Mission d’information sur l’adaptation au changement climatique de la politique forestière et la restauration des milieux forestiers
Mardi 2 mai 2023, Sophie Panonacle (RE, Gironde) a présenté à la commission du développement durable et de l’aménagement du territoire les conclusions de la mission d’information sur l’adaptation au changement climatique de la politique forestière et la restauration des milieux forestiers qui était présidée par Catherine Couturier (LFI-NUPES, Creuse).
Les forêts françaises subissent une évolution trop rapide du climat par rapport à leurs capacités d’adaptation, s'alarment les députées. Elles souffrent moins de la hausse des températures que des sécheresses à répétition qui les affaiblissent et les rendent vulnérables à des parasites. Les sécheresses provoquent également des incendies d’une ampleur croissante et touchant des zones où ils étaient rares auparavant. Sophie Panonacle estime que « ce dérèglement rapide exige de forger les bases de nouveaux modes de gestion forestière sans lesquels la forêt française risque de subir une atteinte irréversible ».
Cette menace est grave car les forêts jouent un rôle multifactoriel, à la fois puits de carbone, réserve de biodiversité et source de matières premières et d’activités économiques. En outre, le dépérissement des forêts peut remettre en cause la politique de lutte contre le dérèglement climatique, dont elles sont un socle. Il s’agit d’assurer un équilibre environnemental vital tout en étant un acteur économique.
Alors que la forêt est le domaine du temps long, où la décennie et le siècle sont les unités de mesure du temps, et face à la diversité des forêts et des milieux naturels, les députés expliquent qu’il est impossible de fournir des solutions clefs en mains d’autant plus que les connaissances des arbres et des sols sont encore parcellaires.
Au moment où notre pays s’engage dans un développement de l’économie bas-carbone, il est attendu des forêts qu’elles fournissent le matériau se substituant aux autres plus énergivores (béton, ciment, plastique…), sans pour autant remettre en cause leurs fonctions biologiques. Sophie Panonacle constate ainsi que « la filière forêt-bois fait face à un double défi : s’adapter au dérèglement climatique sans savoir réellement de quelles essences elle disposera à moyen et long terme, et constituer elle-même une réponse au dérèglement climatique, notamment en fournissant et en transformant des matériaux biosourcés ».
Sophie Panonacle formule 39 propositions en vue d’adapter les politiques de gestion et de valorisation des forêts au changement climatique, structurées en trois grandes thématiques : gérer les conséquences pour la filière bois des évolutions forestières provoquées par le changement climatique ; développer de nouveaux outils de gestion forestière pour mieux appréhender les effets du changement climatique ; protéger la forêt des incendies et renforcer le dialogue et la connaissance du public autour des enjeux forestiers.
La forêt française constitue le second type d’occupation des sols après l’agriculture. Elle recouvre 17,1 millions ha dans l’hexagone et 8,4 millions en outre-mer, principalement en Guyane (près de 8 millions). Elle constitue la quatrième forêt d’Europe après la Suède, la Finlande et l’Espagne. 31 % du territoire de l’hexagone est boisé (96 % en Guyane). Elle est composée à 9 % par des forêts domaniales (forêts appartenant à l’État et gérées par l’ONF), à 16 % par des forêts communales (forêts appartenant à des communes ou leurs sections) et à 75 % par des propriétaires privés qui possèdent en majorité des parcelles inférieures à 1 ha. En Guyane, la quasi-totalité de la forêt est publique.
Les forêts sont un refuge de biodiversité. La forêt en Guyane abrite 400 000 espèces animales et végétales, dans l’Hexagone, elle abrite 73 espèces de mammifères, 120 espèces d’oiseaux forestiers, 30 000 espèces de champignons et bactéries et autant d’insectes.
Les forêts françaises reçoivent 700 millions de visites annuellement, pour de multiples activités. 38 millions de mètres cubes de bois sont commercialisés en moyenne chaque année. La filière bois très diverse, qui réunit pépiniéristes, bucherons, transporteurs, scieurs, industriels de la construction, de l’isolation, de l’emballage et de l’énergie, représente 60 000 entreprises et 440 000 emplois, soit 1,4 % de la population active et 12,4 % des emplois industriels, pour une valeur ajoutée de 25 milliards d’euros (1,1 % du PIB en 2017).
Voir la présentation des conclusions de la mission d’information en commission