- Texte visé : Projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2026, n° 1907
- Stade de lecture : 1ère lecture (1ère assemblée saisie)
- Examiné par : Commission des affaires sociales
Sous réserve de son traitement par les services de l'Assemblée nationale et de sa recevabilité
Supprimer l'alinéa 30.
Par cet amendement, le groupe parlementaire la France insoumise s’oppose à la hausse de la contribution sur les indemnités de rupture conventionnelle.
Le Gouvernement souhaite relever de 10 points le taux de la contribution sur les ruptures conventionnelles, pour un rendement de 260 millions d’euros en 2026.
Il fait donc le choix, au prétexte de réviser des niches sociales, d’attaquer le pouvoir relatif des travailleurs face au patronat. Rappelons que la rupture d’un contrat de travail par démission n’ouvre pas droit à indemnisation. Seul le recours à la rupture conventionnel permet de quitter un emploi avec l’assurance d’un revenu de remplacement permettant de survivre dans le laps de temps consacré à la recherche d’un emploi plus satisfaisant.
Alors que la souffrance au travail est un phénomène massif, une telle mesure revient à maintenir des personnes en souffrance dans des emplois qui ne leur conviennent pas, parce qu’ils y subissent du harcèlement, parce qu’ils sont mal rémunérés, parcequ’ils ne conviennent pas à leur qualifications, etc. Un récent baromètre Qualisocial-Ipsos relevait que 44 % des salariés déclarent un niveau de détresse psychologique élevé.
C’est donc bien de mise au travail forcée dont il s’agit, en privant les salariés du recours à l’outil qu’est la rupture conventionnelle.
En matière de mise au travail forcée et d’attaque sur le pouvoir de négociation des travailleurs, la macronie fait preuve de beaucoup de zèle. Depuis 2017, elle a fait subir 4 réformes de l’Assurance chômage aux travailleurs du pays. Une cinquième était en préparation, interrompue par la dissolution de l’Assemblée nationale de juin 2024 et la sévère défaite encaissée par les soutiens du Président Macron. Nous pensions avoir sorti cette menace par la porte, mais elle a fait son retour par la fenêtre. En septembre 2024, le groupe EPR a déposé une Proposition de loi « « portant réforme de l’assurance chômage » » par l’entremise de la désormais ministre de la Santé, Stéphanie Rist, sur commande de Gabriel Attal.
Ces attaques sur les personnes privées d’emploi et, par extension, sur l’ensemble des salariés, sont d’autant plus indigne que le pays compte 6,3 millions de demandeurs d’emploi à un instant donné, pour seulement 151 000 offres non pourvues sur une année. Avec 488 000 emplois vacants dans le pays au dernier trimestre, cela fait donc 13 demandeurs d’emploi par offre disponible.
Nous considérons au contraire qu’il ne faut pas précipiter les reprises d’emploi de mauvaise qualité et qu’il faut garantir un pouvoir de négociation des travailleurs face au patronat pour soutenir les rémunérations et la qualité générale de l’emploi disponible.
Les ruptures conventionnelles y participent.
Si le Gouvernermenet souhaite dégager davantage que ces 260 millions de recettes, la piste de la suppression de l’exemption portant sur les plans d’épargnes retraite (PERE-CO) existe : elle rapporterait 300 millions d’euros à elle seule.
Pour toutes ces raisons, le groupe parlementaire la France insoumise propose la suppression de cet alinéa 30, qui augmente de 10 points la contribution sur les ruptures conventionnelles.