XVIIe législature
Session ordinaire de 2024-2025

Première séance du mardi 13 mai 2025

Sommaire détaillé
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Première séance du mardi 13 mai 2025

Présidence de Mme Yaël Braun-Pivet

Mme la présidente

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    La séance est ouverte.

    (La séance est ouverte à quinze heures.)

    1. Questions au gouvernement

    Mme la présidente

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    L’ordre du jour appelle les questions au gouvernement.

    ArcelorMittal

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Manuel Bompard.

    M. Manuel Bompard

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    Monsieur le premier ministre, allez-vous abandonner les salariés d’ArcelorMittal ? Ils sont mobilisés aujourd’hui contre la suppression de plus de 600 emplois. Certains sont présents dans les tribunes. Je leur apporte tout notre soutien dans ce combat d’intérêt général. (Applaudissements sur les bancs des groupes LFI-NFP, SOC, Dem, GDR et sur quelques bancs des groupes RN, EPR et HOR.)
    Il ne s’agit pas seulement de sauver des emplois, mais aussi de défendre la possibilité de produire de l’acier en France. Or Mittal refuse d’investir pour décarboner la production. Il en a pourtant les moyens puisqu’il a versé 12 milliards à ses actionnaires au cours des dernières années.
    La décarbonation doit intervenir avant 2030 et il faut quatre ans pour la réaliser. C’est donc maintenant que tout se joue ! Sinon, toute la filière disparaîtra, emportant plus de 60 000 emplois. (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP.)
    L’attentisme est une stratégie délibérée pour fermer tous les sites en France. Arrêtez de nous faire croire que vous pouvez ramener Mittal à la raison alors qu’il a pour unique objectif de vous faire cracher encore plus d’argent public pour remplir les poches de ses actionnaires.
    Pendant que vous gesticulez, le groupe se dépêche de supprimer les emplois indispensables au maintien de l’activité. Si Mittal veut partir, qu’il s’en aille ! Les salariés peuvent faire sans lui. (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP. –⁠ M. François Ruffin applaudit également.)
    Vous avez la responsabilité de sauver la production d’acier en France. Le Royaume-Uni, le Kazakhstan, l’Italie l’ont fait. Qu’attendez-vous ? (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP.) Après Sarkozy et Gandrange en 2008, après Hollande et Florange en 2012 (Exclamations sur les bancs du groupe RN), les salariés d’ArcelorMittal en ont assez des promesses sans lendemain, des mots creux, des trahisons. Ils veulent des actes. Nous aussi ! (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP.)
    Alors, monsieur le premier ministre, allez-vous nationaliser ArcelorMittal ou serez-vous le fossoyeur de la production d’acier en France ? (Les députés du groupe LFI-NFP se lèvent et applaudissent.)

    Un député du groupe RN

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    Paroles ! C’est vous les fossoyeurs de la France !

    Un député du groupe EPR

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    La meute a parlé !

    Mme la présidente

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    La parole est à Mme la ministre déléguée chargée du commerce, de l’artisanat, des petites et moyennes entreprises et de l’économie sociale et solidaire.

    Mme Véronique Louwagie, ministre déléguée chargée du commerce, de l’artisanat, des petites et moyennes entreprises et de l’économie sociale et solidaire

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    Je vous prie de bien vouloir excuser mon collègue, Marc Ferracci, ministre chargé de l’industrie et de l’énergie, qui ne peut être présent aujourd’hui.

    M. Fabien Di Filippo

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    Ce n’est pas grave ! Il ne nous manque pas !

    Mme Véronique Louwagie, ministre déléguée

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    Les annonces d’ArcelorMittal sont une mauvaise nouvelle pour les sites français. Comme vous, j’ai une pensée pour les ouvriers d’Arcelor qui sont inquiets, veulent retourner à l’usine et avoir un horizon clair. Nous le savons tous, la sidérurgie européenne traverse une crise majeure : elle est frappée de plein fouet par la concurrence internationale et la surcapacité mondiale.

    M. Ugo Bernalicis

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    Ça ne s’appelle pas une crise, ça s’appelle le libéralisme !

    Mme Véronique Louwagie, ministre déléguée

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    Entre 2018 et 2023, la production européenne a chuté de 20 %. En 2024, la demande sur le marché européen était encore faible, ce qui a conduit à la décision d’ArcelorMittal, que l’on ne peut que regretter.

    M. Ugo Bernalicis

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    Nous n’avons pas besoin d’un état des lieux ! Vous, qu’allez-vous faire ?

    Mme Véronique Louwagie, ministre déléguée

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    Aucun site français n’est menacé de fermeture après les annonces du groupe.

    Une députée du groupe LFI-NFP

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    Mensonge !

    Mme Véronique Louwagie, ministre déléguée

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    L’État attend désormais qu’ArcelorMittal précise sa stratégie à moyen terme en France et confirme ses projets d’investissement, en particulier pour le site de Dunkerque. (Exclamations sur plusieurs bancs du groupe LFI-NFP.)
    Nous ne pouvons pas empêcher l’entreprise d’améliorer sa compétitivité en réduisant le nombre de postes (« Oh ! » sur plusieurs bancs des groupes LFI-NFP et GDR), mais nous devons exiger qu’en contrepartie elle présente sa vision de long terme afin de garantir la pérennité de sa présence en France.

    M. Aurélien Le Coq

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    Mais vous faites quoi ?

    M. Ugo Bernalicis

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    C’est vous qui n’avez pas de vision de long terme !

    Mme Véronique Louwagie, ministre déléguée

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    Nous veillerons également à ce que le plan de sauvegarde de l’emploi s’accompagne d’un reclassement des salariés dans le bassin d’emploi. (Exclamations sur quelques bancs du groupe RN.)

    M. Aurélien Le Coq

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    Vous abandonnez les ouvriers !

    Mme Véronique Louwagie, ministre déléguée

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    Le gouvernement sera ferme et attentif à toutes les décisions du groupe, à ses investissements et aux attentes des salariés. (« Honteux ! » sur les bancs du groupe LFI-NFP.)

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Manuel Bompard.

    M. Manuel Bompard

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    Les salariés d’ArcelorMittal n’ont rien à faire de vos mots et de votre compassion.

    M. Fabien Di Filippo

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    Dans ce cas, ne posez pas de question !

    M. Manuel Bompard

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    Ils veulent des actes ! Nationalisez ArcelorMittal pour maintenir la capacité de produire de l’acier en France ! (Le temps de parole étant écoulé, Mme la présidente coupe le micro de l’orateur. –⁠ Les députés du groupe LFI-NFP se lèvent et applaudissent ce dernier.)

    Soumission chimique

    Mme la présidente

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    La parole est à Mme Sandrine Josso.

    Mme Sandrine Josso

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    Il y a dix-huit mois, je découvrais la soumission chimique à mon insu –⁠ ce terme méconnu s’est vulgarisé à l’occasion du procès dit des viols de Mazan. La soumission chimique est une forme extrême de trahison, l’utilisation d’une substance qui vise à vous anéantir, à vous contrôler et à vous faire perdre votre dignité.
    Face à cette terrible réalité, j’ai choisi de me battre pour que ce crime parfait ne le soit plus et pour que toutes les preuves, fugaces, soient détectées grâce à de meilleurs réflexes tant sur le plan médical, judiciaire qu’humain.
    La mission sur la soumission chimique que le gouvernement Attal nous a confiée à la sénatrice Véronique Guillotin et à moi-même s’est poursuivie après la dissolution. Nous avons rencontré 275 personnes, organisé cinquante auditions et effectué des déplacements en France et à l’étranger.
    Nos conclusions sont sans appel : il faut développer la sensibilisation et la prévention partout sur le territoire, accompagner les victimes avec exigence et humanité, optimiser le traitement judiciaire et former les professionnels. Il faut également aider ces derniers à agir, la levée du secret médical devant s’accompagner d’une garantie d’immunité disciplinaire. Nous devons par ailleurs faciliter l’accès aux preuves en renforçant les moyens des unités médico-judiciaires et en développant les prélèvements immédiats –⁠ même tard dans la nuit et le week-end – grâce à un maillage territorial encadré par un protocole national, des infirmières pouvant par exemple prendre le relais dans les déserts médicaux.
    Rien ne sera plus comme avant. Notre rapport est dédié à toutes les victimes de ce fléau. (Applaudissements sur les bancs des groupes Dem, EPR, LFI-NFP, SOC, DR, EcoS, HOR, LIOT et GDR.) Comment allez-vous vous emparer de ce document, qui comporte cinquante propositions, dont quinze applicables dès 2025 ? Quelles seront vos priorités pour endiguer cette urgence de santé publique ? (Applaudissements sur les bancs des groupes Dem, EPR, LFI-NFP, SOC, DR, EcoS, HOR, LIOT et GDR et sur quelques bancs du groupe RN.)

    M. Philippe Vigier

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    Très bien !

    Mme la présidente

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    La parole est à Mme la ministre déléguée chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes et de la lutte contre les discriminations.

    Mme Aurore Bergé, ministre déléguée chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes et de la lutte contre les discriminations

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    Au nom du gouvernement et, je crois, de l’ensemble des parlementaires, permettez-moi de saluer votre courage, le courage dont vous avez fait preuve et que vous continuez de démontrer. Votre engagement a été essentiel non seulement pour alerter les consciences, dénoncer et agir, mais aussi pour qu’aucune femme, aucun homme dans notre pays ne subisse ce que vous avez vécu. (Tous les députés se lèvent et applaudissent.)
    Grâce à votre travail et à celui de la sénatrice Véronique Guillotin, le gouvernement pourra s’appuyer sur un rapport qui constitue une base solide. Vous l’avez souligné : ceux qui recourent à la soumission chimique considèrent qu’elle permet le crime parfait : un crime qui empêche la victime de parler, de refuser, de crier, de consentir ; un crime qui annihile et qui, en apparence, ne laisse pas de traces. Mais ces traces existent dès lors que nous savons les détecter et recueillir les preuves.
    C’est pourquoi, avec le ministre de la santé, Yannick Neuder, qui était à mes côtés hier lors de la présentation de votre rapport, nous avons décidé de former massivement les professionnels de santé. Nous allons également alerter les Français car, trop longtemps, la soumission chimique a été perçue comme un événement rare dû à une mauvaise rencontre en soirée. Or, il faut le reconnaître, elle peut survenir au sein même de nos entourages, de nos familles. C’est ce que la tragédie des viols de Mazan a révélé : les prédateurs, comme les victimes, n’ont pas de visage type. Nous allons donc alerter l’ensemble de la société pour qu’elle devienne un allié dans la lutte contre ce fléau. À cet effet, nous lancerons une grande campagne nationale, comme vous l’appelez de vos vœux.
    Comme nous l’avons fait pour les violences intrafamiliales, nous continuerons d’avancer avec courage, notamment en explorant la possibilité de lever le secret médical lorsque cela permet de mieux protéger les victimes.
    Merci à vous ! Soyez assurée que le gouvernement est, et restera, au rendez-vous. Nous n’avons pas le droit de vous décevoir. (Applaudissements sur les bancs des groupes EPR, Dem et HOR et sur quelques bancs des groupes SOC et LIOT.)

    Abolition du Code noir

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Laurent Panifous.

    M. Laurent Panifous

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    En ce mois de commémorations des victimes de l’esclavage, je prends solennellement la parole au nom de mes collègues Max Mathiasin et Olivier Serva, députés de la Guadeloupe, et de tous mes collègues du groupe LIOT, pour vous alerter sur un élément troublant de notre arsenal juridique : la non-abrogation formelle du Code noir.
    Le Code noir est ce recueil d’édits royaux publiés à partir de 1685 qui a régi la mise en esclavage d’êtres humains en les réduisant au statut juridique de biens meubles. Ce sont des châtiments abjects comme les coups de corde, le marquage au fer, la découpe de jarrets ou d’oreilles, la peine de mort.
    On peut croire que le décret d’abolition de l’esclavage de 1848 a abrogé le Code noir, mais il n’en est rien, puisqu’aucun texte ne l’a formellement aboli. Certes, la France a fait de la traite négrière et de l’esclavage un crime contre l’humanité. Certes, le 10 mai est la journée nationale des mémoires de la traite, de l’esclavage et de leur abolition, et le 23 la journée nationale en hommage aux victimes de l’esclavage colonial. Pourtant, j’y insiste, la France n’a jamais abrogé le Code noir.
    Le débat n’est pas de savoir s’il est applicable ou pas. Il s’agit de dignité humaine, d’un symbole. Nous devons une telle abrogation à ces femmes et à ces hommes mis en captivité, et à leurs descendants, au nom de la justice réparatrice.
    Monsieur le premier ministre, l’heure est venue pour la République de se laver de l’ignominie du Code noir ! (Les députés des groupes LIOT, EPR, LFI-NFP, SOC, EcoS, Dem, HOR, GDR et UDR, ainsi que les députés non inscrits, plusieurs députés du groupe DR et quelques députés des groupes RN et UDR, se lèvent et applaudissent. –⁠ Les députés du groupe LFI-NFP désignent les députés du groupe RN restés assis.)

    Mme la présidente

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    La parole est à M. le premier ministre, chargé de la planification écologique et énergétique.

    M. François Bayrou, premier ministre, chargé de la planification écologique et énergétique

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    Grâce à votre question, je découvre une réalité juridique que j’ignorais totalement, et j’imagine que c’est le cas pour beaucoup d’entre vous. Contrairement à ce que nous croyions, le Code noir n’a pas été aboli en 1848, en même temps que l’esclavage, qui l’avait été une première fois pendant la Révolution française, avant que Napoléon ne le rétablisse.
    Nos souvenirs de livres d’histoire nous avaient tous persuadés –⁠ du moins l’étais-je – que le Code noir avait été aboli. Ce code s’imposait aux femmes et aux hommes réduits en esclavage, pratique que la République française a reconnu crime contre l’humanité –⁠ c’est le seul pays au monde à l’avoir défini ainsi. Nous croyions donc tous que ce code avait été aboli. Je vous remercie d’avoir attiré l’attention de la représentation nationale et du gouvernement sur ce sujet.
    Si le Code noir n’a pas été aboli en 1848, il doit l’être à présent. Nous devons faire le choix de la réhabilitation historique ; il faut réconcilier la République avec elle-même. Au nom du gouvernement, je prends donc l’engagement qu’un texte actant l’abolition du Code noir sera présenté au Parlement et voté, je l’espère, à l’unanimité. C’est en tout cas la volonté du gouvernement. (Applaudissements sur les bancs des groupes EPR, Dem, HOR et LIOT, sur plusieurs bancs des groupes SOC, DR, EcoS et GDR ainsi que sur quelques bancs des groupes RN et LFI-NFP.)

    Lutte contre le narcotrafic

    Mme la présidente

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    La parole est à Mme Pascale Bordes.

    Mme Pascale Bordes

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    Niccolo Scardi est ce sapeur-pompier volontaire qui a été percuté par un chauffard multirécidiviste alors qu’il tentait de mettre fin au rodéo urbain auquel se livrait ce criminel. Il a ainsi choisi de risquer sa vie afin de préserver celle des autres. Cet acte courageux nous oblige. J’espère du plus profond de mon être qu’il sortira vainqueur du combat qu’il mène pour sa vie. (Applaudissements sur les bancs des groupes RN, EPR, Dem, LIOT et UDR ainsi que sur quelques bancs du groupe LFI-NFP.)
    Cet épisode dramatique nous ramène à la réalité de ce qu’est devenue notre société : il est fini le temps où un garde des sceaux et un ministre de l’intérieur aveugles évoquaient un simple sentiment d’insécurité. Aujourd’hui, plus aucun territoire n’échappe à la gangrène de l’ultraviolence criminelle.
    Je donnerai un exemple récent d’un incident qui s’est déroulé dans ma circonscription du Gard, à Bagnols-sur-Cèze, ville gangrenée par le trafic de stupéfiants depuis plusieurs années.
    Il y a quelques jours, un nouveau seuil a été franchi : alors que des lycéens et les professeurs d’EPS qui les chronométraient se trouvaient dans un stade jouxtant un point de deal, ils ont été pris à partie par des dealers armés qui les ont menacés de mort, tout simplement parce qu’ils faisaient du bruit et que cela gênait leur commerce illicite.
    Le lundi suivant, les épreuves sportives du baccalauréat devaient avoir lieu dans ce stade, mais elles ont été annulées, l’État ne pouvant garantir la sécurité des élèves et des enseignants. Pour l’heure, les enfants ne peuvent plus faire de sport, tandis que les riverains et les commerçants vivent un enfer quotidien. Quant aux dealers, ils continuent tranquillement leur trafic aux abords de ce stade, à la vue de tous.

    M. Kévin Mauvieux

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    Ah, il est beau le bilan de M. Retailleau !

    Mme Pascale Bordes

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    En guise de réponse, l’État n’a offert rien d’autre qu’un silence assourdissant qui envoie un message : c’est aux citoyens de s’adapter aux criminels.
    Monsieur le ministre de l’intérieur, l’heure n’est plus aux discours. Sur le terrain, la population des oubliés demande des actes forts. En théorie, force doit rester à la loi, mais nos concitoyens voient bien qu’en pratique, c’est la force des malfaisants qui fait la loi.

    M. Benjamin Lucas-Lundy

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    Rendez l’argent !

    Mme Pascale Bordes

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    Quelles mesures à effet immédiat comptez-vous prendre pour que nos concitoyens ne soient plus livrés à eux-mêmes face aux narcotrafiquants ? (Applaudissements sur les bancs des groupes RN et UDR.)

    Mme la présidente

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    La parole est à M. le ministre d’État, ministre de l’intérieur.

    M. Bruno Retailleau, ministre d’État, ministre de l’intérieur

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    D’autres questions me donneront l’occasion de revenir sur ce qui est arrivé à ce sapeur-pompier volontaire qui combat toujours la mort et qui nous a tous beaucoup touchés.
    Vous m’interrogez sur le narcotrafic. C’est un combat national, que nous ne gagnerons ni en quelques heures, ni en quelques jours. Un tsunami de poudre blanche ravage non seulement nos villes, mais aussi nos campagnes.
    J’ai été informé du trouble profond suscité dans la commune que vous évoquez par des menaces proférées à l’encontre de lycéens aux abords d’un point de deal. Les policiers se sont immédiatement mobilisés, tout comme les policiers municipaux, et ont bénéficié du renfort des CRS. Ils ont procédé à trois interpellations et à une mise sous écrou. Nous ne laisserons pas les choses en l’état.
    Avec l’autorité judiciaire, nous devons démanteler ce réseau : il le sera. J’ai demandé au maire de densifier le réseau de vidéosurveillance –⁠ c’est fondamental. En un an, nous avons triplé le nombre de mises sous écrou et la tendance se confirme en 2025. Quarante-cinq personnes ont été placées sous écrou en 2024 et il y en aura sans doute encore davantage en 2025.
    Vous appelez plus généralement mon attention sur votre département. À Nîmes, nous avons commencé à mener de nouvelles opérations renforcées de sécurité, qui mêlent dimensions judiciaire, sécuritaire et administrative. En quelques semaines, il a été procédé à 598 interpellations. Une centaine de commerces ont été contrôlés ; vingt d’entre eux ont été définitivement fermés. Des armes blanches ont été confisquées.
    Demain, au côté du président de la République, nous inaugurerons l’état-major permanent de lutte contre la criminalité organisée. Il s’agit de donner forme au texte que vous avez voté très majoritairement pour lutter contre ce phénomène. Ce combat sera long et difficile mais, croyez-moi, nous le gagnerons. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe DR.)

    ArcelorMittal

    Mme la présidente

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    La parole est à M. François Ruffin.

    M. François Ruffin

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    Savez-vous de quoi est composé ce micro ? D’acier. Votre montre ? D’acier. Nos sièges, sous le velours ? D’acier. De l’agroalimentaire à l’aéronautique, toutes nos entreprises tournent avec de l’acier. Pas d’industrie, et encore moins d’industrie de la défense, sans acier. Un acier sur lequel a d’ailleurs été fondée l’Union européenne.
    Aujourd’hui, la question se pose : conserverons-nous une production d’acier, un secteur de la sidérurgie, sur le sol français ?

    M. Gérault Verny

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    Non, à cause des écolos !

    M. Alexandre Portier

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    Merci les écolos !

    M. François Ruffin

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    En dix ans, ArcelorMittal a diminué sa production d’acier en Europe d’un quart, tandis qu’en Inde et au Brésil le groupe l’a augmentée d’un tiers.
    La firme a gelé et enterré la décarbonation de ses hauts fourneaux de Dunkerque et de Fos-sur-Mer, alors que ces projets sont vitaux pour l’avenir. Même le simple entretien –⁠ les investissements courants – n’est plus effectué. Tous les ouvriers, qu’ils travaillent à Florange, en Basse-Indre ou à Montataire, parlent de cuves fissurées, de blindages abîmés et de poutres cassées et non réparées. Mittal encaisse les dividendes et les aides publiques, mais n’investit pas et abandonne l’outil de travail –⁠ c’est un sabordage en règle. (Applaudissements sur les bancs des groupes EcoS et GDR.)

    M. Gérault Verny

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    C’est de votre faute ! Vous êtes des fossoyeurs !

    M. François Ruffin

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    Et que nous racontez-vous ? Je cite les mots que vous avez prononcés à l’instant : « C’est une mauvaise nouvelle » ; vous avez « une pensée » pour les ouvriers ; vous allez « les accompagner ». Mais qu’est-ce donc que cela ? Faites-vous partie d’un gouvernement ou bien d’une entreprise de pompes funèbres ? (Applaudissements sur les bancs des groupes EcoS et GDR ainsi que sur plusieurs bancs du groupe SOC.)
    Les ouvriers qui se sont déplacés à Paris aujourd’hui –⁠ Gaëtan, Sylvain, Ludo – ne vous demandent pas des regrets et des larmes, mais du combat et de l’action ! (Applaudissements sur les bancs du groupe EcoS. –⁠ M. Inaki Echaniz applaudit également.) Vous nous dites que l’État attend : ces ouvriers repartiront chez eux avec une garantie, celle de votre inaction !
    Voilà pourquoi, monsieur le ministre de l’industrie, nous réclamons la nationalisation, non comme une solution miracle, mais comme une nécessité. (Applaudissements sur les bancs des groupes EcoS et GDR ainsi que sur quelques bancs du groupe SOC.) Nous réclamons aussi des protections face à la Chine, en surcapacité de production en ce qui concerne l’acier et mille autres produits.

    M. Frédéric Weber

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    On ne produit pas de l’acier avec des éoliennes !

    M. François Ruffin

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    Vous faites un autre choix, celui du laisser-faire : vous avez très clairement choisi de laisser tomber l’acier français. (Applaudissements sur les bancs du groupe EcoS, dont plusieurs députés se lèvent, ainsi que sur plusieurs bancs des groupes SOC et GDR.)

    Mme la présidente

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    La parole est à Mme la ministre déléguée chargée du commerce, de l’artisanat, des petites et moyennes entreprises et de l’économie sociale et solidaire.

    Mme Véronique Louwagie, ministre déléguée chargée du commerce, de l’artisanat, des petites et moyennes entreprises et de l’économie sociale et solidaire

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    J’ai déjà répondu à une question similaire posée par votre collègue Manuel Bompard.

    M. François Ruffin

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    Je vous donne une deuxième chance !

    Mme Véronique Louwagie, ministre déléguée

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    Je vous redirai donc que le gouvernement se tient au plus près des salariés. Il est attentif aux réponses et à la réalité des investissements d’ArcelorMittal.
    Reste que l’acier traverse une situation difficile au niveau mondial. (Exclamations sur les bancs du groupe EcoS.) C’est particulièrement vrai au niveau européen –⁠ vous ne pouvez le nier.
    Que ce soit pour l’acier ou pour d’autres produits, la défense de notre industrie passe par une action d’ampleur à l’échelle européenne. (Exclamations sur les bancs des groupes EcoS et GDR.) C’est la raison pour laquelle, dès le 27 février, ont été réunis industriels, partenaires européens et représentants de la Commission européenne à Paris. Cette réunion s’est traduite dès le 19 mars par l’annonce d’une stratégie européenne de l’acier. (Exclamations sur les bancs du groupe RN.) C’est à l’échelle européenne que nous trouverons une solution.
    Vous évoquez une autre réponse possible : la nationalisation. Mais ArcelorMittal n’est pas à vendre. Au demeurant, l’objectif du gouvernement est de maintenir à bord des actionnaires privés et de leur permettre de travailler tout en conservant des exigences et une certaine fermeté.
    Ce n’est pas en nationalisant toutes les filières –⁠ et donc les pertes de celles qui traversent des turbulences – que nous résoudrons le problème. La nationalisation n’est pas une réponse aux difficultés de la sidérurgie européenne. La réponse passe par la protection de nos intérêts au niveau européen contre la surproduction chinoise.

    M. Alexis Corbière

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    Quelle langue de bois !

    Mme Véronique Louwagie, ministre déléguée

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    C’est la raison pour laquelle nous devons agir au niveau européen. Nous serons aux côtés des salariés et nous veillerons à ce que toutes les opérations de reclassement à la charge de l’entreprise soient effectivement menées. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe DR. –⁠ Exclamations sur les bancs des groupes LFI-NFP et EcoS.)

    Manifestation du Comité du 9-Mai

    Mme la présidente

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    La parole est à Mme Céline Hervieu.

    Mme Céline Hervieu

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    Le 8 mai, nous célébrions les 80 ans de la victoire des Alliés contre le nazisme. Deux jours après, des néonazis défilaient en plein Paris.

    Un député du groupe SOC

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    Quelle honte !

    Mme Céline Hervieu

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    Slogans racistes, visages dissimulés, cagoulés, tatouages nazis ornés de croix gammées, tambours à flammes rouges rappelant ceux des jeunesses hitlériennes : beaucoup de nos compatriotes, abasourdis, ont éprouvé un sentiment de colère, et même de dégoût, face à ce spectacle indigne.
    Parmi ces manifestants figuraient Marc de Cacqueray-Valménier, ancien du GUD, Raphaël Ayma, ancien assistant parlementaire du RN, et Axel Loustau, un proche de Marine Le Pen. (Exclamations sur quelques bancs du groupe RN.)
    Les pouvoirs publics ont tenté en vain d’interdire ce rassemblement. Monsieur le ministre de l’intérieur, cette manifestation n’aurait jamais dû avoir lieu. Le préfet de police aurait dû faire appel de la décision de justice. (Applaudissements sur les bancs des groupes SOC, LFI-NFP, EcoS et GDR ainsi que sur plusieurs bancs des groupes EPR et Dem.) La police aurait dû intervenir pour ne pas laisser défiler des hommes au visage masqué.

    Une députée du groupe LFI-NFP

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    On vous entend moins, en face !

    Mme Céline Hervieu

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    Dimanche, en campagne pour la présidence de votre parti, vous expliquiez que vous réserviez vos coups à vos adversaires –⁠ la gauche. Vous n’avez pas dit un seul mot sur ces manifestations à Paris. Il n’y a pas eu la moindre réaction de votre part, ni de celle du gouvernement ! (Mêmes mouvements.)
    Vous qui êtes toujours prompt à dénoncer les accès de violence de l’extrême gauche, vous qui faites de l’insécurité votre fonds de commerce électoral, allez-vous prendre la mesure de la menace que représente la montée de l’extrême droite dans ce pays ? (Exclamations sur plusieurs bancs du groupe RN.) Allez-vous prononcer la dissolution du Comité du 9-Mai ? (Applaudissements sur les bancs des groupes SOC, LFI-NFP, EcoS et GDR, sur plusieurs bancs des groupes EPR et Dem ainsi que sur quelques bancs du groupe RN.) Allez-vous, comme le proposent les socialistes, notamment Arthur Delaporte, interdire tous les symboles de haine qui renvoient de manière établie à une idéologie fasciste ? La seule présence de ces symboles dans nos villes devrait être considérée comme un trouble à l’ordre public.
    Il y a quelques semaines, des manifestants chantaient : « Paris est nazi ! » Non, Paris est antifasciste ! La France est antifasciste, notre République est antifasciste : il serait temps que le gouvernement le soit aussi ! (Les députés des groupes SOC, EPR, LFI-NFP, EcoS, LIOT et GDR ainsi que plusieurs députés des groupes RN et HOR se lèvent et applaudissent. –⁠ Mme Justine Gruet se lève et applaudit également. –⁠ Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe DR.)

    Mme la présidente

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    La parole est à M. le ministre d’État, ministre de l’intérieur.

    M. Bruno Retailleau, ministre d’État, ministre de l’intérieur

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    Le 8 mai, nous avons tous célébré la paix et la liberté. J’étais moi-même dans la petite commune qui a vu naître Jean de Lattre de Tassigny, en Vendée, lequel a signé pour la France l’acte de capitulation de l’Allemagne nazie le 8 mai 1945. (Mme Justine Gruet applaudit.)
    Je n’ai pas l’indignation sélective.

    Plusieurs députés des groupes LFI-NFP, SOC et EcoS

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    Si !

    M. Bruno Retailleau, ministre d’État

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    Nous avons enclenché la procédure pour dissoudre un groupe d’ultradroite, Lyon Populaire, ainsi que d’autres groupes, d’ultragauche, comme La Jeune Garde. (Exclamations sur les bancs des groupes LFI-NFP, SOC, EcoS et GDR.) Pas de géométrie variable ! (Applaudissements sur les bancs des groupes RN, DR, HOR et UDR ainsi que sur quelques bancs du groupe EPR.)
    Le week-end dernier, avec le préfet de police de Paris, nous étions convenus que ce dernier prenne trois arrêtés d’interdiction à l’encontre de trois manifestations : un défilé d’ultradroite, un contre-défilé d’ultragauche et un village antifasciste devant le Panthéon. (Exclamations prolongées sur les bancs des groupes LFI-NFP et EcoS.)

    M. Alexis Corbière

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    C’est la même chose, le fascisme et l’antifascisme ?

    Mme Sophie Taillé-Polian

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    Fascistes, antifascistes : on ne sait plus trop…

    M. Bruno Retailleau, ministre d’État

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    Le juge administratif a confirmé l’interdiction de la contre-manifestation d’ultragauche. Cette décision n’a été prise ni par le ministre de l’intérieur, ni par le préfet de police, mais par la justice administrative –⁠ je le répète pour vous qui êtes si attachés, comme nous tous, à la règle de droit.

    M. Alexis Corbière

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    Et vous, vous n’êtes pas antifasciste ?

    M. Bruno Retailleau, ministre d’État

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    Nous avons mobilisé de nombreux membres des forces de l’ordre pour encadrer ces manifestations. Elles l’ont été : les forces de l’ordre ont procédé à de multiples interpellations. Conformément à l’article 40 du code de procédure pénale, nous avons signalé plusieurs individus, notamment certaines personnes faisant partie du service d’ordre du défilé d’ultradroite, qui ont défilé visage masqué, cagoulé –⁠ c’est un délit. (Exclamations sur plusieurs bancs des groupes LFI-NFP et EcoS.)
    Depuis, nous avons visionné les vidéos et nous avons procédé à un nouveau signalement au titre de l’article 40 pour des gestes et des symboles qui, à notre avis, tombent sous le coup de la loi de la République… (Mme la présidente coupe le micro de M. le ministre, dont le temps de parole est écoulé. –⁠ Quelques députés du groupe DR applaudissent ce dernier.)

    Sommet de la coalition des volontaires à Kiev

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Pieyre-Alexandre Anglade.

    M. Pieyre-Alexandre Anglade

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    Monsieur le ministre de l’Europe et des affaires étrangères, ce week-end, à Kiev, se réunissait le camp de la paix. Le déplacement du président Macron, aux côtés du chancelier d’Allemagne et des premiers ministres du Royaume-Uni et de Pologne, signait le retour des Européens au cœur des efforts diplomatiques pour l’Ukraine et délivrait un message clair : aucune paix durable ne peut se bâtir en Ukraine sans l’Europe. Lors de ce déplacement, les Européens unis ont notamment soutenu une proposition de cessez-le-feu complet et inconditionnel de trente jours, appuyée par la coalition des volontaires, l’Ukraine et nos partenaires américains. Il appartient désormais à la Russie d’y adhérer sans conditions ni manœuvres dilatoires et de s’engager sur le chemin de la paix, lors de la rencontre prévue à Istanbul ce jeudi.
    L’autre fait majeur de ce week-end est l’offensive massive et coordonnée du camp de la guerre contre ces efforts de paix. D’abord, la sphère complotiste, animée depuis la Russie, a cherché à décrédibiliser l’action du président de la République en faisant passer pour un sachet de drogue un simple mouchoir posé sur la table. Ensuite, les relais politiques du Kremlin en Europe, dont certains siègent dans cet hémicycle, notamment la présidente du groupe Rassemblement national, Mme Le Pen, ont accusé directement le président de la République de préparer la guerre alors même qu’il défendait une proposition de cessez-le-feu en Ukraine. (Applaudissements sur les bancs des groupes EPR et Dem. –⁠ Protestations sur les bancs du groupe RN.) Ces accusations mensongères sont graves car elles alimentent le climat conflictuel et jouent donc contre les intérêts de la France et des Français. (Applaudissements sur les bancs des groupes EPR et Dem.)
    Je veux d’ailleurs dire ici notre soutien à nos militaires, à nos services de sécurité et à nos diplomates, qui agissent quotidiennement pour parvenir à la paix, afin de garantir la sécurité de nos compatriotes, mais sont mis en cause par ces déclarations émanant de soi-disant patriotes, qui viennent à nouveau de démontrer leur soumission à une puissance étrangère. (Nouvelles protestations sur les bancs du groupe RN.)
    Aussi, pouvez-vous nous indiquer quelles sanctions supplémentaires seront prises avec nos partenaires européens et américains si Vladimir Poutine ne consent pas… (Le temps de parole étant écoulé, Mme la présidente coupe le micro de l’orateur.)

    Mme la présidente

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    La parole est à M. le ministre de l’Europe et des affaires étrangères.

    M. Jean-Noël Barrot, ministre de l’Europe et des affaires étrangères

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    Le camp de la paix s’est en effet réuni ce week-end à Kiev. Pour marquer leur opposition à la poutinisation du monde, leur refus de la prééminence de la force sur le droit, leur refus de laisser Vladimir Poutine imposer au monde sa logique coloniale, impérialiste et guerrière, la France, l’Allemagne, le Royaume-Uni, la Pologne et l’Ukraine ont, à cette occasion, lancé un appel à un cessez-le-feu inconditionnel de trente jours, permettant l’ouverture de négociations menant à la paix.
    Ils ont brandi la menace de sanctions coordonnées entre les États-Unis et l’Europe, dévastatrices pour la Russie,…

    M. Laurent Jacobelli

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    Oh là là, ça fait peur !

    M. Jean-Noël Barrot, ministre

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    …si celle-ci ne consentait pas à cesser le feu. Ils ont également poursuivi les travaux sur le soutien militaire à l’Ukraine et sur les capacités militaires dont ce pays aura besoin, une fois la paix conclue, pour écarter définitivement la menace. Parce que, comme vous l’avez dit très justement, la paix n’est jamais définitivement acquise. Elle ne peut être sauvegardée que si l’on est suffisamment fort pour écarter toutes les menaces.
    De ce point de vue, je pense, comme vous, que la complaisance de certains responsables politiques français vis-à-vis de la logique guerrière de Vladimir Poutine est irresponsable et coupable. Ce qui se joue aujourd’hui en Ukraine, c’est la possibilité même de maintenir la paix sur le continent européen dans cinq, dix, vingt ans. La France est ciblée et pilonnée par des opérations de désinformation et des cyberattaques russes, relayées par des sphères d’extrême droite en Europe comme aux États-Unis. La complaisance de certains responsables politiques français vis-à-vis de ces attaques les disqualifie pour l’exercice des fonctions auxquelles ils aspirent. (Applaudissements sur les bancs des groupes EPR et Dem ainsi que sur quelques bancs du groupe SOC.)

    Menaces contre des fonctionnaires du ministère de l’environnement

    Mme la présidente

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    La parole est à Mme Lisa Belluco.

    Mme Lisa Belluco

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    Monsieur le ministre de l’intérieur, la chasse aux sorcières et les appels au meurtre vont-ils durer encore longtemps en toute impunité ? Depuis des mois, un discours populiste gangrène notre pays. Il fait passer les personnes qui travaillent dans le secteur de l’environnement pour les responsables de tous les maux. La crise agricole serait de leur seule et unique faute.

    M. Alexandre Dufosset

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    C’est de la vôtre !

    Mme Lisa Belluco

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    Le but de la manœuvre : masquer l’inaction environnementale et, surtout, que rien ne change. Comment ? En visant les travailleuses et les travailleurs engagés dans la transition environnementale, qu’il est pourtant aujourd’hui vital de mener. Une stratégie vue et revue du bouc émissaire, approuvée par le gouvernement, bien sûr, avec un premier ministre qui considère que le monde agricole est humilié par les agents de l’OFB, et des inspectrices et des inspecteurs de l’environnement que M. Wauquiez a jetés en pâture dans un courrier malsain au possible, pour des manœuvres bassement électoralistes.
    La conséquence : un sentiment d’impunité totale. En Loire-Atlantique, l’ancien président de la chambre d’agriculture et de la FDSEA 44 s’en est ainsi violemment pris à une technicienne qui inventoriait des zones humides : « Les personnes comme toi mériteraient d’être égorgées. »

    Mme Cyrielle Chatelain

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    Vous vous rendez compte ?

    Mme Lisa Belluco

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    Ce sont ses mots. Sans mesurer la gravité des faits, il s’en prend à l’écologie et aux bureaux d’études, qu’il assimile, dans un formidable amalgame, à des structures militantes.

    M. Julien Odoul et M. Matthias Renault

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    C’est vrai !

    Mme Lisa Belluco

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    Toujours dans le même département, une technicienne d’un syndicat de bassin versant s’est, elle aussi, fait menacer explicitement alors qu’elle était en charge de l’entretien d’un cours d’eau. Je cite encore : « Les fonctionnaires, faudrait les buter. » Désormais, il devient dangereux pour ces salariés et ces agents publics de faire leur travail. Ils craignent pour leur vie.
    Monsieur le ministre, pour faire cesser ces violences, pour que disparaisse le sentiment d’impunité, condamnerez-vous ces actes ? Veillerez-vous à ce que cette fraction violente du monde agricole respecte enfin les lois et les personnes ? (Applaudissements sur les bancs des groupes EcoS et SOC. –⁠ M. Édouard Bénard applaudit également.)

    Un député du groupe RN

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    Mangez du comté !

    Mme la présidente

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    La parole est à Mme la ministre de l’agriculture et de la souveraineté alimentaire.

    Mme Annie Genevard, ministre de l’agriculture et de la souveraineté alimentaire

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    Il n’y a pas de sentiment d’impunité chez les uns ou chez les autres, et vous n’avez pas le droit de présenter les agriculteurs sous le jour où vous venez de les dépeindre, c’est-à-dire comme des violents et des irresponsables. (Applaudissements sur les bancs des groupes RN, DR, HOR et UDR et sur quelques bancs des groupes EPR et Dem. –⁠ Exclamations sur les bancs du groupe EcoS.) Vous n’avez pas le droit de généraliser un jugement en l’étendant à une profession si souvent et si injustement mise en cause !
    Cela étant, il n’est pas admissible que de tels propos soient tenus par quiconque, et je les condamne avec la plus grande fermeté : les agents de l’État, qu’ils soient des fonctionnaires ou des agents de l’Office de la biodiversité, doivent pouvoir exercer leur métier dans des conditions normales de respect et je condamne les propos que vous rapportez, pour autant qu’ils aient été tenus.

    M. Alexis Corbière

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    C’est scandaleux de dire ça !

    Mme Christine Arrighi et Mme Sandrine Rousseau

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    Il aurait fallu commencer par là !

    Mme Annie Genevard, ministre

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    Néanmoins, il faut aussi considérer que le monde agricole est aujourd’hui sous la pression extrême…

    Mme Sandrine Rousseau

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    …du réchauffement climatique !

    Mme Annie Genevard, ministre

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    …de jugements parfois très dégradants de la part d’organisations à l’idéologie extrémiste, qui ne reconnaissent pas le travail des agriculteurs. (Applaudissements sur les bancs des groupes RN, DR, HOR et UDR ainsi que sur quelques bancs des groupes EPR et Dem.) J’en veux pour preuve les déclarations irresponsables qui ont été tenues, par exemple, à l’égard d’une filière absolument exemplaire comme celle du comté. (Mêmes mouvements.)
    J’ajoute que l’attitude à l’égard de la proposition de loi visant à lever les contraintes à l’exercice du métier d’agriculteur, c’est-à-dire l’obstruction parlementaire, est de nature à alimenter cette violence que je veux combattre… (Le temps de parole étant écoulé, Mme la présidente coupe le micro de Mme la ministre. –⁠ Les députés du groupe DR applaudissent cette dernière.)

    Mme la présidente

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    La parole est à Mme Lisa Belluco.

    Mme Lisa Belluco

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    Je trouve formidable votre capacité à défendre une minorité violente du monde agricole avant même de condamner les propos tenus envers des fonctionnaires de la République ! (Applaudissements sur les bancs du groupe EcoS et sur plusieurs bancs des groupes LFI-NFP, SOC et GDR.)

    Agressions de sapeurs-pompiers

    Mme la présidente

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    La parole est à Mme Anne-Cécile Violland.

    Mme Anne-Cécile Violland

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    Samedi matin, très tôt, un sapeur-pompier volontaire du Chablais était grièvement blessé lors d’un rodéo rural. Dimanche, deux sapeurs-pompiers d’Annemasse étaient agressés. Bon nombre d’entre nous sont concernés par ces faits qui ne se limitent pas aux milieux urbains. Au nom de la représentation nationale, je tiens à adresser nos pensées et notre soutien à Niccolo, sa famille, ses proches et ses collègues, sapeurs-pompiers du centre d’Évian-les-Bains, et à rendre hommage à l’ensemble de nos sapeurs-pompiers. (Applaudissements sur tous les bancs.)
    Ces faits graves, inhumains, sont malheureusement récurrents dans notre pays. Qu’ils soient professionnels ou volontaires, les sapeurs-pompiers incarnent un engagement exemplaire au service de nos concitoyens. Quotidiennement, ils font preuve d’un dévouement remarquable, dans des conditions parfois extrêmement difficiles, trop souvent au mépris de leur sécurité et parfois de leur vie.
    Les sapeurs-pompiers incarnent les plus hautes valeurs de notre République : le courage, la solidarité et le service du bien commun. Pourtant, ce dévouement est trop souvent récompensé par l’ingratitude, voire par des actes de violence. Ce n’est pas acceptable !
    Alors que la nation se doit de reconnaître et de protéger celles et ceux qui la servent avec courage, la réponse pénale apparaît inefficace pour endiguer ces comportements. Une réponse ferme, rapide et dissuasive est indispensable pour restaurer l’autorité et la confiance. Je tiens, ici, à associer notre collègue Loïc Kervran, dont notre assemblée a voté, le mois dernier, la proposition de loi visant à faire exécuter les peines d’emprisonnement ferme, qui attend une inscription au Sénat. Je salue également Naïma Moutchou, qui défend une proposition de loi visant à durcir les sanctions à l’encontre des auteurs d’infractions en instaurant des peines planchers. Ce sont deux mesures annoncées par nos ministres ce week-end. Alors, qu’attendons-nous ? Passons des intentions aux actes.
    Ma question est double : quelles mesures concrètes le gouvernement entend-il prendre pour améliorer la politique publique de soutien et de valorisation de l’engagement de nos sapeurs-pompiers ? Envisagez-vous de renforcer le cadre législatif et judiciaire afin de durcir les sanctions… (Le temps de parole étant écoulé, Mme la présidente coupe le micro de l’oratrice. –⁠ Les députés des groupes HOR et DR ainsi que quelques députés du groupe EPR applaudissent cette dernière.)

    Mme la présidente

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    La parole est à M. le ministre d’État, ministre de l’intérieur.

    M. Bruno Retailleau, ministre d’État, ministre de l’intérieur

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    Madame la députée, je vous sais très attachée au territoire théâtre de ce drame. Vous y êtes née et vous connaissez bien les pompiers, professionnels ou volontaires, du centre de secours. Je voudrais, comme vous venez de le faire, au nom du premier ministre et du gouvernement, assurer le chef Niccolo de toute notre sollicitude. Je sais qu’il se bat ; opéré il y a quelques heures, il est toujours dans le coma.

    M. Hervé de Lépinau

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    Donnez-nous le pedigree du tueur !

    M. Bruno Retailleau, ministre d’État

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    Nos pensées vont, bien entendu, à sa famille, à son épouse, à son fils de 7 ans, à ses parents et aux sapeurs-pompiers professionnels et volontaires du centre de secours d’Évian-les-Bains et du Sdis de Haute-Savoie.
    Les sapeurs-pompiers sont de plus en plus agressés. L’an dernier, on a dénombré contre eux près de 1 500 agressions.

    M. Frédéric Weber

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    Quelle honte !

    M. Bruno Retailleau, ministre d’État

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    Ce crime –⁠ c’est ainsi que l’a désigné le procureur –, ce meurtre, est abject. Tous les meurtres sont abjects, mais celui-ci l’est plus que les autres. D’abord parce que, d’après le témoignage de ses compagnons et camarades présents sur les lieux, l’individu a foncé délibérément sur Niccolo, à toute vitesse, ne lui laissant aucune chance. Ensuite parce que le coupable est ensuite revenu : il a fait demi-tour, a baissé sa vitre et a craché sur la victime.

    M. Frédéric Weber

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    Écœurant !

    M. Bruno Retailleau, ministre d’État

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    D’un côté, il y a un voyou, avec quinze antécédents judiciaires ; de l’autre, un sapeur-pompier volontaire, qui s’est engagé de toutes ses fibres pour sauver des vies, au risque de la sienne. Alors oui, il faudra bien sûr revoir entièrement les modalités judiciaires applicables aux jeunes majeurs et aux mineurs. Parce que la différence entre les peines encourues, les peines prononcées et les peines exécutées… (Le temps de parole étant écoulé, Mme la présidente coupe le micro de M. le ministre. –⁠ Quelques députés du groupe DR applaudissent ce dernier.)

    Statut de l’élu local

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Stéphane Delautrette.

    M. Stéphane Delautrette

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    Je veux vous parler de l’engagement de nos 500 000 concitoyens élus municipaux, départementaux et régionaux. Loin d’être des professionnels de la politique, ils continuent le plus souvent à exercer leur métier, tâchent de passer du temps avec leurs proches, tout en consacrant une bonne partie de leur journée à leur mandat –⁠ trente-deux heures par semaine en moyenne pour les maires.
    La passion qui les anime ne doit pourtant pas masquer les difficultés qu’ils rencontrent et qui constituent autant de freins à l’engagement de tous nos concitoyens. Je veux parler de l’impossibilité de prendre un congé parental sans renoncer à ses fonctions ; de la difficulté d’obtenir une autorisation d’absence pour ceux qui poursuivent des études ; de la faible reconnaissance professionnelle des compétences acquises au cours du mandat ; des obstacles au bon déroulement de carrière ou au retour à l’emploi. Est-il étonnant, dès lors, qu’ils soient aussi hésitants à être candidats ?
    La démocratie locale est un trésor national auquel nos compatriotes sont particulièrement attachés. (Applaudissements sur les bancs des groupes SOC et EcoS.) Mais si nous ne soutenons pas les Françaises et les Français qui s’investissent, alors nous courons un grave danger, celui d’une démocratie qui ne serait plus à l’image de celles et ceux qu’elle représente.
    Les élections municipales se tiendront dans moins d’un an. Il est urgent de permettre à tous nos concitoyens, dans leur diversité, quel que soit leur parcours, d’être candidats à des fonctions locales. Aussi, ma question est simple : inscrirez-vous à l’ordre du jour de nos travaux, avant l’été, la proposition de loi sur le statut de l’élu local ? Votée à l’unanimité au Sénat, soutenue par les associations d’élus, elle fait consensus sur nos bancs, comme en témoigne le rapport d’information sur le statut de l’élu local présenté le 12 février dernier par la délégation aux collectivités territoriales et à la décentralisation de l’Assemblée. (Applaudissements sur les bancs du groupe SOC et sur plusieurs bancs des groupes EcoS et GDR.)

    M. Dominique Potier

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    Bravo !

    Mme Sandrine Rousseau

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    Très bien !

    Mme la présidente

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    La parole est à M. le ministre délégué chargé des relations avec le Parlement.

    M. Patrick Mignola, ministre délégué chargé des relations avec le Parlement

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    Je profite de votre question pour remercier la représentation nationale d’avoir accepté, malgré un agenda parlementaire très chargé depuis le début de l’année, de légiférer en faveur de nos élus locaux et de nos collectivités locales. Ce fut le cas avec les textes sur la parité dans les communes de moins de 1 000 habitants, sur l’eau et l’assainissement, sur les conseils municipaux incomplets dans les communes nouvelles, et sur le mode de scrutin à Paris, à Lyon et à Marseille. Une proposition de loi sur le vote des détenus a encore été inscrite à l’ordre du jour ce matin en conférence des présidents. Et il reste à examiner le texte très attendu sur le statut de l’élu. (Applaudissements sur les bancs du groupe Dem. –⁠ M. Sylvain Maillard applaudit également.)
    Sous l’autorité du premier ministre, le gouvernement travaille sur les textes qui pourraient être inscrits à l’ordre du jour si une session extraordinaire doit se tenir –⁠ le premier ministre arbitrera prochainement sur la tenue de cette session, afin que chacun puisse s’organiser. La proposition de loi sur le statut de l’élu figure en haut de la liste. On ne s’engage certes pas dans la vie locale pour rechercher un statut, mais nous devons aux élus un nouveau statut, protecteur de leur engagement. (Applaudissements sur les bancs du groupe Dem et sur quelques bancs du groupe EPR.)

    Lutte contre l’islamisme

    Mme la présidente

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    La parole est à Mme Tiffany Joncour.

    Mme Tiffany Joncour

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    Monsieur le ministre de l’intérieur, il y a quelques jours, Emmanuel Macron a accueilli Ahmed al-Charaa à l’Élysée. Il faut rappeler qui est cet homme derrière le vernis diplomatique : c’est un djihadiste connu pour avoir rallié Al-Qaïda avant de soutenir l’État islamique, organisation responsable de plus de 270 morts sur le territoire français depuis 2012.

    Plusieurs députés RN

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    C’est un terroriste !

    M. Alexandre Dufosset

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    C’est une honte !

    Mme Tiffany Joncour

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    Recevoir un islamiste à l’Élysée, c’est faire fi des morts tombés sur notre sol. Et pendant qu’à Paris on déroule le tapis rouge à un djihadiste, dans ma circonscription, dans la métropole de Lyon, à Meyzieu, un autre islamiste notoire s’apprête à prendre la parole ce week-end au cours d’une conférence.
    Vincent Souleymane, connu pour ses discours haineux envers les femmes, les juifs, les homosexuels et plus largement envers la France, figurera parmi les intervenants. J’ai alerté les autorités compétentes dès l’annonce de la conférence : la préfecture a été saisie, la mairie informée et l’information a été rendue publique. En 2023, la préfecture du Rhône avait interdit sa venue à Lyon, mais rien, en 2025, ne semble empêcher ce même individu de s’installer à la tribune. À l’Élysée, on reçoit un djihadiste ; à Meyzieu, on tolère un islamiste.
    Quelle est votre ligne, monsieur le ministre ? Votre gouvernement s’est engagé, il y a plusieurs semaines, à publier un rapport sur l’entrisme des Frères musulmans en France, mais toujours rien.
    Du côté du Rassemblement national, dès 2021, Marine Le Pen avait déposé une proposition de loi pour lutter efficacement contre l’idéologie islamiste. Vous ne l’avez pas écoutée, vous n’avez rien fait.
    Tant que l’on tolérera ces conférences, ces discours, ces complicités locales ou nationales, l’islamisme gagnera du terrain. Alors, comptez-vous interdire la venue de Vincent Souleymane à Meyzieu ? Allez-vous assumer vos responsabilités et faire de la lutte contre l’islamisme l’une de vos priorités ? Du côté de la préfecture du Rhône, on en est loin…

    Mme la présidente

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    La parole est à M. le ministre d’État, ministre de l’intérieur.

    M. Bruno Retailleau, ministre d’État, ministre de l’intérieur

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    Nous connaissons parfaitement cet individu. Vous avez souligné, à juste titre, ses propos antisémites, contre les femmes et contre les personnes LGBT. Il y a deux ans, la préfète s’était substituée au maire de Lyon afin d’interdire sa conférence dans la ville.

    Mme Caroline Parmentier

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    Encore heureux !

    M. Bruno Retailleau, ministre d’État

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    Dans quelques jours, le même individu fréro-salafiste souhaite animer une conférence à Meyzieu. La préfète de la région a écrit au maire pour lui demander de prendre un arrêté d’interdiction. Nous pensons qu’il va le faire, mais si ce n’était pas le cas, j’ai donné l’instruction à la préfète de se substituer au maire de Meyzieu pour que l’arrêté d’interdiction de cette conférence soit pris.
    Vous accusez la préfecture, mais, suivant nos instructions, il y a quelques semaines, la préfète a résilié les deux contrats liant l’État et l’association Al Kindi, qui gère des établissements scolaires accueillant des élèves du CP à la terminale. Le juge administratif saisi en référé lui a pour l’instant donné raison.
    Dans quelques jours, un Conseil de défense et de sécurité nationale, présidé par le président de la République, doit avoir lieu : il portera précisément sur la menace islamiste, dont j’ai fait une priorité parce qu’elle est réelle en France et qu’elle dépasse le djihadisme. Elle prend notamment la forme du frérisme, qui pratique, à bas bruit, l’entrisme dans nos associations sportives et culturelles. Et nous entendons combattre ces mouvements qui menacent notre République. (Applaudissements sur les bancs des groupes RN et UDR.)

    Mme Caroline Parmentier

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    Et le rapport ?

    Agressions de sapeurs-pompiers

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Éric Michoux.

    M. Éric Michoux

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    Monsieur le premier ministre, samedi matin, le sergent-chef Niccolo Scardi, sapeur-pompier volontaire de 38 ans, père d’un enfant de 7 ans, a été violemment agressé et humilié devant sa caserne. Je souhaite rendre hommage à ce soldat du feu, à ses camarades qui sont venus lui porter secours et à tous nos sapeurs-pompiers. (Applaudissements sur de nombreux bancs.)
    En 2024, nos pompiers ont subi 1 400 agressions, soit quatre agressions par jour. Nos pompiers dénoncent un ensauvagement de la société. Ils sont brutalisés, humiliés, méprisés. À travers le sergent Scardi, c’est toute la France qui est touchée. Les pompiers, fiers de leur courage et de leur dévouement, sont les sentinelles de la République. Ils sont la France debout, la France des valeurs et du travail, la France qui se lève tôt et s’engage. Face à eux, c’est la France de l’impunité et du laxisme, les architectes de la haine et du déclin.
    Le présumé coupable, multirécidiviste, est bien connu des services de police…

    M. Kévin Mauvieux

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    Comme toujours !

    M. Éric Michoux

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    …et il fait même l’objet d’une suspension de permis de conduire. C’était inévitable : le laxisme judiciaire tue. Les Français sont choqués, usés, écœurés, fatigués par l’accumulation des victimes des rodéos urbains, souvent des enfants. Je tiens à soutenir les familles, notamment les mères, placées en première ligne, isolées et démunies.
    Il faut résolument changer de méthode, instaurer des peines planchers, créer une peine exemplaire pour ceux qui attaquent les pompiers. Celui qui touche à l’uniforme doit dormir en prison.

    M. Fabrice Brun

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    Eh oui !

    M. Éric Michoux

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    Alors, quand enfin allez-vous agir ? (Applaudissements sur les bancs des groupes UDR et DR.)

    Mme la présidente

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    La parole est à M. le ministre d’État, ministre de l’intérieur.

    M. Bruno Retailleau, ministre d’État, ministre de l’intérieur

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    Vous venez de rendre hommage aux sapeurs-pompiers, qu’ils soient professionnels ou volontaires –⁠ en l’occurrence, le sergent-chef sapeur-pompier qui lutte contre la mort est un pompier volontaire. Une France courageuse, une France qui s’engage, représentée par les pompiers, fait en effet face à une France ensauvagée (« Oh ! » sur les bancs du groupe LFI-NFP), représentée par une petite minorité.
    Les sapeurs-pompiers représentent beaucoup plus que le service public de la sécurité civile. Ils rendent un service immense à notre nation. Ils témoignent de la force du don de soi contre la tentation du chacun pour soi, de la force de l’engagement contre la facilité. Ils montrent aussi qu’une société ne peut tenir debout si chacun réclame toujours plus de droits sans que personne n’assume des devoirs. Ils sont cette France debout, celle du courage, qui doit être protégée.
    Et cet individu était multirécidiviste ; il conduisait alors que son permis de conduire lui avait été retiré moins d’un mois auparavant. Une révolution pénale est en effet nécessaire, notamment à destination des mineurs délinquants, parce que le refus des sanctions, des courtes peines de prison, les enferme dans de longs parcours de délinquance qui créent beaucoup de casse. (Exclamations sur les bancs du groupe LFI-NFP.)

    Mme Mathilde Feld

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    C’est faux !

    M. Bruno Retailleau, ministre d’État

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    Il convient au contraire d’inverser les choses, comme aux Pays-Bas. Votre assemblée examinera tout à l’heure la proposition de loi visant à renforcer l’autorité de la justice à l’égard des mineurs délinquants et de leurs parents. Ce texte contribuera à cette révolution pénale et à la restauration de l’autorité, conditions du rétablissement de l’ordre public en France. (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe DR.)

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Éric Michoux.

    M. Éric Michoux

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    Le groupe UDR présentera dans quelques jours une proposition de loi sur les peines planchers. Nous comptons sur votre soutien et sur celui du gouvernement ! (Applaudissements sur les bancs des groupes UDR, RN et DR.)

    Adaptation de la société au vieillissement

    Mme la présidente

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    La parole est à Mme Véronique Besse.

    Mme Véronique Besse

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    Ma question s’adresse à Mme la ministre du travail, de la santé, des solidarités et des familles. Il y a quelques jours, lors d’un match de football dans ma circonscription, j’ai rencontré Robert, 79 ans, dont la poignée de main ferme et le regard droit s’accompagnent d’une manière très personnelle de parler de ses nombreux projets. Avec des mots simples, il a exprimé ce que beaucoup de personnes de son âge ressentent : l’âge de la retraite n’est pas celui de l’effacement, mais celui de la transmission.
    Il est temps pour notre société d’écouter tous les Robert, de faire de la place à cette génération, de reconnaître le rôle de nos aînés, qui apportent avec enthousiasme leur expérience, du lien, et partagent leur envie. Il faut changer de regard : nos aînés ne sont pas des fardeaux, mais un formidable réservoir de vitalité, d’énergie et d’engagement.
    Notre devoir est de bâtir une société dans laquelle la vieillesse est une promesse de continuer à participer à l’esprit de corps de la nation. Pour y parvenir, les services de l’État doivent accompagner la transition entre la vie active professionnelle et une vie active au service du bien commun, favoriser l’engagement associatif et citoyen et valoriser la solidarité locale, qui permet de maintenir nos aînés au cœur de la cité, et non à la périphérie de la vie.
    À l’heure où nous débattons de la fin de vie –⁠ je suis très opposée à ce texte –, je ne me résoudrai jamais à ce que l’unique préoccupation de la société à l’égard de Robert soit sa mort en service de soins palliatifs ou par euthanasie. Ce serait une démission morale.
    En tant que présidente du groupe d’études « Longévité et adaptation de la société au vieillissement », ce sujet me tient à cœur. Une grande politique nationale permettant à nos aînés de rester pleinement vivants au service de la cité est-elle à l’ordre du jour ? Si c’est le cas, les parlementaires doivent y être associés. (Applaudissements sur plusieurs bancs des groupes RN, DR et UDR.)

    Mme la présidente

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    La parole est à Mme la ministre déléguée chargée de l’autonomie et du handicap.

    Mme Charlotte Parmentier-Lecocq, ministre déléguée chargée de l’autonomie et du handicap

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    Permettez-moi tout d’abord de revenir sur la fin de vie, puisque vous faites l’amalgame entre les personnes âgées et les personnes concernées par l’aide à mourir, au cœur de la proposition de loi actuellement examinée dans l’hémicycle. Il n’y a pas de rapport direct…

    Mme Anne-Laure Blin

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    Malheureusement si !

    Mme Charlotte Parmentier-Lecocq, ministre déléguée

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    …puisque le droit à l’aide à mourir concerne des personnes atteintes d’une maladie incurable, qui provoque des souffrances très grandes, et dont le pronostic vital est très faible compte tenu de cette maladie.

    Mme Anne-Laure Blin

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    Ce n’est pas cela qu’il y a dans le texte.

    Mme Charlotte Parmentier-Lecocq, ministre déléguée

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    Ce texte n’a donc aucun lien avec un projet de société pour nos personnes âgées. En revanche, je vous rejoins : la place des personnes âgées dans notre société doit être pleine et entière. Il nous faut lutter contre l’âgisme, et reconnaître la citoyenneté et le bénévolat de nos concitoyens âgés. Cette préoccupation est au cœur de mes échanges avec le Conseil de l’âge, qui rendra bientôt publiques les propositions sur lesquelles il travaille.
    L’augmentation du nombre de personnes très âgées au cours des prochaines années annonce un mur démographique et suscite de nouvelles questions et de nouveaux besoins. Le gouvernement, en coopération avec les départements, les parlementaires et les acteurs de terrain, cherche à apporter des réponses à cette évolution et à satisfaire les besoins présents et futurs grâce à différentes mesures : prévention de la perte d’autonomie, information, orientation et développement de l’attractivité des métiers liés au grand âge, adaptation des logements, accès à la santé, entre autres. Nous réfléchissons à tous ces sujets dans la perspective de politiques publiques. Je me tiens à votre disposition pour répondre aux questions que… (Le temps de parole étant écoulé, Mme la présidente coupe le micro de Mme la ministre.)

    Manifestation du Comité du 9-Mai

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Thomas Portes.

    M. Julien Odoul

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    Le premier porte-parole du Hamas !

    M. Thomas Portes

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    Le 16 février, un commando d’extrême droite menait une attaque sur le local de l’association culturelle des travailleurs immigrés de Turquie aux cris de « Paris est nazi !». Pas un mot du ministre Retailleau.
    Samedi, plus de 1 000 militants d’extrême droite ont défilé à Paris, le visage cagoulé, arborant tatouages nazis et tambours du IIIe Reich. Pas un mot du ministre Retailleau.

    M. Julien Odoul

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    Ça doit vous rappeler vos alliés du Hamas !

    M. Thomas Portes

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    Une manifestation encadrée par la police et déclarée par une ancienne collaboratrice d’un député du Rassemblement national. (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP. –⁠ Mme Sandrine Rousseau applaudit également.) Une manifestation à laquelle ont participé Marc de Cacqueray-Valménier, homme de main de Vincent Bolloré, et Axel Loustau, ancien trésorier du microparti de Marine Le Pen. Une preuve de plus que le Rassemblement national n’a jamais coupé les liens avec les groupes néonazis. (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP.)

    Mme Karen Erodi

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    Exactement !

    M. Thomas Portes

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    Une manifestation qui s’est terminée par des saluts nazis, comme l’a révélé Libération. Toujours aucune condamnation du ministre de l’intérieur. Il faut croire que Bruno Retailleau a plus peur du voile que des saluts nazis dans l’espace public… (Mêmes mouvements.)

    M. Julien Odoul

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    La meute  !

    M. Laurent Jacobelli

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    Il est où ton keffieh ?

    M. Thomas Portes

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    Cette manifestation n’aurait jamais dû avoir lieu. Bien que le ministre de l’intérieur ait prétendu qu’elle ne relevait pas de sa responsabilité, le tribunal administratif indique l’avoir autorisée, car la préfecture « ne donnait pas d’indication précise sur les militants ultranationalistes radicaux qui seraient susceptibles de se joindre à la manifestation ». (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe LFI-NFP.) Qui peut croire que la préfecture de police de Paris ne savait pas qui serait présent à cette manifestation ? Cela fait des décennies que le GUD l’organise dans les rues de Paris et que toute la galaxie néonazie de France et d’Europe s’y rassemble. (Mêmes mouvements.)

    M. Julien Odoul

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    On parle de La Jeune Garde ?

    M. Thomas Portes

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    En Macronie, on interdit les marches antifascistes, on tente de dissoudre La Jeune Garde, mais on laisse les nazis défiler tranquillement sous le regard de la police. (Applaudissements prolongés sur les bancs du groupe LFI-NFP.) La France ne sera jamais celle que fantasme le ministre de l’intérieur. Nous avons besoin de plus de Jeune Garde et de moins de Bruno Retailleau. (« Ça reste à prouver ! » sur plusieurs bancs du groupe RN.)

    M. Emmanuel Fernandes

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    Eh oui !

    M. Thomas Portes

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    À bas les nazis ! Vive les antifascistes ! Monsieur le premier ministre, qu’avez-vous à répondre ? Êtes-vous du côté des millions de Français scandalisés par cette manifestation ou continuerez-vous de soutenir un ministre de l’intérieur porte-parole de l’extrême droite et protecteur des groupuscules néonazis ? (Les députés du groupe LFI-NFP se lèvent et applaudissent. –⁠ Mme Christine Arrighi applaudit également.)

    Mme la présidente

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    La parole est à M. le ministre d’État, ministre de l’intérieur.

    M. Bruno Retailleau, ministre d’État, ministre de l’intérieur

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    Votre question est révélatrice car, contrairement à vous, je n’ai pas l’indignation sélective : quand je dois dissoudre des mouvements, je tape autant sur l’ultradroite que sur l’ultragauche. (Applaudissements sur les bancs du groupe DR.)

    Mme Anaïs Belouassa-Cherifi

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    Menteur !

    Mme Christine Arrighi

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    Et les néonazis ?

    M. Pouria Amirshahi

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    On a du mal à vous croire !

    M. Bruno Retailleau, ministre d’État

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    Je ne vous ai jamais entendus protester quand des mouvements d’ultragauche, notamment La Jeune Garde, commettent des exactions. (« Eh oui ! » sur plusieurs bancs du groupe RN.) La semaine dernière, j’ai demandé au préfet de police de prendre un arrêté d’interdiction de différentes manifestations, qu’elles soient d’ultradroite ou d’ultragauche.

    Mme Anaïs Belouassa-Cherifi

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    Vous ne l’avez pas fait !

    M. Bruno Retailleau, ministre d’État

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    J’ai déjà rappelé que le tribunal administratif avait cassé ces arrêtés, notamment celui concernant Paris.

    M. Aly Diouara

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    On parle de nazis !

    M. Bruno Retailleau, ministre d’État

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    Puisque la décision a été rendue la veille de la manifestation, nous n’avions pas le temps de faire appel devant le Conseil d’État.
    Je ne suis fasciné par aucune forme de violence.

    Mme Anaïs Belouassa-Cherifi

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    Si !

    M. Bruno Retailleau, ministre d’État

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    À chaque fois qu’il y aura de la violence, je la combattrai, car elle est contraire à la République et à la nation. (Applaudissements sur les bancs du groupe DR.)

    M. Emmanuel Fernandes

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    C’est vous qui êtes violent !

    M. Bruno Retailleau, ministre d’État

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    Les ultraviolents auront toujours affaire à moi, qu’il s’agisse de vos amis de gauche ou de l’extrême droite. (Exclamations sur les bancs du groupe LFI-NFP.)

    M. Emmanuel Fernandes

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    C’est vous qui êtes violent !

    M. Bruno Retailleau, ministre d’État

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    Vous ne vous indignez qu’en fonction de vos options politiciennes ; ce n’est pas mon cas.

    Mme Andrée Taurinya

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    Des nazis défilent à Paris et c’est tout ce que vous trouvez à dire ?

    M. Bruno Retailleau, ministre d’État

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    J’ai pour mission de protéger les Français et la République. (Applaudissements sur les bancs du groupe DR et sur quelques bancs du groupe EPR. –⁠ Protestations sur les bancs du groupe LFI-NFP.)

    Mme Andrée Taurinya

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    Quelle honte !

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Thomas Portes.

    M. Thomas Portes

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    Nous combattons les néonazis, alors que vous les défendez, y compris quand ils se trouvent dans l’hémicycle ! (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP. –⁠ Mme Sandrine Rousseau applaudit également. –⁠ Vives exclamations sur les bancs du groupe RN.)

    M. Hervé de Lépinau

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    Ce n’est pas possible de dire ça !

    Agressions de sapeurs-pompiers

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Jean-Marie Fiévet.

    M. Jean-Marie Fiévet

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    Ce samedi, à Évian-les-Bains, le sergent-chef Niccolo Scardi, sapeur-pompier volontaire de 38 ans, a été violemment percuté par un automobiliste engagé dans un rodéo urbain. Projeté sur plusieurs mètres, ce père de famille est dans un état critique et lutte encore pour sa vie. Il souffre d’un traumatisme crânien et d’un enfoncement thoracique.
    À lui, à sa famille, à ses camarades du Sdis de Haute-Savoie, j’adresse, au nom de la représentation nationale, tous nos vœux de courage et de prompt rétablissement. (Applaudissements sur les bancs des groupes EPR, RN, SOC, Dem, HOR, LIOT et UDR.) Que les pompiers de France soient remerciés pour leur courage.
    Ce drame, aussi insupportable qu’inacceptable, illustre une réalité à laquelle nos territoires sont tristement confrontés : la multiplication des rodéos motorisés, organisés par des individus parfois multirécidivistes, voire mineurs, qui n’ont plus aucun respect ni pour la loi, ni pour la vie humaine. Samedi encore, l’auteur présumé, âgé de 19 ans et connu pour divers antécédents, conduisait sans permis, sous l’empire de l’alcool et de stupéfiants.
    Monsieur le ministre de l’intérieur, combien faudra-t-il de blessés graves, de vies brisées et de familles endeuillées pour que l’on prenne enfin la mesure de la menace ? En tant qu’ancien officier sapeur-pompier, mais aussi en tant que citoyen inquiet, je souhaite savoir quelles mesures fermes, visibles et immédiates le gouvernement entend prendre pour éradiquer les rodéos urbains, protéger les forces de secours et garantir que les auteurs de tels actes soient condamnés à la hauteur de la gravité de leurs crimes. (Applaudissements sur les bancs du groupe EPR. –⁠ M. Gérard Leseul applaudit également.)

    Mme la présidente

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    La parole est à M. le ministre d’État, ministre de l’intérieur.

    M. Bruno Retailleau, ministre d’État, ministre de l’intérieur

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    Je connais votre attachement au corps des sapeurs-pompiers, dont vous êtes officier. J’ai déjà répondu à plusieurs questions sur ce sujet. Nos pensées vont au sergent-chef Niccolo Scardi et à sa famille, et nous espérons qu’il pourra se rétablir, malgré son état très grave.
    Nous avons tous été révoltés par cette tentative de meurtre abjecte, qui oppose un voyou multirécidiviste à un sapeur-pompier volontairement engagé sur son temps libre pour porter secours à ceux qui en ont besoin. Il est probable que si ce voyou était un jour victime d’un accident, le sergent-chef Niccolo lui porterait secours pour lui sauver la vie.

    M. Fabrice Brun

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    C’est vrai ! Bien dit !

    M. Bruno Retailleau, ministre d’État

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    Il faut de la fermeté, notamment pénale, en matière de justice des mineurs. L’Assemblée y travaille avec l’examen prochain d’une proposition de loi visant à restaurer l’autorité de la justice à l’égard des mineurs délinquants et de leurs parents. Il faut rétablir de courtes peines, comme l’ont fait les Pays-Bas avec un certain nombre de résultats.

    M. Julien Odoul

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    Marine Le Pen le propose depuis des années !

    M. Bruno Retailleau, ministre d’État

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    En ce qui concerne les rodéos urbains, j’ai pris la décision d’uniformiser la doctrine pour l’ensemble du territoire par une instruction que je publierai dans les prochains jours et à laquelle nous avons travaillé ces derniers mois. Jusqu’à présent, deux doctrines coexistaient : l’une propre à la préfecture de police de Paris, selon laquelle la poursuite d’auteurs de faits devient possible quand certaines conditions sont remplies, notamment la présence de nombreuses personnes ; l’autre, s’appliquant au reste du territoire, selon laquelle la poursuite n’est pas possible. La nouvelle instruction sera claire : la doctrine de la préfecture de la police de Paris sera la seule appliquée, afin que les forces de l’ordre puissent engager des poursuites dans l’ensemble du territoire. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe EPR.)

    Situation économique à La Réunion

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Joseph Rivière.

    M. Joseph Rivière

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    Monsieur le premier ministre, le 22 avril 2025, le président Macron, lors d’une petite escapade post-cyclone, a annoncé l’application d’une zone franche à l’ensemble du territoire de la communauté intercommunale Réunion Est. L’élargissement de ce dispositif ne bénéficiera qu’à une minorité d’industries et exclura de facto la majorité des entreprises de l’île, des TPE. Il s’applique à la microrégion qui, avec 127 000 habitants, est la moins peuplée de l’île et la moins dotée en infrastructures.
    Pendant ce temps, l’État ignore le reste de La Réunion alors qu’elle est frappée par un taux de chômage de 17 %, soit 62 000 chômeurs. Rien que dans ma ville du Tampon, dans ma circonscription, on dénombre 12 000 chômeurs. Entre 2023 et 2024, une hausse de 61 % des défaillances d’entreprise a été enregistrée. L’agriculture locale est assassinée par les produits d’importation : 90 % de ce que nous mangeons vient de l’extérieur.
    Monsieur le premier ministre, c’est toute La Réunion qui devrait être une zone franche. La balance commerciale est déficitaire : 7,1 milliards d’euros d’importations contre seulement 405 millions d’exportations. Dans le bassin sud, la zone aéroportuaire de Pierrefonds a besoin d’un nouveau souffle. Toutes nos entreprises sans distinction doivent pouvoir bénéficier d’une zone franche.
    Dès 2017, Marine Le Pen proposait, dans le programme du Rassemblement national, la défiscalisation pour les outre-mer, estimant que le coût fiscal estimé par Bercy serait bien moindre que le coût social du chômage. Sept ans plus tard, au crépuscule de votre régime, nous sommes jusqu’au cou dans le drame social du chômage, si ce n’est de la misère.
    Quand l’État fera-t-il le choix audacieux de mettre tous les outre-mer en zone franche, renouant ainsi avec les grandes heures de la défiscalisation ? (Applaudissements sur les bancs du groupe RN.)

    Mme la présidente

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    La parole est à M. le ministre d’État, ministre des outre-mer.

    M. Manuel Valls, ministre d’État, ministre des outre-mer

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    Le président de la République s’est rendu à La Réunion accompagné de plusieurs membres du gouvernement, non pas pour une escapade, mais pour témoigner de son soutien et de sa solidarité après le passage du cyclone Garance. Depuis, des mesures ont été prises pour soutenir la reconstruction et les filières agricoles, notamment celle de la canne à sucre, pour mobiliser des fonds européens et pour créer une zone franche dans un secteur qui était déjà en retard avant d’être frappé par le cyclone. Les élus du territoire se sont réjouis de ces mesures.
    De manière générale, les vingt-neuf dispositifs de défiscalisation ont permis de dégager 5,5 milliards d’euros en 2025. Ils sont donc utiles. Mais sont-ils toujours efficaces ? Ne pourrait-on pas les remettre à plat et étudier la façon dont ils pourraient être ciblés ?
    Pour abandonner une économie de comptoir et sortir des difficultés rencontrées par La Réunion, nous n’avons pas besoin de paradis fiscaux. Nous avons besoin d’outils, de mesures de soutien à l’activité économique, notamment à la filière du BTP, et de projets d’infrastructures. Nous travaillons en ce sens dans le cadre d’un pacte d’avenir qui sera proposé à l’ensemble des collectivités territoriales de La Réunion.
    Malgré toutes les difficultés auxquelles font face les Réunionnais, que vous avez rappelées, une économie basée sur l’innovation et le travail, dans le beau territoire de La Réunion, me semble la voie à suivre. (M. Mathieu Lefèvre applaudit.)

    Agressions de sapeurs-pompiers

    Mme la présidente

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    La parole est à Mme Virginie Duby-Muller.

    Mme Virginie Duby-Muller

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    Ces derniers jours, la Haute-Savoie, mon département, a tristement fait la une en raison de deux événements extrêmement graves, lors desquels des sapeurs-pompiers ont été lâchement agressés.
    Dans la nuit de vendredi à samedi, des rodéos urbains ont eu lieu à proximité du centre de secours d’Évian-les-Bains. Plusieurs sapeurs-pompiers sont alors sortis pour faire cesser cette provocation. Il y a encore quelques années, le simple respect de l’uniforme aurait suffi. Ce n’est plus le cas.
    Dans une société dont les repères vacillent, vous avez qualifié à juste titre ces voyous de « barbares ». Le présumé suspect, multirécidiviste, a percuté violemment et grièvement blessé un pompier, avant de revenir cracher sur ceux qui tentaient de lui porter secours.

    Mme Justine Gruet

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    Quelle honte !

    M. Alexandre Portier

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    Ce sont des sauvages !

    M. Fabrice Brun

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    Des barbares !

    Mme Virginie Duby-Muller

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    Une limite a été franchie dans l’inacceptable. Comment faire société avec de tels individus ? L’agresseur était sous l’empire de l’alcool, son permis de conduire avait été suspendu et des bouteilles de protoxyde d’azote ont été retrouvées dans son véhicule –⁠ preuve supplémentaire de la nécessité d’agir face à ce fléau qui pose un véritable problème de santé publique. Une enquête judiciaire a été ouverte pour tentative de meurtre.
    Je pense au sergent-chef Niccolo Scardi, 38 ans, pompier volontaire, toujours hospitalisé, à sa femme, à son fils et à ses collègues. (Applaudissements sur les bancs du groupe DR.) J’ai également une pensée pour les pompiers du centre de secours principal d’Annemasse, dans ma circonscription, qui sont intervenus dans la commune de Saint-Cergues dimanche soir. Ils venaient porter secours à un couple victime d’un accident de la route. L’homme alcoolisé a donné un coup au visage à un des sapeurs-pompiers et a violemment bousculé son collègue.

    M. Antoine Vermorel-Marques

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    C’est scandaleux !

    Mme Virginie Duby-Muller

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    Le Parlement a déjà renforcé les peines pour de telles agressions. Une nouvelle loi n’est peut-être pas nécessaire, mais il est urgent que les juges appliquent fermement celles qui existent.

    M. Fabrice Brun

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    Appliquons avec fermeté la loi !

    Mme Virginie Duby-Muller

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    Enfin, je m’insurge contre les propos tenus sur les bancs de l’extrême gauche, dont les députés sont toujours prompts à excuser l’inexcusable. Comment un député, président de la commission des finances, a-t-il pu dire à la télévision que c’était la faute de Tom Cruise et de Mission Impossible si des jeunes pratiquaient les rodéos urbains ? Réveillez-vous !

    Mme Émilie Bonnivard

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    C’est incroyable !

    M. Fabrice Brun

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    Une honte !

    M. Alexandre Portier

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    Ce sont les premiers à défendre les voyous !

    Mme Virginie Duby-Muller

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    Arrêtons avec cette culture de l’excuse… (Le temps de parole étant écoulé, Mme la présidente coupe le micro de l’oratrice. –⁠ Les députés du groupe DR applaudissent cette dernière.)

    M. Fabrice Brun

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    On en a assez de la culture de l’excuse !

    Mme la présidente

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    La parole est à M. le ministre d’État, ministre de l’intérieur.

    M. Bruno Retailleau, ministre d’État, ministre de l’intérieur

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    Bien sûr que les faits que vous avez relatés sont absolument inacceptables et inadmissibles ! J’ai déjà indiqué qu’en 2024, près de 4 500 sapeurs-pompiers, volontaires ou professionnels, avaient été agressés.
    Plusieurs réponses doivent être apportées, notamment une réponse de long terme, que je n’ai pas encore évoquée : dans une société qui a déconstruit tous les cadres –⁠ d’autorité, de hiérarchie, de respect d’autrui –, il faudra trouver les moyens d’enrayer la fabrique des barbares, mais sans autorité et sans hiérarchie, nous n’y parviendrons pas ! (Applaudissements sur les bancs du groupe DR.)

    Mme Justine Gruet

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    Bravo monsieur le ministre !

    M. Fabrice Brun

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    On veut le retour de l’autorité à tous les étages : dans la famille, à l’école et dans la rue !

    M. Bruno Retailleau, ministre d’État

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    Cela est vrai dans la famille, à l’école et dans l’ensemble de la société.
    J’ai déjà dit un mot de notre réponse de moyen terme et je crois beaucoup à cette révolution pénale. J’ai détaillé les dispositions que nous prendrons pour que les policiers et les gendarmes puissent, dans l’ensemble du territoire français, poursuivre ceux qui prennent part à des rodéos urbains.
    Je veux à mon tour condamner les propos que vous venez de rapporter. On voit la fascination, voire la complicité, d’une extrême gauche vis-à-vis de la violence que nous dénonçons et que nous, nous traquons partout, à tous les instants.
    J’achèverai mon propos en rappelant l’immense respect que j’ai pour les sapeurs-pompiers de France. Je voudrais que vous leur rendiez un immense hommage, parce qu’ils le méritent. (Les députés des groupes RN, EPR, SOC, DR, EcoS, Dem, HOR, LIOT, et GDR se lèvent et applaudissent. –⁠ M. Damien Maudet se lève et applaudit également. –⁠ Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP.)
    J’espère bien que d’ici peu, l’article 24 de la loi de financement rectificative de la sécurité sociale pour 2023 sera appliqué : il prévoit notamment, en guise de reconnaissance de leur fidélité, la gratification des sapeurs-pompiers volontaires par des trimestres de retraite supplémentaires.
    Ces femmes et ces hommes, absolument extraordinaires et exemplaires, méritent cette reconnaissance. (Applaudissements sur tous les bancs.)

    Situation à Gaza

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Jean-Paul Lecoq.

    M. Jean-Paul Lecoq

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    À Gaza, les jours se suivent et le cauchemar de la population civile, des humanitaires et des otages ne fait que s’intensifier. Les souffrances sciemment infligées au peuple palestinien, les bombardements des hôpitaux et des écoles et la famine utilisée comme arme de guerre sont désormais dénoncés par de plus en plus de voix, des rues de Jérusalem jusqu’aux marches du palais des festivals de Cannes, pour faire cesser le génocide en cours. (Applaudissements sur les bancs des groupes GDR et LFI-NFP.)
    « Refusons les propagandes qui colonisent sans arrêt nos imaginaires et nous font perdre le sens de nos humanités », disent les personnalités du monde du cinéma dans une tribune.
    Les condamnations de la France et des dirigeants européens ne peuvent suffire à faire face à la catastrophe humanitaire, à la gravité des crimes commis par l’État israélien.
    Un État poursuivi pour génocide et dont le premier ministre est sous le coup d’un mandat d’arrêt pour crimes contre l’humanité.
    Un gouvernement qui n’hésite pas à menacer d’annexer les colonies de Cisjordanie si la France venait à reconnaître l’État palestinien.
    Et puis quoi encore ? Va-t-il ensuite nous dire que reconnaître l’État de Palestine est un acte antisémite ? Assez d’intimidations ! Assez de menaces ! Assez de morts ! (Mêmes mouvements.)
    Cette reconnaissance, accompagnée d’une décolonisation, constitue l’un des chemins diplomatiques que nous devrons nécessairement emprunter pour aboutir à une solution à deux États. Aujourd’hui, l’urgence est cependant à l’action : seules des sanctions politiques et économiques fortes pourront mettre fin à la souffrance de dizaines de milliers d’innocents.
    Pour faire cesser le génocide en cours du peuple palestinien, il est temps que la France déploie au plus haut niveau la même énergie diplomatique que celle déployée pour tenter d’obtenir la paix en Ukraine.
    La France va-t-elle enfin prendre des mesures concrètes, fermes et immédiates pour empêcher la destruction totale de Gaza et de sa population ? (Applaudissements sur les bancs des groupes GDR et LFI-NFP ainsi que sur quelques bancs des groupes SOC et EcoS. –⁠ Certains députés du groupe LFI-NFP se lèvent.)

    Mme la présidente

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    La parole est à M. le ministre de l’Europe et des affaires étrangères.

    M. Jean-Noël Barrot, ministre de l’Europe et des affaires étrangères

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    Le cauchemar s’aggrave à Gaza. Gaza est affamée, Gaza est assoiffée. La situation est inhumaine et doit cesser.
    Certes, le Hamas doit libérer ses otages, doit être désarmé et doit être exclu de toute forme de gouvernance de la bande de Gaza, mais la force brutale que le gouvernement de M. Netanyahou continue de promettre n’a, en aucune manière, obtenu ces résultats.
    La force brutale doit justement céder sa place à la diplomatie et à la négociation pour obtenir un cessez-le-feu, l’entrée sans entraves de l’aide humanitaire dont les civils de Gaza ont tant besoin et la libération de tous les otages encore détenus dans les tunnels du Hamas.
    Nous avons déjà évoqué ce que l’Europe peut faire. Nous nous sommes fermement opposés à toute forme de colonisation de la Cisjordanie et de Gaza, en prenant des sanctions au niveau national comme au niveau européen.
    Les Pays-Bas ont souhaité interroger la Commission européenne sur le respect par le gouvernement israélien de l’article 2 de l’accord d’association entre l’Union européenne et Israël. J’ai dit que cette demande était légitime et j’ai invité à la Commission à l’instruire.
    S’agissant de la reconnaissance de l’État de Palestine, personne ne dictera sa position à la France. La France l’accordera,…

    Mme Mathilde Feld

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    Mais quand ?

    M. Jean-Noël Barrot, ministre

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    …car la France croit en une solution politique durable pour la région. Il y va de la sécurité de l’État d’Israël et de celle des Palestiniens. Nous souhaitons rallier le plus grand nombre de pays prêts à reconnaître l’État de Palestine…

    Mme Mathilde Feld

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    Quand ?

    M. Raphaël Arnault

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    On les connaît déjà, ces pays !

    M. Jean-Noël Barrot, ministre

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    …ou qui pourraient normaliser leurs relations avec Israël pour que cette décision, qui appartient à la France, rende possible l’existence même d’un État de Palestine.

    Mme la présidente

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    Nous avons terminé les questions au gouvernement.

    Suspension et reprise de la séance

    M. le président

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    La séance est suspendue.

    (La séance, suspendue à seize heures vingt, est reprise à seize heures trente, sous la présidence de M. Xavier Breton.)

    Présidence de M. Xavier Breton
    vice-président

    M. le président

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    La séance est reprise.

    2. Restaurer l’autorité de la justice à l’égard des mineurs délinquants et de leurs parents

    Commission mixte paritaire

    M. le président

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    L’ordre du jour appelle la discussion, sur le rapport de la commission mixte paritaire, de la proposition de loi visant à restaurer l’autorité de la justice à l’égard des mineurs délinquants et de leurs parents (no 1367).

    Présentation

    M. le président

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    La parole est à M. Jean Terlier, rapporteur de la commission mixte paritaire.

    M. Jean Terlier, rapporteur de la commission mixte paritaire

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    Le texte que nous présentons aujourd’hui à la suite de la commission mixte paritaire (CMP) fructueuse qui s’est tenue le 6 mai dernier est l’aboutissement d’un travail parlementaire riche et constructif. Je remercie notre président, Gabriel Attal,…

    Mme Josiane Corneloup

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    Qui n’est pas encore arrivé !

    M. Jean Terlier, rapporteur

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    …qui préside le groupe Ensemble pour la République, de m’avoir à nouveau accordé sa confiance en me désignant rapporteur. Ce texte entend relever un défi majeur auquel notre pays doit faire face : apporter une réponse pénale à la hauteur des enjeux sécuritaires posés par certains mineurs délinquants, qui commettent des faits de plus en plus graves. Concrètement, cela signifie qu’il faut construire une justice plus réactive et plus sévère envers les mineurs violents ancrés dans la délinquance. Telle est la visée de ce texte, qui prévoit notamment la possibilité d’une audience unique en comparution immédiate et l’assouplissement de l’excuse de minorité pour les mineurs de plus de 16 ans ayant commis des faits particulièrement graves.
    Le renforcement de l’arsenal pénal est une exigence forte de nos concitoyens, confrontés dans leur quotidien à des délinquants toujours plus jeunes, commettant des faits toujours plus graves. Ce réarmement doit cependant s’opérer dans le respect de la justice pénale des mineurs. J’y suis attentif, ayant moi-même été rapporteur du projet de loi qui a donné naissance, en 2021, au code de la justice pénale des mineurs. Le respect de l’équilibre entre efficacité de la réponse pénale, d’une part, et préservation des droits fondamentaux des mineurs, d’autre part, m’a servi de boussole tout au long des travaux parlementaires. Ces derniers touchant à leur terme, je peux à présent le certifier : aucun des grands principes de la justice pénale des mineurs n’est remis en cause par ce texte.
    Le renforcement de la justice pénale des mineurs est nécessaire, mais il n’est pas suffisant : l’implication des familles est également essentielle pour sortir les mineurs concernés de leur trajectoire délinquante. C’est la raison pour laquelle j’ai particulièrement veillé, lors des travaux parlementaires, à préserver les dispositions destinées à responsabiliser les parents. Face aux caricatures, je tiens à rappeler de nouveau que ce texte ne sanctionne pas les parents défaillants qui seraient dépassés par leurs enfants, mais les parents démissionnaires, à savoir ceux qui se désintéressent sciemment du sort de leurs enfants –⁠ qui, par exemple, ne viennent pas aux audiences du juge des enfants qui concernent les leurs, ou encore qui laissent sortir leur enfant mineur un soir d’émeutes.
    Le texte issu de notre accord avec le Sénat respecte les orientations que je viens de décrire et qui figuraient déjà au cœur de la proposition de loi. Cette version renforce notre dispositif pénal, tout en respectant la spécificité de la justice pénale des mineurs, et responsabilise les parents défaillants. Sans viser l’exhaustivité, je présenterai brièvement certaines de ses dispositions centrales, ainsi que les modifications apportées lors de nos travaux en CMP.
    À l’article 1er, nous avons maintenu la nouvelle circonstance aggravante du délit de soustraction, et redéfini les contours de ce délit de manière à mieux responsabiliser les parents.
    Nous avons renforcé la solidité juridique de la nouvelle procédure d’audience unique en comparution immédiate, prévue à l’article 4, en la réservant aux seuls mineurs âgés de 16 ans au moins. Ce seuil d’âge paraît équilibré ; il correspond à l’esprit de cette procédure, qui a vocation à être réservée aux mineurs déjà connus de la justice, afin de mettre un coup d’arrêt à leur parcours de délinquant. Cette nouvelle procédure permettra de rendre une décision judiciaire dans un temps proche des faits commis, au service d’une justice plus réactive et donc –⁠ sachant qu’elle concerne des mineurs bien souvent ancrés dans le seul présent – plus efficace.
    L’article 5 a été remanié afin que l’assouplissement des règles relatives à l’atténuation des peines pour le mineur puisse être bien appliqué : cet assouplissement ne visera que les mineurs d’au moins 16 ans qui commettent des crimes ou des délits graves en état de récidive légale. De telles dispositions sont essentielles et diffusent un message fort ; elles permettront d’adapter réellement la peine prononcée à la gravité des faits commis. Le magistrat gardera néanmoins la main en toutes circonstances : il pourra toujours décider de faire application de l’atténuation des peines quand il l’estimera nécessaire.
    Enfin, les articles 10  bis et suivants, introduits en séance par le Sénat, permettent des évolutions bienvenues complétant utilement le texte. Ces articles visent notamment à renforcer les obligations des mineurs au titre d’une mesure éducative judiciaire provisoire, ainsi qu’à mieux sanctionner la violation de ces obligations ; ils facilitent également –⁠ tout en encadrant leur application – la mise en œuvre des mesures de couvre-feu pouvant être prononcées à l’encontre des mineurs.
    Comme vous le voyez, ce texte prévoit des mesures concrètes et crédibles de nature à remédier efficacement à la problématique de la délinquance des mineurs. Vous connaissez désormais l’adage : « Tu casses, tu répares ; tu salis, tu nettoies ; tu défies l’autorité, on t’apprend à la respecter. » (M. Gabriel Attal fait des signes d’approbation. –⁠ Exclamations sur plusieurs bancs des groupes LFI-NFP et SOC.)

    Mme Dieynaba Diop, Mme Ségolène Amiot et Mme Élise Leboucher

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    Que faire de ceux qui ont cassé les services publics ?

    M. Jean Terlier, rapporteur

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    Je vous invite à voter en faveur de ce texte afin que cet adage entre dans notre droit positif. (Applaudissements sur les bancs du groupe EPR.)

    M. Gabriel Attal

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    Bravo !

    M. Jean-François Coulomme

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    Qui réparera la France que vous avez cassée ?

    M. Gabriel Attal

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    Je n’ai pas eu le temps !

    M. Jean-François Coulomme

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    Vous n’en aurez plus l’occasion ! (Sourires.)

    Mme Josy Poueyto

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    Quant à vous, vous ne l’aurez jamais !

    M. le président

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    La parole est à M. le ministre délégué chargé des relations avec le Parlement.

    M. Patrick Mignola, ministre délégué chargé des relations avec le Parlement

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    En vous priant d’excuser le garde des sceaux, en déplacement à l’étranger, je porterai la voix du gouvernement en soutien de la proposition de la loi.
    Défendu par le président Attal, le texte s’inscrit dans un contexte marqué par les fortes attentes de nos concitoyens confrontés à l’augmentation de certains actes de violence commis par des mineurs. Il reflète une volonté claire : adapter notre droit pour apporter des réponses plus rapides, plus lisibles et plus efficaces, sans renier les principes fondamentaux de la justice des mineurs.
    Il s’agit tout d’abord d’un texte équilibré, entre fermeté et respect des droits fondamentaux. La CMP a permis de trouver un compromis ambitieux, que je salue au nom du gouvernement –⁠ je remercie en particulier M. le rapporteur Terlier d’avoir su trouver la voie pour l’atteindre. Parmi les mesures phares du texte, retenons la comparution immédiate pour les mineurs de plus de 16 ans auteurs de délits graves en récidive. Cette disposition, très encadrée, permettra de juger plus rapidement des faits particulièrement violents, tout en assurant les garanties procédurales propres à la justice des mineurs. Cette possibilité ne signifie pas que les principes du droit des mineurs sont remis en cause : il s’agit bien d’une possibilité offerte aux magistrats d’intervenir rapidement et efficacement lorsque la gravité des faits et la personnalité du mineur délinquant le justifient.
    Citons également le renforcement de la modulation de l’excuse de minorité : bien que cette dernière demeure la règle, son application devra être spécialement motivée pour les mineurs de 16 à 18 ans, auteurs, en récidive, de délits punis d’au moins cinq ans d’emprisonnement. Il s’agit d’adapter la réponse judiciaire lorsque la gravité des faits et la réitération l’exigent, sans pour autant nier la minorité des délinquants concernés. Parmi les mesures phares, on trouve encore la création d’une amende civile permettant de responsabiliser les parents qui ne répondraient pas aux convocations du juge des enfants dans le cadre des procédures d’assistance éducative. Cette disposition est un signal fort : l’autorité parentale ne peut pas être passive face à la dérive d’un enfant.
    Le texte prévoit ensuite des mesures éducatives renforcées. Il ne constitue pas un tournant répressif : il renforce les outils éducatifs à disposition de la justice, en demandant par exemple au procureur de produire un rapport éducatif lors de la saisine du juge des libertés et de la détention, garantissant ainsi une meilleure prise en compte de la personnalité du mineur avant toute décision d’incarcération.
    Enfin, il offre de nouveaux outils pour prévenir les dérives. Le meurtre du jeune Élias a profondément marqué les esprits. Cette affaire a mis en évidence les limites de notre système dans certaines situations extrêmes où des mineurs, bien qu’encadrés par des mesures éducatives, parviennent à échapper au contrôle judiciaire et à commettre de nouveaux actes de violence. Le texte prévoit deux évolutions importantes pour faire face à cette situation. Première disposition : le couvre-feu éducatif, décidé par le juge des enfants, pourra désormais s’appliquer dans des conditions plus strictes lorsque le comportement du mineur le justifie ; cette mesure de protection vise à prévenir le basculement dans une spirale de violences nocturnes ou de mises en danger. Deuxième disposition : le non-respect grave et répété d’une mesure éducative judiciaire probatoire pourra, dans certains cas exceptionnels, justifier une rétention provisoire d’évaluation. Cette mesure, strictement encadrée, permettra de redonner du sens aux décisions judiciaires et d’éviter les situations où le mineur défie l’autorité de la justice sans subir de conséquences.
    Ce texte constitue donc une réponse attendue, claire et proportionnée. Certains s’inquiètent d’un prétendu renversement de la logique éducative de la justice des mineurs : il n’en est rien.

    Mme Elsa Faucillon

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    Si, précisément !

    M. Patrick Mignola, ministre délégué

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    Ce texte ne substitue pas la punition à l’éducation, il articule l’une à l’autre : il reconnaît que la réponse éducative peut et doit parfois s’appuyer sur des mesures de contrainte dès lors qu’elles sont justifiées, motivées et encadrées. Il ne s’agit pas de juger plus sévèrement, mais de juger plus vite, plus justement et plus utilement. La société attend de ses institutions qu’elles protègent, qu’elles préviennent et qu’elles réparent : le texte se conforme pleinement à cette triple exigence. Nous ne pouvons pas fermer les yeux ni détourner le regard. La jeunesse n’est pas un blanc-seing, elle appelle notre attention, notre exigence, notre responsabilité. Le texte issu de la commission mixte paritaire est équilibré ; il est ferme, mais il vise aussi un engagement éducatif renforcé. Je vous invite donc, au nom du gouvernement, à adopter les conclusions de la CMP en faisant preuve de responsabilité et d’esprit de justice. (Applaudissements sur les bancs des commissions.)

    Motion de rejet préalable

    M. le président

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    J’ai reçu de Mme Mathilde Panot et des membres du groupe La France insoumise-Nouveau Front populaire une motion de rejet préalable déposée en application de l’article 91, alinéa 5, du règlement.
    Sur la motion, le même groupe m’a saisi d’une demande de scrutin public.
    Le scrutin est annoncé dans l’enceinte de l’Assemblée nationale.
    La parole est à M. Jean-François Coulomme.

    M. Jean-François Coulomme

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    Nous votons aujourd’hui un énième texte initialement très répressif, encore durci tout au long de son chemin législatif. Parce qu’il a la particularité de concerner les enfants de notre pays, il permet à ses rédacteurs et inspirateurs d’atteindre un niveau de cynisme rarement égalé. Trois ans seulement après la grande réforme du code de la justice pénale des mineurs, qui avait déjà considérablement durci le droit pénal applicable aux mineurs tel qu’il ressortait de l’ordonnance de 1945, vous remettez une pièce dans la machine répressive, sans même disposer d’un rapport d’impact de la dernière réforme en la matière.
    Un phénomène se produisant à une vitesse effarante est à l’œuvre : la dégradation de ce qui faisait autrefois la spécialité de la justice des mineurs, laquelle est pourtant indispensable, pour la simple et bonne raison qu’il s’agit d’enfants en difficulté, que vous voulez briser toujours davantage sur l’autel de votre obsession punitive. Nous nous apprêtons à voter un texte qui répond ostensiblement à un agenda politique et non à un besoin, un texte contre-productif à l’égard de ceux dont nous devrions défendre, plus que tout, l’intérêt supérieur, comme l’ont d’ailleurs rappelé l’immense majorité des professionnels que nous avons auditionnés et qui nous ont sollicités et alertés depuis le début de l’examen du texte.
    Les nouvelles dispositions prévues par le code de la justice pénale des mineurs de 2021 sapaient déjà les principes fondamentaux d’une justice spécialisée pour les mineurs, mais cette proposition de loi visant à rapprocher le traitement pénal des mineurs de celui des majeurs va encore plus loin. Sans grande surprise, elle reprend en partie les éléments annoncés par Gabriel Attal quand il était encore premier ministre : accélération de la pénalisation des mineurs par la comparution immédiate ; responsabilité pénale des parents pour des faits reprochés à leurs enfants ; fin de l’atténuation de responsabilité en cas de récidive.
    Malheureusement, la version du texte que nous nous apprêtons à voter va encore plus loin que sa version initiale. Nous déplorons que cette rédaction –⁠ aggravée par le Sénat – ait été retenue à l’issue de la CMP. Elle instaure l’extension du recours à l’audience unique, la rétention d’enfants dans des commissariats ou des locaux de police en vue d’un transfert en centre éducatif fermé en cas de suspicion de non-respect d’une mesure éducative, ou encore l’assignation à résidence sous bracelet électronique dès l’âge de 13 ans.
    Comme le soulignent le Conseil national des barreaux et la Conférence des bâtonniers, ces dispositifs ne garantissent pas davantage de sécurité, les mineurs n’étant à l’origine que de 14 % des actes délictuels constatés. Reproduire sur les mineurs la réponse pénale prévue pour les majeurs est un non-sens juridique, pédagogique, scientifique et sociologique.
    Cette vision autoritaire et paternaliste est déconnectée de la réalité sociale des mineurs délinquants : plus de la moitié des enfants pris en charge par la justice pénale ont fait l’objet d’un suivi au titre de l’enfance en danger.

    M. Ugo Bernalicis

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    Eh oui !

    M. Jean-François Coulomme

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    Au lieu, donc, de s’attaquer aux véritables problèmes structurels expliquant la délinquance des enfants –⁠ précarité, maltraitance, déscolarisation, souffrance familiale – cette proposition de loi préfère incriminer des parents prétendument « défaillants » et aggraver les sanctions contre des enfants qui, de par leurs conditions de vie, sont souvent les premières victimes du désengagement de l’État et de la défaillance d’une action sociale aux moyens continuellement réduits.
    Il est important de rappeler que, selon les données du ministère de la justice lui-même, la délinquance des mineurs est en baisse, tandis que les actes de violence subis par ces derniers –⁠ maltraitances, violences intrafamiliales, violences sexistes et sexuelles – augmentent : c’est un signal alarmant, témoin d’une défaillance systémique de la protection de l’enfance.

    M. Ugo Bernalicis

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    Il a raison !

    M. Jean-François Coulomme

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    Dénué de toute vision globale, tel un pompier pyromane, M. Attal prétend résoudre avec cette proposition de loi un problème que sa propre politique n’a eu de cesse d’alimenter, causé par l’austérité et ses conséquences dramatiques sur toute la chaîne éducative et judiciaire accompagnant les mineurs.
    Comme le demande très justement le Syndicat de la magistrature, combien de fois faudra-t-il que les praticiens et les professionnels de terrain répètent que l’autorité la plus structurante est celle qui protège, pas celle qui menace ? Votre logique répressive, qui déresponsabilise l’État et déshumanise les mineurs, est non seulement dangereuse, mais aussi inefficace.
    Ce texte ne répond à aucune des causes profondes du mal-être des jeunes. Il ne prend en compte ni le manque de moyens dans les services éducatifs et sociaux ni l’énorme retard de l’État dans l’accompagnement des familles en difficulté. Il est urgent de sortir des préjugés méprisants et déconnectés de la réalité selon lesquels les parents de ces jeunes se sentiraient moins concernés par le sort de leurs enfants –⁠ chez qui, à vous écouter, la délinquance serait innée. Il s’agit pourtant d’enfants dont la construction, par définition, n’est pas terminée, d’enfants qui se trouvent, à ce moment charnière qu’est l’adolescence, au sein de familles souvent très démunies face à la situation. Juges des enfants, juges aux affaires familiales, Défenseure des droits, avocats et éducateurs –⁠ tous ceux qui travaillent au plus près d’une réalité dont vous semblez terriblement éloignés – dressent ce même constat. La justice des mineurs doit être restaurée dans sa fonction éducative afin d’accompagner ces jeunes, par la remédiation et vers la désistance, sur le chemin de la réhabilitation.
    Votre réforme est un échec annoncé et ne répond pas à la question de fond : comment empêcher que des jeunes tombent dans la délinquance ? La prison n’est une solution ni pour ces enfants, ni, bien sûr, pour leurs parents. Il est urgent de traiter ces jeunes comme ce qu’ils sont : des enfants. Des enfants parfois en danger, souvent perdus, qui ont besoin d’une prise en charge éducative renforcée et d’un accompagnement personnalisé. La clé de voûte de la justice des mineurs se trouve là.
    Il y a quelques semaines, nous avons visité de manière inopinée l’établissement pénitentiaire pour mineurs de Marseille. Nous y avons observé que la vingtaine de jeunes qui s’y trouvaient incarcérés –⁠ pour ainsi dire en cage – ne bénéficiaient d’aucun soutien scolaire ou éducatif, faute de personnel suffisant. Si le personnel médical pouvait pourvoir aux soins nécessaires sur le plan somatique, aucun dispositif ne permettait de sortir ces jeunes des conditions de vie qui étaient les leurs au moment de rentrer dans l’établissement. Pendant des semaines, en attendant d’être relâchés, ils tournent en rond dans leurs cellules, sans aucun secours des pouvoirs publics.
    Le 20 février 2019, le rapporteur Terlier déposait le rapport d’une mission d’information sur la justice des mineurs, rapport dont les conclusions et les recommandations sont à l’exact opposé des intentions de la proposition de loi étrangement défendue, aujourd’hui, par le même rapporteur.

    M. Jean Terlier, rapporteur

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    Mais non !

    M. Jean-François Coulomme

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    Cette proposition de loi créée des dispositifs inadaptés et inefficaces ; elle est de plus contraire aux principes fondamentaux de la justice des mineurs et aux engagements constitutionnels et internationaux de la France. Cette remise en cause radicale des principes d’atténuation de la responsabilité et d’atténuation de la peine applicable aux mineurs est en effet contraire à la Convention internationale des droits de l’enfant et aux principes fondamentaux reconnus par les lois de la République –⁠ ainsi que l’a rappelé, à plusieurs reprises, le Conseil constitutionnel.
    L’urgence, comme les avocats le soulignent, n’est pas aux réactions excessives et à la surenchère pénale que suscitent des faits divers isolés et ultramédiatisés, mais plutôt à se réengager dans la protection de l’enfance en y allouant les ressources nécessaires. Ces constats sont ceux des professionnels de l’enfance, comme ceux de tous les acteurs de la chaîne judiciaire. Notre devoir, dans l’intérêt supérieur des enfants, est de suivre leurs recommandations –⁠ et pas de nous obstiner à aller dans le sens inverse de leurs préconisations.
    Le gouvernement, soutenu dans l’hémicycle par ses partisans, clame qu’il est nécessaire d’établir des liens avec la société civile, de consulter la population, voire de recourir à des référendums –⁠ mais vous restez sourds aux alertes que les professionnels vous adressent. Voilà comment on en arrive à une loi qui ne répond en rien aux besoins !
    Notre position sur la justice des mineurs n’a pas changé : le principe fondamental de cette dernière, la primauté de l’éducatif sur le répressif, est sacré. Nous appelons tous les parlementaires soucieux du droit constitutionnel ainsi que du droit international à voter cette motion de rejet préalable. Si elle n’était pas adoptée, nous saisirions le Conseil constitutionnel afin qu’il constate l’inconstitutionnalité flagrante de ce texte. (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP. –⁠ Mme Colette Capdevielle applaudit également.)

    M. le président

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    La parole est à M. le rapporteur.

    M. Jean Terlier, rapporteur

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    J’entends déconstruire les arguments présentés par notre collègue.
    Je vous mets au défi, monsieur Coulomme, de trouver dans le rapport que nous avons remis avec notre ancienne collègue –⁠ socialiste – Cécile Untermaier, un seul mot qui soit en contradiction avec la proposition de loi du président Gabriel Attal que nous nous apprêtons à voter.

    M. Ugo Bernalicis

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    Vous étiez déjà sur la mauvaise pente, c’est sûr !

    M. Jean Terlier, rapporteur

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    Selon vous, nous soumettons une nouvelle loi sur la justice pénale des mineurs sans attendre l’évaluation du code de justice pénale des mineurs de 2021. C’est, encore une fois, très inexact. Mme Cécile Untermaier et moi-même avons remis aux parlementaires un rapport d’information et d’évaluation…

    M. Ugo Bernalicis

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    Évaluation de façade !

    M. Jean Terlier, rapporteur

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    …et la chancellerie a également déposé un rapport d’évaluation. Ces rapports affirment que le grand bouleversement apporté par le code de justice pénale des mineurs réside dans la procédure dite de césure, qui permet de juger de la culpabilité dans un délai de trois mois et de la sanction dans un délai de six mois. Ils tendent également à montrer que les différentes juridictions respectent ces délais.

    M. Ugo Bernalicis

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    Reste à voir s’ils sont pertinents !

    M. Jean Terlier, rapporteur

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    Vous indiquez que la présente proposition de loi, telle qu’elle est issue des travaux de la CMP, instaure une extension du recours à l’audience unique. Sur ce point, vous avez parfaitement raison ; mais permettez-moi de vous rappeler qu’un magistrat saisi d’une demande d’audience unique –⁠ portant à la fois sur la question de la culpabilité et sur celle de la sanction – peut toujours décider, s’il l’estime nécessaire eu égard à la personnalité du jeune, qu’il sera d’abord jugé de sa culpabilité et qu’une mise à l’épreuve éducative aura lieu avant que la sanction ne soit décidée.

    M. Ugo Bernalicis

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    Arrêtez avec ces arguments spécieux ! Vous savez bien qu’ils n’ont pas les moyens de faire tout cela !

    M. Jean Terlier, rapporteur

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    J’espère donc que mes propos seront de nature à vous rassurer.
    Enfin, je me permets de vous rappeler que ce texte ne vise en aucun cas à sanctionner les mineurs primo-délinquants. La primauté de l’éducatif sur le répressif, principe de la justice pénale des mineurs, est maintenue.

    M. Hadrien Clouet

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    Mensonge !
    Ce texte ne vise qu’à sanctionner les mineurs récidivistes de plus de 16 ans –⁠ le haut du spectre.

    M. Ugo Bernalicis

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    Le « haut du spectre », mais de quoi parlez-vous ? Ce sont des gamins !

    M. Jean Terlier, rapporteur

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    Un mineur primo-délinquant ne sera jamais poursuivi dans le cadre d’une audience à comparution immédiate, pas plus que ne seront mises en place des procédures destinées à ne pas retenir l’atténuation de sa responsabilité pénale.
    Les mesures de ce texte qui ne visent, encore une fois, qu’à traiter le problème des mineurs récidivistes de plus de 16 ans, sont les bienvenues.

    Mme Karen Erodi

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    Ça ne marche pas !

    M. Jean Terlier, rapporteur

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    Il ne s’agit pas non plus de sanctionner les parents de bonne foi qui rencontreraient des difficultés avec leur enfant.

    M. Ugo Bernalicis

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    Assumez !

    M. Jean Terlier, rapporteur

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    Nous entendons, avant tout, mettre face à leurs responsabilités des parents qui manquent gravement à leurs devoirs éducatifs,…

    M. Ugo Bernalicis

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    Assumez et tournez-vous plutôt vers vos soutiens, à l’extrême droite ! Ils ne manqueront pas de vous applaudir !

    M. Jean Terlier, rapporteur

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    …en permettant aux juges de les condamner à une amende civile au cas où ils ne se présentent pas à des audiences capitales pour le devenir de leur enfant –⁠ en particulier celles qui concernent son placement.

    M. Ugo Bernalicis

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    Vous n’êtes qu’un démagogue !

    M. Jean Terlier, rapporteur

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    Le texte apporte aussi une réponse pénale nécessaire, quand le comportement des parents a été de nature à faire entrer le mineur dans la délinquance, comme c’est arrivé lors des émeutes que nous avons récemment connues.
    J’appelle donc l’ensemble de nos collègues à voter contre la motion de rejet préalable. Cette proposition de loi, portée par le président Gabriel Attal, permet d’apporter une réponse efficace au haut du spectre de la délinquance des mineurs et de responsabiliser les parents. (Applaudissements sur les bancs du groupe EPR.)

    M. Ugo Bernalicis

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    Balivernes !

    M. le président

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    Nous en venons aux explications de vote.
    La parole est à M. Yoann Gillet.

    M. Yoann Gillet (RN)

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    J’ai vu ces derniers jours la vidéo d’un youtubeur montrant des trafiquants opérant à ciel ouvert, à Nîmes, dans ma circonscription. Armés, ils bloquent des rues, installent des points de contrôle et pourrissent la vie des honnêtes gens. Beaucoup d’entre eux sont mineurs : telle est la réalité. (M. Jean-François Coulomme s’exclame.) Cette vidéo ne témoigne pas d’un événement isolé, mais de la réalité des quartiers de Nîmes et d’ailleurs, réalité que je ne cesse de dénoncer.
    Chaque ministre de l’intérieur tient le même discours : « Vous allez voir ce que vous allez voir, on va mettre les moyens ! » Des CRS quelques jours, des opérations XXL devant les caméras –⁠ et plus rien. Le quotidien des habitants est inchangé.
    Si c’est déjà mou avec la droite et le centre, imaginez ce que ce serait avec la gauche au pouvoir !

    M. Pierre Pribetich

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    Mieux !

    M. Yoann Gillet

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    Avec vous, chers collègues, ce n’est plus du laxisme, mais de l’incitation. Il suffit, pour s’en convaincre, de voir la plupart des villes que vous gérez. Il suffit d’écouter les raisonnements que nous entendons souvent en commission des lois et les propositions que vous faites : suppression de la BAC –⁠ la brigade anticriminalité –, désarmement de la police, dépénalisation des drogues, abolition du délit d’apologie du terrorisme –⁠ et j’en passe. (Mme Dieynaba Diop s’exclame.)
    Alors non, collègues de gauche, on ne peut pas voter cette motion de rejet irresponsable, même si ce que propose le gouvernement est insuffisant et hypocrite et même si la France devient une zone de non-droit –⁠ notamment à cause du déferlement migratoire. À quand un référendum sur l’immigration ? Le gouvernement et le président de la République ne semblent pas avoir fait le lien entre immigration massive et insécurité. Moins d’immigration, c’est pourtant aussi moins d’insécurité : l’actualité nous le montre avec évidence. Les Français souhaitent plus de fermeté dans la réponse pénale, la tolérance zéro et la fin de la politique migratoire irresponsable que subit le pays. (M. Paul Molac s’exclame.) Nous serons toujours là pour défendre la protection des honnêtes gens –⁠ quand vous, vous avez manifestement piscine. (Applaudissements sur les bancs des groupes RN et UDR.)

    M. le président

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    La parole est à M. Mathieu Lefèvre.

    M. Mathieu Lefèvre (EPR)

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    En entendant les mots de notre collègue alors qu’il défendait la motion de rejet préalable, je pensais aux parents du jeune Elias, tué à coups de machette en début d’année (« Oh ! » sur plusieurs bancs), et je me demandais ce que vous auriez bien pu leur dire. Le président Attal et le rapporteur Terlier proposent en revanche, avec ce texte de loi, des réponses concrètes, bien loin de l’irénisme et de l’angélisme dans lequel vous vous vautrez quotidiennement. (M. Ugo Bernalicis s’exclame.) Comment expliquer à ces parents que vous refusez la réforme de l’excuse de majorité que ce texte propose avec courage ? Comment leur expliquer que vous refusez d’incriminer les parents démissionnaires ? Comment leur expliquer que vous refusez d’aggraver les sanctions alors qu’une partie de notre jeunesse –⁠ excusez-moi de le dire – a basculé dans une forme d’ensauvagement ? (Exclamations sur les bancs du groupe LFI-NFP.)

    M. Ugo Bernalicis

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    Mais il l’a lu, le texte ?

    M. Mathieu Lefèvre (EPR)

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    Comment expliquer à la société, alors que vient de se produire, près d’Annecy, un drame impliquant un jeune multirécidiviste, qu’il faudrait surtout ne rien faire ?

    M. Ugo Bernalicis

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    Quel est le rapport ?

    M. Mathieu Lefèvre

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    Vous prétendez défendre l’État de droit ; mais où est-il quand des jeunes s’attaquent à d’autres à la machette, quand des jeunes, motivés par le prix d’un téléphone portable, n’accordent aucune considération à la vie de l’un d’entre eux ? (Applaudissements sur les bancs du groupe EPR et sur quelques bancs du groupe DR.)

    M. Ugo Bernalicis

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    J’espère que M. le rapporteur vous expliquera que le texte ne va rien changer à cet aspect-là !

    M. Mathieu Lefèvre

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    Il y a, dans cet hémicycle, une gauche radicale coupée des réalités. Nous, députés du groupe Ensemble pour la République, avons le sens des responsabilités. Vous semblez considérer que les jeunes de 2025 sont ceux de 1945 ; mais le monde a changé, et la proposition de loi de Gabriel Attal a le mérite de le reconnaître. Refuser de se réarmer en modifiant la réponse pénale face à la vindicte populaire, c’est faire preuve de démission politique. Avec Jean Terlier et le président Attal, nous ne céderons jamais à cette banalité, à cette banalisation. (Applaudissements sur les bancs du groupe EPR.)

    M. le président

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    La parole est à Mme Gabrielle Cathala.

    Mme Gabrielle Cathala (LFI-NFP)

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    « La France n’est pas assez riche d’enfants pour qu’elle ait le droit de négliger tout ce qui peut en faire des êtres sains. » Ce sont les mots de l’exposé des motifs de l’ordonnance de 1945 relative à l’enfance délinquante, des mots enterrés tant ce gouvernement illégitime et ses complices broient nos enfants au lieu de les protéger. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe LFI-NFP.)
    Pas de ministère de l’enfance de plein exercice ; à la place, une haute-commissaire proche de François Bayrou, mystérieusement restée silencieuse sur l’affaire Bétharram. Pas de plan d’urgence lorsque 2 000 enfants dorment à la rue (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP), lorsque 3 millions d’entre eux vivent sous le seuil de pauvreté. Pas de budget suffisant pour la protection judiciaire de la jeunesse, encore amputée par décret de 26 millions d’euros en avril. Pas de réaction à la déclaration inédite de la Défenseure des droits qui dénonce des atteintes graves et massives aux droits des enfants. Pas de reprise des 98 % des recommandations de la Ciivise, la Commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants, jetées aux oubliettes. Rien non plus pour s’assurer que les décisions ordonnées par les magistrats pour protéger les enfants sont réellement exécutées.
    À la place, vous continuez de mentir sur le niveau de délinquance des enfants. Disons-le, le nombre de mineurs poursuivis et condamnés est en réalité en baisse dans notre pays (Mêmes mouvements), mais peu vous importe tant vos vérités sont parallèles. De votre côté, c’est le silence radio sur les 160 000 enfants victimes, chaque année, de violences sexuelles. Silence aussi sur le fait qu’un enfant meurt tous les cinq jours sous les coups de ses parents.

    M. Laurent Croizier

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    Vous n’avez pas honte ?

    Mme Gabrielle Cathala

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    Silence sur l’état alarmant de la santé mentale et l’explosion des cas psychiatriques chez les mineurs. Vous préférez, une nouvelle fois, choisir la répression et vous inspirer des analyses de Gabriel Attal, dont la finesse –⁠ je le rappelle pour celles et ceux qui n’auraient pas eu la chance de goûter ses leçons de criminologie – se résume à : « Tu casses, tu répares ; tu salis, tu nettoies. »

    M. Gabriel Attal

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    C’est ainsi qu’on apprend à respecter l’autorité !

    Mme Gabrielle Cathala

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    Cette répression bafoue la Convention internationale des droits de l’enfant en permettant qu’un enfant soit jugé en comparution immédiate dès 16 ans, en remettant en cause le principe d’atténuation des peines, en créant la possibilité de retenir un enfant pendant douze heures sur simple soupçon de non-respect d’une mesure éducative. C’est le programme de Marine Le Pen (Applaudissements sur quelques bancs du groupe LFI-NFP) –⁠ d’ailleurs, Mathieu Lefèvre vient de parler d’excuse de minorité, un terme d’extrême droite !
    Votre texte démagogique ne s’attaque à aucune des causes profondes de la délinquance juvénile, qu’il ignore ; il ne fera qu’empirer les problèmes qu’il prétend résoudre. (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP. –⁠ Mme Sandra Regol applaudit également.)

    M. le président

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    La parole est à Mme Colette Capdevielle.

    Mme Colette Capdevielle (SOC)

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    Les professionnels de l’enfance sont unanimes pour condamner la proposition de loi Attal, jugée populiste, simpliste, régressive, répressive –⁠ bref, très dangereuse. Traiter un mineur comme un adulte est une maltraitance supplémentaire que nous infligerions aux enfants. Ce texte représente une grave violation des engagements internationaux de la France, qui a signé la Convention internationale des droits de l’enfant. La justice des mineurs doit rester en dehors des faits divers, médiatisés à outrance dans cet hémicycle. Elle doit rester fidèle à l’esprit de l’ordonnance de 1945 : la prévention, la protection, l’éducation et le soin. Cela a d’ailleurs été rappelé dans le rapport d’information de Cécile Untermaier, contrairement à ce qu’a indiqué M. le rapporteur : ce n’est sûrement pas ce rapport qui a inspiré les dispositions de la loi Attal –…

    M. Hervé Saulignac

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    C’est sûr !

    Mme Colette Capdevielle

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    …il faut le relire, notamment ses recommandations.
    Vous instrumentalisez la justice des mineurs à des fins sécuritaires pour tenter de nous faire oublier, à nous et à l’ensemble de nos compatriotes, l’effondrement total de la protection de l’enfance et son manque de moyens, dont vous êtes à la fois les responsables et les coupables. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe SOC. –⁠ Mme Sandra Regol applaudit également.)
    Permettez-moi de citer Nelson Mandela : « Nous devons à nos enfants, les citoyens les plus vulnérables de toute société, une vie à l’abri de la violence et de la peur. » Nous, députés du groupe Socialistes et apparentés, voterons donc en faveur de cette motion de rejet. Si jamais ce texte est, par malheur, voté, nous saisirons le Conseil constitutionnel, tant les dispositions proposées portent atteinte aux fondamentaux du droit des mineurs en vigueur depuis 1945. (Applaudissements sur les bancs du groupe SOC et sur plusieurs bancs des groupes LFI-NFP et EcoS.)

    M. le président

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    La parole est à Mme Alexandra Martin.

    Mme Alexandra Martin (DR)

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    En déposant une motion de rejet préalable contre le texte examiné, la France insoumise a, comme souvent, choisi de dire non à une réalité qu’elle refuse de voir, aux Français qui attendent des réponses concrètes pour leur sécurité et à l’idée même que l’État puisse faire face, avec lucidité et fermeté, à la délinquance des mineurs. Car que fait une motion de rejet sinon décréter que le sujet n’est pas légitime, qu’il n’y a pas d’enjeu pour notre société ?

    M. Ugo Bernalicis

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    Le texte est surtout anticonstitutionnel !

    Mme Alexandra Martin

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    Chaque jour, des mineurs basculent dans une violence précoce parfois extrême ; chaque jour, des familles, des éducateurs, des policiers sont confrontés au désarroi. Refuser de mettre ce texte aux voix, c’est refuser d’agir, c’est laisser faire. En le rejetant, LFI ne s’oppose pas à un article ou à un dispositif ; elle s’oppose à l’idée même d’une réponse de la République face à la délinquance des mineurs. Elle s’enferme, comme d’habitude, dans une posture idéologique. Cette motion de rejet n’est pas un acte technique, mais un acte politique fort.

    M. Ugo Bernalicis

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    Bien vu !

    Mme Alexandra Martin

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    C’est un aveu : celui d’une déconnexion totale avec ce que vivent nos concitoyens. (Applaudissements sur les bancs du groupe DR et sur quelques bancs du groupe EPR.)

    M. le président

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    La parole est à Mme Sandra Regol.

    Mme Sandra Regol (EcoS)

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    Tout le monde ici cherche à assurer la plus grande sécurité et à notre jeunesse et à tout le pays. Ce n’est ni l’objet de ce vote ni celui de cette motion de rejet préalable.
    L’objet d’une motion de rejet préalable, comme l’indique l’article 91 du règlement, est de statuer sur deux choses : le texte respecte-t-il les principes constitutionnels et y a-t-il lieu de délibérer ? Dans les deux cas, la réponse est non. Non seulement ce texte n’a fait l’objet d’aucune évaluation ou concertation un tant soit peu sérieuse, mais il s’attaque à un code de la justice pénale des mineurs entré en vigueur il y a quatre ans seulement, que les professionnels peinent encore à appliquer. La réforme précédente n’a toujours pas trouvé son équilibre et il s’agirait ici de réinventer le fil à couper le beurre ? Quel irrespect envers tous ces professionnels !
    Le texte repose par ailleurs sur un postulat brumeux. La délinquance juvénile n’explose pas ; au contraire, comme le montrent les chiffres du ministère de l’intérieur, depuis 2016, le nombre de mineurs mis en cause a baissé de 16 % et celui des poursuites, de 25 %. Les condamnations diminuent et pourtant les incarcérations, elles, augmentent. Le taux de réponse pénale pour les mineurs atteint 87 %. La justice des mineurs est donc tout sauf laxiste.
    Ce que nous devrions évoquer, en revanche, c’est l’état de la protection judiciaire de la jeunesse, qui voit ses moyens fondre chaque année et qui se fait de plus en plus mépriser –⁠ il y a quelques semaines encore, le gouvernement annulait par décret 25 millions d’euros qui lui étaient destinés.

    Mme Danielle Simonnet

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    La honte !

    Mme Sandra Regol

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    Ce n’est donc pas l’objectif de protection de l’enfance et de la société qui guide vos choix. À l’article 1er, vous créez, au mépris des principes constitutionnels, une infraction qui permet de faire porter la responsabilité aux parents. Vous remettez en cause –⁠ non, vous vous asseyez sur – l’atténuation de la responsabilité pénale des mineurs, un principe à valeur constitutionnelle.
    Je rappelle, comme d’autres collègues, que la fameuse excuse de minorité est une vieille marotte de l’extrême droite. Bravo aux collègues d’EPR de la mettre continuellement en avant ! Le Conseil constitutionnel n’a pas pour mission…

    M. le président

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    Veuillez conclure, chère collègue !

    Mme Sandra Regol

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    Je conclus, monsieur le président. Le Conseil constitutionnel n’a pas pour mission de corriger sans arrêt des parlementaires trop dogmatiques pour travailler correctement ; pourtant, il doit le faire systématiquement –⁠ pour la loi d’orientation pour la souveraineté alimentaire et le renouvellement des générations en agriculture, pour la loi « immigration »…

    M. le président

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    Merci !

    Mme Sandra Regol

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    Nous voterons pour cette motion de rejet… (Le temps de parole étant écoulé, M. le président coupe le micro de l’oratrice. –⁠ Les députés du groupe EcoS ainsi que quelques députés du groupe SOC applaudissent cette dernière.)

    M. le président

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    La parole est à Mme Blandine Brocard.

    Mme Blandine Brocard (Dem)

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    Cette proposition de loi visant à restaurer l’autorité de la justice à l’égard des mineurs délinquants et de leurs parents est attendue. Elle traite d’un sujet concret. Nous ne pouvons nier la réalité, vécue et constatée par nos concitoyens : les délinquants sont de plus en plus jeunes et les actes commis par des mineurs, de plus en plus graves. Nous ne pouvons pas, si nous sommes responsables, rester les bras croisés et ignorer cette situation.
    L’objectif du texte n’est évidemment pas de stigmatiser nos jeunes, mais d’apporter des réponses adaptées et de faire évoluer la justice des mineurs pour certains délits tout en préservant sa spécificité. Les travaux en commission mixte paritaire ont permis de parvenir à un équilibre entre répression, éducation et réinsertion. Vous pouvez, encore et toujours, au nom de je ne sais quel principe, rejeter ce texte ; mais, ne vous en déplaise, il est urgent d’appliquer les dispositions prévues dans cette proposition de loi pour donner à notre justice les moyens de mieux traiter la délinquance des mineurs.
    Le groupe Les Démocrates votera donc contre la motion de rejet préalable. Il nous faut agir –⁠ sans faux angélisme, sans excès, avec lucidité, détermination et efficacité. (Applaudissements sur les bancs du groupe Dem et sur quelques bancs du groupe EPR.)

    M. le président

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    La parole est à M. Jean Moulliere.

    M. Jean Moulliere (HOR)

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    Le groupe Horizons & indépendants votera évidemment contre la motion de rejet préalable déposée par le groupe La France insoumise –⁠ une énième motion de rejet qui bafoue l’accord trouvé entre sénateurs et députés ; une énième motion de rejet contre l’autorité de l’État. Au vu des récents événements qui confirment l’urgence de la situation en matière de violences commises par des mineurs, il est irresponsable de refuser de traiter de ce sujet. Ne pas légiférer, c’est faire preuve d’inconscience. Nous avons la responsabilité d’agir ; nous le devons à nos jeunes et aux victimes des violences. Les faits sont de plus en plus dramatiques ; les actes, de plus en plus fréquents. Qu’attendez-vous ?
    Cette proposition de loi contient des mesures à la fois nécessaires et équilibrées ; elle répond fermement aux enjeux du moment et respecte nos principes fondamentaux. Notre groupe rejettera évidemment cette motion. (Applaudissements sur les bancs du groupe HOR. –⁠ M. le rapporteur applaudit également.)

    M. Sylvain Berrios

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    Très bien !

    M. le président

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    La parole est à Mme Elsa Faucillon.

    Mme Elsa Faucillon (GDR)

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    Le groupe GDR votera la motion de rejet. Je souhaite cependant réagir à quelques éléments évoqués dans le débat.
    D’abord, il est bien joli de dire que la jeunesse d’aujourd’hui n’est pas la même que celle de 1945, mais la vérité, c’est qu’en 1945, la jeunesse criminelle était bien plus nombreuse qu’aujourd’hui ; et c’est justement parce que la criminalité des jeunes était très élevée que les principes de 1945 ont été posés, affirmant la spécificité de la jeunesse et la primauté de l’éducation sur la répression. (Applaudissements sur de nombreux bancs des groupes GDR, LFI-NFP, SOC et EcoS.) C’est cela qui a fait baisser la criminalité au sein de la jeunesse ; et ce qui l’a fait augmenter de nouveau, au-delà de bien des problèmes sociaux sur lesquels nous devrions plancher, c’est précisément le fait d’avoir détricoté les principes de l’ordonnance de 1945, affaibli la protection judiciaire de la jeunesse et provoqué l’effondrement de l’aide sociale à l’enfance. (Mêmes mouvements.) Voilà quelques-uns des facteurs qui expliquent qu’il existe aujourd’hui une jeunesse en proie à la violence et en conflit avec la loi. Plutôt que de répondre aux problèmes, vous ne faites que les aggraver.
    Ensuite, je trouve honteux d’évoquer ici les drames –⁠ et non les faits divers – qui frappent notre pays et émeuvent légitimement la population. Ce texte, d’ailleurs, ne répondait absolument pas au meurtre d’Elias, mais à celui de Nahel. C’est immédiatement après les révoltes urbaines et en référence au meurtre de Nahel que Gabriel Attal a déposé sa proposition de loi.

    M. Gabriel Attal

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    Pas du tout !

    Mme Elsa Faucillon

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    Les poncifs de l’exposé des motifs allaient pourtant à l’encontre de toutes les études sur les jeunes qui avaient été inculpés après les révoltes urbaines. (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP. –⁠ Mme Dieynaba Diop applaudit également.)
    Je voudrais surtout dire aux parents d’Elias que le meurtrier de leur fils n’aurait pas été concerné par la comparution immédiate, pas plus que par les autres principes du texte de Gabriel Attal –⁠ et heureusement. En effet, juger un meurtre en comparution immédiate n’est pas faire œuvre de bonne justice, particulièrement en ce qui concerne la reconnaissance des victimes.
    Nous rejetons résolument ce texte ! (Applaudissements sur les bancs des groupes GDR, LFI-NFP, SOC et EcoS. –⁠ Protestations sur les bancs des groupes EPR et DR.)

    M. le président

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    La parole est à M. Olivier Fayssat.

    M. Olivier Fayssat (UDR)

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    La motion de rejet préalable que nous examinons n’a qu’un seul objectif : faire taire le débat. Ce n’est pas une surprise, venant d’un courant politique qui a toujours préféré les slogans aux échanges, les dogmes aux arguments et les décisions autoritaires à la délibération démocratique. Refuser le débat, c’est trahir l’essence même du Parlement, c’est s’arroger, au nom d’une prétendue vérité idéologique, le droit de décider ce qui mérite d’être discuté ou non. Ce réflexe d’exclusion n’est pas nouveau, il est le marqueur d’une tradition politique qui, de Lénine à nos jours, a toujours vu dans le pluralisme un danger plutôt qu’une richesse. (Exclamations sur les bancs du groupe LFI-NFP. –⁠ Mme Hanane Mansouri s’exclame en réponse.) Cette motion de rejet est l’expression d’un mépris profond pour le dialogue républicain car, au fond, ce que redoute l’extrême gauche, ce n’est pas le contenu du texte, mais l’épreuve du réel ; ce qu’elle craint, ce sont les faits, la contradiction, la complexité –⁠ tout ce qu’aucun tract ne peut simplifier.
    Nous rejetons cette motion de rejet, non pour soutenir le texte sans en débattre, mais précisément pour permettre le débat. En effet, nous croyons à la démocratie parlementaire ; eux, manifestement, non ! (Applaudissements sur les bancs des groupes UDR et RN.)

    M. le président

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    Je mets aux voix la motion de rejet préalable.

    (Il est procédé au scrutin.)

    M. le président

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    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        279
            Nombre de suffrages exprimés                279
            Majorité absolue                        140
                    Pour l’adoption                103
                    Contre                176

    (La motion de rejet préalable n’est pas adoptée.)

    Rappel au règlement

    M. le président

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    La parole est à M. Éric Coquerel, pour un rappel au règlement.

    M. Éric Coquerel

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    Je souhaiterais en effet, n’ayant pu le faire plus tôt, faire un rappel au règlement pour mise en cause personnelle, sur le fondement de l’article 58.

    Un député du groupe DR

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    Il y a le texte sur la fin de vie, après !

    M. Éric Coquerel

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    Au cours des questions au gouvernement et en mon absence, la députée Virginie Duby-Muller a cru bon d’affirmer –⁠ en mentant – que j’avais déclaré à la télévision que le rodéo qui a causé les abominables blessures d’un pompier était de la faute de Tom Cruise, et que je cherchais ainsi à excuser l’inexcusable. Où en sommes-nous, chers collègues, si au sein de cette assemblée sont reprises toutes les manipulations, les calomnies, venues de l’extrême droite et de la fachosphère ? (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP. –⁠ Exclamations sur les bancs des groupes RN, DR et UDR.)

    Un député du groupe RN

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    Rien à voir avec le texte !

    M. Éric Coquerel

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    Puisque nous nous intéressons à la vérité, voilà exactement ce que j’ai dit sur TF1 : j’ai condamné ces rodéos, j’ai eu –⁠ de ma part, ce n’était pas en vue de récupérer quoi que ce soit – des mots de solidarité à l’égard du pompier blessé, j’ai expliqué qu’il fallait appliquer de la manière la plus complète la loi de 2018. J’ai ajouté qu’il fallait également de la prévention, de l’éducation ; je comprends que pour les trumpistes d’aujourd’hui, ce soient de gros mots. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe LFI-NFP. –⁠ Exclamations continues sur les bancs des groupes RN, DR et UDR, ainsi que sur quelques bancs du groupe EPR.) J’ai été attaqué à deux reprises : vous me permettrez de répondre !

    M. le président

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    Je vous ai donné le temps de le faire, cher collègue ; veuillez conclure.

    M. Éric Coquerel

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    Je conclus, monsieur le président. J’ai exposé que cette éducation, cette prévention, demandaient que l’on prenne en compte, même si ce n’est pas une excuse, la mythologie que suscitent fictions et jeux vidéo autour des courses-poursuites. Le ministre de l’intérieur condamne mes propos : on voit bien, je le répète, qu’il y a là des mensonges ! Il croit bon de dénoncer une sorte de complicité de notre part avec les rodéos (Applaudissements sur quelques bancs du groupe LFI-NFP. –⁠ Mme Sandra Regol applaudit également. –⁠ Les exclamations se poursuivent et s’amplifient) :…

    M. Thibault Bazin

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    Il est en train de nous empêcher de poursuivre !

    M. Éric Coquerel

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    …encore une fois, je condamne absolument ces derniers. En février, à propos du meurtre de Louise, le ministre de l’intérieur avait évoqué la responsabilité des jeux vidéo dans la violence ;…

    M. le président

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    Merci, cher collègue.

    M. Éric Coquerel

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    …moi, je ne recourrai pas à la caricature, je n’estimerai pas que ces jeux sont à l’origine du meurtre de Louise. Ça suffit, cette façon de faire ! (Les députés du groupe LFI-NFP se lèvent et applaudissent.)

    Discussion générale

    M. le président

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    Dans la discussion générale, la parole est à Mme Sylvie Josserand.

    Mme Sylvie Josserand

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    L’époque n’est plus à La Guerre des boutons de Louis Pergaud, guerre à laquelle se livrent les enfants des villages pour rapporter comme butin les boutons de culotte pris à l’ennemi et provoquer la correction des vaincus par leurs parents. Malgré l’atteinte majeure à la tranquillité et la sécurité publiques que représentent désormais délinquance et criminalité des mineurs, le texte issu de la CMP reste au milieu du gué. Le changement de son intitulé, « proposition de loi visant à restaurer l’autorité de la justice à l’égard des mineurs délinquants et de leurs parents », devenu « proposition de loi visant à aménager le code de la justice pénale des mineurs et certains dispositifs relatifs à la responsabilité parentale », n’occulte pas le fait que l’État central –⁠ dont les symboles, écoles, mairies, commissariats, casernes de pompiers, sont à présent la cible de ces délinquants – connaît, avec le pouvoir judiciaire qui en constitue l’émanation, un effondrement de son autorité. Corollaire de celui-ci, le sentiment d’impunité des mineurs en cause est un facteur déterminant du passage à l’acte.
    De longue date, et une nouvelle fois dans le cadre des travaux parlementaires relatifs à ce texte, le Rassemblement national a prôné, soutenu des propositions de loi et amendements tendant au durcissement de la réponse pénale. Nous souhaitons tout d’abord abaisser les seuils d’âge, seuils charnières qui constituent autant d’obstacles à une réponse pénale efficace : en deçà de 13 ans, les mineurs bénéficient d’une présomption de non-discernement, empêchant qu’une sanction pénale soit prononcée à leur encontre ; en deçà de 15 ans, ils ne peuvent être jugés selon la procédure d’audience unique en comparution immédiate ; en deçà de 16 ans, la peine est automatiquement réduite de moitié par rapport à celle encourue par un majeur pour la même infraction. Tous ces seuils, remontant au siècle dernier, sont totalement surannés, dépassés : selon les chiffres clés de la justice pour 2023, 9 % des mineurs mis en cause avaient entre 10 et 12 ans, 2 % moins de 10 ans, ce qui signifie que 11 % –⁠ plus d’un sur dix – étaient âgés de moins de 12 ans !

    Mme Isabelle Santiago

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    Ça s’appelle la protection des mineurs !

    Mme Sylvie Josserand

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    Toujours en 2023, d’après le ministère de l’intérieur, 40 % des mineurs auteurs d’infractions pénales connues n’étaient âgés que de 13 à 15 ans. Faut-il rappeler, pour la seule année 2024, l’agression violente de la jeune Samara devant son collège à Montpellier –⁠ cinq mineurs de 14 et 15 ans mis en examen –, le meurtre à Grande-Synthe de Philippe Coopman –⁠ trois adolescents de 14 et 15 ans poursuivis –, l’assassinat à Marseille de Nessim Ramdane, d’une balle dans la tête, par un garçon de 14 ans engagé comme tueur à gages sur fond de trafic de drogue ? « Jusqu’à ce que l’extraordinaire devienne si fréquent qu’il se fasse ordinaire », écrit Alain Bauer, en janvier 2024, dans Tu ne tueras point.
    De longue date, je le répète, le Rassemblement national a prôné la responsabilité pénale du mineur dès lors qu’il est doté de discernement, l’exclusion des plus de 16 ans de l’excuse de minorité de plein droit, mais aussi l’instauration de peines planchers et la suppression des allocations familiales aux parents de mineurs criminels ou délinquants récidivistes, parents coupables de défaillances éducatives. L’on regrettera que les amendements déposés par le Rassemblement national en vue d’une lutte efficace contre la criminalité et la délinquance violente, massive, des mineurs n’aient pas été adoptés. L’on regrettera que ce texte ne constitue qu’une énième réforme sans envergure, qu’il ne permette pas plus que le code de la justice pénale des mineurs, présenté en 2021 comme la panacée par ceux mêmes qui sont à l’origine de cette proposition de loi, d’affronter les mutations de la délinquance des mineurs –⁠ très jeune âge des auteurs de délits et de crimes, phénomènes de bande organisée, utilisation, afin de préparer et commettre des infractions, de moyens numériques telle la géolocalisation, propice à la constitution de groupes d’émeutiers. Ces mutations auraient exigé que nous considérions que la minorité n’est pas synonyme d’incapacité naturelle à concevoir, à vouloir des actes criminels ou délinquants. Comment admettre que la jeunesse soit une excuse lorsqu’elle ôte la vie, lorsqu’elle brise des destins, des familles ? Le groupe Rassemblement national salue néanmoins…

    M. Ugo Bernalicis

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    Voilà, on y est !

    Mme Sylvie Josserand

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    …le message de fermeté de ce texte ainsi que l’abandon de l’opposition entre éducation et répression. Face à l’acte de délinquance, une réponse pénale ferme, rapide, ne méconnaît nullement l’intérêt supérieur du mineur, dont la réinsertion passe aussi par la sanction. Aussi, bien qu’il ne soit pas dupe de la volonté d’affichage de l’auteur de cette proposition de loi, le groupe Rassemblement national, conscient de l’urgence, votera en faveur du texte tel qu’adopté en CMP. (Applaudissements sur les bancs des groupes RN et UDR.)

    M. le président

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    La parole est à Mme Laure Miller.

    Mme Laure Miller

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    Nous sommes appelés à adopter définitivement la proposition de loi de Gabriel Attal visant à renforcer l’autorité de la justice à l’égard des mineurs délinquants et de leurs parents. Faire évoluer la loi pénale applicable aux mineurs, comme nous nous apprêtons à le faire, nécessite, si l’on veut que les débats soient honnêtes, de rappeler certaines réalités qui entourent et doivent entourer le vote de ce texte.
    La première réside dans l’évolution de la société. Nous pouvons nous balancer des chiffres, des statistiques à l’interprétation hasardeuse, prétendre que la violence d’une partie de la jeunesse n’existe pas, qu’elle serait systématiquement excusable, ou au contraire brosser sans nuance un tableau des plus sombres. Nous pouvons aussi aller rencontrer forces de l’ordre, personnels de la justice, travailleurs sociaux, professeurs – ce que je ne cesse de faire lorsque je me trouve dans ma circonscription. Ces acteurs nous disent en effet qu’ils constatent chez certains jeunes une violence banalisée, normalisée, plus radicale qu’avant, un fort sentiment d’agir en toute impunité ; sans filtre, sans que ce constat s’appuie sur aucune idéologie, ils ajoutent qu’il faudrait parfois à ces jeunes un électrochoc pour retrouver le droit chemin et qu’en l’état des choses, ce choc, la justice ne le déclenche pas.

    M. Jean-François Coulomme

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    Ah, des électrochocs, carrément ?

    Mme Laure Miller

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    Le deuxième élément qu’il convient de garder à l’esprit, c’est que beaucoup de jeunes souffrent, qu’il faut les accompagner bien mieux que nous le faisons. La commission d’enquête sur les manquements des politiques de protection de l’enfance, que je présidais, vient d’achever ses travaux : il en ressort que ces enfants cabossés sont pris en charge par une institution fragilisée et des professionnels en souffrance. Je saisis cette occasion d’appeler chacun des groupes de l’hémicycle à poursuivre le travail : nous avons des semaines qui relèvent de notre initiative, des semaines de contrôle de l’action du gouvernement, utilisons-les, jouons pleinement notre rôle pour accompagner enfin ces 400 000 jeunes comme il se doit !

    Mme Elsa Faucillon

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    Avec un budget que nous pourrions voter ?

    Mme Laure Miller

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    La troisième réalité est la nécessité d’agir sur la santé mentale de nos jeunes. Le gouvernement de Michel Barnier en avait fait une priorité : l’écho avait été fort, car il s’agissait là d’un engagement très attendu. Il faut à présent transformer cette priorité en actions concrètes en faveur des jeunes. Les réseaux sociaux, dont les effets psychologiques sur les mineurs font l’objet d’une commission d’enquête, se trouvent en ce moment au cœur de nos débats ;…

    M. Sylvain Maillard

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    Eh oui !

    Mme Laure Miller

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    …or la violence y est banalisée, normalisée, voire encouragée, dans des bulles infinies de vidéos. Ces réseaux enferment certains jeunes dans un monde éloigné du réel, modifiant considérablement leurs comportements.
    La quatrième réalité réside dans la nécessité de muscler nos politiques de prévention. Il est faux d’affirmer qu’il n’y a pas de moyens, mais nous devons absolument travailler sur deux points. D’une part, la précarité des financements en la matière : il nous faut des plans qui s’étalent dans le temps et sécurisent les acteurs de terrain, principaux intéressés. Il est inacceptable de voir des dispositifs de soutien scolaire qui fonctionnent ne pas être reconduits d’une année sur l’autre en raison de restrictions budgétaires. D’autre part, la coordination des moyens et des acteurs : entre l’éducation nationale, la prévention du département, les animateurs sportifs de la ville, le bataillon de la prévention, les centres sociaux, la police municipale, les bailleurs, il y a du monde autour d’un mineur en difficulté, mais ce petit monde ne se parle pas, il n’existe pas de suivi du jeune.
    Cinquième vérité à avoir en tête au moment de voter, ce texte ne sera rien sans la poursuite du réarmement de la justice entamé depuis 2017. Le budget du ministère n’a cessé d’augmenter, à hauteur de 48 %. Néanmoins, ce travail de longue haleine n’est pas terminé : tous nos concitoyens continuent de faire des constats fâcheux, délais de jugement trop longs, peines mal exécutées. Afin d’y remédier, le garde des sceaux a présenté lundi ses grandes orientations, parmi lesquelles la clarification des peines ou encore une vraie réflexion visant à repenser la prison.
    La sixième réalité, c’est que la justice des mineurs, dans notre pays, passe d’abord par l’éducation. Nous considérons que les mineurs ne sont pas des justiciables comme les autres ; nous avons d’ailleurs pris de longue date des engagements internationaux qui nous imposent cette différence de traitement. Ce principe intangible est respecté par la proposition de loi, n’en déplaise à une partie de la gauche qui, il faut bien le dire, fait preuve à ce sujet d’une parfaite malhonnêteté. Cela me permet de rappeler ce que prévoit le texte sur deux points polémiques lors de son examen en première lecture. S’agissant de la comparution immédiate, il faut dire et redire qu’elle ne concernera que les mineurs de plus de 16 ans en état de récidive, pour les peines de plus de trois ans de prison, et avec le consentement du mineur ! Quant à l’excuse de minorité, elle n’est inversée que pour les mineurs de plus de 16 ans en état de récidive et qui encourent une peine supérieure à cinq ans de prison ; même alors, en motivant sa décision, le juge peut tout à fait la rétablir.
    Si nous nous mettons d’accord sur ces réalités, ce texte doit nous rassembler, d’autant qu’il est désormais le fruit d’un travail parlementaire intelligent, constructif, entre les travaux du Sénat et ceux de la CMP, laquelle a permis l’ajout de mesures utiles que ne comprenait pas la version adoptée par l’Assemblée. Notre responsabilité consiste à agir sans tarder : ce texte pose la première pierre de l’édifice du rétablissement de l’autorité dans notre pays, raison pour laquelle le groupe EPR votera en sa faveur. (Applaudissements sur les bancs du groupe EPR ainsi que sur les bancs des commissions.)

    M. le président

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    La parole est à Mme Marianne Maximi.

    Mme Marianne Maximi

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    M. Darmanin ne manque pas de culot –⁠ ni de souffle : adresser ce dimanche une lettre aux professionnels de la justice afin de les inviter à réfléchir ensemble aux prochaines réformes… Qui imagine encore que vous allez les écouter ? Depuis des mois, vous vous préparez à faire passer ce texte en force. L’ensemble des corps de métier de la justice vous a signalé sa dangerosité : vous les piétinez. Des barreaux ont alerté au sujet des atteintes aux droits fondamentaux des enfants. Des bâtonniers et bâtonnières vous ont mis en garde, faisant état de contradictions avec la Convention internationale des droits de l’enfant et même avec notre propre Constitution ! Les juges des enfants, les éducateurs, ont manifesté des semaines durant : je salue leur détermination.
    Tous dénoncent des dispositions brutales, inutilement répressives, démesurément sévères. Tous nous rappellent que ces mêmes recettes ont déjà été testées, qu’elles sont contre-productives et que leurs effets pervers sont bien connus. Vous êtes seuls contre toutes les chevilles ouvrières de la justice de notre pays.
    Vous étendez la comparution immédiate aux enfants de 16 ans. Ces audiences durent en moyenne moins de trente minutes. Elles aboutissent à une incarcération dans 70 % des cas. Ce sont des audiences bâclées, expéditives, qui jetteront des enfants en prison en une demi-heure à peine. Une telle procédure vous semble-t-elle digne de notre justice ?
    Vous attaquez l’atténuation des peines pour les enfants, qui est pourtant un principe cardinal de la justice des mineurs. Aujourd’hui, les magistrats appliquent par défaut les règles d’atténuation des peines pour les mineurs, sauf motivation inverse. Avec ce texte, vous inversez la logique. Demain, ils devront par défaut appliquer la même peine à un enfant et à un adulte. L’exception devient la règle. La répression devient le réflexe.
    Votre logique est simple : punir, punir, punir. Essayez d’en sortir, au moins quelques instants. Je m’adresse particulièrement aux députés macronistes qui s’apprêtent à voter cette loi.
    À votre avis, pourquoi l’atténuation des peines s’applique-t-elle par défaut ? Parce qu’un enfant n’a ni la même capacité de discernement ni la même maturité qu’un adulte. Comprenez-vous seulement ce qu’est un enfant ? La science nous l’a enseigné depuis des décennies ; j’espère que ses enseignements sont arrivés à vos oreilles. Dans le doute, je le répète : un enfant n’a pas la même conscience de ses actes ou de la sanction qu’un adulte. Punir, punir, punir ne suffit donc pas à rendre justice.
    C’est pourquoi notre système judiciaire repose sur une tradition d’atténuation des peines pour les enfants, initiée dès 1791. En détruisant ce principe, vous opérez un retour en arrière de deux siècles.
    Punir, punir, punir ne sera jamais suffisant pour apaiser les rapports sociaux. La justice des mineurs, ce n’est pas ça, et cela ne doit pas le devenir.
    Il ne suffit pas d’enfermer des enfants dans une cellule. Il faut les accompagner pour leur permettre de comprendre les conséquences et la gravité de leurs actes, pour leur apprendre à vivre avec leur culpabilité et à réparer les dommages causés, pour les faire évoluer, pour leur permettre de se réinsérer dans la société et pour leur apprendre à ne pas récidiver. Cela suppose un travail de longue haleine de la part des magistrats, des avocats, des éducateurs. Il faut s’assurer que les éducateurs soient présents en nombre suffisant, avec des moyens leur permettant de remplir ces fonctions essentielles dans les meilleures conditions.
    Le tout-répressif appliqué aux enfants produira les mêmes effets que le tout-répressif appliqué aux adultes : la récidive. (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP et sur quelques bancs du groupe GDR.)
    L’incarcération, l’abandon de ces adolescents dans les prisons françaises, produira plus de délinquance et plus de crimes.
    Vous mentez en affirmant que ce texte évitera des drames : c’est précisément l’inverse. Ce texte prépare les drames de demain. Mais je crois que là n’est pas votre préoccupation.
    « Tu casses, tu répares » disait l’ancien premier ministre au moment de présenter cette loi. Pour gouverner à coups de slogans trouvés sur ChatGPT, la Macronie est toujours au rendez-vous. (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP.) En revanche, elle l’est beaucoup moins lorsqu’il s’agit d’écouter les solutions des professionnels de terrain qui font la justice du quotidien.
    Vous ignorez leurs alertes parce que vous ne cherchez pas à améliorer la justice des mineurs, à la rendre plus efficace, plus juste, ou à réduire la récidive. Vous ne cherchez qu’à faire passer votre réforme médiatique qui vous permet d’exister dans la course à la surenchère répressive.
    Il faut dire qu’en plein congrès de vos amis de la droite républicaine, vous voilà en concurrence sur votre propre créneau politique avec le ministre Retailleau et M. Wauquiez. Eux aussi rivalisent d’idées les plus absurdes et les plus dangereuses les unes que les autres, parfois tout bonnement reprises directement du programme du Rassemblement national.

    M. Julien Guibert

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    Ah ! Excellent !

    Mme Marianne Maximi

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    Vous parlez de restaurer l’autorité de la justice, mais il n’y a pas d’autorité de la justice quand les violences aux enfants restent massivement impunies (Mêmes mouvements), quand les appels à l’aide sont ignorés, quand les plaintes ne sont jamais instruites, quand les victimes sont stigmatisées et réduites au silence. (Mêmes mouvements.)
    Il n’y a pas d’autorité de la justice quand les mesures judiciaires de protection des enfants ne sont pas suivies d’effet, quand des enfants en danger au domicile familial attendent une place en foyer ou l’intervention d’un éducateur.
    Il n’y a pas d’autorité de la justice quand un premier ministre peut rester tranquillement dans son fauteuil et gouverner malgré des preuves accablantes de responsabilité dans une affaire pédocriminelle comme celle de Bétharram.

    M. Thibault Bazin

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    Oh ! Il n’était pas au courant. Cette insinuation est grave !

    M. Patrick Mignola, ministre délégué

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    C’est plus qu’une insinuation : c’est une accusation directe !

    Mme Marianne Maximi

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    Rejetez ce texte, et n’oubliez jamais qu’un mineur délinquant est avant tout un mineur en danger. (Les députés du groupe LFI-NFP se lèvent et applaudissent.)

    M. le président

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    La parole est à Mme Céline Thiébault-Martinez.

    Mme Céline Thiébault-Martinez

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    Nous voici enfin arrivés au terme des débats portant sur un texte qui n’aurait jamais vu le jour si les événements de l’été 2024 ne s’étaient pas produits. C’est en effet sous le coup de l’émotion que le groupe Ensemble pour la République, emmené par le plus jeune premier ministre de la Ve République, s’est engagé sur la voie de la restauration de l’autorité de la justice à l’égard des mineurs et de leurs parents.
    Si l’on en croit l’exposé des motifs, il était urgent d’agir, car ces émeutes auraient impliqué « des jeunes, parfois très jeunes, qui semblaient avoir déjà coupé les ponts avec notre société et ses valeurs de respect. »
    Or une étude conduite par le ministère de la justice lui-même a montré que seules trois personnes interpellées sur dix étaient mineures et que, parmi elles, deux sur trois n’étaient pas connues de la justice. Ces chiffres sont cohérents avec des données que nous ne pouvons pas nier : la criminalité des mineurs n’augmente pas dans notre pays.
    Je l’avais déjà dit lors de la première lecture de ce texte : vous avez un problème avec la jeunesse. Vous la jugez sans aucune précaution. Vous la stigmatisez. Comment comprendre l’introduction d’une procédure de comparution immédiate pour les mineurs alors même qu’elle est exceptionnelle pour les majeurs ? Comment comprendre que vous ayez tenté, avant de reculer en CMP, d’instaurer de très courtes peines de prison pour les enfants, soit des peines encore plus lourdes que celles applicables aux majeurs ?
    Avec ce texte, vous piétinez les principes fondateurs de notre justice. L’ordonnance du 2 février 1945 relative à l’enfance délinquante souligne que le mineur délinquant est avant tout un être en construction. C’est pourquoi cette ordonnance préfère les mesures éducatives aux sanctions pénales. Elle repose sur une responsabilité pénale atténuée et sur une justice spécialisée. Cela a un sens.
    Je le dis ici avec beaucoup de solennité et avec toute la responsabilité qui m’incombe en tant que mère : aucun parent n’est à l’abri d’une bêtise ou d’un débordement de son enfant. Cela ne dépend ni du nombre d’enfants dans une fratrie, ni de la structure familiale, ni du modèle d’éducation, ni des valeurs transmises à nos enfants. Le présent texte n’en a que faire, puisqu’il prévoit d’étendre la culpabilité des mineurs à leurs parents.
    L’article premier crée une nouvelle circonstance aggravante du délit de soustraction. Il est fondé sur une prétendue défaillance éducative des parents, même en l’absence de lien de causalité direct.
    L’article 2 prévoit des amendes civiles à l’encontre des parents qui ne se présentent pas aux audiences éducatives. Plutôt que d’accompagner ces familles, là encore, vous les sanctionnez.
    L’article 3 rend les parents, en tant que détenteurs de l’autorité parentale, automatiquement responsables des dommages causés par leurs enfants.
    Quoi que vous en pensiez, quoi que vous en disiez dans les médias suivant des considérations populistes : non, la justice des mineurs n’est pas laxiste.
    Les faits sont têtus : la criminalité des mineurs n’augmente ni en nombre ni en gravité. Nous observons une hausse des incarcérations des mineurs et une baisse de la délinquance, c’est un fait. En affirmant le contraire, vous reprenez les éléments de langage de l’extrême droite et vous affichez de manière crue et réactionnaire votre manière de gouverner, qui repose désormais sur une alliance inavouée avec le côté droit de cet hémicycle.
    Avec ce texte, vous déroulez le tapis rouge au Rassemblement national. Vous vous faites les organisateurs de leur victoire à venir. Nous aurions dû consacrer nos travaux parlementaires à la seule question qui compte : où sont les moyens de la justice et de la protection judiciaire de la jeunesse (PJJ) ? Comment faire en sorte qu’elles puissent accomplir leurs missions dans de bonnes conditions ?
    Au 1er octobre 2024, 4 200 mesures pénales prononcées par des juges pour enfants n’étaient pas exécutées, et 500 postes de la PJJ ont été supprimés au cours de l’été. Renforcer les moyens de la justice : voilà la priorité.
    En adoptant ce texte, nous violons nos engagements internationaux, à commencer par la Convention internationale des droits de l’enfant.
    En cela, votre entêtement dépasse l’entendement. Votre irresponsabilité vis-à-vis de nos institutions est sidérante. Plusieurs mesures de ce texte risquent d’être frappées d’inconstitutionnalité par le Conseil constitutionnel. Vous le savez parfaitement, mais vous nous dites que nous sommes malhonnêtes lorsque nous le soulignons. Oserez-vous alors contester une décision du Conseil constitutionnel ? Nous verrons à ce moment-là jusqu’où ira votre indécence.
    Quoi qu’il en soit, si ce texte est adopté, il ne réparera rien. Vous renvoyez chaque enfant de la République à sa responsabilité individuelle et familiale. Une fois de plus, vous battez en brèche la promesse républicaine qui assure l’émancipation et l’égalité, inscrite dès le premier article de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, qui dispose que nous naissons et demeurons toutes et tous libres et égaux en droit.
    Pour toutes ces raisons, nous voterons contre ce texte et nous saisirons le Conseil constitutionnel. (Applaudissements sur les bancs des groupes SOC, EcoS et GDR.)

    M. le président

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    La parole est à Mme Alexandra Martin.

    Mme Alexandra Martin

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    Nous sommes amenés à voter une proposition de loi qui s’inscrit dans un contexte d’urgence.
    Il y a urgence à restaurer l’autorité de la justice à l’égard des mineurs délinquants, mais aussi à l’égard des adultes qui les instrumentalisent.
    Il y a urgence à durcir la réponse pénale en mettant l’accent sur l’existence de sanctions rapides et sûres, et sur la responsabilisation des parents.
    Il y a urgence à envoyer des signaux forts d’ordre et d’autorité contre l’impunité, conformément à la ligne ferme défendue par les ministres de l’intérieur et de la justice.
    Il y a urgence, enfin, à sécuriser nos concitoyens face à la violence juvénile et à sauver ces jeunes de la délinquance.
    La réalité que nous affrontons n’est ni marginale ni passagère ; c’est un phénomène de fond, d’une gravité inquiétante. La délinquance juvénile s’installe dans le paysage délictuel et criminel. Elle change de nature, elle se radicalise. Les actes commis par des mineurs sont non seulement fréquents, mais aussi de plus en plus graves et précoces. Ce ne sont plus seulement des incivilités ou des petits délits ; aujourd’hui, dès l’âge de 12 ans, certains jeunes sont déjà intégrés dans des logiques mafieuses, impliqués dans des actes violents, des trafics, des agressions, parfois même des homicides.
    Nous voyons se développer une stratégie cynique de la part de réseaux criminels, notamment les narcotrafiquants. Ils exploitent la minorité des plus jeunes pour les utiliser comme des boucliers judiciaires, précisément parce qu’ils savent qu’ils bénéficient de l’excuse de minorité et que les peines encourues sont bien moindres. Dès lors, ils font l’objet d’une instrumentalisation qu’on ne peut que condamner. Il faut que cela cesse.
    C’est pourquoi le message de cette loi s’adresse autant aux jeunes eux-mêmes qu’aux adultes qui les instrumentalisent. À l’égard de ces recruteurs qui transforment des enfants en délinquants et les jettent dans une spirale de violence, le signal doit être clair : la justice ne se laissera plus abuser.
    La loi contre le narcotrafic contribue également à ce combat. Elle renforce les outils de lutte contre ces réseaux qui gangrènent nos quartiers, détruisent des vies, corrompent notre jeunesse. Il s’agit d’un même front, d’un même enjeu : rétablir l’ordre républicain.
    Nous nous réjouissons que la commission mixte paritaire ait été conclusive, mais cela ne signifie pas que tout est réglé. Nous reviendrons sur trois points importants.
    D’abord, nous regrettons que l’instauration des peines courtes et très courtes ait été supprimée en CMP, même si nous comprenons qu’un débat doit avoir lieu ici à ce sujet. Nous avions soutenu cette disposition, car les peines courtes et très courtes permettent d’assurer une réponse rapide, concrète et proportionnée. Une sanction immédiate, même brève, revêt une portée éducative forte. Elle permet de marquer clairement l’interdit et de responsabiliser les jeunes délinquants. Le pédopsychiatre Maurice Berger, dont la réputation n’est plus à faire dans ce domaine, plaide depuis très longtemps en ce sens.
    Ensuite, nous aborderons la question de l’excuse de minorité. Dans les cas les plus graves, nous avions proposé de pouvoir l’écarter dès l’âge de 13 ans dans certaines circonstances. Ce seuil a été relevé à 16 ans, tout comme la comparution immédiate, alors que nous espérions au moins le maintenir à 15 ans. C’est une occasion manquée, car nous savons tous que les actes les plus violents ne sont pas l’apanage des plus âgés.

    M. Pouria Amirshahi

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    N’importe quoi !

    Mme Alexandra Martin

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    Enfin, la responsabilisation des parents demeure au cœur de nos préoccupations. Nous saluons l’apport du Sénat, retenu en CMP, autorisant les assureurs à se retourner contre les parents condamnés pour soustraction à leurs obligations légales lorsque le délit commis par leur enfant a un lien avec les dommages causés. Les assureurs pourront ainsi faire participer les parents défaillants à l’indemnisation des dommages dans une limite de 7 500 euros.
    Outre cette avancée, la démarche de responsabilisation des parents doit être renforcée. La démission ou l’effacement de l’autorité parentale ne peut pas rester sans conséquences.
    Ce texte, malgré ses marges d’amélioration, marque un tournant. Il affirme la volonté de restaurer l’autorité de l’État, de la justice et de la famille. Notre rôle est de protéger : protéger les Français, protéger les jeunes d’eux-mêmes en leur offrant des repères, protéger notre pacte social.
    Le groupe Droite républicaine votera ce texte, tout en continuant à vouloir le faire évoluer. (Applaudissements sur les bancs du groupe DR ainsi que sur les bancs des commissions.)

    M. Thibault Bazin

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    Très bien !

    M. le président

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    La parole est à M. Pouria Amirshahi.

    M. Pouria Amirshahi

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    Le groupe Écologiste et social votera contre cette proposition de loi, qui prétend restaurer l’autorité de la justice, mais en consacre en réalité le reniement.
    Ce texte prétend apporter une réponse à la délinquance juvénile, mais n’apporte que l’illusion de l’efficacité, au prix des principes constitutionnels qui ont structuré la justice pénale des mineurs en France depuis l’ordonnance du 2 février 1945. Nous saisirons donc le Conseil constitutionnel.
    Aux moyens dont devrait disposer une justice digne, vous préférez les symboles creux. Vous brandissez l’autorité comme un totem pendant que vous sabrez ses fondations : 140 millions d’euros de crédits annulés au ministère de la justice, dont 25 millions pour la seule protection judiciaire de la jeunesse. Et ce n’est pas un oubli ! C’est une politique, celle de l’humiliation et de l’abandon –⁠ bref, un oxymore en guise de devise.
    Article après article, vous dévoyez la finalité éducative de notre droit pénal des mineurs au profit de dispositifs inefficaces et dangereux, dont je rappellerai ici quelques-uns des plus inquiétants.
    Vous créez une procédure de comparution immédiate pour les mineurs dès 16 ans alors qu’on sait ce que cela signifie déjà pour les majeurs : une justice expéditive où l’urgence prend le pas sur le discernement, où les garanties du procès équitable sont sacrifiées sur l’autel de la rapidité, où l’incarcération devient la seule issue.
    Vous allongez les durées de détention provisoire, jusqu’à un an pour des mineurs de moins de 16 ans contre deux mois aujourd’hui. Non seulement ces durées sont inédites, mais elles sont contraires à l’idée même d’une justice des mineurs tournée vers l’éducation et la réinsertion. Loin d’aider des délinquants à se ressaisir par une sanction utile, vous les enfermez dans l’écosystème de la délinquance.
    Vous inversez la logique de l’atténuation de la peine en supprimant son caractère exceptionnel dès lors qu’un mineur est récidiviste, sans même qu’il soit nécessaire de motiver cette dérogation. C’est une mesure qui était déjà prônée en 1986 par le Front national de Jean-Marie Le Pen.
    Vous élargissez aussi le recours à l’audience unique, réduisant le temps accordé à l’évaluation des parcours et à la construction de réponses pénales adaptées, mais surtout le temps consacré à la compréhension des faits par le mineur lui-même.
    Vous produisez ainsi une justice à la chaîne où l’on demande au juge non pas de juger, mais d’expédier, une justice du chiffre et non du sens.
    Et pour parachever votre œuvre, vous alourdissez les sanctions financières et pénales qui peuvent être prononcées à l’encontre des parents, sans le moindre égard pour la réalité vécue par tant de familles monoparentales, souvent précaires. Les assureurs eux-mêmes pourront désormais se retourner contre ces familles ! Vous choisissez ainsi de culpabiliser ceux que les institutions ont abandonnés depuis longtemps, en les rendant coresponsables de fautes qu’ils n’ont pas commises. Vous ne les soutenez pas, vous les condamnez. Vous ne réparez pas, vous stigmatisez. En réalité, vous punissez la pauvreté.
    Mais tout cela, vous le savez déjà pertinemment : l’ensemble des professionnels de la justice vous l’ont dit. Si vous voulez restaurer l’autorité de la justice, commencez donc par les écouter !
    Vous avez entendu comme nous l’opposition des professionnels de la PJJ, mobilisés partout le 25 mars dernier, celle de la Défenseure des droits, celle des juges, des avocats, des éducateurs, celle aussi des associations, mobilisées le 5 mai. Tous vous ont dit que ce texte constitue une rupture, une faute, et même, je vous le dis, une forfaiture.
    Mais vous n’en avez que faire. Vous rompez avec plus de huit décennies de construction d’une justice fondée sur la compréhension des causes, sur l’accompagnement des parcours et sur la confiance dans la capacité des jeunes à se relever. Vous vous attaquez à l’esprit même d’une ordonnance qui fut pourtant rédigée dans une France où les enfants livrés à eux-mêmes, orphelins, armés, blessés et parfois violents étaient bien plus nombreux que dans la nôtre. Ce que vous engagez, c’est un processus qui prend le contre-pied de cette intelligence. Vous inversez la logique pénale : pour vous, l’enfant n’est plus un sujet en devenir, mais un objet à surveiller.
    Et à ce glissement idéologique, vous ajoutez la brutalité sociale.
    D’ailleurs, puisqu’il est question de brutalité, comment ne pas évoquer votre façon de légiférer, sans évaluation sérieuse, en vous appuyant sur des passions négatives, à coup d’exemples sensationnels et, permettez-moi de le dire, avec un certain amateurisme ? Ce n’est pas pour rien que la commission des lois de l’Assemblée nationale avait supprimé les articles 4 et 5, que vous avez rétablis avec le concours du groupe de Mme Le Pen. Ce n’est pas pour rien non plus que la commission des lois du Sénat a elle aussi souhaité vider votre mauvaise proposition de sa substance. Mais vous êtes si sûrs de vous que vous passez outre l’avis des deux commissions saisies au fond.
    Puisque vous ne le faites pas, je m’adresserai, moi, à celles et ceux que vous avez choisi d’ignorer. Aux éducateurs et aux éducatrices de la PJJ, qui tiennent debout une institution maltraitée, je dis : merci. Aux magistrats spécialisés, aux greffiers, aux avocats qui s’efforcent encore de faire vivre une justice humaine : votre engagement compte. Aux parents, souvent seuls, qui tiennent bon mais parfois tombent : ce que vous vivez mérite du soutien, de l’écoute, de la solidarité, pas des menaces. Aux jeunes eux-mêmes, à ceux qui parfois basculent, s’égarent, commettent des actes graves : vous êtes responsables des actes que vous commettez, et la loi est là pour le rappeler ; mais nous ne serons jamais de ceux qui vous marqueront au fer rouge. Cette responsabilité ne doit jamais être un couperet qui vous condamne à l’échec. C’est par la main tendue, et non par le bâton, que l’on construit la sortie de la violence. Vous méritez mieux et plus que tous ces mépris. (Applaudissements sur les bancs des groupes EcoS, SOC et LIOT.)

    M. le président

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    La parole est à M. Éric Martineau.

    M. Éric Martineau

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    Après des mois de discussions, depuis son dépôt à l’Assemblée nationale en octobre 2024, nous sommes parvenus à un accord en commission mixte paritaire sur la proposition de loi visant à restaurer l’autorité de la justice à l’égard des mineurs délinquants et de leurs parents.
    Je ne peux que saluer les travaux des rapporteurs sur ce texte ainsi que les échanges constructifs en CMP qui nous ont permis d’aboutir à un texte apportant des réponses concrètes à la montée de la violence juvénile.
    Avant toute chose, je veux avoir un mot pour notre jeunesse et insister sur le fait que nous ne voulons stigmatiser personne. Le but n’est pas de dire que les jeunes sont tous plus violents qu’avant et touchés par la délinquance.
    Les infractions commises par les mineurs diminuent : c’est une réalité dont nous sommes conscients. Mais les mis en cause sont de plus en plus jeunes et commettent des délits de plus en plus graves, ce que nous ne pouvons pas laisser faire.
    Il est important de lutter contre ce phénomène pour garantir la sécurité publique et accompagner notre jeunesse. Nous devons prendre des mesures fortes et fermes tout en préservant la spécificité de la justice pénale des mineurs.

    M. Thibault Bazin

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    Très bien !

    M. Éric Martineau

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    Les quinze articles du texte issu des travaux de la CMP visent donc, d’une part, à responsabiliser davantage les parents de jeunes délinquants qui se sont soustraits à leur responsabilité parentale et, d’autre part, à accélérer les procédures de jugement et durcir les sanctions contre les mineurs. Il nous semble nécessaire de prendre des dispositions pour renforcer les obligations des parents vis-à-vis de leurs enfants, afin de répondre à certaines situations de défaillance parentale et de les sanctionner.
    Lorsqu’un délit est commis par un mineur, il faut établir une chaîne de responsabilités et évaluer les différentes influences à l’œuvre, en les recherchant notamment chez ceux qui profitent de leur ascendant sur les plus jeunes pour les inciter à commettre des délits qui vaudraient à des majeurs un séjour en prison.
    Sur la procédure d’audience unique en comparution immédiate, nous sommes parvenus à une rédaction équilibrée qui restreint le champ d’application de la procédure aux mineurs âgés d’au moins 16 ans, tout en facilitant le recours à une audience unique pour permettre un jugement rapide de certains mineurs délinquants, en fonction de la gravité des faits commis.
    S’agissant de l’atténuation des peines pour les mineurs, l’article 5 adopté en CMP prévoit que les règles d’atténuation ne s’appliquent qu’aux mineurs âgés de plus de 16 ans et lorsqu’un crime ou un délit puni d’une peine d’au moins cinq ans d’emprisonnement a été commis en état de récidive légale. Il préserve surtout la possibilité pour le magistrat de déroger à cette règle, en fonction de la personnalité du mineur et des circonstances de l’infraction.
    Le texte, dans sa version finale, assure ainsi le respect du principe d’atténuation de la responsabilité pénale des mineurs en fonction de leur âge, ce qui nous semble primordial.
    Il s’attache également à préserver l’équilibre entre répression, éducation et réinsertion que notre groupe appelait de ses vœux.
    À l’issue de la CMP, la proposition de loi nous semble proportionnée et adaptée, offrant de nouveaux dispositifs aux magistrats pour mieux traiter la délinquance des mineurs et s’adapter à chaque situation.
    Le groupe Les Démocrates votera en faveur de ce texte. (Applaudissements sur les bancs des groupes Dem, EPR et DR.)

    M. le président

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    La parole est à M. Jean Moulliere.

    M. Jean Moulliere

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    La jeunesse est le reflet de l’avenir de notre nation. Pourtant, une frange de plus en plus visible de cette jeunesse sombre dans une spirale de violence infinie. Les émeutes de juillet 2023 en fournissent une illustration saisissante, tant par l’intensité des violences commises que par le fait que les auteurs étaient particulièrement jeunes : 1 milliard d’euros de dégâts matériels ; 2 500 bâtiments incendiés ou dégradés, parmi lesquels 105 mairies et 243 établissements scolaires ; plus dramatique encore, 1 000 personnes ont été blessées, dont 782 parmi les forces de l’ordre, et deux ont perdu la vie. Les mineurs étaient sur-représentés parmi les auteurs de ces violences.
    Depuis, de nouveaux faits sont venus illustrer la radicalisation préoccupante d’une partie de ces mineurs. Je pense aux actes de violence commis ces derniers jours à Rillieux-la-Pape, dont le maire, Alexandre Vincendet, que je salue, a dénoncé des dégradations matérielles et des guets-apens contre les forces de l’ordre organisés par des mineurs de 11 à 17 ans.
    Le renforcement de l’intensité de la criminalité juvénile est une réalité que nous ne pouvons plus ignorer. Face à cette évolution, notre responsabilité collective est de transformer notre droit pour adapter notre justice aux défis auxquels nous faisons face.
    La justice pénale des mineurs est structurée autour de leur relèvement éducatif et moral, de la prévention de la récidive et de la protection des victimes. Ces principes fondateurs, consacrés dès 1945 et réaffirmés en 2021 lors de la création du code de la justice pénale des mineurs, demeurent notre boussole. La jurisprudence du Conseil constitutionnel impose également que les mesures soient adaptées à l’âge du mineur et orientées vers son relèvement éducatif.
    Toutefois, répondre à une violence nouvelle avec des outils anciens est inefficace. Nous croyons qu’une réponse ferme, juste et proportionnée est non seulement possible, mais indispensable.
    Cette proposition de loi visant à aménager le code de la justice pénale des mineurs et certains dispositifs relatifs à la responsabilité parentale s’inscrit pleinement dans cette démarche. Elle vise notamment à mieux sanctionner les mineurs auteurs d’infractions classées parmi les plus graves en restreignant les modalités d’atténuation de la peine pour les plus de 16 ans. Elle vise aussi à responsabiliser les parents qui se soustrairaient à leurs obligations légales vis-à-vis de leurs enfants et de la justice.
    Le groupe Horizons & indépendants salue l’accord trouvé en commission mixte paritaire, qui témoigne de la prise de conscience partagée de la nécessité de renforcer les outils juridiques à disposition des magistrats. C’est le message fort d’un sursaut d’autorité que les parlementaires adressent à notre justice, mais aussi à nos concitoyens.
    Nous nous félicitons tout particulièrement du rétablissement, à l’article 1er, des dispositions visant à prévoir une nouvelle circonstance aggravante si le manquement des parents a directement conduit à la commission par le mineur d’un crime ou de plusieurs délits ayant donné lieu à une condamnation définitive. L’amendement que notre groupe a défendu et qui vise à élargir cette circonstance rendra la réponse pénale plus efficace.
    Enfin, nous souhaitons rappeler deux éléments essentiels. D’une part, la prévention doit rester au cœur de notre stratégie contre la violence juvénile. L’école, les structures de soutien social et les politiques de quartier sont autant de leviers indispensables pour empêcher que certains jeunes basculent dans la délinquance. D’autre part, il nous faut aller plus loin dans notre action face à la violence croissante de certains mineurs. Les réponses judiciaires doivent gagner en efficacité, en rapidité et en lisibilité. L’État doit assumer pleinement son autorité, tout en renforçant les moyens alloués à la justice des mineurs.
    Le Groupe Horizons & indépendants votera en faveur de cette proposition de loi. (Applaudissements sur les bancs de la commission.)

    M. Pouria Amirshahi

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    Hélas, vous avez tort !

    M. le président

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    La parole est à Mme Martine Froger.

    Mme Martine Froger

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    Les récentes violences ont révélé une délinquance juvénile plus visible, parfois plus violente, suscitant une réelle inquiétude dans la société. Face à cette situation, il est naturel de réagir. On ne peut ni banaliser, ni rester passif. Mais réagir ne doit pas signifier céder à la précipitation en se laissant guider par l’émotion du moment ou la pression de l’opinion. Une réforme de la justice des mineurs, parce qu’elle touche à des vies en construction, ne peut répondre à l’urgence politique : elle doit reposer sur des faits solides et préserver l’équilibre entre sanction et accompagnement qui est au cœur de notre droit. C’est précisément cet équilibre que votre proposition de loi met en danger. Si nous en comprenons les objectifs, nous ne pouvons approuver les moyens retenus, qui tendent vers une réponse presque exclusivement répressive.
    Certes, les chiffres peuvent impressionner : 169 000 mineurs ont été impliqués dans des affaires traitées par les parquets, dont environ 30 000 ont été condamnés au pénal. Mais permettez-moi de replacer ces données dans leur contexte : cela ne représente que 2,5 % des jeunes de 10 à 17 ans. La délinquance des mineurs reste donc contenue –⁠ c’est un fait essentiel qu’il faut rappeler, face à la tentation du discours alarmiste.
    Derrière cette proposition de loi, je vois un glissement vers une logique du tout répressif qui oublie les piliers fondamentaux de la justice pénale des mineurs. Où sont les dispositifs d’accompagnement ? Où sont les mesures de prévention, de soutien à l’insertion, de protection ? Cette absence est une faille majeure de votre texte. La sanction seule ne saurait suffire. La réponse pénale doit être équilibrée : sanctionner, oui, mais aussi accompagner, pour prévenir la récidive, pour reconstruire, pour réinsérer. C’est cela, la philosophie de la justice des mineurs depuis l’ordonnance de 1945, constamment réaffirmée. La justice n’est pas qu’une machine à punir, elle est aussi un outil de reconstruction.
    J’en viens à la question des parents, que ce texte veut responsabiliser. Là encore, oui, il faut agir –⁠ l’implication parentale est souvent déterminante dans le parcours de ces jeunes. Mais au lieu de préconiser des mesures éducatives, vous rétablissez et aggravez une amende civile en cas d’absence du parent aux audiences et auditions du juge pénal, pour la porter jusqu’à 7 500 euros –⁠ une sanction qui frappera avant tout les plus précaires, ceux qui sont déjà en difficulté. C’est une double peine sociale. Tous les professionnels que vous avez auditionnés l’ont dit : cette mesure est inadaptée et contre-productive. Nous devons accompagner ces familles fragilisées, pas les sanctionner au risque de les accabler davantage. Nous devons proposer des solutions plus humaines.
    Enfin, je tiens à exprimer mes plus vives inquiétudes face aux atteintes que ce texte porte aux principes fondamentaux de la justice des mineurs. Le rétablissement de la comparution immédiate en est une illustration : si je comprends le besoin d’une justice plus réactive, cela ne peut se faire au détriment des droits des jeunes. Malgré les ajustements apportés en CMP –⁠ limitation aux mineurs de 16 ans et maintien du consentement assisté –, cette mesure reste à mes yeux largement symbolique, inopérante et porteuse de risques.
    L’article 5, qui revient sur le principe d’atténuation des peines, est encore plus problématique. La CMP a fait le choix d’inverser la logique actuelle de notre droit. Elle a prévu que par principe, l’excuse de minorité ne s’appliquerait plus aux mineurs âgés de plus de 16 ans en cas de crimes ou de délits passibles d’au moins cinq ans d’emprisonnement commis en état de récidive légale. Il aurait été préférable que cette remise en cause de l’excuse de minorité soit limitée aux faits les plus graves : atteinte volontaire à la vie, viol ou agression sexuelle par exemple. Vous introduisez là une rupture, une remise en cause d’un principe fondamental de notre justice : celui selon lequel un mineur n’est pas un adulte, et ne doit pas être jugé comme tel.
    Par ailleurs, nous ne comprenons pas cette précipitation. La réforme survient trois ans à peine après l’entrée en vigueur du code de la justice pénale des mineurs, qui a déjà renforcé la répression. Pourquoi ne pas attendre son évaluation ? Pourquoi légiférer à nouveau si vite, sans bilan, sans recul ? En vérité, ce dont la justice des mineurs a besoin, ce n’est pas d’un texte de plus, mais de moyens pour la protection de l’enfance, l’éducation et la prévention ; de personnels formés et disponibles ; d’éducateurs, de psychologues, d’assistants sociaux –⁠ de présence humaine. Ce n’est pas en durcissant les peines que l’on répondra aux racines de la délinquance des mineurs. Celles-ci s’appellent précarité, déscolarisation, maltraitance, souffrance familiale. Ce sont ces problèmes qu’il faut traiter si nous voulons vraiment changer les choses.
    Les enfants d’aujourd’hui sont les adultes de demain. L’État doit redevenir un guide, un tuteur, un appui pour leur avenir. C’est cela, notre responsabilité collective, et c’est à l’aune de cette exigence que nous devons nous prononcer sur cette proposition de loi. Le vote du groupe LIOT est partagé ; à titre personnel, je voterai contre ce texte. (Applaudissements sur quelques bancs des groupes LIOT, SOC et EcoS.)

    M. le président

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    Avant de donner la parole aux deux derniers orateurs inscrits, je vous rappelle que la conférence des présidents a décidé qu’il serait procédé à un scrutin public sur la proposition de loi, telle qu’elle résulte du texte de la commission mixte paritaire.
    Je fais d’ores et déjà annoncer le scrutin dans l’enceinte de l’Assemblée nationale.
    La parole est à Mme Elsa Faucillon.

    Mme Elsa Faucillon

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    L’ordonnance du 2 février 1945 reconnaît deux principes qui sont au fondement de notre système de justice des mineurs : la spécificité de l’enfance et la primauté de l’éducatif sur le répressif. Le texte dont nous terminons l’examen bafoue l’un et l’autre de ces principes. Sous couvert d’autorité, il s’inscrit dans la continuité d’une dérive réactionnaire. Pour vous, quand on parle d’éducatif, c’est comme si on parlait d’excuse ou de laxisme, alors même que la primauté donnée à l’éducatif a fait ses preuves pour lutter contre une criminalité qui était particulièrement élevée en 1945. Je ne dis pas que celle-ci n’existe plus, mais que malheureusement, les effets du détricotage des principes de l’ordonnance de 1945 contribuent à la faire de nouveau augmenter.
    Alors que la justice des mineurs devrait accompagner, réparer et réhabiliter, vous érigez la répression comme son principe cardinal. L’unique finalité est de punir, le plus vite et le plus durement possible, indépendamment de la pertinence. Nos débats ont été émaillés de références à des faits divers visant à justifier ce texte –⁠ ses articles ne traitent pourtant ni de leurs causes ni de leurs effets. Alors que le principe de primauté de l’éducatif sur le punitif a été piétiné ces dernières années, la moitié des mineurs condamnés récidive dans les deux ans. Le constat, certes alarmant, n’est donc pas celui d’un manque de sévérité, mais bien d’un manque d’accompagnement socio-éducatif et de moyens d’accompagnement.

    M. le président

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    Mes chers collègues, c’est un texte qui porte sur l’éducatif : je vous invite à donner une bonne image de notre assemblée en écoutant l’oratrice. (Mme Karine Lebon, M. Patrick Hetzel et Mme Danielle Brulebois applaudissent.)

    Mme Elsa Faucillon

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    Nous aimerions qu’il porte sur l’éducatif, monsieur le président. Dernier épisode en date : l’auteur même de ce texte, M. Attal, alors qu’il était premier ministre d’un gouvernement démissionnaire, entendait supprimer des postes au sein de la protection judiciaire de la jeunesse, dont les éducateurs sont des piliers de la réinsertion et de la lutte contre la récidive.
    Mais ce n’est pas tout : avec ce texte, vous faites de l’adolescent un adulte miniature, ce qui révèle votre profonde méconnaissance de la spécificité de la jeunesse et du développement affectif et psychologique des jeunes. Si cette proposition de loi est adoptée, les juridictions devront justifier l’usage de l’atténuation de responsabilité pour les adolescents de 16 à 18 ans. Il sera désormais nécessaire de prouver la pertinence du respect d’un principe constitutionnel –⁠ j’espère que le Conseil constitutionnel interviendra.
    Et puis il y a la fameuse comparution immédiate pour les mineurs. Nous connaissons les conséquences dramatiques de la comparution immédiate : c’est une mesure répressive d’exception –⁠ qui n’en est d’ailleurs plus une. Elle multiplie par huit la probabilité d’un emprisonnement ferme par rapport à une audience classique de jugement et 70 % des peines prononcées dans ce cadre sont des peines de prison ferme. Nous allons donc envoyer plus de jeunes en prison pour des faits qui ne les y conduisaient pas jusqu’alors –⁠ ou moins. Alors que le système pénitentiaire actuel est en crise, il est ici question d’y envoyer à la chaîne des adolescents qui, au contraire, auraient besoin de davantage d’accompagnement.
    Vous dites également vouloir responsabiliser les parents. En réalité, vous allez seulement enfoncer les familles dans plus de précarité, sans jamais regarder comment les difficultés sociales et économiques auxquelles elles sont confrontées pourraient être elles aussi accompagnées.
    Si vous souhaitez à ce point forcer le trait de l’autoritarisme, ayez au moins les moyens de vos ambitions ! Les prisons françaises sont déjà surpeuplées, insalubres et parfois inhumaines. Où souhaitez-vous incarcérer ces jeunes ? Avec quels moyens ? Avec quels personnels ? Un mineur est resté isolé dans un quartier pour majeurs pendant plusieurs semaines !
    À défaut de réforme du système pénitentiaire, ou du moins d’une hausse considérable et nécessaire des moyens, vous vous obstinez à faire passer des mesures toutes plus réactionnaires les unes que les autres –⁠ les professionnels de la justice sont vent debout depuis des semaines contre ce texte, qui ne traduit en aucun cas la volonté de répondre efficacement aux enjeux de la justice des mineurs. Il n’est pas une réforme, mais une abdication, un abandon de nos jeunes au profit d’une logique de stigmatisation, de punition et de peur. Cette loi se fiche et de la justice, et des mineurs. Elle est celle d’un agenda politique égoïste. Nous voterons contre ce texte. (Applaudissements sur les bancs des groupes GDR, SOC et EcoS.)

    M. le président

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    La parole est à M. Olivier Fayssat.

    M. Olivier Fayssat

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    « Protéger [l’enfant] dans sa sécurité, sa santé […] et sa moralité » : telle est la mission grave et nécessaire que donne aux parents le code civil, lequel élève l’autorité parentale au rang de principe cardinal. L’article 371-1 ne se contente pas d’en faire un droit accordé aux parents ; il en fait une charge sacrée qui les engage tout entiers. Ce devoir, qui s’inscrit dans la double exigence de la morale et de la loi, consiste à élever non des êtres soumis au chaos de leurs instincts, mais des citoyens éclairés, respectueux des autres, des institutions et de la cité elle-même. L’autorité parentale n’est pas un privilège ; elle est une charge. Elle n’accorde pas un pouvoir ; elle impose une responsabilité. Elle est ce lien juridique et moral par lequel se transmettent les valeurs fondamentales de notre société. Or cette charge imprescriptible se trouve aujourd’hui minée, à l’heure où l’apprentissage des règles élémentaires de la vie en commun semble faiblir dans bien des foyers.
    En 2023, le ministère de la justice fit état d’un chiffre glaçant : 179 000 mineurs impliqués dans des affaires pénales, dont la moitié étaient âgés de 16 à 17 ans, et 40 % de 13 à 15 ans. Beaucoup étaient impliqués dans des faits de violences volontaires, de vols aggravés, de recels et, dans une proportion non négligeable, de violences sexuelles. Ce n’est plus une série d’affaires isolées ; c’est un symptôme social. Ces jeunes doivent-ils être les seuls à répondre des actes qu’ils commettent, alors même qu’ils sont bien souvent aussi les produits tragiques d’une éducation coupable ? Est-il juste que la société les sanctionne sans interroger la responsabilité de ceux qui, les premiers, avaient le devoir de leur transmettre le goût du bien, la conscience de la loi, le respect de l’autre ?

    M. le président

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    Chers collègues, s’il vous plaît, veuillez écouter l’orateur par courtoisie.

    M. Olivier Fayssat

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    Oui, surtout que c’est intéressant ! (Applaudissements sur les bancs des groupes UDR et RN.)
    Il ne s’agit pas de nier la part de responsabilité du mineur ; elle est bien réelle, et elle doit être reconnue. Mais il est temps de rappeler que la responsabilité parentale n’est pas un mot creux. La loi doit s’adresser non seulement à l’enfant qui transgresse, mais aussi à l’adulte qui a failli. Ce texte n’est pas sans rappeler plusieurs propositions de loi déposées par Éric Ciotti depuis février 2015, portant notamment sur le contrat de responsabilité parentale et la lutte contre les comportements irrespectueux des valeurs fondamentales de la République à l’école.
    La présente proposition de loi entend donc renouer avec l’esprit de cohérence qui devrait toujours guider la norme. Elle prévoit que la négligence parentale, lorsqu’elle est à l’origine d’infractions répétées, puisse être reconnue comme circonstance aggravante. Elle envisage d’instaurer une amende civile à l’encontre des parents qui refuseraient de se présenter aux audiences impliquant leur enfant. Enfin, elle propose que les mineurs de plus de 16 ans puissent, dans certaines circonstances, comparaître immédiatement, et que l’atténuation de responsabilité pénale puisse être écartée en cas de récidive légale. Il ne s’agit pas de transférer la culpabilité sur les seuls parents, mais de reconnaître que le lien éducatif est la clé de voûte de toute société.
    À l’aune de tous ces éléments, le groupe UDR votera cette proposition de loi, en ayant pleinement conscience de ses limites et en déplorant son instrumentalisation excessive eu égard à la réalité des évolutions proposées. Nous notons notamment une difficulté avec l’article 7, dont les dispositions sont de nature à alourdir encore le droit pénal des mineurs et à entraîner sa complexification, voire une absence de mise en détention provisoire de mineurs particulièrement dangereux, pour le seul motif d’une absence de remise d’un rapport.
    Par ailleurs, je regrette que le texte n’ait pas prévu une aggravation ou une application stricte de l’article 227-21 du code pénal qui dispose que « le fait de provoquer directement un mineur à commettre un crime ou un délit est puni de cinq ans d’emprisonnement et de 150 000 euros d’amende ». Nous devons responsabiliser les parents défaillants mais aussi sanctionner plus lourdement les parents complices et les commanditaires. La sanction doit être plus dissuasive afin d’empêcher que la protection des mineurs ne serve les intérêts des criminels.
    Ce texte consiste en grande partie en une codification à droit constant, s’agissant notamment de la responsabilité des parents, ou d’un simple renforcement textuel, la possibilité d’écarter l’excuse de minorité pour les mineurs de 16 ans, par exemple, étant déjà prévue par le code de justice pénale des mineurs. En l’occurrence, l’effet d’affichage de cette proposition de loi est donc quelque peu excessif.
    Il ne faut pas abuser les Français : cette loi aura peu d’effets concrets substantiels et il faudra à terme avoir le courage, au-delà de la communication et de l’affichage, de se consacrer à une véritable refonte de la responsabilité pénale des mineurs, qui serait de nature à stopper le cycle de violence terrible, lié notamment au trafic de stupéfiants impliquant des mineurs. (Applaudissements sur les bancs des groupes UDR et RN.)

    M. le président

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    La discussion générale est close.

    Texte de la commission paritaire

    M. le président

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    J’appelle maintenant le texte de la commission mixte paritaire. Conformément à l’article 113, alinéa 3, du règlement, je vais d’abord appeler l’Assemblée à statuer sur l’amendement dont je suis saisi.
    La parole est à M. le ministre délégué, pour soutenir l’amendement no 1.

    M. Patrick Mignola, ministre délégué

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    Il s’agit simplement d’un amendement de coordination entre les alinéas 12 et 13 de l’article 4  bis de la proposition de loi. À l’alinéa 12, la référence « 1o » est remplacée par la référence « 2o ». Dans ce 2o, après la première occurrence du mot « délit », la fin de l’alinéa est ainsi rédigée : « mentionnés aux articles 421-2-1 et 421-2-6 du code pénal ainsi que des délits commis en bande organisée pour lesquels la peine encourue est égale à dix ans d’emprisonnement. »

    (L’amendement no 1, accepté par la commission, modifiant l’article 4  bis est adopté.)

    M. le président

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    Nous avons achevé l’examen du seul amendement présenté.

    Vote sur l’ensemble

    M. le président

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    Je mets aux voix l’ensemble de la proposition de loi, telle qu’elle est issue de la commission mixte paritaire, modifiée par l’amendement adopté par l’Assemblée.

    (Il est procédé au scrutin.)

    M. le président

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    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        536
            Nombre de suffrages exprimés                528
            Majorité absolue                        265
                    Pour l’adoption                341
                    Contre                187

    (L’ensemble de la proposition de loi est adopté.)
    (Applaudissements sur plusieurs bancs des groupes RN, EPR, DR, Dem, HOR et UDR.)

    Suspension et reprise de la séance

    M. le président

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    La séance est suspendue.

    (La séance, suspendue à dix-huit heures vingt, est reprise à dix-huit heures vingt-cinq.)

    M. le président

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    La séance est reprise.

    4. Modification de l’ordre du jour

    M. le président

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    Je vous informe que la présidente de l’Assemblée nationale a reçu du ministre délégué chargé des relations avec le Parlement une lettre l’informant que les séances prévues le dimanche 18 mai étaient annulées et que l’Assemblée siégerait en conséquence le lundi 19 mai dès neuf heures pour poursuivre la discussion des propositions de loi sur l’accompagnement et les soins palliatifs et sur la fin de vie.

    5. Accompagnement et soins palliatifs

    Suite de la discussion d’une proposition de loi

    M. le président

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    L’ordre du jour appelle la suite de la discussion de la proposition de loi relative à l’accompagnement et aux soins palliatifs (nos 1102, 1281).

    Rappels au règlement

    M. le président

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    La parole est à M. Patrick Hetzel, pour un rappel au règlement.

    M. Patrick Hetzel

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    Il se fonde sur l’article 100, à la fois pour le bon déroulement de nos travaux et la discussion des amendements. Vous venez de nous informer que le programme de l’Assemblée a été modifié. Alors que nous devions siéger dimanche prochain, il n’en sera rien et les travaux interrompus samedi à minuit reprendront lundi matin à neuf heures.
    Le fait de ne pas siéger dimanche réduira le temps de discussion des amendements puisqu’il nous manquera cinq heures par rapport au planning initialement prévu. Or l’importance des sujets que nous traitons suppose que nous disposions d’un temps suffisant pour en débattre sereinement, qu’il s’agisse des soins palliatifs ou du suicide assisté.

    M. le président

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    La parole est à M. Matthias Tavel, pour un rappel au règlement.

    M. Matthias Tavel

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    Il est fondé sur le même article. Même si nos avis sur le texte relatif à la fin de vie divergent, je souscris entièrement aux propos M. Hetzel. Nous ne pouvons pas accepter que l’ordre du jour de notre assemblée soit modifié de cette manière, du jour au lendemain et sans information préalable : un jour, nous sommes censés siéger le dimanche ; finalement, ce sera le lundi matin. Dans le même temps, les travaux en commission, notamment en commission du développement durable et en commission des affaires économiques, sont complètement modifiés et bouleversés, imposant des délais extrêmement courts pour examiner le texte sur les contraintes à l’exercice du métier d’agriculteur ou une éventuelle programmation de l’énergie.
    Les conditions de travail proposées par le gouvernement ne sont pas acceptables (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP et sur quelques bancs des groupes SOC et EcoS) par une assemblée qui veut légiférer correctement, sérieusement et sereinement, comme l’exigent en particulier les textes que nous avons à examiner sur les soins palliatifs et sur l’aide à mourir. Clairement, quelque chose ne va pas dans la méthode du gouvernement. (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP et sur quelques bancs des groupes SOC et Ecos.)

    M. le président

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    La parole est à M. Nicolas Turquois, pour un rappel au règlement.

    M. Nicolas Turquois

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    Lui aussi se fonde sur l’article 100. Je m’étonne également de cette annonce qui relève d’une logique parisienne. En effet, lorsqu’on siège jusqu’au samedi soir à minuit et qu’on reprend le lundi matin, on ne peut pas rentrer en province : c’est une journée perdue, à la fois pour notre vie personnelle et pour l’examen du texte.

    Mme Andrée Taurinya

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    Eh oui !

    M. Nicolas Turquois

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    Ce n’est pas à la hauteur de l’enjeu du débat, d’autant plus que les communications de ces derniers jours avaient laissé à penser que l’Assemblée siégerait le week-end prochain.

    M. le président

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    La parole est à M. Olivier Falorni, pour un rappel au règlement.

    M. Olivier Falorni

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    Toujours sur la base de l’article 100. Je regrette profondément cette décision. Nous nous étions organisés depuis quelques jours pour pouvoir siéger les prochains week-ends et nous apprenons brusquement, dans l’hémicycle, qu’un changement d’organisation a été décidé, nous faisant perdre des heures de débat. Même si nous sommes souvent en désaccord avec Patrick Hetzel sur le texte dont je suis l’auteur, nous partageons le constat que nous avons besoin de temps pour en débattre.
    Nous avions tous prévu tous d’y consacrer notre week-end et des provinciaux, comme moi, passeront leur dimanche à Paris alors qu’ils auraient préféré, je pense, consacrer cette journée à débattre des soins palliatifs et de l’accompagnement ainsi que de l’aide à mourir. Je regrette donc profondément ce changement qui est un peu cavalier.

    M. Jean-François Coulomme

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    C’est la flexibilité libérale !

    M. Raphaël Arnault

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    Nous sommes tous des provinciaux !

    M. le président

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    La parole est à Mme Sandrine Runel, pour un rappel au règlement.

    Mme Sandrine Runel

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    Comme les précédents, il se fonde sur l’article 100. Nous regrettons profondément cette décision qui nous fera perdre du temps alors que nous examinons deux textes –⁠ peut-être les plus importants de la législature – très attendus par les Français et par les professionnels. Les heures que nous perdrons seraient pourtant précieuses pour examiner sereinement les amendements déposés.
    Par ailleurs, comme cela a été dit, certains députés doivent faire beaucoup d’heures de route pour rejoindre l’Assemblée depuis leur circonscription. Si nous suspendons nos travaux samedi à minuit et reprenons lundi à neuf heures, ils n’auront pas le temps d’effectuer un aller-retour. L’interruption du dimanche n’a donc aucun intérêt. Nous préférerions mettre à profit les deux week-ends à venir pour travailler ; nous sommes députés et avons été élus pour cela. C’est pourquoi nous demandons que les séances du dimanche soient rouvertes.

    M. le président

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    J’indique qu’à la suite de la conférence des présidents, l’ensemble des groupes ont été consultés et que la demande de supprimer les séances du dimanche était majoritaire. Plusieurs groupes viennent de demander leur maintien, mais il semble qu’ils ne constituent pas une majorité.
    La parole est à Mme Danielle Simonnet, pour un rappel au règlement.

    Mme Danielle Simonnet

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    Il repose sur les mêmes fondements. Même si la conférence des présidents a été sollicitée, il me semble dysfonctionnel et problématique que ce soit l’exécutif qui ait tranché en dernière instance. Est-il normal que nos institutions permettent à l’exécutif de définir systématiquement l’ordre du jour du Parlement ?

    M. Sylvain Maillard

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    L’ordre du jour est partagé entre le gouvernement et l’Assemblée !

    Mme Danielle Simonnet

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    Vivement la VIe République : ce ne sera plus à l’exécutif de décider de l’ordre du jour de nos travaux ! (Exclamations sur quelques bancs des groupes RN, EPR, DR, Dem et HOR.) C’est une question démocratique de première importance. (M. Pouria Amirshahi applaudit.)

    M. le président

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    La parole est à Mme la ministre du travail, de la santé, des solidarités et des familles.

    Mme Catherine Vautrin, ministre du travail, de la santé, des solidarités et des familles

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    Je n’ai pas assisté à la conférence des présidents, mais je peux vous dire que l’exécutif n’a strictement rien demandé et s’en est simplement remis à l’avis de votre assemblée. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe EPR.)

    M. Jean-René Cazeneuve

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    Très bien !

    M. le président

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    La parole est à M. Christophe Bentz, pour un rappel au règlement.

    M. Christophe Bentz

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    Il se fonde sur l’article 100 relatif à l’organisation des débats. Le groupe Rassemblement national est prêt à travailler autant qu’il le faudra sur un sujet aussi important. En conférence des présidents, nous avons plaidé pour la suspension de nos travaux samedi à minuit, mais nous comprenons bien sûr les arguments de nos collègues qui habitent en province. J’ajoute cependant une dernière considération : les propositions de loi que nous examinons traitant d’un sujet grave, sensible et profond, il me paraît bon pour le repos de l’esprit de faire des pauses et de prendre le temps nécessaire aux débats, quitte à dépasser le délai initialement imparti. (Applaudissements sur plusieurs bancs des groupes RN et UDR.)

    Discussion des articles (suite)

    M. le président

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    Hier soir, l’Assemblée a poursuivi la discussion des articles de la proposition de loi, s’arrêtant à l’amendement no 249 à l’article 1er.

    Article 1er (suite)

    M. le président

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    La parole est à M. Corentin Le Fur, pour soutenir l’amendement no 249.

    M. Corentin Le Fur

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    Je joins ma voix à celles de MM. Hetzel et Falorni qui, pour une fois, sont tombés d’accord. Le débat est tellement sensible et tellement essentiel que nous ne saurions nous dispenser des séances de dimanche. Visiblement, toutes les personnes concernées au premier chef par ces textes –⁠ celles qui ont travaillé à l’élaborer ou à l’amender – sont favorables à ce que nous siégions dimanche. J’espère donc que nous pourrons revenir sur cette décision.
    Les soins palliatifs constituent un enjeu majeur. Le retard de la France dans ce domaine est indigne d’elle. Je me réjouis donc que nous examinions ce texte qui vise à répondre à un besoin essentiel : soulager par ces méthodes la douleur de ceux qui souffrent faute d’unités de soins palliatifs (USP). Il représente une avancée cruciale ; le Parlement s’honorera d’en débattre et de l’adopter.
    Cela étant, il faut rendre ses dispositions effectives partout, notamment à domicile. C’est ce à quoi vise l’amendement no 249.

    M. le président

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    Encore une fois, je rappelle que les groupes ont été consultés après la conférence des présidents et se sont très majoritairement prononcés pour la suppression des séances de dimanche.

    M. Jean-René Cazeneuve

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    Il y a eu un décompte des voix !

    M. le président

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    Le soin de décider de l’ordre du jour ne revient pas aux seuls députés impliqués dans l’examen du texte ; s’ils sont en désaccord avec cette décision, je les invite à s’en ouvrir à leur groupe.

    M. Sylvain Maillard

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    Il a raison !

    M. Thibault Bazin

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    Il faudrait surtout que nous reprenions notre rythme de vingt-cinq amendements examinés par heure…

    M. le président

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    La parole est à Mme Annie Vidal, rapporteure de la commission des affaires sociales, pour donner l’avis de la commission.

    Mme Annie Vidal, rapporteure de la commission des affaires sociales

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    Je me pose plusieurs questions au sujet de votre amendement. Premièrement, l’exposé sommaire de l’amendement ne correspond pas au dispositif proposé.
    Deuxièmement, la précision linguistique proposée ne me paraît pas clarifier l’article. Nous souhaitons inscrire à l’alinéa 11 que « [l’accompagnement et les soins palliatifs] sont garantis quel que soit le lieu de résidence ou de soins de la personne malade, y compris dans les lieux de privation de liberté, selon des modalités adaptées » ; vous souhaitez remplacer ces derniers mots par « et dans des modalités adaptées, dans les lieux de privation de liberté ». Cela ne clarifierait pas grand-chose mais entraînerait la suppression de la dernière phrase de l’alinéa précisant que « les bénévoles […] peuvent intervenir en appui de l’équipe pluridisciplinaire », or je suis fermement opposée à cette suppression. Je donne donc un avis défavorable.

    M. le président

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    Quel est l’avis du gouvernement ?

    Mme Catherine Vautrin, ministre

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    Je partage l’avis de la rapporteure. L’adoption de l’amendement mènerait à supprimer l’information et l’accompagnement à la rédaction des directives anticipées ainsi que la possibilité d’intervention des bénévoles, ce qui serait dommage. Je précise d’ailleurs que ces deux dispositions ont été ajoutées à l’article par votre assemblée. J’émets un avis défavorable.

    M. le président

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    La parole est à M. Corentin Le Fur.

    M. Corentin Le Fur

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    Les arguments de la rapporteure et de la ministre m’ayant notamment fait prendre conscience d’une erreur de rédaction, je retire l’amendement.

    (L’amendement no 249 est retiré.)

    M. le président

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    Je suis saisi de deux amendements identiques, nos 135 et 250.
    La parole est à M. Patrick Hetzel, pour soutenir l’amendement no 135.

    M. Patrick Hetzel

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    Il tend à supprimer l’avant-dernière phrase de l’alinéa 11, c’est-à-dire les dispositions relatives aux directives anticipées et à la désignation de la personne de confiance. Nous considérons en effet que leur place est ailleurs qu’à l’article 1er.

    M. le président

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    La parole est à M. Corentin Le Fur, pour soutenir l’amendement no 250.

    M. Corentin Le Fur

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    Nous en venons à la délicate question des directives anticipées et du choix de la personne de confiance. Il s’agit de décisions importantes devant reposer sur le libre arbitre : il est fondamental que le choix soit éclairé et qu’il ne puisse être influencé par autrui. L’amendement vise donc à préserver le caractère libre et éclairé de ces décisions.

    M. le président

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    Quel est l’avis de la commission ?

    Mme Annie Vidal, rapporteure

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    Vous proposez de supprimer l’information et l’accompagnement relatifs aux directives anticipées et au choix de la personne de confiance, au motif que les personnes recevant des soins palliatifs peuvent ne pas posséder leur pleine capacité de discernement. Nous avons déjà eu ce débat en commission. Il me semble que vos amendements expriment une vision assez réductrice des personnes en soins palliatifs : la maladie, la souffrance, l’approche de la fin de vie n’empêchent pas de disposer de tout son discernement.
    Par ailleurs, l’article 14 revient sur la question : il prévoit que l’annonce d’une pathologie grave débouche sur des discussions anticipées, sur la proposition d’un plan personnalisé d’accompagnement et éventuellement sur un accompagnement à la rédaction de directives anticipées, si le patient le souhaite.
    Avis défavorable.

    M. le président

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    Quel est l’avis du gouvernement ?

    Mme Catherine Vautrin, ministre

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    Même avis.

    M. le président

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    La parole est à M. Patrick Hetzel.

    M. Patrick Hetzel

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    L’idéal serait effectivement de traiter cela à l’article 14 plutôt qu’à l’article 1er, aussi proposons-nous de supprimer ces dispositions.
    Vous avez tout à fait raison : nombre de personnes en unité de soins palliatifs disposent fort heureusement de tout leur discernement. Cela ne nous dispense pas de nous interroger quant à la rédaction des directives anticipées et quant à la désignation de la personne de confiance. Il convient de s’assurer que ces décisions sont prises en pleine conscience, sans la moindre pression, et qu’il n’y a pas d’abus de faiblesse. D’autres amendements nous permettront d’aborder à nouveau ces questions très sensibles.

    M. le président

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    La parole est à M. Charles Sitzenstuhl.

    M. Charles Sitzenstuhl

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    Je peine à comprendre l’argumentation que Mme la rapporteure oppose aux amendements. Je trouve que MM. Hetzel et Le Fur posent une question légitime. Plusieurs logiques sont décrites dans l’alinéa 11 : on y explique d’abord que l’accompagnement et les soins palliatifs sont pratiqués par une équipe pluridisciplinaire, puis qu’ils sont garantis quel que soit le lieu des soins, ensuite qu’ils comportent une information et un accompagnement relatifs à la rédaction des directives anticipées, enfin que les bénévoles peuvent intervenir. C’est cette dernière partie que nos collègues souhaitent supprimer. J’ai cru comprendre que les bénévoles n’avaient rien à voir avec les directives anticipées ; dans ce cas, pourquoi la phrase qui les concerne suit-elle directement celle qui traite des directives anticipées ?
    La fin de l’alinéa 11 ne me semble pas très claire. Je ne m’explique pas la présence de la dernière phrase. En outre, vous mentionnez que cette question est traitée plus loin. La suppression de la dernière phrase me semble donc justifiée. Madame la rapporteure, pouvez-vous nous expliquer pourquoi cette disposition relative aux bénévoles suit directement celle qui concerne les directives anticipées ? Si les deux sujets sont sans rapport, elle devrait en toute logique se trouver ailleurs.

    M. le président

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    La parole est à M. Hadrien Clouet.

    M. Hadrien Clouet

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    Il vaut la peine de s’attarder sur ces amendements car ils sont révélateurs de la pensée de certains de nos collègues, qui sont en fait opposés au principe même des directives anticipées. Ils en ont le droit : il s’agit d’un débat éthique et philosophique. Ils proposent cependant de retirer aux personnes recevant des soins palliatifs toute information relative aux directives anticipées ; il ne s’agit pas de leur en compliquer l’accès mais tout bonnement de ne pas les informer de la possibilité de rédiger de telles directives, au motif que cette tâche pourrait leur être difficile ou qu’ils pourraient manquer de discernement.

    M. Patrick Hetzel

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    Nous proposons de traiter cela à l’article 14 plutôt qu’à l’article 1er ! Ne faites pas comme si vous ne m’aviez pas compris !

    M. Hadrien Clouet

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    Je rappelle d’abord que la plupart des personnes en soins palliatifs ont leur discernement. Il est bien entendu que celles qui ne l’ont pas ne produiront pas un document daté, signé et enregistré dans un dossier médical partagé. Vous arguez d’une situation imaginaire et d’une absence imaginaire de discernement pour interdire à des gens qui ont tout leur discernement de rédiger des directives anticipées ; cela ne veut pas dire grand-chose. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe LFI-NFP.)
    Cela nous mène pourtant au cœur du sujet. S’il fallait empêcher toute personne susceptible de manquer de discernement de rédiger des directives anticipées, il faudrait par définition retirer cette possibilité à tout le monde. L’argument avancé par les auteurs de l’amendement risque donc de se retourner contre eux. Cette proposition constitue une attaque en bonne et due forme contre le principe même des directives anticipées. Sans porter de jugement sur ceux qui sont en désaccord avec nous, je tiens à réaffirmer que la gauche de l’hémicycle est attachée à la souveraineté de l’individu sur lui-même et à sa capacité de déterminer par avance la manière dont il souhaite être traité dans le cas où il ne serait plus capable d’exprimer lui-même sa volonté. C’est une manière de faire valoir sa liberté que de prendre, à un moment de sa vie, une décision qu’on veut voir respecter plus tard, lorsqu’on ne sera plus capable d’indiquer formellement son souhait. Rédiger des directives anticipées, c’est faire acte de liberté ; rogner cette possibilité me semble illégitime, inadéquat et irrespectueux des personnes qui souhaiteraient y avoir recours. (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe LFI-NFP.)

    M. le président

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    La parole est à Mme la rapporteure.

    Mme Annie Vidal, rapporteure

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    L’article 1er que nous examinons, issu des travaux menés sur le projet de loi de 2024 et de ceux qu’a menés la commission sur la présente proposition de loi, adosse sa définition de l’accompagnement et des soins palliatifs à celle que propose l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Ce faisant, il énumère, phrase après phrase, divers aspects de l’accompagnement et des soins palliatifs. Ainsi, l’alinéa 11 commence par indiquer : « L’accompagnement et les soins palliatifs sont pratiqués par une équipe pluridisciplinaire. » Il précise ensuite qu’ils concernent toutes les personnes, y compris celles qui vivent dans un lieu de privation de liberté.
    Ensuite, un autre sujet encore est abordé : « Ils comportent une information et un accompagnement pour la rédaction des directives anticipées définies à l’article L. 1111-11 et la désignation de la personne de confiance définie à l’article L. 1111-6. » Enfin, la dernière phrase précise : « Les bénévoles mentionnés à l’article L. 1110-11 peuvent intervenir en appui de l’équipe pluridisciplinaire. » Les associations auxquelles ils appartiennent souscrivent un contrat avec l’établissement dans lequel ils interviennent. Dans cette dernière phrase, qui vient compléter cet alinéa composé de différentes phrases qui portent sur des sujets différents, nulle part il n’est écrit que ces bénévoles aideront les patients à rédiger leurs directives anticipées. Actuellement, seules 15 % de personnes formulent des directives anticipées, alors que l’idéal serait qu’il ne soit plus nécessaire d’en parler lorsqu’une personne entre en soins palliatifs parce que ces directives existeraient déjà. Pour atteindre ce but, une sensibilisation est nécessaire.

    M. Bertrand Sorre

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    Très bien !

    Mme Annie Vidal, rapporteure

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    J’espère vous avoir convaincus, mais j’en doute à voir vos mimiques. (Sourires.)

    M. le président

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    Je mets aux voix les amendements identiques nos 135 et 250.

    (Le vote à main levée n’ayant pas été concluant, il est procédé à un scrutin public.)

    M. le président

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    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        160
            Nombre de suffrages exprimés                157
            Majorité absolue                        79
                    Pour l’adoption                65
                    Contre                92

    (Les amendements identiques nos 135 et 250 ne sont pas adoptés.)

    M. le président

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    Je suis saisi de neuf amendements, nos 41, 251, 164, 216, 365, 408, 457, 504 et 704, pouvant être soumis à une discussion commune.
    Les amendements nos 164, 216, 365, 408, 457, 504 et 704 sont identiques.
    La parole est à Mme Sylvie Bonnet, pour soutenir l’amendement no 41.

    Mme Sylvie Bonnet

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    Une personne malade ne doit pas être contrainte de rédiger des directives anticipées si elle ne le souhaite pas. Si elle estime ne pas pouvoir exprimer ses souhaits, elle doit rester libre de le faire au cours du temps au lieu de s’engager sur ce que sa volonté sera dans un moment qu’elle n’imagine pas encore. À l’inverse, la personne malade peut déjà savoir exactement ce qu’elle veut ou ne pas souhaiter être accompagnée pour rédiger ses directives anticipées, par exemple par crainte de pressions.

    M. le président

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    La parole est à M. Corentin Le Fur, pour soutenir l’amendement no 251.

    M. Corentin Le Fur

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    Contrairement à ce que soutenait M. Clouet, pour ma part je ne suis pas du tout hostile aux directives anticipées. Elles peuvent constituer une avancée, à condition qu’elles soient l’expression d’un choix éclairé, d’un plein usage du discernement et du libre arbitre. Non seulement le sujet doit être libre de rédiger ses directives anticipées, mais il doit aussi être libre de ne pas le faire. Sur une question majeure comme celle-ci, la position de chacun peut évoluer au cours du temps. Par exemple, une personne peut avoir un avis sans être entièrement convaincue, ou attendre avant de décider. L’amendement vise donc à protéger cette liberté, qui me paraît essentielle, de donner des directives anticipées ou de ne pas le faire, du moins à un moment donné.

    M. le président

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    La parole est à M. Yannick Monnet, pour soutenir l’amendement no 164.

    M. Yannick Monnet

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    Cet amendement, qui peut-être vous rassurera tous, tend simplement à préciser que l’accord de la personne malade est sollicité pour savoir si elle souhaite être accompagnée dans la rédaction de ces directives anticipées.

    Mme Danielle Simonnet

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    Ça va de soi !

    M. le président

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    La parole est à Mme Josiane Corneloup, pour soutenir l’amendement no 216.

    Mme Josiane Corneloup

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    Il vise à garantir que la rédaction des directives anticipées demeure un choix libre et non contraint, tandis que la rédaction de l’alinéa 11 donne l’impression qu’il s’agit d’une obligation. Dans une situation de vulnérabilité, chacun doit pouvoir décider s’il souhaite ou non formaliser ses volontés sans pression ni accompagnement imposé. C’est une condition essentielle pour respecter pleinement l’autonomie du patient.

    M. le président

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    L’amendement no 365 de Mme Marie-Christine Dalloz est défendu.
    La parole est à Mme Sandrine Dogor-Such, pour soutenir l’amendement no 408.

    Mme Sandrine Dogor-Such

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    La personne malade ne doit pas être contrainte de rédiger des directives anticipées si elle ne le souhaite pas. Si elle estime qu’elle ne peut pas prévoir ce qu’elle voudra à la fin de sa vie, elle doit rester libre d’exprimer sa volonté à tout moment, sans s’engager sur ce que sera sa volonté à un moment dans lequel elle ne peut pas à ce moment se projeter, surtout alors qu’elle arrive à peine dans une unité de soins palliatifs. À l’inverse, la personne malade peut savoir déjà exactement ce qu’elle veut ou ne pas souhaiter être accompagnée pour rédiger ses directives anticipées, par exemple par crainte d’une pression implicite ou explicite. C’est pour garantir cette liberté que j’ai déposé l’amendement no 408.

    M. le président

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    L’amendement no 457 de Mme Anne-Laure Blin est défendu.
    La parole est à M. Thibault Bazin, pour soutenir l’amendement no 504.

    M. Thibault Bazin

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    La rédaction assez longue de l’article 1er, qui définit les soins palliatifs, crée une difficulté de compréhension. Nous devons faire attention car les soins palliatifs, que nous définissons par la nouvelle rédaction de l’article 1er, ne sont pas nécessairement administrés à la fin de la vie. En effet, 60 % des patients qui ont été accueillis dans une unité de soins palliatifs –⁠ où la moyenne d’âge est de soixante ans et la durée moyenne de séjour de 11 jours – en sortent et parfois retournent à domicile ou rejoignent un service de rééducation. Tous ne sont donc pas du tout en fin de vie et tant mieux. Puisque vous mentionnez les directives anticipées dans cet article qui définit les soins palliatifs, il faut pouvoir préciser que l’information et l’accompagnement pour la rédaction de celles-ci ne sont dispensés que « si la personne malade le souhaite ». M. Yannick Monnet l’a très bien expliqué : il faut laisser la possibilité d’être accompagné à la libre appréciation et à la décision du malade afin d’éviter tout risque de pression extérieure.
    J’en profite pour souligner, madame la ministre, qu’une personne peut donner des directives anticipées différentes au cours de sa vie, pas seulement à la fin de celle-ci. Celles-ci peuvent être formulées auprès de professionnels différents ; certaines sont enregistrées dans le dossier médical partagé, mais pas toutes ; certaines sont connues des proches, d’autres non. Il faut s’assurer de connaître les dernières directives anticipées, même si ce ne sont pas celles qui ont été enregistrées ou connues des proches. Le code de la santé publique ne traite pas ce problème ; nous devrons donc nous y atteler.

    M. le président

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    L’amendement no 704 de Mme Brigitte Barèges est défendu.
    Quel est l’avis de la commission sur cette série d’amendements ?

    Mme Annie Vidal, rapporteure

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    Je comprends tout à fait l’intention qui préside à la rédaction de ces amendements, cependant la formulation des différents amendements me gêne car ajouter les mots « si la personne le souhaite » avant ou après les mots « ils comportent » conduirait à priver les personnes de l’information systématique sur les directives anticipées qui me paraît pourtant intéressante. Pour ma part, je ne vois pas d’obligation dans la rédaction actuelle. Néanmoins, pour moi, le seul amendement qui pourrait être accepté est l’amendement no 216 de Mme Corneloup…

    M. Yannick Monnet

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    Il est identique à celui que j’ai déposé !

    Mme Karine Lebon

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    Il fait partie d’une série d’amendements identiques !

    Mme Annie Vidal, rapporteure

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    …dont l’adoption aboutirait à la rédaction suivante, la plus cohérente : « Ils comportent une information et, si la personne malade le souhaite, un accompagnement pour la rédaction des directives anticipées […]. » En effet, on ne peut pas demander si la personne le souhaite avant la délivrance de l’information.

    M. le président

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    Quel est l’avis du gouvernement ?

    Mme Catherine Vautrin, ministre

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    Les amendements ici en discussion tendent à rappeler le principe du respect de la volonté et de l’autonomie de la personne –⁠ un principe essentiel de ce texte. On ne fait que ce que le patient souhaite. C’est la raison pour laquelle je m’en remets à la sagesse de l’Assemblée sur l’ensemble de ces amendements. Comme l’a dit la rapporteure, la rédaction des amendements nos 164 et identiques est peut-être plus appropriée.
    Monsieur Bazin, vous avez raison de soulever le problème des différentes versions des directives anticipées. À l’article 15, j’ai déposé un amendement pour proposer, précisément, une rédaction des directives anticipées à l’aide de Mon espace santé. Nous devrons le faire connaître afin que chaque Français sache qu’il peut y formuler ses directives anticipées quelle que soit sa situation. En effet, il ne s’agit pas seulement ici des soins palliatifs mais, de manière beaucoup plus large, des directives que chacun d’entre nous pourrait vouloir déposer.

    M. le président

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    La parole est à Mme Danielle Simonnet.

    Mme Danielle Simonnet

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    Mes chers collègues, je suis assez gênée d’entendre ce que vous dites. Il est important de rappeler à ceux qui écoutent nos débats et nos travaux qu’aucun passage de cette proposition de loi n’instaure une obligation pour le patient d’avoir recours à des directives anticipées ou à la nomination d’une personne de confiance. Une telle obligation, que suggèrent certaines interventions, serait une aberration.
    En revanche, vous savez comme moi que rares sont nos concitoyens qui connaissent cette démarche et la possibilité de nommer une personne de confiance quand ils sont en pleine conscience pour qu’elle puisse ensuite garantir l’effectivité de leurs souhaits.
    Ensuite, votre argumentaire, monsieur Bazin, est totalement contradictoire. Vous soutenez qu’il est nécessaire de vérifier que les directives anticipées qui ont été formulées parfois bien antérieurement à la maladie ou à l’accident, à une situation très nouvelle pour le patient, continuent d’être valables,…

    M. Thibault Bazin

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    Ce n’est pas ce que j’ai dit !

    Mme Danielle Simonnet

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    …autrement dit qu’il faut que le patient puisse modifier ses directives anticipées s’il le souhaite parce que sa situation a changé. Cela prouve que l’information sur les directives anticipées et sur la possibilité de choisir une personne de confiance doit être présentée aux personnes qui bénéficient de l’accompagnement et des soins palliatifs. Je ne comprends pas la pertinence d’ajouter par ces amendements une précision qui va de soi. En effet, fort heureusement, le texte ne comporte aucune mention qui rendrait la rédaction des directives anticipées obligatoires pour qui que ce soit.

    M. Thibault Bazin

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    Je n’ai pas dit ça !

    M. le président

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    La parole est à M. René Pilato.

    M. René Pilato

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    La précision qu’apportent ces amendements me paraît assez pertinente. En effet, en lisant la rédaction actuelle, il est possible de comprendre que l’accompagnement est associé à l’information. Nous sommes favorables à la rédaction de l’amendement no 164 de M. Monnet…

    M. Thibault Bazin

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    Il est identique au mien !

    M. René Pilato

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    …identique à l’amendement no 216 auquel Mme la rapporteure est également favorable.

    M. le président

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    La parole est à Mme Sandrine Runel.

    Mme Sandrine Runel

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    Les directives anticipées sont l’un des éléments essentiels du texte et nous sommes là pour améliorer le recours et l’accès aux soins palliatifs. Il nous semble que l’amendement no 41 de Mme Bonnet créerait de la confusion et perturberait la lecture de l’alinéa 11. Nous y sommes donc fortement défavorables. La rédaction qui nous paraît pouvoir être le mieux comprise serait l’amendement no 164 de M. Monnet. Nous le soutiendrons donc, d’autant que cette précision nous paraît utile étant donné le trouble qui perturbe déjà nos débats sur l’article 1er.

    M. Thibault Bazin

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    Il s’agit d’amendements identiques !

    M. le président

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    La parole est à M. Patrick Hetzel.

    M. Patrick Hetzel

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    Ces débats sont intéressants car ils montrent que nous sommes très attachés à la prise en considération de la volonté du patient. Par conséquent, il nous paraît nécessaire d’inscrire dans la proposition de loi que cette information et cet accompagnement ne sont pas obligatoires. Il est troublant de constater que la volonté elle-même est susceptible de fluctuer. Il faut donc être très prudent avec des directives anticipées qui ont été formulées à un moment précis. D’où notre insistance sur le principe d’après lequel tout cela doit se faire en fonction de ce que souhaite la personne malade.

    M. le président

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    La parole est à Mme Sandrine Dogor-Such.

    Mme Sandrine Dogor-Such

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    Madame la rapporteure, vous semblez privilégier certains amendements alors que les amendements nos 41 à 704 sont quasiment identiques puisqu’ils précisent tous « si la personne malade le souhaite ».
    Il faut laisser le malade décider. Cela fait plusieurs jours que je vous entends parler de liberté de choisir. Lorsqu’un patient arrive dans une unité de soins palliatifs, on ne va pas lui mettre un formulaire sous les yeux et lui demander de rédiger ses directives anticipées –⁠ ce serait tout de même violent.
    La rédaction que nous proposons me semble plus explicite, car elle permet au patient de prendre son temps, de réfléchir à son avenir, et à sa maladie s’il est gravement atteint.

    M. le président

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    La parole est à Mme Annie Vidal, rapporteure.

    Mme Annie Vidal, rapporteure

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    L’amendement no 41 précise que, si la personne le souhaite, l’accompagnement et les soins palliatifs comportent une information et un accompagnement pour la rédaction des directives anticipées. Or il me semble que l’information doit être obligatoirement délivrée. L’amendement no 251 prévoit quant à lui que l’accompagnement et les soins palliatifs comportent, si la personne malade le souhaite, une information et un accompagnement pour la rédaction des directives anticipées. En l’espèce, on risque également de supprimer l’obligation de fournir l’information.
    Les amendements identiques nos 164 et suivants me semblent préférables puisqu’ils disposent qu’ils comportent une information et, si la personne malade le souhaite, un accompagnement pour la rédaction des directives anticipées. Je suis donc défavorable aux amendements nos 41 et 251 et favorable aux autres.

    M. le président

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    Madame la ministre, êtes-vous bien défavorable aux deux premiers amendements et vous en remettez-vous à la sagesse de notre assemblée pour les suivants ?

    Mme Catherine Vautrin, ministre

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    Je m’en remets à la sagesse de l’Assemblée pour l’ensemble de ces amendements.

    (Les amendements nos 41 et 251, successivement mis aux voix, ne sont pas adoptés.)

    (Les amendements identiques nos 164, 216, 365, 408, 457, 504 et 704 sont adoptés. –⁠ Mme Sandrine Runel applaudit.)

    M. le président

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    La parole est à M. Thibault Bazin, pour soutenir l’amendement no 80.

    M. Thibault Bazin

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    Je vais faire attention à ce que je dis car en écoutant Mme Simonnet, j’ai parfois l’impression qu’elle me fait dire ce que je n’ai pas dit. (Sourires.)

    Mme Danielle Simonnet

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    C’est vous qui faites dire au texte des choses qu’il ne dit pas !

    M. Thibault Bazin

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    L’article 1er vise à proposer une nouvelle rédaction de l’article 1110-10 du code de la santé publique qui, en l’état du droit, définit les soins palliatifs comme des soins actifs et continus assurés par une équipe interdisciplinaire, en institution ou à domicile. C’est cette rédaction que nous modifions, en faisant notamment disparaître le mot « domicile ».
    La rapporteure a précisé hier que, dans la rédaction qu’elle propose, les soins sont garantis quel que soit le lieu de résidence. Mais le déploiement des soins palliatifs à domicile est crucial –⁠ et il est beaucoup plus difficile à mettre en place.
    Dans la stratégie décennale, un volet entier est d’ailleurs consacré aux équipes mobiles, notamment lorsque le médecin traitant est absent –⁠ ce qui peut arriver – et qu’il faut organiser une prise en charge palliative en urgence.

    Mme Catherine Vautrin, ministre

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    Oui.

    M. Thibault Bazin

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    Avec cet amendement, il s’agit donc de préciser que les professionnels de santé de proximité sont mobilisés lorsque les soins palliatifs sont assurés à domicile. Cela permet d’introduire deux notions, celle de professionnels de santé de proximité et celle de domicile.
    Si nous voulons déployer les soins palliatifs et garantir leur accès sur l’ensemble du territoire, on ne peut se limiter aux institutions. Il faut mobiliser l’ensemble des professionnels de santé de proximité. Je pense aux services de soins infirmiers à domicile (Ssiad), d’hospitalisation à domicile (HAD), aux infirmiers diplômés d’État (IDE) ou aux prestataires de santé à domicile (PSAD). C’est ainsi que nous assurerons un véritable déploiement de la culture palliative.

    M. le président

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    Quel est l’avis de la commission ?

    Mme Annie Vidal, rapporteure

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    Votre amendement est largement satisfait puisqu’il est évident que les équipes pluridisciplinaires intervenant à domicile incluent des professionnels de proximité. Je ne vois pas comment elles pourraient faire autrement.

    M. Thibault Bazin

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    Eh bien, écrivons-le !

    Mme Annie Vidal, rapporteure

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    Bien sûr, on peut toujours écrire des choses qui relèvent de l’évidence, mais, à la relecture, les phrases sont tellement longues qu’elles en deviennent incompréhensibles. Par conséquent, j’émets un avis défavorable.

    M. le président

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    Quel est l’avis du gouvernement ?

    Mme Catherine Vautrin, ministre

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    Je partage l’avis de la rapporteure. Monsieur Bazin, vous avez raison : nous sommes dans une phase de développement des soins palliatifs et, plus largement, de l’hospitalisation à domicile –⁠ avec 420 équipes de HAD déployées dans le pays.
    Je l’ai rappelé hier, la plus forte progression concerne l’hospitalisation à domicile, dont les équipes sont –⁠ par définition – des équipes de proximité. En conséquence, votre amendement est satisfait. Toutefois, j’ai bien entendu votre appel, que je prends comme une invitation à aller plus loin en matière de soins palliatifs.

    (L’amendement no 80 n’est pas adopté.)

    M. le président

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    La parole est à Mme Véronique Besse, pour soutenir l’amendement no 432.

    Mme Véronique Besse

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    Bien que prévue par la loi, la désignation d’une personne de confiance est souvent reportée à un stade avancé de la prise en charge, ce qui peut nuire à la bonne expression des volontés du patient, notamment en cas de perte de discernement ou de situation d’urgence.
    En proposant cette désignation dès l’entrée dans le parcours de soins, cet amendement garantit une meilleure information des patients, sécurise leurs choix et facilite le travail des équipes soignantes. Il s’inscrit dans une logique de prévention, de clarté et de respect des droits des personnes malades.

    M. le président

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    Quel est l’avis de la commission ?

    Mme Annie Vidal, rapporteure

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    Vous souhaitez que la désignation de la personne de confiance soit proposée à la personne malade dès son admission dans un établissement de santé. Or l’alinéa 11 dispose déjà que l’accompagnement et les soins palliatifs comportent une information et un accompagnement pour la désignation de la personne de confiance. Nous y reviendrons également à l’article 14 relatif au plan personnalisé d’accompagnement.
    En outre, certains établissements de santé et médico-sociaux exigent déjà la désignation d’une personne de confiance, notamment en cas d’hospitalisation pour la réalisation d’un acte chirurgical. Votre amendement me semblant satisfait, j’en demande le retrait, faute de quoi j’émettrai un avis défavorable.

    M. le président

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    Quel est l’avis du gouvernement ?

    Mme Catherine Vautrin, ministre

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    Madame Besse, je comprends parfaitement votre intention. Mais, si la désignation de la personne de confiance peut intervenir à tout moment –⁠ avant, pendant ou après une hospitalisation –, comme vient de le rappeler la rapporteure, lorsque la personne est hospitalisée –⁠ quelle que soit la cause de son hospitalisation –, au moment où elle remplit les formalités d’admission, on lui demande si elle souhaite désigner une personne de confiance pour la durée de son hospitalisation. Votre amendement étant satisfait, mon avis est défavorable.

    (L’amendement no 432 est retiré.)

    M. le président

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    La parole est à Mme Sandrine Runel, pour soutenir l’amendement no 34, qui fait l’objet du sous-amendement no 799.

    Mme Sandrine Runel

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    Il s’agit d’un amendement visant à étendre l’obligation de nommer un référent chargé de coordonner l’accès aux soins palliatifs et l’accompagnement à l’ensemble des établissements qui délivrent des soins. Actuellement, cette obligation ne concerne en effet que les établissements de santé publics.
    Nous proposons donc de modifier la rédaction afin que cette responsabilité ne repose pas uniquement sur les hôpitaux publics, ce qui serait source d’inégalités. Si la loi doit garantir une égalité de traitement dans l’accès aux soins palliatifs, il est essentiel de se donner les moyens d’y parvenir.

    M. le président

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    La parole est à Mme Annie Vidal, rapporteure, pour soutenir le sous-amendement no 799.

    Mme Annie Vidal, rapporteure

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    Ce sous-amendement vise à préciser que les dispositions de l’amendement s’appliquent également aux Ehpad.
    J’en profite pour donner un avis favorable à l’amendement no 34, sous réserve de l’adoption de mon sous-amendement. En commission, nous sommes convenus qu’imposer un référent par service serait totalement inopérant. En revanche, prévoir un référent par établissement est un gage d’effectivité. En outre, étendre cette mesure aux Ehpad est essentiel si nous souhaitons que la culture palliative se développe au sein de ces établissements. Le référent y aura pleinement son rôle.

    M. le président

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    Quel est l’avis du gouvernement ?

    Mme Catherine Vautrin, ministre

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    Je suis favorable au sous-amendement et à l’amendement, ainsi sous-amendé.

    (Le sous-amendement no 799 est adopté.)

    (L’amendement no 34, sous-amendé, est adopté.)

    M. le président

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    La parole est à M. Patrick Hetzel, pour soutenir l’amendement no 136.

    M. Patrick Hetzel

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    À l’alinéa 13, il s’agit de préciser que le référent chargé de coordonner l’accès à l’accompagnement et aux soins palliatifs, et qui exerce ces fonctions à titre bénévole, est issu du personnel médical, afin de bien le distinguer des bénévoles visés à l’alinéa 11.

    M. le président

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    Sur l’amendement no 422, je suis saisi par le groupe Rassemblement national d’une demande de scrutin public.
    Sur l’amendement no 660, je suis saisi par les groupes La France insoumise-Nouveau Front populaire et Socialistes et apparentés d’une demande de scrutin public.
    Les scrutins sont annoncés dans l’enceinte de l’Assemblée nationale.
    Quel est l’avis de la commission sur l’amendement no 136 ?

    Mme Annie Vidal, rapporteure

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    Cette précision n’est pas nécessaire, d’autant que le référent pourrait parfaitement être issu du personnel paramédical : ainsi, une infirmière pourrait remplir ce rôle. Avis défavorable.

    (L’amendement no 136, repoussé par le gouvernement, n’est pas adopté.)

    M. le président

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    La parole est à M. Thierry Frappé, pour soutenir l’amendement no 422.

    M. Thierry Frappé

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    L’alinéa 13 prévoit la nomination d’un référent chargé de coordonner l’accès aux soins palliatifs et d’accompagnement. Toutefois, il n’est pas précisé que cette nomination repose sur la base du volontariat du professionnel concerné.
    Afin de garantir que cette mission, qui requiert un engagement spécifique et une implication importante, soit exercée dans les meilleures conditions, l’amendement prévoit que le référent ne puisse être désigné qu’avec son accord exprès.
    Il s’agit de s’assurer que la personne nommée adhère pleinement à la tâche, ainsi qu’aux responsabilités qui en résultent. En effet, une nomination imposée pourrait être source de démotivation ou d’inadéquation avec le poste.

    M. le président

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    Quel est l’avis de la commission ?

    Mme Annie Vidal, rapporteure

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    On peut faire confiance aux établissements de santé pour nommer un référent pleinement volontaire pour assumer ce rôle. Très sincèrement, je connais peu d’établissements qui imposeraient cette fonction à quelqu’un sans son accord. Il est évident qu’un tel rôle nécessite une véritable motivation et implique d’accepter la proposition.
    Faisons donc confiance aux établissements pour s’organiser –⁠ ils savent faire. Avis défavorable.

    M. le président

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    Quel est l’avis du gouvernement ?

    Mme Catherine Vautrin, ministre

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    Nous abordons ici l’organisation interne de l’établissement. Ce dernier doit pouvoir proposer à certains employés ce type de responsabilités –⁠ libre à eux d’accepter ou de refuser. Avis défavorable.

    M. le président

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    Je mets aux voix l’amendement no 422.

    (Il est procédé au scrutin.)

    M. le président

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    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        172
            Nombre de suffrages exprimés                165
            Majorité absolue                        83
                    Pour l’adoption                68
                    Contre                97

    (L’amendement no 422 n’est pas adopté.)

    M. le président

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    La parole est à Mme la rapporteure, pour soutenir l’amendement no 660.

    Mme Annie Vidal, rapporteure

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    Je propose de supprimer une disposition introduite en commission, qui interdit les dépassements d’honoraires pour l’accompagnement et les soins palliatifs.

    M. Hadrien Clouet

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    C’est scandaleux !

    Mme Annie Vidal, rapporteure

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    Cette disposition n’est pas opérationnelle puisque, en pratique, il est impossible de distinguer les actes relevant de l’accompagnement et des soins palliatifs du reste de l’activité d’un professionnel de santé.
    Par ailleurs, comme l’accompagnement et les soins palliatifs impliquent une prise en charge globale du patient, parfois au long cours, afin de traiter des souffrances associées à une maladie grave, ils peuvent correspondre à une large part de l’activité de certains médecins, notamment de spécialistes. Interdire les dépassements d’honoraires pourrait donc fortement pénaliser le patient, qui pourrait ne plus avoir accès à certains spécialistes –⁠ si les seuls spécialistes disponibles pratiquent des dépassements d’honoraires. Cela créerait une inégalité entre les patients.
    Cela remettrait aussi en cause l’équité entre les spécialités médicales et risquerait de dissuader les professionnels de santé libéraux d’assurer l’accompagnement et de prodiguer des soins palliatifs, alors même que le nombre de professionnels est limité et que l’objet de la présente proposition de loi consiste précisément à développer massivement l’offre d’accompagnement et de soins palliatifs.
    Enfin, une telle disposition apparaît d’autant moins nécessaire que la grande majorité des patients sont exonérés du ticket modérateur en raison de leur affection de longue durée (ALD).
    De manière plus générale –⁠ je jette un coup d’œil à notre collègue Jean-François Rousset –, les dépassements d’honoraires sont un véritable problème de notre système de santé, qui mériterait de faire l’objet d’un débat à part entière.
    Je vous invite à voter cet amendement car il est dans l’intérêt de nos patients.

    M. le président

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    Quel est l’avis du gouvernement ?

    Mme Catherine Vautrin, ministre

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    L’accès financier aux soins est une question qui se pose pour tous les patients. Depuis le début de nos débats, beaucoup d’entre vous ont insisté sur la nécessité d’avoir accès à des médecins spécialistes –⁠ neurologues, psychiatres –, notamment dans le cadre des soins palliatifs. Or ils sont nombreux à exercer en secteur 2. Si vous n’adoptez pas l’amendement de Mme Vidal, vous prendrez le risque de limiter l’accès à ces spécialistes. Ce n’est pas le sens de ce que vous avez défendu jusqu’à maintenant. Avis favorable.

    M. le président

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    La parole est à M. Yannick Monnet.

    M. Yannick Monnet

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    Si l’alinéa que vous souhaitez supprimer est inopérant, vous n’avez rien à craindre, donc n’y touchez pas. À nous, il nous fait du bien. Il n’est pas acceptable que l’on puisse se faire de l’argent sur le dos des patients qui reçoivent des soins palliatifs ! (Applaudissements sur les bancs des groupes GDR, LFI-NFP et EcoS, ainsi que sur plusieurs bancs du groupe SOC.) Car c’est l’unique objet des dépassements d’honoraires –⁠ c’est un scandale ! Les médecins ont prêté serment : ils doivent soigner les gens, point. À nos yeux, les dépassements d’honoraires sont inacceptables en général, mais ils le sont d’autant plus en matière de soins palliatifs,…

    M. Matthias Tavel

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    C’est immoral !

    M. Yannick Monnet

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    …qui plus est si le patient s’achemine vers la fin de sa vie. Nous ne les accepterons pas ! (Applaudissements sur quelques bancs des groupes LFI-NFP et SOC.)

    M. le président

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    La parole est à Mme Élise Leboucher.

    Mme Élise Leboucher

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    Madame la rapporteure, nous sommes tout à fait défavorables à votre amendement de suppression. Bénéficier d’un accompagnement de qualité en fin de vie ne doit pas être une question de moyens.

    M. Hadrien Clouet

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    Eh oui !

    Mme Élise Leboucher

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    Dans l’exposé sommaire de votre amendement, vous écrivez que les patients seront pour la plupart exonérés du ticket modérateur en raison de leur affection de longue durée. Cela signifie bien que certains patients ne seront pas concernés par l’exonération.

    M. Hadrien Clouet

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    Eh oui !

    Mme Élise Leboucher

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    L’Inspection générale des affaires sociales (Igas) évalue que le reste à charge représente 10 % de l’ensemble des frais liés aux soins palliatifs. Ce n’est pas négligeable, quand 3 % de nos concitoyens sont dépourvus d’assurance maladie complémentaire.
    Maintenir la disposition que vous souhaitez supprimer garantit l’égalité dans l’accès aux soins palliatifs. Sinon, des personnes renonceront à leurs soins.
    En outre, supprimer l’alinéa revient à supprimer la demande de rapport qui doit notamment porter sur l’utilisation encore très hétérogène du fonds national d’action sanitaire et social, inégalité mise en lumière par le rapport Chauvin. Nous voterons donc contre votre amendement. (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP.)

    M. le président

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    La parole est à Mme Sandrine Runel.

    Mme Sandrine Runel

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    Madame Vidal, je suis désolée de vous dire cela, mais je vous le dis très calmement : votre amendement est une honte.

    M. René Pilato

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    Une honte !

    Mme Sandrine Runel

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    Il vise à rétablir la possibilité, pour l’ensemble des professionnels de santé, de pratiquer des dépassements d’honoraires s’agissant de l’accompagnement et des soins palliatifs. Quelle injustice ! (MM. Gérard Leseul et Éric Bothorel applaudissent.)
    Nous travaillons sereinement pour assurer à toutes les personnes malades un accès équitable aux soins palliatifs, quels que soient leurs revenus ou leur lieu d’habitation. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe SOC.) Vous, vous nous proposez de laisser les médecins pratiquer des dépassements d’honoraires. Cela risquerait de décourager certains patients de recourir à ces soins, ce qui serait inadmissible.

    M. René Pilato

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    Exactement !

    Mme Sandrine Runel

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    Quelle ambition avez-vous pour les soins palliatifs ? Nous sommes ici pour améliorer l’accès à ces soins et le rendre équitable ; vous semblez vouloir le réserver à ceux qui en auraient les moyens. Nous ne pouvons encourager le renoncement aux soins. Nous nous opposerons donc très fermement à cet amendement. C’est aussi le sens de notre demande de scrutin public.
    Cet amendement, encore une fois, est une honte : nous ne pouvons réserver l’accès aux soins palliatifs à ceux qui en ont les moyens. (Applaudissements sur les bancs des groupes SOC et EcoS.)

    M. Pierre Pribetich

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    Très bien !

    M. le président

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    La parole est à Mme Sandrine Dogor-Such.

    Mme Sandrine Dogor-Such

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    Depuis 1999, nous manquons de moyens humains et financiers. À présent, vous entendez demander aux malades de payer des dépassements d’honoraires, c’est-à-dire de payer pour être soignés en soins palliatifs ! Je suis assez étonnée, madame Vidal.
    Nous avons certes besoin de spécialistes et cela revient cher. Mais soigner les Français relève de la responsabilité de l’État. Un patient pris en charge en unité de soins palliatifs est stressé, il a peur et ne sait pas ce qui va se passer. Il espère quitter l’unité de soins palliatifs guéri –⁠ cela arrive à 15 % des patients admis en USP. Vous entendez redonner aux patients la peur de vivre ! C’est encore pire pour ceux qui souffrent déjà d’un isolement social en arrivant. Nous ne devons pas faire ce genre de choses. (Applaudissements sur les bancs du groupe RN.)

    M. le président

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    La parole est à Mme Danielle Simonnet.

    Mme Danielle Simonnet

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    Lors de nos échanges en commission, nous étions tous d’accord : nous avons pour objectif de garantir à toutes et tous un accès effectif aux soins palliatifs et d’accompagnement sur l’ensemble du territoire de la République. Cet accès doit être universel. Nous nous sommes donc battus pour faire inscrire dans la loi un droit opposable aux soins palliatifs, afin de vous obliger à faire en sorte que les moyens suivent.
    Vous souhaitez à présent que les soins palliatifs soient un business comme un autre en autorisant les dépassements d’honoraires, avec comme corollaire que certains doivent renoncer aux soins palliatifs en raison de la tarification de ces dépassements.
    Nous nous sommes également battus pour que les maisons d’accompagnement ne puissent pas être des organismes à but lucratif.
    Notre assemblée doit donc absolument rejeter cet amendement. La santé n’a pas vocation à être une marchandise ; les soins palliatifs non plus ! (Applaudissements sur quelques bancs du groupe EcoS.)

    M. Julien Odoul

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    Vous avez pourtant voté la tarification à l’acte !

    M. Matthias Tavel

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    Retirez votre amendement, madame la rapporteure !

    M. le président

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    La parole est à M. Laurent Panifous.

    M. Laurent Panifous

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    Je suis d’accord avec Mme la ministre et Mme la rapporteure sur un point : la question des dépassements d’honoraires mérite de faire l’objet d’un débat d’ampleur.

    Mme Catherine Vautrin, ministre et Mme Annie Vidal, rapporteure

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    Bien sûr !

    M. Laurent Panifous

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    Elle est en effet le reflet de la médecine à deux vitesses qui s’installe doucement dans le pays. Ce phénomène est tout à fait regrettable.
    Nous avons eu un long débat en commission. Nous pourrions au moins préserver la fin de vie et les soins palliatifs de ces dépassements d’honoraires, pour éviter aux personnes qui atteignent la fin de leurs jours et à leurs proches de devoir se demander s’ils sont capables de financer des soins palliatifs appropriés. Madame la rapporteure, cet amendement n’est vraiment pas souhaitable ; il est même moralement discutable. Ce n’est pas à moi de vous demander de le retirer mais j’appelle tous nos collègues à voter contre. (Applaudissements sur les bancs des groupes LIOT et SOC.)

    M. le président

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    La parole est à Mme la rapporteure.

    Mme Annie Vidal, rapporteure

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    J’entends tous les arguments qui ont été avancés. Je voudrais préciser mes intentions avec sincérité.
    À titre personnel, je ne suis pas favorable aux dépassements d’honoraires. Force est de constater que dans certaines spécialités, tous les médecins qui assurent des missions ponctuelles dans des parcours d’accompagnement et de soins palliatifs pratiquent ces dépassements.

    M. René Pilato

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    Il ne faut jamais céder !

    Mme Annie Vidal, rapporteure

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    Les patients souffrant d’une ALD n’auront de toute façon pas à supporter la charge de ces dépassements –⁠ la sécurité sociale le fera. (Exclamations sur les bancs des groupes LFI-NFP, SOC, EcoS et GDR.) Si nous écrivons dans la loi que les praticiens ne peuvent pas pratiquer de dépassements d’honoraires en matière de soins palliatifs, nous priverons les patients de la participation de ces spécialistes à leur parcours de soins. Telle était mon intention.
    J’ai bien compris que vous allez voter contre mon amendement, et, je le répète, j’entends vos arguments.

    M. Matthias Tavel

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    Alors retirez-le !

    Mme Annie Vidal, rapporteure

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    À celles et ceux qui ont trouvé qu’il était honteux, je réaffirme que ce n’est pas mon état d’esprit. Soyez rassurés sur mes intentions : je souhaite que tous les patients qui en ont besoin puissent avoir accès aux soins palliatifs. C’est ce qui a motivé cet amendement. Faites-moi au moins la grâce d’accorder du crédit à mes intentions.

    M. le président

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    Retirez-vous votre amendement, madame la rapporteure ?

    Mme Annie Vidal, rapporteure

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    En signe de bonne volonté, je retire mon amendement ! (Applaudissements sur les bancs des groupes RN, LFI-NFP, SOC, EcoS, Dem, LIOT et GDR.).

    (L’amendement no 660 est retiré.)

    M. le président

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    La parole est à Mme Karine Lebon, pour soutenir l’amendement no 167.

    Mme Karine Lebon

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    Il s’agit, par cet amendement de coordination, d’assurer la cohérence de l’ensemble du texte.
    J’ai cru comprendre que Mme la rapporteure y serait favorable. Tant mieux car je subis une pression énorme de la part de notre collègue Yannick Monnet, qui a déjà fait adopter quatre amendements ! (Sourires.) Il ne faudrait pas que je vienne briser cette chaîne.

    M. le président

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    Sur l’amendement no 746, je suis par les groupes Ensemble pour la République et UDR d’une demande de scrutin public.
    Le scrutin est annoncé dans l’enceinte de l’Assemblée nationale.
    Quel est l’avis de la commission ? Allez-vous ajouter un maillon à la chaîne ?

    Mme Annie Vidal, rapporteure

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    Je suis très sensible à votre souci de coordination. Il est bien question de « l’accompagnement et des soins palliatifs » dans tout le reste du texte. Je donne donc un avis très favorable.

    M. le président

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    Quel est l’avis du gouvernement ?

    Mme Catherine Vautrin, ministre

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    Je suis aussi très sensible à ne jamais briser les chaînes : avis favorable.

    M. Jérôme Guedj

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    Il existe des chaînes bonnes à briser, tout de même !

    Mme Catherine Vautrin, ministre

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    C’est vrai !

    (L’amendement no 167 est adopté.)

    M. le président

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    L’amendement no 746 de M. Éric Michoux est défendu.
    Quel est l’avis de la commission ?

    Mme Annie Vidal, rapporteure

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    Avis défavorable.

    M. le président

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    Quel est l’avis du gouvernement ?

    Mme Catherine Vautrin, ministre

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    Même avis.

    M. le président

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    Je mets aux voix l’amendement no 746.

    (Il est procédé au scrutin.)

    M. le président

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    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        181
            Nombre de suffrages exprimés                175
            Majorité absolue                        88
                    Pour l’adoption                69
                    Contre                106

    (L’amendement no 746 n’est pas adopté.)

    M. le président

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    La parole est à Mme Véronique Besse, pour soutenir l’amendement no 427.

    Mme Véronique Besse

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    Cet amendement concerne les soins palliatifs à domicile. Selon les données de la direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees), plus de 50 % des décès en France surviennent à l’hôpital, alors que les enquêtes d’opinion révèlent que plus de 80 % des Français souhaiteraient finir leur vie à domicile. Ce décalage persistant entre les aspirations des personnes en fin de vie et la réalité de l’accompagnement palliatif constitue une faiblesse majeure de notre système de santé.
    Les principes éthiques qui président aux soins palliatifs doivent pourtant conduire à privilégier la qualité de vie, l’écoute et le respect du cadre de vie du patient. Le maintien à domicile, lorsqu’il est possible, participe pleinement de cette démarche, en offrant un environnement familier et apaisant.
    Dans le droit actuel cependant, la possibilité de recevoir ces soins à domicile n’est présentée que comme une option parmi d’autres. Il faudrait que cela soit généralisé.

    M. le président

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    Sur l’amendement no 661 et sur l’article 1er, je suis saisi par le groupe Ensemble pour la République de demandes de scrutin public ; sur les amendements nos 218 et identiques, je suis saisi par les groupes Ensemble pour la République, Droite républicaine et UDR d’une demande de scrutin public.
    Les scrutins sont annoncés dans l’enceinte de l’Assemblée nationale.
    Quel est l’avis de la commission sur l’amendement no 427 ?

    Mme Annie Vidal, rapporteure

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    Vous souhaitez que le patient soit informé que l’accompagnement et les soins palliatifs sont prioritairement proposés à domicile et, à défaut, en ambulatoire. Si je comprends votre intention, la rédaction de votre amendement est assez lourde. Par ailleurs, elle n’est pas exacte puisque chacun restera libre –⁠ et c’est heureux – de choisir entre les soins à domicile et les soins ambulatoires. Avis défavorable.

    M. le président

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    Quel est l’avis du gouvernement ?

    Mme Catherine Vautrin, ministre

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    Je comprends également l’intention de Mme Besse, et l’information délivrée sur l’hospitalisation à domicile mérite d’être améliorée pour offrir à tous ceux qui le souhaitent, pour des soins palliatifs ou d’autres soins, la possibilité d’une hospitalisation à domicile. Je prends cet amendement comme une demande de poursuivre l’équipement du pays dans ce domaine. À cet égard, d’ailleurs, dans le dernier objectif national de dépenses d’assurance maladie (Ondam), nous avons considérablement augmenté les barèmes financiers pour l’hospitalisation à domicile, ce qui la rend beaucoup plus accessible. Notre engagement demeure et les financements augmentent.
    L’esprit de l’amendement, à défaut de l’amendement lui-même est donc satisfait. C’est la raison pour laquelle je vous demanderai de bien vouloir le retirer.

    M. le président

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    La parole est à Mme Laure Lavalette.

    Mme Laure Lavalette

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    Il faut soutenir l’amendement de notre collègue Besse car de nombreuses familles réclament des soins palliatifs à domicile. Il suffit de considérer le nombre d’associations comme Être-là, Voisins & soins, qui œuvrent pour le bien-être des patients en fin de vie. Je regrette d’ailleurs que notre collègue François Hollande ne soit pas là, parce que le lauréat de sa fondation, l’année dernière, était précisément l’association Voisins & soins, qui propose des soins palliatifs à domicile. Aussi, je regrette, madame la ministre, que vous ne soyez pas favorable à cet amendement. (Applaudissements sur les bancs du groupe RN.)

    M. le président

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    La parole est à Mme la ministre.

    Mme Catherine Vautrin, ministre

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    L’association Voisins & soins est ce qu’on appelle, dans notre jargon, un « article 51 », c’est-à-dire une structure soutenue par le gouvernement pour une expérimentation de cinq ans. Vous voyez donc qu’il a des choses concrètes qui se font, sans qu’on ait besoin d’un amendement.

    (L’amendement no 427 n’est pas adopté.)

    M. le président

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    L’amendement no 661 de Mme la rapporteure est rédactionnel.
    Je mets aux voix l’amendement no 661, accepté par le gouvernement.

    (Il est procédé au scrutin.)

    M. le président

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    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        157
            Nombre de suffrages exprimés                95
            Majorité absolue                        48
                    Pour l’adoption                88
                    Contre                7

    (L’amendement no 661 est adopté.)

    M. le président

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    Je suis saisi de cinq amendements identiques, nos 218, 252, 317, 460 et 706.
    La parole est à Mme Josiane Corneloup, pour soutenir l’amendement no 218.

    Mme Josiane Corneloup

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    Nous avons voté tout à l’heure un amendement qui précisait que la rédaction des directives anticipées devait être un choix libre, jamais contraint. Cet amendement vient compléter cela en précisant que le malade doit rester libre d’exprimer sa volonté quand il le souhaite et de la manière qui lui convient. Il vise à éviter toute contrainte liée à l’usage du numérique, en respectant les préférences et les inquiétudes légitimes des patients, par exemple en matière de confidentialité de leurs informations et données de santé.

    M. le président

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    La parole est à M. Corentin Le Fur, pour soutenir l’amendement no 252.

    M. Corentin Le Fur

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    Je suis évidemment favorable aux directives anticipées. En revanche, il faut qu’elles soient formulées de manière parfaitement éclairée et parfaitement libre. Ce libre arbitre est fondamental et nous souhaitons donc que soit mieux garantie cette liberté.

    M. le président

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    Les amendements identiques nos 317 de Mme Émilie Bonnivard et 460 de Mme Anne-Laure Blin sont défendus.
    La parole est à Mme Brigitte Barèges, pour soutenir l’amendement no 706.

    Mme Brigitte Barèges

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    Il s’agit d’assurer la liberté du malade en matière de directives anticipées.

    M. le président

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    Quel est l’avis de la commission ?

    Mme Annie Vidal, rapporteure

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    Il me paraît superfétatoire de préciser que l’actualisation des directives anticipées dans l’espace numérique relève du choix du patient, d’autant que cet espace numérique n’est accessible qu’à lui seul et que personne ne l’oblige à rien. Avis défavorable.

    M. le président

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    Quel est l’avis du gouvernement ?

    Mme Catherine Vautrin, ministre

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    Même avis.

    M. le président

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    Je mets aux voix les amendements identiques nos 218, 252, 317, 460 et 706.

    (Il est procédé au scrutin.)

    M. le président

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    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        166
            Nombre de suffrages exprimés                164
            Majorité absolue                        83
                    Pour l’adoption                74
                    Contre                90

    (Les amendements identiques nos 218, 252, 317, 460 et 706 ne sont pas adoptés.)

    M. le président

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    La parole est à Mme Sylvie Bonnet, pour soutenir l’amendement no 43.

    Mme Sylvie Bonnet

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    En ce qui concerne les directives anticipées, la personne malade doit rester libre d’exprimer sa volonté quand elle le veut et suivant les modalités qu’elle préfère, le numérique pouvant rebuter les personnes d’un certain âge ou celles qui craignent pour la confidentialité de leurs données de santé.

    M. le président

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    Quel est l’avis de la commission ?

    Mme Annie Vidal, rapporteure

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    Vous vous souhaitez remplacer, dans la phrase sur l’actualisation des directives anticipées, les mots « si nécessaire » par les mots « si elle le souhaite ». Cela ne me semble pas avoir une grande valeur ajoutée, mais je suis prête à m’en remettre à la sagesse de l’Assemblée.

    M. le président

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    Quel est l’avis du gouvernement ?

    Mme Catherine Vautrin, ministre

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    Même avis.

    M. le président

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    La parole est à Mme Nicole Dubré-Chirat.

    Mme Nicole Dubré-Chirat

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    Les directives anticipées ne sont pas obligatoires, c’est une simple possibilité offerte pour ceux qui le souhaitent, d’en rédiger, au format papier ou numérique. Toute cette série d’amendements, qui déclinent les différentes modalités auxquelles pourraient obéir ces directives, me semble donc inutile. Il suffit seulement d’informer les personnes qu’elles peuvent rédiger des directives anticipées, et ce n’est pas la peine de le dire de mille manières différentes.

    M. le président

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    La parole est à Mme Sandrine Runel.

    Mme Sandrine Runel

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    Il est difficile de comprendre cette proposition de substitution, qui n’apporte ni précision ni clarification sur le caractère libre ou obligatoire des directives anticipées. Certes, il n’y a pas d’obligation en la matière, mais nous tenons à ce que soit rappelé le fait qu’elles peuvent être exprimées, sans réserves. Dans le doute sur le sens réel de cet amendement, nous y serons donc plutôt défavorables.

    (L’amendement no 43 n’est pas adopté.)

    M. le président

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    Je mets aux voix l’article 1er.

    (Il est procédé au scrutin.)

    M. le président

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    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        175
            Nombre de suffrages exprimés                175
            Majorité absolue                        88
                    Pour l’adoption                175
                    Contre                0

    (L’article 1er, amendé, est adopté.)

    Après l’article 1er

    M. le président

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    Nous en venons aux amendements portant article additionnel après l’article 1er.
    La parole est à M. Patrick Hetzel, pour soutenir l’amendement no 236.

    M. Patrick Hetzel

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    Il s’agit de compléter l’article 1er en précisant que « l’accompagnement en fin de vie garantit le soutien de la personne dans l’ensemble des besoins qu’elle rencontre en fin de vie et qui ne relèvent pas des soins médicaux et paramédicaux. Ce soutien inclut une dimension psychologique relationnelle et humaine. Il est assuré notamment par les bénévoles mentionnés donc à l’article L. 1110-11 » du code de la santé publique.

    M. le président

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    Quel est l’avis de la commission ?

    Mme Annie Vidal, rapporteure

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    Vous souhaitez définir l’accompagnement en fin de vie. Ce n’est pas inintéressant mais cela risque d’ajouter de la confusion au texte puisque l’article 1er définit déjà précisément l’accompagnement et les soins palliatifs, et que toutes les précisions que vous voulez apporter figurent déjà à différents endroits de l’article. Votre amendement étant satisfait, j’en demande le retrait.

    (L’amendement no 236 est retiré.)

    M. le président

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    Je suis saisi de trois amendements identiques, nos 303, 540 et 646.
    La parole est à Mme Josiane Corneloup, pour soutenir l’amendement no 303.

    Mme Josiane Corneloup

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    L’article 14 de la proposition de loi crée le plan personnalisé d’accompagnement. Ce plan est consacré à l’anticipation, à la coordination et au suivi des prises en charge sanitaire, psychologique, sociale et médico-sociale du patient, pour que ce dernier puisse être intégré à la prise en charge de sa maladie.
    Cet amendement renforce le droit à l’information des patients, en précisant qu’elle doit inclure leur pronostic vital. En effet trop de malades restent encore mal informés sur la gravité de leur état. En clarifiant la loi, nous permettons aux patients de faire des choix éclairés et d’être pleinement acteurs de leur parcours de soins.

    M. le président

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    La parole est à M. Christophe Marion, pour soutenir l’amendement no 540.

    M. Christophe Marion

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    La bonne information du malade est prévue par l’article L. 1111-2 du code de la santé publique, qui prévoit que toute personne a le droit d’être informée sur son état de santé. Néanmoins, la pratique montre que beaucoup de patients gravement malades sont encore trop souvent les moins bien informés sur leur état, en particulier sur leur pronostic vital. Même l’article R. 4127-35 du code de la santé publique prévoit qu’un pronostic vital ne doit être révélé qu’avec circonspection. Cette précision réglementaire a peut-être été parfois interprétée par les professionnels de santé comme une incitation à atténuer la gravité de l’état de santé du patient.
    Pour remédier à cette possible mauvaise compréhension de l’esprit de la loi et garantir un droit d’information le plus complet, le plus effectif possible aux patients, cet amendement propose de préciser que le droit du patient à être informé de son état de santé inclut une information sur son pronostic vital.

    M. le président

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    La parole est à M. Lionel Vuibert, pour soutenir l’amendement no 646.

    M. Lionel Vuibert

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    Le code de la santé publique prévoit qu’un pronostic fatal ne doit être révélé qu’avec circonspection. Cette précision réglementaire a peut-être été interprétée par les professionnels de santé comme une incitation à atténuer la gravité de l’état de santé du patient. Pour remédier à cette possible mauvaise compréhension de l’esprit de la loi et garantir un droit d’information complet effectif aux patients, cet amendement propose de préciser que le droit du patient à être informé de son état de santé inclut son droit à être informé de son pronostic vital.

    M. le président

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    Quel est l’avis de la commission ?

    Mme Annie Vidal, rapporteure

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    Je comprends bien que cet amendement insiste sur le fait que tout patient a le droit d’être informé sur son état de santé.

    Mme Annie Vidal, rapporteure

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    Je ne comprends pas bien en revanche l’articulation de ces amendements avec l’article 1er, ni le renvoi que vous faites à l’article 14.
    Par ailleurs, sur le fond, l’article 14 précise que, dès lors que le médecin annonce une pathologie grave et incurable, il propose un plan personnalisé d’accompagnement. Nous avons eu de longues discussions en commission avant de remplacer les mots « à l’annonce de » par les mots « dès lors », afin de laisser un délai au médecin pour évoquer ce plan.
    Vous proposez cependant d’informer le patient sur son pronostic vital dès l’annonce de la pathologie, ce qui ne me paraît pas être le moment approprié. Avis défavorable.

    M. le président

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    Quel est l’avis du gouvernement ?

    Mme Catherine Vautrin, ministre

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    Je partage totalement l’avis de la rapporteure car des personnes peuvent bénéficier de soins palliatifs sans que leur pronostic vital soit engagé. Leur état de santé peut s’améliorer, elles peuvent même guérir. Parler de pronostic vital dès l’annonce de la pathologie est donc beaucoup trop précoce.

    M. le président

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    La parole est à M. Cyrille Isaac-Sibille.

    M. Cyrille Isaac-Sibille

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    Je suis défavorable à ces amendements. D’une part, ils sont irréalistes d’un point de vue médical : comme l’a souligné la Haute Autorité de santé (HAS), il est très difficile d’indiquer un pronostic vital, même de moyen terme. D’autre part, psychologiquement, ils ne sont pas souhaitables : lorsque vous soignez un patient, vous combattez la maladie avec lui, et vous n’avez pas à être défaitiste en lui indiquant que son pronostic vital est engagé à telle échéance.

    M. le président

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    La parole est à Mme Stéphanie Rist.

    Mme Stéphanie Rist

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    Je rejoins ce qui vient d’être dit. Je tiens en outre à souligner que les médecins disent la vérité aux malades, alors que ces amendements laissent entendre le contraire. Le temps où l’on dissimulait les diagnostics, où l’on parlait à la famille mais pas au malade, est révolu.
    Lorsqu’on est étudiant, on nous apprend que les pronostics annoncés par les médecins sont erronés dans la moitié des cas. Il faut donc commencer l’accompagnement des soins palliatifs très tôt dans la maladie, à un moment où l’on ne sait pas encore combien de temps il reste au patient. La médecine n’est pas une science exacte qui permet d’affirmer qu’avec telle maladie, il reste par exemple au patient deux mois et trois jours à vivre. Chaque cas est individuel et c’est l’évolution qui permet de dire si l’échéance est proche.
    Ces amendements ne doivent donc pas laisser croire aux Français que les médecins cachent les diagnostics à leurs patients, même quand ils sont graves.

    (Les amendements identiques nos 303, 540 et 646 ne sont pas adoptés.)

    M. le président

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    La parole est à M. Lionel Vuibert, pour soutenir l’amendement no 505.

    M. Lionel Vuibert

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    Cet amendement vise à renforcer la portée symbolique du texte en y affirmant explicitement deux principes : la dignité de la personne en fin de vie et le caractère exceptionnel du recours à l’aide à mourir.
    Bien que ces éléments se retrouvent dans l’exposé des motifs de la proposition de loi et dans les articles d’application, leur mention directe dans le corps du texte renforcerait la lisibilité éthique du dispositif. L’ajout de cet article permettrait aussi de poser une balise interprétative claire : l’aide à mourir n’est pas un soin ordinaire, mais une solution ultime encadrée par un accompagnement humain. Nous souhaitons ainsi prévenir toute dérive de banalisation et consolider l’assise philosophique du texte dans un esprit de responsabilité partagée et de solidarité.

    M. le président

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    Quel est l’avis de la commission ?

    Mme Annie Vidal, rapporteure

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    Cet amendement a deux objectifs. Sa première partie vise à garantir que l’on respecte la dignité du patient. Or l’article 1er satisfait déjà cet objectif, puisqu’il indique très clairement que c’est l’enjeu même de l’accompagnement et des soins palliatifs.
    Sa seconde partie aborde à nouveau la question de l’aide à mourir qui sera discutée lors de l’examen du second texte. J’ai déjà dit que je souhaitais que l’on n’aborde, dans un premier temps, que l’accompagnement et les soins palliatifs car ce droit à l’aide à mourir n’a pas encore été voté. Des passerelles pourront néanmoins être envisagées après l’examen de ce premier texte. Avis défavorable.

    M. le président

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    Quel est l’avis du gouvernement ?

    Mme Catherine Vautrin, ministre

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    Même avis.

    M. le président

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    Maintenez-vous votre amendement, monsieur Vuibert ?

    M. Lionel Vuibert

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    Je le retire.

    (L’amendement no 505 est retiré.)

    Article 2

    M. le président

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    La parole est à Mme Anne Bergantz.

    Mme Anne Bergantz

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    L’article 2 vise à structurer les organisations territoriales qui vont déployer les soins palliatifs et d’accompagnement, afin d’apporter à l’ensemble des Français un accès à ces soins et de garantir leur prise en charge, quel que soit leur lieu de résidence.
    Cependant, 85 % de nos concitoyens souhaitent vivre leurs derniers jours à domicile. Plusieurs modèles le permettent, comme l’hospitalisation à domicile et les équipes mobiles qui correspondent à différentes gradations de soins.
    Un autre modèle innovant, présent dans ma circonscription et dans d’autres territoires, est représenté par l’association Voisins & soins. Ce sont des équipes de proximité hybrides qui apportent une réponse à l’isolement des patients en faisant intervenir des bénévoles formés, habitant les quartiers, ainsi que des soignants, salariés à temps partiel. Ces équipes ne se substituent pas aux médecins traitants, mais elles sont un relais à domicile, alors que les médecins généralistes ne parviennent plus à se déplacer pour faire ces visites.
    Ce modèle, qui prône la solidarité à l’échelle d’un quartier, est particulièrement adapté aux situations les moins aiguës, mais qui relèvent néanmoins des soins palliatifs, et il permet de soutenir les proches aidants.
    J’ai entendu, madame la ministre, que vous souteniez ce modèle, et je m’en réjouis.

    M. le président

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    La parole est à M. Julien Odoul.

    M. Julien Odoul

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    Les soins palliatifs constituent une merveilleuse avancée car c’est le soin par excellence, l’accompagnement le plus réconfortant pour les patients en fin de vie. Mais c’est aussi un terrible échec, une grande injustice du fait des inégalités de traitement des patients sur le sol national et du manque de publicité. Ce que l’on peut reprocher à l’État et aux différents gouvernements qui se sont succédé depuis vingt ans, c’est de n’avoir jamais vraiment cru dans les soins palliatifs qui ont davantage été tolérés que soutenus. Ils ont été évoqués à maintes reprises, mais jamais financés à leur juste mesure. Ils ont été encadrés, mais rarement garantis.
    L’article 2 concerne la création d’organisations territoriales dédiées aux soins d’accompagnement. L’objectif affiché est de mieux coordonner les acteurs du soin en fin de vie, mais cette initiative introduit un glissement sémantique préoccupant. Les soins d’accompagnement englobent en effet une approche plus large, dont des dimensions sociales et médico-sociales, mais ils risquent de diluer la spécificité et l’exigence médicale des soins palliatifs.
    Nous ne sommes pas opposés à une meilleure coordination des soins, mais il faut veiller à ce que cette nouvelle organisation ne masque pas les insuffisances actuelles des soins palliatifs. Avant d’introduire de nouvelles structures, de nouveaux dispositifs, il est impératif de renforcer l’existant : former davantage de professionnels, augmenter le nombre de lits spécialisés et garantir un accès équitable aux soins palliatifs sur l’ensemble du territoire. (Applaudissements sur les bancs du groupe RN.)

    M. Emeric Salmon

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    Exactement.

    M. le président

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    La parole est à M. Charles Sitzenstuhl.

    M. Charles Sitzenstuhl

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    Je souhaite mettre à profit ce temps de discussion pour poser des questions au gouvernement. Le rapport rappelle, page 28, que le gouvernement et le rapporteur étaient, l’année dernière, opposés à cet article qui avait été introduit par voie d’amendement. Pourriez-vous, madame la ministre, nous rappeler pourquoi ?
    Ce dispositif pose beaucoup de questions. Il définit des organisations territoriales : que met-on derrière le mot « organisations » qui peut signifier beaucoup de choses différentes, et derrière le mot « territoriales » qui peut se référer aux régions, aux départements, aux arrondissements ou à d’autres circonscriptions administratives ?
    Ensuite, quel sera l’impact budgétaire de ces organisations territoriales ? Rien ne le précise concrètement dans le rapport. Le coût pour les pouvoirs publics sera-t-il supérieur à ce qu’il est actuellement ? Et de combien, dans ce cas ? Combien d’embauches supplémentaires seront permises ? En tant que commissaire aux finances, je me dois de poser ce type de questions.
    Enfin, le fonctionnement des organisations territoriales semble, à la lecture du rapport, à la fois précis et imprécis. L’article 2 ne risque-t-il donc pas de conduire à la construction d’usines à gaz, d’autant que les agences régionales de santé (ARS) seront introduites dans le dispositif, et que parfois, les citoyens s’interrogent légitimement sur les ARS.

    M. le président

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    La parole est à M. Corentin Le Fur.

    M. Corentin Le Fur

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    Ce texte constitue une avancée majeure. Le retard français est en effet insupportable, indigne d’un pays comme le nôtre : les unités de soins palliatifs sont essentielles, attendues, mais elles sont insuffisantes. Une vingtaine de départements n’ont pas d’unité de soins palliatifs, et partout ailleurs, on compte trop d’unités spécialisées. Les zones rurales, dont celles qui se trouvent dans ma circonscription, sont particulièrement dépourvues.
    Il s’agit donc ici de contribuer à combler, ou à tout le moins de réduire notre retard. C’est fondamental parce que l’accompagnement des plus fragiles est le plus beau soin qui soit : il consiste à empêcher les personnes de souffrir, grâce aux soins palliatifs. Cette proposition de loi est l’occasion d’avancer très concrètement sur le sujet.
    Cela n’empêche pas de s’interroger –⁠ et M. Sitzenstuhl a d’ailleurs posé des questions très justes – sur la coordination des unités car nos concitoyens tiennent particulièrement à ce que les soins palliatifs soient présents partout sur le territoire et dans tous les types de structures.
    J’attends donc de l’article 2 qu’il permette de lever nos interrogations. Il constitue en tout cas une avancée majeure, et j’espère que nous l’adopterons à l’unanimité.

    M. le président

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    La parole est à M. Laurent Panifous.

    M. Laurent Panifous

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    Je profite du temps qui m’est imparti pour dire à la rapporteure qu’en ce qui concerne les dépassements d’honoraires, abordés dans la discussion de l’article 1er, je n’ai jamais remis en doute sa moralité. Et je la remercie d’ailleurs d’avoir retiré son amendement.
    Quant à l’article 2, qui concerne les organisations territoriales spécialisées dans la délivrance des soins palliatifs, organisations qui auront pour mission de faciliter l’expérimentation de dispositifs innovants, sa teneur a été significativement modifiée par l’adoption en commission d’un amendement de mon groupe. Toutefois, je voterai l’amendement de la rapporteure proposant une nouvelle rédaction de l’article, laquelle rendra le texte plus intelligible.

    M. le président

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    La suite de la discussion est renvoyée à la prochaine séance.

    6. Ordre du jour de la prochaine séance

    M. le président

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    Prochaine séance, ce soir, à vingt et une heures trente :
    Suite de la discussion de la proposition de loi relative à l’accompagnement et aux soins palliatifs ;
    Suite de la proposition de loi relative au droit à l’aide à mourir.
    La séance est levée.

    (La séance est levée à vingt heures.)

    Le directeur des comptes rendus
    Serge Ezdra