- Texte visé : Texte de la commission sur le projet de loi, adopté par le Sénat, après engagement de la procédure accélérée, d’orientation et de programmation du ministère de la justice 2023-2027 (n°1346)., n° 1440-A0 rectifié
- Stade de lecture : 1ère lecture (2ème assemblée saisie)
- Examiné par : Assemblée nationale (séance publique)
Dans un délai de six mois à compter de la promulgation de la présente loi, le Gouvernement remet au Parlement un rapport évaluant l’opportunité de supprimer les conventions judiciaires d’intérêt public et détaillant notamment les moyens à donner au parquet national financier et aux juridictions interrégionales spécialisées pour que cette suppression n’aboutisse pas à une absence de réponse judiciaire dans les affaires de corruption et d’évasion fiscale.
" Par cet amendement, les député·es du groupe LFI-NUPES veulent dénoncer le recours de plus en plus systématique aux CJIP en matière de fraude fiscale et de corruption.
Cette justice négociée, sans reconnaissance de culpabilité et sans établissement de la valeur du préjudice, n’est qu’une sous justice. Elle est le symptôme d’une justice forte avec les faibles et faible avec les forts. Pourtant, pour les magistrats du PNF ou des JIRS, la CJIP représente bien souvent la seule procédure qu’ils peuvent mener à bien face aux armées d’avocats et de juristes employés par les fraudeurs pour ralentir les enquêtes et éviter toute condamnation.
Ainsi, seul le manque de moyens humains et matériels à la disposition des enquêteurs et des magistrats, justifient l’usage des CJIP. Si nous voulons mettre fin à cette anomalie juridique il faut donc évaluer les moyens à donner au PNF et aux JIRS pour qu’ils puissent mener à terme et dans des délais raisonnables les procédures judiciaires contre les entreprises et les particuliers qui pratiquent l’évasion fiscale. C’est tout le sens de cette demande de rapport.
L’impunité en matière d’évasion fiscale révolte nos concitoyennes et nos concitoyens. Cette indignation est parfaitement compréhensible lorsque l’on se penche sur le coût de ce délit pour la société. Ce dernier se compte en dizaine de milliards quelque soit la source utilisée. Ces milliards perdus sont la cause principale de la dégradation de nos services publics.
L’égalité devant la loi est un principe républicain qui ne peut être à géométrie variable. L’existence d’une justice à 2 vitesses ne peut qu’affaiblir le consentement à l’impôt de nos concitoyennes et concitoyens. C’est pourquoi il est urgent de sortir de la logique de justice négociée pour les riches et les multinationales dont les CJIP sont un symptôme.
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