- Texte visé : Texte de la commission sur le projet de loi, adopté par le Sénat, après engagement de la procédure accélérée, pour contrôler l’immigration, améliorer l’intégration (n°1855)., n° 1943-A0
- Stade de lecture : 1ère lecture (2ème assemblée saisie)
- Examiné par : Assemblée nationale (séance publique)
Après l’alinéa 5, insérer l’alinéa suivant :
« 1° ter Une évaluation de la tarification des services de collecte des demandes de visas par les prestataires de services extérieurs et sur les dérives liées à la préemption des rendez-vous par des entreprises tierces ; ».
Par cet amendement, nous souhaitons que dans le rapport annuel demandé au gouvernement figure une évaluation de la tarification des services de collecte des demandes de visas par les prestataires de services extérieurs (PSE) et sur les dérives liées à la préemption des rendez-vous par des entreprises tierces.
Initiée dans les années 2000, cette externalisation concerne aujourd’hui 90% du traitement des demandes de visas en France. Du fait de la privatisation de ce qui relevait auparavant d’une mission d’Etat, ces prestataires se rémunèrent directement auprès des usagers, en facturant leurs services. En plus des frais de visas à régler aux autorités consulaires, les ressortissants de pays tiers doivent s’acquitter de « frais de service » supplémentaires, qui correspondent au service de collecte d’informations, de saisie de données, ou encore de prise de rendez-vous. Un rapport parlementaire remis à l’Assemblée Nationale en 2021 révèle que certaines « officines », notamment en Algérie, ont pour pratique de préempter l’ensemble des rendez-vous pour en faire un business lucratif, au détriment des usagers. Une Française d’origine camerounaise a par exemple été contrainte à avoir recours à un « coupe-file » auprès d’un tiers pour obtenir un rendez-vous à temps.
Dans la réponse apportée par le Ministère des Affaires étrangères à la question écrite n°11938, celui-ci affirme : « Le problème des officines et de la préemption des rendez-vous est bien connu. Il fait l’objet d’un suivi très attentif conjoint avec tous les acteurs concernés : les prestataires chargés de la collecte des demandes de visas, les postes diplomatiques et consulaires, et les deux administrations centrales.»
Une étude en profondeur de ces dérives et de l’état de l’efficacité des contrôles menés par l’administration est nécessaire.
Cette évaluation, qui dans l'esprit du législateur pourrait prendre la forme d'un rapport pourrait être le préalable à un moratoire sur la politique de la privatisation qui ne donne en réalité que peu d’espace au contrôle par la force publique du respect de l’éthique dans la vente de ces services aux personnes. Il mettra en avant la grande incohérence de cette dynamique de privatisation avec les discours tendant à n’avoir d’égard que pour les parcours migratoires passant par le dépôt d’une demande de visa dans une chancellerie diplomatique ou consulaire française à l’étranger.