Fabrication de la liasse

Amendement n°CL176

Déposé le jeudi 5 juin 2025
En traitement
Photo de madame la députée Elsa Faucillon

Elsa Faucillon

Membre du groupe Gauche Démocrate et Républicaine

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Photo de madame la députée Émeline K/Bidi

Émeline K/Bidi

Membre du groupe Gauche Démocrate et Républicaine

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Sous réserve de son traitement par les services de l'Assemblée nationale et de sa recevabilité

À l’alinéa 2, supprimer les mots :

 « , à l’exception de l’aide médicale de l’État, »

Exposé sommaire

Cet amendement vise à permettre la mise en œuvre de l’aide médicale d’Etat (AME) à Mayotte, en l’intégrant aux prestations sociales pouvant y être étendues par habilitation à légiférer par ordonnance, comme cela est prévu à l’article 15.

L’AME est un dispositif essentiel qui permet aux personnes étrangères en situation irrégulière, souvent en grande précarité, d’accéder aux soins de base. À Mayotte, où l’offre de soins est très insuffisante et la précarité largement répandue, le renoncement aux soins est particulièrement élevé : selon l’Insee (2019), près de la moitié des habitants de 15 ans ou plus ayant eu besoin de soins ont dû y renoncer ou les reporter.

Plus encore que dans les autres régions d’Outre-mer, la situation sanitaire y est alarmante : la mortalité infantile atteint 9,6 % contre 3,8 % dans l’Hexagone, et le taux de mortalité global est supérieur dans plusieurs tranches d’âge. Le système de santé repose quasi exclusivement sur un secteur public sous tension, avec une forte dépendance aux évacuations sanitaires vers La Réunion, passées de 500 en 2010 à près de 1700 quinze ans plus tard.

Actuellement, l’AME n’étant pas appliquée à Mayotte, seul l’article L.6416-5 du code de la santé publique s’applique, imposant à l’État de prendre en charge les soins urgents et vitaux des personnes non affiliées, ce qui fait peser l’intégralité de cette responsabilité sur le secteur public local déjà saturé. Comme le souligne la Défenseure des droits, cette situation alimente les tensions entre assurés et non-assurés, et nourrit des discours stigmatisants sur la pression migratoire.

Ainsi, au-delà de sa raison d’être humaniste, l’extension de l’AME à Mayotte répond à un impératif de santé publique, à la nécessité de respecter nos engagements internationaux en matière d’accès aux soins ainsi qu’à un objectif de maîtrise de la dépense publique.