de droit systématisé à l’aide au retour. Le droit actuel prévoit un droit au retour pour des raisons particulières, c’est-à-dire des circonstances exceptionnelles –⁠ l’évacuation d’un camp, par exemple. Il s’agit donc d’une disposition ouverte dans des situations très spécifiques, et non d’une opportunité susceptible de créer un effet d’aubaine pour les ressortissants comoriens. L’idée n’est pas d’arriver, de percevoir l’aide, de repartir pour éventuellement revenir par la suite, même si cela est déjà corroboré par le constat qu’un certain nombre de kwassa vont et viennent en circuits réguliers.
    Aujourd’hui, les circonstances exceptionnelles impliquent que seuls les ressortissants des pays d’Afrique australe ou des Grands Lacs peuvent, le cas échéant, bénéficier de l’aide au retour.
    Par parenthèse, l’aide au retour est plutôt intéressante pour les finances publiques car elle coûte quatre fois moins cher qu’un éloignement forcé. C’est donc une politique de bonne gestion.
    En revanche, le droit au retour n’étant possible que dans des circonstances exceptionnelles, il n’y a pas de risque de dérapage. Avis défavorable.

    M. le président

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    Quel est l’avis du gouvernement ?

    M. Manuel Valls, ministre d’État

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    J’ajoute un argument à ceux déjà avancés par Philippe Gosselin afin d’éclairer l’Assemblée, en soulignant l’importance de son propos concernant le coût pour les finances publiques.
    Nous l’avions déjà dit en commission des lois, les conditions d’attribution de cette aide au retour seront fixées par un arrêté ministériel. Cela permettra d’encadrer le dispositif en le conditionnant à l’existence préalable d’une mesure d’éloignement et à une durée minimale de présence sur le territoire de Mayotte, ainsi que de préciser le montant attribué et les nationalités concernées, l’objectif étant de prévenir tout effet d’aubaine.
    Je vous invite donc à retirer votre amendement. À défaut, j’émets un avis défavorable.

    (L’amendement no 308 n’est pas adopté.)

    M. le président

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    Sur les amendements nos 63 et 64, je suis saisi par le groupe Rassemblement national de demandes de scrutin public.
    Les scrutins sont annoncés dans l’enceinte de l’Assemblée nationale.
    La parole est à Mme Estelle Youssouffa, pour soutenir l’amendement no 394.

    Mme Estelle Youssouffa

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    Il s’agit d’un amendement de repli, mais je ne doute pas qu’il recevra un avis favorable du rapporteur puisqu’il a expliqué que cette aide au retour n’était pas destinée aux ressortissants comoriens. Je propose de l’inscrire explicitement dans la loi.

    M. le président

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    Quel est l’avis de la commission ?

    M. Philippe Gosselin, rapporteur

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    J’ai évoqué l’approche des circonstances exceptionnelles. M. le ministre d’État a précisé les choses. Pour être très clair, il me semble que le cas est déjà couvert.
    En revanche, viser expressément les Comoriens par un amendement directement lié à la nationalité engendrerait une fragilité juridique. Ce risque ne se justifie pas, d’autant que de fait, cet amendement est déjà satisfait. Demande de retrait ; à défaut, avis défavorable.

    M. le président

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    Quel est l’avis du gouvernement ?

    M. Manuel Valls, ministre d’État

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    Permettez-moi d’ajouter quelques éléments pour compléter les arguments de l’excellent rapporteur Philippe Gosselin.
    J’entends votre inquiétude quant à l’ouverture de l’aide au retour à Mayotte, madame Youssouffa. Cependant, je ne suis pas favorable à l’inscription d’une nationalité spécifique dans la loi. Non seulement cette disposition serait inédite et problématique, mais elle ouvrirait la voie à d’autres amendements visant à inclure ou exclure expressément d’autres nationalités. Cela rigidifierait un dispositif supposé souple en l’inscrivant dans le marbre législatif, ce qui pose problème.
    En revanche, le gouvernement s’engage à ne pas inclure les Comoriens parmi les nationalités éligibles à cette aide au retour dans l’arrêté du ministre chargé de l’immigration et du ministre chargé des outre-mer qui fixera les conditions d’attribution de cette aide. Votre amendement est donc satisfait.

    M. le président

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    La parole est à M. Jean-Philippe Nilor.

    M. Jean-Philippe Nilor

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    J’ai l’impression que la haine du Comorien est tellement puissante qu’elle pousse certains à commettre des erreurs.

    Mme Dominique Voynet

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    C’est vrai !

    M. Jean-Philippe Nilor

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    Cette obsession à vouloir inscrire expressément la nationalité comorienne dans le texte pourrait le rendre inconstitutionnel. J’ai presque envie de prendre la collègue au mot et de voter cet amendement dans le seul but de rendre cette loi inique inconstitutionnelle. (M. Jean-François Coulomme applaudit.)

    M. Philippe Gosselin, rapporteur

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    Si elle était déclarée inconstitutionnelle, elle ne le serait que sur cet article…

    M. le président

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    La parole est à Mme Estelle Youssouffa.

    Mme Estelle Youssouffa

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    Vous étiez absent, monsieur Nilor, mais je ne reviens pas sur le contexte compliqué de Mayotte, île revendiquée par un de ses voisins qui cherche à la déstabiliser en instrumentalisant les flux migratoires. Il y a des choses que vous ne voulez pas entendre. C’est la géographie : nous sommes à 60 kilomètres d’Anjouan.
    Il ne faut pas instituer l’aide au retour alors que cet État voisin non seulement se gave des aides qu’envoie Paris, mais institutionnalise le trafic humain. Arrêtons de nourrir cette machine qui envoie des gens mourir dans le lagon ! Vous dénoncez le texte, mais vous n’avez pas la cohérence d’aller au bout de ce que vous dites régulièrement.
    Monsieur le ministre d’État, je prends bonne note de votre engagement et je retire l’amendement, puisque vous me dites qu’il est satisfait.

    (L’amendement no 394 est retiré.)

    M. Philippe Gosselin, rapporteur

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    Très bien !

    M. le président

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    La parole est à M. Yoann Gillet, pour soutenir l’amendement no 63.

    M. Yoann Gillet

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    Il est ici question non seulement d’aide au retour volontaire, mais aussi d’aide à la réinsertion économique, deux choses bien différentes.
    La première pourrait servir à renforcer le taux d’exécution des mesures d’éloignement, c’est-à-dire à augmenter le nombre de retours au pays. Elle peut inciter au départ volontaire et ainsi désengorger les tribunaux et les centres de rétention.
    La seconde, en revanche, doit être supprimée. Elle est bien trop coûteuse. C’est un avantage excessif, trop généreux ; il est parfois couvert par Frontex, mais il s’agit toujours de fonds publics. Rappelons que cette aide s’adresse à des personnes sous OQTF –⁠ obligation de quitter le territoire français.
    Je défends dès à présent l’amendement no 64, qui porte sur le même sujet. Il vise à encadrer l’octroi de ces deux aides en précisant qu’elles ne peuvent être attribuées qu’une seule fois à un même ressortissant étranger –⁠ sinon, c’est un peu trop facile ! C’est d’ailleurs ce que l’on voit aujourd’hui à Mayotte : des Comoriens raccompagnés dans leur pays d’origine sont de retour dès le lendemain. J’ai pu constater la même chose en Guyane, où certains ressortissants étrangers frappent même à la porte de la police aux frontières ou du centre de rétention quand ils ont besoin de faire un petit voyage gratuit, pour revenir après les fêtes de Noël par exemple. C’est une réalité.
    Voilà pourquoi il faut mieux encadrer ces dispositifs. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe RN.)

    M. le président

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    Quel est l’avis de la commission ?

    M. Philippe Gosselin, rapporteur

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    S’agissant de l’amendement no 64, vous auriez pu avoir raison sur ce bis repetita ou ter repetita avant 2023, mais l’arrêté que vient d’évoquer M. le ministre d’État précise que nul ne peut bénéficier d’une seconde aide au retour ou à la réinsertion. Reste certes à le faire appliquer, mais voilà ce que dit le droit. Votre amendement est donc satisfait.
    En ce qui concerne l’amendement no 63, je précise que l’aide à la réinsertion vient en complément de l’aide au retour. J’y vois un intérêt : on se donne plus de chances que la personne reste sur place, et c’est bien ce que nous voulons. Il serait dommage de se priver de cette possibilité.
    J’ajoute qu’elle est attribuée sous réserve de circonstances exceptionnelles et s’il existe un projet économique viable.
    Je suis toujours soucieux des deniers publics en cette période de disette budgétaire, et vous évoquez un coût faramineux de cette aide pour les finances publiques. Je ne vous ferai pas le coup du prix du ticket de métro ou de la baguette de pain, mais sachez que nous avons attribué depuis 2021 dix aides à la réinsertion. On ne peut pas exactement parler d’explosion !
    Avis défavorable aux deux amendements.

    M. le président

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    Quel est l’avis du gouvernement ?

    M. Manuel Valls, ministre d’État

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    Même avis, sur les deux amendements.

    M. le président

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    Je mets aux voix l’amendement no 63.

    (Il est procédé au scrutin.)

    M. le président

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    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        163
            Nombre de suffrages exprimés                161
            Majorité absolue                        81
                    Pour l’adoption                46
                    Contre                115

    (L’amendement no 63 n’est pas adopté.)

    M. le président

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    L’amendement no 307 de Mme Estelle Youssouffa est défendu.

    (L’amendement no 307, repoussé par la commission et le gouvernement, n’est pas adopté.)

    M. le président

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    La parole est à Mme Mathilde Hignet, pour soutenir l’amendement no 176.

    Mme Mathilde Hignet

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    L’article 6 prévoit d’étendre l’aide au retour à Mayotte, mais sous réserve de « circonstances exceptionnelles ». Cette aide au retour sera insuffisante, et son usage dicté par les priorités gouvernementales.
    Dans son avis sur le projet de loi, la Défenseure des droits « regrette le choix fait de limiter le dispositif aux seules circonstances exceptionnelles«  et estime que « ce choix conduit non seulement à restreindre fortement la portée du dispositif, qui n’a de fait pas vocation à s’appliquer à l’ensemble des étrangers faisant l’objet d’une mesure d’éloignement à Mayotte, mais pourrait aussi engendrer, entre nationalités, des différences de traitement injustifiées. »
    Nous souhaitions supprimer cette restriction, mais notre amendement a été jugé irrecevable. Nous demandons donc qu’à tout le moins soit prévu un avis du Défenseur des droits sur les conditions d’attribution des aides au retour pour les personnes étrangères présentes à Mayotte, afin de prendre en considération les besoins de celles-ci. (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe LFI-NFP.)

    M. le président

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    Quel est l’avis de la commission ?

    M. Philippe Gosselin, rapporteur

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    Je respecte le Défenseur des droits, autorité administrative indépendante. Le poste a été occupé par des personnalités diverses,  mais cette question ne relève pas de leurs compétences et il ne faut pas leur demander des avis à tour de bras ; cela emboliserait et complexifierait le système.
    Si nous voulons un Défenseur qui rend des avis que l’on peut ne pas toujours partager mais qui reste au-dessus de la mêlée, il doit rester indépendant et ne pas mettre ses mains dans ce cambouis-là.
    Avis défavorable.

    (L’amendement no 176, repoussé par le gouvernement, n’est pas adopté.)

    M. le président

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    L’amendement no 64 de M. Yoann Gillet a déjà fait l’objet d’un débat tout à l’heure.
    Je le mets donc aux voix.

    (Il est procédé au scrutin.)

    M. le président

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    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        157
            Nombre de suffrages exprimés                156
            Majorité absolue                        79
                    Pour l’adoption                47
                    Contre                109

    (L’amendement no 64 n’est pas adopté.)

    M. le président

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    Je mets aux voix l’article 6.

    (Le vote à main levée n’ayant pas été concluant, il est procédé à un scrutin public.)

    M. le président

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    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        156
            Nombre de suffrages exprimés                95
            Majorité absolue                        48
                    Pour l’adoption                64
                    Contre                31

    (L’article 6 est adopté.)

    Article 6 bis

    (L’article 6 bis est adopté.)

    Article 7

    M. le président

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    Je suis saisi de sept amendements identiques, nos 640, 66, 276, 311, 367, 531 et 572, tendant à rétablir l’article 7. Ils font l’objet de quatre sous-amendements.
    Sur ces amendements, je suis saisi par le groupe La France insoumise-Nouveau Front populaire d’une demande de scrutin public.
    Le scrutin est annoncé dans l’enceinte de l’Assemblée nationale.
    La parole est à M. le ministre d’État, pour soutenir l’amendement no 640.

    M. Manuel Valls, ministre d’État

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    Le gouvernement demande le rétablissement de l’article 7, supprimé par la commission. La création des unités familiales est une priorité : celles-ci permettront d’assurer l’éloignement effectif des étrangers en situation irrégulière, nombreux à arriver en famille à Mayotte, tout en garantissant que ces éloignements se fassent dans des conditions dignes et conformes à l’intérêt supérieur de l’enfant.
    Je laisse les nombreux parlementaires qui ont déposé ce même amendement les présenter, quitte à reprendre la parole par la suite.

    M. le président

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    La parole est à M. Yoann Gillet, pour soutenir l’amendement no 66.

    M. Yoann Gillet

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    Cet amendement tend à rétablir l’article 7, dont il faut rappeler qu’il vise à lutter contre l’immigration irrégulière, qui concourt, notamment à Mayotte, au désordre public, en permettant le placement d’un étranger accompagné d’un mineur dans une unité familiale de rétention.
    Je rappelle que quatorze États membres de l’Union européenne ainsi que la Norvège autorisent le placement en rétention des mineurs non accompagnés (MNA) dans l’attente de l’exécution de la décision d’éloignement. C’est là une mesure de bon sens : si vous ne pouvez pas placer un enfant dans un lieu de rétention, vous ne pouvez pas reconduire ses parents à la frontière même s’ils doivent l’être.
    Évidemment –⁠ car j’entends déjà la petite musique de la gauche –, tout cela se fait avec humanité et dans le respect des droits humains et des droits de l’enfant. (Exclamations sur les bancs du groupe LFI-NFP.) Dans le centre de rétention de Mayotte, les enfants sont très bien traités, le personnel du centre de rétention administrative (CRA) en prend soin, les lieux sont agréables et adaptés à l’enfant.

    Mme Léa Balage El Mariky

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    Agréables ? Vraiment ?

    Mme Dominique Voynet

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    Voilà quelqu’un qui n’a évidemment pas d’enfant !

    M. Yoann Gillet

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    Je redis aussi qu’on ne parle que d’une rétention de quelques heures, dans l’attente du bateau ou de l’avion qui reconduira la famille à la frontière. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe RN.)

    M. le président

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    La parole est à M. Olivier Marleix, pour soutenir l’amendement no 276.

    M. Olivier Marleix

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    Si nous voulons effectivement reconduire les étrangers en situation irrégulière qui risquent de se soustraire à l’autorité et qui sont accompagnés d’enfants, il faut bien créer des structures d’accueil adaptées aux familles, tenant ainsi compte de l’intérêt supérieur de l’enfant.

    M. le président

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    La parole est à Mme Estelle Youssouffa, pour soutenir l’amendement no 311.

    Mme Estelle Youssouffa

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    Nous avons déjà parlé des mineurs étrangers à Mayotte. On ne peut pas défendre les droits de l’enfant tout en empêchant, parce que le droit ne le prévoirait pas, que ces enfants accompagnent leurs parents lorsque ceux-ci sont expulsés.
    Ce serait contraire à l’intérêt même de l’enfant.

    Mme Elsa Faucillon

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    Ah, on y est ! C’est cela, pour vous, l’intérêt de l’enfant ?

    Mme Estelle Youssouffa

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    J’ai, comme beaucoup d’entre vous, visité le CRA de Mayotte. Il est moderne, et dans un état impeccable –⁠ ce n’est pas ce qu’on voit dans l’Hexagone : allez-y, vous pourrez en témoigner après.
    Des salles y sont réservées aux familles, et ces lieux sont aménagés pour que l’enfant ne ressente pas le sentiment d’enfermement. C’est autorisé par le droit international comme par le droit européen.
    On ne peut pas séparer les familles. Avez-vous décidé qu’on doit laisser les enfants derrière, pour venir ensuite déplorer la situation des enfants abandonnés ? Soyons cohérents et adoptons ces amendements de rétablissement de l’article.

    M. le président

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    L’amendement no 367 de Mme Anne Bergantz est défendu.
    La parole est à M. Jean Moulliere, pour soutenir l’amendement no 531.

    M. Jean Moulliere

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    Ici encore, on voit combien Mayotte, soumise à une forte immigration illégale, est particulière. Au CRA de Pamandzi, le nombre de mineurs accompagnant leurs parents est très élevé : près de 3 000 en 2023, contre 87 dans l’Hexagone la même année.
    Face à cette situation, il est indispensable de prévoir des infrastructures dédiées, qui permettent l’éloignement des familles dans des conditions respectueuses de la dignité et de l’intérêt de l’enfant.
    Ces structures ne seront pas des centres de rétention. Les unités familiales seront implantées sur des sites distincts, dans des bâtiments indépendants, où l’intimité et la cohésion familiale seront préservées. Je vous invite donc, chers collègues, à voter cet amendement de rétablissement de l’article 7.

    M. le président

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    La parole est à M. Philippe Gosselin, rapporteur, pour soutenir l’amendement no 572.

    M. Philippe Gosselin, rapporteur

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    Ces amendements de rétablissement identiques me paraissent utiles. Dans certains cas, on a des difficultés à accueillir les familles comme il le faudrait. Elles sont hébergées dans une partie dédiée du centre de rétention administrative, qui n’a rien à voir avec un lieu de rétention administrative, dans des locaux qui sont désormais tout à fait acceptables. J’ai connu il y a quelques années une époque où ce n’était pas glorieux –⁠ je parle sous le contrôle de nos collègues mahoraises.
    La commission a supprimé l’article 7, qui prévoyait la création d’un centre dédié pour permettre les regroupements familiaux dans des conditions dignes, précisément afin d’éviter les difficultés que vous avez décrites. Vous avez évoqué la séparation, une forme de maltraitance ; nous avons entendu beaucoup de choses et ce n’est sans doute pas fini –⁠ je le dis sans vouloir tacler qui que ce soit. Le rétablissement de l’article 7 est nécessaire. Aussi émettrai-je un avis favorable à ces amendements.

    M. le président

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    La parole est à Mme Élisa Martin, pour soutenir le sous-amendement no 699.

    Mme Élisa Martin

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    Pour le gouvernement, il y a donc une priorité majeure à mettre en œuvre : enfermer les enfants. Cela signifie que vous assumez que pour pas loin de la quinzième fois, la Cour européenne des droits de l’homme condamne la France.

    M. Thibault Bazin

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    C’est un peu caricatural !

    M. Philippe Gosselin, rapporteur

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    Juste un peu !

    Mme Élisa Martin

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    En effet, l’enfermement des mineurs est considéré comme un traitement inhumain et dégradant.

    M. Emeric Salmon

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    Oh là là !

    Mme Élisa Martin

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    Voilà où nous en sommes. Nous sommes à l’Assemblée nationale, en France, dans cette République, et la priorité du gouvernement, dans ce territoire si pauvre qui connaît une situation très difficile, c’est d’enfermer les enfants. Mais rassurons-nous : les conditions seraient correctes. Ce n’est pas possible ! Dans de tels moments, on se rend compte que la stratégie est intégralement à revoir : on doit penser de manière différente l’accueil, la relation entre la France et les voisins immédiats de Mayotte, et le rapport aux outre-mer en général.
    Nous nous sommes opposés à l’article 7 en commission ; nous maintenons notre hostilité à l’enfermement des enfants –⁠ 3 200 étaient concernés en 2023. L’ancien ministre de l’intérieur, M. Darmanin, avait pris l’engagement dans cet hémicycle que l’on n’enfermerait plus les mineurs en France. Sauf à Mayotte ! (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP.)

    M. le président

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    La parole est à M. Jean-Hugues Ratenon, pour soutenir le sous-amendement no 702.

    M. Jean-Hugues Ratenon

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    Ce sous-amendement de repli supprime la possibilité pour l’autorité administrative de prolonger le placement en rétention, prévue par l’article qu’il est proposé de rétablir. Un enfant n’est pas fait pour être enfermé. Or aux termes des amendements, le placement d’un étranger accompagné d’un mineur ne pourrait excéder quarante-huit heures, mais cette durée pourrait être prorogée de vingt-quatre heures « en cas d’impossibilité matérielle de procéder à l’éloignement pour une raison étrangère à l’administration ». Le dispositif de rétention aménagée permet de doubler la durée de rétention, voire de la tripler pour atteindre soixante-douze heures. Si l’article 7 devait être rétabli, nous demandons au moins la suppression de la possibilité de prolonger la rétention.

    M. le président

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    Les sous-amendements nos 703 de Mme Sandrine Nosbé et 700 de M. Aurélien Taché sont défendus.
    Quel est l’avis de la commission sur les sous-amendements ?

    M. Philippe Gosselin, rapporteur

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    Avis défavorable. Madame Martin, la CEDH a condamné la France non pas sur le principe de la rétention des mineurs,…

    Mme Élisa Martin

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    Inhumain et dégradant !

    M. Philippe Gosselin, rapporteur

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    …mais à cause des conditions concrètes dans lesquelles les cas d’espèce se sont déroulés, ce qui n’est pas du tout la même chose. Pour permettre une meilleure application de ce que souhaite la CEDH, il nous paraît nécessaire de disposer d’établissements dignes de ce nom.

    M. le président

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    Quel est l’avis du gouvernement ?

    M. Manuel Valls, ministre d’État

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    Comme le rapporteur, j’émettrai logiquement un avis défavorable sur les sous-amendements. J’apporterai quelques arguments pour sortir des caricatures selon lesquelles la priorité du gouvernement serait d’enfermer les enfants.

    Mme Élisa Martin

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    C’est vous qui avez dit que c’était une priorité !

    M. Manuel Valls, ministre d’État

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    Franchement, ça suffit ! Il y en a assez de ces caricatures ! Nous discutons d’un sujet sérieux, sur lequel je vais revenir en citant des chiffres.

    Mme Andrée Taurinya

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    Nous aussi, nous sommes sérieux !

    M. Manuel Valls, ministre d’État

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    Je n’accepte pas que vous disiez que la priorité du texte serait d’enfermer les enfants. C’est honteux, c’est caricatural, et cela n’a rien à voir avec le débat que nous devrions avoir ! (Applaudissements sur plusieurs bancs des groupes EPR, DR et HOR. –⁠ Exclamations continues sur les bancs du groupe LFI-NFP.)
    Madame la députée, vous utilisez des arguments caricaturaux ; souffrez qu’on vous réponde par des arguments et avec un peu d’indignation, pour apporter un peu de sérénité dans ce débat.

    M. Ugo Bernalicis

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    Parlez-nous de Leonarda !

    M. Manuel Valls, ministre d’État

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    C’est un très bel épisode, qui me rappelle d’excellents souvenirs –⁠ tout ce qui me rappelle mon action comme ministre de l’intérieur me va.

    Mme Élisa Martin

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    Ah ! La déchéance de nationalité !

    M. Manuel Valls, ministre d’État

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    Oui, elle concernait les terroristes condamnés définitivement.

    M. Jean-Philippe Tanguy

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    Il ne fallait pas céder aux pressions !

    M. Manuel Valls, ministre d’État

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    On pourrait continuer et rappeler tout ce que j’ai fait en tant que ministre de l’intérieur, cela ne me pose aucun problème. Mais revenons à l’essentiel, c’est-à-dire au débat de ce soir. Le gouvernement remercie les parlementaires qui ont déposé des amendements de rétablissement de l’article 7. Ces dispositions sont indispensables pour garantir l’effectivité de la politique d’éloignement à Mayotte, comme de l’entrée en vigueur de la suppression du placement en rétention des mineurs, mesure forte défendue par Gérald Darmanin lors de l’examen de la loi du 26 janvier 2024. L’interdiction de placer les mineurs en rétention administrative est effective depuis l’entrée en vigueur de cette loi sur l’ensemble du territoire –⁠ cela ne souffre pas de discussion.
    L’objet même de l’article 7 est précisément de créer les conditions permettant la bonne mise en œuvre de l’interdiction du placement des mineurs en centre de rétention administrative sur le territoire de Mayotte, tout en luttant efficacement contre l’immigration irrégulière qui affecte ce territoire. Sur ce point, je veux sortir des caricatures en apportant des éléments concrets. La composition spécifique des flux migratoires vers Mayotte, majoritairement familiale, justifie une adaptation de la loi.
    Le nombre de mineurs accompagnant leurs parents est particulièrement élevé au centre de rétention administrative de Pamandzi. Depuis 2019, il avoisine chaque année les 3 000 –⁠ je veux éclairer l’Assemblée nationale grâce à ces chiffres. Il s’élevait à 2 900 en 2023 contre 87 la même année pour l’ensemble de la France hexagonale. Ce sont des réalités différentes. Je demande vraiment aux parlementaires de saisir la différence sur la question des mineurs entre la situation de l’Hexagone et celle de Mayotte.

    M. Ugo Bernalicis

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    Les enfants aiment être au CRA ! C’est génial !

    M. Manuel Valls, ministre d’État

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    Ces chiffres prouvent que nous devons continuer de disposer à Mayotte d’infrastructures spécifiques permettant d’éloigner les familles. Néanmoins, ces infrastructures seront d’une tout autre nature que les centres de rétention administrative.

    M. Ugo Bernalicis

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    Avec des couleurs, des paillettes !

    M. Manuel Valls, ministre d’État

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    Comme vous l’indiquez, ces unités familiales seront des bâtiments indépendants des CRA, situés sur une emprise distincte, où l’intimité de chaque famille sera préservée grâce à des aménagements adaptés. Pour traiter ces questions-là, en effet, il faut des structures différentes.

    M. Ugo Bernalicis

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    Voilà !

    M. Manuel Valls, ministre d’État

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    Cette garantie figure à l’article 7, que vos amendements proposent de rétablir. Comme l’énonce l’étude d’impact, qui a une valeur juridique, le régime de surveillance y sera plus léger : il n’y aura aucun policier à l’intérieur des emprises, il n’y aura ni grillage, ni barbelés, ni haut-parleurs. De telles unités existent dans de nombreux pays européens, par exemple chez nos voisins belges.

    M. Jean-François Coulomme

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    Vous pouvez les laisser libres, tant qu’à faire !

    M. Manuel Valls, ministre d’État

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    Cela a été souligné en commission, il est faux de prétendre que le dispositif du placement des familles en unité familiale prolongerait un régime inconventionnel. Cinq arrêts de la Cour européenne des droits de l’homme du 12 juillet 2016 concernant précisément la France, auxquels Philippe Gosselin a fait allusion, ont rappelé que la rétention de familles avec mineurs ne méconnaissait pas par principe les articles 3, 5 et 8 de la Convention européenne de sauvegarde des droits de l’homme et des libertés fondamentales. Ils rappellent simplement que cette rétention doit constituer une mesure de dernier ressort, lorsqu’aucune autre mesure n’apparaît suffisante pour mettre en œuvre les décisions de retour.
    Je vous invite à lire l’arrêt de la CEDH, A.B. et autres contre France, du 12 juillet 2016. Si la France a été condamnée, c’est parce que les durées de rétention étaient trop élevées –⁠ en l’espèce, elles étaient supérieures à une semaine. Cela n’a rien à voir avec la durée moyenne de rétention des familles à Mayotte, qui n’est que de 1,2 jour, ni avec la durée maximale instaurée par cet article, qui n’est que de soixante-douze heures. Ce dispositif est en outre conforme à la directive « retour » de 2008, dont l’article 17 prévoit que les familles placées en rétention dans l’attente d’un éloignement doivent disposer d’un lieu d’hébergement séparé qui leur garantit une intimité adéquate.
    Ce projet de loi comprend de nombreux articles qui concernent bien des domaines. Il est évident que lorsqu’on aborde les questions d’immigration illégale, de familles et d’enfants, eu égard aux chiffres que j’ai cités, il faut prendre un certain nombre de dispositions concrètes. C’est ce que fait l’article 7. Je remercie les parlementaires d’avoir déposé des amendements tendant à rétablir cet article qui me paraît indispensable, y compris pour les familles et les droits des enfants. (Mme Sophie Mette et M. Jean Terlier applaudissent.)

    M. Jean Terlier

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    C’était très clair !

    M. le président

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    La parole est à Mme Léa Balage El Mariky.

    Mme Léa Balage El Mariky

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    Protéger les droits des enfants en les enfermant : c’est assez cocasse, monsieur le ministre.

    M. Jean-François Coulomme

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    C’est un nouveau concept !

    Mme Léa Balage El Mariky

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    Nous avons entendu parler d’un lieu agréable, d’un lieu d’accueil, d’une infrastructure dédiée, d’un lieu de regroupement familial. C’est bien la première fois que certains ici sont favorables au regroupement familial ! (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe EcoS. –⁠ M. René Pilato applaudit également.) On était à deux doigts de nous expliquer que ces lieux d’enfermement, c’est Disneyland,…

    M. Thibault Bazin et M. Jean Terlier

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    C’est caricatural !

    Mme Léa Balage El Mariky

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    …et que ce sont des lieux dédiés où les enfants enfermés avec leur famille s’épanouiraient. Écoutez-vous bien : vous employez un euphémisme pour décrire un lieu de privation de liberté.

    M. Jean Terlier

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    Continuez ainsi ! Nous savons très bien ce que nous allons voter !

    Mme Léa Balage El Mariky

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    La Contrôleure générale des lieux de privation de liberté (CGLPL) ne s’y est d’ailleurs pas trompée et a très rapidement donné l’alerte sur les conséquences d’une dégradation de ces lieux de rétention.
    Vous parliez tout à l’heure de la composition spécifique, majoritairement familiale, de la migration à Mayotte. Nous aurions pu prendre ce problème à bras-le-corps et considérer qu’il fallait plutôt mener des politiques d’inclusion et des politiques d’accueil de ces parents qui font naître des enfants en France, dans le département de Mayotte. Mais non, on respecte tout juste la Convention européenne des droits de l’homme. On n’est jamais mieux-disant ; on essaie de lutter contre l’immigration en menant des politiques qui n’ont jamais montré leur efficacité. Plus de rétention n’a jamais empêché les personnes de traverser les frontières, bien au contraire –⁠ elles continueront, même avec plus de difficultés. Ce que nous allons faire, c’est envoyer le signal que les enfants à Mayotte, quand ils sont étrangers, ne comptent pas.

    M. le président

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    La parole est à Mme Elsa Faucillon.

    Mme Elsa Faucillon

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    En abordant ce genre de question, on pourrait au moins éviter l’hypocrisie, monsieur le ministre. Le débat sur la rétention des enfants dure depuis longtemps. Parlementaire depuis 2017, j’ai moi-même participé à l’examen de plusieurs lois relatives à l’immigration.

    Mme Elsa Faucillon

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    C’est au prix de très longues batailles, menées non seulement par des parlementaires mais aussi par des associations, que nous avons arraché, dans la loi du 26 janvier 2024, l’interdiction de l’enfermement et de la rétention des mineurs. (Applaudissements sur quelques bancs des groupes LFI-NFP et EcoS.) À cette occasion, il a vraiment fallu batailler pour remporter cette victoire. En souhaitant rétablir l’article 7, votre volonté est clairement de contourner la loi de 2024 sur l’immigration et l’asile, pour rétablir l’autorisation d’enfermer les mineurs.

    Mme Danièle Obono

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    Oui !

    Mme Elsa Faucillon

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    Comme l’a dit ma collègue Léa Balage, vous soutenez que la rétention va désormais s’opérer dans des conditions agréables et bien meilleures qu’auparavant. J’ai entendu cela pendant longtemps. Au début de mon mandat parlementaire, je m’étais rendue au centre de rétention du Mesnil-Amelot. Je me souviens d’y avoir vu un nourrisson et ses parents. La direction de l’établissement m’avait expliqué qu’une aire de jeux pour enfants avait été installée, au milieu du béton et à proximité immédiate des pistes de l’aéroport.

    Mme Elsa Faucillon

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    Cette hypocrisie doit cesser. Dites simplement que vous souhaitez pouvoir enfermer des mineurs. Au moins, le débat sera clair et nous continuerons à refuser cette politique avec détermination. (Applaudissements sur les bancs des groupes LFI-NFP et EcoS ainsi que sur quelques bancs du groupe SOC.)

    M. le président

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    La parole est à Mme Andrée Taurinya.

    Mme Andrée Taurinya

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    Monsieur le ministre, vous gardez un bon souvenir de votre passage au ministère de l’intérieur. Tout le monde ne peut pas en dire autant. Pour ma part, j’en garde un très mauvais souvenir : alors professeure, je présidais une association de soutien aux enfants de parents sans-papiers. Le traitement de Leonarda qu’évoquait mon collègue Bernalicis il y a un instant m’a beaucoup marquée. Aujourd’hui encore, je pense au poème de Prévert Chasse à l’enfant.

    Mme Andrée Taurinya

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    Comme l’a dit ma collègue Faucillon, nous avions réussi, dans la dernière loi immigration, à faire reculer le principe de l’enfermement de l’enfant, de la chasse à l’enfant. D’une manière détournée, nous y revenons. Vous essayez de nous présenter les unités de famille comme des lieux accueillants, aux murs peints et colorés, mais le principe est le même.

    Mme Andrée Taurinya

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    Vous nous reprochez de manquer de sérieux et de caricaturer votre propos. Au contraire, nous sommes tout à fait sérieux. Monsieur le ministre, considérez-vous l’Unicef comme une institution sérieuse ? Je parle bien de l’Unicef –⁠ vous avez l’air de ne pas entendre. Cet organisme alerte sur « la création prévue d’unités familiales qui, sous couvert d’alternative, ne font que perpétuer une logique d’enfermement des familles avec enfants, alors que la fin de l’enfermement administratif des enfants était initialement prévue en 2027 ». C’est l’Unicef qui le dit, ce n’est pas une organisation gauchiste ! (Rires sur plusieurs bancs du groupe RN.)

    M. Hervé de Lépinau

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    Ça se discute !

    Mme Danièle Obono

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    Les droits de l’homme, c’est gauchiste pour les fascistes !

    Mme Andrée Taurinya

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    Bien sûr, pour l’extrême droite, l’Unicef est constituée de gauchistes. Mais la CEDH et le contrôleur général des lieux de privation de liberté disent la même chose. C’est le droit international que vous piétinez parce qu’il vous dérange. Nous, nous le défendons et nous sommes dans le camp de l’humanisme. (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP.)

    M. Emeric Salmon

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    Rejoignez de Villepin, alors !

    (Les sous-amendements nos 699, 702, 703 et 700, successivement mis aux voix, ne sont pas adoptés.)

    M. le président

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    Je mets aux voix les amendements identiques nos 640, 66, 276, 311, 367, 531 et 572.

    (Il est procédé au scrutin.)

    M. le président

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    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        159
            Nombre de suffrages exprimés                157
            Majorité absolue                        79
                    Pour l’adoption                83
                    Contre                74

    (Les amendements identiques nos 640, 66, 276, 311, 367, 531 et 572 sont adoptés ; en conséquence, l’article est ainsi rétabli.)

    Mme Elsa Faucillon

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    La honte ! Bravo, le bloc central !

    M. le président

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    Je suis saisi de plusieurs demandes de scrutin public : sur les amendements nos 641 et identiques, par le groupe La France insoumise-Nouveau Front populaire ; sur les sous-amendements nos 708, 711, 712 et 713, par le groupe Rassemblement national.
    Les scrutins sont annoncés dans l’enceinte de l’Assemblée nationale.

    Article 8

    M. le président

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    Je suis saisi de plusieurs amendements, nos 641, 277, 369, 437, 532, 573, 312 et 67, pouvant être soumis à une discussion commune.
    Les amendements nos 641, 277, 369, 437, 532 et 573 sont identiques.
    La parole est à M. le ministre d’État, pour soutenir l’amendement no 641.

    M. Manuel Valls, ministre d’État

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    Il vise à rétablir l’article 8 qui permet de sanctionner l’étranger majeur qui, en raison de sa soustraction à ses obligations légales, a compromis la santé, la sécurité, la moralité et l’éducation du mineur dont il est responsable (M. Jean-François Coulomme s’exclame), et qui présente ainsi une menace pour l’ordre public. De nombreux parlementaires ont déposé des amendements de rétablissement identiques.

    M. Jean-François Coulomme

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    Vous serez censurés, comme pour la loi Attal !

    M. Manuel Valls, ministre d’État

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    Vous pouvez continuer, cela fait du bruit et de l’animation, mais je continuerai à développer mes arguments. Je laisse le débat se dérouler et je développerai davantage, si besoin, la position du gouvernement.

    M. Manuel Valls, ministre d’État

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    À cette heure avancée, je rappelle néanmoins que s’agissant des conditions des sans-papiers, notamment des enfants scolarisés, certains d’entre vous, sur les bancs de la gauche, saluaient la circulaire Valls et déploraient son remplacement par une autre circulaire. Soyez donc cohérents quand vous parlez de mon action au ministère de l’intérieur ! (MM. Jean Terlier et Philippe Vigier, rapporteur général, applaudissent.)

    Mme Elsa Faucillon

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    Une circulaire publiée par un gouvernement auquel vous continuez d’appartenir ! Le poste doit être bon !

    M. Manuel Valls, ministre d’État

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    Faire du bruit, ça ne sert à rien !

    Mme Léa Balage El Mariky et Mme Elsa Faucillon

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    Ce n’est pas du bruit !

    M. le président

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    L’amendement no 369 de Mme Anne Bergantz est défendu.

    M. le président

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    La parole est à Mme Brigitte Liso, pour soutenir l’amendement no 437.

    Mme Brigitte Liso

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    Le groupe Ensemble pour la République souhaite réintroduire le retrait du titre de séjour des parents d’enfants qui constituent une menace pour l’ordre public. En effet, en seulement cinq ans, entre 2019 et 2024, la part des mineurs étrangers parmi l’ensemble des mineurs condamnés à Mayotte a progressé de 110 %. Ce chiffre est neuf fois supérieur à celui qui prévaut pour l’ensemble du territoire national.

    M. le président

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    La parole est à M. Jean Moulliere, pour soutenir l’amendement no 532.

    M. Jean Moulliere

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    Le phénomène de la délinquance des mineurs que nous connaissons dans l’hexagone est décuplé à Mayotte. Les parents ne doivent pas se soustraire à leurs obligations légales et morales à l’égard de leurs enfants. Quand l’autorité parentale fait défaut, il faut sévir. Je vous invite à voter le rétablissement de cet article qui permettra de retirer un titre de séjour à un parent dont l’enfant constitue une menace pour l’ordre public.

    M. le président

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    L’amendement no 573 de M. Philippe Gosselin, rapporteur, est défendu.

    M. le président

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    La parole est à M. Yoann Gillet, pour soutenir les sous-amendements nos 708, 710, 709, 711, 712, 713 et 714, à l’amendement no 641, qui peuvent faire l’objet d’une présentation groupée.

    M. Yoann Gillet

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    Le sous-amendement no 708 vise à renforcer le dispositif du retrait du document de séjour, afin de répondre de manière plus ferme au phénomène de délinquance des mineurs étrangers. Nous proposons ainsi de remplacer le caractère facultatif du retrait du titre par la règle selon laquelle ce retrait est prononcé dès lors que les conditions sont réunies.

    M. Yoann Gillet

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    Le sous-amendement no 710 est défendu.

    M. Yoann Gillet

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    Le sous-amendement no 709 vise à supprimer l’exigence d’un lien de causalité directe entre les manquements du parent et la menace causée par le comportement du mineur.

    M. Yoann Gillet

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    Le sous-amendement no 711 vise à supprimer la phase d’avertissement préalable, qui constitue un délai inutile dans le contexte où les troubles à l’ordre public appellent des réponses rapides.

    M. Jean-François Coulomme

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    C’est comme tirer sans sommation !

    M. Yoann Gillet

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    Tous ces sous-amendements permettent donc d’accentuer la fermeté de la mesure prévue par le projet de loi.

    M. le président

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    La parole est à Mme Estelle Youssouffa, pour soutenir l’amendement no 312.

    Mme Estelle Youssouffa

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    Il est essentiel de replacer cette mesure dans son contexte, que plusieurs collègues ont déjà évoqué. Lors des émeutes qui secouent régulièrement Mayotte, gendarmes, policiers et magistrats constatent que certains parents étrangers fournissent à leurs enfants des pierres, des lance-pierres ou encore des arbalètes artisanales, et les envoient affronter les forces de l’ordre, s’en prendre aux citoyens qui se rendent au travail ou à l’école, ainsi qu’au personnel soignant en route vers l’hôpital.

    Mme Estelle Youssouffa

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    Quand nos bus sont caillassés, que des embuscades et des barrages surgissent au cœur de la nuit, ce sont des bandes de gamins qui vous encerclent, pillent votre voiture, cambriolent votre maison, jettent des pierres et saccagent tout sur leur passage. Et derrière ces actes, il y a souvent des parents qui instrumentalisent la minorité de leurs enfants pour organiser ces agissements…

    M. Jean Terlier

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    Eh oui !

    Mme Estelle Youssouffa

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    …c’est-à-dire non seulement les vols, mais aussi –⁠ comme l’ont confirmé les autorités – l’organisation d’émeutes destinées à détourner l’attention des forces de l’ordre et à faciliter, dans le même temps, l’arrivée des kwassa sur l’autre versant de l’île.

    Mme Estelle Youssouffa

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    La violence qui sévit à Mayotte a rendu l’île invivable. Pendant trop longtemps, les autorités ont fermé les yeux sur son caractère organisé. Ainsi, lors de l’opération Wuambushu, les forces de l’ordre déployées sur place ont dû affronter des hordes de mineurs dont la violence, d’une extrême intensité, a profondément traumatisé les agents.

    Mme Estelle Youssouffa

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    Lorsqu’on est confronté à des gamins de 12 ou 13 ans, qui sont armés de machettes et se découpent en morceaux, il est impératif de réagir. Cette situation exige des réponses fermes, notamment à l’égard des parents qui refusent d’exercer leurs responsabilités. Tel est l’objet de cet amendement visant à rétablir l’article 8 : l’État et la loi ne peuvent rester silencieux face à une réalité aussi grave.

    M. Jean Terlier

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    Très bien !

    M. le président

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    La parole est à M. Kévin Mauvieux, pour soutenir l’amendement no 67.

    M. Kévin Mauvieux

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    Quand on a un enfant, on s’en occupe : c’est la base de tout, qui vaut pour tout le monde, qu’on soit français ou étranger. On a un enfant, on l’éduque, on lui apprend l’autorité et le respect dans la vie de tous les jours.

    Mme Danièle Obono

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    Oh là là !

    M. Kévin Mauvieux

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    J’entends « Oh là là ! » sur les bancs d’en face. Je sais que vous n’aimez pas parler d’éducation réelle ni d’autorité. Oui, il y a encore des gens qui partent du principe que quand on a un enfant, on l’éduque. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe RN. –⁠ Exclamations sur quelques bancs des groupes LFI-NFP et EcoS.)

    Mme Léa Balage El Mariky

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    Vous en avez, vous, des enfants ?

    M. Hervé de Lépinau

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    Cette remarque est abjecte !

    M. Kévin Mauvieux

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    L’objectif de cet amendement est de rétablir l’article 8 dans une rédaction qui renforce le dispositif proposé. Estelle Youssouffa a parlé de ce qu’elle voit et son témoignage est extrêmement parlant. Sans l’avoir vécu personnellement, je voudrais néanmoins l’étayer par quelques chiffres. Entre 2019 et 2024, la part des mineurs étrangers condamnés à Mayotte a augmenté de 110 % : c’est énorme.

    Mme Dominique Voynet

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    C’est que la justice est efficace !

    M. Kévin Mauvieux

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    À Mayotte, 41 % des mis en cause pour homicide sont des mineurs, ainsi que 30 % des mis en cause pour viol ou tentative de viol, contre respectivement 18 % et 5 % sur l’ensemble du territoire national.

    M. Sébastien Peytavie

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    50 % de la population mahoraise est mineure !

    M. Kévin Mauvieux

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    La rédaction de l’article 8 proposée par les macronistes est, comme toujours, trop molle et insuffisante. Elle prévoit des exceptions et des contraintes qui empêcheront l’application de cet article. Au contraire, nous partons d’un principe simple : quand on a un enfant, on l’éduque ; quand on est défaillant dans l’éducation, on est sanctionné.

    M. Kévin Mauvieux

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    Il est donc légitime que le parent étranger d’un enfant étranger, lorsque l’éducation de ce dernier est défaillante, perde son titre de séjour et soit éloigné du territoire national. Séjourner en France implique de respecter notre pays et ceux qui y vivent. Les Mahorais, je l’ai rappelé, sont des Français à part entière, pleinement intégrés à notre nation. Dès lors, notre devoir de protection exige que nous prenions toutes les mesures nécessaires contre quiconque commet des délits ou des crimes et contribue ainsi à accroître l’insécurité pesant sur nos compatriotes mahorais. (Applaudissements sur les bancs du groupe RN.)

    ------------------Cette partie de la séance est en cours de finalisation---------------------------------------------