Troisième séance du samedi 08 novembre 2025
- Présidence de Mme Nadège Abomangoli
- 1. Projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2026
- Troisième partie (suite)
- Rappel au règlement
- Après l’article 18 (suite)
- Rappel au règlement
- Après l’article 18 (suite)
- Amendement no 1573
- Article 19
- Après l’article 19
- Amendement no 2095
- M. Frédéric Valletoux, président de la commission des affaires sociales
- Amendement no 902
- Article 20
- Suspension et reprise de la séance
- Amendements nos 2503, 2509, 1231, 2504, 2510, 2505, 2506 , 2507 et 2513, 2514
- Après l’article 20
- Troisième partie (suite)
- 2. Ordre du jour de la prochaine séance
Présidence de Mme Nadège Abomangoli
vice-présidente
Mme la présidente
La séance est ouverte.
(La séance est ouverte à vingt et une heures trente.)
1. Projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2026
Mme la présidente
L’ordre du jour appelle la suite de la discussion du projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2026 (nos 1907 et 1999, 2057, 2049).
Troisième partie (suite)
Mme la présidente
Cet après-midi, l’Assemblée a poursuivi la discussion des articles du projet de loi, s’arrêtant à l’amendement no 1846 portant article additionnel après l’article 18.
Rappel au règlement
Mme la présidente
La parole est à M. Damien Maudet, pour un rappel au règlement.
M. Damien Maudet
Mon intervention se fonde sur l’article 100, relatif à la bonne tenue de nos débats. Nous avons appris que l’article 45 bis serait examiné mercredi. Or il reste un tel nombre d’amendements à traiter qu’il paraît douteux que nous puissions arriver au bout demain soir. Je voudrais donc savoir ce qui est prévu : sera-t-il possible de prolonger la séance de demain soir, sachant, si j’ai bien compris, qu’on ne peut procéder ainsi que pour terminer un texte, ce qui ne sera pas le cas ? Si ce n’est pas possible, le temps imparti paraît insuffisant et j’aimerais donc obtenir des explications.
Mme la présidente
Je n’ai pas de réponse à vous apporter ; je ne peux que transmettre votre inquiétude à la présidente.
M. Thibault Bazin, rapporteur général de la commission des affaires sociales
On avance !
Après l’article 18 (suite)
Mme la présidente
La parole est à Mme Nicole Dubré-Chirat, pour soutenir l’amendement no 1846 portant article additionnel après l’article 18.
Mme Nicole Dubré-Chirat
Il vise à modifier la prise en charge des cures thermales pour la réserver aux patients atteints de pathologies graves ou invalidantes, aux enfants et aux patients relevant d’une affection de longue durée (ALD). Il s’inspire d’une proposition faite par la Caisse nationale de l’assurance maladie (Cnam) dans son rapport « Charges et produits » 2026. Actuellement, le forfait thermal est pris en charge à 65 % sur la base d’un tarif conventionnel, et les frais de transport sont remboursés à 55 % ou 100 % dans la limite des dépenses réellement engagées par l’assurance maladie. Dans le même temps, la France est l’un des derniers pays de l’OCDE à prendre en charge les soins de cure thermale, sachant qu’une cure de dix-huit jours prescrite coûte entre 1 000 et 1 500 euros.
Si ses bénéfices médicaux, pour certaines pathologies, ne sont pas à démontrer, le coût du dispositif pour la sécurité sociale n’est pas négligeable – 250 millions d’euros en 2023 pour 500 000 patients accueillis. Eu égard au déficit de la sécurité sociale, cette mesure entraînerait une économie de plusieurs dizaines de millions d’euros ;…
M. Fabrice Brun
C’est un des rares dispositifs de santé publique qui fonctionnent ! On va l’enterrer, l’amendement !
Mme Nicole Dubré-Chirat
…notre démarche permettra de s’assurer, après avis médical, que seules les cures médicalement justifiées seront remboursées, afin de limiter les prescriptions de complaisance. Cet amendement n’a pas vocation à lutter contre le thermalisme : les stations thermales et la vie économique associée perdureront, à rebours de la logique financière qui consiste à dire que si ce n’est pas remboursé, alors les curistes ne viendront plus.
Mme la présidente
J’ai reçu sur cet amendement des demandes de prise de parole de plus de la moitié des groupes. Je rappelle la règle : un pour, un contre, sauf instruction spécifique. (« C’est un sujet important ! » sur divers bancs.) Je consulte les bancs des commissions pour savoir ce qu’il en est.
M. Frédéric Valletoux, président de la commission des affaires sociales
Il est en effet préférable d’ouvrir le débat !
Mme la présidente
C’est d’accord. La parole est à M. Thibault Bazin, rapporteur général de la commission des affaires sociales et rapporteur pour la branche maladie, pour donner l’avis de la commission.
M. Thibault Bazin, rapporteur général de la commission des affaires sociales
Il reste plus de 700 amendements à examiner : nous devons avancer, même si je sais bien qu’il s’agit d’un débat important. L’amendement, donc, vise à dérembourser complètement les cures thermales…
M. Vincent Descoeur
Quelle idée !
M. Thibault Bazin, rapporteur général
…hors affection de longue durée, pathologie invalidante et trouble du développement de l’enfant. Je pense que vous allez trop loin, ma chère collègue ;…
M. Fabrice Brun
Bien sûr, d’autant plus que la médecine thermale est efficace !
M. Thibault Bazin, rapporteur général
…trop loin et trop vite. De nombreuses inquiétudes se sont exprimées…
M. Fabrice Brun
Des études scientifiques ont démontré cette efficacité !
M. Thibault Bazin, rapporteur général
S’il vous plaît, mon cher collègue, je n’arrive pas à m’exprimer en même temps que vous. Je vous écouterai ensuite ! Je crois comprendre que l’exécutif envisage de diminuer la prise en charge des cures thermales par l’assurance maladie, qui passerait de 65 % à 15 % pour tout le monde, ce qui permettrait une économie d’environ 200 millions d’euros.
M. Vincent Descoeur
Ce serait désastreux pour les stations thermales d’Auvergne !
M. Fabrice Brun
D’Auvergne-Rhône-Alpes !
M. Thibault Bazin, rapporteur général
Une telle mesure pose question. Il faut préciser que dans le cadre d’une cure thermale, l’hébergement et le déplacement ne sont, s’agissant des publics que vous visez, pas pris en charge par l’assurance maladie. Pour ma part, je crois que nous pouvons faire de ces séjours – je m’adresse plus particulièrement à Mme la ministre de la santé – de vrais rendez-vous de prévention. (Applaudissements sur les bancs du groupe DR et sur quelques bancs du groupe SOC. – Mme Geneviève Darrieussecq applaudit également.)
M. Fabrice Brun
Bien sûr ! C’est une politique de prévention qui fonctionne !
M. Thibault Bazin, rapporteur général
En effet, il faut penser au public cible des cures thermales. Pour des personnes qui souffrent déjà d’une ALD, de pathologies invalidantes ou de troubles du développement, elles interviennent malheureusement un peu trop tard.
M. Fabrice Brun
Sans parler des milliers d’emplois au cœur des territoires ! C’est une honte !
M. Thibault Bazin, rapporteur général
Il serait intéressant que nous puissions avoir une discussion globale non seulement avec l’assurance maladie mais aussi avec les complémentaires non pour envisager un déremboursement total – surtout pas ! – mais pour faire en sorte que la cure thermale devienne, je le répète, un vrai rendez-vous de prévention. La durée de ces séjours permet d’adopter une approche pluridisciplinaire ; ils peuvent donc constituer une vraie chance pour ceux qui en bénéficient. J’ai beaucoup discuté avec Cyrille Isaac-Sibille sur la prévention : saisissons cette occasion !
J’ajoute que je n’ai pas mentionné l’aspect économique parce que nos discussions doivent d’abord se concentrer sur l’aspect médical. Madame la députée, j’ai bien compris que vous ne vouliez pas supprimer toute forme de prise en charge des cures thermales, mais votre amendement vise à un déremboursement total ; vous allez même plus loin que ce que le gouvernement s’apprête à faire. En outre, c’est la participation de l’assurance maladie, à quelque niveau que ce soit, qui permet une participation des complémentaires. Si nous faisons passer la prise en charge à 0 %, les complémentaires ne pourront plus intervenir. C’est un élément essentiel. Je vous demande donc de retirer votre amendement ; à défaut, j’émettrai un avis défavorable. Je précise enfin que cet amendement n’avait pas été examiné par la commission.
Mme la présidente
Sur l’amendement n° 1846, je suis saisie par le groupe Rassemblement national d’une demande de scrutin public.
Le scrutin est annoncé dans l’enceinte de l’Assemblée nationale.
La parole est à Mme la ministre de la santé, des familles, de l’autonomie et des personnes handicapées, pour donner l’avis du gouvernement.
Mme Stéphanie Rist, ministre de la santé, des familles, de l’autonomie et des personnes handicapées
En tant que rhumatologue, je connais l’intérêt des cures thermales comme celui de l’activité physique pour mes patients. Nous avons ce débat depuis quelques années au moment de l’examen du projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS). Je sais aussi – je l’ai compris en siégeant sur ces bancs – quelle activité économique elles suscitent dans certains territoires. Comme le rapporteur général l’a précisé, elles représentent une ligne d’environ 200 millions d’euros sur le budget de la sécurité sociale.
M. Fabrice Brun
C’est 0,1 % du budget de la sécurité sociale !
Mme Stéphanie Rist, ministre
Vous savez que notre méthode, depuis le début de l’examen du texte – je l’ai dit tout à l’heure à propos des franchises –, consiste à présenter tous les éléments qui doivent l’être pour nourrir le débat. Le présent amendement et les discussions qu’il suscite montrent qu’il s’agit d’un vrai sujet. Pouvons-nous demander à la sécurité sociale de continuer à financer les cures thermales au même niveau – en 2023, elles représentaient un coût de 270 millions d’euros –…
M. Guillaume Kasbarian
C’est énorme !
Mme Stéphanie Rist, ministre
…alors qu’elles ne font pas l’objet d’une recommandation de la Haute Autorité de santé (HAS) et que leurs bienfaits médicaux sont très discutés ? On sait tous qu’on ne peut pas comparer ce type de traitement à un médicament,…
M. Fabrice Brun
Il y a des études scientifiques qui démontrent le service médical rendu ! C’est documenté !
Mme Stéphanie Rist, ministre
…mais on sait aussi que les cures peuvent avoir un intérêt. Le débat doit avoir lieu. Faut-il que les personnes souffrant d’ALD bénéficient d’un remboursement spécifique ? Je le crois. Est-ce à la sécurité sociale de rembourser et des aménagements sont-ils envisageables dans les remboursements, notamment pour les personnes qui ne sont pas en ALD ? Voilà les termes de ce débat essentiel. Votre amendement propose d’aller directement à sa conclusion, ce qui me semble hâtif. Je vous invite à le retirer ; à défaut, j’émettrai un avis défavorable.
M. Vincent Descoeur
Très bien !
Mme la présidente
Sur cet amendement, j’autoriserai une intervention par groupe. (Exclamations sur quelques bancs du groupe EPR.) Eh oui, je suis navrée ! (« Pourquoi ? » sur plusieurs bancs du groupe EPR.) Parce que le rapporteur général et le président de la commission m’ont autorisée à ouvrir le débat, dans la mesure où de nombreuses demandes m’avaient été adressées. C’est la règle que nous avons fixée.
La parole est à M. Nicolas Ray.
M. Nicolas Ray
Cet amendement est un mauvais coup porté contre les bienfaits des cures thermales ;…
M. Fabrice Brun
C’est une attaque frontale !
M. Nicolas Ray
…nombre de mes collègues issus de régions thermales, Fabrice Brun, Justine Gruet, Josiane Corneloup et bien d’autres, ne comprennent pas un tel acharnement. Ils n’ont pas non plus compris, madame la ministre, ce projet de votre gouvernement qui envisage de réduire le remboursement des cures de 65 % à 15 % afin d’économiser 200 des 250 millions d’euros liés aux dépenses thermales. Je rappelle que les cures thermales ne représentent que 0,1 % des dépenses de santé, que c’est une des seules médecines de prévention qui fonctionnent…
M. Fabrice Brun
Évidemment ! C’est une des rares qui fonctionnent !
M. Nicolas Ray
…et que 60 % de leur coût reste à la charge des patients. La HAS et la Cnam n’ont par ailleurs jamais remis en cause les bienfaits de la médecine thermale, soixante études cliniques ayant démontré le service médical rendu dans 90 % des cas.
M. Jean-Yves Bony
Regardez la forme qu’on a ! (Sourires.)
M. Nicolas Ray
Contrairement à ce que dit l’amendement, la prise en charge de ces cures, en France, se situe dans la moyenne observée dans l’OCDE. En outre, sur la forme, il ne me semble pas responsable d’opérer un tel changement sans concertation avec les acteurs concernés, qui font vivre 20 000 personnes dans nos territoires et qui ont investi dans les stations thermales. Sur le fond comme sur la forme, cet amendement est très mal venu. (Applaudissements sur les bancs du groupe DR. – M. Yannick Monnet applaudit également.)
Mme la présidente
La parole est à M. Guillaume Florquin.
M. Guillaume Florquin
Cet amendement macroniste vise à faire passer de 65 % à 15 % le remboursement des cures thermales. (« Mais non ! Pas du tout ! » sur plusieurs bancs du groupe EPR.) Ce serait une catastrophe…
M. Fabrice Brun
Eh oui ! Sortez du périph’ ! Venez en Auvergne-Rhône-Alpes !
M. Guillaume Florquin
…pour les nombreuses villes thermales – je pense aux 470 000 curistes annuels et aux 4,8 milliards d’euros de retombées économiques. De nombreuses études ont pourtant prouvé l’efficacité de ces traitements, notamment dans ma circonscription, à Saint-Amand-les-Eaux,…
M. Guillaume Kasbarian
Ah !
M. Vincent Caure
Vous êtes donc juge et partie !
M. Guillaume Florquin
…où 10 000 personnes, chaque année, font soigner leurs rhumatismes ou leurs maladies respiratoires. Je suis certain que si cet amendement était adopté, ce serait aussi une catastrophe pour l’emploi local et l’attractivité des territoires concernés. Encore une fois, les macronistes s’attaquent aux Français les plus fragiles et les plus modestes (Protestations sur quelques bancs des groupes EPR et Dem) ; c’est pourquoi le groupe RN s’opposera farouchement à cet amendement. (Applaudissements sur les bancs des groupes RN et UDR.)
Mme la présidente
La parole est à Mme Geneviève Darrieussecq.
Mme Geneviève Darrieussecq
Je suis navrée, chère collègue Dubré-Chirat, que vous laissiez penser que les cures thermales sont inefficaces sur le plan thérapeutique – bref, ne servent à rien – et sont remboursées depuis toujours sans aucun critère. (Applaudissements sur les bancs du groupe DR et sur quelques bancs des groupes RN et SOC.) C’est de la prévention secondaire !
M. Fabrice Brun
C’est une ancienne ministre de la santé qui parle !
Mme Geneviève Darrieussecq
Or nous devons intégrer la prévention de manière structurée dans nos objectifs de santé. La prévention secondaire, c’est ce qui permet, une fois la maladie contractée, d’être moins malade dans l’année qui suit, et donc de prendre moins de médicaments et de coûter moins cher à la sécurité sociale. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe RN.)
M. Fabrice Brun
Bien sûr ! Ça réduit les consultations médicales et la consommation de médicaments !
Mme Geneviève Darrieussecq
Les cures thermales en font partie, au même titre que le sport santé. Si nous ne sommes pas capables de les intégrer dans un grand plan de prévention, c’est – excusez-moi – que nous ne sommes pas bons ! Les vaccins et les messages de prévention primaire sont bien sûr essentiels mais la prévention secondaire l’est aussi. Il ne faut donc pas voter cet amendement. Par ailleurs, la réduction du remboursement à 15 % est un sujet dont nous devrons débattre : il faudra trouver un équilibre avec les mutuelles pour faire en sorte que ces actes de prévention puissent se poursuivre. (Applaudissements sur les bancs du groupe DR et sur quelques bancs du groupe SOC. – Mme Claire Marais-Beuil et M. Frédéric Petit applaudissent également.)
Mme la présidente
La parole est à M. Yannick Monnet.
M. Yannick Monnet
Comme les collègues qui viennent de s’exprimer, je vais bien évidemment contester cet amendement qui me semble de courte vue pour la santé des gens. Ce n’est pas responsable ! Les cures thermales représentent 0,1 % des dépenses de santé, comme l’a rappelé mon collègue bourbonnais Nicolas Ray, mais aussi 8,3 millions de journées de soin.
Mme Justine Gruet
Eh oui !
M. Yannick Monnet
Ce n’est pas rien ! Je ne comprends pas, madame la ministre, vous qui êtes médecin, que vous montriez si peu de considération pour les cures.
M. Thibault Bazin, rapporteur général
Elle a dit qu’elle était défavorable à l’amendement !
M. Yannick Monnet
Comme l’a dit Mme la ministre Darrieussecq, réduire leur prise en charge fera augmenter les coûts supportés par la sécurité sociale. Oui, il faut protéger les cures thermales et, oui, il faut mieux les rembourser ; d’ailleurs, les 450 000 curistes ont tous une prescription de leur médecin. On ne peut pas accepter un amendement aussi irresponsable. (Applaudissements sur les bancs du groupe DR.)
Mme Anne Genetet
On ne rembourse pas les cours de peinture ! Il y a plein de choses qui font du bien !
Mme la présidente
La parole est à M. Denis Fégné.
M. Denis Fégné
Avec le groupe Socialistes et apparentés, notamment avec Boris Vallaud, et avec l’ensemble des députés qui comptent des stations thermales dans leur circonscription, nous nous opposons bien sûr à la baisse du taux de remboursement des cures thermales par l’assurance maladie. Plus de soixante études cliniques en attestent : les cures améliorent la prise en charge des maladies chroniques, réduisent le recours aux soins de ville et contribuent à la maîtrise des dépenses de santé. Il faut donc les considérer non comme un coût mais comme un investissement rentable par lequel le patient devient acteur de sa santé (Applaudissements sur quelques bancs du groupe SOC), et ce pour une somme finalement dérisoire qui représente – le collègue Monnet vient de le dire – 0,1 % du budget de la sécurité sociale.
Réduire le taux de prise en charge, ce serait mettre en danger une filière d’excellence, fragiliser des milliers d’emplois et balayer des décennies de recherches scientifiques. Le thermalisme est une médecine de terrain, une médecine de preuves, une médecine durable et humaine. Votre amendement est un non-sens à la fois médical et économique. (Applaudissements sur plusieurs bancs des groupes SOC et DR. – Mme Marie Pochon applaudit également.)
Mme la présidente
La parole est à Mme Élisa Martin.
Mme Élisa Martin
Les uns veulent dérembourser complètement les cures thermales ; les autres – le gouvernement et ses représentants – veulent diminuer la prise en charge de 65 % à 15 %. Nous y sommes tout à fait opposés.
Ces propositions reviennent à considérer les cures thermales comme du confort, ce qui est tout à fait inexact, puisqu’elles ont un effet bénéfique, en particulier contre les maladies chroniques. Si nous adoptons cet amendement, elles seront désormais réservées aux plus riches, d’autant plus que le déremboursement aura un impact sur le prix des mutuelles. Nous ne pouvons pas l’accepter. Nous estimons qu’il n’y a pas suffisamment d’espaces de soin de ce type ; nous ne pouvons donc qu’être favorables à une prise en charge convenable des cures thermales.
Mme la présidente
Veuillez conclure, chère collègue.
Mme Élisa Martin
Notre collègue Sylvain Carrière est lui aussi particulièrement mobilisé à ce sujet.
Mme la présidente
La parole est à M. Lionel Causse.
M. Lionel Causse
Pour compléter les propos des orateurs précédents, je souhaite donner quelques chiffres. Le nombre de curistes est d’environ 500 000 chaque année. Le coût moyen d’un séjour en cure thermale s’établit à 1 100 euros. Le forfait soins est en moyenne de 560 euros, dont 65 % sont remboursés par la sécurité sociale. Le curiste prend donc à sa charge plus de 700 euros.
Une cure thermale dure vingt et un jours. Ce sont vingt et un jours encadrés par des professionnels de santé, notamment des médecins et des kinésithérapeutes. Ce sont vingt et un jours de soins et d’accompagnement adaptés à la pathologie dont souffre le curiste et pour laquelle il est suivi. Il s’agit précisément de pouvoir démontrer que la cure a un bienfait pour sa santé.
On dénombre 100 établissements thermaux, implantés dans plus de quatre-vingts communes, essentiellement des communes de moins de 5 000 habitants. C’est grâce aux établissements thermaux que ces communes accueillent des acteurs et des professionnels de santé. Si les établissements ferment, ces petites communes risquent d’être privées de professionnels de la santé.
À mon avis, l’amendement n’a pas été présenté aux acteurs de la filière. J’aimerais bien savoir ce qu’en pensent, par exemple, l’hôpital thermal de Dax ou l’Institut du thermalisme ! (Applaudissements sur les bancs du groupe EPR.)
Mme la présidente
Merci, cher collègue…
M. Lionel Causse
La filière a besoin de travailler. Élaborons une trajectoire et fixons un cap avec les professionnels et les communes concernées. (Applaudissements sur plusieurs bancs des groupes EPR et DR.)
Rappel au règlement
Mme la présidente
La parole est à M. Guillaume Kasbarian, pour un rappel au règlement.
M. Guillaume Kasbarian
Je le formule sur le fondement de l’article 100, alinéa 7, du règlement. Nous n’avons entendu que des orateurs opposés à l’amendement.
M. Fabrice Brun
Vous êtes minoritaires !
M. Guillaume Kasbarian
Tous ont défendu, par pur électoralisme, les cures thermales. (Exclamations sur divers bancs.)
Mme la présidente
Sur cet amendement, de nombreux collègues ont souhaité s’exprimer, le sujet intéressant manifestement la représentation nationale. Après avoir obtenu l’aval du président et du rapporteur général de la commission des affaires sociales, j’ai indiqué que je donnerais la parole à un orateur par groupe, à charge pour chaque groupe de désigner l’orateur de son choix.
Après l’article 18 (suite)
Mme la présidente
Je mets aux voix l’amendement no 1846.
(Il est procédé au scrutin.)
Mme la présidente
Voici le résultat du scrutin :
Nombre de votants 195
Nombre de suffrages exprimés 191
Majorité absolue 96
Pour l’adoption 24
Contre 167
(L’amendement no 1846 n’est pas adopté.)
(Applaudissements sur les bancs du groupe DR et sur quelques bancs du groupe RN.)
M. Antoine Léaument
Kasbarian a été battu à plate couture !
Mme la présidente
Nous en venons à l’amendement no 1573, sur lequel je suis saisie par le groupe La France insoumise-Nouveau Front populaire d’une demande de scrutin public.
Le scrutin est annoncé dans l’enceinte de l’Assemblée nationale.
La parole est à M. Damien Maudet, pour soutenir cet amendement.
M. Damien Maudet
Par cet amendement, nous entendons nous opposer à une hérésie : le forfait patient urgences.
Imaginez : on sort d’une pandémie mondiale, qui a mis en exergue que tout le système de santé était sous l’eau et que les réformes menées au cours des dix années précédentes, sinon davantage, avaient été totalement catastrophiques. En effet, 87 % des Français vivent dans un désert médical et 6 millions n’ont pas de médecin traitant.
Que faites-vous dans un tel cas de figure ? Eh bien, les macronistes en Macronie (« Oh ! » sur les bancs des groupes EPR et Dem), pour leur part, créent un forfait patient urgences de 20 euros ! Lorsque vous devez aller aux urgences, si vous avez la chance de ne pas être hospitalisé mais la malchance de ne pas avoir de mutuelle, on vous demande de payer 20 euros.
D’après une étude réalisée par la Fédération hospitalière de France (FHF), 30 % des gens se rendent aux urgences parce qu’ils n’ont pas obtenu de rendez-vous chez le généraliste ; un autre contingent de 30 %, parce qu’ils ne savent pas où aller. La France est à 90 % un désert médical, et on fait payer les patients pour cette situation.
Mme la présidente
Après les avis, je donnerai la parole à un orateur pour et un orateur contre.
Quel est l’avis de la commission ?
M. Thibault Bazin, rapporteur général
Il s’agit d’un amendement d’appel, sous la forme d’une demande de rapport. Mes interventions sur les amendements de cette nature seront brèves. Il faut vraiment que nous avancions dans l’étude des amendements si nous voulons achever l’examen du texte d’ici à mercredi minuit.
Le forfait patient urgences est non pas de 20 euros, mais de 19,60 euros, pardon d’être exact. (« Oh là là ! sur plusieurs bancs du groupe LFI-NFP.)
M. Damien Maudet
Gardez la monnaie ! (Sourires. – Applaudissements sur quelques bancs du groupe LFI-NFP.)
M. Thibault Bazin, rapporteur général
Il ne me semble pas utile de demander un rapport au gouvernement à ce sujet. Je propose que l’Assemblée s’en saisisse et réalise elle-même cette évaluation, par exemple lors du prochain Printemps social de l’évaluation.
Je demande le retrait de l’amendement, sans quoi j’y serai défavorable.
Mme la présidente
Quel est l’avis du gouvernement ?
Mme Stéphanie Rist, ministre
Cette mesure faisait partie de la réforme du financement des urgences que nous avions adoptée dans le cadre du PLFSS pour 2021. Elle est entrée en vigueur en 2022. Auparavant, les patients payaient aux urgences 10 à 60 euros, la moyenne s’établissant à 25 euros – la somme étant éventuellement prise en charge par leur complémentaire santé. Depuis, le forfait est de 20 euros. Le tarif est plus lisible. Cela a été une vraie mesure de simplification, qui a réduit les frais de gestion pour les établissements de santé. Mon avis est donc défavorable.
Mme la présidente
La parole est à Mme Delphine Lingemann.
Mme Delphine Lingemann
Nous nous opposons à cet amendement.
Je reviens sur l’amendement précédent : je me réjouis que le déremboursement des cures thermales n’ait pas été retenu par l’Assemblée. Ces cures contribuent à la prévention et apportent un bienfait pour la santé. Il faut aussi tenir compte de leur poids économique… (Exclamations sur divers bancs. – M me la présidente coupe le micro de l’oratrice.)
Mme la présidente
Ce n’est pas très sport, chère collègue. Chacun des groupes avait pu s’exprimer sur l’amendement précédent.
La parole est à M. Boris Vallaud.
M. Boris Vallaud
Je suis favorable à cette demande de rapport. Être informé des décisions prises et être capable de les évaluer, cela évite de faire bien des bêtises, en particulier de créer un dispositif qui limite l’accès aux soins, probablement plus encore pour les plus modestes d’entre nous.
Je m’autorise le même forfait, si je puis dire, que l’oratrice précédente, en revenant à mon tour sur l’amendement qui visait à réaliser des économies sur les cures thermales. J’ai entendu les arguments, madame la ministre, qui vous ont amenée à donner un avis défavorable. Compte tenu du vote de l’Assemblée nationale, je suggère que les économies chiffrées qui sont inscrites dans le budget en soient immédiatement retirées.
Mme la présidente
Ce n’est pas très sport non plus car d’autres députés auraient souhaité s’exprimer sur l’amendement précédent. Je vous demande à tous de vous tenir aux règles que nous nous sommes fixées.
La parole est à Mme Claire Marais-Beuil.
Mme Claire Marais-Beuil
Lorsqu’une personne se casse la jambe, elle peut se rendre aux urgences, où on va lui poser un plâtre – on ne trouve plus guère de médecins généralistes qui posent des plâtres. Ainsi, il arrive d’être soigné aux urgences sans être hospitalisé. Expliquez-moi, madame la ministre, comment on va faire dans ces cas-là.
Mme la présidente
Je mets aux voix l’amendement no 1573.
(Il est procédé au scrutin.)
Mme la présidente
Voici le résultat du scrutin :
Nombre de votants 202
Nombre de suffrages exprimés 201
Majorité absolue 101
Pour l’adoption 139
Contre 62
(L’amendement no 1573 est adopté.)
(Mme Ségolène Amiot applaudit.)
Article 19
Mme la présidente
La parole est à Mme Joëlle Mélin.
Mme Joëlle Mélin
Nous vivons, dans l’histoire de la santé, un moment particulier, sans doute plus notable qu’un autre. En trente ans, nous avons gagné une prolongation de dix ans de vie en bonne santé. Dès lors, nous devons revoir les paradigmes du soin : jusqu’à présent, on s’efforçait de guérir le patient une fois que la maladie était là ; nous nous apercevons désormais qu’il est nécessaire de faire de la prévention. Cela tombe bien car tout un chacun, même à un certain âge, a envie de s’occuper de soi.
Il est donc nécessaire d’instaurer des parcours de prévention pour éviter les maladies, particulièrement celles susceptibles d’être prises en charge comme ALD, qui sont longues et coûteuses. Nous venons de décider de maintenir en l’état le remboursement des cures thermales. Nous devons accorder une attention toute particulière à la prévention sous toutes ses formes. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe RN.)
Mme la présidente
La parole est à Mme Camille Galliard-Minier.
Mme Camille Galliard-Minier
L’article 19 marque une étape structurelle qui met la prévention au centre des préoccupations. Il institue un nouveau dispositif de prévention destiné aux assurés souffrant d’une pathologie à risque d’évolution vers une affection de longue durée. Ils bénéficieront ainsi d’un parcours d’accompagnement préventif qui sera – c’est la nouveauté – pris en charge par l’assurance maladie. Il pourra s’agir de soutien psychologique, d’activité physique adaptée ou de consultations nutritionnelles.
Cette innovation est essentielle : elle permet de passer d’un système centré sur le soin à un modèle qui valorise la prévention. Nous faisons le choix de la prévention et de l’anticipation.
Mme la présidente
La parole est à M. Hadrien Clouet.
M. Hadrien Clouet
L’article 19 vise à créer un parcours d’accompagnement dit préventif, qui pourrait être prescrit à des personnes souffrant d’une pathologie risquant d’évoluer vers une ALD. Quels sont les risques d’une telle démarche et quels amendements proposons-nous pour les éviter ?
Nous savons d’où vient l’idée : d’un rapport conjoint de l’Inspection générale des finances (IGF) et de l’Inspection générale des affaires sociales (Igas), dans lequel figure la proposition de créer un parcours de « sous-ALD ». C’est bien le risque de cet article : la création d’une catégorie d’ALD de niveau 1, allant de pair avec des déremboursements très importants et une baisse du volume de pathologies reconnues.
Pouvons-nous nous opposer à une telle évolution ? Oui, nous le pouvons : nous vous proposons à cette fin trois amendements qui visent à encadrer le dispositif. Le premier empêche la création d’une catégorie d’ALD de niveau 1, qui seraient exclues du régime général des ALD. Le deuxième prévoit que les critères permettant d’orienter une personne vers ce parcours sont déterminés en concertation avec les associations d’usagers. Le troisième interdit les dépassements d’honoraires tout au long de ce parcours.
Ce que je dis est important. Dans le rapport de l’IGF et de l’Igas figurent des estimations chiffrées : ses auteurs proposent de consacrer 54 millions d’euros au financement de ce parcours, mais de dérembourser des soins pour 450 millions d’euros – 54 millions en plus, 450 millions en moins : cela ressemble étrangement à la deuxième partie de ce PLFSS – que certains ont néanmoins votée !
En tout cas, cette histoire s’apparente à une arnaque de première catégorie. Je vous invite donc à voter nos trois amendements.
M. Gabriel Attal
Le temps de parole est limité à une minute, madame la présidente !
Mme la présidente
Non, les inscrits sur un article peuvent s’exprimer jusqu’à deux minutes.
La parole est à Mme Justine Gruet.
Mme Justine Gruet
Nous essayons – enfin ! – de prendre le virage préventif. Toutefois, dans le même temps, vous tentez de dérembourser les cures thermales, en faisant passer la prise en charge de 65 % à 15 %,…
M. Frédéric Petit
Nous venons de voter contre l’amendement de Mme Dubré-Chirat !
Mme Justine Gruet
…ainsi que le traitement des ALD, en la diminuant de 100 % à 65 %.
Pour la prise en charge des ALD, je vous propose de transformer les établissements thermaux en véritables établissements de santé, centrés sur la prévention et le maintien de l’autonomie. Cela permettrait de maintenir une dynamique essentielle pour nos territoires ruraux. Nous ne pouvons pas nous passer de cette centaine d’établissements, dont 71 % sont implantés dans des communes de moins de 1 000 habitants, comme Salins-les-Bains. Les études ont démontré l’intérêt thérapeutique des séjours en établissement thermal, par exemple pour la diminution des douleurs liées aux rhumatismes. Rappelons que, pour l’instant, l’assurance maladie prend en charge les soins, mais pas l’hébergement.
Je salue l’avancée que représente l’article 19. Néanmoins, pour la prise en charge des ALD, il ne faut pas se contenter de rendez-vous préventifs et de bilans de santé : il faut organiser les prises en charge qui en découlent. Je pense aux kinésithérapeutes, qui jouent un rôle clé dans le maintien de la mobilité et de l’autonomie. Je pense aussi aux nutritionnistes et aux diététiciennes. Il faut travailler sur tous les paramètres qui permettent d’accompagner les patients atteints de maladie chronique.
Je le répète : pour cette prise en charge, nous ne pouvons pas nous passer des établissements thermaux. Pendant les trois semaines que dure leur cure, les patients sont à disposition et peuvent être pris en charge de manière très globale.
Mme la présidente
La parole est à Mme Sandrine Rousseau.
Mme Sandrine Rousseau
La lecture de l’exposé des motifs de l’article 19 nous apprend que le nombre de pathologies chroniques augmente, ce qui se répercute sur le dispositif des affections de longue durée. À l’horizon 2035, 26 % de la population, soit 18 millions de personnes, serait concernée. Vous présentez, en conséquence, un dispositif pour retarder l’entrée en affection de longue durée. S’agissant du seul dispositif de prévention figurant dans le projet de loi de financement de la sécurité sociale, on serait tenté d’applaudir.
Mme Stéphanie Rist, ministre
Vous pourriez !
Mme Sandrine Rousseau
Si telle était toutefois votre véritable intention, pourquoi ne pas avoir voté, des deux mains également, les taxes d’incitation comportementale présentées hier sur le sucre, l’alcool – le vin –, les paris sportifs, le gras, la nourriture transformée, etc., qui sont autant de facteurs de déclenchement des maladies chroniques ? (Mme Justine Gruet s’exclame.)
M. Hervé de Lépinau
La prévention, ce n’est pas cela !
Mme Sandrine Rousseau
Une partie de ce dispositif est très intéressante : l’identification précoce des risques de survenue d’une maladie chronique. Je crains cependant que son unique but, présenté entre un article sur les franchises médicales et un autre sur la réforme des arrêts de travail, ne soit de limiter les remboursements et de retarder l’entrée des personnes qui pourraient en bénéficier dans le statut d’affection de longue durée. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe EcoS.)
Mme la présidente
La parole est à M. Nicolas Turquois.
M. Nicolas Turquois
Nous touchons à ce qui devrait être au cœur de la philosophie du PLFSS : la prévention. Nous devons passer d’une logique presque uniquement curative à une logique essentiellement préventive. De cette manière, nous pourrons aussi mieux nous tourner vers ceux qui, malgré tout, sont malades.
Si le PLFSS ne me semble pas assez armé en la matière, cet article reste très intéressant. Comment éviter que les 20 % de personnes en affection de longue durée ne consomment, pour ainsi dire – et ce n’est en rien un reproche que je leur adresse –, 80 % du budget de l’assurance maladie ? Nous devons faire des efforts importants pour progresser sur ce sujet et permettre à nos concitoyens de vivre le plus longtemps possible en bonne santé, en prévenant les accidents cliniques et les dégradations de santé.
Je salue cet article et je regrette les propos polémiques tenus par M. Clouet.
M. Hadrien Clouet
Dès que je pose une question, dans cette assemblée, c’est une polémique !
M. Nicolas Turquois
Des moyens sont nécessaires ailleurs également, mais nous devons faire tout notre possible en faveur de la prévention.
Mme la présidente
La parole est à M. Yannick Monnet.
M. Yannick Monnet
Les cures thermales ne sont malheureusement pas sauvées avec cet article, où les bonnes intentions dissimulent les mauvaises. Devant le Sénat, Mme Charlotte Parmentier-Lecocq a confirmé l’une d’entre elles : réduire drastiquement les droits des personnes en ALD – qui plus est par voie de décret, en marge de ce PLFSS.
Le gouvernement, madame la ministre, va-t-il réellement oser mettre fin au remboursement intégral des cures thermales pour les patients atteints d’une ALD, et, pour les autres patients, en faire passer la prise en charge de 65 % à 15 % ?
Ce déremboursement est une aberration. Les cures thermales sont des soins, prescrits par des médecins, dont le remboursement par l’assurance maladie est strictement encadré. Le service médical rendu est avéré et constamment évalué par l’association française pour la recherche thermale, suivant un cadre méthodologique irréprochable et en toute indépendance.
Vous allez priver de soins des personnes vivant avec un cancer, une sclérose en plaques, un diabète sévère, une polyarthrite ou une insuffisance respiratoire chronique.
Vous prétendez que les mutuelles rembourseront la différence : permettez-moi cependant de vous rappeler que nous avons supprimé l’article 7 à une large majorité parce que nous refusons une nouvelle hausse de leurs tarifs. Ce sont en effet les patients qui payent tous les engagements de l’assurance maladie vers les mutuelles.
Sans vous faire de procès d’intention, madame la ministre, je me souviens que vous aviez présenté, lors de l’examen du PLFSS pour 2025, un amendement défendant l’idée d’une ALD low cost – amendement que nous avions rejeté.
Mme Stéphanie Rist, ministre
Oui, oui !
M. Yannick Monnet
Au sujet des cures, j’attends néanmoins vos réponses.
Mme la présidente
La parole est à M. le rapporteur général.
M. Thibault Bazin, rapporteur général
L’article 19 poursuit un bel objectif : renforcer la prévention, ce que nous appelons tous régulièrement de nos vœux. Cela est particulièrement pertinent quand il s’agit d’éviter qu’on arrive en affection de longue durée.
Afin de clarifier nos débats et de revenir sur certaines informations un peu trop rapides, permettez-moi d’apporter deux précisions indispensables.
L’article 19, d’abord, ne crée pas deux niveaux d’ALD, mais un parcours en amont de ce dispositif. Ce point de sémantique est important.
Si la Haute Autorité de santé, ensuite, sera appelée à se prononcer sur une éventuelle modification des critères d’entrée dans le dispositif de prévention, l’article 19 ne modifie pas pour autant ce dernier.
Nous devons dès lors nous demander qui entrera dans ce parcours, qui en sortira, et à quel moment. Nous devons également le définir, établir les modalités de sa prise en charge et en prévoir le financement.
En effet, nous savons bien peu de choses du financement de ce dispositif. On ne pourra pas se contenter d’un bilan de diététique ou d’un bilan d’activités physiques adaptées, comme l’évoque l’étude d’impact – un dispositif si limité serait inefficace. Si le parcours de prévention, en revanche, permet d’éviter une bascule vers des stades plus lourds de la maladie, alors il sera utile et intelligent – c’est là tout l’enjeu de l’avis que doit rendre la HAS.
Nous attendons des précisions, madame la ministre, pour nous assurer que ce parcours donne effectivement accès à des soins qui ne sont pas remboursés aujourd’hui et dont le bénéfice pour prévenir l’aggravation des maladies chroniques est prouvé – comme l’activité physique adaptée, réponse la plus efficace pour des patients diabétiques à un stade précoce.
Mme la présidente
La parole est à Mme la ministre.
Mme Stéphanie Rist, ministre
Je suis très attachée à cet article qui présente un changement d’ordre culturel dans notre vision de la santé : la sécurité sociale va dépenser de l’argent non plus parce que vous êtes malade mais pour que vous ne le deveniez pas. C’est ce que l’on appelle la prévention – et je ne connais pas un seul député qui s’y oppose. Les réformes présentées sur ce point par l’article 19 sont d’ordre structurel.
En 2035, pas moins de 43 % de la population pourrait souffrir d’une maladie chronique et 18 millions de personnes bénéficier du dispositif ALD. L’article ne dispose en aucune façon que les patients ne seront plus pris en charge en ALD.
M. Frédéric Petit
Non, c’est pour éviter la bascule dans la maladie !
Mme Stéphanie Rist, ministre
Imaginez plutôt qu’à 60 ans, le bilan prévention que vous avez préparé chez vous révèle que vous êtes un peu gros et que vous ne faites pas de sport, si bien que vous courez tous les risques de devenir diabétique. La HAS, une autorité indépendante et scientifique, aura défini les parcours et quelles pathologies – comme celle que je viens de décrire, par exemple – y donnent accès. Vous pourrez alors être pris en charge pour éviter de développer un diabète de type 2 – et si cette prise en charge vous évite en effet de devenir diabétique, vous n’entrerez évidemment pas dans le dispositif ALD, ce qui sera source d’importantes économies pour l’assurance maladie.
M. Frédéric Petit
Et d’importants bénéfices pour la santé !
Mme Stéphanie Rist, ministre
Cet article ne tend à rien d’autre. Si vous n’avez pas toutes les réponses aux questions que vous vous posez, monsieur le rapporteur général, c’est qu’il incombera à la HAS de déterminer les parcours pertinents. On sait que 80 % des maladies cardiovasculaires peuvent être évitées grâce à une prise en charge plus précoce, grâce à la pratique du sport, grâce également à l’arrêt du tabac et de tout ce qui peut abîmer les vaisseaux sanguins.
Nous allons donc véritablement faire de la prévention, guidés par les préconisations de la HAS.
Mme la présidente
La parole est à Mme Karen Erodi, pour soutenir l’amendement no 1049, sur lequel je suis saisie par le groupe La France insoumise-Nouveau Front populaire d’une demande de scrutin public.
Le scrutin est annoncé dans l’enceinte de l’Assemblée nationale.
Mme Karen Erodi
La France insoumise veut bannir votre infamie : une ALD à deux vitesses pensée par des technocrates pour dérembourser des soins. Au prétexte cynique de la prévention, le gouvernement invente un système de tri : d’un côté les personnes atteintes d’une maladie assez grave pour mériter une prise en charge complète, de l’autre celles qu’on peut sortir du dispositif. Vous déremboursez la prise en charge de nombreuses pathologies et vous faites payer les malades chroniques quand vous rechignez, en revanche, à mettre à contribution les vrais responsables : lobbys, industriels et publicitaires.
C’est de transports, de soins de santé mentale, de thérapies douces et d’adaptation du logement qu’il s’agit, pour des patients qui ont déjà 2 000 euros de reste à charge – jusqu’à 8 200 pour les 10 % les plus exposés. D’un côté, 40 millions d’euros pour la prévention, de l’autre, 500 millions économisés sur le dos des malades : c’est une opération comptable, pas une politique de santé publique.
La santé n’est pas une variable d’ajustement : nous défendons l’universalité, la solidarité et le droit à être soigné, sans condition de gravité ni de revenu. Pour toutes ces raisons, nous exigeons la suppression de cette mesure injuste. (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP.)
Mme la présidente
Quel est l’avis de la commission ?
M. Thibault Bazin, rapporteur général
L’objectif de l’article 19 n’est pas celui que vous lui prêtez, mais d’éviter que les patients ne basculent en ALD. Si votre amendement était adopté, en revanche, ceux qui ne sont pas en ALD ne pourraient paradoxalement pas bénéficier de ce parcours de prévention, les soins étant réservés aux personnes y étant déjà ! Ce n’est pas, je suppose, votre objectif ; je demande donc le retrait de votre amendement – rejeté en commission –, sinon je donnerai un avis défavorable.
Mme la présidente
Quel est l’avis du gouvernement ?
Mme Stéphanie Rist, ministre
Le champ de l’article 19 est celui de la prévention primaire. Il s’agit d’un choc de prévention : prendre toutes les personnes âgées de 60 ans quand elles vont faire leur bilan de prévention, par exemple, examiner leur risque de développer un diabète et leur proposer un parcours préventif.
Votre amendement, en revanche, relève de la prévention tertiaire – un sujet sur lequel nous devons également avancer. C’est le sens des expérimentations dites « article 51 », en référence à la LFSS pour 2018 : éviter qu’une maladie déjà déclarée ne s’aggrave. Si vous avez subi un infarctus qui vous a conduit à l’hôpital, vous avez statistiquement de bonnes chances d’y retourner l’année suivante : c’est ce que certains parcours essayent justement d’éviter. L’évaluation des dispositifs de ce type doit être poursuivie, pour les généraliser ultérieurement.
Les dispositions de votre amendement ne relevant pas de la prévention primaire – l’objet de l’article – je lui donne un avis défavorable.
Mme la présidente
La parole est à M. Cyrille Isaac-Sibille.
M. Cyrille Isaac-Sibille
Nous voterons contre l’amendement : gardons-nous de prêter à l’article 19 des visées qui ne sont pas les siennes.
Je plaide depuis longtemps pour une politique industrielle de prévention, c’est-à-dire une politique massive et orientée selon des priorités. Trente maladies sont actuellement catégorisées en ALD – trente et une car il existe des maladies hors cadre. Nous devons établir des critères permettant d’évaluer le dispositif et lui attribuer un budget.
Quelles seraient vos priorités, madame la ministre, pour mener une telle politique industrielle de prévention – quelles maladies mises en avant, quels indicateurs utilisés pour son évaluation, quels moyens affectés à son déploiement ?
Mme la présidente
Je mets aux voix l’amendement no 1049.
(Il est procédé au scrutin.)
Mme la présidente
Voici le résultat du scrutin :
Nombre de votants 236
Nombre de suffrages exprimés 223
Majorité absolue 112
Pour l’adoption 44
Contre 179
(L’amendement no 1049 n’est pas adopté.)
Mme la présidente
L’amendement no 2500 de M. le rapporteur général est rédactionnel.
(L’amendement no 2500, accepté par le gouvernement, est adopté ; en conséquence, les amendements identiques nos 24, 592 et 1050 tombent.)
Mme la présidente
Je suis saisie de quatre amendements identiques, nos 23, 588, 593 et 1829.
La parole est à Mme Josiane Corneloup, pour soutenir l’amendement no 23.
Mme Josiane Corneloup
Cet article 19 est très important : il marque un virage vers la prévention, nécessaire face au vieillissement de la population et à l’apparition de pathologies chroniques qui l’accompagnent. On estime que 26 % de la population pourrait être en ALD en 2035, ce qui représenterait les trois quarts de la dépense d’assurance maladie. Il y a donc tout intérêt à mieux gérer ces personnes en ALD, mais surtout à repérer les patients le plus tôt possible et à éviter leur entrée en ALD.
Vous avez raison, il faut établir des parcours d’accompagnement renforcés, grâce au sport, à l’éducation à la santé et à d’autres actions. C’est essentiel, tout comme la définition de critères clairs avec la HAS. L’amendement vise aussi à associer les associations agréées d’usagers à la concertation visant à déterminer ces critères.
J’ajouterai un mot sur les cures thermales. Dans ma circonscription, à Bourbon-Lancy, un établissement thermal développe déjà des cures de prévention de trois semaines, afin d’apprendre aux personnes à prendre soin d’elles et à adopter les bons comportements – plutôt que de taxer, il vaut mieux inciter.
Mme la présidente
Sur les amendements identiques nos 23, 588, 593 et 1829, je suis saisie par le groupe La France insoumise-Nouveau Front populaire d’une demande de scrutin public.
Le scrutin est annoncé dans l’enceinte de l’Assemblée nationale.
La parole est à Mme Sandrine Runel, pour soutenir l’amendement no 588.
Mme Sandrine Runel
Cet amendement précise qu’aucun dépassement d’honoraires ne pourra être facturé dans le cadre des prestations de prévention des ALD. Cette précision est essentielle car elle conditionne l’efficacité de la mesure.
En effet, les dépassements d’honoraires risqueraient de désinciter fortement les personnes concernées. Or l’accès à la prévention est indispensable pour prévenir, ou au minimum diagnostiquer le plus tôt possible, le diabète, les AVC, la maladie de Parkinson, d’Alzheimer et toutes les pathologies chroniques.
Aujourd’hui, 6 millions de Français renoncent à des soins faute de moyens. Il est donc crucial de ne pas pénaliser les personnes en ALD et de leur permettre de bénéficier pleinement de la prévention et des soins nécessaires. (Mme Élisa Martin s’exclame.)
Mme la présidente
La parole est à M. Frédéric Maillot, pour soutenir l’amendement no 593.
M. Frédéric Maillot
Avec notre collègue Lebon, je défends une proposition formulée par France Assos Santé. Cet amendement vise à interdire explicitement le recours aux dépassements d’honoraires dans le cadre du parcours d’accompagnement préventif. Il ne s’agit pas d’anticiper nos débats à venir sur les dépassements d’honoraires, mais de rappeler que les patients en ALD supportent déjà un reste à charge, notamment à cause de ces dépassements.
Selon le rapport Igas-IGF de juin 2024, la dépense moyenne totale des assurés en ALD, pour les soins liés ou non à l’affection, est de 9 300 euros par an et leur reste à charge atteint en moyenne 840 euros par an. Jusqu’à 80 ans, les assurés en ALD supportent les restes à charge plus élevés que la population générale.
Il ne faudrait donc pas qu’un reste à charge de même nature vienne grever le parcours de soins en prévention de l’entrée en ALD de certains patients. Dans ce cas, ce parcours serait voué à l’échec.
Mme la présidente
La parole est à Mme Ségolène Amiot, pour soutenir l’amendement no 1829.
Mme Ségolène Amiot
À notre tour de nous opposer aux dépassements d’honoraires dans le cadre de ce parcours. Nous sommes évidemment favorables à la prévention de façon générale. Souhaitons que le dispositif prévu à l’article permette réellement d’offrir un panier de soins supplémentaires, et non d’opérer un tri entre les patients en ALD qui pourraient bénéficier d’un panier complet et ceux qui ne le pourraient pas.
Nous ne vous faisons pas de procès d’intention. Mais il est toutefois regrettable que l’amendement de réécriture du rapporteur ait fait tomber la proposition d’intégrer les associations d’usagers agréées à la concertation sur le parcours. Cette intégration, que nous défendions et que d’autres collègues soutenaient également, serait pourtant appréciable. Nous souhaitons que la précision puisse être intégrée au cours de la navette parlementaire.
Mme la présidente
Quel est l’avis de la commission ?
M. Thibault Bazin, rapporteur général
Mon amendement rédactionnel n’avait pas du tout pour vocation de faire tomber les vôtres. D’ailleurs, Mme Corneloup a défendu l’amendement no 24 qui est tombé.
Je constate que la séance est plus stricte que la commission, où nous travaillons dans un dialogue social permanent. (Sourires.)
Les usagers sont déjà étroitement associés aux travaux de la HAS pour l’élaboration de nouvelles recommandations, au sein de la commission recommandations, pertinence, parcours et indicateurs (CRPPI). Ils y occupent plusieurs postes, ce qui satisfait en partie votre demande.
En ce qui concerne les dépassements d’honoraires, tout dépendra du contenu du parcours, madame la ministre. Si l’on prend l’exemple de l’activité physique adaptée, elle sera réalisée par des kinésithérapeutes, des ergothérapeutes ou des psychomotriciens. Aucun de ces professionnels, à ma connaissance, ne pratique de dépassements d’honoraires tels que nous les entendons. En revanche, certains actes de prévention pourraient impliquer des examens de biologie ou d’imagerie.
En conclusion, tout dépendra du contenu précis du parcours et des actes retenus. Cela dépendra aussi des décisions que nous prendrons sur les articles à venir. Je ne veux pas anticiper mais l’article 26 m’inquiète grandement. J’ai peur que l’adoption de certains articles n’entraîne une multiplication des dépassements d’honoraires, au lieu de les limiter. C’est paradoxal par rapport à l’objectif affiché, mais si l’on introduit une taxation, les dépassements risquent d’augmenter encore pour compenser.
Ce n’est certes pas, j’y insiste, l’objet de cet article, ni de ces amendements mais, si certains actes du parcours de prévention étaient soumis à dépassements, cela irait à l’encontre de l’accès à ce parcours.
Les amendements ayant été adoptés en commission, je m’en remets à la sagesse de l’Assemblée.
Mme la présidente
Quel est l’avis du gouvernement ?
Mme Stéphanie Rist, ministre
Ces amendements sont satisfaits. Nous évoquerons plus tard les maisons France Santé et je reviendrai alors sur la structuration de l’organisation des soins.
L’article 19 vise à créer des parcours d’accompagnement destinés à éviter l’entrée en ALD. Comme dans le cadre des expérimentations créées par l’article 51 de la LFSS pour 2018 – auquel j’ai déjà fait allusion précédemment –, ces parcours reposent sur une prise en charge globale, sur la base d’un forfait. Il n’y a donc pas de dépassements d’honoraires possibles.
En outre, les usagers siègent dans les commissions de la HAS, avec deux représentants par commission.
Enfin, monsieur Isaac-Sibille, comment est financé l’article 19 ? Il fait partie de ces dispositifs qui entraînent une dépense financée par les maladies évitées grâce à la prévention.
Je demande le retrait de ces amendements ; à défaut j’y serai défavorable.
Mme la présidente
La parole est à M. Michel Lauzzana.
M. Michel Lauzzana
L’article 19 très important. Nous ne sommes pas dans le cadre de l’ALD – laissons-la de côté – mais d’un véritable parcours de prévention. Je suis surpris que personne ne l’ait encore souligné : nous débattons longuement sur le paiement à l’acte, sur ce que doit devenir la tarification à l’activité (T2A) dans les hôpitaux et, là, le gouvernement nous parle « parcours ». Or, c’est ce vers quoi nous devons tendre pour la santé du futur : financer des parcours plutôt que des actes.
Cet article est donc doublement intéressant : d’une part, il s’agit de prévention pour éviter de tomber malade ; d’autre part, il met en place un système, vertueux, qui s’appuie sur un parcours. Il faut favoriser de plus en plus ce type de fonctionnement et de financement.
Mme la présidente
La parole est à M. Hadrien Clouet.
M. Hadrien Clouet
Vous dénoncez un procès d’intention, mais ce n’en est pas un. Nous avons lu le rapport Igas-IGF sur lequel vous vous appuyez, ainsi que l’étude d’impact ou l’avis de notre collègue Jean-Didier Berger, rapporteur pour avis au nom de la commission des finances – page 101, si vous voulez le consulter, et n’hésitez pas, ça fera du bien à tout le monde.
Vous pouvez bien vous tortiller dans tous les sens pour le nier mais vous tentez bel et bien de créer un sous-parcours d’ALD. (Applaudissements sur de nombreux bancs du groupe LFI-NFP.) Comme on dit quand on est de droite : ce n’est pas une sous-ALD, c’est différent, moins bien pris en charge, moins bien remboursé. Prenez-nous pour des jambons !
Vous ciblez le diabète, l’hypertension ou l’obésité par exemple, et vous voulez mettre en place un parcours spécifique pour les personnes concernées. Les rapports que j’évoque – avis de M. Berger et étude d’impact – parlent de 473 millions d’euros d’économies anticipées. Qu’est-ce que cela signifie ? Économise-t-on sur les patients pour leur offrir de meilleurs soins ? Selon vous, on va mettre moins d’argent, et ils iront mieux. (Mêmes mouvements.) Soyons sérieux !
Quant aux dépassements d’honoraires, le rapport Igas-IGF indique leur présence dans « une moindre proportion ». Soit vous désavouez vos propres services, soit vous nous apportez des explications (MM. Manuel Bompard et Pierre-Yves Cadalen applaudissent.)
Mme la présidente
Je mets aux voix les amendements identiques nos 23, 588, 593 et 1829.
(Il est procédé au scrutin.)
Mme la présidente
Voici le résultat du scrutin :
Nombre de votants 240
Nombre de suffrages exprimés 163
Majorité absolue 82
Pour l’adoption 116
Contre 47
(Les amendements identiques nos 23, 588, 593 et 1829 sont adoptés.)
(L’article 19, amendé, est adopté.)
Après l’article 19
Mme la présidente
Sur l’amendement no 2095, portant article additionnel après l’article 19, je suis saisie par le groupe La France insoumise-Nouveau Front populaire d’une demande de scrutin public.
Le scrutin est annoncé dans l’enceinte de l’Assemblée nationale.
La parole est à M. Philippe Juvin, pour soutenir cet amendement.
M. Philippe Juvin
Je ne sais pas si certains d’entre vous ont vu ce film, qui a une vingtaine d’années, Minority Report. Il raconte un monde où l’on peut annoncer qu’une personne va commettre un crime dans deux, trois, quatre ou cinq jours, et agir en conséquence.
En matière médicale, un algorithme a été mis au point, testé et même publié. Il analyse les données de l’assurance maladie sur les deux dernières années – elles ne sont pas totalement anonymisées. Cet algorithme permet de prévoir 25 % des cas de mort subite – c’est-à-dire d’arrêt cardiaque brutal. C’est d’ailleurs pourquoi l’on installe des défibrillateurs partout. Grâce à cet outil, on peut identifier les personnes à risque et leur proposer un dépistage ou un défibrillateur automatique.
Cette recherche est publiée et assumée dans le cadre de la mort subite. Il est probable que l’algorithme sera développé et amélioré, et qu’il pourra ensuite être appliqué à d’autres maladies comme le cancer du sein, du pancréas ou du côlon.
L’amendement que je propose est simple : permettre à chaque Français de demander une consultation numérique de prévention à l’assurance maladie, grâce à ses propres données. C’est la prévention de demain.
Mme la présidente
Quel est l’avis de la commission ?
M. Thibault Bazin, rapporteur général
Je n’ai pas consommé de Vodys mais j’ai vu ce film ! (« Ah ! » sur quelques bancs des groupes EPR, SOC et Dem.)
J’en profite, monsieur le rapporteur général du budget, pour vous informer d’un sujet très important, qui relève de la tuyauterie entre projet de loi de finances (PLF) et PLFSS.
Au banc, le gouvernement a pris l’engagement de compenser totalement les exonérations ciblées, notamment celles concernant les heures supplémentaires. (Exclamations sur quelques bancs du groupe LFI-NFP.) Il faudra donc veiller à ce que cette compensation se fasse correctement – cela n’arrangera pas « votre » déficit, mais cela contribuera à réduire le « nôtre ». (Sourires.)
J’ai davantage de questions que d’avis sur votre amendement. Comment la consultation numérique de prévention que vous évoquez pourrait-elle être massivement déployée ? J’imagine que cela demanderait des moyens importants. A-t-elle déjà été expérimentée ? Comment traitez-vous la question complexe de la protection des données de santé ? Je dois vous avouer que je suis un peu dépassé. Je préfère donc m’en remettre à la sagesse de l’Assemblée.
M. Pierre Pribetich
Utilisez l’intelligence artificielle !
Mme la présidente
Quel est l’avis du gouvernement ?
Mme Stéphanie Rist, ministre
La prévention personnalisée est un sujet passionnant. C’est un enjeu scientifique, un enjeu de partage de données – en ce sens, il concerne la Commission nationale de l’informatique et des libertés (Cnil) – et d’éthique. En effet, que fait-on une fois qu’on sait qu’on a 27 % de chances de faire prochainement un arrêt cardiaque ? Cela entraîne beaucoup de questions. On est en train de structurer Health Data Hub, la Plateforme des données de santé, pour pouvoir stocker et croiser les données – qui excèdent le périmètre de l’assurance maladie. Votre proposition est intéressante mais il est, me semble-t-il, un peu tôt pour nous en saisir. Avis défavorable.
Mme la présidente
La parole est à M. Cyrille Isaac-Sibille.
M. Cyrille Isaac-Sibille
Merci, docteur Juvin, pour cette proposition intéressante. Elle va au-delà de la prévention : il s’agit de la médecine prédictive. (M. Philippe Juvin acquiesce.) Dès à présent, les données familiales et personnelles – notamment le parcours du patient – permettent d’anticiper à dix, quinze, vingt ou trente ans les maladies qu’il va développer, ce qui permet d’ajuster les mesures de prévention tout au long de la vie. Nous sommes très ouverts à cette perspective.
Madame la ministre, je repose ma question : quels sont les objectifs de l’article 19, quels moyens y seront alloués, et à l’aide de quels indicateurs ?
Mme la présidente
La parole est à Mme Delphine Batho.
Mme Delphine Batho
Minority Report n’est pas un film d’horreur mais il alerte sur les dérives éthiques auxquelles pourrait conduire une société gouvernée par des algorithmes. Si on adoptait votre proposition, on n’en resterait pas là : il n’y aurait pas que les données de santé qui seraient versées à l’algorithme ; petit à petit, celui-ci intégrerait tous les aspects d’un mode de vie. Et puis pourquoi n’utiliserait-on ces données que pour les besoins de la politique de santé ? Les assurances chercheraient à savoir si tel client va mourir bientôt ou non (Applaudissements sur les bancs du groupe EcoS) ; les banques également – souvenez-vous, il a fallu batailler pour qu’elles acceptent d’accorder des prêts aux personnes qui se sont remises d’un cancer (Applaudissements sur les bancs du groupe EcoS et sur plusieurs bancs des groupes SOC et GDR) – hésiteront à prêter de l’argent à ceux chez qui l’algorithme identifiera le risque de développer telle ou telle maladie.
M. Jean-Paul Lecoq
Et les employeurs !
Mme Delphine Batho
Quel que soit l’intérêt de votre proposition, monsieur Juvin, celle-ci doit être soumise au Conseil consultatif national d’éthique (CCNE) car on ne peut pas faire n’importe quoi avec les données numériques. En matière de prévention, il y a plein de choses à faire : éliminons les pesticides, prescrivons du sport santé et vous verrez que la France s’en portera mieux ! (Applaudissements sur les bancs du groupe EcoS et sur quelques bancs des groupes LFI-NFP, SOC et GDR.)
M. Frédéric Maillot
Excellent !
Mme la présidente
La parole est à M. le président de la commission des affaires sociales.
M. Frédéric Valletoux, président de la commission des affaires sociales
Je soutiens – en toute modestie – l’amendement de Philippe Juvin. Je ne sais pas s’il a bien fait de citer le film, car celui-ci met le curseur très loin…
M. Emeric Salmon
Et encore, il n’a pas parlé de Bienvenue à Gattaca…
M. Frédéric Valletoux, président de la commission des affaires sociales
…et la réponse qui lui a été faite montre qu’on est un peu dans le fantasme. La réalité c’est que des équipes médicales publiques, celles de l’hôpital public, pourraient trouver, grâce à cette proposition, les moyens de structurer, d’appuyer et de faire reconnaître des recherches qui sont déjà menées et qui doivent être accompagnées. La loi a toujours un petit temps de retard ; en l’occurrence, les choses vont très vite. Nous avons la chance d’avoir des chercheurs qui réfléchissent à ces questions dans une optique éthique, celle du service public, et qui empêchent la France de décrocher dans ce domaine crucial. La question de la médecine prédictive se posera de plus en plus dans les années qui viennent. L’adoption de la proposition de Philippe Juvin permettrait de conforter rapidement les équipes concernées, dans des recherches qui représentent un plus pour notre pays mais qui doivent être encadrées, et elle garantirait que, pour une fois, nous ne serions pas trop en retard.
Mme la présidente
Je mets aux voix l’amendement no 2095.
(Il est procédé au scrutin.)
Mme la présidente
Voici le résultat du scrutin :
Nombre de votants 244
Nombre de suffrages exprimés 212
Majorité absolue 107
Pour l’adoption 45
Contre 167
(L’amendement no 2095 n’est pas adopté.)
Mme la présidente
L’amendement no 902 de M. Éric Woerth est défendu.
Quel est l’avis de la commission ?
M. Thibault Bazin, rapporteur général
L’amendement n’a pas été examiné en commission. Avis défavorable.
(L’amendement no 902, repoussé par le gouvernement, n’est pas adopté.)
Article 20
Mme la présidente
La parole est à M. Christophe Bentz.
M. Christophe Bentz
L’article 20 nous laisse – c’est peu de le dire – sceptiques et réservés. En effet, il franchit une nouvelle étape vers l’obligation vaccinale des soignants, à laquelle nous nous opposons par principe. Nous n’avons pas déposé d’amendement de suppression – à dessein car nous voulons corriger l’article. Notre vote final sera conditionné à l’adoption d’une série d’amendements. Plusieurs concernent la place des agences régionales de santé (ARS), auxquelles vous donnez davantage de prérogatives – nous nous y opposons, naturellement, même s’il s’agit en l’occurrence du pilotage des centres de santé. Nous proposons des amendements de suppression partielle, portant sur les parties les plus problématiques de l’article, celles qui concernent l’obligation vaccinale des soignants. Notre collègue Guillaume Florquin défendra également un amendement relatif aux contre-indications médicales.
Nous réaffirmons avec fermeté notre attachement au principe de liberté vaccinale, une déclinaison de celui de liberté personnelle – la France est un pays de liberté. Par ailleurs, franchir une nouvelle étape vers l’obligation vaccinale risque d’aggraver encore la carence de soignants. En effet, cela peut dissuader les futurs étudiants en médecine et en métiers de santé de s’engager dans cette voie, faisant tarir les vocations, et décourager les médecins retraités, tentés par le cumul emploi-retraite. Certains soignants pourraient également décider de changer d’activité.
Nous réservons notre vote, qui sera fonction de votre capacité d’entendre l’inquiétude légitime des soignants. (Applaudissements sur les bancs des groupes RN et UDR.)
Mme la présidente
Sur les amendements nos 428 et 1749, je suis saisie respectivement par les groupes Droite républicaine et Rassemblement national de demandes de scrutin public.
Les scrutins sont annoncés dans l’enceinte de l’Assemblée nationale.
La parole est à Mme Nicole Dubré-Chirat.
Mme Nicole Dubré-Chirat
L’article 20 traite de la prévention, notamment de la vaccination, dans un double objectif : protéger les personnes et lutter contre la propagation des maladies. C’est un défi majeur pour le pays, à cause des groupes antivaccination.
La nouvelle stratégie Vaccination et immunisation 2025-2030 a pour ambition de répondre aux enjeux de simplification et d’efficience. Les objectifs sont les suivants : simplifier l’organisation territoriale de l’offre vaccinale pour rendre celle-ci plus accessible et mieux adaptée aux réalités de terrain – cela permettra de mieux protéger les populations fragiles, notamment les enfants et les personnes âgées ou vulnérables ; actualiser les obligations vaccinales, notamment le vaccin contre la grippe – cela concerne les professionnels des secteurs sanitaire, médico-social et de la petite enfance. C’est une mesure de bon sens pour limiter la circulation des virus en hiver dans les lieux collectifs fréquentés par des patients fragiles, et éviter les maladies, les arrêts de travail et les complications chez les personnes à risque. Je rappelle que la grippe touche 2 à 6 millions de personnes chaque année et provoque 10 000 décès. Si cette proposition est adoptée, la Haute Autorité de santé (HAS) sera sollicitée pour nous adresser ses recommandations en matière vaccinale.
Juste un mot sur les cures : monsieur Bazin, vous avez mal interprété mon propos qui ne visait pas à exclure complètement les cures. Cependant, la HAS ne fait pas de recommandations en la matière ; l’évaluation des bienfaits des séjours en cure est réalisée par les établissements eux-mêmes. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe EPR.)
Mme la présidente
La parole est à Mme Justine Gruet.
Mme Justine Gruet
On touche à un sujet sensible. Considérons les deux grandes statues qui nous font face dans cet hémicycle. Elles symbolisent les deux principes qui permettent de vivre en collectivité : la liberté et l’ordre public. À droite, on défendra toujours la liberté mais on endosse également la responsabilité de protéger les plus vulnérables. Il faut piloter la politique de santé dans la proximité tout en adoptant une communication nationale en matière de prophylaxie. Députée de la circonscription de Louis Pasteur – il est né à Dole et a exercé à Arbois, réalisant de nombreuses expériences dans son laboratoire –, je crois que nous devons recréer un lien de confiance avec la vaccination.
Pour cela, chaque acteur a un rôle important à jouer : l’ARS donne la vision globale et promeut la stratégie ministérielle ; les communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS) coordonnent l’action des professionnels de santé, comme ils l’ont fait lors de la vaccination contre le covid ; les médecins traitants font de la pédagogie et ciblent les patients qu’ils connaissent le mieux – leur rôle est à cet égard essentiel ; les infirmières et les pharmaciens s’occupent concrètement du déploiement de l’action vaccinale. Il faut aller au plus près des patients pour les sensibiliser à la responsabilité qui consiste à protéger les plus vulnérables ; c’est ainsi qu’on arrivera – je reviens au préambule de mon intervention – à vivre en collectivité.
Mme la présidente
La parole est à M. Hendrik Davi.
M. Hendrik Davi
L’article 20 vise à renforcer et à clarifier notre politique vaccinale dans un contexte où la prévention doit redevenir la priorité nationale. Il confie aux ARS le pilotage des centres de vaccination et actualise les obligations vaccinales pour les professionnels de santé et de la petite enfance. Une fois n’est pas coutume, ces mesures vont dans le bon sens. La santé est un bien commun et la vaccination contribue à la préserver : elle protège les individus et, par là, la collectivité tout entière. C’est l’un des outils les plus efficaces de santé publique, qui sauve chaque année des milliers de vies, réduit le nombre des hospitalisations et aide à préserver notre système de soins.
Cependant, cette politique ne peut réussir que si elle est comprise, partagée et fondée sur la confiance. Rendre la vaccination plus accessible, plus transparente et mieux organisée, c’est aussi renforcer l’adhésion de nos concitoyens et réaffirmer la responsabilité collective qui fonde la santé publique. Cette confiance est menacée par la recherche de profit des laboratoires pharmaceutiques qui produisent les vaccins : le refus de la vaccination de beaucoup de nos concitoyens vient de leur méfiance envers ce mécanisme, et il va falloir travailler sur cette question.
Enfin, même si ce n’est pas le sujet, j’ajouterai que le dérèglement climatique augmente les risques de maladies virales, notamment d’infections émergentes – qui ne connaissent pas de frontières. Un des objectifs pour l’avenir serait de développer la vaccination contre le chikungunya, la dengue et d’autres maladies similaires. Notez d’ailleurs que, tant que ces maladies concernaient les territoires d’outre-mer, on n’avait pas cherché de vaccins ; maintenant qu’elles nous concernent, les travaux sont légion. Face au risque qu’elles représentent, la solution consisterait aussi à transformer notre modèle productiviste et nos modes de vie. Alors que s’ouvre la COP30, cet enjeu du climat est étrangement absent de nos débats. (Mme Cyrielle Chatelain applaudit.)
Mme la présidente
La parole est à M. Cyrille Isaac-Sibille.
M. Cyrille Isaac-Sibille
En 1900, l’espérance de vie était de 45 ans. Si elle a pratiquement doublé, c’est grâce à deux choses : la vaccination et les antibiotiques. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe EPR. – M. Dominique Potier applaudit également.) La politique de vaccination est donc essentielle ; c’est un des premiers actes de prévention. Il faut bien sûr soutenir l’article 20 et mieux structurer notre action – comme je l’ai dit, je plaide pour une politique industrielle de prévention. Pour cela, il faut disposer d’outils adaptés.
Avez-vous, personnellement, ouvert votre dossier médical partagé (DMP) et Mon espace santé ? Celui-ci contient-il vraiment votre carnet de vaccination électronique ? Non. Il y a quelques jours, je me suis fait vacciner contre la grippe, au cabinet médical de l’Assemblée nationale ; j’ai demandé qu’on l’inscrive dans mon DMP, mais on m’a répondu que ce n’était pas possible. Comment voulez-vous avoir une politique industrielle de prévention et de vaccination si, en face, les outils manquent ? Consultez votre espace santé et vous verrez que vous ne savez pas quel est votre état vaccinal ! J’ai consulté le mien : les seules vaccinations qui y figurent sont celles contre le covid il y a quatre ou cinq ans.
Madame la ministre, l’article 20 est essentiel ; mais demandez à l’assurance maladie, qui est maintenant chargée de la gestion de Mon espace santé, que celui-ci intègre un véritable carnet de vaccination électronique qui contiendrait toutes les vaccinations et prévoirait des rappels, avec envoi de textos lorsque vous devez vous faire administrer un vaccin. Le vétérinaire est capable de vous envoyer un texto pour vous rappeler de vacciner votre animal de compagnie ; pour les patients humains, cette possibilité n’existe pas. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe EPR.)
Mme la présidente
La parole est à M. Jérôme Nury, pour soutenir l’amendement de suppression no 428.
M. Jérôme Nury
Cet article, qui instaure une obligation vaccinale contre la grippe en Ehpad, me donne le sentiment de revenir cinq ans en arrière quand, dans cet hémicycle, la représentation nationale et le gouvernement, dans un grand délire collectif, ont adopté le passe sanitaire et le passe vaccinal, privant de liberté des millions de citoyens.
Dans cet article 20, le gouvernement propose de créer un passe vaccinal spécial Ehpad pour les résidents et les soignants. Adieu liberté individuelle, consentement libre et éclairé : on infantilise et on contraint d’une manière inacceptable ! L’industrie pharmaceutique doit déjà se frotter les mains à l’idée de fournir 1 million de doses de vaccin à tous les résidents et personnels des Ehpad.
Considérant qu’il est préférable d’inciter et de laisser le choix, plutôt que de contraindre, je propose la suppression de cet article.
Mme la présidente
Quel est l’avis de la commission ?
M. Thibault Bazin, rapporteur général
Je comprends votre inquiétude, eu égard à tous les débats qui ont pu exister il y a quelques années, mais je vais tenter de vous rassurer. Tout d’abord, l’obligation du vaccin contre la grippe existe déjà dans les établissements sanitaires et médico-sociaux, mais elle peut être suspendue si les conditions épidémiologiques le permettent. D’ailleurs, l’article ne concerne pas que la grippe, mais aussi la rougeole, qui réapparaît et peut entraîner de graves complications. Ensuite, la mesure est très ciblée : elle concerne les professions à risque, qui sont en contact avec un public très vulnérable.
J’ai déposé sur cet article une dizaine d’amendements, tous rédactionnels – et tous défendus, évidemment – à l’exception d’un seul, le plus important, qui précisera que cette obligation vaut « sauf contre-indication médicale ».
C’est donc une demande de retrait, sinon avis défavorable.
Mme la présidente
Quel est l’avis du gouvernement ?
Mme Stéphanie Rist, ministre
Cet article est sensible, compte tenu des nombreuses fausses informations qui circulent sur les réseaux sociaux. Nous devons donc en débattre pour rassurer les Français qui nous écoutent. Les professionnels soignants sont déjà soumis à des obligations vaccinales contre la diphtérie, le tétanos, la poliomyélite et l’hépatite B.
Mme Liliana Tanguy
C’est lié à la profession !
Mme Stéphanie Rist, ministre
Nous allons rajouter le ROR (rougeole, oreillons, rubéole), puisque 80 % des infections par ROR sont nosocomiales, donc transmises par les soignants.
Je comprends que vous souleviez la question de la liberté vaccinale, mais les soignants sont déjà soumis à des obligations vaccinales. En effet, des études ont montré que ces vaccins les protègent eux-mêmes, mais aussi les malades dont ils s’occupent.
Cet article indique que si la HAS, qui est indépendante, valide scientifiquement le bénéfice que les patients tireront de la vaccination des soignants contre la grippe, l’obligation sera instaurée. La HAS a été saisie, mais nous n’aurons les résultats de ses travaux qu’à la fin du premier semestre 2026. Nous avons déjà inscrit cette mesure dans l’article 20 car, dans le cas où elle recommanderait la vaccination, nous pourrions démarrer la prochaine campagne dès avant l’adoption du PLFSS pour 2027.
Nous savons déjà qu’il existe un intérêt personnel à se faire vacciner ; les études le montrent pour les personnes âgées de plus de 65 ans et celles atteintes de maladies chroniques. D’ailleurs, c’est maintenant qu’elles doivent se faire vacciner, puisque la grippe n’est pas encore là mais va bientôt arriver, comme tous les ans. Si la HAS valide l’intérêt collectif de la vaccination, nous l’imposerons aux soignants l’année prochaine.
Avis défavorable sur ces amendements de suppression. Cet article sert l’intérêt des patients et des soignants.
Mme la présidente
La parole est à Mme Geneviève Darrieussecq.
Mme Geneviève Darrieussecq
C’est un sujet à la fois délicat, philosophique et de santé publique. Les libertés individuelles s’arrêtent là où les libertés collectives sont entravées. Or, face à une épidémie, les choses sont complexes car un virus se transmet avant même que l’on soit malade. Quand on est soignant, éviter d’être malade permet tout de même d’éviter de contaminer des patients fragilisés.
Mme Liliana Tanguy
Bien sûr !
Mme Geneviève Darrieussecq
Il faut être très concret. L’idéologie n’a pas sa place ici : les soignants sont là pour soigner, mais aussi pour protéger leurs patients, et ils le font avec beaucoup de conscience professionnelle. Je suis donc défavorable à cet amendement. (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe Dem.)
Mme la présidente
La parole est à Mme Annie Vidal.
Mme Annie Vidal
Nous sommes également opposés à cet amendement de suppression de l’article, parce que la politique vaccinale relève de la prévention.
J’en profite, madame la ministre, pour vous interpeller à propos d’un amendement qui, malheureusement, a été jugé irrecevable. Il consistait à proposer une expérimentation pour soutenir la politique vaccinale sur nos territoires, en s’appuyant sur les acteurs sanitaires, sociaux, médico-sociaux, et sur les élus locaux. Pour soutenir une politique vaccinale, c’est l’aller vers qui produit le plus d’effet. J’aimerais donc savoir si, indépendamment de ce PLFSS, une telle expérimentation pourrait être envisagée.
Mme la présidente
La parole est à Mme Ségolène Amiot.
Mme Ségolène Amiot
Si nous sommes, en général, pour la prévention et l’incitation massive à la vaccination, l’obligation vaccinale pour les résidents en Ehpad nous laisse dubitatifs parce qu’ils y sont à domicile. Que fait-on si les résidents refusent d’être vaccinés ? Si la curatelle refuse que le résident soit vacciné ? Les met-on à la porte, les force-t-on ? C’est une question sincère : que fait-on des personnes dans la mesure où elles sont chez elles, en Ehpad ?
Mme la présidente
La parole est à M. Bertrand Bouyx.
M. Bertrand Bouyx
J’entends des collègues parler de liberté vaccinale alors que nous devons non seulement nous intéresser à l’ordre public, mais aussi à la santé publique. Il faudra tôt ou tard aborder la question de l’assurance multirisque professionnelle des établissements qui ne favorisent pas ces politiques de santé publique, ou qui passent au travers. Il est insupportable d’entendre parler de liberté sans qu’il soit question de la responsabilité des professionnels de santé. S’il est impossible d’obliger les professionnels de santé à se faire vacciner, il faudra peut-être qu’ils assument financièrement leurs responsabilités. (Mme Sandra Marsaud et M. Michel Lauzzana applaudissent.)
Mme la présidente
La parole est à M. Christophe Bentz.
M. Christophe Bentz
Je partage en partie les préoccupations de notre collègue Nury. Madame la ministre, je vous remercie pour votre début de réponse dans ce débat important, sensible, que nous devons avoir sur le fond.
Évidemment, il existe déjà certaines obligations vaccinales, mais vous confirmez bien l’ajout de nouveaux vaccins. Ce ne sont donc pas de fausses informations qui circulent, sur les réseaux sociaux notamment, mais une inquiétude légitime exprimée par les soignants.
Mme Stéphanie Rist, ministre
Il y a aussi de fausses informations qui circulent !
M. Christophe Bentz
Nous ne voterons pas cet amendement de suppression car nous voulons mener un débat de fond en défendant nos amendements. Nous allons nous abstenir, mais nous conditionnerons notre vote final à l’adoption de nos amendements. (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe RN.)
Mme la présidente
La parole est à Mme la ministre.
Mme Stéphanie Rist, ministre
Je souhaite répondre à Mme Amiot, qui demande ce que l’on fait si les patients ne souhaitent pas être vaccinés dans les Ehpad. D’abord, 82 % des résidents en Ehpad sont vaccinés.
Mme Ségolène Amiot
Tant mieux !
Mme Stéphanie Rist, ministre
C’est bien mais on peut faire mieux ce qui motive cette obligation. Si elle est adoptée, suivant les recommandations à venir de l’HAS, il relèvera de la responsabilité gouvernementale d’assumer les données scientifiques qui entraînent cette obligation. C’est une façon de rassurer beaucoup de nos concitoyens inquiets face à la vaccination.
Mme Ségolène Amiot
Au contraire, cela favorise la défiance !
Mme Stéphanie Rist, ministre
En revanche, seuls 25 % des soignants sont vaccinés, à ce jour, contre la grippe. Un énorme effort est à faire auprès des soignants pour, au minimum, les inciter à se faire vacciner.
En ce qui concerne la décision de retirer ou pas les personnes des Ehpad, les décisions seront prises en concertation avec les directeurs d’établissement et les comités de patients. Notre volonté n’est pas d’exclure des résidents, mais, lorsque la HAS aura confirmé le bénéfice collectif de la vaccination, de rassurer et d’inciter plus de soignants à se faire vacciner. Il n’est pas normal que, dans notre pays, seuls 25 % des soignants soient vaccinés contre la grippe. (Applaudissements sur quelqes bancs du groupe EPR.)
Mme la présidente
Je mets aux voix l’amendement no 428.
(Il est procédé au scrutin.)
Mme la présidente
Voici le résultat du scrutin :
Nombre de votants 237
Nombre de suffrages exprimés 146
Majorité absolue 74
Pour l’adoption 43
Contre 103
(L’amendement no 428 n’est pas adopté.)
Mme la présidente
La parole est à M. Christophe Bentz, pour soutenir l’amendement no 1749.
M. Christophe Bentz
Madame la ministre, je vous avais promis cet amendement qui vise à supprimer le rôle des agences régionales de santé (ARS) dans le pilotage des centres de vaccination. Nous souhaitons, comme vous le savez, la suppression de ces agences et nous ne voulons surtout pas leur donner de nouvelles prérogatives.
Pendant le Covid, les centres de vaccination ont très bien été pilotés par le couple maire-préfet. C’est l’organisation que nous proposons, plutôt que de passer par les ARS. Il y a trois jours, j’ai publié un rapport sur le rôle des collectivités territoriales en matière de santé : nous avons des propositions à vous faire pour réorganiser autrement le pilotage de la santé et, en l’occurrence, de la vaccination. (Applaudissements sur les bancs des groupes RN et UDR.)
Mme la présidente
Quel est l’avis de la commission ?
M. Thibault Bazin, rapporteur général
Nous avons déjà débattu en commission sur ce point. Dans certains territoires, les collectivités pilotent la vaccination, mais il est important qu’un pilotage unifié des activités de vaccination existe dans chaque territoire. Parfois, les collectivités ne peuvent pas l’assurer, ou ne le souhaitent pas. Il peut être important que ce pilotage relève d’une émanation de l’État. La question de la manière de déconcentrer l’État dans les territoires peut se poser : puisque vous souhaitez la suppression des ARS, regrettez-vous les DDASS (directions départementales des affaires sanitaires et sociales) ?
M. Christophe Bentz
Tout à fait !
M. Thibault Bazin, rapporteur général
Mais ce n’est pas trop le sujet. Demande de retrait, sinon avis défavorable.
Mme la présidente
Quel est l’avis du gouvernement ?
Mme Stéphanie Rist, ministre
Le rôle des ARS peut faire débat, mais il ne faut pas céder à la simplification – et je ne dis pas que c’est ce que vous faites. D’ailleurs le dispositif peut connaître des améliorations.
On l’a vu pendant la pandémie de covid, notre politique vaccinale suppose une chaîne de commandement courte et efficace. Elle l’est, même quand elle passe par les ARS : le rapport d’Agnès Firmin Le Bodo pour la commission des affaires sociales l’a démontré, à mon étonnement, à l’issue de la crise sanitaire.
Qu’il faille renforcer l’ancrage territorial des ARS, je vous rejoins là-dessus, d’autant que la configuration la plus efficace est celle qui repose sur le couple formé par le directeur de l’ARS ou le préfet, d’une part, et le maire et le président du conseil départemental, d’autre part. En tout cas, simplifier au nom de l’efficacité ne fonctionne pas toujours. Avis défavorable.
Mme la présidente
La parole est à M. Jean-François Rousset.
M. Jean-François Rousset
Qui pourrait remettre en question l’efficacité de la vaccination contre la poliomyélite, qui a permis d’éradiquer la maladie ? (Applaudissements sur quelques bancs du groupe EPR.)
Quand on parle de liberté, il faut parler de responsabilité. On dispose d’un vaccin qui coûte zéro francs six sous, qui permet d’éviter la grippe, une maladie mortelle pour les plus fragiles, et la multiplication des arrêts maladie chez ceux qui travaillent.
On doit sans doute débattre de l’organisation de la vaccination et du rôle qu’y joueront les ARS, les médecins généralistes ou une infirmière ; en revanche, on ne devrait pas débattre de l’importance de la vaccination. Comme l’a dit notre collègue Bouyx, il n’est pas impossible qu’un jour un patient ou une famille porte plainte contre un soignant qui a pris en charge une personne âgée fragile et lui a transmis la grippe.
Je ne comprends pas comment, en 2025, on peut en être encore là au sujet des vaccinations. Ce débat me paraît être d’un autre temps ! (Applaudissements sur les bancs du groupe EPR.)
Mme la présidente
Je mets aux voix l’amendement no 1749.
(Il est procédé au scrutin.)
Mme la présidente
Voici le résultat du scrutin :
Nombre de votants 235
Nombre de suffrages exprimés 205
Majorité absolue 103
Pour l’adoption 86
Contre 119
(L’amendement no 1749 n’est pas adopté.)
Mme la présidente
L’amendement no 2502 de M. Thibault Bazin, rapporteur est rédactionnel.
(L’amendement no 2502, accepté par le gouvernement, est adopté.)
Mme la présidente
Sur l’amendement n° 1748, je suis saisie par le groupe Rassemblement national d’une demande de scrutin public.
Le scrutin est annoncé dans l’enceinte de l’Assemblée nationale.
La parole est à M. Christophe Bentz, pour le soutenir l’amendement.
M. Christophe Bentz
Le sort de cet amendement pourrait faire basculer le vote final de l’article 20. Il tend à supprimer les alinéas 4 à 16 de l’article, ceux qui posent le plus problème.
Ces alinéas portent sur une nouvelle obligation vaccinale des soignants. Rappelons que ceux-ci sont déjà soumis à une telle obligation, mais que vous voulez aller plus loin.
Nous sommes attachés à la liberté vaccinale et nous voulons la protéger. C’est un principe fondamental. En matière de vaccination, notre position est très simple : convaincre plutôt que contraindre. (Applaudissements sur les bancs du groupe RN.)
Mme la présidente
Quel est l’avis de la commission ?
M. Thibault Bazin, rapporteur général
Cet amendement que vous considérez comme un pont de bascule porte sur les trois quarts de l’article. Autant dire que ce qui pourrait faire basculer votre vote n’est pas négligeable !
L’obligation vaccinale dont il est question est ciblée sur les professionnels qui sont au contact des publics les plus vulnérables. Elle ne repose pas sur un principe de généralisation, mais sur un principe de ciblage.
Il en va de même pour la vaccination contre la rougeole, qui cible, entre autres, les personnes au contact d’enfants, chez qui les risques de contamination sont importants.
Votre amendement ne me semble pas pertinent, car il tend à vider l’article de sa substance. Supprimer ce dernier vous aurait permis d’atteindre le même résultat, et nous aurions gagné du temps.
Je demande le retrait de votre amendement, sinon mon avis sera défavorable.
Mme la présidente
Quel est l’avis du gouvernement ?
Mme Stéphanie Rist, ministre
L’amendement ne tend pas à supprimer l’article 20, mais presque tous ses alinéas !
Vous l’avez clairement indiqué, vous êtes contre l’obligation vaccinale. Moi non plus, je n’aime pas les obligations et j’aurais préféré qu’une simple incitation fonctionne, mais quand on est aux responsabilités, on est obligé de protéger les gens.
La rougeole est une maladie grave, qui n’est pas seulement infantile : elle peut provoquer des malformations chez le bébé d’une femme enceinte et peut être mortelle dans certains cas. Or, dans 83 % des cas, la rougeole est une infection nosocomiale, contractée dans un établissement de santé. C’est ma responsabilité, sachant que les soignants sont très peu vaccinés, d’aller au-delà de la simple incitation.
Je comprends la facilité qu’il y a à choisir de convaincre, d’autant que moi aussi, je m’y emploie. Il est temps de se faire vacciner. Je dis à tous les soignants du pays de se vacciner contre la grippe, pour protéger leurs patients. S’ils me suivent, nous n’aurons pas besoin d’obligation vaccinale.
Mme la présidente
La parole est à M. Nicolas Turquois.
M. Nicolas Turquois
Il n’y a pas si longtemps, la vaccination était obligatoire. Les enfants étaient vaccinés par le BCG et on ne se posait pas de telles questions. Depuis, quelque chose s’est perdu, et on voit se développer des doutes sur la vaccination, sûrement alimentés par les réseaux sociaux. Je suis, pour ma part, favorable à la vaccination, mais j’ai entendu, au moment du covid, les résistances qui se sont exprimées à l’égard de l’obligation vaccinale, en particulier outre-mer, aux Antilles, mais aussi dans les hôpitaux de l’Hexagone.
Défavorable à cet amendement, je suis convaincu qu’il faut aller vers la vaccination obligatoire, mais en faisant preuve de beaucoup de pédagogie, car un nouveau blocage nous empêcherait d’atteindre notre objectif. Madame la ministre, quelle méthode envisagez-vous pour aller vers l’obligation vaccinale et créer de l’adhésion ?
Mme la présidente
La parole est à Mme Sandrine Dogor-Such.
Mme Sandrine Dogor-Such
Monsieur Rousset, je vous ai bien écouté. On ne défend pas la santé publique en piétinant la liberté individuelle.
M. Michel Lauzzana
Oh là là !
Mme Sandrine Dogor-Such
Rendre la vaccination obligatoire, c’est oublier le consentement éclairé, qui est un droit.
M. Michel Lauzzana
C’est une honte !
Mme Delphine Batho
La vaccination protège la santé des autres !
Mme Sandrine Dogor-Such
À ce sujet, je vous renvoie à l’article L. 111-4 du code de la santé publique.
Lorsque nous examinions la proposition de loi relative à la fin de vie, beaucoup défendaient la liberté de choisir. En matière de vaccination, c’est pareil : chacun doit être libre de se faire vacciner ou pas.
Alors que nous manquons de soignants, certains d’entre eux ont été purement et simplement écartés parce qu’ils avaient refusé un vaccin. C’est une faute. Ces femmes et ces hommes ont souvent servi au plus fort de la crise sanitaire ; ils méritent le respect, pas la sanction ! (Applaudissements sur les bancs du groupe RN.) La vaccination doit rester un choix éclairé, fondé sur la confiance et non sur la contrainte. Les Français n’ont pas besoin d’injonctions, ils ont besoin de clarté, de transparence et de liberté.
Protéger, ce n’est pas imposer. La République, ce n’est pas la peur ! (Applaudissements sur les bancs du groupe RN.)
Mme la présidente
Je mets aux voix l’amendement no 1748.
(Il est procédé au scrutin.)
Mme la présidente
Voici le résultat du scrutin :
Nombre de votants 228
Nombre de suffrages exprimés 202
Majorité absolue 102
Pour l’adoption 85
Contre 117
(L’amendement no 1748 n’est pas adopté.)
Suspension et reprise de la séance
Mme la présidente
La séance est suspendue.
(La séance, suspendue à vingt-trois heures dix, est reprise à vingt-trois heures quinze.)
Mme la présidente
La séance est reprise.
Sur les amendements identiques nos 1231 et 2504 ainsi que sur l’article 20, je suis saisie par le groupe Rassemblement national de demandes de scrutin public.
Les scrutins sont annoncés dans l’enceinte de l’Assemblée nationale.
Les amendements nos 2503 et 2509 de M. le rapporteur général sont rédactionnels.
(Les amendements nos 2503 et 2509, acceptés par le gouvernement, successivement mis aux voix, sont adoptés.)
Mme la présidente
Je suis saisie de deux amendements identiques, nos 1231 et 2504, faisant l’objet d’une demande de scrutin public par le groupe Rassemblement national.
Le scrutin est annoncé dans l’enceinte de l’Assemblée nationale.
La parole est à M. Guillaume Florquin, pour soutenir l’amendement no 1231.
M. Guillaume Florquin
Cet amendement de repli, adopté en commission et repris par le rapporteur général, vise à introduire une exception médicale explicite à l’obligation vaccinale contre la grippe pour les professionnels de santé exerçant à titre libéral. Il s’agit tout simplement de reconnaître, conformément au principe de proportionnalité, que certains professionnels peuvent présenter une contre-indication médicale avérée qui rend la vaccination impossible ou risquée. Une telle disposition relève du bon sens : on ne peut pas imposer une obligation sanitaire uniforme à ceux qui, pour des raisons médicales, ne peuvent s’y soumettre sans danger. Cette précision permettrait d’étendre aux professionnels de santé un droit déjà reconnu aux résidents des Ehpad et de garantir le respect de la situation individuelle de chacun.
Le vaccin contre la grippe a fait ses preuves et demeure un outil essentiel de prévention et de protection, notamment pour les soignants des publics fragiles. Pour être efficace et accepté, il doit cependant reposer sur l’adhésion, la pédagogie et la confiance. En matière de santé publique, il faut convaincre et non contraindre. (Applaudissements sur les bancs du groupe RN.)
Mme la présidente
La parole est à M. le rapporteur général, pour soutenir l’amendement no 2504.
M. Thibault Bazin, rapporteur général
En commission des affaires sociales, présidée par M. Frédéric Valletoux, nous avons observé que l’alinéa 11 de l’article 20 ne reprenait pas la rédaction de l’alinéa 5, où figurait déjà l’exemption en question. Aussi étions-nous convenus, dans un souci d’harmonisation et afin de cibler la même chose à l’alinéa 11, de reprendre les mêmes termes – « sauf contre-indication médicale reconnue ». L’amendement a été adopté par la commission.
Mme la présidente
Quel est l’avis du gouvernement sur ces amendements identiques ?
Mme Stéphanie Rist, ministre
Favorable.
Mme la présidente
La parole est à M. Michel Lauzzana.
M. Michel Lauzzana
Tout en étant favorable à cet amendement, je reviens sur le thème de nos échanges : vaccins et liberté. Tout le monde connaît la locution latine primum non nocere, qui signifie « d’abord, ne pas nuire ». Ce principe a toujours guidé l’enseignement des soignants ; ils doivent l’avoir en tête.
Mme Stéphanie Rist, ministre
Il a raison !
M. Michel Lauzzana
La liberté que l’on évoque ici pour certains serait la liberté de transmettre des maladies à d’autres personnes. Le droit de ne pas se vacciner, c’est cela : le droit de transmettre la grippe ou la tuberculose à d’autres personnes fragiles ! Comment peut-on, en tant que soignant, envisager de ne pas se vacciner ? Dans ce cas, il ne faut pas être soignant ! Cette position s’apparente à une négation de la science, donc à de l’obscurantisme. (Exclamations sur les bancs du groupe RN.)
M. Christophe Bentz
Les grands mots !
M. Michel Lauzzana
C’est de l’obscurantisme ! (Applaudissements sur plusieurs bancs des groupes EPR et SOC.)
Mme la présidente
Je mets aux voix les amendements identiques nos 1231 et 2504.
(Il est procédé au scrutin.)
Mme la présidente
Voici le résultat du scrutin :
Nombre de votants 193
Nombre de suffrages exprimés 190
Majorité absolue 96
Pour l’adoption 150
Contre 40
(Les amendements identiques nos 1231 et 2504 sont adoptés.)
Mme la présidente
Les amendements nos 2510, 2505 et 2506 de M. le rapporteur général sont rédactionnels.
(Les amendements nos 2510, 2505 et 2506, acceptés par le gouvernement, successivement mis aux voix, sont adoptés.)
Mme la présidente
L’amendement no 2507 de M. le rapporteur général est rédactionnel.
La parole est à M. Hadrien Clouet.
M. Hadrien Clouet
Je profite de l’examen de cette série d’amendements rédactionnels – à l’égard desquels nous aurons une position constructive et courageuse d’abstention de combat – pour demander à Mme la ministre pourquoi la couverture vaccinale ne concerne que 82 % des résidentes et des résidents d’Ehpad – ce taux important est une bonne nouvelle mais ne pourrait-il pas être plus élevé ? A-t-on une idée des raisons pour lesquelles 18 % ne le sont pas ? Si oui, il serait utile de les connaître. Ensuite, que se passe-t-il si les résidents des Ehpad, qui sont chez eux, refusent l’obligation, quelle est la conséquence contractuelle ? Peuvent-ils rester chez eux, en Ehpad ? Nous n’avons toujours pas la réponse. Enfin, pourquoi avoir réservé la prise en charge totale du coût vaccinal aux résidents et ne pas l’étendre aux soignants concernés ?
(L’amendement no 2507, accepté par le gouvernement, est adopté.)
Mme la présidente
Les amendements nos 2513 et 2514 de M. le rapporteur général sont rédactionnels.
(Les amendements nos 2513 et 2514, acceptés par le gouvernement, successivement mis aux voix, sont adoptés.)
Mme la présidente
Je mets aux voix l’article 20.
(Il est procédé au scrutin.)
Mme la présidente
Voici le résultat du scrutin :
Nombre de votants 206
Nombre de suffrages exprimés 203
Majorité absolue 102
Pour l’adoption 95
Contre 108
(L’article 20, amendé, n’est pas adopté.)
Mme Stéphanie Rist
Quoi ?
M. Emeric Salmon
On a gagné ! (Applaudissements sur les bancs du groupe RN.)
Après l’article 20
Mme la présidente
La parole est à Mme Béatrice Piron, pour soutenir l’amendement no 1233, qui fait l’objet du sous-amendement no 2611 de M. le rapporteur général.
L’amendement et le sous-amendement font l’objet de demandes de scrutin public par le groupe Horizons & indépendants.
Les scrutins sont annoncés dans l’enceinte de l’Assemblée nationale.
Mme Béatrice Piron
Dans le contexte budgétaire contraint que connaissent les comptes sociaux, le groupe Horizons & indépendants remet en cause l’utilisation et la pertinence des crédits alloués au fonds d’intervention régional (FIR). L’objectif du FIR est d’assouplir la gestion des financements et d’adapter ces derniers aux besoins des territoires : grâce à lui, les agences régionales de santé peuvent procéder à des ajustements en fonction des nécessités qu’elles identifient dans leur territoire, aussi bien en termes d’offre de soins sanitaire et médico-sociale qu’en matière de prévention et de facilitation de l’accès aux soins.
Or ces financements, dont le montant a presque doublé en cinq ans, échappent à un contrôle parlementaire détaillé. Il serait donc pertinent de recentrer les missions du FIR sur l’essentiel. Par cet amendement, nous proposons en outre que les contrats pluriannuels d’objectifs et de moyens (CPOM) renouvelés durant l’année précédente fassent l’objet d’un rapport transmis aux commissions permanentes compétentes de l’Assemblée nationale et du Sénat.
Mme la présidente
La parole est à M. le rapporteur général, pour soutenir le sous-amendement no 2611.
M. Thibault Bazin, rapporteur général
L’amendement de Mme Piron a été adopté en commission, puis nous nous sommes rendu compte que vous aviez supprimé, de manière sans doute malencontreuse, la mission du FIR relative au développement de la démocratie sanitaire. Mon sous-amendement – que la commission n’a pas examiné – vise à la rétablir. Sous-réserve de l’adoption de ce dernier, j’émettrai un avis favorable sur l’amendement.
Mme la présidente
Quel est l’avis du gouvernement ?
Mme Stéphanie Rist, ministre
Il est défavorable. Le FIR est important : il permet aux ARS d’adapter territorialement le financement de la sécurité sociale. L’une de ses missions est l’organisation et la promotion de parcours de santé coordonnés. La loi de 2023 visant à améliorer l’accès aux soins par l’engagement territorial des professionnels a précisé les modalités de la participation des parlementaires aux conseils de surveillance des ARS. Dans la région Centre-Val de Loire, nous avons ainsi pu obtenir le détail des financements alloués par le FIR – ce qui a permis de constater son importance. J’y tiens particulièrement, et il faut se réjouir de voir ses crédits augmenter ces dernières années. J’émets donc un avis défavorable sur l’amendement et sur le sous-amendement.
Mme la présidente
La parole est à M. Boris Tavernier.
M. Boris Tavernier
En considérant comme accessoire la participation des usagers au système de santé, nous enverrions un signal très préoccupant, puisqu’il s’agirait d’une remise en cause de la logique de coconstruction qui l’anime. La démocratie sanitaire n’est pas un luxe mais un levier d’efficacité et de justice. Elle repose sur deux piliers indissociables : d’un côté le respect des droits des patients et des usagers, de l’autre la participation des acteurs de santé à l’élaboration et à la mise en œuvre des politiques publiques. La participation citoyenne en matière de prévention, de vaccination, d’accès aux soins, d’implantation de structures ou de formations médicales est, quant à elle, indispensable si l’on veut adapter notre système de santé aux besoins réels du terrain. Ne sacrifions pas la démocratie sanitaire ; rejetons l’amendement.
Mme la présidente
La parole est à M. le rapporteur général.
M. Thibault Bazin, rapporteur général
Pardonnez-moi si je n’ai pas été suffisamment clair, monsieur Tavernier, il est tard. Le sous-amendement que je propose vise précisément à conserver la mission du FIR consistant à développer la démocratie sanitaire – et ce, afin de réparer un loupé survenu en commission. Restez-vous défavorable à l’amendement quand bien même nous adopterions son sous-amendement ?
M. Boris Tavernier
Non : si le sous-amendement est adopté, c’est bon !
M. Thibault Bazin, rapporteur général
Très bien.
Mme la présidente
Je mets aux voix le sous-amendement no 2611.
(Il est procédé au scrutin.)
Mme la présidente
Voici le résultat du scrutin :
Nombre de votants 204
Nombre de suffrages exprimés 203
Majorité absolue 102
Pour l’adoption 169
Contre 34
(Le sous-amendement no 2611 est adopté.)
Mme la présidente
Je mets aux voix l’amendement no 1233, tel qu’il a été sous-amendé.
(Il est procédé au scrutin.)
Mme la présidente
Voici le résultat du scrutin :
Nombre de votants 201
Nombre de suffrages exprimés 107
Majorité absolue 54
Pour l’adoption 29
Contre 78
(L’amendement no 1233, sous-amendé, n’est pas adopté.)
Mme la présidente
La parole est à M. Paul-André Colombani, pour soutenir l’amendement no 951.
M. Paul-André Colombani
Il vise à autoriser les médecins généralistes qui le souhaitent à détenir des vaccins contre la grippe saisonnière et le covid-19, en vue de leur administration directe aux personnes concernées par les recommandations du calendrier vaccinal.
Mme la présidente
Quel est l’avis de la commission ?
M. Thibault Bazin, rapporteur général
Vous voulez autoriser les médecins à stocker des vaccins afin qu’ils puissent vacciner de manière opportuniste les patients qu’ils reçoivent en consultation et qui en auraient besoin, afin d’éviter à ces derniers d’avoir à se déplacer plusieurs fois – une fois chez le médecin pour la prescription, une autre chez le pharmacien pour obtenir le vaccin, voire une troisième fois, de nouveau chez le médecin, pour la vaccination, au cas où celle-ci ne serait pas possible au sein de la pharmacie.
Sur le papier, l’idée de concentrer toutes ces étapes en une seule est très séduisante, mais je me demande si son application n’entraînerait pas des complications. Financières, tout d’abord : les médecins devront-ils avancer les frais des vaccins auprès des pharmaciens ? Ensuite sur le plan sécuritaire et réglementaire : le stockage étant très réglementé, et variable en fonction des vaccins, les médecins seraient-ils en mesure de s’aligner sur ce niveau d’exigence ?
L’amendement n’a pas été examiné en commission. À titre personnel et de manière spontanée, j’aurais tendance à y être favorable. Je m’en remets donc à la sagesse de l’Assemblée.
Mme la présidente
Quel est l’avis du gouvernement ?
Mme Stéphanie Rist
Je voudrais d’abord faire part de ma tristesse après le rejet de l’article 20. Nous avons encore beaucoup de boulot à fournir pour que la science revienne au centre de la société. (Applaudissements sur les bancs du groupe EPR ainsi que sur plusieurs bancs des groupes SOC et GDR. – Exclamations sur les bancs des groupes RN et UDR.)
M. Pierre-Henri Carbonnel
Pourquoi nous donnez-vous des leçons ?
Mme Stéphanie Rist
Pour en revenir à l’amendement de M. Paul-André Colombani visant à permettre aux professionnels de santé de disposer de doses de vaccin dans leur cabinet, j’y suis très favorable.
Mme la présidente
La parole est à M. Nicolas Turquois.
M. Nicolas Turquois
La ministre a raison : le rejet de l’article 20 est regrettable.
Je suis très favorable à l’amendement du collègue Colombani. Auparavant, les médecins disposaient de vaccins à leur cabinet. Ainsi, lorsqu’ils convainquaient leur patient de son bien-fondé, la vaccination pouvait être effectuée directement. L’administration du vaccin a moins de chances d’être faite si le patient doit préalablement se rendre chez le pharmacien pour se le procurer. Il faut rétablir quelque chose de plus fonctionnel.
(L’amendement no 951 est adopté.)
(Mme Justine Gruet applaudit.)
Mme la présidente
Je suis saisie de trois amendements, nos 818, 1418 et 2182, pouvant être soumis à une discussion commune.
Les amendements nos 1418 et 2182 sont identiques.
L’amendement no 818 de Mme Hélène Laporte est défendu.
La parole est à M. Jean-François Rousset, pour soutenir l’amendement no 1418.
M. Jean-François Rousset
Tous les moyens qui peuvent favoriser la vaccination non obligatoire doivent être mobilisés. La possibilité pour les médecins généralistes qui maîtrisent la chaîne du froid de vacciner facilement, en ayant des vaccins à leur disposition, constituera une avancée significative. À l’occasion d’une banale consultation, ils pourront ainsi demander à leur patient s’il est vacciné contre la grippe, se saisir de la dose conservée au réfrigérateur et l’administrer. Cela sauvera de nombreuses vies et cela évitera des arrêts de travail ainsi que des procès. (Applaudissements sur les bancs du groupe EPR.)
Mme la présidente
L’amendement no 2182 de Mme Annie Vidal est défendu.
Quel est l’avis de la commission sur ces trois amendements en discussion commune ?
M. Thibault Bazin, rapporteur général
L’esprit est le même que pour l’amendement précédent qui ciblait la grippe saisonnière. Mon avis demeure plutôt favorable. Cependant, son adoption entraînera l’insertion d’un deuxième article additionnel fort ressemblant à celui qui existe déjà. (Exclamations sur quelques bancs du groupe EPR.) Oui, vous me direz, au point où on en est… Tout de même, il faudra rapprocher les deux dispositions pour que le texte reste cohérent. Sagesse.
Mme la présidente
Quel est l’avis du gouvernement ?
Mme Stéphanie Rist, ministre
Favorable. L’ensemble des professionnels de santé – médecins, infirmières, sages-femmes – devraient pouvoir conserver des vaccins à leur cabinet, sous réserve du respect de la chaîne du froid.
(L’amendement no 818 est adopté ; en conséquence, les amendements nos 1418 et 2182 tombent.)
Mme la présidente
La parole est à Mme Béatrice Piron, pour soutenir l’amendement no 1368, sur lequel je suis saisie par le groupe Horizons & indépendants d’une demande de scrutin public.
Le scrutin est annoncé dans l’enceinte de l’Assemblée nationale.
Mme Béatrice Piron
La santé mentale est la grande cause nationale de l’année 2025. Plusieurs de nos amendements sur le sujet qui devaient être examinés après l’article 17 sont tombés.
Cet amendement est issu des recommandations inscrites dans le rapport sur la santé mentale des mineurs publié le 10 juillet 2025. Le dispositif Mon Soutien psy, en autorisant le remboursement de douze séances d’accompagnement psychologique, marque une avancée majeure. Cependant, il échoue auprès des populations les plus précaires, puisque seuls 10 % des bénéficiaires sont en situation de précarité. Le paiement préalable des séances, avant de percevoir le remboursement, freine fortement l’accès aux soins psychiques, notamment pour les mineurs, les étudiants et les ménages modestes.
C’est pourquoi le présent amendement propose d’instaurer le tiers payant sur la part prise en charge par l’assurance maladie pour les séances effectuées dans le cadre du dispositif Mon Soutien psy. Cela améliorerait l’accès aux soins psychologiques, conformément aux objectifs de prévention et d’égalité d’accès aux soins fixés par la stratégie nationale de santé mentale.
Mme la présidente
Quel est l’avis de la commission ?
M. Thibault Bazin, rapporteur général
Cet amendement a été adopté en commission. Les publics précaires et les étudiants que vous évoquez étant bénéficiaires de la complémentaire santé solidaire (C2S), ils ont normalement déjà droit au tiers payant. Il faudrait mieux communiquer sur ce point, madame la ministre. L’amendement permettrait cependant de généraliser cette pratique et de s’assurer que chacun puisse en bénéficier. À titre personnel, ce sera un avis de sagesse.
Mme la présidente
Quel est l’avis du gouvernement ?
Mme Stéphanie Rist, ministre
Le dispositif Mon Soutien psy évolue favorablement : plus de 6 800 psychologues sont conventionnés, notamment à la suite de l’augmentation du prix de la consultation intervenue l’année dernière ; cela correspond à plus de 890 000 patients suivis.
Je vous rejoins sur le fond, mais je dois faire état d’un obstacle technique : les psychologues ne disposent pas de numéro ni de boîtier leur permettant d’accepter la carte Vitale. Nous devons régler ce problème dans les années qui viennent. En attendant, avis défavorable.
Mme la présidente
La parole est à Mme Chantal Jourdan.
Mme Chantal Jourdan
Le groupe Socialistes et apparentés votera en faveur de cet amendement. L’instauration du tiers payant paraît en effet nécessaire.
S’agissant du dispositif Mon Soutien psy, il ne recueille pas nécessairement la faveur des psychologues. Pour prendre en charge les populations les plus précaires, il faut absolument réarmer la psychiatrie publique et recréer les centres médico-psychologiques qui ont disparu. (Applaudissements sur les bancs du groupe SOC et sur quelques bancs du groupe EcoS.) Il faut aussi installer des équipes pluridisciplinaires dans tous ces centres, afin de traiter l’ensemble des problèmes qui accompagnent les difficultés psychologiques. Enfin, il faut relever le niveau de remboursement des psychologues hospitaliers : la différence entre leur rémunération et le remboursement prévu par Mon Soutien psy les fait fuir. (Applaudissements sur les bancs du groupe SOC.)
Mme la présidente
Je mets aux voix l’amendement no 1368.
(Il est procédé au scrutin.)
Mme la présidente
Voici le résultat du scrutin :
Nombre de votants 208
Nombre de suffrages exprimés 103
Majorité absolue 52
Pour l’adoption 96
Contre 7
(L’amendement no 1368 est adopté.)
Mme la présidente
Je suis saisie de deux amendements, nos 1480 et 1711, pouvant être soumis à une discussion commune.
La parole est à Mme Élise Leboucher, pour soutenir l’amendement no 1480.
Mme Élise Leboucher
Il vise à interdire les substances contaminantes et cancérogènes, mutagènes, reprotoxiques ou perturbateurs avérés ou suspectés dans les protections périodiques réutilisables prises en charge par la sécurité sociale.
En 2023, l’association 60 millions de consommateurs relevait la présence de ces contaminants dans vingt-quatre produits testés. Des traces de nanoparticules d’argent et de PFAS – substances per- ou polyfluoroalkylées, plus connues sous le nom de polluants éternels – ont été retrouvées dans les culottes menstruelles. L’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) a également confirmé la présence de résidus de produits toxiques dans diverses protections menstruelles.
Vous direz sans doute que les seuils de toxicité ne sont pas dépassés. En réalité, nous n’en savons rien : l’Anses est incapable d’estimer la dangerosité des produits pour les muqueuses concernées. De plus, les études disponibles ne prennent pas en compte l’effet d’une exposition à plusieurs de ces contaminants durant plusieurs dizaines d’années. Qui a envie que des polluants éternels traversent la paroi de sa muqueuse vaginale ? (Exclamations et rires sur quelques bancs du groupe RN.) Allons, n’ayons pas peur des mots !
Ayons le courage d’appliquer un principe de précaution et d’interdire purement et simplement la présence de substances toxiques dans les protections périodiques réutilisables prises en charge par la sécurité sociale. Je ne doute pas que si cela concernait des produits destinés aux hommes, nous n’aurions même pas à en débattre ! (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP.)
M. Philippe Lottiaux
Oh là là !
Mme la présidente
L’amendement no 1711 de Mme Christine Loir est défendu.
Quel est l’avis de la commission sur ces deux amendements ?
M. Thibault Bazin, rapporteur général
Madame Leboucher, on ne peut, à première vue, qu’être d’accord avec vous. (M. Antoine Léaument applaudit.) Cependant, l’article L. 162-59 du code de la sécurité sociale prévoit déjà un référencement des produits remboursables en fonction de leur composition chimique. Ce référencement est établi par les ministres chargés de la santé et de la sécurité sociale « selon des critères [qui] tiennent compte de spécifications techniques et respectent des normes relatives à la composition, à la qualité et aux modalités de distribution visant à assurer la non-toxicité des produits pour la santé et l’environnement ». Les amendements sont donc satisfaits. Demande de retrait ; à défaut, avis défavorable.
Mme la présidente
Quel est l’avis du gouvernement ?
Mme Stéphanie Rist, ministre
J’en profite pour préciser que le décret attendu, relatif au remboursement des protections menstruelles réutilisables, sera bientôt publié.
Mme Sandrine Rousseau
Le nombre de décrets que nous attendons, madame la ministre !
Mme Stéphanie Rist, ministre
Ces amendements sont satisfaits. Demande de retrait ; à défaut, avis défavorable.
Mme la présidente
La parole est à Mme Ségolène Amiot.
Mme Ségolène Amiot
Il est inquiétant que ce décret ne soit toujours pas sorti. Nous avons pourtant voté la mise à disposition de protections hygiéniques lavables et réutilisables jusqu’à dix ans en 2023 – vous aviez aussi voté pour, madame la ministre.
L’association 60 millions de consommateurs a retrouvé dans tous – dans tous ! – les vingt-quatre produits testés des substances susceptibles de nous rendre malades. Évidemment, nous n’allons pas les tester sur des muqueuses vaginales pour en avoir la certitude ! Ne ricanez pas, messieurs : je ne suis pas sûr que vous aimeriez que la muqueuse de votre gland soit au contact du glyphosate ou de PFAS ! (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe LFI-NFP. – Exclamations sur quelques bancs du groupe RN.) Si les hommes étaient concernés, ces dispositions seraient adoptées depuis bien longtemps ! (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP et sur plusieurs bancs du groupe EcoS.)
Nous sommes inquiètes ; si l’on ne met pas le doigt sur ce problème, rien ne nous garantira que des produits néfastes pour notre santé n’entreront pas directement au contact de nos muqueuses. (Rires sur quelques bancs des groupes RN et UDR.)
M. Emeric Salmon
Ça va glisser !
Mme la présidente
La parole est à Mme la ministre.
Mme Stéphanie Rist, ministre
Je vous l’ai dit, le décret va sortir. Je saisirai l’Anses pour savoir quelles protections périodiques pourront être prises en charge dans ce cadre.
(L’amendement no 1480 est adopté ; en conséquence, l’amendement no 1711 tombe.)
Mme la présidente
Je suis saisie de deux amendements identiques, nos 2632 et 2634.
La parole est à M. Paul-André Colombani, pour soutenir l’amendement no 2632.
M. Paul-André Colombani
Cet amendement de mon collègue Stéphane Viry vise à prolonger l’expérimentation des haltes soins addictions (HSA), afin d’adapter ce dispositif en tenant compte des évaluations qui ont été menées, avant de décider de son éventuelle pérennisation.
Mme la présidente
La parole est à Mme Anna Pic, pour soutenir l’amendement no 2634.
Mme Anna Pic
Il vise à prolonger cette expérimentation des haltes soins addictions, en demandant l’évaluation de paramètres supplémentaires. Après neuf années d’expérimentation, les HSA ont fait leurs preuves : les quatre évaluations successives du dispositif – menées entre autres par l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) et par l’Igas – sont unanimes. Sur le plan sanitaire, les HSA préviennent jusqu’à 69 % des overdoses, réduisent les situations d’infections graves et évitent de nombreuses contaminations par le VIH et le virus de l’hépatite C (VHC). La première condition pour sortir de l’addiction, c’est de ne pas en mourir. C’est ce que permettent ces salles de consommation à moindre risque.
Sur le plan social, elles accompagnent vers les soins des personnes très éloignées des parcours médico-sociaux. Cette politique de santé publique fonctionne et son expérimentation doit se poursuivre. Si nous ne faisons rien, les deux salles fermeront leurs portes le 31 décembre. (Applaudissements sur les bancs du groupe SOC et sur plusieurs bancs des groupes EcoS et GDR.)
Mme la présidente
Quel est l’avis de la commission ?
M. Thibault Bazin, rapporteur général
Le gouvernement a déposé un amendement pour couvrir la charge qui résultera de la prolongation de deux ans de l’expérimentation des haltes soins addictions. Nous n’avons pu débattre de ce dispositif en commission mais, grâce à l’amendement du gouvernement, nous pouvons le faire en séance.
Nous attendions le rapport gouvernemental prévu, dans les termes suivants, par l’article 43 de la loi de modernisation de notre système de santé de 2016 ayant permis cette expérimentation : « Dans un délai de six mois avant le terme de l’expérimentation, le gouvernement adresse au Parlement un rapport d’évaluation de l’expérimentation, portant notamment sur son impact sur la santé publique et sur la réduction des nuisances dans l’espace public. »
Neuf ans plus tard, nous ne disposons toujours pas de ce rapport.
Mme Anna Pic
Il a été déposé !
M. Thibault Bazin, rapporteur général
Non, il existe peut-être d’autres rapports mais nous n’avons pas reçu celui du gouvernement. (Mme Anna Pic s’exclame.)
M. Thierry Sother
Il a été remis à la mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives !
M. Thibault Bazin, rapporteur général
Vous pourrez vous exprimer plus tard mais laissez-moi m’expliquer s’il vous plaît. Je vous écoute et ne vous interromps jamais quand vous parlez.
Je ne suis pas pleinement convaincu par vos arguments. Si ces centres ont montré leur utilité en tant que lieux permettant à une population souvent vulnérable de consommer de manière sécurisée, le but n’était-il pas de mettre fin aux addictions ?
Mme Anna Pic
Bien sûr !
M. Thibault Bazin, rapporteur général
La présence de ces centres a aussi causé des problèmes importants pour la tranquillité et la sécurité publiques. La situation n’est pas la même dans les deux centres, à Paris et à Strasbourg, et les retours sont différents. Tout n’est pas aussi formidable que vous semblez le dire. Nous avons été alertés par des riverains sur le fait que ces salles peuvent générer des afflux de toxicomanes et de trafiquants dans les alentours.
Mme Anna Pic
C’est l’inverse !
M. Thibault Bazin, rapporteur général
Certes, et vous le dites, l’interruption de l’expérimentation entraînerait des ruptures pour les personnes qui les fréquentent mais le même problème se posera dans deux ans. Avec cet argument, autant pérenniser l’expérimentation tout de suite !
Mme Marianne Maximi
Chiche !
M. Thibault Bazin, rapporteur général
Dans la pratique, ces salles n’ont pas pour objectif le sevrage, la sortie de l’addiction et la réinsertion des personnes qui les fréquentent…
Mme Anna Pic
Bien sûr que si !
M. Thibault Bazin, rapporteur général
…alors même qu’il s’agit des seuls objectifs valables de santé publique. Quand on lutte contre les addictions, on doit essayer de mettre fin à la consommation. À titre personnel, je suis opposé à la prolongation de cette expérimentation, étant précisé que la commission ne s’est pas prononcée à ce sujet.
Mme la présidente
Quel est l’avis du gouvernement ?
Mme Stéphanie Rist, ministre
Je donne un avis favorable à ces amendements. (Applaudissements sur les bancs du groupe SOC et quelques bancs du groupe EcoS. – Mme Ségolène Amiot et M. Yannick Monnet applaudissent également.) Le rapport gouvernemental, qui va vous être transmis, ainsi que de nombreuses autres évaluations vont en ce sens. Dans ce cas, pourquoi avons-nous renoncé à les pérenniser ? Parce que les évaluations ont mis en évidence des pistes d’amélioration – renforcer les relations entre acteurs, fluidifier les parcours de prise en charge, expérimenter de nouvelles formes d’organisation et renforcer la contribution des HSA à la veille sanitaire – qui poussent à poursuivre l’expérimentation pour deux ans.
Mme Élise Leboucher
Le gouvernement avait déposé un amendement à propos des HSA. Pourquoi n’a-t-il pas été présenté ?
Mme la présidente
La parole est à M. Hendrik Davi.
M. Hendrik Davi
Il est nécessaire de prolonger l’expérimentation des HSA. Si la France en compte peu, il y en a quatre-vingt-dix dans le monde qui ont toutes démontré leur efficacité pour la santé des personnes – matérialisée par la diminution du nombre d’overdoses – mais aussi pour la sécurité des riverains, avec une baisse de la délinquance. Il est donc important de poursuivre.
Vous le savez, madame la ministre, il existe un projet de HSA à Marseille. Le sous-amendement que j’avais déposé pour le voir aboutir a été déclaré irrecevable. Je vous pose donc la question : êtes-vous favorable à l’ouverture, indispensable, de cette nouvelle HSA ? J’attends une réponse.
Mme la présidente
Saisie de plusieurs demandes de parole sur ce sujet, je vais les accepter. Ce sera notre dernière discussion ce soir. La parole est à M. Yannick Monnet.
M. Yannick Monnet
Monsieur le rapporteur, vous qui êtes honnête intellectuellement, je vous suggère d’appliquer la règle suivante : quand on ne connaît pas un sujet, on s’abstient, on ne rend pas un avis !
Pour accompagner les personnes en état d’addiction, il faut d’abord être en lien avec elles. Si vous fermez ces centres, ces gens disparaîtront, vous ne les verrez plus mais l’addiction continuera. Ne croyez pas que, pour se sevrer, il faille appliquer la méthode Orange mécanique ! Cela ne fonctionne pas ! (MM. Dominique Potier et Pierre Pribetich applaudissent) Il faut prendre le temps d’accompagner les gens, dans des espaces sécurisés. On ne décrète pas que quelqu’un va se sevrer. Ces lieux sont adaptés. Changez votre avis ou émettez des réserves ! (Applaudissements sur quelques bancs du groupe SOC.)
Mme la présidente
La parole est à M. Thierry Sother.
M. Thierry Sother
Permettez-moi de vous éclairer – à la manière de ce que fait Mme la ministre depuis plusieurs jours – en m’appuyant sur l’évaluation des HSA figurant dans le rapport publié le 7 juillet dernier par la mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives. Les HSA y sont décrites comme « un outil supplémentaire dans l’offre médico-sociale particulièrement adapté aux publics consommateurs de drogues en situation de grande précarité et souvent en rupture avec les dispositifs traditionnels ».
Je voulais aussi vous faire part de mon expérience d’élu. Il existe une HSA à Strasbourg : je peux témoigner de sa bonne insertion dans le territoire et de son acceptation par les riverains. À défaut de pouvoir pérenniser et étendre cette expérimentation, j’encourage mes collègues à la poursuivre. (Applaudissements sur les bancs du groupe SOC et sur quelques bancs du groupe LFI-NFP.– M. Yannick Monnet applaudit également.)
Mme Danièle Obono
Nous voterons ces amendements, mais nous aurions aimé que le gouvernement maintienne le sien puisqu’il en avait un : cela aurait été un geste politique fort ! (Applaudissements sur quelques bancs du groupe LFI-NFP.) Alors que, dans ces débats sur le PLFSS, nous divergeons sur un grand nombre de sujets, nous aurions pu nous accorder sur celui-ci.
Pour notre part, nous sommes favorables à la pérennisation du dispositif. Contrairement à ce que dit Mme la ministre, l’existence de pistes d’amélioration milite en ce sens : mettons-en place ces mesures ! Élue à Paris, j’ai, comme d’autres collègues, visité la HSA, pendant mon premier mandat puis, plus récemment, à la demande des responsables du centre, inquiets de sa possible disparition. (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe LFI-NFP.)
J’invite M. le rapporteur, qui ne semble pas maîtriser le sujet, à s’y rendre. Il lui serait pédagogiquement et politiquement utile de voir à quel point ce lieu – dont les usagers souhaitent le maintien – est important. Plus largement, j’invite l’ensemble de nos collègues à la visiter pour sortir des nombreux clichés sur ces sujets, y compris ceux qui concernent les réactions des habitants. La situation était bien pire en termes de sécurité près de la garde du Nord avant l’ouverture de la HSA. (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe LFI-NFP.)
(Les amendements identiques no 2632 et 2634 sont adoptés. En conséquence, l’amendement no 1962 rectifié tombe.)
Mme la présidente
Sur l’amendement n°1907, je suis saisie par le groupe La France insoumise-Nouveau front populaire d’une demande de scrutin public.
Le scrutin est annoncé dans l’enceinte de l’Assemblée nationale.
La parole est à Mme Ségolène Amiot, pour le soutenir.
Mme Ségolène Amiot
Cette demande de rapport sur l’article de la LFSS pour 2022 ayant prolongé la durée de l’expérimentation des HSA jusqu’au 31 décembre 2025 me donne l’occasion de parler de ces centres. Je milite depuis vingt-cinq ans pour la réduction des risques. J’ai visité les HSA : il s’agit souvent de la première porte d’accès aux soins pour des personnes qui sont totalement déconnectées du soin, du médico-social et de la prévention. Même si elles ne parviennent pas à un sevrage immédiat, elles y entament un chemin permettant de réduire leur risque de contamination à tout un tas de maladies et un parcours de soins dans la confiance, pour accéder, un jour, au sevrage.
Mme la présidente
Quel est l’avis de la commission ?
M. Thibault Bazin, rapporteur général
Mea culpa ! Je ne suis pas omniscient : j’irai visiter la HSA avec grand intérêt et je lirai le rapport gouvernemental. J’exprime des avis sur la base de convictions – nous en avons tous – et de mes lectures.
Vous sollicitez un rapport sur la pérennisation du dispositif mais il semble que nous disposons déjà d’un rapport de l’Igas sur le sujet. Je demande à Mme la ministre de transmettre le rapport existant à la commission. Votre amendement sera alors satisfait. Je demande son retrait.
Mme la présidente
Quel est l’avis du gouvernement ?
Mme Stéphanie Rist, ministre
L’amendement est satisfait. Nous vous transmettrons le rapport de l’Igas dans les jours à venir. Avis défavorable.
Mme la présidente
La parole est à Mme Sandra Regol.
Mme Sandra Regol
Nous pouvons nous féliciter que nos amendements sur la prolongation de l’expérimentation des HSA aient été votés. C’est un petit pas pour nous mais un grand pas pour ces salles. Comme le rappelait mon collègue strasbourgeois, chez nous, les HSA apportent beaucoup.
À l’intention de M. le rapporteur qui doute : il s’agit d’un travail de long terme qui permet d’abord de sauver des vies, puis d’apporter de la stabilité avant d’envisager le sevrage. Chaque ville et chaque région méritent de disposer d’une HSA. Cet amendement est une première étape ; il nous faut penser à pérenniser et à généraliser ces expériences pour lutter contre les addictions et le trafic de drogue. Investissons dans des lieux qui empêchent les trafiquants d’exercer leur emprise sur les corps, les vies, les personnes ! (M. Dominique Potier applaudit.)
Mme la présidente
Je mets aux voix l’amendement no 1907.
(Il est procédé au scrutin.)
Mme la présidente
Voici le résultat du scrutin :
Nombre de votants 186
Nombre de suffrages exprimés 184
Majorité absolue 93
Pour l’adoption 73
Contre 111
(L’amendement no 1907 n’est pas adopté.)
Mme la présidente
La suite de la discussion est renvoyée à la prochaine séance.
2. Ordre du jour de la prochaine séance
Mme la présidente
Prochaine séance, demain, à neuf heures :
Suite de la discussion du projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2026.
La séance est levée.
(La séance est levée à minuit.)
Le directeur des comptes rendus
Serge Ezdra