
Mission d’information sur les effets de l’intelligence artificielle sur l’activité et la compétitivité des entreprises françaises
Mercredi 24 septembre, Antoine Golliot (RN, Pas-de-Calais) et Emmanuelle Hoffman (EPR, Paris) ont présenté à la commission des affaires économiques les conclusions de la mission d’information sur l’intelligence artificielle.
Fruit de plus de quarante auditions et d’un rapport de près de 400 pages, ce travail dresse un état des lieux complet et formule soixante-dix recommandations pour faire de l’IA un levier de compétitivité et de souveraineté pour la France et l’Europe.
Antoine Golliot et Emmanuelle Hoffman rappellent que l’IA n’est plus une promesse lointaine : elle transforme déjà nos entreprises, nos métiers et nos chaînes de valeur. « Face à la domination des acteurs américains et chinois, la France et l’Europe doivent prendre des décisions fortes » plaident les rapporteurs.
Trois impératifs structurent le rapport : protéger, investir et diffuser.
Protéger, d’abord, en fixant des garde-fous clairs. Le rapport propose un contrôle strict des acquisitions dans le domaine de l’IA, avec une inversion de la charge de la preuve pour les rachats précoces, ainsi qu’un renforcement des pouvoirs de l’Autorité de la concurrence. L’objectif est de préserver l’émergence de champions français et européens et de mettre fin à la perte silencieuse de pépites technologiques.
Investir, ensuite, à hauteur des besoins réels. La mission appelle à un effort massif sur la puissance de calcul (supercalculateurs, data centers, GPU de dernière génération), évalué à 250 milliards d’euros pour la France d’ici 2028 et 850 milliards pour l’Union européenne à l’horizon 2030. Elle recommande également la création de zones d’accélération dédiées à l’IA, offrant une énergie décarbonée prioritaire et des procédures simplifiées, ainsi qu’une véritable préférence européenne et nationale dans la commande publique.
Les rapporteurs insistent également sur la nécessité de soutenir nos start-up dans leur passage à l’échelle mondiale, notamment Mistral AI. Dans cet objectif, ils préconisent de mobiliser l’épargne longue, de créer un fonds public-privé ouvert aux particuliers et un fonds national de co-investissement pour combler le déficit de financements de croissance de nos start-ups en IA.
Diffuser, enfin, afin que l’IA bénéficie à tous les acteurs et à tous les territoires. Les rapporteurs soulignent l’importance d’impliquer les TPE et PME, souvent tenues à l’écart faute d’accompagnement. Ils proposent de mobiliser les chambres de commerce, les pôles de compétitivité et les centres techniques, et de créer un guichet unique de l’IA au ministère de l’Économie. L’agriculture figure parmi les secteurs prioritaires : optimisation de l’irrigation, réduction des intrants, anticipation climatique.
Le rapport insiste aussi sur l’importance de bâtir une IA responsable et de confiance. Cela implique de sécuriser les données sensibles (label SecNumCloud, certification européenne), de renforcer les métiers de la donnée, de valoriser les bases francophones et de préserver la diversité linguistique européenne. La santé et la recherche figurent également parmi les champs d’application prioritaires, avec un appel à simplifier l’accès aux bases de données et à reconnaître l’évaluation d’algorithmes comme finalité légitime.
Les rapporteurs rappellent que l’IA n’est pas qu’une question de technologies : elle engage le travail et les compétences. Ils appellent à intégrer l’IA dans le socle de formation dès l’école, à renforcer les filières scientifiques et numériques, à former les salariés via la VAE et le CPF, et à inscrire l’IA dans le dialogue social.
Enfin, le rapport insiste sur la sécurité et la valorisation des données, la préservation de la diversité linguistique, la transparence des règles, et appelle à un effort massif de formation, de l’école à l’entreprise, afin de faire de l’IA une force au service de l’emploi, de la compétitivité et de la souveraineté.
« L’intelligence artificielle n’est pas seulement une révolution technologique, c’est un choix de civilisation. La France peut choisir de rester consommatrice des innovations des autres, ou bien devenir productrice et maîtresse de son destin », concluent les rapporteurs en commission des affaires économiques.