PROJET DE LOI DE FINANCES POUR 2000
Rapport général.— Tome II
Examen de la première partie

Pour en faciliter la consultation, ce rapport a été découpé en 8 fichiers

Articles 1er
à après 3

Articles 4
à après 7

Articles 8 à 11

Articles 12
à après 14

Articles 15 à 21

Article 22

Articles 23 à 29

Articles 30 à 36

Article 30 Modifications d’affectations et suppression de ressources liées à la clôture de comptes d’affectation spéciale

Article 31 Institution du prélèvement de solidarité pour l’eau et modifications du compte d’affectation spéciale n° 902-00

Article 32 Modification des quotités de répartition de la taxe d’aviation civile

Article 33 : Relèvement du taux de la taxe due par les concessionnaires d’autoroutes

Article 34 : Abondement de la dotation globale de fonctionnement

Articles additionnels après l’article 34 :

– Majoration de 500 millions de francs de la dotation de solidarité urbaine

– Majoration de 150 millions de francs de la première fraction de la dotation de solidarité rurale

– Reconduction du mécanisme compensant les diminutions des dotations de compensation de la taxe professionnelle subie par les collectivités défavorisées

Article 35 : Evaluation du prélèvement opéré sur les recettes de l’Etat au titre de la participation de la France au budget des Communautés européennes

Article additionnel après l’article 35 : Rapport du Gouvernement sur la concurrence fiscale dommageable et la régulation internationale des mouvements de capitaux

Article 36 : Equilibre général du budget

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Article 30

Modifications d'affectations et suppression de ressources liées à la clôture de comptes d'affectation spéciale.

Texte du projet de loi :

I. Les articles L. 314-1 à L. 314-14 et L. 531-2 du code forestier ainsi que l’article 1609 sexdecies  du code général des impôts sont abrogés.

II. Le deuxième alinéa de l’article 1609 undecies du code général des impôts est remplacé par la disposition suivante :

" Le produit de ces deux redevances est affecté au Centre national du livre.".

III. L’article L. 4414-7 du code général des collectivités territoriales est ainsi rédigé :

" A compter du 1er janvier 2000, une fraction de la taxe annuelle sur les locaux à usage de bureaux, les locaux commerciaux et les locaux de stockage, régie par l’article 231 ter du code général des impôts, est affectée à la région Île-de-France. Cette fraction est fixée à 50 % dans la limite de 720 000 000 F en 2000, 840 000 000 F en 2001, 960 000 000 F en 2002, 1 080 000 000 F en 2003 et 1 200 000 000 F en 2004 et les années suivantes. ".

Exposé des motifs du projet de loi :

Cet article tire les conséquences de la suppression de comptes d’affectation spéciale et supprime plusieurs taxes.

I. Le I de l’article supprime la taxe forestière (art. 1609 sexdecies du CGI) d’un rendement de 310 MF, ainsi que la taxe de défrichement (art. L. 314-1 du code forestier) qui représentait un produit de 32 MF. Il supprime par ailleurs l’affectation du produit de ces deux taxes au Fonds forestier national (art. L. 314-13 et L. 531-2 du code forestier).

II. Les redevances sur l’édition des ouvrages de librairie et sur emploi de la reprographie alimentent le Fonds national du livre (compte d’affectation spéciale n° 902-16). Le produit de ces redevances bénéficie exclusivement au Centre national du livre, établissement public administratif. Dans un souci de simplification administrative, il est proposé d’affecter directement leur produit au Centre national du livre sans transiter par le Fonds national du livre dont le présent projet loi de finances organise la clôture.

III. La clôture du compte d’affectation spéciale n°902-22 se traduit par le reversement au budget général du produit de la taxe sur les locaux à usage de bureaux, les locaux commerciaux et les locaux de stockage. Toutefois, une fraction de cette recette est affectée à la région Île-de-France en compensation de l’extinction progressive de la dotation globale de fonctionnement, conformément à l’article L 4414-6 du code général des collectivités territoriales.

Observations et décision de la Commission :

Le présent article procède à des suppressions ou réaffectations de recettes bénéficiant précédemment à des comptes d’affectation spéciale dont l’article 44 du présent projet prévoit la suppression. On rappellera que les comptes devant ainsi disparaître sont :

– le Fonds forestier national (n° 902-01) ;

– le Fonds de secours aux victimes de sinistres et calamités (n° 902-13) ;

– le Fonds national du livre (n° 902-16) ;

– le Fonds pour l’aménagement de l’Ile-de-France (n° 902-22).

Seule la suppression du compte n° 902-22 entraîne la disparition de la structure financée par le compte d’affectation spéciale. Les actions auparavant supportées par le Fonds pour l’aménagement de l’Ile-de-France (FARIF) seront, en effet, désormais retracées par six sections budgétaires (ville, équipement et services communs, urbanisme et logement, transports terrestres, routes et services généraux du Premier ministre). La part de la taxe sur les locaux à usage de bureaux revenant à l’Etat sera désormais versée au budget général, sur la nouvelle ligne de recettes 9.

Dans les trois autres cas, la suppression du financement via un compte d’affectation spéciale n’entraîne pas la disparition de l’organisme financé (), dont l’existence est pérennisée même dans le cas où la recette initialement affectée disparaît.

I.- La suppression de la taxe forestière et de la taxe de défrichement

Le compte d’affectation spéciale n° 902-01 " Fonds forestier national " (FFN) est principalement alimenté en recettes par la taxe forestière, réformée en profondeur par la loi de finances pour 1991 (n° 90-1168 du 29 décembre 1990), ainsi que par la taxe de défrichement, qui lui a été affectée par la loi de finances pour 1994 (n° 93-1352 du 30 décembre 1993, article 50-III) ().

Le présent article propose la suppression de ces deux taxes, soit un allégement de la pression fiscale de l’ordre de 342 millions de francs au total.

En effet, la loi de finances pour 1999 avait évalué à 310 millions de francs le produit de la taxe forestière et à 32 millions de francs celui de la taxe de défrichement.

· La taxe forestière est régie par l’article 1609 sexdecies du code général des impôts. Elle porte sur " les sciages, éléments de charpente, menuiseries industrielles du bâtiment, parquets, lambris, moulures, baguettes, bois de placage, bois contre-plaqués, panneaux, palettes, emballages en bois, papiers et cartons fabriqués, faisant l’objet d’une acquisition intracommunautaire ou importés en France métropolitaine. "

Le II de l’article 1609 sexdecies du code général des impôts définit quatre taux différents selon la nature des produits.

Le taux de la taxe est actuellement fixé à :

– 1,30% de la valeur des produits pour les parquets, lambris, éléments de charpente et emballages industriels ;

– 1,20% pour les sciages, bois de placage et bois contre-plaqués ;

– 0,50% pour les menuiseries industrielles du bâtiment et emballages légers ;

– 0,12% pour le papier journal ainsi que les papiers et cartons divers.

La taxe est due en France métropolitaine par les entreprises qui fabriquent ou les personnes qui importent un des produits cités plus haut et visé par la taxe, ou qui réalisent des acquisitions intracommunautaires portant sur ces mêmes produits.

Le fait générateur de la taxe est constitué soit par leur livraison en France métropolitaine, soit par leur utilisation, lorsque ces produits sont mis en œuvre par le fabricant pour son propre usage ou pour les besoins de la fabrication de produits non taxables.

L’assiette de la taxe est constituée, dans le premier cas, par le montant net de toutes taxes de la recette lorsque ces produits sont livrés et, dans le second cas, par le prix de revient net de toutes taxes.

Elle est constatée et recouvrée selon les règles applicables en matière de TVA.

Les seules modifications apportées à l’article 1609 sexdecies depuis 1990 concernent les taux de la taxe, tout particulièrement s’agissant du 2° du II de l’article, qui porte sur les sciages, bois de placage et bois contre-plaqués.

Initialement fixé à 1% par l’article 36 de la loi de finances pour 1991 (n° 90-1168 du 29 décembre 1990), ce taux a été porté à 1,65% par l’article 50 de la loi de finances pour 1994 (n° 93-1352 du 30 décembre 1993), afin de compenser le rendement jugé insuffisant de la taxe forestière, comme l’indique le tableau ci-dessous.

                   

LE PRODUIT DE LA TAXE FORESTIÈRE

(en millions de francs)

Années

1990

1991

1992

1993

1994

1995

1996

1997

1998

1999

Montant de la taxe

664

255

250

207

276

313

288

310

320,3

310 (a)

(a) Montant prévu pour la loi de finances initiale 1999.

Source : Ministère de l’économie, des finances et de l’industrie.

On notera toutefois que ce taux de 1,65% n’a jamais été appliqué. L’instruction fiscale du 15 mars 1994 (3 P-4-94, BOI n° 59 du 24 mars 1994), signée par le ministre du budget de l’époque, a en effet prévu que " les entreprises qui effectuent des opérations imposables au taux de 1,65% pourront à titre exceptionnel acquitter la taxe au taux de 1,3%. Cette mesure s’applique aux opérations effectuées à compter du 1er février 1994 et jusqu’au 31 décembre 1994. Les modalités de versement du solde de 0,35%, provisoirement conservé par les entreprises, seront précisées dans une instruction ultérieure ".

En fait d’instruction ultérieure, l’article 30 de la loi de finances pour 1995 (n° 94-1162 du 29 décembre 1994) a confirmé le taux de 1,3%, ramené finalement à 1,2% par l’article 38 de la loi de finances pour 1996 (n° 95-1346 du 30 décembre 1995).

La suppression de la taxe forestière constitue un incontestable allégement de la pression fiscale sur la filière bois, réclamé depuis longtemps par les industriels concernés.

On observera toutefois que le rendement des différents tarifs de la taxe n’a jamais pu être précisément établi. Ainsi, en réponse à une question de M. Dominique Baert, Rapporteur spécial des comptes spéciaux du Trésor, il avait été indiqué en 1998 que : " le produit de la taxe sur les sciages n’est pas connu. En effet, l’Agence comptable centrale du trésor a toujours communiqué les résultats obtenus globalement. Ces derniers regroupent, à la fois, la taxe forestière payée par les scieurs mais aussi celle qui est versée par les charpentiers, les fabricants de panneaux, d’emballages, de menuiseries industrielles, ainsi que les papetiers, etc…

A plusieurs reprises, il a été demandé aux services compétents de donner des résultats individualisés par secteur. Ils ont été dans l’incapacité de les fournir car la catégorie professionnelle du payeur n’est pas enregistrée lorsqu’il effectue le versement. ".

Enfin, à la lecture de la définition de l’assiette de la taxe, il apparaît que sa suppression est une mesure significative de simplification. Parmi les produits taxés à 0,12% on relèvera ainsi que figurent notamment les " papiers des types utilisés pour papiers de toilette, pour serviettes à démaquiller, pour essuie-mains, pour serviettes ou pour papiers similaires à usage domestique, d’hygiène ou de toilette, ouate de cellulose et nappes de fibres de cellulose, même crêpés, plissés, gaufrés, estampés, perforés, coloriés en surface, décorés en surface ou imprimés, en rouleaux d’une largeur excédant 36 cm ou en feuilles de forme carrée ou rectangulaire dont un côté au moins excède 36 cm à l’état non plié. "

Un toilettage du code s’imposait.

· La suppression de la taxe de défrichement procède du même esprit. Ne générant qu’environ 35 millions de francs de recettes (), cette taxe nécessite cependant pas moins de treize articles fort détaillés du code forestier…

L’assiette de la taxe est constituée par la surface des bois et forêts à défricher.

Les exemptions, définies à l’article L. 314-4 du code forestier, sont cependant nombreuses. Elles concernent notamment :

– les défrichements exécutés par les sections de commune, les collectivités locales, leurs groupements, leurs établissements publics en vue de réaliser des équipements d’intérêt public, sous réserve de la reconstitution d’une surface forestière équivalente dans un délai de cinq ans ;

– les défrichements ayant pour but des mises en valeur agricoles et intéressant des massifs boisés de moins de dix hectares d’un seul tenant dans des départements ou des parties de département fixés par décret ;

– les défrichements nécessités par les travaux déclarés d’utilité publique et effectués dans les périmètres de protection et de reconstitution forestière ;

– les défrichements ayant pour objet une opération de mise en culture dans certaines zones, précisées par décret ;

– les défrichements de terrains situés en montagne ou en zones défavorisées, lorsqu’ils ont pour objet l’installation d’un jeune agriculteur ou l’agrandissement d’une exploitation.

Le souci de précision du législateur a conduit à préciser, à l’article L. 314-5, que n’entrent pas dans le champ de la taxe " les opérations ayant pour but de remettre en valeur d’anciens terrains de culture ou de pacage envahis par une végétation ou un boisement spontanés ou les terres occupées par les formations telles que garrigues, landes et maquis " ainsi que " les opérations portant sur les noyeraies, oliveraies, plantations de chênes truffiers et vergers à châtaignes ".

Le taux de la taxe est fixé à :

– 1,3 franc par mètre carré de surface à défricher lorsque le défrichement a pour objet des opérations de mise en culture ;

– 4 francs par mètre carré de surface à défricher dans les autres cas.

Toutefois, le montant de la taxe due par le redevable est au minimum de 5.000 francs, quelle que soit la surface à défricher lorsque le défrichement a pour objet de permettre la construction d’un bâtiment autre qu’à usage agricole.

Le degré de complexité des articles L. 314-1 à L. 314-14 ne se justifie sans doute pas au regard de la faiblesse des sommes encaissées.

La suppression de la taxe de défrichement ainsi que, corrélativement, de l’article L .531-2 du code forestier, procédant à son affectation au FFN, répond à un louable souci de simplification.

Cette suppression ne porte pas atteinte aux missions assurées précédemment par le FFN, désormais financées à partir des chapitres 44-92 " Fonds forestier national et office national des forêts " et 61-45 " Fonds forestier national et autres opérations forestières " du budget de l’agriculture.

On notera que, si l’opération proposée est neutre s’agissant de la charge nette des comptes d’affectation spéciale, le financement à partir de crédits du budget général afin de compenser la suppression des taxes affectées au FFN, entraîne une dégradation du solde général.

B.- L’affectation directe d’une partie de la taxe sur les locaux à usage de bureaux à la région d’Ile-de-France

Le III du présent article propose une nouvelle rédaction de l’article L. 4414-7 du code général des collectivités territoriales, rendue nécessaire par la suppression du Fonds pour l’aménagement de l’Ile-de-France, proposée par l’article 44 du présent projet.

Pour comprendre la portée de cette mesure, un bref rappel s’impose.

Avant l’intervention de la loi du 4 février 1995, la région d’Ile-de-France était la seule à recevoir une attribution au titre de la dotation globale de fonctionnement (DGF). Cette situation s’expliquait par l’histoire. La loi n° 76-39 du 6 mai 1976 portant création et organisation de la région d’Ile-de-France avait, en effet, maintenu les sources de financement du district précédent, parmi lesquelles figurait notamment la taxe locale sur les salaires. La création de la DGF par la loi n° 79-15 du 3 janvier 1979 a maintenu cette spécificité.

La région d’Ile-de-France recevait donc, par prélèvement sur les sommes affectées à la dotation globale de fonctionnement des départements, la dotation forfaitaire et la seconde part de la dotation de péréquation (dite dotation impôts-ménages) et bénéficiait de la garantie de progression minimale dans les mêmes conditions que les départements.

Pour 1994, le montant perçu à ce titre s’élevait à 1,2 milliard de francs. Or, le I de l’article 73 de la loi n° 95-119 du 4 février 1995 d’orientation pour l’aménagement et le développement du territoire, codifié sous l’article L. 4414-6 du code général des collectivités territoriales, a prévu qu’à compter de 1995, cette dotation serait réduite de 120 millions de francs par an, jusqu’à son extinction complète.

Le II de l’article 73 de la loi précitée, codifié sous l’article L. 4414-7 du code précité, dispose parallèlement que " le produit du fonds d’aménagement de la région d’Ile-de-France est affecté dans les conditions prévues par la loi de finances pour 1995 (n° 94-1162 du 29 décembre 1994) à la région d’Ile-de-France à due concurrence du montant du prélèvement effectué sur la dotation globale de fonctionnement versée à cette région en application de l’article L. 4414-6. Jusqu’en 1998, la région prendra en charge, à due concurrence des sommes transférées, les engagements de l’Etat financés par le fonds ".

Cette mesure a pour objet de compenser la perte de recettes résultant de la suppression progressive du montant de la dotation globale de fonctionnement versée à cette région.

Cette compensation à due concurrence présente cependant un caractère original, puisque, jusqu’en 1998, la région se substituait à l’Etat pour financer les engagements pris par ce dernier. La région a donc financé, à ce titre, des opérations décidées par l’Etat.

La loi de finances pour 1995 ayant été votée et promulguée avant que la loi d’orientation n’ait été elle-même adoptée, aucune disposition de la loi de finances n’est venue préciser les modalités d’application des prescriptions de l’article 73 précité. En conséquence, de 1995 à 1998, le transfert à la région Ile-de-France des ressources du FARIF a été opéré par une convention passée entre l’Etat et cette région, convention qui déterminait le montant et la destination définitive des crédits concernés.

Ce n’est qu’à compter de 1999 que la région a pu utiliser les fonds transférés pour le financement de projets décidés par le conseil régional. Aussi, un nouveau chapitre (n° 11) de dépenses du compte n° 902-22 a été créé par l’article 73 de la loi de finances pour 1999 (n° 98-1266 du 30 décembre 1998). Il retrace le transfert prévu par l’article L. 4414-7 précité, pour un montant de 600 millions de francs en 1999. Ce transfert croîtra de 120 millions de francs par an jusqu’en 2004, date à laquelle il atteindra le plafond prévu de 1,2 milliard de francs, puis sera stabilisé à ce niveau.

La suppression du FARIF à compter de 2000 entraînant celle du chapitre de dépenses du compte, une autre solution devait être trouvée pour garantir la compensation au profit de la région d’Ile-de-France.

Le produit de la taxe sur les locaux à usage de bureaux devant être, à compter du 1er janvier 2000 " rebudgétisé " au sein du budget général (), deux options étaient possibles : soit créer un chapitre de dépenses ad hoc au sein d’une section, soit affecter directement une quote-part de la recette au profit de la région d’Ile-de-France.

C’est cette seconde solution qui a été choisie. Le présent article prévoit en effet l’affectation directe d’une fraction de la taxe précitée à la région, à hauteur de 50% de la recette totale. Un plafond est fixé à ce prélèvement, passant de 720 millions de francs en 2000 à 1,2 milliard de francs en 2004 et les années suivantes. Il correspond très exactement à la progression des dépenses précédemment prévues pour le chapitre de dépenses du FARIF destiné à opérer la compensation.

La solution retenue garantit le respect des engagements pris par l’Etat, le prélèvement opéré sur la recette ne pouvant pas, par définition, être affecté par une éventuelle mesure de régulation budgétaire.

On rappellera que le produit de la taxe sur les bureaux s’est élevé à 1.639,6 millions de francs en 1996, à 1.672,2 millions de francs en 1997 et à 1.753,5 millions de francs en 1998.

Pour 1999, le produit estimé par la loi de finances initiale, qui a étendu son champ d’application aux locaux commerciaux et de stockage, s’élèverait à 2.220 millions de francs. Le tableau ci-après détaille les encaissements réalisés au 31 juillet dernier.

         

PRODUIT DE LA TAXE SUR LES LOCAUX À USAGE DE BUREAUX, SUR LES LOCAUX COMMERCIAUX ET SUR LES LOCAUX DE STOCKAGE EN 1999

(en millions de francs)

Départements

Bureaux
(tarif réduit)

Bureaux
(tarif normal)

Commerces

Stockage

Total

Paris

53,14

798,12

23,58

2,60

877,44

Seine-et-Marne

5,98

38,20

9,52

8,07

61,78

Yvelines

5,48

65,88

8,86

3,11

83,33

Essonne

7,87

51,37

9,35

7,85

76,43

Hauts-de-Seine

11,01

640,14

8,99

3,50

663,64

Seine-Saint-Denis

9,25

131,56

13,53

11,82

166,15

Val-de-Marne

20,47

92,85

9,68

6,14

129,14

Val d’Oise

3,11

36,55

6,68

5,62

51,95

Total

116,31

1.854,67

90,19

48,70

2.109,87

Source : Ministère de l’économie, des finances et de l’industrie.

La croissance des encaissements s’explique avant tout par celle du produit de la taxe sur les locaux à usage de bureaux (+ 5,7% par rapport à 1998). Selon les estimations fournies à votre Rapporteur général, le produit total des recettes du FARIF pour 1999 devrait s’établir à 2,2 milliards de francs, en ligne avec les prévisions initiales.

On remarquera que le produit de la taxe sur les locaux commerciaux et celle sur les locaux de stockage reste tout à fait marginal, ce qui conduit à s’interroger sur l’opportunité du maintien du dispositif adopté l’an passé.

C.- L’affectation directe de deux redevances
au Centre national du livre

La loi de finances pour 1976 (n° 75-1278 du 30 décembre 1975) a procédé, d’une part, à la création de la redevance sur l’édition des ouvrages de librairie ainsi que de celle sur l’emploi de la reprographie et, d’autre part, à l’affectation de ces recettes au compte d’affectation spéciale n° 902-16 " Fonds national du livre ".

Prévue par l’article 1609 duodecies du code général des impôts, la redevance sur l’édition des ouvrages de librairie est due par les éditeurs en raison des ventes, autres que les exportations et les livraisons dans un lieu situé dans un autre Etat membre de la Communauté européenne, des ouvrages de librairie de toute nature qu’ils éditent.

En sont exonérés les éditeurs dont le chiffre d’affaires de l’année précédente pour cette branche d’activité n’a pas excédé, tous droits et taxes compris, 500.000 francs.

Le taux de la redevance est de 0,2%.

Quant à la redevance sur l’emploi de la reprographie (article 1609 terdecies du code général des impôts), son taux est fixé à 3%. Elle porte sur les ventes et livraisons à soi-même, à l’exception des exportations et des livraisons dans un autre Etat membre de la Communauté européenne, d’appareils de reprographie réalisées par les entreprises qui les ont fabriqués ou fait fabriquer en France, ainsi que sur les importations et acquisitions intracommunautaires des mêmes appareils.

La liste des appareils taxables est fixée par un arrêté conjoint du ministre de l’économie et des finances et du ministre de l’industrie et de la recherche. L’article 159 AD de l’annexe IV au code général des impôts vise ainsi les machines à imprimer offset de 500 kg ou moins, les duplicateurs, les appareils de photocopie à système optique ou par contact et appareils de thermocopie, ainsi que les appareils de reprographie de bureautique utilisant la technique du scanner.

Les deux redevances sont assises, liquidées et recouvrées comme en matière de taxe sur la valeur ajoutée, avec les sûretés, garanties, privilèges et sanctions applicables à cette taxe.

Le tableau ci-après récapitule l’évolution du produit des deux redevances depuis 1993.

               

ÉVOLUTION DES RECETTES DU FONDS NATIONAL DU LIVRE

(en millions de francs)

 

 

1993

1994

1995

1996

1997

1998

LFI 1999

Reprographie

71,79

83,612

84,587

77,248

84,703

88,216

87

Edition

24,54

25,783

29,747

28,557

28,980

28,406

29

Total

96,33

109,395

114,334

105,805

113,683

116,622

116

Les recettes encaissées par le compte d’affectation spéciale ont pour objet le versement de subventions au centre national du livre (CNL).

On notera que cet établissement public à caractère administratif est le destinataire exclusif du produit des deux redevances qui alimentent le Fonds national du livre. Les autres ressources du budget du CNL proviennent de la subvention de fonctionnement de l’Etat, d’autres subventions accordées par le biais de conventions sur des opérations particulières, et des remboursements des avances consenties aux éditeurs. Le Fonds national du livre contribue à hauteur d’environ 80% au budget du Centre national du livre.

Le CNL est chargé d’utiliser le fonds au service des missions suivantes :

– soutenir et encourager l’activité littéraire des écrivains français par des bourses ;

– favoriser par des subventions ou des avances de fonds l’édition ou la réédition par les entreprises françaises d’œuvres littéraires dont il importe d’assurer la publication ;

– concourir à la diffusion, sous toutes ses formes, des œuvres littéraires ;

– contribuer au maintien et à la qualité des réseaux de diffusion du livre ;

– favoriser la traduction d’œuvres étrangères en français et d’œuvres françaises en langue étrangère ;

– intensifier les échanges littéraires et concourir à toutes actions pour la promotion de la lecture et du livre susceptibles de contribuer à la diffusion et au rayonnement du livre français ;

– favoriser les commandes par les bibliothèques, les établissements culturels et les librairies, en France et à l’étranger, des ouvrages de langue française dont la diffusion présente un intérêt culturel, scientifique, technique ou touchant à la francophonie.

De fait, le compte d’affectation spéciale n° 902-16 constitue un mécanisme complexe, même s’il garantit l’affectation au CNL des deux redevances. Ainsi, dans un souci de simplification et de diminution du nombre des comptes d’affectation spéciale, l’article 44 du présent projet propose la suppression du compte.

Afin de maintenir et de garantir les recettes du CNL, il est donc proposé par le présent article d’affecter directement les deux redevances à cet établissement public à caractère administratif (). Le présent article propose cette affectation conformément à l’article 18 de l’ordonnance n° 59-2 du 2 janvier 1959 portant loi organique relative aux lois de finances.

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La Commission a adopté un amendement rédactionnel présenté par votre Rapporteur général (amendement n° I-65), puis elle a adopté l’article 30 ainsi modifié.

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Article 31

Institution du prélèvement de solidarité pour l’eau et modifications du compte d’affectation spéciale n° 902-00.

Texte du projet de loi :

I. L’intitulé du compte d’affectation spéciale n° 902-00 " Fonds national de développement des adductions d’eau ", créé par le décret n° 54-982 du 1er octobre 1954, devient " Fonds national de l’eau ".

Ce compte comporte deux sections :

La première section, dénommée " Fonds national de développement des adductions d’eau ", retrace les opérations relatives au financement des adductions d’eau conformément aux dispositions des articles L. 2335-9 et L. 2335-10 du code général des collectivités territoriales. Le ministre chargé de l’agriculture est l’ordonnateur principal de cette section.

La deuxième section, dénommée " Fonds national de solidarité pour l’eau ", concerne les opérations relatives aux actions de solidarité pour l’eau. Le ministre chargé de l’environnement est l’ordonnateur principal de cette section. Il est assisté par un comité consultatif dont la composition est fixée par décret.

La deuxième section retrace :

En recettes :

- le produit du prélèvement de solidarité pour l’eau versé à l’État par les agences financières de bassin dont le montant est déterminé chaque année en loi de finances ;

- les recettes diverses ou accidentelles.

En dépenses :

- les investissements relatifs à la restauration des rivières et des zones d’expansion des crues, à la réduction des pollutions diffuses, à l’assainissement outre-mer, à l’équipement pour l’acquisition de données ;

- les subventions d’investissement relatives à la restauration des rivières et des zones d’expansion des crues, à la réduction des pollutions diffuses, à l’assainissement outre-mer, à la restauration de milieux dégradés, aux économies d’eau dans l’habitat collectif social, à la protection et à la restauration des zones humides ;

- les dépenses d’études relatives aux données sur l’eau, les frais de fonctionnement des instances de concertation relatives à la politique de l’eau, les actions de coopération internationale ;

- les subventions de fonctionnement au Conseil supérieur de la pêche ainsi qu’aux établissements publics, associations et organismes techniques compétents pour leurs interventions au titre de la politique de l’eau ;

- les interventions relatives aux actions d’intérêt commun aux bassins et aux données sur l’eau ;

- les restitutions de sommes indûment perçues ;

- les dépenses diverses ou accidentelles.

II. Il est institué à partir du 1er janvier 2000 un prélèvement de solidarité pour l’eau versé à l’État par les agences financières de bassin, dont le montant est déterminé chaque année en loi de finances.

Le prélèvement est versé au comptable du Trésor du lieu du siège de chaque agence financière de bassin, sous la forme d’un versement unique intervenant avant le 15 février de chaque année.

Ce prélèvement est recouvré selon les modalités s’appliquant aux créances de l’État étrangères à l’impôt, au domaine, aux amendes et autres condamnations pécuniaires.

Le montant du prélèvement de solidarité pour l’eau est inscrit comme dépense obligatoire dans le budget primitif des agences financières de bassin.

Pour 2000, le montant de ce prélèvement est fixé comme suit :

Agence de bassin Adour - Garonne

46,0 millions F

Agence de bassin Artois - Picardie

38,3 millions F

Agence de bassin Loire - Bretagne

79,7 millions F

Agence de bassin Rhin - Meuse

42,3 millions F

Agence de bassin Rhône - Méditerranée - Corse

115,2 millions F

Agence de bassin Seine - Normandie

178,5 millions F

III. A l’article L. 2335-9 du code général des collectivités territoriales, les mots " compte d’affectation spéciale ouvert dans les écritures du Trésor sous le titre de " sont supprimés.

Exposé des motifs du projet de loi :

Dans le cadre du renforcement des dispositifs de solidarité nationale dans le domaine de l’eau, il est proposé de modifier le compte spécial du trésor n° 902-00 " Fonds national de développement des adductions d’eau " en un compte composé de deux sections, intitulé " Fonds national de l’eau ".

La première section est intitulée " Fonds national de développement des adductions d’eau " ; elle reprend toutes les caractéristiques du FNDAE en recettes comme en dépenses ; elle demeure rattachée au budget du ministère de l’agriculture et de la pêche.

La seconde section intitulée " Fonds national de solidarité pour l’eau " est rattachée au budget du ministère de l’aménagement du territoire et de l’environnement. Ses recettes sont alimentées par un prélèvement nouveau sur les agences financières de bassin.

Ce prélèvement est réparti pour deux tiers en fonction de la part de chaque bassin dans le montant total des redevances autorisées pendant la durée du programme pluriannuel d’intervention et pour un tiers en fonction de la part de chaque bassin dans la population recensée en métropole.

Les recettes attendues sont de 500 MF. Celles-ci se substituent notamment à deux fonds de concours versés par les agences financières de bassin au budget de ministère de l’aménagement du territoire et de l’environnement, pour 250 MF, et sont compatibles avec les conditions d’achèvement financier du VIIe programme d’intervention des agences (période 1997-2001).

Ces recettes ont vocation à assurer un meilleur équilibre entre les moyens des six bassins, à financer des actions d’intérêt commun aux bassins, de solidarité nationale dans le secteur de l’eau et de connaissance de l’eau, de la pêche et des milieux aquatiques ainsi que le fonctionnement d’instances de concertation relatives à la politique de l’eau.

Observations et décision de la Commission :

Le présent article vise à instaurer un Fonds national de solidarité pour l’eau (FNSE), destiné, sous la tutelle du ministère de l’aménagement du territoire et de l’environnement, à renforcer les moyens de l’Etat dans le domaine de la politique de l’eau et à mener des actions de péréquation inter-bassins.

Le FNSE sera financé par le biais d’un prélèvement de 500 millions de francs sur les ressources des agences de l’eau. Il sera créé sous la forme d’une seconde section au compte spécial n° 900-02, désormais dénommé " Fonds national de l’eau ", la première section étant consacrée au Fonds national de solidarité pour l’eau (FNDAE), dont le ministère de l’agriculture et de la pêche conservera la tutelle. Précisons, à cet égard, que le FNDAE et le FNSE sont appelés à fonctionner de manière autonome.

I.- Une politique de l’eau institutionnellement déséquilibrée

La loi sur l’eau du 3 janvier 1992 a posé comme principe que " l’eau fait partie du patrimoine commun de la nation. Sa protection, sa mise en valeur et le développement de la ressource utilisable, dans le respect des équilibres naturels, sont d’intérêt général " ().

Or, force est de constater que l’Etat n’exerce qu’avec parcimonie cette fonction d’intérêt général.

A.- La faiblesse de l’échelon national

L’Etat n’exerce, en effet, qu’un rôle secondaire dans la mise en œuvre de la politique de l’eau.

1.- Des moyens limités

Les crédits consacrés, chaque année, par les départements ministériels à la politique de l’eau sont dérisoires au regard des sommes gérées au niveau local.

Selon les données recueillies, la dépense publique de l’Etat dans le domaine de la politique de l’eau s’élevait, en 1997, à 1,9 milliard de francs, contre plus de 75 milliards de francs pour les collectivités locales et plus de 10 milliards de francs pour les agences de l’eau.

 

DÉPENSES PUBLIQUES DANS LE DOMAINE DE L’EAU
1997

(en milliards de francs)

Collectivités locales

75,7

dont :

 

– Assainissement et épuration

46

– Mobilisation de la ressource

29,7

Agences de l’eau

10,4

Etat

1,9

dont :

 

– Budget général

0,9

– FNDAE

1

Total

88

Source : Documents budgétaires, annexes au projet de loi de finances pour 1999, " Agences de l’eau " et " Environnement : état récapitulatif de l’effort financier consenti … au titre de l’environnement. ".

2.- Des responsabilités dispersées

La politique de l’eau relève actuellement de huit ministères, dont les quatre principaux, en termes de crédits, sont :

– le ministère de l’agriculture et de la pêche (475 millions de francs) ;

– le ministère de l’équipement, des transports et du logement (307 millions de francs) ;

– le ministère de l’aménagement du territoire et de l’environnement (293 millions de francs) ;

– le ministère de l’emploi et de la solidarité (179 millions de francs).

   

CRÉDITS (a) CONSACRÉS À L’EAU PAR LES DÉPARTEMENTS MINISTÉRIELS

(en millions de francs)

Ministères

1997

1998

Agriculture et pêche (FNDAE inclus)

377,365

475,5

Aménagement du territoire et environnement

312,750

293,440

Economie, finances et industrie

11,0

9,5

Emploi et solidarité

184,068

179,461

Equipement, transports et logement

4,606

306,855

Jeunesse et sports

0,312

0,131

Outre-mer

24,354

0,530

Total ministères

914,455

1.265,417

(a) Dépenses ordinaires + crédits de paiement.

Source : Direction de l’eau du ministère de l’aménagement du territoire et de l’environnement.

a) Une responsabilité d’abord exercée par le ministère de l’agriculture et de la pêche

· Le ministère de l’agriculture et de la pêche a en charge l’enveloppe budgétaire la plus importante au sein des différents ministères en charge de la politique de l’eau.

Cette année, il devrait consacrer, en crédits d’investissements, plus de 150 millions de francs à l’hydraulique agricole et aux subventions aux compagnies d'aménagement régionales, dont l’essentiel de l’activité est consacré aux questions relatives à l’hydraulique, ainsi que 165 millions de francs au programme de maîtrise des pollutions d’origine agricole (PMPOA) destiné à la mise aux normes des bâtiments d’élevage.

· Il convient de rappeler que le ministère de l’agriculture et de la pêche est également le gestionnaire du Fonds national pour le développement des adductions d’eau (FNDAE).

Le FNDAE est un compte spécial du trésor, n° 902-00 créé en 1954, afin d’aider les communes rurales à mettre en place leurs services publics de l’eau. La compétence du FNDAE a été étendue, en 1979, à l’assainissement, puis, en 1997, et ce pour trois ans, à la lutte contre les pollutions d’origine agricole dans le cadre du PMPOA.

Les crédits votés en 1999 en faveur du FNDAE se montent, en crédits de paiement, à 985 millions de francs, dont grosso modo :

– 400 millions de francs consacrés aux travaux d’adduction ;

– 435 millions de francs aux investissements liés à l’assainissement ;

– et 150 millions de francs au PMPOA.

Les ressources du FNDAE sont de deux ordres. Elles proviennent, d’une part, pour 52%, du produit de la redevance sur les consommations d’eau distribuées dans toutes les communes urbaines et rurales bénéficiant d’une distribution publique d’eau potable. L’article 37 de la loi de finances pour 1996 a fixé le taux de base de cette redevance à 14 centimes par mètre cube à compter du 1er janvier 1996. Les ressources du FNDAE viennent, d’autre part, pour 48%, d’un prélèvement sur le produit du Pari mutuel urbain (PMU).

Il convient de souligner que le FNDAE est géré de manière déconcentrée : ses crédits sont répartis entre les départements selon une clé complexe, à charge pour ceux-ci de répartir ensuite les crédits entre les différentes communes rurales.

Les subventions octroyées par le FNDAE jouent un rôle fondamental dans le domaine de l’adduction et de l’assainissement de l’eau. Il finance, en effet, des travaux de premiers investissements et, bien qu’il ne complète les financements accordés par les départements et les agences de l’eau en matière d’adduction et d’assainissement dans le monde rural qu’à hauteur de 8%, il exerce, par ce biais, un effet de levier important.

b) Le rôle secondaire du ministère de l’aménagement du territoire et de l’environnement

S’agissant de la politique de l’eau, le ministère de l’aménagement du territoire et de l’environnement n’intervient, en 1999, qu’en " troisième position ", en termes de crédits ministériels, la deuxième position étant occupée par le ministère de l’équipement, des transports et du logement.

· En 1999, la dotation de la direction de l’eau s’est élevée à 265,5 millions de francs, dont 83 millions de francs pour les dépenses ordinaires et 182,5 millions de francs pour les dépenses en capital (crédits de paiement). Une dotation de 264 millions de francs est inscrite, en faveur de la direction de l’eau, dans le cadre du projet de loi de finances pour l’an 2000, dont 89,5 millions de francs en dépenses ordinaires et 174,5 millions de francs en dépenses en capital (crédits de paiement).

Sur les 265 millions de francs ouverts en loi de finances pour 1999, hors fonds de concours :

– 193 millions de francs concernent la mise en œuvre du plan décennal de prévention des risques liés aux crues et aux inondations ;

– 12,5 millions de francs et 2,7 millions de francs ont trait, respectivement, à la police de l’eau et à la police de la pêche ;

– 51,5 millions de francs portent sur les réseaux de mesures et banques de données.

· Il convient de souligner que les crédits du ministère de l’aménagement du territoire et de l’environnement ont été complétés, en 1999, par deux fonds de concours, prélevés sur les ressources des agences de l’eau, souvent encore dénommées " agences de bassin ".

L’article 14 de la loi n° 64-1245, du 16 décembre 1964, relative au régime et à la répartition des eaux et à la lutte contre leur pollution () prévoit, en effet, en son troisième alinéa, que " l’agence contribue, notamment par voie de fonds de concours au budget de l’Etat, à l’exécution d’études, de recherches et d’ouvrages d’intérêt commun aux bassins et à la couverture de ses dépenses de fonctionnement ".

Ces fonds de concours sont, théoriquement, volontaires, puisqu’ils reposent sur un vote du conseil d’administration de l’agence de l’eau.

Sur la base de l’article 14 de la loi n° 64-1245 précitée, les agences de l’eau ont été amenées à verser, en 1997, un premier fonds de concours de 110 millions de francs affecté à la restauration des rivières et des zones de crue. Abondant les crédits de l’Etat octroyés dans le cadre des plans décennaux, de 1994, relatifs à la Loire et à la prévention des risques naturels d’inondation, ce fonds de concours a permis une intervention publique accrue en faveur des bassins du sud et de l’ouest de la France, où les risques d’inondation sont les plus importants.

Un deuxième fonds de concours a été institué, en 1999, afin de :

– renforcer les moyens de l’Etat dans le domaine de la police de l’eau (50 millions de francs) ;

– contribuer aux moyens techniques de la police de la pêche, exercée par le Conseil supérieur de la pêche (50 millions de francs) ;

– améliorer les banques de données et les réseaux de mesure (40 millions de francs).

Au total, en 1999, 250 millions de francs abondent le budget du ministère de l’aménagement du territoire et de l’environnement.

La faiblesse de l’échelon national de la politique de l’eau n’est pas, en elle-même, critiquable. Mais, elle engendre des effets pervers, auquel il conviendrait de remédier. Parmi ceux-ci il convient de citer :

– la faiblesse des moyens dévolus au ministère de l’aménagement du territoire et de l’environnement débouche sur une mise en œuvre insuffisante des missions régaliennes de l’Etat. Cette lacune est particulièrement criante dans certains domaines, comme celui des réseaux de mesure. La France souffre, en la matière, de graves retards.

– les mécanismes de péréquation au niveau national demeurent limités.

Seul le FNDAE a, en effet, été conçu comme un outil national de solidarité, au service d’une mission de péréquation. Mais, celui-ci est un dispositif à la portée financière assez réduite et destiné exclusivement au monde rural.

Il résulte de cette situation de fortes disparités entre les régions, qu’il s’agisse des moyens financiers mis en œuvre ou des résultats obtenus dans la lutte contre les pollutions.

Les prérogatives dévolues aux collectivités et institutions locales ne permettent de remédier que partiellement à ces lacunes.

B.– Une décentralisation poussée

L’échelon local joue un rôle essentiel dans la politique de l’eau, celle-ci ayant fait l’objet d’une décentralisation précoce et de grande ampleur. Ce rôle est exercé d’une part, par les collectivités locales et, d’autre part, par les agences de l’eau.

1.– Le rôle joué par les collectivités locales

Les collectivités locales assurent environ 85% de la dépense publique dans le domaine de l’eau.

· Les communes exercent une compétence générale dans le domaine de la politique de l’eau.

Elles ont la responsabilité de l’adduction de l’eau, à laquelle s’est ajoutée celle de l’assainissement, la loi n° 92-3 précitée sur l’eau leur attribuant la responsabilité de l’assainissement sur leur territoire. Les communes ont su mener à bien cette mission : la France bénéficie désormais d’un réseau d’eau potable particulièrement performant.

Il convient, à cet égard, de souligner que la politique de l’eau communale n’est pas financée par le contribuable local, mais par le consommateur : la séparation comptable existant entre budgets locaux et budgets des services de l’eau impose, en effet, de financer les travaux d’adduction et d’assainissement sur le produit de la vente d’eau.

Il résulte de ce mode de financement de très grandes disparités dans le prix de l’eau payé par le consommateur. Mais ces inégalités tarifaires semblent inévitables dans un système où il n’existe pas de mécanisme de péréquation.

· Indiquons que les départements contribuent également à la politique de l’eau, par le biais de cofinancements.

Ces cofinancements relèvent, cependant, du libre arbitre des départements et peuvent être extrêmement variables. Ils sont généralement destinés à des investissements nouveaux, dans le domaine de l’adduction et de l’assainissement.

Le rôle des collectivités locales est renforcé par les programmes d’intervention des agences de l’eau.

2.– Les prérogatives dévolues aux agences de l’eau

Les agences de l’eau sont actuellement le vecteur de la politique française en matière de gestion de l’eau et de lutte contre les pollutions.

· Les agences de l’eau ont été instituées par la loi n° 64-1245 du 16 décembre 1964 relative au régime et à la répartition des eaux et à la lutte conte la pollution ().

Leur création représente une innovation majeure à double titre : ces agences de l’eau sont, en effet, d’une part, dotées de la personnalité morale et, d’autre part, inscrivent leur action dans des circonscriptions, les bassins, ne correspondant pas aux circonscriptions administratives.

Les " agences financières de bassin " () sont, en effet, des établissements publics administratifs, dotés de la personnalité civile et de l’autonomie financière, chargée, sous la tutelle de l’Etat, de " faciliter les diverses actions d’intérêt commun au bassin et au groupe de bassins " (article 14 de la loi précitée n° 64-1245).

– Dotées de l’autonomie financière, les agences de l’eau déterminent leur budget, et notamment leurs ressources. Or, celles-ci reposent sur un dispositif particulièrement original de redevances.

Les agences de l’eau perçoivent, en effet, deux types de redevances :

. une redevance " pollution ", assise sur la pollution émise par chaque pollueur. Pour la pollution domestique et la pollution industrielle collectée dans les réseaux d’eaux usées domestiques, les redevances sont calculées à partir d’une estimation des quantités de polluants émises par habitant ;

. une redevance " prélèvement ", assise pour chaque utilisateur sur la quantité d’eau qu’il prélève et qu’il consomme, et qui apparaît davantage comme la contrepartie d’un service rendu.

Sont actuellement soumis aux redevances, d’une part, les établissements industriels ayant leurs propres dispositifs de rejet et, d’autre part, les ménages, ainsi que les établissements industriels dont les rejets sont collectés dans les réseaux d’eaux usées domestiques. Les agriculteurs bénéficient, en revanche, d’un régime particulier, en contradiction avec le principe pollueur-payeur.

Précisons également que les agences de l’eau bénéficient également de deux autres sources de revenus : les revenus de placement de leurs réserves en trésorerie et les remboursements de prêts et avances.

– Le système des redevances a permis de dégager, en faveur de la politique de l’eau, des moyens de plus en plus substantiels : le montant des redevances appelées est ainsi passé de 14,3 milliards de francs sur la période 1977-1981 à 50,9 milliards de francs sur la période 1997-2001, ce qui correspond à 10,18 milliards de francs par an. Ce montant représente plus de 0,1% de la richesse nationale. A titre de comparaison, on rappellera que le budget 1999 du ministère de l’aménagement du territoire et de l’environnement s’élève, après budgétisation de l’ADEME, à moins de 4 milliards de francs.

         

EVOLUTION DES REDEVANCES, DES TRAVAUX AIDÉS
ET DES AIDES DES AGENCES DE L’EAU

(en milliards de francs)

 

IIIe
programme
(1977-1981)

IVe
programme
(1982-1986)

Ve
programme
(1987-1991)

VIe
programme
(1992-1996)

VIIe
programme
(1997-2001)

Redevances

14,3

14,6

21,1

40,1

50,9

Aides

14,3

16,3

22,3

40,7

57,0

Travaux aidés

35,8

35,8

52,2

93,6

105,0

Source : Rapport du Commissariat général du Plan sur l’" évaluation du dispositif des agences de l’eau ", page 40.

– Les agences de l’eau inscrivent leur action dans une perspective quinquennale. A cette fin, des programmes quinquennaux d’intervention sont définis. Est actuellement en cours le VIIe programme d’intervention, lequel couvre la période 1997-2001. Le VIIIe programme d’intervention, prévu pour la période 2002-2006, devrait être défini en 2001.

Les programmes d’intervention portent essentiellement sur :

. l’adduction d’eau potable ;

. la dépollution de l’eau en milieu urbain et dans les zones industrielles par les stations d’épuration et d’assainissement ;

. la lutte contre les pollutions d’origine agricole (essentiellement dans le bassin de Loire-Bretagne) ;

. la connaissance du milieu naturel.

Ces programmes sont mis en œuvre dans des bassins. Il en existe actuellement six, qui sont, par ordre d’importance financière, ceux de Seine-Normandie, Rhône-Méditerranée-Corse, Rhin-Meuse, Loire-Bretagne, Adour-Garonne et Artois-Picardie.

Précisons qu’il existe, au niveau de chaque bassin, un " comité de bassin ", introduit par l’article 13 de la loi n° 64-1245 précitée, composé de représentants de l’Etat, des collectivités locales et des usagers. Ce comité est chargé de donner un avis conforme sur le taux des redevances retenu et de se prononcer sur les orientations à long terme de la politique de l’eau.

· Le système des agences de l’eau a souvent été présenté comme une réussite exemplaire.

Il est vrai que ce mécanisme a permis de développer des investissements croissants dans le domaine de l’eau, tout en reposant sur des prélèvements relativement bien acceptés par les assujettis, sans doute parce que ces prélèvements étaient associés aux décisions adoptées.

Toutefois, des critiques ont récemment été émises sur le fonctionnement des agences de l’eau (). Sans revenir ici sur l’ensemble des critiques émises, il convient, toutefois, de souligner trois " dérives " :

– Le mécanisme des agences de l’eau permet de mutualiser les coûts de la politique de l’eau par bassin, mais non de mener des actions de péréquation inter-bassins.

Certes, des actions de péréquation sont désormais mises en œuvre, depuis la création, en 1997, d’un premier fonds de concours destiné à la restauration des rivières et des zones de crue. Mais, les moyens ainsi affectés (110 millions de francs) demeurent relativement limités et ne concernent qu’un seul type d’action. Il est vrai que les actions de péréquation inter-bassins ne relèvent pas des objectifs premiers impartis aux agences de l’eau.

– Les agences de l’eau contribuent peu aux missions régaliennes de l’Etat, dont elles tirent pourtant profit.

La création d’un second fonds de concours en 1999, à hauteur de 140 millions de francs, a permis de remédier à cette lacune, mais là encore les moyens restent limités.

ù Indiquons, enfin, que les agences de l’eau se sont révélées peu efficaces dans le domaine de la lutte contre les pollutions d’origine agricole.

Cette lacune explique sans doute l’aggravation constante de la pollution de l’eau, à laquelle on assiste actuellement. Les engrais agricoles et les produits de traitement des cultures sont en grande partie responsables de cet échec. Des investissements considérables ont, en effet, été réalisés pour réduire les pollutions industrielles et domestiques, mais la lutte contre les pollutions diffuses reste embryonnaire. La lutte contre les pollutions d’origine agricole devrait donc constituer le défi majeur de la politique de l’eau au cours du prochain siècle.

II.- Un dispositif législatif atypique

A.- Une formule originale de compte spécial du Trésor

Le I du présent article propose la transformation du compte spécial du Trésor relatif au FNDAE en un nouveau compte spécial du Trésor, intitulé " Fonds national de l’eau ", comprenant, d’une part, en une première section, les crédits ouverts au titre du FNDAE, dont le ministère de l’agriculture et de la pêche conserverait la tutelle, et, d’autre part, en une seconde section, les crédits ouverts au titre d’un " Fonds national de solidarité pour l’eau " (FNSE) regroupant les actions de solidarité pour l’eau menées par le ministère de l’aménagement du territoire et de l’environnement.

· Notons, tout d’abord, que l’ensemble des dispositions prévues au titre du I du présent article relèveraient, en bonne logique juridique, non pas de la première partie du projet de loi de finances, mais de sa seconde partie.

On rappellera que l’article 23 de l’ordonnance organique classe dans le " domaine exclusif " des lois de finances l’ouverture d’un compte spécial du Trésor. Les dispositions relatives à la création, la clôture ou la modification d’un compte spécial du Trésor figurent traditionnellement dans la seconde partie de la loi de finances.

Il convient, cependant, de relever que le I du présent article permet d’expliciter l’utilisation qui sera faite du prélèvement de 500 millions de francs opéré sur les agences de l’eau. Ces dispositions présentent donc un intérêt certains aux yeux des parlementaires soucieux, au delà du vote de crédits, de contrôler l’usage des deniers publics.

· Votre Rapporteur général s’interroge sur la pertinence d’une mesure destinée à créer un nouveau compte spécial du Trésor composé de deux sections, placées sous la tutelle de deux ministères distincts.

Le nouveau compte spécial du Trésor regroupera, en effet, deux sections, dont la tutelle relèvera chacune de deux ministères différents. Il s’agit donc d’une " création " originale, puisqu’actuellement chaque compte spécial du Trésor ne relève d’une unique tutelle.

Par ailleurs, le nouveau compte spécial du Trésor regroupera, s’il est adopté en l’état, deux fonds dont la logique et les mécanismes sont profondément différents.

Le FNDAE sert, en effet, un objectif de péréquation au profit des communes rurales dans les domaines de l’assainissement et de l’adduction d’eau. Le FNSE vise, en revanche, à renforcer l’échelon national de la politique de l’eau, ainsi que les dispositifs de solidarité interbassins.

· Toutefois, on relèvera que la création d’un unique compte spécial du Trésor, regroupant le FNDAE et le FNSE, permet de concrétiser le projet politique du Gouvernement de mener, dans le domaine de la politique de l’eau, une politique cohérente et volontariste.

B.- L’option du statu quo pour le FNDAE

Le troisième alinéa du I du présent article précise que le nouveau compte spécial du Trésor retrace, en une première section, les " opérations relatives au financement des adductions d’eau conformément aux dispositions des articles L. 2335-9 et L. 2335-10 du code des collectivités territoriales. Le ministère chargé de l’agriculture est l’ordonnateur principal de cette section ".

Les articles L. 2335-9 et L. 2335-10 codifiant l’objet et les ressources de l’article du FNDAE, la réforme envisagée semble exclure une modification de la nature des interventions du FNDAE. Par ailleurs, il est indiqué que le ministère de l’agriculture et de la pêche continuerait d’exercer la tutelle du FNDAE.

Toutefois, la rédaction du troisième alinéa du I soulève deux difficultés.

· En l’état actuel de sa rédaction, il semble que la possibilité d’un prélèvement opéré sur les recettes du FNDAE au bénéfice du FNSE, ou l’inverse, ne soient pas totalement exclue.

Certes, les recettes du FNSE excluent explicitement tout prélèvement sur les fonds gérés par le FNDAE.

Mais, il conviendrait sans doute de préciser que le FNDAE et le FNSE sont gérés par deux comités de gestion distincts, de manière à éviter tout mouvement de crédits entre les deux fonds.

· Par ailleurs, la création d’un unique compte spécial du Trésor regroupant le FNDAE et le FNSE pourrait être perçu comme un premier pas en direction d’une unification des tutelles exercées, et ce, bien que la rédaction du troisième alinéa du I exclue clairement cette éventualité.

Rappelons, à cet égard, que le ministère de l’aménagement du territoire et de l’environnement souhaite, depuis de nombreuses années, exercer la tutelle du FNDAE. A l’occasion des réflexions sur la création d’une taxe générale sur les activités polluantes (TGAP) sur l’eau, menées en 1998 et 1999, l’idée a ainsi clairement été émise d’un transfert au ministère de l’aménagement du territoire et de l’environnement de la tutelle du FNDAE.

Votre Rapporteur général rappellera, à cet égard, que le FNDAE, géré par le ministère de l’agriculture et de la pêche, fonctionne de manière très satisfaisante.

Un comité de gestion regroupe, au niveau national, les différentes administrations concernées. Au niveau local, la direction départementale de l’agriculture et de la forêt (DDAF) est compétente pour exercer la gestion du FNDAE. Dans l’hypothèse d’un changement de tutelle, la DDAF conserverait cette attribution, exercée désormais au nom du ministère de l’aménagement du territoire et de l’environnement, puisque celui-ci ne dispose, au niveau départemental, d’aucune administration déconcentrée. Un transfert de tutelle ne déboucherait donc que sur une complexité accrue des mécanismes de gestion du FNDAE. Elle doit donc être totalement exclue.

C.- Un fonds national de solidarité pour l’eau ambitieux

Le quatrième alinéa du I du présent article précise que la seconde section du Fonds national de l’eau, dénommée FNSE, concerne " les opérations relatives aux actions de solidarité pour l’eau ". La tutelle de ce fonds est confiée au ministère de l’aménagement du territoire et de l’environnement, lequel sera assisté d’un comité de gestion, dont la composition sera fixée par décret.

· La création du FSNE vise à développer l’échelon national de la politique de l’eau, afin de renforcer, d’une part, les interventions menées au titre de la mission régalienne de l’Etat et, d’autre part, les mécanismes de péréquation interbassins.

Le FSNE se substituera aux deux fonds de concours rattachés au budget de l’Etat, précédemment évoqués. A ce titre, compte tenu des critiques récurrentes dont font l’objet les fonds de concours, la création du FNSE mérite d’être saluée.

– Rappelons, en effet, que les fonds de concours échappent à la compétence du Parlement. Leur création n’a pas à être approuvé par ce dernier. Ils font, par ailleurs, l’objet d’une publicité limitée, seule une annexe " jaune " au projet de loi de finances en présentant une évaluation.

En revanche, il convient d’indiquer que la création d’un compte spécial du Trésor relève de la compétence du législateur, dans le cadre de l’examen du projet de loi de finances. Celui-ci doit, chaque année, approuver leurs prévisions de recettes et leurs crédits budgétaires. La substitution d’un compte spécial du Trésor aux fonds de concours devrait donc permettre au Parlement d’exercer pleinement ses attributions.

– Le recours à une procédure telle que les fonds de concours était, par ailleurs, discutable au regard des dispositions de l’article 19, deuxième alinéa, de l’ordonnance organique du 2 janvier 1959 relative aux lois de finances.

Celui-ci prévoit, en effet, que " les fonds versés par des personnes morales ou physiques pour concourir avec ceux de l’Etat à des dépenses d’intérêt public, ainsi que les produits de legs et donations attribués à l’Etat ou à diverses administrations publiques, sont directement portés en recettes au budget. Un crédit supplémentaire de même montant est ouvert par arrêté du ministre des finances au ministre intéressé. L’emploi des fonds doit être conforme à l’intention de la partie versante ou du donateur. Des décrets pris sur le rapport du ministre des finances peuvent assimiler le produit de certaines recettes de caractère non fiscal à des fonds de concours pour dépenses d’intérêt public ".

Or, il convient de rappeler, à cet égard, que les redevances perçues par les agences de l’eau constituent des " impositions de toutes natures ", comme l’a relevé le Conseil constitutionnel dans une décision de 1982 (). Le recours à la procédure des fonds de concours peut, dès lors, apparaître peu conforme à notre ordonnancement juridique, compte tenu de la prohibition, sous-jacente aux dispositions de l’article 19 précité, de l’assimilation de certaines recettes fiscales à des fonds de concours. C’est au Parlement, en vertu du principe général de consentement à l’impôt, et non aux agences de l’eau, de décider de la réaffectation partielle d’une recette fiscale. La création d’un compte spécial du Trésor devrait donc permettre, là encore, au Parlement d’exercer pleinement ses compétences dans le processus d’affectation d’une recette fiscale.

– De manière plus concrète, il semble également que le recours à la procédure du fonds de concours n’ait pas été sans susciter certaines difficultés au niveau du ministère de l’aménagement du territoire et de l’environnement.

La pérennité de ce dispositif n’était, en effet, nullement garantie, dès lors que la création, chaque année, des fonds de concours devait recueillir l’assentiment des conseils d’administrations des agences de l’eau.

Par ailleurs, le rattachement extrêmement tardif des crédits rattachés par voie de fonds de concours suscitait des difficultés de gestion.

· Des voix se sont exprimées pour s’interroger sur l’opportunité de cette réforme.

Rappelons, en effet, que le Parlement sera amené à débattre en 2001 de deux projets de loi relatifs, d’une part, à une réforme du mécanisme des redevances et, d’autre part, au contenu et au montant du huitième programme d’interventions des agences de l’eau pour la période 2002-2006. Autrement dit, l’année 2001 devrait se traduire par une réforme du système des agences de l’eau et des redevances, menée parallèlement avec une nouvelle programmation quinquennale de leurs activités.

On peut donc légitimement s’interroger sur le point de savoir si la création du FNSE ne représente pas une anticipation un peu rapide de la réforme générale de 2001. En tout état de cause, le Parlement devra veiller à ce que le prélèvement géré au bénéfice du FNSE soit, à l’avenir, compatible avec les engagements souscrits, en 2001, par les agences de l’eau et les obligations qui leur seront imposées.

· Notons, enfin, que le choix d’un compte spécial du Trésor représente, cependant, une " solution intermédiaire " entre, d’une part, le recours aux fonds de concours et, d’autre part, l’introduction d’un prélèvement affecté au budget de l’Etat et redistribué sous forme de subventions.

Cette dernière voie a, cependant, fait l’objet de réflexions de la part du ministère de l’aménagement du territoire et de l’environnement, à la suite de l’introduction, dans la loi de finances pour 1999, d’une taxe générale sur les activités polluantes (TGAP).

Rappelons que celle-ci résulte du transfert, en faveur du budget de l’Etat, de cinq taxes préexistantes, antérieurement affectées à l’Agence de l’environnement et de maîtrise de l’énergie (ADEME).

Le rapport (n° 1807) présenté, au nom de la Commission des finances de notre assemblée, par M. Yves Tavernier sur " La taxe générale sur les activités polluantes et la politique de l’eau " présente une synthèse des discussions menées sur ce point.

Comme l’indique M. Yves Tavernier, " la coïncidence de perspectives de réforme de la politique de l’eau et de la première application du concept de TGAP a conduit naturellement l’ensemble des parties à envisager une extension de la TGAP au secteur de l’eau dans des conditions identiques à celles de la mise en place de cette taxe : à enveloppe de prélèvement constante, l’ensemble des redevances des agences seraient absorbées par la TGAP et affectées au budget général de l’Etat, qui financerait directement, en contrepartie, les agences de l’eau. Une telle hypothèse a suscité une réaction immédiate et virulente des organismes de bassin. […]

Le ministère de l’environnement a donc été amené à présenter, au cours de l’hiver et du printemps 1998-1999, un schéma plus nuancé, mais fort complexe, car prenant en compte deux objectifs différents : l’établissement de prélèvements dissuasifs sur des activités, comportements ou produits responsables de dégradations de l’eau, et jusque là non pénalisées à ce titre ; la réforme des circuits de financement de la politique de l’eau, afin d’en renforcer les moyens nationaux.

En ce qui concerne les nouveaux prélèvements envisageables, ont été évoqués dans ce cadre :

– les activités et aménagements ayant une incidence sur le régime d’écoulement des eaux ; […]

– certaines pollutions domestiques ou industrielles non pénalisées, ou insuffisamment, par le système actuel des redevances des agences ; […]

– les pollutions agricoles liées aux nitrates et aux produits phytosanitaires.

Les choix d’affectation envisagés pour ces différents prélèvements répondaient à plusieurs objectifs parfois contradictoires : renforcer les moyens nationaux de la politique de l’eau ; maintenir globalement l’enveloppe existante des moyens de cette politique (agences + échelon national) ; respecter au moins partiellement la logique de non affectation présidant au concept de TGAP …

Cela conduisait à un dispositif plutôt complexe :

– les nouveaux prélèvements reposant sur des assiettes " voisines " de celles des actuelles redevances auraient constitué une " TGAP 1 " affectée à un compte spécial du Trésor destiné à financer des actions relevant de l’échelon national de la politique de l’eau ; […] Dans le même temps, les redevances des agences auraient été réduites à due concurrence, pour maintenir un niveau à peu près constant de prélèvements et de moyens liés à la politique de l’eau ; en outre, les agences auraient bénéficié de la redevance nouvelle sur les ouvrages hydrauliques pour leur incidence sur le régime des eaux ;

– les prélèvements liés aux pollutions agricoles, de fait étrangères, jusqu’à présent, au champ d’assujettissement des agences, auraient rejoint la TGAP créée par la loi de finances pour 1999 et affectée au budget général de l’Etat (" TGAP 2 ") dans le schéma ci-après. "

Outre les difficultés liées à la complexité du dispositif envisagé, celui-ci a échoué essentiellement pour des raisons politiques.

L’introduction d’un prélèvement voté par le Parlement et affecté directement au budget de l’Etat aurait, en effet, remis en cause les pouvoirs des comités de bassin de voter les redevances et aurait été vécu comme une atteinte à leur autonomie. Le mécanisme des agences de l’eau repose, en effet, sur la responsabilisation de ces institutions, laquelle suppose à son tour une large autonomie financière.

La création d’un compte spécial du Trésor apparaît, a contrario, aux agences de l’eau comme " un moindre mal ", tout en permettant au Parlement d’exercer ses compétences dans le domaine du consentement à l’impôt.

III.- Un fonds national de solidarité pour l’eau ambitieux

Le I du présent article, du cinquième au seizième alinéas, retrace les recettes et les dépenses affectées au FNSE.

Le septième alinéa du I précise que le FNSE bénéficiera du versement d’un prélèvement de solidarité pour l’eau versé, à l’Etat, par les agences de l’eau. Votre Rapporteur général reviendra sur cette mesure dans le cadre des dispositions relatives au montant de ce prélèvement.

Le I, du neuvième au seizième alinéa, présente les différentes interventions que le FNSE devra mener.

A.- Un programme diversifié

1.- Cinq volets d’action

Ces interventions sont, dans le cadre de l’article 31 du projet de loi de finances pour 2000 soumis à notre assemblée, définies de manière globale.

Elles peuvent, toutefois, être regroupées autour de cinq thèmes :

– la péréquation inter-bassins ;

– la solidarité nationale ;

– le renforcement de moyens de l’Etat au titre de sa mission régalienne ;

– les actions d’intérêt commun aux bassins ;

– le financement des instances de concertation.

Les crédits alloués à chaque volet de ce programme, ainsi que la définition des actions menées, devront faire l’objet d’une concertation entre les agences de l’eau et le ministère de l’aménagement du territoire et de l’environnement. Toutefois, ce dernier dispose d’ores et déjà d’un projet de ventilation, défini comme suit :

– 184 millions de francs financeraient les actions relevant de la péréquation inter-bassins ;

– 94,5 millions de francs seraient consacrés à la solidarité nationale dans le domaine de l’eau ;

– 167,8 millions de francs assureraient le renforcement des moyens de l’Etat au titre de sa mission régalienne ;

– 45,3 millions de francs seraient octroyés en faveur des actions d’intérêts communs aux bassins ;

– 8,4 millions de francs seraient destinés au financement des instances de concertation relatives à la politique de l’eau.

Les actions menées au titre de ces différents volets peuvent être soit des mesures d’ores et déjà financées par le biais des fonds de concours, soit des interventions actuellement menées par les agences de l’eau, soit des actions réellement nouvelles.

2.- Un programme précis

· Le programme élaboré au titre de la péréquation inter-bassins comprendrait trois types d’intervention, dont une seule, la restauration des rivières et des zones d’expansion des crues, a jusqu’à maintenant été menée.

– Les interventions en faveur de la restauration des rivières et des zones d’expansion des crues correspondent à celles d’ores et déjà menées au titre du premier fonds de concours de 110 millions de francs. Les crédits prévus sont identiques, les 110 millions de francs comprennent actuellement 20 millions de francs d’astreintes.

Ces interventions devraient concerner essentiellement trois agences : celles de Loire-Bretagne, de Rhône-Méditerranée-Corse et d’Adour-Garonne.

– Des actions en faveur de la réduction des pollutions diffuses seraient menées à hauteur de 70 millions de francs.

Le FSNE contribuerait ainsi, d’une part à la lutte contre les pollutions diffuses d’origine agricole, dans le cadre d’une participation financière au PMPOA, et, d’autre part, à la lutte contre la pollution de type phytosanitaire. Les parts respectives de ces deux types d’intervention restent, pour l’instant, indéterminées.

La contribution du FSNE au financement du PMPOA s’explique par l’acuité des problèmes suscités par les pollutions d’origine agricole, notamment dans les régions d’élevage, comme celle du bassin Loire-Bretagne. Or, ce chantier demeure pour l’instant largement inachevé, seules quelques actions volontaires et marginales ayant été menées.

En l’état des informations de votre Rapporteur général, la contribution du FSNE au financement des PMPOA serait encore conditionnelle, celui-ci faisant l’objet de vives critiques en raison de son coût.

En revanche, il semble plus que probable que le FSNE permette de lancer des actions de lutter contre les pollutions phytosanitaires. Cette question n’est, en effet, absolument pas abordée dans le cadre du PMPOA, alors que les risques, en termes de qualité de l’eau potalisable, sont réels.

– La production et la restauration des zones humides se traduirait par un effort budgétaire de 24 millions de francs.

Cette question concerne l’ensemble du territoire national. Les interventions envisagées viseraient, d’une part, à améliorer la connaissance des zones concernées et, d’autre part, à introduire des modes d’exploitation des sols compatibles avec le maintien de l’humidité.

· Les actions envisagées au titre de la solidarité nationale sont diverses :

– La recherche d’économies d’eau dans l’habitat collectif social, à hauteur de 20 millions de francs, vise à généraliser les compteurs d’eau dans les immeubles HLM. Ce programme concerne la France entière.

– La politique d’assainissement outre-mer représente un effort budgétaire important, estimé à 42,5 millions de francs.

Les DOM-TOM souffrent, en effet, de graves difficultés dans le domaine de l’assainissement de l’eau. Or, jusqu’à présent, les efforts du ministère de l’aménagement du territoire et de l’environnement sont restés relativement réduits : seuls 5,5 millions de francs, en crédits de paiement, ont été consacrés, dans le cadre de la loi de finances pour 1999, à cet objectif.

– Les interventions destinées à la restauration des milieux dégradés englobent, d’une part, une action en faveur du bassin minier de Lorraine, à hauteur de 20 millions de francs, et, d’autre part, des mesures de reconquête de la qualité de canaux du Nord-Pas-de-Calais, pour un montant de 12 millions de francs.

L’abandon progressif des mines de fer de Lorraine exige, en effet, que des actions de pompage soient menées à bien, afin de rétablir le réseau hydrographique de la région. Cette décision nécessite également, compte tenu du degré de sulfate de la nappe phréatique, de veiller à alimenter en eau potable les zones concernées.

Les canaux du Nord-Pas-de-Calais souffrent, quant à eux, des conséquences du rejet des déchets industriels : une vase, chargée en métaux lourds, s’y est progressivement accumulée, sans que les pouvoirs publics se soient réellement préoccupés, jusqu’à présent, des risques d’enlisement des canaux et du retraitement de la vase.

A terme, les actions en faveur de la restauration des milieux dégradés pourraient concerner d’autres domaines, comme ceux des mines de potasse d’Alsace ou des bassins houillers du Nord.

Les mines de potasse alsaciennes devront, en effet, cesser leur activité d’ici deux à trois ans, générant ainsi, indirectement des risques d’inondation, en raison de l’effondrement des sols et de l’arrêt du pompage de l’eau dans les galeries. Les bassins houillers du Nord devraient également connaître des problèmes d’affaissement du sol, avec également comme conséquences des risques d’inondation.

· Le renforcement des moyens nationaux de la politique de l’eau reprend à son compte, en les amplifiant, des actions d’ores et déjà financées par le deuxième fonds de concours prélevé sur les recettes des agences de l’eau.

– Une dotation de 50 millions de francs est ainsi prévue au titre de la subvention de fonctionnement octroyée au Conseil supérieur de la pêche, en charge de l’exercice de la police de la pêche. Ce montant correspond très exactement aux dotations octroyées par le biais du deuxième fonds de concours.

– En revanche, les moyens dévolus aux réseaux de mesures et de contrôle de l’eau sont considérablement accrus, les crédits prévus s’élevant à 117,8 millions de francs.

Le ministère de l’aménagement du territoire et de l’environnement considère, en effet, qu’une connaissance accrue du milieu constitue un objectif prioritaire, notamment en ce qui concerne les réseaux de mesure des eaux souterraines et de la qualité de l’eau.

A cette fin, les dotations octroyées à divers établissements publics, associations ou organismes techniques compétents au titre de la politique de l’eau devront être sensiblement accrues. Précisons que ces dotations étaient jusqu’à présent à la charge du budget de l’Etat.

· Les actions d’intérêt commun aux bassins concernent, d’une part, des actions inter-agences et, d’autre part, la mission inter-agences et l’inspection inter-agences.

– S’agissant des études et des opérations de communication dans le domaine de l’eau, les agences de l’eau mettent, en effet, en commun leurs moyens. Ces opérations sont donc cofinancées par chaque agence de l’eau, à charge pour l’une d’entre elles, en général la plus impliquée par le sujet, d’en assurer l’exécution.

Le financement de ces actions est actuellement réparti proportionnellement au budget de chaque agence. Indiquons que cette disposition conduit donc l’agence de Seine-Normandie à supporter une part prépondérante de la charge de ce programme d’actions.

Actuellement pris en charge, dans son intégralité, par les agences de l’eau, le financement des actions inter-bassins serait désormais intégré dans le budget du FSNE, à hauteur de 40,3 millions de francs. Il ne s’agira donc pas d’une charge nouvelle imposée aux agences de l’eau.

– Les missions et inspections inter-agences, dont le budget est prévu sur une ligne commune à hauteur de 5 millions de francs, relèvent de deux problématiques distinctes.

La mission inter-agences regroupe les quelques vingt-cinq personnes mises à la disposition, par les agences de l’eau, de la direction de l’eau du ministère de l’aménagement du territoire et de l’environnement, afin de coordonner les actions inter-bassins. Ces salariés actuellement directement pris en charge par les agences de l’eau, seraient " budgétisés ".

L’inspection inter-agences est une structure en voie de création, destinée à permettre le contrôle des établissements publics intervenant dans le domaine de la politique de l’eau.

Certes, le ministère de l’aménagement du territoire et de l’environnement dispose d’une mission d’inspection, mais celle-ci ne couvre pas l’activité des établissements publics. Or, si l’Etat exerce, de manière effective, sa tutelle sur les agences de l’eau, il contrôle mal, en revanche, l’usage réel des deniers publics, une fois le budget de chaque agence voté. La création d’une telle inspection vise donc à remédier à cette lacune.

· Le financement des instances de concertation relatives à la politique de l’eau reste relativement restreint : 8,4 millions de francs devraient y être consacrés.

– Ces instances de concertation comprennent, d’une part, un comité national de l’eau, créé en 1964, et, d’autre part, une mission interministérielle de l’eau. Le premier est une instance consultative nationale sur l’eau pour tout projet de texte, national ou communautaire, relatif à ce sujet. La seconde réunit, dans le même but, les différentes directions ministérielles impliquées dans la politique de l’eau. Ces deux instances, peu coûteuses, sont actuellement financées sur le budget de l’Etat.

– Le ministère de l’aménagement du territoire et de l’environnement envisage également la création d’un Haut conseil du service public de l’eau et de l’assainissement, lequel serait financé par le biais du FSNE.

– Enfin, le FSNE prendrait en charge le coût de la participation française au réseau international des organismes de bassin, actuellement financé par ses adhérents.

Le programme d’interventions du FSNE est récapitulé ci-après :

     

PROJET D’AFFECTATION DES DÉPENSES DU FNSE EN 2000

(en millions de francs)

UTILISATION

DO

AP - CP

Total

LA PÉRÉQUATION INTER-BASSINS

 

 

 

1- Restauration des rivières et des zones d’expansion des crues

 

90

90

2 - Réduction des pollutions diffuses

 

70

70

3 - Restauration des zones humides

4

20

24

Sous-total

4

180

184

LA SOLIDARITÉ NATIONALE DANS LE DOMAINE DE L’EAU

 

 

 

1 - Incitation aux économies d’eau dans l’habitat collectif social

 

20

20

2 - Assainissement dans les DOM-TOM

 

42,5

42,5

3 - Bassin minier de Lorraine

 

20

20

4 - Reconquête de la qualité des canaux pollués du Nord-Pas-de-Calais

 

12

12

Sous-total

 

94,5

94,5

LA CONNAISSANCE DE L’EAU, DE LA PÊCHE ET DES MILIEUX AQUATIQUES

 

 

 

1 - Données, mesures et contrôles de la pêche et des milieux aquatiques

50

 

50

2 - Données, mesures et contrôles en matière d’eau

100,3

17,5

117,8

Sous-total

150,3

17,5

167,8

LES ACTIONS D’INTÉRÊT COMMUN AUX BASSINS

 

 

 

1 - Actions inter-bassins

40,3

 

40,3

2 - Fonctionnement de la Mission inter-Agences et de l’inspection inter-agences

5

 

5

Sous-total

45,3

 

45,3


INSTANCES DE CONCERTATION RELATIVES À LA POLITIQUE DE L’EAU



8,4

 



8,4

TOTAL

208

292

500

TOTAL GLOBAL

500

Source : Direction de l’eau du ministère de l’aménagement du territoire et de l’environnement.

B.- Un programme critiqué

Aussi détaillé soit-il, ce programme d’intervention suscite critiques et interrogations.

1.- Les réticences des agences de l’eau

Le programme d’intervention du FNSE semble susciter des réactions mitigées de la part des agences de l’eau.

Certes, elles admettent la légitimité d’une participation financière à des actions dont elles bénéficient en retour, comme cela est le cas dans le domaine des missions régaliennes de l’Etat telles que la police de l’eau ou les réseaux de mesures.

En revanche, le programme d’action au titre de la péréquation inter-bassin suscite des réactions mitigées, comme le souligne le rapport précité de M. Yves Tavernier :

Le thème de la " péréquation " suscite manifestement chez les responsables des organismes de bassin des réticences assez fortes. Trois types de problèmes sont évoqués : tout d’abord, certains s’interrogent à propos des conséquences de l’établissement d’une forme de solidarité nationale sur la solidarité existante - et acceptée - à l’intérieur de chaque bassin ; sur le fond, on peut s’interroger sur la légitimité d’une péréquation entre bassins quand les taux de redevances décidés y sont, par principe, différents, en fonction des choix d'investissement des uns et des autres. Ensuite, le choix des thèmes à traiter dans le cadre de la péréquation inter-bassins est évidemment lourde de conséquences sur le sens des transferts financiers qu’elle opérerait de fait : les inondations, qui intéressent plutôt le sud du pays, ou le PMPOA, qui concerne surtout l’ouest, soit, mais pourquoi pas, alors, les infiltrations liées aux friches industrielles, problème plutôt spécifique d’autres régions, par exemple… ".

Les interventions menées au titre de la solidarité nationale suscite également des interrogations.

Les agences de l’eau font, notamment, valoir que l’installation de compteurs d’eau dans les HLM relèvent davantage de leur responsabilité que de celle de l’Etat. En l’état actuel des informations de votre Rapporteur général, le ministère de l’aménagement du territoire et de l’environnement semble relativement ouvert à ce sujet et n’excluerait pas de confier cette tâche aux agences de l’eau.

· De manière plus générale, le programme FNSE devra être mis en œuvre dans le respect du principe de subsidiarité, afin que les interventions soient menées par le niveau institutionnel approprié.

Il conviendra, notamment, d’éviter que ce programme fasse l’objet d’une compétition institutionnelle entre l’Etat, les collectivités locales et les agences de l’eau.

2.- Un risque de chevauchement avec le FNDAE

Le risque d’un chevauchement des compétences entre le FNDAE et le FNSE existe.

· Ce risque existe essentiellement dans le domaine de la lutte contre les pollutions diffuses d’origine agricole.

Rappelons, en effet, que le FNDAE participe au PMPOA à hauteur de 150 millions de francs. Certes, le financement n’est pas reconduit dans le cadre du projet de loi de finances pour 2000. Mais, selon les informations recueillies par votre Rapporteur général, il pourrait être rétabli dans le prochain collectif budgétaire.

Dans cette hypothèse et compte tenu des 70 millions de francs prévus par le FNSE pour la lutte contre les pollutions diffuses, lesquels devraient comprendre une participation au financement du PMPOA, les deux sections du Fonds national de l’eau contribueraient, sous deux tutelles distinctes, au financement d’un même programme… On peut dès lors s’interroger sur la complexité d’un tel dispositif.

En revanche, les risques de financements croisés sont moindres s’agissant de l’assainissement outre-mer.

L’intervention du FNSE serait, en effet, essentiellement réservée aux TOM, auxquels le FNDAE ne consacre pas de crédits.

S’agissant des DOM, les actions du FNSE seraient circonscrites au milieu urbain, tandis que le FNDAE intervient en milieu urbain. Précisons, par ailleurs, que les crédits du FNDAE en faveur des DOM sont relativement peu élevés, comme le montre le tableau ci-après. Les interventions du FNSE devraient donc utilement les compléter.

       

CRÉDITS FNDAE DANS LES DOM EN 1999

Guadeloupe

17,5 millions de francs

dont 25% environ consacrés à l’assainissement

   

Martinique

13,29 millions de francs

dont 30% environ consacrés à l’assainissement

   

Guyane

6 millions de francs

dont 0% environ consacrés à l’assainissement

   

La Réunion (a)

16,67 millions de francs

dont 10% environ consacrés à l’assainissement

   

(a) Les DOM sont censés verser une redevance FNDAE : seule La Réunion n’a jamais mis en œuvre cette directive.

Source : Ministère de l’agriculture et de la pêche.

 

Les DOM sont censés verser une redevance FNDAE : seule La Réunion n’a jamais mis en œuvre cette directive.

3.- Des modalités de gestion imprécises

Les modalités de gestion des crédits du FSNE restent à définir.

· D’après les informations recueillies par votre Rapporteur général, le programme précédemment évoqué devrait être soumis à un comité de gestion associant représentants de l’Etat, des agences et des bassins, mais dont la composition reste à définir.

En l’état actuel des informations de votre Rapporteur général, il semble exclu que les départements aient un droit de regard direct sur les crédits FSNE, si ce n’est, indirectement, par le biais des comités de bassins.

Ce comité de gestion serait associé à la préparation des interventions du FSNE, puis à l’élaboration, pour l’an 2000, d’un programme plus fin comprenant une définition précise des actions, notamment sur le plan géographique, ainsi que les financements prévus.

Les agences de l’eau devant planifier, sur cinq ans, leurs interventions, il serait souhaitable que les actions menées au titre du FSNE fassent également l’objet d’une programmation à moyen terme, notamment dans le cadre de la préparation du huitième programme. Cette mesure permettrait aux agences de mieux " cadrer " leurs propres interventions.

· Les crédits du FSNE seront distribués, soit directement par l’Etat, par le biais des services déconcentrés, soit sous forme de subventions octroyées aux collectivités locales ou aux agences de l’eau.

A cette fin, le dixième alinéa du I du présent article dispose que le FSNE financera directement les investissements relatifs " à la restauration des rivières et des zones d’expansion des crues, à la réduction des pollutions diffuses, à l’assainissement outre-mer, l’équipement pour l’acquisition des données ".

En revanche, des subventions pourront être accordées, comme le précise le onzième alinéa du I, dans les domaines de la " restauration des rivières et des zones d’expansion de crues, la réduction des pollutions diffuses, l’assainissement outre-mer , la restauration des milieux dégradés, les économies d’eaux dans l’habit collectif social, la protection et la restauration des zones humides ".

Cependant, ces informations méritent des précisions complémentaires :

– Les crédits du FSNE devraient être programmés par les directions régionales de l’environnement. Est-il envisagé que les DDAF contribuent également à cette mission et, dans cette hypothèse, le ministère de l’aménagement du territoire et de l’environnement verserait-il une compensation au ministère de l’agriculture et de la pêche ?

– A quelles entités seront octroyées les subventions du FNSE ? Selon les informations recueillies par votre Rapporteur général, il s’agirait des collectivités locales et des agences de l’eau. Mais, la part respective de chacune de ces institutions, par type de dépense, reste à définir.

– Une question subsidiaire se pose enfin : quelle sera l’importance, en termes de cofinancements, des crédits octroyés par le FNSE ? Là encore, le montant relatif de la participation du FNSE, par catégorie d’action reste à définir.

IV.- Un dispositif de financement réaliste

A.- Un financement durable et transparent

· Le premier alinéa du II du présent article propose l’instauration, à compter du 1er janvier 2000, d’un " prélèvement de solidarité pour l’eau " versé à l’Etat par les agences de l’eau, dont le montant est déterminé chaque année en loi de finances.

Ces dispositions permettront d’inscrire dans la durée l’action du FNSE, dès lors que le principe de son financement ne reposera plus sur le libre arbitre des agences de l’eau. Précisons, toutefois, que, de ce fait, la création d’un compte spécial du Trésor, en substitution des deux précédents fonds de concours, est perçue par les agences de l’eau comme une " reprise en main " de leur autonomie par l’Etat.

Mais, ces dispositions se traduiront également, comme l’a précédemment souligné votre Rapporteur général, par l’association du Parlement au financement de la politique de l’eau.

· Le deuxième alinéa du II du présent article dispose que le prélèvement opéré devra prendra la forme d’un versement unique intervenant avant le 15 février de chaque année.

Cette mesure vise à remédier aux difficultés que connurent les deux précédents fonds de concours, en raison des délais de rattachement des crédits. Le ministère de l’aménagement du territoire et de l’environnement est particulièrement attaché à cette disposition.

· Le troisième alinéa du II du présent article prévoit que ce prélèvement est recouvré selon les modalités s’appliquant aux créances de l’Etat étrangères à l’impôt, au domaine, aux amendes et aux condamnations pécuniaires.

Cette disposition ne suscite pas de difficulté. En pratique, le recouvrement du prélèvement évoqué donnera lieu à l’émission de six titres de perception annuels.

· Le quatrième alinéa du II du présent article précise que le montant du prélèvement sera inscrit en dépenses obligatoires dans le budget primitif des agences de l’eau.

Cette disposition ne suscite pas de difficulté en elle-même.

Toutefois, il convient de rappeler que les actions menées par les agences de l’eau, et donc leurs dépenses, s’inscrivent dans des programmes quinquennaux. Il serait donc pertinent et légitime que les agences de l’eau puissent programmer le prélèvement opéré dans le cadre des programmes pluriannuels d’intervention.

B.- Un prélèvement équilibré

Le cinquième alinéa du II du présent article précise le montant du prélèvement opéré. Pour l’an 2000, ce prélèvement s’élève à 500 millions de francs.

1.- Un prélèvement " soutenable "

· L’instauration d’un prélèvement sur les agences de l’eau à hauteur de 500 millions de francs, c’est-à-dire à un niveau d’entrée de jeu assez élevé, s’explique par l’aisance financière dont elles sont supposées jouir. Il s’agit là d’un sujet extrêmement controversé.

– Comme le souligne M. Yves Tavernier dans le rapport précité, il est indéniable que les fonds de roulement des agences de l’eau, qui représentent en quelque sorte leurs excédents, ont eu tendance à augmenter :

Le poids des dotations aux fonds de roulement [s’élève à] 1,3 milliard de francs, soit 11% des recettes annuelles, [ce] qui permet effectivement de s’interroger sur l’aisance financière des agences, qui sont des établissements publics dont l’objet n’est pas de " faire des bénéfices " ; en deux ans, de 1995 à 1997, les dotations aux fonds de roulement ont doublé (elles n’étaient " que " de 681 millions de francs en 1995) ".

     

PRÉSENTATION SIMPLIFIÉE DES COMPTES CONSOLIDÉS DES AGENCES EN 1997

(en millions de francs)

Dépenses

Recettes

Subventions

6.769

Redevances

9.877

Etudes et mesures

259

Remboursement des avances

1.452

Fonctionnement

715

Intérêt des avances et produits financiers

316

Avances

2.404

 

 

Augmentation nette des fonds de roulement

1.328

 

 

Total (a)

11.885

Total (a)

11.885

(a) Les totaux ne correspondent pas exactement à la somme des rubriques compte tenu des simplifications opérées.

Source : Elaboré à partir de l’annexe "Agences de l’eau " au projet de loi de finances pour 1999.

Le Rapporteur indique également que les agences tendent à développer leurs interventions sous forme d’avances. Cette " bancarisation " de leur activité leur permet, notamment, de bénéficier de recettes sous forme de remboursements, lesquels s’ajoutent aux redevances perçues. M. Yves Tavernier précise ainsi que " l’analyse du dernier compte consolidé connu du système, celui de 1997, souligne le rôle important des avances – 1 franc d’avance accordé pour 3 francs de subvention définitive – et, en contrepartie, des produits financiers ".

– A la décharge des agences de l’eau, il convient cependant de rappeler que différents facteurs peuvent expliquer l’existence de dotations élevées aux fonds de roulement :

· l’accroissement de la contribution financière des agences de l’eau, imputable à l’augmentation du volume de leurs interventions, nécessite, pour des raisons de liquidité, une évolution similaire des dotations aux fonds de roulements ;

· le caractère cyclique des dépenses des agences de l’eau, imposé par les programmes quinquennaux, se traduit nécessairement par une montée en puissance progressive des charges. Il est donc légitime de constater, en début de programme, un fort excédent de recettes sur les dépenses ;

· les excédents financiers de certaines agences de l’eau peuvent, pour partie, être imputables au retard des collectivités locales à engager les dépenses prévues, les agences se voyant, par ce biais, contraintes à les provisionner.

Il est donc malaisé de porter un jugement définitif sur la supposée aisance financière des agences de l’eau. Toutefois, en l’état actuel des informations de votre Rapporteur général, il semblerait qu’elles puissent sans difficulté supporter un prélèvement de 500 millions de francs par an.

· Il convient d’ailleurs de relativiser l’importance du prélèvement opéré.

– Soulignons, en effet, qu’un prélèvement de 500 millions de francs représente 5% des redevances perçues en l’an 2000.

En supposant que ce prélèvement soit reconduit à l’identique en 2001, 1 milliard de francs aurait été, globalement, prélevé au cours du septième programme, ce qui représente 2% des redevances cumulées perçues sur la période. Autrement dit, les agences disposent de 98% de leurs ressources pour achever leurs programmes d’intervention.

Selon les informations recueillies par votre Rapporteur général auprès du ministère de l’aménagement du territoire et de l’environnement, les agences de l’eau seraient donc en mesure d’achever, sans difficulté, le septième programme d’intervention.

Toutefois, la question se pose de savoir si le prélèvement opéré sera compatible avec la réalisation du huitième programme, lequel fera l’objet prochainement de négociations. Comme l’a précédemment évoqué votre Rapporteur général, il est impératif que les agences de l’eau bénéficient de projections quant à leurs engagements financiers.

– Le prélèvement opéré sur les agences de l’eau ne se monte pas, en réalité, à 500 millions de francs.

Rappelons, en effet, que les agences de l’eau contribuent, d’ores et déjà, à hauteur de 250 millions de francs, aux dépenses de l’Etat.

Les 250 millions de francs restants ne constituent pas, dans leur intégralité, pour les agences de l’eau, un prélèvement additionnel, car certaines dépenses, désormais budgétées dans le cadre du FNSE, étaient auparavant à leur charge. Cela est le cas pour les actions d’intérêt commun aux agences.

         

PROJET D’AFFECTATION DU FNSE EN 2000

 

(hors rattachement du FNDAE)

 

(en millions de francs)

 

 

Montant prévu au titre du FNSE

Montant antérieurement pris en charge

 

 

par les fonds de concours

par le budget d’Etat

par les agences de l’eau

Restauration des rivières et des zones d’expansion des crues


90


90

 

 

Réduction des pollutions diffuses

70

 

 

 

Restauration des zones humides

24

 

 

 

Incitation aux économies d’eau dans l’habitat collectif social


20

 

 

 

Assainissement dans les DOM-TOM

42,5

 

5,5

 

Bassin minier de Lorraine

20

 

 

 

Reconquête de la qualité des canaux pollués du Nord-Pas-de-Calais


12

 

 

 

Données, mesures et contrôles de la pêche et des milieux aquatiques


50


50

 

 

Données, mesures et contrôles en matière d’eau

117,8

40

51,5

nd

Actions inter-bassins

40,3

 

 

40,3

Fonctionnement de la Mission inter-Agences et de l’inspection inter-agences


5

 

 


5

Instances de concertation relatives à la politique de l’eau


8,4

 


1

 

nd : donnée non disponible.

Source : Direction de l’eau du ministère de l’aménagement du territoire et de l’environnement.

Comme le montre le tableau ci-dessus, le prélèvement additionnel pesant sur les agences de l’eau s’élèvera, en 2000, à moins de 205 millions de francs, si l’on tient compte des dépenses antérieurement prises en charge directement par les agences de l’eau et désormais budgétisées, telles que celles relatives aux actions inter-bassins ou au fonctionnement de la mission inter-agences.

2.- Un accroissement sensible des moyens du ministère de l’aménagement du territoire et de l’environnement

La création du FNSE va se traduire, concrètement, par une augmentation sensible du budget de la direction de l’eau du ministère de l’aménagement du territoire et de l’environnement. Son budget va, ainsi, passer de 515 millions de francs () en 1999 à 764 millions de francs () en 2000, ce qui représente une augmentation de 48%.

Il y a là une volonté politique certaine : par le biais de la création du FNSE, le ministère de l’aménagement du territoire et de l’environnement devient, en termes de crédits budgétaires, le premier ministère intervenant dans le domaine de la politique de l’eau.

C.- Une clé de répartition consensuelle

Le cinquième alinéa du II du présent article précise la ventilation entre agences de l’eau du prélèvement de 500 millions de francs.

Celui-ci se décompose de la manière suivante :

– agence de l’eau Adour-Garonne 46,0 millions de francs

– agence de l’eau Artois-Picardie 38,3 millions de francs

– agence de l’eau Loire-Bretagne 79,7 millions de francs

– agence de l’eau Rhin-Meuse 42,3 millions de francs

– agence de l’eau Rhône-Méditerranée-Corse 115,2 millions de francs

– agence de l’eau Seine-Normandie 178,5 millions de francs

Ce prélèvement de 500 millions de francs a été réparti entre agences de l’eau selon une clé de ventilation fondée, pour deux tiers, sur la part de chaque bassin dans le montant total des redevances autorisées pendant la durée du programme pluriannuel d’intervention et, pour un tiers, sur la part de chaque bassin dans la population recensée en métropole.

Concrètement, ce choix a été effectué, afin de ne pas pénaliser les agences de l’eau de Seine-Normandie et de Rhône-Méditerranée-Corse.

Rappelons, en effet, que ces deux agences disposent des budgets les plus élevés. Une clé de répartition fondée exclusivement sur les redevances perçues les aurait particulièrement mises à contribution. Or, le niveau élevé de leurs budgets s’explique non seulement par le niveau de richesse économique des bassins, mais également par le degré de pollution subi, lequel appelle un programme d’intervention extrêmement lourd…. L’introduction d’un critère lié à la population permet donc de réduire l’importance relative de leur richesse.

Précisons, cependant, que cette clé de répartition a été introduite à titre expérimental. Elle pourrait être, à l’usage, remise en cause.

V.- Une codification inachevée

Le III du présent article vise à tirer les conséquences, en termes de codification, de la création du Fonds national pour l’eau et de la transformation du FNDAE en une section de ce nouveau compte spécial du Trésor.

· A cette fin, il est proposé que le FNDAE cesse de bénéficier de la dénomination de " compte spécial du Trésor ". Les autres dispositions d’ordre législatif relatives au FNDAE resteraient inchangées et codifiées dans le code des collectivités locales.

· Votre Rapporteur général s’interroge, toutefois, sur la cohérence de ce dispositif.

L’institution d’un nouveau compte spécial du Trésor, divisé en deux sections, va, en effet, se traduire par le fait que le code des collectivités locales ne visera qu’une seule section du Fonds national de l’eau, sans préciser que celui-ci fait partie intégrante du compte spécial du Trésor du Fonds national de l’eau. En revanche, ce dernier, ainsi que sa deuxième section, ne feraient l’objet d’aucune codification.

Une solution aurait pu consister à prévoir une codification du Fonds national de l’eau au sein du code des collectivités locales, en précisant que celui-ci est composé de deux sections.

Toutefois, le ministère de l’aménagement du territoire et de l’environnement, très attaché, semble-t-il, à l’autonomie du FNSE, n’a pas souhaité, semble-t-il, sa codification au sein du code des collectivités locales.

*

* *

La Commission a examiné un amendement présenté par M. Jean-Jacques Jégou, tendant à supprimer cet article.

M. Jean-Jacques Jégou s’est interrogé, au nom du groupe UDF, sur les raisons pour lesquelles le Gouvernement avait décidé de prélever 500 millions de francs sur les agences de l’eau. Pour lui, l’article 31 est incongru et injustifié.

M. Yves Tavernier a précisé que le nouveau prélèvement net résultant de l’article 31 s’élevait à 250 millions de francs, compte tenu du prélèvement déjà opéré, par le biais de deux fonds de concours, à hauteur de 250 millions de francs, sur les ressources des agences. Il n’est donc nullement question de créer 500 millions de francs d’impositions nouvelles. Evoquant ses entretiens avec les directeurs des agences de l’eau, il a rappelé que ceux-ci considéraient comme légitime leur participation aux charges régaliennes de l’Etat dans le domaine de la politique de l’eau 

Confirmant les données chiffrées présentées par M. Yves Tavernier, votre Rapporteur général a marqué son opposition avec l’amendement présenté. L’article 31 présente divers avantages : une transparence accrue, au regard de la pratique ancienne des fonds de concours ; une gestion améliorée, grâce à l’introduction d’un compte d’affectation spéciale ; la mise en œuvre de politiques nouvelles de péréquation entre les bassins.

Les prélèvements opérés sur les ressources des agences ne devraient nullement les pénaliser sur le plan financier, compte tenu de l’existence d’importantes réserves de trésorerie, les dotations aux fonds de roulement s’élevant à 1,3 milliard de francs en 1997.

M. Jean-Jacques Jégou a déclaré ne pas contester les indications fournies par ses collègues, mais il a craint une dérive analogue à celle constatée pour l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (ADEME), lors de la création de la TGAP, ce qui a provoqué des difficultés pour le financement des actions conduites par les collectivités locales.

M. Christian Cuvilliez a fait siennes les interrogations de M. Jean-Jacques Jégou, observant que les taxes diverses pesant sur l’eau représentaient plus de la moitié de son prix et que les consommateurs étaient très sensibles à son coût. Si la péréquation est nécessaire, elle doit néanmoins tenir compte des efforts réalisés par chacun.

M. Charles de Courson a indiqué que l’article 31 lui inspirait deux réflexions : premièrement, son adoption ne permettra pas un meilleur contrôle des recettes et des dépenses, puisque les recettes des agences sont constituées par des taxes qui échappent à la compétence du législateur, ce qui pose d’ailleurs la question de la constitutionnalité des redevances perçues par les agences de l’eau. En second lieu, il convient de s’interroger sur la pertinence d’une réduction des moyens des agences de l’eau à hauteur de 250 millions de francs et sur l’équilibre entre la première et la seconde section du nouveau Fonds national de l’eau.

M. Daniel Feurtet a estimé que l’ADEME ne souffrait pas tant d’une insuffisance de fonds que d’une mauvaise adéquation de ceux-ci à l’importance des projets auxquels elle doit contribuer.

En réponse à M. Maurice Adevah-Pœuf, votre Rapporteur général a expliqué que l’originalité du dispositif résidait dans la création d’un nouvel instrument de solidarité dans le domaine de l’eau, chargé de renforcer les moyens de l’Etat au titre de sa mission régalienne et d’introduire une péréquation entre les bassins, dans le cadre d’une gestion donnant au Parlement, par le biais de la création d’un compte d’affectation spéciale, des prérogatives qu’il ne pouvait actuellement exercer.

Le Président Augustin Bonrepaux s’est déclaré favorable au dispositif présenté par le Gouvernement, tout en regrettant que l’on ne puisse appliquer, dans ce domaine, le principe dit du " pollueur-payeur ", les redevances des agences pesant essentiellement sur les consommateurs, et non sur les pollueurs. Par ce biais, ce sont les consommateurs qui, in fine, financent la lutte contre la pollution.

La Commission a rejeté cet amendement et adopté l’article 31 sans modification.

Article 32

Modification des quotités de répartition de la taxe d'aviation civile.

Texte du projet de loi :

 Le II de l’article 51 de la loi de finances pour 1999 (n° 98-1266 du 30 décembre 1998) est remplacé par les mots suivants :

" A compter du 1er janvier 2000, les quotités du produit de la taxe d’aviation civile affectées respectivement au budget annexe de l’aviation civile et au compte d’affectation spéciale intitulé " Fonds d’intervention pour les aéroports et le transport aérien " sont de 77,7 % et de 22,3 %. ".

Exposé des motifs du projet de loi :

La taxe d’aviation civile a été créée par l’article 51 de la loi de finances pour 1999. Elle s’est substituée à la taxe de sécurité-sûreté, affectée au budget annexe de l’aviation civile (BAAC) et à la taxe de péréquation pour le transport aérien affectée au compte d’affectation spéciale " Fonds de péréquation pour le transport aérien ", ce dernier ayant été transformé en " Fonds d’intervention pour les aéroports et le transport aérien " (FIATA) par l’article 75 de la loi de finances pour 1999.

Depuis le 1er janvier 1999, les quotités de répartition du produit de la taxe d’aviation civile affectées respectivement au BAAC et au FIATA sont de 90 % et de 10 %. Le présent article a pour objet de les modifier à compter du 1er janvier 2000, pour faire passer la quotité affectée au FIATA de 10 à 22,3 %, la quotité affectée au BAAC passant alors à 77,7 %.

Cette modification de la répartition de la taxe d’aviation civile traduit notamment le transfert du BAAC vers le FIATA des dépenses de fonctionnement et d’investissement pris en charge par l’Etat en matière de sûreté dans les aéroports, à hauteur de 173 MF, ainsi que l’extension en année pleine des dépenses de subvention aux aéroports au titre des missions de sûreté et de sécurité-incendie-sauvetage. Ce mouvement complète et achève notamment l’évolution engagée en loi de finances 1999, qui avait fait passer les dépenses de sécurité-incendie du BAAC au FIATA. Il permet d’améliorer la lisibilité de l’action de l’Etat dans ce secteur. Il est neutre budgétairement.

Observations et décision de la Commission :

Le présent article a pour objet d’augmenter la part de la taxe d’aviation civile affectée au compte d’affectation spéciale n° 902-25 " Fonds d’intervention pour les aéroports et le transport aérien " (FIATA). La quotité du produit qui lui est versée passerait ainsi de 10% à 22,3%, la part revenant au budget annexe de l’aviation civile (BAAC) passant, corrélativement, de 90% à 77,7%.

Cette mesure de répartition du produit est rendue nécessaire par la montée en charge des actions supportées par le FIATA et par le transfert en provenance du BAAC de certaines dépenses de l’Etat concernant la sûreté dans les aéroports.

Il s’agit donc d’une modification, au demeurant relativement mineure, qui poursuit l’importante réforme du financement de l’aviation civile opérée par la loi de finances pour 1999.

I.- La nouvelle architecture de financement de l’aviation civile

· Avant les modifications apportées par l’adoption d’amendements du Gouvernement au projet de loi de finances pour 1999, deux taxes subvenaient à une partie des besoins en matière d’aviation civile et de péréquation entre les lignes aériennes.

D’une part, la taxe de péréquation du transport aérien alimentait le compte d’affectation spéciale n° 902-25 " Fonds de péréquation des transports aériens " (FPTA). Son produit prévu pour 1999 s’établissait à 51 millions de francs.

D’autre part, une taxe de sécurité et de sûreté était affectée au budget annexe de l’aviation civile (BAAC), pour un montant estimé à 1.279 millions de francs dans le projet de loi de finances pour 1999. Cette recette n’était pas la seule alimentant le BAAC, lequel bénéficiait aussi notamment de la redevance pour services terminaux de la circulation aérienne (RTSCA).

L’ensemble de ce dispositif a été remis en question par des décisions judiciaires.

Ainsi, dans un arrêt du 20 mai 1998 (Syndicat des compagnies aériennes autonomes), le Conseil d’Etat, après avoir noté que les arrêtés des 21 février 1996 et 16 avril 1996 modifiant l’article R. 134-4 du code de l’aviation civile tenaient compte, pour le calcul des taux de la redevance pour services terminaux de la circulation aérienne, des coûts afférents au balisage lumineux des pistes, aux services de sécurité d’incendie et de sauvetage et à diverses installations affectées à la gendarmerie, a jugé que " les services rendus par les services de sécurité d’incendie et de sauvetage et par la gendarmerie correspondent à des missions d’intérêt général qui incombent, par nature, à l’Etat ; qu’ainsi, les coûts de ces services ne peuvent être mis à la charge des usagers au moyen de redevances ".

En conséquence, il a annulé l’article 4 de l’arrêté du 21 février 1996 et l’article 2 de l’arrêté du 16 avril 1996, qui fixaient les taux de la redevance.

Par ailleurs, un jugement du tribunal administratif de Nice, du 4 novembre 1997, avait remis en cause les redevances aéroportuaires perçues par la Chambre de commerce et d’industrie de Nice Côte d’Azur au motif " que les dépenses en personnel et en matériel du service sécurité-incendie-sauvetage ne pouvaient légalement être comprises dans la base de calcul des redevances aéroportuaires ".

Les nouvelles modalités de calcul des redevances aéroportuaires et de la RTSCA imposaient de dégager des ressources nouvelles au travers d’une taxe, seule manière appropriée de financer des activités régaliennes par nature.

· Le Gouvernement a donc déposé plusieurs amendements lors de l’examen du projet de loi de finances pour 1999, afin de procéder aux modifications nécessaires pour assurer la pérennité du financement de dépenses indispensables en matière de sécurité.

Ainsi, a été créée une taxe de l’aviation civile, régie par l’article 302 bis K du code général des impôts et se substituant à la fois à la taxe de péréquation du transport aérien et à la taxe de sécurité et de sûreté.

Le tarif de la taxe a été fixé à 22,9 francs par passager pour les vols intracommunautaires, à 38,9 francs par passager pour les autres destinations et à 6 francs par tonne de courrier ou de fret embarqué.

On rappellera que le tarif cumulé des deux taxes précédentes était de 21 francs pour les vols intracommunautaires et de 36 francs pour les autres destinations. Le surplus de recettes dégagé par le nouveau système est destiné à compenser les pertes résultant des nouveaux modes de calculs des redevances.

Par ailleurs, l’article 136 de la loi de finances pour 1999 a procédé à la création d’une taxe d’aéroport, perçue au profit des personnes publiques ou privées exploitant des aérodromes dont le trafic dépasse un certain seuil. Cette taxe, due par les compagnies de transport aérien et s’ajoutant au prix acquitté par le client, est destinée, là encore, à compenser les pertes entraînées par la réforme du calcul des redevances.

S’agissant de la taxe de l’aviation civile, son produit est actuellement affecté à hauteur de 90% au BAAC (soit 1.279,5 millions de francs en 1999) et de 10% au Fonds d’intervention pour les aéroports et le transport aérien (FIATA). Ce dernier, créé par l’article 75 de la loi de finances pour 1999, a remplacé le FPTA. Il reprend les missions de péréquation précédemment assumées par le FPTA en vue d’assurer l’équilibre des dessertes aériennes réalisées dans l’intérêt de l’aménagement du territoire. Par ailleurs, il supporte les dépenses directes d’investissement de l’Etat relatives aux services de sécurité-incendie-sauvetage (SSIS) ainsi que, en fonctionnement, les subventions accordées aux gestionnaires d’aéroports afin de couvrir une partie du coût de ces mêmes SSIS, pour les petits aéroports dans lesquels le produit de la taxe d’aéroport s’avère insuffisant.

II.- Une modification de la répartition du produit de la taxe de l’aviation civile entre le FIATA et le BAAC

· Pour 2000, il est prévu de modifier l’affectation du produit de la taxe d’aéroport, afin de porter à 22,3% la part affectée au FIATA.

On rappellera que le produit total de la taxe de l’aviation civile pour 1999 a été évalué à 1.427,55 millions de francs. Dans le cadre de la loi de finances pour 1999, les produits de cette taxe ont été inscrits en recettes du compte d’affectation spéciale 902-25 (FIATA), à hauteur de 148 millions de francs et sur la ligne de recettes n° 70-09, du BAAC, à hauteur de 1.279,55 millions de francs.

Le produit des recouvrements constatés de la taxe de l’aviation civile, s’élève à 623 millions de francs au 31 juillet 1999, soit 43,6% du produit total anticipé. 561 millions de francs sont affectés au BAAC et 62 millions de francs au FIATA. Selon les informations fournies à votre Rapporteur général, les prévisions de recettes annuelles pour l’exercice 1999 devraient être atteintes.

Pour 2000, le produit total de la taxe de l’aviation civile est estimé à 1.619,4 millions de francs, dont 1.258,4 millions de francs au profit du BAAC et 361 millions de francs pour le FIATA.

Les hypothèses retenues pour l’estimation du produit de la taxe de l’aviation civile reposent essentiellement sur des prévisions de trafic passagers intra et extra communautaires, en hausse respectivement de 4,5% et de 5%. Les taux de la taxe restent inchangés.

· La montée en puissance du FIATA en 2000 s’explique par la proposition de transfert de l’ensemble des dépenses de sûreté du BAAC vers le fonds, afin de poursuivre le mouvement engagé l’an dernier et d’améliorer la lisibilité de l’action de l’Etat dans le domaine de la sécurité et de la sûreté.

Si, en 1999, les dépenses relatives au SSIS ont déjà été transférées au FIATA, les investissements directs de l’Etat pour les locaux de la gendarmerie des transports aériens (GTA) et l’acquisition des matériels de détection sont restés financés par le BAAC.

Par ailleurs, les travaux pour la mise en œuvre du contrôle des bagages de soute et du contrôle des accès, ainsi que l’exploitation et la maintenance des systèmes de sûreté, sont pris en charge par les gestionnaires via la taxe d’aéroport (et le cas échéant par le FIATA dans le cadre de sa fonction de péréquation de ces dépenses).

On rappellera que, s’agissant des investissements de la direction générale de l’aviation civile (DGAC) pour les besoins de la sûreté en 1999, leur répartition devrait être la suivante :

Programmes

AP (en millions de francs)

Equipements pour l’inspection filtrage

25

Acquisitions complémentaires d’équipements à rayon X (inspection-filtrage, contrôle des personnels à Aéroports de Paris)



20

Contrôle des accès automatisé

23

Contrôle des bagages de soute (acquisition de matériels, participation aux aménagements des aérogares)


68

Divers (recherche et développement, améliorations des aérogares, équipements gendarmerie des transports aériens, équipes cyno-techniques)



34

Total 1999

170

Cette prévision est inférieure aux 202 millions de francs initialement prévus, en raison notamment du retard dans les programmes induit par le changement de dispositif financier.

Par ailleurs, en ce qui concerne les dépenses de fonctionnement, une dotation du BAAC de 53 millions de francs est consacrée au fonctionnement des services (principalement de la GTA), à l’entretien des équipements de sûreté (à titre transitoire, dans l’attente de leur prise en charge par les concessions aéroportuaires après accord des gestionnaires) et à des actions de formation et d’organisation des contrôles des agents agréés.

Pour 2000, il est prévu que les dépenses directes en investissements de la DGAC en matière de sûreté aéroportuaire soient désormais retracées par le chapitre 07 des dépenses du FIATA. Il a été ainsi prévu d’ouvrir sur le compte 120 millions de francs d’autorisations de programme et de crédits de paiement au titre de la sûreté, selon la répartition suivante :

– 30 millions de francs pour les équipements pour l’inspection filtrage ;

– 10 millions de francs en faveur du contrôle des accès automatisés ;

– 60 millions de francs au profit du contrôle des bagages de soute ;

– 20 millions de francs de dépenses diverses (recherche et développement, équipements GTA et police, équipes cynotechniques).

Aux dépenses directes de la DGAC financées par le FIATA, il convient de rajouter l’achèvement des opérations engagées les années précédentes sur le BAAC (autorisations de programmes ouvertes et non encore closes au 31 décembre 1999). Le présent projet prévoit ainsi une dotation de 40 millions de francs de crédits de paiement pour le BAAC, destinés à couvrir ces autorisations de programme ouvertes antérieurement.

Par ailleurs, les dépenses directes de fonctionnement de la DGAC en matière de sûreté aéroportuaire sont, elles aussi, désormais assurées par le FIATA (chapitre 06) à hauteur de 53 millions de francs. Les trois principaux postes sont les suivants :

– l’entretien des équipements acquis par la DGAC, estimé à 15 millions de francs ;

– la formation des personnels de l’Etat concourant aux mesures de sûreté, estimé à 5 millions de francs ;

– le fonctionnement des services (dont locations pour la GTA), estimé à 30 millions de francs.

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La Commission a adopté l’article 32 sans modification.

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Article 33

Relèvement du taux de la taxe due par les concessionnaires d'autoroutes.

Texte du projet de loi :

Au deuxième alinéa de l’article 302 bis ZB du code général des impôts, les mots " 4 centimes " sont remplacés par les mots " 4,5 centimes ".

Exposé des motifs du projet de loi :

L’article 37 de la loi n° 95-115 du 4 février 1995 modifiée d’orientation et de développement du territoire a institué le compte d’affectation spéciale " Fonds d’investissement des transports terrestres et des voies navigables ". L’article 22 de la loi de finances pour 1995 (n° 94-1162 du 29 décembre 1994) a notamment établi une taxe sur les concessionnaires d’autoroutes alimentant ce compte.

L’objet de la présente mesure consiste à augmenter les ressources du fonds en portant le tarif de la taxe de 4 centimes à 4,5 centimes par kilomètre parcouru. Cette augmentation, d’un rendement estimé à 295 MF, permettra un accroissement des interventions en faveur des transports terrestres et des voies navigables, afin de répondre au mieux aux orientations du Gouvernement, notamment à travers le développement de l’intermodalité.

Observations et décision de la Commission :

Le présent article a pour objet de porter de 4 à 4,5 centimes par kilomètre parcouru par les usagers le taux de la taxe due par les concessionnaires d’autoroutes. Cette nouvelle augmentation d’une des ressources affectées au fonds d’investissement des transports terrestres et des voies navigables (FITTVN, compte d’affectation spéciale n° 902-26) n’est pas techniquement originale. Elle vise à dégager des ressources supplémentaires, estimées à 295 millions de francs, en faveur des actions financées par le fonds (investissements sur le réseau routier national et les voies navigables, subventions d’investissements en matière de transports ferroviaire et de transport combiné).

S’il est difficile de remettre en question les investissements ainsi programmés, la poursuite de la montée en puissance du FITTVN apparaît discutable, aussi bien au regard de la réforme à venir de la politique autoroutière que des récentes conclusions de la Mission d’évaluation et de contrôle (MEC), constituée au sein de la Commission des finances au premier semestre de 1999, à propos de cette politique.

I.– Dégager des ressources supplémentaires afin de développer les investissements en matière de transports.

A.– Une augmentation somme toute classique des recettes du FITTVN

Le FITTVN a été créé par les articles 37 de la loi d’orientation et de développement du territoire du 4 février 1995 (n°95 – 115) et par l’article 47 de la loi de finances pour 1995 (n°94 –1162 du 29 décembre 1994). L’article 22 de cette dernière a institué deux taxes affectées à ce fonds, l’une sur des ouvrages hydroélectriques concédés, l’autre sur les concessionnaires d’autoroutes.

Les redevables de la première, prévue par l’article 302 bis ZA du code général des impôts, sont les titulaires d’ouvrages hydroélectriques concédés implantés sur les voies navigables, la taxe étant assise sur le nombre de kilowattheures produits. Initialement fixé à 4,2 centimes par kilowattheure produit, le taux de cette taxe a été porté à 4,24 centimes par l’article 27 de la loi de finances pour 1997 (n° 96-1181), puis à 8,28 centimes par l’article 43 de la loi de finances pour 1998 .

Malgré ces majorations, la taxe sur les titulaires d’ouvrages hydroélectriques concédés reste seulement la seconde ressource du fonds, avec un produit de 1,71milliard de francs prévu en 1999 et 1,68 milliard de francs pour 2000.

La taxe sur les concessionnaires d’autoroutes reste donc la principale source de financement du FITTVN, et le présent projet prévoit d’accroître son poids relatif.

Prévue par l’article 302 bis ZB du code général des impôts, cette taxe a déjà fait l’objet d’un doublement de son taux, passé de 2 à 4 centimes par kilomètre parcouru, à peine un an après son instauration (article 44 de la loi de finances pour 1996, n°95-1346 du 30 décembre 1995).

Les règles qui président à sa constatation , son recouvrement et son contrôle sont identiques à celles de la TVA et n’appellent pas de commentaire particulier ()

La taxe est assise sur le nombre de kilomètres parcourus par les usagers, lequel résulte du produit des trafics enregistrés en gare de péage par les longueurs des trajets parcourus correspondantes.

Le produit de la taxe a été évalué à 2.200 millions de francs par la loi de finances pour 1999. Compte tenu de l’augmentation de 0,5 centime du taux de la taxe prévu par le présent article, il devrait passer à 2.655 millions de francs en 2 000. On notera qu’au regard des doublements de taux opérés précédemment, en 1998 pour la taxe sur les ouvrages hydroélectriques concédés, et en 1996 pour la taxe sur les concessionnaires d’autoroutes, la mesure proposée reste relativement modeste.

Surtout, elle est destinée à augmenter les investissements en matière de transports.

B.– Les actions financées par le FITTVN

En 1999, les prévisions d’affectation des crédits pour les investissements sur le réseau routier national s’élèvent à 960 millions de francs pour le soutien aux grandes opérations structurantes, avec l’amélioration de l’accessibilité du Massif Central. Des crédits permettront de mettre aux normes autoroutières la RN 10 dans les Landes. Par ailleurs, les opérations d’aménagement du territoire inscrites aux contrats Etat/régions, comme la route Centre Europe Atlantique, feront l’objet d’affectations pour un montant prévisionnel de 524 millions de francs. Enfin, il est prévu sur quelques itinéraires intéressant l’aménagement du territoire quelques dotations de réhabilitation.

S’agissant des voies navigables, la dotation prévisionnelle, pour 1999 (431 millions de francs) sera consacrée à la restauration du réseau confié à Voies navigables de France et du réseau géré par l’Etat, ainsi qu’à l’aménagement de la vallée du Lot.

Enfin, les subventions d’investissement aux transports ferroviaire et combiné devraient bénéficier pour près de 1,5 milliard de francs au réseau des lignes à grande vitesse pour poursuivre le financement du TGV Méditerranée et les études sur les autres projets (dont 500 millions de francs pour le TGV Est-européen). Le réseau classique devrait bénéficier, quant à lui, de 575 millions de francs, affectés principalement aux opérations de modernisation du réseau dans le cadre des contrats Etat/régions. Les crédits réservés au transport combiné représenteront 430 millions de francs pour financer les investissements sur les terminaux rail-route ou sur des terminaux fluviaux. Enfin, 35 millions de francs permettront de poursuivre diverses études.

En 2000, les principales orientations pour l’affectation des crédits sont les suivantes :

– investissements sur le réseau routier national : outre la poursuite des opérations engagées les années précédentes, un programme de mise en sécurité des tunnels devrait être financé à partir de 2000. La dotation du projet de loi de finances s’élève globalement, pour le chapitre relatif au réseau routier national, à 1.527 millions de francs ;

– voies navigables : les crédits de ce chapitre sont portés à 500 millions de francs pour amplifier les investissements visant à la restauration et la modernisation du réseau des voies navigables ;

– subventions d’investissement aux transports ferroviaire et combiné : le montant prévu dans le présent projet augmente fortement par rapport à la loi de finances initiale 1999 (+ 22,1%) ; les crédits seront consacrés au projet de TGV Est-européen et au développement du transport combiné.

Si les actions financées par le FITTVN sont donc certainement des plus utiles, la nécessité même d’un compte d’affectation spéciale peut être remise en question, notamment au regard des travaux effectués par la MEC .

II – Une nécessaire clarification budgétaire devra être opérée dans le cadre de la réforme du système autoroutier

Parmi les thèmes examinés par la MEC en 1999 figurait notamment la politique autoroutière. Cette dernière a donc donné lieu à un rapport de notre collègue, M. Jean-Louis Idiart, présentant une analyse des évolutions passées et assorti de six conclusions (). C’est au regard de ces éléments qu’un certain nombre d’observations peuvent être effectuées s’agissant du présent article.

A.- Une augmentation de la taxe sur les concessionnaires d’autoroutes qui intervient dans un contexte encore incertain

La réforme du système de financement autoroutier est actuellement en cours de négociation avec la Commission européenne.

En fonction des résultats de ces discussions, un projet de loi sera ensuite déposé par le Gouvernement. Votre Rapporteur général ne reviendra que brièvement sur les incertitudes de cette réforme, largement abordées lors des discussions au sein de la MEC et soulignées par la Cour des comptes dans son rapport sur la politique autoroutière française  ().

Traditionnellement, les augmentations de la taxe sur les concessionnaires d’autoroutes ont été compensées soit par une augmentation du prix des péages acquittés par les usagers, soit par un allongement de la division des concessions.

La première solution n’est cependant pas librement utilisable par les sociétés concessionnaires, le prix des péages étant fixé par voie réglementaire. Quant à l’allongement de la durée des concessions, sa possibilité semble assez réduite compte tenu des négociations en cours.

On rappellera que les péages sont fixés, conformément au code de la voirie routière, dans le cadre du décret du 24 janvier 1995. Celui-ci prévoit que :

– les tarifs de péage sont déterminés par les sociétés concessionnaires selon les règles définies au cahier des charges annexé au contrat de concession ;

– les modalités d’évolution des tarifs sont fixées dans les contrats de plan Etat/société d’autoroutes, signés pour une durée maximale de cinq années renouvelables. Ils entrent en vigueur un mois après leur dépôt auprès des ministres chargés de l’économie et de l’équipement ;

– à défaut de contrat de plan, les tarifs sont arrêtés conjointement après consultation des sociétés par les ministres chargés de l’économie et de l’équipement. La réévaluation des tarifs ne peut, dans ce cas, être inférieure à 70% de l’inflation (hors tabac) constatée depuis la dernière modification tarifaire ;

– en cas de manquement de la société concessionnaire à ses obligations en matière tarifaire, les tarifs sont fixés par arrêté conjoint des ministres chargés de l’économie et de l’équipement.

En réponse aux questions de votre Rapporteur général sur une éventuelle compensation au travers des tarifs de péage, il a été indiqué par le ministère de l’économie, des finances et de l’industrie que :

L’évolution des péages à compter de 2000 sera fixée par les prochains contrats de plan Etat/Société (2000-2004), en fonction de la situation de chaque société concessionnaire, notamment des contraintes financières présentes et futures des sociétés concernées, de leur programme de construction, des bilans tirés des premiers contrats de plan, en particulier en matière de modulation tarifaire, mais également des orientations de la politique suivie en matière de gestion du trafic et d’optimisation du réseau ".

Il a, par ailleurs, été répondu que :

L’allongement des durées de concession des sociétés d’économie mixte concessionnaires d’autoroute fait actuellement l’objet d’une réflexion dans le cadre de la réforme autoroutière ".

En l’état actuel des choses, ce prélèvement supplémentaire s’inscrit dans le contexte d’une situation financière délicate des sociétés concessionnaires, marquée par un endettement déjà très lourd, comme l’indique le tableau ci-après.

               

DETTES INSCRITES AU BILAN DES SEMCA (hors SFTRF) POUR L’EXERCICE 1997

(en milliers de francs)

 

ASF

ESCOTA

SAPRR

AREA

SANEF

SAPN

ATMB

Total

Dettes financières

 

 

 

 

 

 

 

 

Emprunts (1)

32.620.577

10.657.325

36.192.338

8.529.374

19.899.842

11.560.498

1.020.000

120.479.952

Augmentation des dettes financières (pertes de change)

26.480

1.264

23.416

 

 

 

 

51.161

Diminution des dettes financières (gains de change)

– 9.313

– 574

– 4.491

 

– 718

– 68

 

– 15.164

sous-total

32.637.745

10.658.016

36.211.263

8.529.374

19.899.124

11.560.430

1.020.000

120.515.952

Avances des collectivités territoriales (indexation comprise)

 

 

 

 

80.000

 

720.902

 

Avances de l’État (indexation comprise)

205.334

435.568

98.708

 

 

 

212.308

 

Avances du groupe (indexation comprise)

 

2.138.667

 

1.716.731

 

113.600

3.855.398

 

sous-total

205.334

2.574.235

98.708

1.716.731

80.000

113.600

0

4.788.608

Avances à recevoir de l’État

 

 

 

 

 

 

 

0

Avances à recevoir des collectivités territoriales

 

5

 

 

 

 

 

5

Autres dettes (2)

1.288.498

477.960

2.033.584

447.442

764.845

591.023

20.321

5.623.672

sous-total

1.288.498

477.965

2.033.584

447.442

764.845

591.023

20.321

5.623.677

Dettes d’exploitation

 

 

 

 

 

 

 

 

Dépôts et cautionnements

10.437

2.671

10.666

8.921

2.583

 

60

35.337

Dettes sur achats/prestations/comptes rattachés

117.451

26.476

87.007

30.395

53.396

8.770

43.066

366.561

Dettes fiscales et sociales

316.275

59.649

151.415

46.774

153.947

29.532

15.680

773.273

Autres dettes

28.888

3.416

170.673

1.173

3.798

10.703

25.104

243.754

Avances et acomptes reçus sur commandes en cours

 

 

 

2

23.562

 

515

24.078

sous-total

473.051

92.212

419.761

87.264

237.285

49.005

84.425

1.443.003

Dettes hors exploitation

 

 

 

 

 

 

 

 

Dettes sur immobilisations et comptes rattachés

178.465

 

 

 

 

 

 

 

Autres dettes (3)

269.927

 

 

 

 

 

 

 

sous-total

448.392

40.428

285.801

57.234

164.197

69.358

275.431

1.340.841

(1) dont emprunts à moins d’un an

1.932.046

725.142

2.232.640

538.090

1.382.474

41.423

 

6.851.714

(2) dont soldes créditeurs de banques et avances de trésorerie intersociétés


116.310


60.870


614.234


38.787


30.599


159.813


230


1.020.843

(3) dont fonds de concours restant à payer

269.927

 

1.338

4.018

 

 

204.014

479.297

Source : Cour des comptes.

Nul doute qu’une solution de compromis pourra être trouvée. Toutefois, cette augmentation d’une ressource affectée intervient à un moment où l’utilité du compte d’affectation spéciale fait l’objet de contestations.

B.– Vers une suppression du FITTVN

Alors que le Gouvernement poursuit dans le présent projet l’effort de réduction du nombre de comptes d’affectation spéciale, il est temps de réfléchir sérieusement à une suppression du FITTVN, dans un but de clarification budgétaire.

Votre Rapporteur général rejoint sur ce point l’argumentation de notre collègue, M. Jean-Louis Idiart, dans son rapport précité .

Ainsi, il est exact que, contrairement aux intentions exprimées par le législateur, le FITTVN n’a que très peu financé de projets nouveaux, mais a abouti à un saupoudrage de crédits, sur des actions engagées, pour lesquelles existaient déjà des lignes budgétaires à la section " Transports " du budget du ministère de l’équipement, du logement et des transports. La Cour des comptes a confirmé cette analyse en notant que "les ressources du FITTVN ont été largement consacrées au financement d’opérations relevant du budget général ". D’une certaine manière, le Fonds a opéré un transfert de charge du budget général vers un compte d’affectation spéciale, et ce, au prix d’un alourdissement de la fiscalité. Pour les sociétés d’autoroutes, le montant de cette fiscalité est désormais supérieur à leurs frais de personnel.

Le tableau ci-après récapitule les prélèvements pesant sur les sociétés concessionnaires d’autoroutes.

PRÉLÈVEMENTS SPÉCIFIQUES SUR LE SECTEUR AUTOROUTIER (EN COMPTABILITÉ)

(en millions de francs)

                 

 

1990

1991

1992

1993

1994

1995

1996

1997

1998

Fonds de concours de

construction :

 

 

 

 

 

 

 

 

 

- 8 SEMCA

15.386

863.517

343.987

321.184

283.141

39.606

500.492

2.624

52.632

- COFIROUTE

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Fonds de concours gendarmerie :

 

 

 

 

 

 

 

 

 

- 8 SEMCA

91.103

231.812

332.131

419.329

447.599

489.034

495.027

-

-

- COFIROUTE

20.726

30.689

49.801

60.967

64.718

66.785

67.816

-

-

Taxe d’aménagement du territoire :

 

 

 

 

 

 

 

 

 

- 8 SEMCA

-

-

-

-

-

881.225

1.783.188

1.852.868

1.961.037

- COFIROUTE

-

-

-

-

-

144.990

287.969

295.304

306.135

Redevance domaniale :

 

 

 

 

 

 

 

 

 

- 8 SEMCA

-

-

-

-

-

-

-

332.993

683.232

- COFIROUTE

-

-

-

-

-

-

-

46.196

96.492

TOTAL :

 

 

 

 

 

 

 

 

 

- 8 SEMCA

105.489

1.095.329

676.118

740.513

730.740

1.409.895

2.778.707

2.188.485

2.696.901

- COFIROUTE

20.726

30.689

49.801

60.967

64.718

211.775

355.785

341.500

402.627

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

T O T A L

127.215

1.126.018

725.919

801.480

795.458

1.621.640

3.134.492

2.529.985

3.099.528

Source : Cour des comptes.

Cette situation explique que le FITTVN fait l’objet de critiques constantes. Il a opéré une forme de " débudgétisation ", alors que globalement, le montant des crédits consacrés aux routes dans le FITTVN et dans le budget général ne cesse de diminuer.

RÉCAPITULATION DES CREDITS D’INVESTISSEMENTS
EN FAVEUR DES ROUTES

(en millions de francs)

           

 

Loi de finances initiale 1998

Loi de finances initiale 1999

Projet de loi de finances 2000

 

AP

CP

AP

CP

AP

CP

Budget général

4.924

7.399

4.756

7.009

5.767

5.100,8

FITTVN

1.835

1.835

1.590

1.590

1.527

1.527

Total

6.759

9.234

6.346

8.599

7.294

6.627,8

Source : Rapport MEC , annexe n°1, p. 20 et projet de loi de finances 2000.

Ainsi comme le rappelle notre collègue : " De manière générale, le FITTVN n’a contribué qu’à stabiliser les dotations allouées aux transports et sa présentation tend surtout à masquer le véritable débat, qui porte sur les investissements dont notre pays a réellement besoin au regard de ses ressources budgétaires. A ce jour, le FITTVN se révèle comme marché de dupes, dans la mesure où il a seulement alourdi la fiscalité sur les sociétés concessionnaires d’autoroutes et les gestionnaires d’ouvrages hydroélectriques, sans apporter de réponse aux problèmes essentiels. (…) Le FITTVN n’a que l’appellation de compte d’affectation spéciale, mais il ne finance aucune politique spécifique. Il conviendrait de le supprimer. Cette suppression ne saurait cependant intervenir de manière aveugle sur le seul principe de l’unité budgétaire. Il importe que le Gouvernement, en liaison avec le Parlement, poursuive la réflexion sur ses choix et établisse le schéma directeur des transports, qui contiendra clairement les projets d’infrastructures que la Nation souhaite retenir, compte tenu des moyens budgétaires. Ces moyens devront ensuite être inscrits aux différentes lignes du seul budget du ministère des transports, dont la vocation est de retracer les dépenses de l’Etat ".

Une des conclusions adoptées par le rapport, dont la publication a été autorisée par la Commission des finances, souhaite " réaffecter la taxe d’aménagement sur le territoire, assise sur les sociétés d’autoroutes, à son objet initial ".

Cette " rebudgétisation " semble donc nécessaire, sinon dans le cadre du présent projet, du moins à l’occasion ou à l’issue du débat sur la loi à venir portant réforme du financement des autoroutes.

*

* *

La Commission a examiné cinq amendements de suppression de MM. Michel Inchauspé, Pierre Méhaignerie, Philippe Auberger, Yves Deniaud et Marc Laffineur.

M. Michel Inchauspé a rappelé que, si de nombreux rapports mettaient en exergue la fragilité financière des sociétés autoroutières, celles-ci, non seulement ne coûtaient rien à l’Etat, mais rapportaient de 9 à 10 milliards de francs par an au budget général.

Abordant la question de la majoration, proposée par le Gouvernement, du taux de la taxe acquittée par les concessionnaires d’autoroutes, il a rappelé que cette taxe alimentait le Fonds d’investissement des transports terrestres et des voies navigables (FITTVN). Or, depuis plusieurs années, le rapporteur spécial en charge du budget des transports demande, à juste titre, la suppression de ce fonds.

Le FITTVN permet, en effet, à l’Etat, d’une part, de réduire ses engagements financiers dans le domaine des transports autoroutiers, ses dépenses étant prises en charge par le fonds et, d’autre part, de renforcer les moyens affectés aux voies navigables et au chemin de fer. Il a précisé, à cet égard, que la réglementation communautaire interdisait formellement l’affectation d’une dépense d’un secteur à un autre. C’est pourquoi la taxe due par les concessionnaires d’autoroutes devrait être affectée au réseau autoroutier, et non à la débudgétisation des dépenses de l’Etat.

M. Michel Inchauspé a, enfin, souligné que les efforts déployés par les sociétés autoroutières pour désenclaver les zones les moins peuplées risquaient d’être remis en question par une augmentation de 12,5% des prélèvements pesant sur ces sociétés. Cette " stratégie " ne peut que déboucher que sur un accroissement de l’endettement des sociétés autoroutières, voire les empêcher de rembourser leurs dettes.

Le Président Augustin Bonrepaux a rappelé que la création du FITTVN avait été décidée, en 1995, à l’initiative de l’actuelle opposition.

Il a précisé que la politique autoroutière avait fait l’objet d’investigations de la part de la mission d’évaluation et de contrôle (MEC), au cours du premier semestre 1999, à la suite d’un accord des représentants, en son sein, de tous les groupes politiques.

Il a marqué son opposition à la suppression de la taxe due par les concessionnaires d’autoroutes, les usagers devant contribuer au financement des infrastructures dont ils bénéficient.

M. Michel Bouvard a reconnu avoir approuvé la création du FITTVN, car celui-ci était initialement destiné à opérer une redistribution financière en faveur des régions enclavées et à accentuer l’effort en faveur d’autres modes de transport comme le chemin de fer ou les voies navigables. Si le FITTVN fait actuellement l’objet de critiques, c’est en raison des dérives observées quant à son mode de fonctionnement : après deux ans d’existence, ce fonds a, en réalité, servi à financer le désengagement de l’Etat dans le domaine des transports. Ainsi, toute augmentation des ressources du FITTVN se traduit mécaniquement par une réduction, à due concurrence, du budget des routes et donc par une baisse des investissements en faveur du réseau routier. Il a marqué son profond désaccord avec toute proposition tendant à accroître les ressources du FITTVN, à moins que ce fonds ne retrouve sa fonction originelle d’instrument de solidarité entre les différents modes de transport.

Evoquant les conclusions de la MEC dans le domaine de la politique autoroutière, il a déploré que les propositions présentées par le Gouvernement dans le cadre du projet de loi de finances pour 2000 soient en totale contradiction avec les conclusions de la mission.

M. Jean-Jacques Jégou a rappelé que le souhait exprimé par le Président Laurent Fabius, dans le cadre des travaux du groupe de travail sur l’efficacité de la dépense publique et le contrôle parlementaire, souhait concrétisé par la mise en place de la MEC, était précisément de constituer un groupe chargé, une fois la loi votée, d’en contrôler l’application, notamment l’application des lois de finances.

Or, dans le domaine de la politique autoroutière, la MEC a clairement demandé que cesse la ponction opérée, depuis le projet de loi de finances pour 1995, par l’Etat sur les sociétés autoroutières. Eu égard aux recommandations de la MEC, le dispositif présenté par le Gouvernement dans le cadre du projet de loi de finances pour 2000 s’analyse donc comme une véritable provocation.

Il a estimé que l’opposition devrait tirer les conclusions qui s’imposent, si, sur l’ensemble des domaines ayant fait l’objet des investigations de la MEC, le Gouvernement devait s’écarter sensiblement des recommandations présentées par la mission. Il a noté que tel semblait d’ores et déjà être le cas, non seulement dans le domaine de la politique autoroutière, mais également pour la gestion des effectifs de la police ou du financement de l’Association pour la formation professionnelle des adultes (AFPA). A terme, la participation de l’opposition aux travaux de la MEC pourrait être remise en cause.

M. Yves Deniaud a relevé une contradiction entre la mesure envisagée par le projet de loi de finances et les négociations menées avec la Commission européenne en vue d’obtenir un allongement de la durée des concessions autoroutières. Il a rappelé que le Gouvernement avait entrepris une telle démarche l’année dernière, afin de permettre aux sociétés autoroutières de gérer au mieux leur sortie du système de l’adossement, en étalant dans le temps le remboursement de leurs dettes. L’allongement de la durée des concessions doit également permettre, à terme, de dégager des excédents financiers pour le financement du réseau autoroutier.

Il s’est donc demandé s’il était raisonnable d’engager des négociations, a priori difficiles, avec la Commission européenne, tout en menant, sur le plan fiscal, une politique que celle-ci condamnait. Pour la Commission, les prélèvements opérés par l’Etat sur les sociétés autoroutières sont trop élevés et les recettes tirées d’un mode de transport doivent lui être affectées, pour financer ses investissements. N’est-il donc pas contradictoire, voire périlleux, d’accroître les prélèvements opérés sur les sociétés autoroutières, tout en réclamant un statut dérogatoire pour ce qui touche à la durée des concessions autoroutières ?

M. Gilbert Gantier a marqué son désaccord, au nom du groupe UDF, avec le dispositif proposé par le Gouvernement.

M. Jacques Barrot s’est insurgé contre les propositions du Gouvernement, véritable " pied de nez " aux travaux de la MEC. Il est, selon lui, scandaleux de voir l’Etat disposer de nouvelles ressources, qui lui permettent de réduire les crédits du ministère des transports et ainsi les investissements publics. Cette " stratégie " s’explique sans doute par les positions défendues par le ministère de l’économie, des finances et de l’industrie dans le domaine des infrastructures autoroutières, selon lesquelles l’heure n’est plus à leur développement. Pourtant, les besoins des territoires enclavés restent très importants.

Après avoir rappelé son opposition, en 1994, à l’instauration du FITTVN, M. Jean-Louis Idiart s’est étonné de voir les partisans de sa création s’opposer aujourd’hui à un accroissement des recettes de ce fonds.

Il s’est déclaré favorable à sa suppression, qu’il réclame depuis deux ans, faisant valoir que le FITTVN avait été utilisé par l’Etat à des fins de transfert de charges. Cette suppression ne doit cependant pas intervenir de façon brutale, mais à l’issue d’une négociation.

Or, à cet égard, il convient de rappeler que le Gouvernement a engagé une réflexion sur la compatibilité de la politique autoroutière avec les règles communautaires, notamment en matière d’adossement. Toute décision touchant au fonctionnement du FITTVN doit ainsi tenir compte de ce contexte.

Dans un premier temps, il serait sans doute souhaitable de procéder à un toilettage du FITTVN, afin que l’Etat cesse d’opérer des ponctions financières, comme le préconisaient les travaux de la MEC. A terme, c’est la suppression de ce fonds qu’il faudra rechercher.

Evoquant les travaux et les conclusions de la MEC, votre Rapporteur général a rappelé que celle-ci devait être jugée dans le temps : elle a pour vocation, non pas de jouer le rôle d’un " comité de la hache ", mais d’engager une réflexion collective sur l’efficacité de la dépense publique en France et d’être un lieu de contrôle efficace et de proposition.

Il a fait remarquer que, sur plusieurs des thèmes étudiés, les recommandations de la MEC avaient été entendues par le Gouvernement, notamment en matière de gestion des effectifs de police, de comptabilité patrimoniale ou en ce qui concerne la formation professionnelle. Il convient donc de relativiser le prétendu échec de la MEC, dont l’action devra s’inscrire et être jugée dans la durée.

S’agissant des travaux de la mission portant sur la politique autoroutière, il convient de distinguer les conclusions adoptées du contenu même du rapport élaboré sur ce sujet. Or, ces conclusions ne demandent pas la suppression du prélèvement opéré sur les sociétés autoroutières, des réserves ayant été émises sur cette orientation. En revanche, les membres de la MEC ont marqué leur opposition au maintien du FITTVN, ce fonds masquant en réalité un désengagement de l’Etat dans le domaine des transports autoroutiers.

Il a relevé que la Commission n’était saisie d’aucun amendement tendant à la suppression du FITTVN, initiative à laquelle, à titre personnel, il exprimerait un avis favorable, afin de prendre date sur cette question et la faire avancer. Une telle démarche permettrait de concrétiser les critiques de la Commission des finances à l’encontre de ce fonds.

S’agissant du présent article, il a souhaité que la mesure ne soit pas repoussée, faisant valoir qu’elle permettrait de dégager des moyens supplémentaires en faveur de la politique des transports et qu’elle ne signifiait pas automatiquement un désengagement accru de l’Etat dans ce domaine.

A cette fin, il a souhaité que, dans le cadre de la négociation des prochains contrats de plan Etat-régions, celles-ci obtiennent une augmentation de l’enveloppe budgétaire consacrée au développement des infrastructures.

La Commission a rejeté ces amendements.

Elle a ensuite adopté l’article 33 sans modification.

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Article 34

Abondement de la dotation globale de fonctionnement.

Texte du projet de loi :

Pour l’année 2000, le montant du solde de la dotation d’aménagement, tel que défini au quatrième alinéa de l’article L. 2334-13 du code général des collectivités territoriales, est majoré d’un montant de 200 millions de francs.

Le montant des ressources attribuées respectivement à la dotation de solidarité urbaine et à la dotation de solidarité rurale, y compris l’abondement prévu à l’alinéa précédent est, en 2000, au moins égal au montant des ressources attribuées respectivement à la dotation de solidarité urbaine et à la dotation de solidarité rurale en 1999.

La majoration prévue au premier alinéa du présent article n’est pas prise en compte dans le montant de la dotation globale de fonctionnement pour l’application du I et du II de l’article 57 de la loi de finances pour 1999 (n° 98-1266 du 30 décembre 1998).

Exposé des motifs du projet de loi :

Les résultats du recensement général de population de 1999 conduisent à constater une augmentation de la population de métropole et de l’outre-mer, estimée à environ 2 millions d’habitants par rapport à la population constatée en 1998.

Ces variations de population influent de manière très significative sur la répartition de la dotation globale de fonctionnement.

Pour maintenir les dotations de péréquation de la dotation globale de fonctionnement à leur niveau de 1999, il est prévu d’abonder le solde de la dotation d’aménagement.

Observations et décision de la Commission :

Le présent article propose de majorer de 200 millions de francs le montant global du solde de la dotation d’aménagement de la dotation globale de fonctionnement (DGF) après prélèvement de la dotation des groupements de communes. Il vise à préserver, en 2000, les ressources globales de la dotation de solidarité urbaine et de la dotation de solidarité rurale.

Cette disposition intervient dans un contexte caractérisé par une faible progression de la DGF et par la prise en compte des résultats du recensement de 1999, susceptibles de mettre en cause le soutien aux collectivités urbaines et rurales défavorisées. Un amendement du Gouvernement, annoncé par le Premier ministre, complète ce dispositif en attribuant 500 millions de francs supplémentaires aux communes éligibles à la DSU ().

I.- Les contraintes pesant sur la DGF 2000

Les modalités régissant l’évolution de la DGF conduisent à l’application d’un taux d’indexation beaucoup plus faible en 2000. En outre, la prise en compte des résultats du recensement pèse sur la répartition des grandes masses de cette dotation.

A.- Une faible progression

La DGF représente plus du tiers de " l’effort financier de l’Etat en faveur des collectivités locales " : 110,18 milliards de francs, en 2000, sur un total de 291,14 milliards de francs. Son importance pour les finances locales est encore plus perceptible si l’on souligne qu’elle représente également 94% des dotations de fonctionnement.

Pourtant, deux éléments conduisent à ralentir sa progression à un niveau (+0,8%) inférieur à l’inflation prévue (+0,9%) : il s’agit des modalités d’indexation, d’une part, et de la régularisation négative au titre de 1998, d’autre part.

1.- Des modalités d’indexation moins favorables qu’en 1999

Le contrat de croissance et de solidarité entre l’Etat et les collectivités locales, prévu par l’article 57 de la loi de finances pour 1999 et faisant suite au " pacte de stabilité " applicable de 1996 à 1999, a reconduit le mécanisme de l’enveloppe normée, en application duquel les dotations ayant une indexation spécifique (les dotations de fonctionnement et d’équipement, les financements des transferts de compétences et la dotation de compensation de la taxe professionnelle, hors la fraction liée à la compensation de la réduction pour embauche et investissement) sont regroupées au sein d’une enveloppe dont l’évolution, à structure constante, de loi de finances initiale à loi de finances initiale, est égale à la somme de l’évolution prévisionnelle des prix à la consommation hors tabac et d’une fraction d’évolution du taux du PIB de l’année en cours.

Cette enveloppe normée évoluera de 1,48% en 2000 (somme de l’indice prévisionnel des prix à la consommation des ménages hors tabac associé au projet de loi de finances, d’une part, et de 25% du taux d’évolution du PIB de l’année en cours, d’autre part).

Cependant, il convient de rappeler que les diverses dotations comprises dans le périmètre normé évoluent selon leurs indexations traditionnelles, à l’exception de la dotation de compensation de la taxe professionnelle (DCTP), qui sert de variable d’ajustement à l’évolution globale de l’enveloppe.

Ainsi, la DGF progresse selon un indice égal à la somme du taux prévisionnel des prix à la consommation hors tabac de l’année de versement et de la moitié de la croissance du PIB en volume de l’année en cours.

Une telle indexation a permis, en 1999, une progression, à structure constante, de 2,75%, soit le double de la progression de l’année précédente.

En revanche, en 2000, les modalités retenues pour l’indexation de la DGF se révèlent peu favorables. Il importe de détailler ces modalités.

Conformément aux dispositions de l’article 52 de la loi de finances pour 1994, codifiées aux articles L. 1613-1 et L. 1613-2 du code général des collectivités territoriales, le calcul de la DGF est effectué en trois étapes.

· En premier lieu, le montant de la DGF de l’année en cours (1999) est " recalé " pour tenir compte des derniers indices connus. Le taux d’évolution des prix en 1999, étant désormais estimé à +0,5%, contre +1,2% en loi de finances pour 1999 et le taux d’évolution du produit intérieur brut en volume, au titre de 1998, s’établissant à +3,2% contre +3,1% en loi de finances pour 1999, l’indice d’actualisation 1999 révisé est donc de +2,1% (au lieu de +2,75%). Le montant recalé de la DGF pour 1999 fait ainsi apparaître une diminution de la DGF pour 1999 de 906,63 millions de francs.

Il convient de noter que, lors du dépôt du projet de loi de finances pour 1996, ce mécanisme de " recalage " était prévu pour 1996, mais pas pour les deux autres années d’application du pacte de stabilité. L’Assemblée nationale, sur amendement de sa Commission des finances, a cependant décidé de systématiser l’inscription de la DGF recalée de l’année n dans la base de calcul de l’enveloppe normée de l’année (n+1). Il est vrai que la prise en compte du montant recalé de la DGF était favorable aux collectivités locales pour 1996, mais comme l’observait le rapport général du Sénat : " si le recalage de la DGF se fait à la hausse, les collectivités locales seront gagnantes ; s’il se fait à la baisse, elles seront perdantes… ". Or, en 1997, en 1998 et en 1999, le recalage a toujours été effectué à la baisse…

Le Gouvernement a décidé de reconduire ce mécanisme dans le cadre du contrat de croissance et de solidarité, mais il faut insister sur le fait que sa suppression se traduirait par une plus forte baisse de la DCTP, compte tenu des modalités de calcul de l’enveloppe normée.

· En deuxième lieu, le montant recalé de la DGF progresse, comme cela a déjà été indiqué, selon un indice égal à la somme du taux prévisionnel d’évolution de la moyenne annuelle des prix à la consommation des ménages hors tabac de l’année de versement (estimé à +0,9% en 2000) et de la moitié de la croissance du produit intérieur brut en volume de l’année en cours (évalué à 2,3% pour 1999), soit 2,05% au total pour 2000. A s’en tenir à cette indexation, la DGF pour 2000 aurait dû atteindre 110,86 milliards de francs.

Les indices de progression sont donc plus faibles que ceux retenus pour 1999, du fait, surtout, du ralentissement de la croissance en 1999. Une progression de 2,05% aurait néanmoins été supérieure au taux d’évolution de l’enveloppe normée.

Cependant, la troisième étape du calcul de la DGF – l’imputation de la régularisation négative de l’année (n–2) – conduit à réduire fortement la progression de la DGF.

2.- Une importante régularisation négative au titre de 1998

La dernière étape du calcul de la DGF exige que la régularisation négative de la DGF pour 1998, constatée au 31 juillet 1999, soit imputée sur le montant de la DGF 2000.

Cette règle conduit à minorer de 679,73 millions de francs la DGF 2000 (), qui est donc fixée à 110,18 milliards de francs, ce qui correspond à une progression de 0,821% par rapport au montant ouvert en loi de finances pour 1999.

Une telle évolution de la principale dotation de fonctionnement accordée aux collectivités locales apparaît particulièrement faible au regard de la progression des frais de personnel en 1999. Le rapport sur " Les finances des collectivités locales en 1999 " de l’Observatoire des finances locales estime que les frais de personnel, représentant 36% des dépenses de gestion, devraient croître de plus de 5% cette année, en raison des effets du protocole salarial du 10 février 1998 et de l’augmentation des effectifs résultant du développement des emplois jeunes.

La faible progression de la DGF sera surtout ressentie par les communes qui ne perçoivent que la dotation forfaitaire et n’ont pas droit aux attributions de la dotation d’aménagement.

La structure de la DGF des communes

La DGF des communes comprend, depuis 1994, deux composantes principales : une dotation forfaitaire et une dotation d’aménagement. Alors que la dotation forfaitaire est allouée à toutes les communes, la dotation d’aménagement répond à un objectif de solidarité nationale en faveur de l’intercommunalité et des communes, urbaines comme rurales, défavorisées ou devant faire face à des charges très importantes. La dotation d’aménagement regroupe donc trois composantes principales : la DGF des groupements, la dotation de solidarité urbaine (DSU) et la dotation de solidarité rurale (DSR).

En effet, le taux de progression de la dotation forfaitaire, tel qu’il sera fixé par le Comité des finances locales, devrait être compris entre 0,41% et 0,45% seulement, contre 1,5% en 1999.

Cette dotation forfaitaire s’est élevée à 80 milliards de francs en 1999, soit près des trois-quarts de l’ensemble de la DGF et environ 90% de la DGF des communes. La même année, la dotation forfaitaire par habitant était de 1.262,76 francs.

La prise en compte des résultats du recensement de mars 1999 devrait, en outre, fortement influer sur l’évolution des diverses composantes de la DGF.

B.- L’impact du recensement de mars 1999

La répartition des dotations de l’Etat aux collectivités locales dépend, en partie, de la population de chacune d’entre elles.

L’article L. 2334-2 du code général des collectivités territoriales, issu de l’article 19 de la loi n° 79-15 du 3 janvier 1979 instituant la dotation globale de fonctionnement, prévoit que la population à prendre en compte pour la répartition des concours financiers de l’Etat aux collectivités locales est la population totale de la commune, majorée d’un habitant pour chaque résidence secondaire.

La population de chaque commune est prise en compte au 1er janvier d’une année donnée, pour la répartition des dotations de l’Etat de ce même exercice. Elle est celle issue du dernier recensement général, majorée des accroissements de population constatés à l’occasion de recensements complémentaires.

Sauf dispositions particulières, la définition de la population prévue à l’article L. 2334-2 du code précité est celle retenue pour la répartition des dotations de l’Etat et, notamment, de la dotation globale de fonctionnement et de ses principales composantes – dotation forfaitaire, dotation de solidarité urbaine (DSU), dotation de solidarité rurale (DSR), dotation affectée aux groupements à fiscalité propre –, de la dotation de développement rural (DDR), du Fonds national de péréquation (FNP), du Fonds de solidarité des communes de la région d’Ile-de-France (FSRIF) et de la dotation globale d’équipement (DGE) ().

1.- Les résultats du recensement et les diverses modalités envisagées pour en tenir compte dans la répartition de la DGF

Même si la population totale de chaque commune n’est pas encore connue avec précision (il faudra attendre un décret annoncé pour le 31 décembre 1999), les premiers résultats du recensement général de 1999 font apparaître une augmentation nette de la population, résidences secondaires incluses, de près de deux millions d’habitants (1.863.620) par rapport à la population prise en compte pour la répartition de la DGF en 1999 (cette population passant de 63.145.658 en 1999 à 65.009.278 en 2000).

Cette augmentation constitue un solde net entre les hausses et les baisses de population enregistrées au niveau de chaque commune et masque donc les transferts démographiques entre collectivités.

L’impact des variations de population au niveau de chaque commune principalement, mais également au niveau des départements et des régions, pourrait, à droit constant, entraîner de fortes variations des dotations attribuées, susceptibles d’affecter l’équilibre des budgets locaux.

A l’issue du précédent recensement général de 1990, l’article 32 de la loi n° 90-1067 du 28 novembre 1990 avait introduit une mesure de lissage, sur quatre ans, des seules baisses de population. Toutefois, la situation qui prévalait alors était différente. En effet, la dotation de base, qui constituait 40% de la masse de la DGF, était la seule fraction répartie directement en fonction de la population. La population de chaque commune se voyait affecter un coefficient multiplicateur d’autant plus élevé qu’elle appartenait à une strate démographique importante. Les fortes augmentations de la dotation de base faisaient par ailleurs l’objet d’un écrêtement, ce qui rendait donc superflu un lissage des augmentations de population. Ainsi, les conséquences du recensement ne portaient que sur la seule répartition interne de la dotation de base, et non pas sur une dotation qui, comme la dotation forfaitaire actuelle, représente près de 90% de la DGF des communes et dont la forte progression provoquerait corrélativement la diminution de l’autre composante de cette dotation, la dotation d’aménagement.

La législation actuellement en vigueur, résultant de l’article 6 de la loi n° 93-1436 du 31 décembre 1993 portant réforme de la DGF (réforme ayant notamment forfaitisé les anciennes composantes de ce concours financier au sein de la dotation forfaitaire et instituée une dotation d’aménagement) prévoit " qu’en cas d’augmentation de la population d’une commune constatée à l’occasion d’un recensement général ou complémentaire, la dotation forfaitaire revenant l’année suivante à cette commune est calculée en appliquant au montant antérieurement perçu un taux d’augmentation égal à 50% du taux de croissance de la population telle qu’elle a été constatée ". Les sommes dues en application de cet article sont prélevées sur la dotation d’aménagement, avant sa répartition. Les diminutions de population ne sont pas prises en compte pour le calcul de la dotation forfaitaire.

Ces dispositions ont été appliquées depuis 1994, aussi bien pour les recensements complémentaires que pour les deux recensements généraux dans les territoires d’outre-mer en 1996 et 1997. L’impact des variations de population sur la dotation d’aménagement est cependant resté marginal, la dotation forfaitaire n’ayant été majorée, au plus, que de 165 millions de francs.

Cependant, la prise en compte, en 2000, du recensement de 1999 selon les modalités définies par l’article 6 précité (codifié à l’article L. 2334-9 du code général des collectivités territoriales) se traduirait par une hausse de la dotation forfaitaire de 1.545,7 millions de francs, en supposant que le taux d’indexation plancher de 0,41% soit retenu par le Comité des finances locales. Cela conduirait, de plus, à une diminution de 11% de la dotation d’aménagement et, au sein de celle-ci, la DSU et la DSR attribuées aux communes de métropole diminueraient respectivement de 23% et de 28%.

Dans ces conditions, lors de la réunion du Comité des finances locales du 8 juillet dernier, le directeur général des collectivités locales a fait part de différentes hypothèses, visant à aménager le droit existant, afin d’étaler dans le temps l’impact financier du recensement de 1999.

Finalement, le projet de loi modifiant le code général des collectivités territoriales et relatif à la prise en compte du recensement général de la population de 1999 pour la répartition des dotations de l’Etat aux collectivités locales (n° 1809), déposé le 22 septembre dernier, propose un dispositif de lissage sur trois ans.

2.- Le dispositif de lissage proposé par le Gouvernement

S’agissant de la DGF, le projet de loi précité opère une distinction entre la dotation forfaitaire et la dotation d’aménagement.

· La dotation forfaitaire :

La dotation forfaitaire de 2000 des communes dont la population a augmenté ne sera pas calculée en appliquant au montant antérieurement perçu un taux d’augmentation égal à 50% du taux de croissance de la population, comme le prévoit la loi de 1993, mais en appliquant un taux d’augmentation égal au tiers du taux d’augmentation prévu par cette loi, soit 16,66%. En 2001, ce taux sera des deux tiers et ce n’est qu’en 2002 que ces communes bénéficieront pleinement des conséquences financières de la hausse de leur population.

Un dispositif de lissage à la hausse sur trois années est donc proposé. Mais la particularité des mesures applicables à la dotation forfaitaire réside surtout dans l’absence de lissage à la baisse.

En effet, les communes dont la population a diminué se voient garantir, de 2000 à 2002, un montant de dotation forfaitaire identique à celui dû au titre de 1999 (ce qui signifie, en particulier, que ce montant ne sera pas indexé sur l’évolution de la dotation forfaitaire durant ces trois années). Cette option est motivée par le fait qu’une perte de population n’entraîne pas corrélativement une baisse des charges dont la dotation forfaitaire assure la couverture minimale. Elle correspond, en outre, à un engagement du Premier ministre qui, dans un courrier du 30 juillet dernier adressé au Président du Comité des finances locales, a indiqué : " Je souhaite que les communes subissant des pertes de population ne connaissent pas de baisse de leur dotation forfaitaire dont le montant atteint en 1999 sera reconduit. "

· La dotation d’aménagement :

En ce qui concerne la DSU et la DSR, enveloppes fermées faisant intervenir la population au niveau des critères de répartition, les variations démographiques sont susceptibles d’affecter tant les seuils d’éligibilité que les modalités de répartition des ressources :

– Tout d’abord, ces variations peuvent modifier les conditions d’éligibilité des communes à ces dotations, puisqu’il existe des seuils d’éligibilité qui prennent en compte la population des communes (ces seuils sont fixés à 5.000, 10.000 et 20.000 habitants). De même, les critères d’éligibilité prennent en compte la population (l’indice synthétique de charges et de ressources utilisé pour déterminer l’éligibilité à la DSU tient compte notamment du revenu par habitant) ;

– Ensuite, les accroissements de population sont susceptibles d’affecter les dotations individuelles revenant à chaque commune, car l’enveloppe à répartir ne tient pas compte du critère démographique (elle ne constitue qu’un solde de la DGF après prélèvement de la dotation forfaitaire) et, dans le même temps, la population sert de multiplicateur dans la répartition individuelle. Une trop forte hausse de la population dans un contexte de faible augmentation des masses à répartir risquerait donc de faire chuter la valeur de point de ces dotations et, en conséquence, le montant des dotations attribuées.

Le projet de loi précité propose donc également un mécanisme de lissage à la hausse, mais aussi à la baisse, sur trois ans, des variations de population pour la répartition de la DSU et de la DSR.

Dans ces conditions, la population prise en compte pour la répartition des deux composantes de la DGF ne sera celle résultant du recensement général de 1999 qu’en 2002, année où l’intégralité de la hausse ou de la baisse constatée sera prise en compte ().

On pourrait, bien sûr, regretter que le lissage soit effectué sur trois longues années lorsque des hausses de population sont intervenues, ce qui conduit à une répartition des dotations éloignée des réalités, sur le modèle des principaux fictifs en matière de fiscalité locale. Cela peut paraître d’autant plus dommageable, pour les communes concernées, que la progression du nombre de leurs habitants pourrait déjà être prise en compte si le recensement général, prévu initialement pour 1997, n’avait pas été retardé. Cette disposition revient finalement à pénaliser les communes qui n’ont pas pratiqué un recensement complémentaire avant le recensement de 1999.

Il convient, toutefois, de souligner que toute mesure modifiant le projet de loi précité et visant à accélérer la prise en compte des hausses de population ou à majorer, de quelque façon que ce soit, l’impact du recensement sur la dotation forfaitaire de 2000 se traduirait automatiquement par une majoration de la masse globale de la dotation forfaitaire et, corrélativement, par une réduction de la masse globale de la dotation d’aménagement, dont, selon votre Rapporteur général, les ressources doivent impérativement être préservées ().

II.- La nécessité de préserver les ressources de la dotation d’aménagement

La progression de 0,821% de la DGF totale et le mécanisme de lissage des résultats du recensement proposé par le Gouvernement ne suffisent pas à atteindre cet objectif. C’est pourquoi le présent article propose de majorer la dotation d’aménagement de 200 millions de francs, somme permettant de maintenir à leur niveau de 1999 les deux dotations de péréquation que sont la DSU et la DSR. Ce statu quo n’étant pas suffisant, il est prévu qu’un effort supplémentaire soit accompli en faveur de la DSU.

A.- Le dispositif proposé

La mesure de lissage des hausses de population sur trois ans, prévue pour la dotation forfaitaire, permet de limiter la progression de cette dernière à 481,2 millions de francs en 2000.

De plus, la non-indexation de la dotation forfaitaire des communes dont la population a baissé en 1999 conduit à ramener le montant précité à 354,6 millions de francs.

Le " coût " du recensement est donc fortement restreint au regard de ce qu’il aurait été si l’on s’en était tenu aux dispositions de 1993.

Cependant, se contenter de cette situation aboutirait à une augmentation de seulement 0,59% de la dotation d’aménagement, ainsi qu’à une diminution de 3,3% de la DSU et de 3,9% de la DSR, après le prélèvement destiné à la dotation des groupements de communes.

Le premier alinéa du présent article prévoit donc une majoration de 200 millions de francs du solde de la dotation d’aménagement, tel que défini au quatrième alinéa de l’article L. 2334-13 du code général des collectivités territoriales, c’est-à-dire après le prélèvement de la dotation destinée aux groupements.

Cette mesure permettrait de maintenir à leur niveau de 1999 () le montant global des deux dotations de péréquation, qui – il faut le rappeler – avait alors enregistré une progression sensible. Ainsi, la somme mise en répartition, au titre de la DSU, entre les communes de métropole, s’est élevée à 3,17 milliards de francs, soit une progression de 44,95% par rapport à 1998 (). De même, la DSR de 1999 était en hausse de 24,56% par rapport à 1998 et s’est élevée à 2,12 milliards de francs (592 millions de francs au titre de la DSR " bourgs-centres " et 1,52 milliard de francs au titre de la seconde fraction de la DSR, dite de péréquation).

Le deuxième alinéa du présent article précise que l’abondement de 200 millions de francs doit également permettre de maintenir le niveau des ressources de chacune des deux dotations et ne pas s’imputer prioritairement sur l’une d’entre elles.

Le dernier alinéa du présent article indique, enfin, que cette majoration n’est pas prise en compte dans le montant de la DGF pour l’application des règles du contrat de croissance et de solidarité. Cela signifie :

– d’une part, que la majoration de 200 millions de francs ne sera pas retenue lors de la détermination du montant de la DGF de 2001 ; cette somme viendra donc simplement abonder la dotation d’aménagement en 2000 () ;

– d’autre part, que cette majoration ne se traduira pas par une réduction corrélative et d’un montant équivalent de la variable d’ajustement de l’enveloppe normée des dotations de l’Etat aux collectivités locales, c’est-à-dire de la DCTP.

B.- Un dispositif qui sera complété

Le Premier ministre a déjà fait savoir que le Gouvernement déposerait un amendement visant à porter de 200 millions de francs à 700 millions de francs la majoration de la dotation d’aménagement, et ceci dans le but de renforcer les moyens attribués à la DSU. Il importe de souligner, par ailleurs, que d’autres dispositions du présent projet de loi de finances visent à renforcer le soutien accordé aux collectivités locales défavorisées.

1.- Une majoration portée à 700 millions de francs

Comme cela a été indiqué précédemment, les sommes consacrées à la DSU et à la DSR s’élèvent respectivement à 3,17 et à 2,12 milliards de francs en 1999, ce qui peut apparaître très insuffisant au regard des difficultés rencontrées par certaines zones urbaines ou rurales. Il suffit de rappeler que la DSU par habitant est de 137,65 francs en 1999 et que la DSR " bourgs-centres " s’élève à 56,47 francs par habitant pour mesurer l’impact insuffisamment péréquateur de ces deux dotations ().

De nombreux élus locaux ont donc demandé un effort supplémentaire à l’Etat, afin d’accroître les moyens destinés à la péréquation. Ces demandes ont été entendues et, outre la majoration exceptionnelle de 500 millions de francs de la DSU prévue par la loi de finances pour 1999 au titre des trois années d’application du contrat de croissance et de solidarité, le Gouvernement devrait augmenter de 500 millions de francs la majoration prévue par le présent article.

Plus exactement, ce nouvel abondement concernera uniquement la DSU (perçue en 1999 par 680 communes de plus de 10.000 habitants et par 102 communes de 5.000 à 9.999 habitants). Votre Rapporteur général se félicite de cet apport supplémentaire en faveur des zones urbaines, mais il souhaiterait également qu’un effort – même s’il est de moindre importance – soit accompli en faveur des 4.088 communes bénéficiant de la fraction " bourgs-centres " de la DSR.

De même, il serait souhaitable de renouveler, pour 2000, le dispositif prévu par l’article 58 de la loi de finances pour 1999, tendant à compenser les baisses de DCTP supportées par les communes éligibles à la DSU, à la DSR " bourgs-centres ", ainsi que par certaines communes bénéficiaires de la seconde fraction de la DSR lorsque leur potentiel fiscal par habitant est inférieur à 90% du potentiel fiscal moyen par habitant des communes appartenant au même groupe démographique.

D’une façon plus générale, il convient de déplorer, encore une fois, l’insuffisance des dispositifs péréquateurs. L’ensemble DSU-DSR ne représente, en effet, que 5% de la DGF totale. Par ailleurs, le rapport d’information (n° 1779) de notre collègue M. Gérard Fuchs, relatif au fonctionnement et au renforcement des fonds nationaux et départementaux de péréquation de la taxe professionnelle, a montré que les emplois du Fonds national de péréquation de la taxe professionnelle (FNPTP) ne répondent pas à l’objectif de péréquation, tandis que le Fonds national de péréquation (FNP) ne représente que 3,8 milliards de francs (à comparer à un produit voté de taxe professionnelle de près de 160 milliards de francs). Il faut donc espérer que les travaux du groupe de travail sur la péréquation financière des dotations de l’Etat aux collectivités locales, mis en place au sein du Comité des finances locales, aboutissent rapidement et se traduisent par une refonte en profondeur des dispositifs existants, trop dispersés et disposant d’insuffisamment de ressources pour atteindre leurs objectifs.

On peut néanmoins observer que l’aide de l’Etat aux collectivités défavorisées ne transite pas uniquement par les dotations et que, cette année, un effort significatif peut être constaté au budget de la ville.

2.- Une progression sensible des crédits de la ville

En 2000, les crédits inscrits au budget de la délégation interministérielle à la ville et au développement social urbain enregistrent une progression de 26,3% par rapport à la loi de finances pour 1999. Cette forte augmentation traduit la politique volontariste du Gouvernement dans le cadre des contrats de ville 2000-2006.

En conclusion, on indiquera que le recensement général de 1999 devrait être le dernier à poser des difficultés liées à l’impact d’une forte progression de la population sur les dotations aux collectivités locales. En effet, l’INSEE devrait, désormais, effectuer des recensements " en continu ", ayant des effets plus limités sur l’évolution des dotations.

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La Commission a examiné trois amendements respectivement présentés par MM. Gilles Carrez, Charles de Courson et Marc Laffineur, tendant à abonder la dotation d’aménagement de la dotation globale de fonctionnement (DGF) à hauteur de 700 millions de francs pour les deux premiers et de 400 millions de francs pour le troisième, plutôt que de 200 millions de francs comme le proposait le Gouvernement, dans le cadre de la prise en compte des résultats du recensement.

M. Gilles Carrez a rappelé que, conformément au droit en vigueur, une hausse de la population constatée à l’occasion d’un recensement général devrait entraîner un accroissement de la dotation forfaitaire de la DGF à hauteur de 50% du taux de croissance de la population. Or, le dernier recensement réalisé en 1999 a fait état d’une augmentation de la population de deux millions d’habitants, ce qui devrait se traduire, en théorie, par une majoration de la dotation forfaitaire de 1,5 milliard de francs. Le dispositif proposé par le Gouvernement revient à étaler sur trois ans cette charge nouvelle.

M. Gilles Carrez a considéré que cette décision n’était pas acceptable. En effet, cette progression de la population correspond à des charges supplémentaires pour les communes concernées. Au demeurant, ce recensement a été réalisé avec deux ans de retard. Dès lors, demander une hausse de la dotation d’aménagement de 700 millions de francs est déjà en soi une position raisonnable, puisqu’elle revient à accepter le principe d’un étalement dans le temps, mais sur deux ans au lieu de trois. Cette position a fait l’objet d’un vote unanime du Comité des finances locales et du bureau directeur de l’Association des maires de France (AMF).

Le Président Augustin Bonrepaux a considéré que la présentation faite par M. Gilles Carrez du dispositif gouvernemental était partielle, car elle ne prend pas en compte les évolutions intervenues depuis la réunion du dernier Comité des finances locales. En effet, le Premier ministre a annoncé que 500 millions de francs supplémentaires viendraient abonder la dotation de solidarité urbaine (DSU), ce qui portera son montant de 3,2 milliards de francs à 3,7 milliards de francs : un amendement gouvernemental a été déposé en ce sens, après l’article 34.

Votre Rapporteur général a exprimé un avis défavorable à l’encontre des trois amendements proposés. Si le recensement est intervenu avec deux années de retard, c’est à la suite d’une décision prise, pour des raisons budgétaires, par la précédente majorité. Le dispositif proposé par le Gouvernement, et complété par les amendements qu’il a cosignés avec le Président de la Commission des finances, est plus juste, car il met l’accent sur la péréquation. Le Gouvernement propose, pour sa part, d’abonder la DSU de 500 millions de francs supplémentaires, conformément à l’engagement du Premier ministre. Par ailleurs, un amendement prévoit une compensation de la baisse de la dotation de compensation de la taxe professionnelle (DCTP) supportée, dans le cadre de l’enveloppe normée du " contrat de croissance et de solidarité " par les communes éligibles en 1999 à la DSU et à la fraction " bourgs-centres " de la dotation de solidarité rurale (DSR), ainsi que par certaines communes bénéficiant de la seconde fraction de cette dotation. D’autre part, 150 millions de francs viendront abonder la DSR, grâce à un prélèvement sur le produit de la fiscalité locale de La Poste et France Télécom affecté au Fonds national de péréquation de la taxe professionnelle (FNPTP). Ainsi, si le principe d’un étalement de la hausse de la dotation forfaitaire sur trois ans est avalisé, ce qui sera au demeurant favorable aux collectivités dont la population diminue, ce sont 650 millions de francs supplémentaires qui viendront abonder les différentes dotations de péréquation de la DGF.

M. Charles de Courson a considéré que, malgré les propositions du Gouvernement et de votre Rapporteur général, le problème de l’étalement sur trois ans de la hausse de la dotation forfaitaire demeure, même s’il sera discuté séparément, dans le cadre d’un projet de loi spécifique sur la prise en compte des résultats du recensement. Il a jugé qu’un étalement sur deux ans serait déjà une concession.

M. Francis Delattre a observé que l’amendement de M. Marc Laffineur pourrait être un bon compromis, puisqu’il ne propose qu’un doublement, à hauteur de 400 millions de francs, de la dotation d’aménagement de la DGF.

La Commission a rejeté ces amendements.

Elle a ensuite examiné deux amendements présentés par M. Jean-Jacques Jégou, le premier créant un fonds de péréquation de la DGF, visant à compenser la perte de recettes pour les communes dont la DGF est inférieure d’au moins 10% à la moyenne nationale de la strate, le deuxième prévoyant également un rattrapage à travers une augmentation de la DGF pour les communes dont la dotation est inférieure d’au moins 10% à la moyenne régionale de la strate.

M. Jean-Jacques Jégou a expliqué que ces propositions visaient à remédier aux disparités de DGF, que l’on peut constater pour des communes pourtant comparables, dans un même département et dans une même région.

Votre Rapporteur général a rappelé que, depuis 1993, une dotation spécifique était déjà consacrée à la péréquation au sein de la DGF. Il a, par ailleurs, observé que le dispositif proposé viserait également certaines communes particulièrement favorisées.

La Commission a rejeté ces amendements, puis a adopté l’article 34 sans modification.

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Articles additionnels après l’article 34

Majoration de 500 millions de francs de
la dotation de solidarité urbaine.

Texte de l’article additionnel :

Au titre de 2000, le montant de la dotation de solidarité urbaine, tel qu’il résulte de l’article L. 2334-13 du code général des collectivités territoriales, est majoré de 500 millions de francs. Cette majoration exceptionnelle n’est pas prise en compte dans le montant de la dotation globale de fonctionnement pour l’application du I et du II de l’article 57 de la loi de finances pour 1999 (n° 98-1266 du 30 décembre 1998).

Observations et décision de la Commission :

La Commission a examiné l’amendement n° I-16 du Gouvernement, proposant de majorer de 500 millions de francs la dotation de solidarité urbaine (DSU), au titre de 2000.

Comme cela a déjà été indiqué dans le commentaire de l’article 34 du présent projet de loi, cette mesure était attendue et correspond à un engagement de M. le Premier ministre, annoncé le 27 septembre dernier.

Il a été souligné que, compte tenu de l’intégration progressive des résultats du recensement général de 1999, la dotation forfaitaire de la dotation globale de fonctionnement (DGF) progresserait sensiblement en 2000 (+ 354,6 millions de francs) et qu’en conséquence, la seconde composante de la DGF – la dotation d’aménagement – aurait pu voir ses ressources diminuer par rapport à 1999.

L’article 34 précité prévoit de majorer de 200 millions de francs le montant global du solde de la dotation d’aménagement après prélèvement de la dotation des groupements de communes : cette majoration s’applique donc indifféremment à la DSU et à la dotation de solidarité rurale (DSR). Ainsi les ressources globales de ces deux dotations sont préservées en 2000.

Compte tenu de la priorité accordée à la politique de la ville, il est toutefois apparu souhaitable de majorer, à titre exceptionnel, la DSU de 500 millions de francs, afin que les 780 communes bénéficiant de cette dotation puissent voir leur dotation moyenne progresser, surtout si le recensement de mars 1999 a constaté une augmentation de leur population.

Cette majoration s’ajoute à une autre majoration de 500 millions de francs prévue par la loi de finances pour 1999 au titre des trois années d’application du " contrat de croissance et de solidarité " entre l’Etat et les collectivités locales.

Comme cette dernière, elle n’est pas intégrée dans l’" enveloppe normée ", ce qui signifie qu’il n’en sera pas tenu compte lors de l’indexation de la DGF pour 2001 et que la DCTP pour 2000 ne sera pas diminuée corrélativement.

On peut enfin observer qu’en 2000 le montant de la DSU devrait être de l’ordre de 3,7 milliards de francs, soit une progression de 60% par rapport à la DSU de 1998 (2,3 milliards de francs).

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Pour le débat en Commission sur le présent article, on se reportera au commentaire, présenté ci-dessous, de l’article additionnel prévoyant la reconduction du mécanisme de compensation des diminutions de dotation de compensation de la taxe professionnelle pour certaines collectivités défavorisées.

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Majoration de 150 millions de francs de la première fraction de la dotation de solidarité rurale.

Texte de l’article additionnel :

Pour l’année 2000, la première fraction de la dotation de solidarité rurale visée à l’article L. 2334-21 du code général des collectivités territoriales est majorée de 150 millions de francs prélevés sur la somme prévue au 5° du II de l’article 1648 A bis du code général des impôts.

Observations et décision de la Commission :

La Commission a examiné un amendement de votre Rapporteur général et du Président Augustin Bonrepaux, visant à majorer de 150 millions de francs la fraction " bourgs-centres " de la dotation de solidarité rurale (DSR) pour l’année 2000.

Conformément à l’article L. 2334-13 du code général des collectivités territoriales, le montant des crédits attribués à la DSR par le Comité des finances locales (CFL) ne peut excéder 55% et être inférieur à 45% de la croissance du solde de la dotation d’aménagement après répartition de la dotation globale de fonctionnement (DGF) des groupements de communes.

Au titre de 1999, le CFL a ainsi réservé 55% de la croissance de la dotation d’aménagement – déduction faire de la DGF des groupements – à la DSU et 45% à la DSR.

La priorité accordée à la DSU est sans cesse réaffirmée depuis plusieurs années.

En 2000, compte tenu de ce qui a déjà été expliqué précédemment, la DSU ne profitera probablement pas d’une croissance de la dotation d’aménagement, mais elle bénéficiera de deux majorations exceptionnelles de 500 millions de francs chacune.

Il est donc paru souhaitable d’accroître, dans une moindre mesure, les moyens attribués à la DSR, mais en ciblant particulièrement les communes éligibles à la fraction " bourgs-centres ", c’est-à-dire les communes rurales de moins de 10.000 habitants et les chefs-lieux d’arrondissements de moins de 20.000 habitants assumant des charges de centralité.

L’article L. 2334-21 du code général des collectivités territoriales prévoit déjà que les crédits mis en répartition au titre de cette première fraction de la DSR sont fixés par le CFL de telle sorte que la croissance annuelle des crédits de la DSR consacrée à cette fraction soit comprise entre 5 et 20%. Depuis quatre ans, le CFL a toujours choisi la progression maximale de 20%.

Toutefois, la croissance de la DSR en 2000 devrait être très réduite. Il semble donc opportun de majorer la fraction " bourgs-centres " de la DSR de 150 millions de francs.

592.931.108 francs ont été répartis en 1999 au titre de la DSR " bourgs-centres ". 4.088 communes ont bénéficié de cette première fraction, soit une population de 10.499.979 habitants. 11 d’entre elles, sortantes, ont toutefois bénéficié, conformément à l’article L. 2334-21 du code général des collectivités territoriales, d’une attribution au titre de la garantie, égale à la moitié de la dotation perçue l’année précédente.

Au total, la DSR s’est élevée à 3,17 milliards de francs en 1999 (soit une progression de 24,56% pour la seule métropole).

Cette majoration de 150 millions de francs proviendrait du Fonds national de péréquation de la taxe professionnelle et, plus précisément, d’une partie du produit de la fiscalité locale de France Télécom et de La Poste affecté au FNPTP. En effet, ce produit devrait s’élever à 2,07 milliards de francs en 2000, contre 1,73 milliard de francs en 1999.

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Pour le débat en Commission sur le présent article, on se reportera au commentaire, présenté ci-dessous, de l’article additionnel prévoyant la reconduction du mécanisme de compensation des diminutions de dotation de compensation de la taxe professionnelle pour certaines collectivités défavorisées.

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Reconduction du mécanisme compensant les diminutions
de dotation de compensation de la taxe professionnelle subie par les collectivités défavorisées.

Texte de l’article additionnel :

Après le dernier alinéa du 2° bis du II de l’article 1648 B du code général des impôts, il est inséré cinq alinéas ainsi rédigés :

" 2. en 2000 et en 2001 ;

" a. une compensation aux communes éligibles en 1999 à la dotation de solidarité urbaine prévue à l’article L. 2334-15 du code général des collectivités territoriales et aux communes bénéficiaires, en 1999, de la première fraction de la dotation de solidarité rurale visée à l’article L. 2334-21 du même code, et qui connaissent en 2000 une baisse de la dotation prévue au IV de l’article 6 de la loi de finances pour 1987 (n° 86-1317 du 30 décembre 1986). Les attributions qui reviennent aux communes bénéficiaires de cette part sont égales à la baisse enregistrée par chaque commune, entre 1999 et 2000, de la dotation prévue au IV de l’article 6 de la loi de finances précitée ;

" b. une compensation aux établissements publics de coopération intercommunale à fiscalité propre dont un membre au moins est éligible, en 1999, soit à la dotation de solidarité urbaine, soit à la première fraction de la dotation de solidarité rurale. Les attributions qui reviennent aux groupements bénéficiaires de cette part sont égales à la baisse enregistrée par chaque groupement, entre 1999 et 2000, de la dotation prévue au IV de l’article 6 de la loi de finances pour 1987 (n° 86-1317 du 30 décembre 1986), à hauteur du pourcentage que représente la population des communes éligibles, soit à la dotation de solidarité urbaine, soit à la première fraction de la dotation de solidarité rurale, membres du groupement dans la population totale du groupement.

" c. une compensation aux communes bénéficiaires en 1999 de la seconde fraction de la dotation de solidarité rurale visée à l’article L. 2334-22 du code général des collectivités territoriales et dont le potentiel fiscal par habitant, tel qu’il est défini à l’article L. 2334-4 du même code est inférieur à 90% du potentiel fiscal moyen par habitant des communes appartenant au même groupe démographique, et qui connaissent en 2000 une baisse de la dotation prévue au IV de l’article 6 de la loi de finances pour 1987 (n° 86-1317 du 30 décembre 1986). Les attributions qui reviennent aux communes bénéficiaires de cette part sont égales à la baisse enregistrée par chaque commune entre 1999 et 2000 de la dotation prévue au IV de l’article 6 de la loi de finances précitée.

Lorsque la somme qui doit être attribuée au titre de la compensation pour une commune ou un établissement public de coopération intercommunale est inférieure à 500 francs, le versement de cette somme n’est pas effectué ; ".

Observations et décision de la Commission :

La Commission a examiné un amendement de votre Rapporteur général et du Président Augustin Bonrepaux, proposant de reconduire, en 2000, le dispositif prévu par la loi de finances pour 1999, prévoyant de compenser, grâce à une attribution du Fonds national de péréquation de la taxe professionnelle (FNPTP) les diminutions de la dotation de compensation de taxe professionnelle (DCTP) supportées par les communes éligibles à la dotation de solidarité urbaine (DSU), ou à la fraction " bourgs-centres " de la dotation de solidarité rurale (DSR), ainsi que par certaines communes bénéficiaires de la seconde fraction de la DSR (), et imputables au mécanisme de l’" enveloppe normée " du " contrat de croissance et de solidarité ".

Ce dernier, institué par l’article 57 de la loi de finances pour 1999, prévoit que, de 1999 à 2001, le montant total de l’enveloppe normée doit progresser, d’une année sur l’autre, comme la somme de l’évolution des prix à la consommation, hors tabac, et d’une fraction du taux d’évolution du produit intérieur brut en volume de l’année précédant le versement. Cette fraction est égale à 25% en 2000 (20% en 1999 et 33% en 2001).

L’enveloppe normée progresse donc de 1,475% en 2000, soit la somme de l’évolution prévisionnelle des prix en 2000 (+ 0,9%) et de 25% de l’évolution du PIB en 1999 (2,3%).

Cette progression ne peut être respectée que par une diminution moyenne de -3,44% de la dotation de compensation de la taxe professionnelle (DCTP).

Même si le contrat de croissance et de solidarité prévoit de moduler la réduction de la DCTP pour les collectivités les plus démunies (communes éligibles à la DSU ou à la première fraction de la DSR, départements attributaires de la dotation de fonctionnement minimale et régions bénéficiant du fonds de correction des déséquilibres régionaux), ces dernières auraient dû subir une baisse de DCTP de 1,72%.

Afin d’éviter une telle baisse en 1999 (année où la réduction moyenne de DCTP était de – 12,26%), l’article 58 de la loi de finances pour 1999 a prévu de compléter l’article 1648 B du code général des impôts, afin d’accorder aux communes et établissements publics de coopération intercommunale (EPCI) défavorisés une compensation de l’intégralité des pertes subies au titre de la DCTP 1999, durant les trois années du contrat de croissance et de solidarité. Cette compensation est attribuée par le FNPTP.

Ainsi, en 1999, la compensation assurée par le FNPTP s’est élevé à 570 millions de francs. 758 communes éligibles à la DSU en 1998, 4.004 communes bénéficiaires en 1998 de la fraction " bourgs-centres " de la DSR et 18.763 communes bénéficiaires de la seconde fraction de la DSR ont perçu cette compensation. De même, 108 établissements publics de coopération intercommunale (EPCI) en ont bénéficié.

Le présent amendement propose de reconduire ce dispositif pour les communes et EPCI défavorisés subissant une perte de DCTP en 2000 par rapport à 1999.

Ce mécanisme complétera celui adopté en 1999 : à titre d’exemple, une commune éligible à la DSU en 1998 et en 1999 percevra les deux compensations en 2000 et 2001, tandis qu’une commune qui ne serait plus éligible à la DSU en 1999 ne percevra une compensation, en 2000 et 2001, que pour la perte de DCTP subie entre 1999 et 1998.

Compte tenu de la moindre baisse de la DCTP en 2000, le coût de la compensation pour le FNPTP devrait s’accroître de 150 millions de francs seulement.

Il convient de rappeler, à cet égard, que l’article 129 de la loi de finances pour 1999 prévoit, au titre de chacune des trois années d’application du contrat de croissance et de solidarité, une majoration de 150 millions de francs du Fonds national de péréquation (FNP), pour tenir compte de la diminution du solde du FNPTP, solde constituant l’une des deux ressources du FNP.

Enfin, le présent amendement prévoit que la compensation attribuée au titre des baisses de DCTP subies en 1999 et/ou en 2000 n’est pas versée à la collectivité si son montant est inférieur à 500 francs.

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La Commission a examiné trois amendements, le premier du Gouvernement majorant de 500 millions de francs la DSU, le deuxième de votre Rapporteur général et du Président de la Commission des finances majorant de 150 millions de francs la DSR grâce à un prélèvement sur le produit des impositions directes locales de La Poste et France Télécom versées au FNPTP, le troisième, des deux auteurs précités, instituant une compensation des baisses de DCTP supportées en 2000 par certaines collectivités défavorisées.

Votre Rapporteur général a fait observer à la Commission qu’en deux ans, la DSU a progressé de 60%.

M. Gilles Carrez a noté que la DSR avait évolué moins favorablement, mais s’est félicité de son abondement supplémentaire à hauteur de 150 millions de francs. Il a, par ailleurs, attiré l’attention de la Commission sur la situation de certaines villes de plus de 10.000 habitants qui sont objectivement pauvres, bien qu’elles disposent, pour des raisons historiques, d’un nombre limité de logements sociaux, et qui, étant exclues du bénéfice de la DSU, ne peuvent obtenir que la dotation forfaitaire, dont l’évolution en 2000 sera comprise entre +0,41% et +0,45% seulement. Dans l’hypothèse où leur population aurait tendance à augmenter, l’étalement sur trois ans de la progression de la dotation forfaitaire les pénalisera fortement, sans que leur situation soit améliorée par les propositions de votre Rapporteur général et du Président de la Commission des finances. Il est paradoxal qu’une commune dont les bases de taxe professionnelle sont inférieures à la moyenne nationale puisse percevoir une DGF également inférieure à la moyenne nationale et être de surcroît pénalisée par le refus du Gouvernement de prendre en compte les résultats du recensement.

Le Président Augustin Bonrepaux a observé que ces dysfonctionnements étaient liés au dispositif mis en place en 1993, lors de la réforme de la DGF. Par ailleurs, la question de la péréquation se pose surtout au niveau du Fonds national de péréquation de la taxe professionnelle. Le Président Augustin Bonrepaux a souhaité, enfin, qu’en deçà d’un seuil minimum, fixé à 500 francs, la compensation des baisses de DCTP ne soit pas versée aux communes et aux établissements publics de coopération intercommunale concernés.

La Commission a adopté ces trois amendements (amendements nos I-16, I-66 et I-67), ainsi qu’un sous-amendement du Président Augustin Bonrepaux relatif au seuil minimum de versement de la compensation des baisses de DCTP.

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Article 35

Evaluation du prélèvement opéré sur les recettes de l'Etat
au titre de la participation de la France au budget
des Communautés européennes.

Texte du projet de loi :

Le montant du prélèvement effectué sur les recettes de l’État au titre de la participation de la France au budget des Communautés européennes est évalué pour l’exercice 2000 à 98,5 milliards F.

Exposé des motifs du projet de loi :

La contribution au budget des Communautés européennes est évaluée à 98,5 milliards F.

Cette évaluation tient compte du projet de budget communautaire pour 2000 établi par le Conseil ainsi que des perspectives de report du solde de l’exercice 1999.

Observations et décision de la Commission :

Le présent article a pour objet d’évaluer la contribution française au budget communautaire. Le montant du prélèvement sur les recettes de l’Etat opéré à cet effet représenterait, en 2000, 98,5 milliards de francs, soit une progression de 5 milliards de francs par rapport aux prévisions de la loi de finances initiale pour 1999 et de 3,5 milliards de francs par rapport à la prévision révisée.

L’évolution de ce prélèvement de plus en plus significatif sur les ressources du budget général est, bien évidemment, commandée directement par les prévisions de dépenses figurant dans le projet de budget communautaire adopté par le Conseil de l’Union européenne le 16 juillet dernier. Il conviendra donc avant tout d’étudier les modifications les plus significatives apportées à cette occasion, notamment au regard de l’avant-projet déposé par la Commission. Ce dernier avait, en effet, fait l’objet d’une résolution de l’Assemblée nationale, devenue définitive le 11 juillet dernier ().

Par ailleurs, on notera que le montant inscrit dans le présent article doit être d’autant plus considéré comme une évaluation que le projet de budget est vraisemblablement appelé à connaître encore des modifications au cours de sa première lecture par le Parlement européen, puis des lectures suivantes par le Conseil et le Parlement.

I.- Un projet du budget communautaire répondant au double souci de contenir la progression des dépenses et de dégager les ressources nécessaires à la reconstruction des Balkans

A bien des égards, le budget communautaire pour 2000 sera marqué par des contraintes spécifiques. Premier budget de la nouvelle programmation financière pour la période 2000-2006, tout en étant fortement marqué par le poids des engagements contractés lors de la précédente programmation, il doit de surcroît prendre en compte les lourdes conséquences financières d’un événement imprévu : la guerre du Kosovo. L’euphémisme " contraintes multiples " est donc, cette année, on ne peut plus approprié.

A.- Un effort raisonnable d’économies et une adaptation en fonction des besoins liés au Kosovo

Faisant valoir la nécessité d’une maîtrise raisonnée des dépenses du budget communautaire, le Conseil a, comme à son habitude, procédé à des économies substantielles par rapport à l’avant-projet de budget présenté par la Commission européenne. Cet effort d’économie est cependant d’une moindre ampleur que lors des exercices précédents, en raison du poids des engagements contractés lors des précédentes perspectives financières et de la nécessité d’assurer le financement de la reconstruction du Kosovo et de l’aide aux Balkans.

1.- Un avant-projet de budget présentant des spécificités nouvelles

Malgré un découpage rénové des rubriques, conformes à la nouvelle programmation financière, l’avant-projet de budget présenté par la Commission européenne était, en fait, très largement déterminé par le poids des engagements contractés durant la précédente programmation financière.

La décision, dès le budget pour 1999, de procéder à la budgétisation de l’ensemble des crédits pour engagements relatifs aux actions structurelles non consommés précédemment a aussi des conséquences très sensibles sur l’évolution des crédits pour 2000.

Selon les estimations de la Commission européenne, le " reste à liquider ", qui correspond à l’écart entre les engagements contractés auparavant et les paiements liquidés en conséquence, s’élèverait au 31 décembre 1999 à environ 70 milliards d’euros.

Ces restes à liquider sont inégalement répartis selon les rubriques. Ils concernent, pour l’essentiel, les actions structurelles (45,4 milliards d’euros), puis les actions extérieures (15,9 milliards d’euros) et les politiques internes (8,6 milliards d’euros). Une large partie des marges de manœuvre budgétaires pour 2000 est donc mécaniquement absorbée, même si le problème des restes à liquider se pose avec une acuité inégale selon les rubriques.

Comme l’indique le tableau ci-après, alors le budget pour 1999 avait été caractérisé par la forte augmentation des crédits pour engagements, l’avant-projet de budget pour 2000 l’était par celle des crédits pour paiements.

Par une sorte d’effet de ciseaux, les crédits pour engagements baissaient de 4,4%, tandis que les crédits pour paiements augmentaient de 4,7%, soit un rythme particulièrement élevé par rapport aux précédents budgets. Ces derniers avaient été marqués par un souci de modération, afin notamment d’éviter une croissance trop rapide des contributions versées par les Etats membres. Ainsi, en 1997, les crédits pour paiements avaient augmenté de 0,5% et, en 1998, de 1,4%. S’agissant des crédits pour engagements, on soulignera que cette diminution est largement optique et résulte de la surbudgétisation opérée en 1999, notamment au titre des actions structurelles. Ainsi, par rapport au niveau des crédits pour engagements du budget 1998, leur progression s’établit à 1,9%. L’exercice 2000 représente, dans ces conditions, une forme de retour à la normale en la matière.

Dans sa résolution précitée, l’Assemblée nationale s’est inquiétée du rythme de progression des crédits pour paiements proposé par la Commission européenne et a souligné que cette croissance de dépenses était largement supérieure à celle qu’enregistreront les dépenses nationales.

Surtout, elle a déploré que " cette progression laisse une marge très réduite sous le plafond des perspectives financières, alors que de nombreux facteurs aux incidences budgétaires encore inconnues, tels que les conséquences du conflit au Kosovo, risquent de modifier significativement le budget communautaire pour l’exercice 2000 ".

                         

PROGRESSION DES DÉPENSES PRÉVUE PAR L’AVANT-PROJET DE BUDGET POUR 2000

(en millions d’euros)

 

 

CRÉDITS
BUDGET 1999

CRÉDITS
APB 2000

ÉVOLUTION DES CRÉDITS EN % (a)

CONSEIL
1ère LECTURE

VARIATION (b)

ÉVOLUTION DES CRÉDITS EN % (c)

 

Engagements

Paiements

Engagements

Paiements

Engagements

Paiements

Engagements

Paiements

Engagements

Paiements

Engagements

Paiements

1.- Politique agricole commune

dont :

– dépenses agricoles

– développement rural et mesures d’accompagnement

40.440

37.823


2.617

40.440

37.823


2.617

40.901

37.314


3.587

40.901

37.314


3.587

1,1

-1,3

37,1

1,1

-1,3


37,1

40.526

36.939

3.587

40.526

36.939

3.587

-375

-375

0

-375

-375

0

0,2

-2,3

37,1

0,2

-2,3

37,1

2.- Actions structurelles

dont :

– fonds structurels

– fonds de cohésion

39.000,9

35.878,2

3.117,7

30.422,6

27.540,9

2.876,7

32.678

30.019

2.659

32.000

29.200

2.800

-16,2

-16,3

-14,7

5,2

6

-2,7

32.678

30.019

2.659

30.977

28.177

2.800

0

0

0

-1.023

-1.023

0

-16,2

-16,3

-14,7

1,8

2,3

-2,7

                         

3.- Politiques internes

dont :

– recherche et développement technologique

5.885,6


3.450

5.048,5

2.990,2

5.937,1


3.630

5.629,1


3.600

0,9

5,2

11,4

20,3

5.808,6

3.630

5.410,1

3.475

-128,5

0

-216

-125

-1,3

5,2

7,2

16,2

 

4.- Actions extérieures

dont :

– coopération avec les pays tiers méditerranéens

4.535,5


1.094

3.175,9

548,2

4.479,5

1.146,2

3.337,7

551,7

-1,2

4,8

5,1

0,6

4.611,5

1.053,6

3.436,7

484,6

132

-110,6

69

-67,1

1,7

-5,3

9,3

-11,6

 

5.- Dépenses administratives des institutions

dont :

– Commission (d)

– autres institutions

4.502,3

2.425,4

1.579,3

4.502,3

2.425,4

1.579,3

4.716

2.491,1

1.660,6

4.716

2.491,1

1.660,6

4,7

2,7

5,1

4,7

2,7

5,1

4.663,9

2.464,9

1.634,6

4.663,9

2.464,9

1.634,6

-52,1

-26,1

-26

-52,1

-26,1

-26

3,6

1,6

3,5

3,6

1,6

3,5

 

6.- Réserves

dont :

– réserve monétaire

– réserve pour aides d’urgence

– garanties

1.192

500

346

346

1.192

500

346

346

906

500

203

203

906

500

203

203

-24

0

-41,3

-41,3

-24

0

-41,3

-41,3

906

500

203

203

906

500

203

203

0

0

0

0

0

0

0

0

-24

0

-41,3

-41,3

-24

0

-41,3

-41,3

 

7.- Aide préadhésion

dont :

– agriculture

– Instrument structurel de préadhésion

– PHARE (pays candidats)

1.372,3

-

-

1.372,3

755,7

-

-

755,7

3.166,7

529

1.058

1.579,7

2.146

529

300

1.317

130,8

n.s.

n.s.

15,1

184

n.s.

n.s.

74,3

3.166,7

529

1.058

1.579,7

2.025

529

245

1.251

0

0

0

0

-121

0

-55

-66

130,8

n.s.

n.s.

15,1

151,1

n.s.

n.s.

55,1

 

TOTAL

96.928,7

85.557,7

92.784,3

89.662,8

-4,3

4,8

92.360,6

87.944,7

- 423,7

- 1.718,1

- 4,7

2,8

 

(a) APB 2000/budget 1999.
(b) Conseil en 1ère lecture – APB 2000.
(c) Conseil en 1ère lecture/budget 1999.
(d) Hors pensions.

Source : Commission des Communautés européennes.

2.- D’importants remaniements opérés par le Conseil

Le Conseil a procédé à un certain nombre d’économies, afin de limiter autant que possible la progression des crédits pour paiements. Il a cependant procédé à ces " coupes " dans les crédits de façon sélective et mesurée, tant en raison des contraintes du passé que pour assurer pleinement le rôle de l’Europe dans les Balkans.

Aussi, s’agissant de la couverture des besoins de cette région, le Conseil a affirmé qu’il entendait en assurer le financement par le redéploiement des crédits à l’intérieur de la rubrique 4 (actions extérieures) des perspectives financières, dans le respect du plafond retenu pour cette catégorie de dépenses dans le nouvel accord interinstitutionnel du 6 mai 1999 sur la discipline budgétaire et l’amélioration de la procédure budgétaire.

Cette approche n’est pas partagée par le Parlement européen. En effet, ce dernier considère que les besoins financiers en la matière pour l’exercice 2000 devraient être financés par la voie d’une révision des perspectives financières, c’est-à-dire en majorant les plafonds de dépenses.

Au total, les réductions de crédits pour engagements s’élèvent à 423,7 millions d’euros et celles des crédits pour paiements à 1,72 milliard d’euros. Ainsi, la diminution des crédits pour engagements par rapport à 1999 est accentuée, avec – 4,7%, contre – 4,3% dans l’avant-projet de budget.

Surtout, les crédits pour paiements progresseraient désormais de 2,8%, au lieu des 4,8% proposés par la Commission européenne.

Comme toujours, cet effort d’économie est modulé selon les rubriques. S’agissant des crédits pour engagements, les actions structurelles et l’aide de préadhésion ont été épargnées, l’essentiel des coupes budgétaires pesant sur les dépenses agricoles et sur les politiques internes, afin de permettre une progression au profit des actions extérieures de 132 millions d’euros par rapport à l’avant-projet de budget.

En ce qui concerne les crédits pour paiements, l’effort est, d’une certaine manière, réparti plus équitablement. Les réserves sont épargnées, tandis que 69 millions d’euros supplémentaires sont alloués aux actions extérieures. Le Conseil a, en effet, procédé, comme on le verra ci-après, à la création d’une nouvelle ligne " Aide à la reconstruction du Kosovo ", dotée d’une réserve de 500 millions d’euros en crédits pour engagements et de 280,3 millions d’euros en crédits pour paiements. Cette montée en puissance a été " gagée " par une réduction forfaitaire sur pratiquement l’ensemble des lignes de la rubrique 4.

Pour l’essentiel, ce sont donc les actions structurelles
(– 1,02 milliard d’euros), les dépenses agricoles (– 375 millions d’euros) et les politiques internes (– 216 millions d’euros) qui ont été mises à contribution.

Au total, le projet de budget adopté en première lecture par le Conseil dégage davantage de marge sous le plafond des perspectives financières. Celle sous le plafond des crédits pour engagements représente désormais 1,59 milliard d’euros (contre 1,17 milliard d’euros dans l’avant-projet de budget) et celle sous le plafond des crédits pour paiements 3,37 milliards d’euros (contre 1,65 milliard d’euros précédemment).

Le souhait de parvenir à une progression modérée des dépenses communautaires a donc été concilié avec le nécessaire respect d’engagements politiques essentiels.

B.- Des modifications des crédits affectant inégalement les rubriques du budget communautaire

Les réserves (rubrique 6) n’ont pas fait l’objet de changement par rapport à l’avant-projet de budget, tandis que le solde des réaménagements au sein de la rubrique 4 (actions extérieures) débouche sur une augmentation des crédits qui lui sont dévolus.

Les économies concernent donc, à des degrés divers, l’ensemble des autres rubriques.

· La rubrique 1 (agriculture) reste la plus importante du budget communautaire, même si son poids relatif (46% du total des crédits pour paiements) diminue progressivement. A la suite de l’accord interinstitutionnel précité du 6 mai 1999, les dépenses agricoles comprennent désormais les dépenses de la politique agricole commune, les dépenses vétérinaires et phytosanitaires, les dépenses de développement rural et mesures d’accompagnement, ainsi que les dépenses agricoles de préadhésion.

Par rapport à l’avant-projet de budget, les dépenses ont été réduites de 375 millions d’euros, aussi bien en crédits pour engagements qu’en crédits pour paiements, ramenant ainsi la progression des dépenses à 0,2%, contre 1,1% précédemment. On notera que les propositions de la Commission concernant le développement rural et les mesures d’accompagnement ont été acceptées.

               

DÉPENSES AGRICOLES

(crédits pour engagements, en millions d’euros)

 

 

Budget 1999

APB 2000

Evolution des crédits
en %
(a)

Conseil en 1ère lecture

Variation (b)

Evolution des crédits en % (c)

Dépenses de marché

dont :

37.823

37.314

- 1,3

36.939

- 375

- 2,3

- Produits végétaux

26.949

25.905

- 3,9

25.646

- 259

- 5

- Produits animaux

9.666

9.671

0,05

9.574

- 97

- 0,9

- Dépenses annexes

1.128

1.738

+ 54

1.719

- 1,9

52,4

Développement rural et mesures d’accompagnement


2.617


3.587


37,1


3.587


0


37,1

Total

40.440

40.901

1,1

40.526

- 375

0,2

(a) APB 2000/budget 1999.

   

(b) Conseil en 1ère lecture - APB 2000.

   

(c) Conseil en 1ère lecture/budget 1999.

   

Source : Conseil de l’Union européenne.

   

Le Conseil a donc procédé à une réduction forfaitaire sur l’ensemble des chapitres des dépenses de marché, à l’exception du chapitre " Apurement des comptes ". Il a ainsi dégagé une marge de 413 millions d’euros à l’intérieur du sous-plafond de la rubrique 1.

Toutefois, ces mesures ont été prises dans l’attente de la présentation par la Commission d’une lettre rectificative à l’automne, pour tenir compte notamment de l’évolution des marchés agricoles et de l’impact budgétaire de certaines modifications apportées aux propositions de la Commission. Il a été convenu par le Conseil et la Commission du principe d’un recours à un budget rectificatif et supplémentaire si les crédits inclus dans le budget 2000 s’avéraient insuffisants pour couvrir les dépenses agricoles.

· Si les actions structurelles (rubrique 2) ont été épargnées en termes de crédits pour engagements, elles ont fait l’objet des plus importantes réductions en crédits pour paiements (près de 60% du total des économies proposées par le Conseil).

La croissance des crédits pour paiements par rapport à 1999 a donc été ramenée à 1,8%, contre +5,2% dans l’avant-projet de budget.

Les modifications n’ont concerné que les fonds structurels. En effet, le Conseil a inscrit en crédits pour engagements pour le Fonds de cohésion le montant de 2,66 milliards d’euros conforme aux conclusions du Conseil européen de Berlin et proposé par la Commission européenne dans l’avant-projet de budget. De même, il a prévu 2,8 milliards d’euros de crédits pour paiements pour couvrir à la fois la liquidation d’une fraction satisfaisante des engagements contractés au cours d’exercices précédents et le versement de l’acompte, fixé à 20% du concours du Fonds.

S’agissant des Fonds structurels, le montant alloué en crédits pour paiements augmenterait désormais de 2,3%, alors que la Commission européenne tablait sur 6%. Cette décision répond au souhait exprimé par l’Assemblée nationale dans sa résolution précitée, qui demandait que " la détermination des crédits de paiements prévus [en matière d’actions structurelles] tienne compte de l’éventuelle sous-exécution des crédits d’engagements en 1999 ".

Au total, le Conseil a alloué aux Fonds structurels 28,18 milliards d’euros de crédits pour paiements. Sur ce montant, 19,8 milliards sont jugés nécessaires à l’apurement, à hauteur de 48%, des engagements contractés lors d’exercices précédents et restant à liquider (RAL).

Le solde est destiné à financer d’abord l’acompte que le Conseil a décidé de fixer à 3,5% de l’enveloppe totale des crédits pour engagements prévus pour la période de 2000 à 2006, soit la moitié des 7% que le règlement (CE) n° 1260/99 du Conseil, du 21 juin 1999, portant dispositions générales sur les Fonds structurels, prévoit de répartir sur les exercices 2000 et 2001. Il doit enfin couvrir les premiers remboursements à payer sur les engagements contractés en 2000.

Le tableau ci-après présente la ventilation par objectif des crédits pour engagements des Fonds structurels. On notera toutefois qu’au sein des chapitres, la répartition entre les Fonds, dans le cas des objectifs n° 1 et n° 2, sera fonction de la programmation qui sera établie en partenariat avec les Etats membres. Dans cette attente, conformément à la proposition de la Commission, la ventilation est provisoirement fondée sur la répartition constatée pour les objectifs correspondant au cours de la période 1994-1999. En outre, les crédits prévus pour les objectifs n° 1 et n° 2 comprennent les crédits nécessaires au soutien transitoire aux régions qui étaient éligibles lors de la période précédente de programmation, mais qui ne répondent plus aux critères et sont, de ce fait, en phase de sortie progressive du dispositif (respectivement 2,17 milliards d’euros et 793 millions d’euros).

                 

ACTIONS STRUCTURELLES

(crédits pour engagements, en millions d’euros)

 

 

 

MONTANT

%

 

Fonds structurels

Cadres communautaires d’appui

 


30.019


91,9

 

 

FEOGA-Orientation

IFOP

FEDER

FSE

 

 

o Objectif n° 1

o Objectif n° 2

o Objectif n° 3

o Autres actions structurelles (hors objectif 1)

2.618,5

403,2

161

12.761,2

3.004,1

4.998

664

3.505

20.781

3.668

3.505

161

69,2

12,2

11,7

0,5

Sous-totaux CCA

2.618,5

564,2

15.765,3

9.167

28.115

86

o Initiatives communautaires

o Actions innovatrices et assistance technique

o Fonds de cohésion

 

 

 

 

1.641

263

2.659

5,5

0,9

8,1

Total

 

32.678

100

 

Source : Conseil de l’Union européenne.

 

· Les politiques internes (rubrique 3) ont fait l’objet d’importantes économies par rapport à l’avant-projet de budget
(– 128,5 millions d’euros de crédits pour engagements et – 216 millions d’euros de crédits pour paiements). Au total, les crédits pour engagements diminueraient de 1,3% par rapport à 1999 (contre +0,9% dans l’avant-projet de budget), tandis que la progression des crédits pour paiements serait ramenée de 11,4% à 7,2%. Ce dynamisme persistant s’explique largement par le poids des restes à liquider sur la rubrique 3.

A la différence des dépenses agricoles, qui ont fait l’objet de réductions forfaitaires, le Conseil a procédé à une étude de la pertinence des propositions de la Commission européenne chapitre par chapitre. Il est précisé dans l’exposé des motifs du projet de budget que " le Conseil a été guidé essentiellement par le souci de concentrer les moyens sur les programmes pluriannuels, en évitant une dispersion préjudiciable à l’efficacité ".

Ainsi, comme l’indique le tableau ci-après, le Conseil a accepté en l’état les propositions de la Commission européenne s’agissant des crédits pour engagements alloués à la recherche, à l’énergie, à l’environnement et aux réseaux transeuropéens. S’agissant de ces derniers, on rappellera que la résolution précitée de l’Assemblée nationale avait, une fois encore, souligné leur importance.

Néanmoins, il est probable que le Parlement européen souhaitera revenir sur certaines des coupes budgétaires opérées par le Conseil, les politiques internes faisant partie des dépenses non-obligatoires, sur lesquelles il peut influer.

               

POLITIQUES INTERNES

(crédits pour engagements, en millions d’euros)

 

 

Budget 1999

APB 2000

Evolution des crédits
en % (a)

Conseil en 1ère lecture

Variation (b)

Évolution des crédits
en %
(c)

Total politiques internes

5.885,6

5.937,1

0,9

5.808,6

– 128,5

- 1,3

dont :

 

 

 

 

 

 

- Recherche

3.450

3.630

5,2

3.630

0

5,2

- Autres actions agricoles

147,8

50,5

– 65,8

50,5

0

– 65,8

- Transports

21,2

20

– 5,7

18,5

– 1,5

– 12,7

- Éducation, formation professionnelle, jeunesse

441,7

462,6

4,7

444,1

– 18,5

0,5

- Audiovisuel et culture

95,7

102,1

6,7

100,1

– 2

4,6

- Information et communication

107,6

103

– 4,3

72,5

– 30,5

– 32,6

- Dimension sociale et emploi

163

174

6,7

159,9

– 14,1

– 1,9

- Énergie

40,6

36,8

– 9,3

36,8

0

– 9,3

- Environnement

178,4

150

– 15,9

150

0

– 15,9

- Marché intérieur

156,2

150,5

– 3,6

138,4

– 12,1

– 11,4

- Industrie

92

2

– 97,8

0

– 2

– 100

- Marché de l’emploi et innovation technologique


209,3


202


– 3,5


183


– 19


– 12,6

- Réseaux transeuropéens

585,2

656

12,1

656

0

12,1

(a) APB 2000/budget 1999.

   

(b) Conseil en 1ère lecture - APB 2000.

   

(c) Conseil en 1ère lecture/budget 1999.

   

Source : Conseil de l’Union européenne.

   

· La progression des dépenses administratives (rubrique 5) prévue par l’avant-projet de budget a été réduite par le Conseil, cette dernière passant de 4,7% à 3,6%. Ces résultats découlent d’une volonté de rigueur, se traduisant notamment par une politique limitée de créations d’emplois, concentrées sur certains secteurs après épuisement de toutes les possibilités de redéploiement. On notera que l’effort d’économie se heurte à une forte rigidité des dépenses, dont témoigne la progression toujours soutenue des charges de pensions (+13,4%). A cet égard, l’exposé des motifs du projet de budget mérite d’être cité : " Le Conseil a relevé que les difficultés que rencontrent les institutions autres que la Commission à ne pas dépasser l’augmentation de 1,9% prévue par cette dernière pour les dépenses courantes de fonctionnement résultent en grande partie des besoins de crédits pour couvrir les dépenses liées à l’adaptation impérative des salaires de leurs agents telle que prévue par les dispositions actuelles. Il a en conséquence fait valoir l’urgence d’une proposition de la Commission visant à réviser le statut des fonctionnaires en ce qui concerne le système de rémunérations, y compris les allocations familiales et indemnités et comportant également une réforme du régime des pensions, y inclus des mesures d’économie afin d’assurer l’équilibre de ce régime, en tenant compte de la nécessité d’étendre la discipline budgétaire également à ces domaines ".

                   

DÉPENSES ADMINISTRATIVES

(crédits pour engagements = paiements, en millions d’euros)

 

 

Budget 1999

APB 2000

Évolution des crédits en % (a)

Conseil en 1ère lecture

Variation (b)

Évolution des crédits en % (c)

· Commission

(dont : pensions toutes institutions)

2.923

(497,6)

3.055,4

(564,3)

4,5

(13,4)

3.029,3

(564,3)

- 26,1

(0)

3,6

(13,4)

· Autres institutions

– Parlement

– Conseil

– Cour de justice

– Cour des comptes

– Comité économique et social

– Comité des régions

– Structure organisationnelle commune

1.579,1

927

336,7

121,7

66

27,4

14,8

85,5

1.660,6

979,5

356,5

137,6

73,9

28,3

16,1

68,7

5,2

5,7

5,9

13,1

12

3,3

8,8

- 19,6

1.634,6

979,5

346,7

129,3

69,8

27,9

15,1

66,2

- 26

0

- 9,8

- 8,2

- 4,1

- 0,4

- 1

- 2,5

3,5

5,7

3

6,2

5,8

2,1

2,6

- 22,5

Total des dépenses administratives

4.502,1

4.716

4,7

4.663,9

- 52,1

3,6

(a) APB 2000 / Budget 1999.
(b) Conseil en 1ère lecture - APB 2000.
(c) Conseil en 1ère lecture/budget 1999.

Source : Conseil de l’Union européenne.

   

· la rubrique 4 (actions extérieures) voit ses crédits progresser finalement de 1,7% par rapport au budget 1999, alors que l’avant-projet de budget présenté par la Commission européenne prévoyait une diminution de 1,2%. La relativement faible croissance des dépenses proposée par le Conseil recouvre, en fait, un profond effort de redéploiement, afin de dégager, au sein de la rubrique, les crédits nécessaires pour respecter les engagements politiques pris en faveur de la reconstruction du Kosovo.

Le tableau ci-après témoigne des économies réalisées sur l’essentiel des lignes, afin de garantir une forte croissance des moyens alloués au chapitre B7-54 " Coopération avec les pays des Balkans ".

               

ACTIONS EXTÉRIEURES

(crédits pour engagements, en millions d’euros)

 

Budget 1999

APB 2000

Evolution des crédits
en % (a)

Conseil en 1ère lecture

Variation (b)

Evolution des crédits
en % (c)

   

Total actions extérieures

dont :

PESC

4.535,5

27

4.479,6

40

- 1,2

48,1

4.611,5

47

132

7

1,7

74,1

   

Aide alimentaire

505

495

– 2

460,6

– 34,4

– 8,8

   

Aide humanitaire

330,8

473

43

384,1

– 88,9

16,1

   

Coopération avec l’Asie

438,5

447,5

2

402,7

– 44,7

– 8,2

   

Coopération avec l’Amérique latine

314

317,5

1,1

285,7

– 31,7

– 9

   

Coopération avec l’Afrique australe

127,5

125

– 2

112,5

– 12,5

– 11,8

   

Coopération avec le bassin méditerranéen

1.094

1.146,2

4,8

1.035,6

– 110,6

– 5,3

   

Coopération avec les nouveaux Etats indépendants et la Mongolie


440,2


490,5


11,4

441,5


– 49


0,3

   

Coopération avec les pays des Balkans

314,5

279,2

– 11,2

709,2

430

125,5

   

Autres actions de coopération

375,9

266,8

– 29

243,3

– 23,5

– 35,3

   

Droits de l’homme et démocratie

101

94

– 6,9

84,6

– 9,4

– 16,2

   

Accords internationaux de pêche

283,7

157,5

– 4,5

276,1

118,6

– 2,7

   

Volets externes de certaines politiques communautaires


111,5


109,2


– 2,1


92,8


– 16,4


– 16,8

   

(a) APB 2000/budget 1999.

 

(b) Conseil en 1ère lecture - APB 2000.

 

(c) Conseil en 1ère lecture/budget 1999.

 

Source : Conseil de l’Union européenne.

 

On rappellera que l’Union européenne n’est pas le seul intervenant dans la reconstruction du Kosovo.

Ainsi, l’évaluation du coût de la reconstruction au Kosovo est menée sous l’autorité de la Banque mondiale et de la Commission européenne. L’Union exerce un rôle de coordination des aides à la reconstruction : les chefs d’Etat ont souhaité que l’agence européenne créée à cette fin soit opérationnelle avant la fin de l’année. Un dialogue permanent est entretenu entre les différents donateurs multilatéraux au sein d’un groupe de travail chargé de veiller à la complémentarité des aides octroyées au Kosovo.

Le président de la Banque européenne d’investissement (BEI) a indiqué aux ministres des finances de l’Union européenne que la BEI était prête à intervenir dans les Balkans. Il a proposé que des ressources budgétaires supplémentaires soient dégagées pour accorder des prêts à très long terme à des conditions préférentielles, tels qu’ils avaient pu être utilisés en Afrique et pour les pays méditerranéens dans les années 1960 et 1970. Enfin, la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD) a également exprimé sa volonté de dégager des moyens de financement pour la reconstruction du Kosovo, avec l’aide de cofinanceurs. Ces aides pourraient notamment prendre la forme de micro-crédits, afin de revitaliser le tissu économique et d’aider les PME. Dans l’ordre des priorités, ce type d’aide n’interviendra cependant que dans un deuxième temps, à l’issue des opérations de reconstruction des infrastructures et des logements d’urgence pour l’hiver.

Les évaluations du coût de cette reconstruction, selon les premiers rapports d’évaluation qui ont été communiqués par l’International Managment Group (IMG, en charge de l’aide à la Bosnie) ont amené la communauté internationale à s’engager, lors de la réunion des donateurs du 28 juillet dernier, pour un montant total de 2.082 milliards de dollars.

Cette procédure d’évaluation sera poursuivie en octobre 1999, par une réunion devant traiter de la reconstruction et étudier les premiers résultats des évaluations exhaustives des dommages causés aux infrastructures. En janvier-février 2000, une réunion sur l’ensemble de l’aide au Kosovo aura lieu sur la base du programme de redressement économique que la Banque mondiale rédigera avant la fin de l’année 1999.

Pour 2000, le Conseil a décidé la création d’une réserve pour la reconstruction du Kosovo, dotée de 500 millions d’euros de crédits pour engagements et de 280,7 millions d’euros de crédits pour paiements. Cette réserve est destinée à alimenter la nouvelle ligne B7-546 " Aide à la reconstruction du Kosovo ".

On notera qu’il convient d’ajouter à ces moyens les 65 millions d’euros de crédits pour paiements inscrits sur la ligne B7-541 " Actions de reconstruction des républiques issues de l’ancienne Yougoslavie " et les 50 millions d’euros de crédits de paiements (94,19 millions d’euros de crédits pour engagements) prévus sur la ligne B7-542 " Coopération avec les pays des Balkans occidentaux ".

Au total, l’ensemble des crédits destinés à la coopération avec les Balkans, regroupés dans le chapitre B7-54, représente donc 709,2 millions d’euros de crédits pour engagements (+125,5% par rapport au budget 1999) et 395,3 millions d’euros de crédits pour paiements (+163,5%).

Cet effort à venir s’ajoute aux interventions déjà mises en œuvre au niveau communautaire.

Selon les informations fournies à votre Rapporteur général, à ce jour, l’Union a dégagé 678 millions d’euros supplémentaires pour la région des Balkans à la suite de la crise du Kosovo, qui a en effet conduit l’Union européenne à :

– développer son assistance humanitaire pour un montant de 150 millions d’euros et à décider d’aides budgétaires aux réfugiés au bénéfice de la Macédoine, de l’Albanie et du Monténégro pour un montant de 100 millions d’euros. Le 21 juin, le Conseil a demandé la mobilisation de 196 millions d’euros supplémentaires d’aide humanitaire ;

– développer son assistance à la reconstruction et à créer une agence pour réaliser cette tâche dans la région. Une " task force " déjà présente à Pristina dispose de 140 millions d’euros pour l’année 1999 ;

– Le Conseil du 21 juin 1999 a invité la Commission à faire les propositions nécessaires pour 1999, y compris un budget supplémentaire si nécessaire. C’est à ce titre que la Commission a présenté début septembre un BRS 4/99 visant notamment à renforcer de 92 millions d’euros en crédits pour engagements et 50 millions d’euros en crédits pour paiements le budget destiné à financer la reconstruction du Kosovo.

Par ailleurs, la ligne PESC a également été mobilisée et a surtout servi à des actions d’urgence (envoi de médecins légistes fin 1998) et au financement des envoyés ou représentants spéciaux.

II.- La contribution française au budget communautaire

A.- Des recettes ajustées au nouveau montant de dépenses

Le budget communautaire étant, par définition, construit en équilibre, la réduction des dépenses par le Conseil en première lecture trouve son exacte contrepartie dans les recettes.

Le tableau ci-après indique que seule la ressource PNB, variable traditionnelle d’ajustement, a fait l’objet d’une révision, ramenant son poids relatif dans l’ensemble des ressources à 47,3%, contre 48,3% dans l’avant-projet de budget communautaire.

           

(en millions d’euros)

Recettes

Budget 1999

APB 2000

Projet de budget 2000

 

Montant

%

Montant

%

Montant

%

Droits agricoles et sucre

1.921

2,2

2.038,4

2,3

2.038,4

2,3

Droits de douane

11.893,9

13,9

11.070

12,4

11.070

12,6

Taxe sur la valeur ajoutée

30.374,2

35,5

32.554,6

36,3

32.554,6

37

Ressource PNB

39.260

45,9

43.250,6

48,3

41.615,9

47,3

Divers

2.108,6

2,5

671,1

0,7

665,7

0,7

Total

85.557,7

100

89.584,7

100

87.944,7

100

Source : Conseil de l’Union européenne.

Cette légère diminution de la ressource PNB ne remet pourtant pas en question son rôle grandissant dans les recettes communautaires, évolution appelée à s’accentuer à l’avenir, notamment à la suite des décisions prises lors du Conseil européen de Berlin, les 24 et 25 mars dernier.

On rappellera en effet que, dans le cadre des débats sur les soldes budgétaires, le Conseil européen a décidé d’engager le processus de modification de la décision relative aux ressources propres en procédant à l’accroissement de la ressource propre PNB, afin d’améliorer la justice du prélèvement communautaire. L’objectif fixé est une entrée en vigueur au début de 2002, à l’issue de la ratification d’une nouvelle décision par chacun des Etats membres.

La proposition de décision du Conseil () prévoit ainsi de ramener le taux d’appel maximal de la ressource TVA à 0,75% en 2002 et à 0,5% en 2004, afin de prendre en compte " la capacité contributive de chaque Etat membre et de corriger, pour les Etats membres les moins prospères, les éléments régressifs du système actuel ". Par ailleurs, les ressources propres traditionnelles seront maintenues, mais le pourcentage revenant aux Etats membres au titre des frais de perception sera porté de 10% à 25% à partir de 2001.

Enfin, le Conseil européen a invité la Commission à entreprendre une révision générale du système des ressources propres avant le 1er janvier 2006 et à traiter, dans le cadre de cette procédure, de la question de la création de nouvelles ressources propres autonomes.

Le tableau ci-après détaille, par grande catégorie de ressources propres, les montants relevant de chaque Etat.

Par rapport aux années précédentes, la hiérarchie des contributeurs bruts n’est pas modifiée, la France conservant le deuxième rang derrière l’Allemagne et devant le Royaume-Uni et l’Italie.

             

RÉPARTITION DES RESSOURCES PROPRES EN 2000

(en millions d’euros)

Etats membres

Prélèvements agricoles nets

Cotisations dans le secteur du sucre et de l’isoglucose

Droits de douane nets

Ressources propres " TVA " au taux uniforme

Ressources propres " PNB "(a)

Ressources propres " PNB ",
réserves

Total du financement
(b)

Belgique

35,46

63,72

953,64

843,73

1.222,70

27,21

3.296,30

Danemark

7,83

36,18

231,21

566,18

804,82

17,91

1.762,76

Allemagne

146,70

297,72

2.585,79

8.453,81

10.213,07

227,29

22.654,01

Grèce

7,92

11,97

132,03

536,74

626,69

13,94

1.406,10

Espagne

30,69

42,03

607,50

2.426,61

2.833,25

63,05

6.350,33

France

56,25

291,96

1.071,72

5.608,21

6.973,89

155,20

15.011,84

Irlande

63

10,80

169,83

340,14

397,13

8,83

976,04

Italie

65,61

108,54

1.004,67

3.720,96

5.673,48

126,26

11.394,77

Luxembourg

0,63

19,53

81,92

95,65

2,12

211,59

Pays-Bas

157,95

70,83

1.336,23

1.573,80

1.837,53

40,89

5.242,42

Autriche

12,96

29,88

183,15

844,43

1.033,01

22,98

2.253,01

Portugal

39,15

3,78

123,21

468,20

546,65

12,16

1.260,15

Finlande

8,01

8,10

113,22

440,92

609,63

13,56

1.268,16

Suède

23,22

18,90

312,03

842,09

1.062,53

23,64

2.412,63

Royaume-Uni

398,97

52,02

2.226,24

5.806,80

6.779,86

150,88

11.778,81

TOTAL

991,98

1.046,43

11.070

32.554,61

40.709,97

906

87.278,99

(a) Réserves exclues.

(b) Compte tenu de la correction en faveur du Royaume-Uni sur les ressources propres " TVA " et " PNB ".

Source : Conseil de l’Union européenne.

B.- Le montant du prélèvement proposé pour 2000

· Comme l’indique le tableau ci-après, l’évaluation révisée du prélèvement sur recettes au profit des Communautés européennes s’élève à 93,5 milliards de francs, soit un recul de 1,5 milliard de francs par rapport à l’évaluation initiale. La progression du prélèvement serait ainsi ramenée à 2,1%, contre 3,7% en loi de finances initiale.

       

ÉVOLUTION DES PRÉLÈVEMENTS SUR RECETTES

AU PROFIT DES COMMUNAUTÉS EUROPÉENNES

(en millions de francs)

 

Estimations en loi de finances initiale

Estimations révisées

Versements

effectués

Pourcentage d’évolution

annuelle

1981

23.300

22.993

21.403

+ 26,8

1982

25.790

27.646

27.074

+ 26,5

1983

27.310

28.840

29.895

+ 10,5

1984

31.034

31.460

32.509 (a)

+ 8,7

1985

33.775

35.545

38.017 (b)

+ 16,9

1986

42.660

46.340

45.767

+ 20,4

1987

46.336

49.481

50.015

+ 9,2

1988

54.770

64.618

64.481

+ 29

1989

64.492

61.438

61.212

- 5,1

1990

63.500

60.200

56.132

- 8,3

1991

70.750

75.685

74.723

+ 33,2

1992

84.250

77.000

72.613

- 2,8

1993

83.480

78.000

76.992

+ 6

1994

90.800

90.800

82.536

+ 7,2

1995

88.000

83.000

78.222

- 5,2

1996

89.000

81.200

80.428

+ 2,8

1997

87.000

88.000

87.839

+ 9,2

1998

91.500

91.500

91.572

+ 4,2

1999

95.000

93.500

-

+ 2,1 (c)

PLF 2000

98.500

-

-

+ 5,3 (d)

(a) Dont une avance intergouvernementale remboursable de 1.569 millions de francs.

(b) Dont une avance intergouvernementale non remboursable de 2.959 millions de francs.

(c) Estimation révisée 1999 / Versements effectifs 1998.

(d) Évaluation proposée 2000 / Estimation révisée 1999.

Selon les informations fournies par le ministère de l’économie, des finances et de l’industrie, cette révision résulte principalement du report de solde excédentaire de l’exercice 1998 : alors que celui-ci était estimé dans le budget communautaire adopté en décembre 1998 à 1,4 milliard d’euros, il a été porté à 3 milliards d’euros par le budget rectificatif et supplémentaire (BRS) 1/99.

· Pour 2000, la prévision s’établit à 98,5 milliards d’euros, soit une croissance vive par rapport à l’évaluation révisée pour 1999 (+5,3%).

Cette prévision repose sur le projet de budget adopté par le Conseil en première lecture le 16 juillet dernier. Comme on l’a vu, le montant total des crédits pour paiements a été fixé à cette occasion à 87,94 milliards d’euros. La contribution correspondant pour la France à ce niveau de dépenses est de l’ordre de 100,1 milliards de francs.

Elle fait cependant l’objet de deux ajustements.

D’une part, un report de solde excédentaire de l’exercice 1999 a été pris en compte pour un montant de 1 milliard d’euros. Cette évaluation correspond au report minimal attendu, notamment au titre de la sous-exécution probable qui devrait être constatée sous la rubrique 2 (fonds structurels). La contribution française serait réduite à ce titre de 1,1 milliard de francs.

D’autre part, il a été procédé à un ajustement au titre de la non-consommation des réserves, estimé à 500 millions d’euros. Cette estimation repose sur l’hypothèse que les réserves communautaires relatives à l’aide d’urgence et aux garanties de prêts seront intégralement consommées en 2000, en raison notamment des coûts de la reconstruction dans les Balkans et des interventions plus nombreuses de l’Union en dehors de ses frontières, et que, en revanche, la réserve monétaire du FEOGA-Garantie, qui est destinée à lisser les effets des variations monétaires sur les prix agricoles, ne sera pas utilisée, comme c’est le cas depuis 1994. La non-consommation de cette dernière réserve représenterait une économie de 560 millions de francs pour la contribution française.

*

* *

La Commission a adopté l’article 35 sans modification.

*

* *

Article additionnel après l’article 35

Rapport du Gouvernement sur la concurrence fiscale dommageable et la régulation internationale des mouvements de capitaux

Texte de l’article additionnel :

Le Gouvernement déposera sur le bureau de chaque assemblée parlementaire, avant le 15 juin 2000, un rapport comportant :

– une évaluation des pertes de recettes publiques résultant de la concurrence fiscale internationale ;

– une évaluation de l’incidence que pourrait avoir l’instauration de prélèvements assis sur les mouvements de capitaux pour les finances publiques ;

– une présentation du programme d’action de la présidence française de l’Union européenne relatif à la régulation internationale des mouvements de capitaux, à la lutte contre la spéculation financière et à la définition de nouvelles modalités de lutte contre la concurrence fiscale dommageable.

Observations et décision de la Commission :

La Commission a examiné un amendement présenté par votre Rapporteur général et le Président Augustin Bonrepaux, demandant le dépôt d’un rapport du Gouvernement comportant une évaluation des pertes de recettes publiques résultant de la concurrence fiscale internationale, une évaluation de l’incidence de l’instauration de prélèvements assis sur les mouvements de capitaux pour les finances publiques et une présentation du programme d’action de la présidence française de l’Union européenne relatif à la régulation internationale des mouvements de capitaux, à la lutte contre la spéculation financière et à la définition de nouvelles modalités de lutte contre la concurrence fiscale dommageable.

La concurrence fiscale dommageable, corollaire néfaste de certaines formes de " chantage à l’emploi " exercées par les entreprises, constitue une menace inacceptable pour les finances des Etats. Plusieurs initiatives ont été engagées au plan international, depuis quelques années, pour lutter contre cette forme perverse d’auto-appauvrissement public.

Dans le cadre communautaire, on peut citer les divers projets d’harmonisation de la fiscalité de l’épargne – la Commission des finances ayant d’ailleurs adopté, lors de sa séance du mercredi 22 septembre 1999, une proposition de résolution (TA n° 363) sur la proposition de directive du Conseil visant à garantir un minimum d’imposition effective des revenus de l’épargne sous forme d’intérêts à l’intérieur de la Communauté – ou l’adoption du code de conduite en matière de fiscalité des entreprises. Dans le cadre de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), les recommandations issues du rapport sur la concurrence fiscale dommageable (avril 1998) visent à offrir aux Etats des voies d’action, dans le domaine de leur législation interne, des conventions fiscales bilatérales ou de la coopération internationale.

Pourtant, l’information sur les pertes de recettes publiques occasionnées par la concurrence fiscale dommageable reste encore trop fragmentaire.

Par ailleurs, les foyers de concurrence fiscale dommageable sont souvent des États où les exigences en matière de contrôle et de surveillance prudentielle et financière sont plus souples que dans les pays industrialisés. Des masses importantes de capitaux transitent par ces " paradis fiscaux " et alimentent des comportements spéculatifs qui peuvent conduire certains pays émergents fragiles à une quasi-banqueroute. Les événements de l’été 1997 et de l’automne 1998 sont significatifs d’une dérive du système monétaire et financier international, qu’il convient de réformer profondément. MM. Gérard Fuchs et Daniel Feurtet ont d’ailleurs été chargés par la Commission des finances, le 30 juin dernier, d’une mission d’information sur les mouvements internationaux de capitaux.

L’idée d’instaurer un prélèvement sur les mouvements spéculatifs de changes ou de capitaux à court terme, longtemps décriée, connaît depuis quelque temps un regain d’intérêt. Un tel prélèvement serait susceptible de décourager la spéculation internationale et de procurer des ressources financières pour favoriser le développement économique des pays les plus pauvres, ou pour réduire la pauvreté dans les pays industriels.

Une telle démarche doit être examinée avec attention. C’est pourquoi il importe que le Parlement puisse disposer d’évaluations crédibles concernant les pertes de recettes découlant de la concurrence fiscale dommageable, d’une part, et l’incidence que pourrait avoir sur les finances publiques l’instauration de prélèvements assis sur les mouvements de capitaux d’autre part.

La présidence française de l’Union européenne, du 1er juillet 2000 au 31 décembre 2000, doit être l’occasion de mobiliser les partenaires européens de la France, compte tenu des propositions qui ont d’ores et déjà été formulées par le Gouvernement en matière de refondation du système financier international et de lutte contre la concurrence fiscale dommageable.

Sur la base d’un rapport déposé par le Gouvernement sur le bureau des deux assemblées, un débat parlementaire permettrait de préciser le message de la France à ses partenaires et de montrer que la souveraineté nationale ne saurait jamais abdiquer face à la tyrannie des marchés et aux forces de l’argent.

*

* *

Le Président Augustin Bonrepaux a souligné que l’instauration d’une taxe sur les opérations de change, dite taxe Tobin, permettrait de freiner les mouvements de capitaux spéculatifs de court terme et réduirait la vulnérabilité de nos économies vis-à-vis des marchés financiers. Cette taxe n’est qu’un des éléments de réponse aux dysfonctionnements des marchés financiers et devra s’articuler avec des mesures fortes en matière de lutte contre la fraude fiscale et les paradis fiscaux.

M. Charles de Courson a douté que la présentation d’un rapport supplémentaire puisse être d’une quelconque utilité sur une idée qui, au demeurant, commence à dater quelque peu.

M. Alain Barrau a observé que des critiques identiques avaient été formulées à l’encontre de la réduction de TVA sur certains produits ciblés, que l’on prétendait impossible à réaliser alors qu’elle figure dans le présent projet de loi de finances. Cet amendement est d’autant plus intéressant que la réalisation de la zone euro soulève inévitablement la question de l’harmonisation fiscale et qu’un travail préparatoire, avant la présidence française de l’Union européenne au second semestre 2000, apparaît indispensable.

Mme Béatrice Marre a souligné la cohérence du présent dispositif avec un projet de résolution de la Délégation pour l’Union européenne adoptée récemment par la Commission de la production et des échanges. De plus en plus de voix s’élevant en faveur de la taxe Tobin, ce travail préparatoire sera également utile en vue du cycle de négociation de Seattle.

M. Gilbert Gantier a jugé cet amendement irréaliste. En outre, le délai fixé pour son dépôt semble trop bref.

La Commission a adopté cet amendement (amendement n° I-68).

*

* *

TITRE II

DISPOSITIONS RELATIVES À L’ÉQUILIBRE DES RESSOURCES
ET DES CHARGES

Article 36

Equilibre général du budget.

Texte du projet de loi :

I. Pour 2000, les ressources affectées au budget évaluées dans l'état A annexé à la présente loi, les plafonds des charges et l'équilibre général qui en résulte, sont fixés aux montants suivants :

               

(en millions de francs)

Ressources

 

Dépenses ordinaires civiles

Dépenses civiles en capital

Dépenses militaires

Dépenses totales ou plafonds des charges

 

Soldes

A.Opérations à caractère définitif

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Budget général

 

 

 

 

 

 

 

 

Montants bruts

1.790.083

 

1.685.351

 

 

 

 

 

A déduire : Remboursements et dégrèvements d'impôts

330.730

 

330.730

 

 

 

 

 

Montants nets du budget général

1.459.353

 

1.354.621

80.300

242.831

1.677.752

 

 

Comptes d'affectation spéciale

42.904

 

20.126

22.777

 

42.903

 

 

Totaux pour le budget général et les comptes d'affectation spéciale

1.502.257

 

1.374.747

103.077

242.831

1.720.655

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Budgets annexes

 

 

 

 

 

 

 

 

Aviation civile

8.718

 

6.633

2.085

 

8.718

 

 

Journaux officiels

1.222

 

926

296

 

1.222

 

 

Légion d'honneur

124

 

107

17

 

124

 

 

Ordre de la Libération

5

 

4

1

 

5

 

 

Monnaies et médailles

1.396

 

1.356

40

 

1.396

 

 

Prestations sociales agricoles

93.492

 

93.492

''

 

93.492

 

 

Totaux des budgets annexes

104.957

 

102.518

2.439

 

104.957

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Solde des opérations définitives (A)

 

 

 

 

 

-218.398

 

 

 

 

 

 

 

 

 

B.Opérations à caractère temporaire

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Comptes spéciaux du Trésor

 

 

 

 

 

 

 

 

Comptes d'affectation spéciale

''

 

 

 

 

1

 

 

Comptes de prêts

6.307

 

 

 

 

4.350

 

 

Comptes d'avances

381.083

 

 

 

 

379.400

 

 

Comptes de commerce (solde)

 

 

 

 

 

46

 

 

Comptes d'opérations monétaires (solde)

 

 

 

 

 

555

 

 

Comptes de règlement avec les gouvernements étrangers (solde)

 

 

 

 

 

40

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Solde des opérations temporaires (B)

 

 

 

 

 

2.998

Solde général (A+B)

 

 

 

 

 

-215.400

II. Le ministre de l’économie, des finances et de l’industrie est autorisé à procéder, en 2000, dans des conditions fixées par décret :

1. à des emprunts à long, moyen et court terme libellés en euros pour couvrir l’ensemble des charges de trésorerie ou pour renforcer les réserves de change ;

2. à des conversions facultatives, à des opérations de pension sur titres d’État, à des opérations de dépôts de liquidités sur le marché interbancaire de la zone euro et auprès des États de la même zone, des rachats, des échanges d’emprunts, à des échanges de devises ou de taux d’intérêt, à l’achat ou à la vente d’options ou de contrats à terme sur titres d’État.

III. Le ministre de l’économie, des finances et de l’industrie est autorisé à donner, en 2000, la garantie de refinancement en devises pour les emprunts communautaires.

IV. Le ministre de l’économie, des finances et de l’industrie est, jusqu’au 31 décembre 2000, habilité à conclure, avec des établissements de crédit spécialisés dans le financement à moyen et long terme, des investissements, des conventions établissant pour chaque opération les modalités selon lesquelles peuvent être stabilisées les charges du service d’emprunts qu’ils contractent en devises étrangères.

Exposé des motifs du projet de loi :

Le détail des évaluations de recettes brutes du budget général figure dans l’annexe relative aux voies et moyens. Les recettes des budgets annexes et des comptes spéciaux du Trésor font l’objet d’un développement dans l’annexe propre à chaque budget ou aux comptes spéciaux du Trésor. Pour l’évaluation des dépenses brutes, les renseignements traditionnels figurent à l’"Exposé général des motifs", dans les "Analyses et tableaux annexes" ainsi que dans les fascicules propres à chaque budget.

Le montant des remboursements et dégrèvements d’impôts est déduit, dans la présentation de l’équilibre donné ci-dessus, des recettes brutes comme des dépenses brutes du budget général.

Par ailleurs, le projet d’article autorise le ministre de l’économie, des finances et de l’industrie, comme chaque année, à émettre des emprunts afin d’assurer la trésorerie de l’État. Les nouvelles émissions sont libellées en euros depuis le 1er janvier 1999.

Le projet de texte l’autorise également à effectuer des opérations de liquidités, de rachats, d’échanges de taux d’intérêt et de devises, d’achat ou de vente d’options, de contrats à terme sur titres d’État, ainsi qu’à donner la garantie de refinancement en devises pour les emprunts communautaires, et à effectuer des opérations de gestion active de la dette. Il est également proposé d’autoriser le ministre de l’économie et des finances à procéder à des opérations de pension sur titres d’État.

Enfin, depuis 1974, l’octroi par l’État d’une garantie de change aux établissements de prêts à long terme est prévu chaque année dans la loi de finances. Cette garantie, dont l’étendue actuelle a été définie par la loi de finances rectificative pour 1981, permet aux établissements d’émettre des emprunts en devises sans que leur équilibre financier soit mis en cause par des variations de taux de change.

Observations et décision de la Commission :

L’article d’équilibre comprend les principales dispositions dont la présence en première partie du projet de loi de finances est requise par l’article 31 de l’ordonnance n° 59-2 du 2 janvier 1959 portant loi organique relative aux lois de finances.

Son premier volet est le tableau d’équilibre, figurant au paragraphe I, qui " fixe les plafonds des grandes catégories de dépenses et arrête les données générales de l’équilibre financier ".

Un deuxième volet, constituant les paragraphes II à IV, est relatif aux diverses autorisations qu’il est demandé d’accorder, pour l’année 2000, au ministre chargé de l’économie, des finances et de l’industrie. La principale d’entre elles est l’autorisation générale d’emprunt figurant au paragraphe II.

Enfin, l’état A annexé au présent article et soumis au vote en même temps que celui-ci, dresse un tableau des " voies et moyens qui assurent l’équilibre financier ". Il présente l’évaluation, pour 2000, de chaque ligne de recettes du budget général, des budgets annexes et des comptes spéciaux du Trésor. L’annexe budgétaire des " voies et moyens " ne donne de justification détaillée de ces évaluations que pour les recettes du budget général.

I.- Le tableau d’équilibre

La structure du tableau d’équilibre est quasiment inchangée depuis 1974. Elle n’a pas été affectée par la réforme des documents budgétaires intervenue en 1996. On doit se réjouir d’y voir de nouveau portée une ligne retraçant les totaux relatifs aux budgets annexes. L’intégration au tableau d’équilibre d’une ligne similaire, retraçant les totaux relatifs aux opérations temporaires des comptes spéciaux du Trésor, serait également utile, sans alourdir outre mesure la présentation de l’ensemble du tableau.

Le tableau d’équilibre est un instrument synthétique qui permet d’appréhender l’ensemble des conditions de réalisation de l’équilibre financier. Ainsi, il témoigne des choix politiques opérés par le Gouvernement.

En 2000, le budget de l’État confirme la priorité essentielle de l’emploi dans les arbitrages de politique économique. Structuré autour d’une stabilité en volume du budget général (à structure constante), le budget confirme également le choix européen de la France et son intégration dans les mécanismes communautaires de coopération économique et budgétaire. Le budget marque une nouvelle étape de la réforme fiscale, axée sur la recherche d’une plus grande justice sociale. Il porte également l’empreinte d’une volonté politique forte qui permet de redéployer des masses importantes de crédits au profit de priorités clairement énoncées et correctement financées. Enfin, le budget marque un nouveau pas sur le chemin difficile de l’assainissement des comptes publics, avec la poursuite raisonnée de la réduction du déficit.

A- Une progression des ressources qui n’obère pas
la croissance économique

En 2000, les ressources nettes du budget général atteindraient 1.459,4 milliards de francs dans le texte proposé par le Gouvernement. Il s’agit du domaine où peut le mieux s’exprimer l’initiative parlementaire en matière d’amendement. A cet égard, les modifications introduites par le Parlement au cours de l’examen du projet de loi de finances pour 1999 se sont traduites par un relèvement des ressources de 411 millions de francs, alors qu’un montant de 1,6 milliard de francs avait été observé en loi de finances initiale pour 1998. Encore faut-il préciser que l’évolution globale des recettes entre le projet et la loi promulguée ne donne pas la pleine mesure de la portée de la délibération parlementaire. Celle-ci doit plutôt être appréciée en termes de masses déplacées et apparaît alors plus significative.

Les ressources nettes du budget général sont obtenues après déduction :

– des prélèvements sur recettes, qui ne figurent pas dans le tableau d’équilibre mais sont retracés dans l’état A annexé. En progression de 15,7 milliards de francs, soit + 5,8%, par rapport à l’évaluation initiale pour 1999 et de 16,4 milliards de francs, soit + 6,1%, par rapport à l’évaluation révisée pour 1999, ils s’élèveraient en 2000 à 287 milliards de francs. Ce montant se partage entre les prélèvements sur recettes au profit des collectivités locales, à hauteur de 188,5 milliards de francs, et le prélèvement sur recettes au profit des Communautés européennes, à hauteur de 98,5 milliards de francs ;

– des remboursements et dégrèvements, pour un montant de 330,7 milliards de francs. Alors que le projet de loi de finances pour 1999 prévoyait une augmentation quasi nulle par rapport à l’évaluation révisée pour 1998 (+ 0,1%) – ce qui supposait une franche rupture de tendance avec les évolutions constatées les années précédentes, le présent projet de loi de finances retient une progression de 11,1 milliards de francs en 2000 par rapport à l’évaluation révisée pour 1999 (+ 3,5%). Cette dernière est en progression de 13 milliards de francs par rapport à l’évaluation initiale pour 1999. Le cadrage prévisionnel retenu cette année par le Gouvernement semble plus conforme aux évolutions que l’on peut normalement attendre de cette catégorie de dépenses.

Les recettes avant prélèvements se décomposent en deux masses bien distinctes par leur nature et par leur importance.

w Évaluées à 1.546,6 milliards de francs, les recettes fiscales nettes enregistrent une hausse minime (5,7 milliards de francs) par rapport à l’évaluation révisée pour 1999. L’" effet de l’évolution spontanée ", au sens de la méthode classique d’évaluation des recettes – soit 82,5 milliards de francs – est presque complètement annihilé par les aménagements de droits (– 63,1 milliards de francs) et les " autres facteurs de variation "
(– 13,7 milliards de francs).

L’application du taux réduit de TVA aux travaux de rénovation dans les locaux à usage d’habitation et l’affectation à un établissement public de la quasi-totalité du produit du droit de consommation sur les tabacs ainsi que de la taxe générale sur les activités polluantes (TGAP) apportent respectivement des contributions de 17,6 milliards de francs, 43,2 milliards de francs et 2 milliards de francs respectivement à la dégradation des recettes dues aux aménagements de droits.

La suppression de la majoration temporaire d’impôt sur les sociétés instituée par la loi n° 97-1026 du 10 novembre 1997 portant mesures urgentes à caractère fiscal et financier constitue le plus important des " autres facteurs de variation " ;

w Les ressources non fiscales sont évaluées à 199,7 milliards de francs, dont 17,2 milliards de francs de " recettes d’ordre " venant en atténuation des charges de la dette. La majeure partie de la progression par rapport à l’évaluation révisée pour 1999 vient de l’" évolution spontanée " de ces ressources (10,4 milliards de francs).

Cependant, comme dans la loi de finances initiale pour 1999, les rebudgétisations décidées par le Gouvernement majorent sensiblement les ressources du titre 3 (2,2 milliards de francs au titre de la rebudgétisation de diverses rémunérations) et du titre 5 (5 milliards de francs au titre de la suppression du fonds de concours recueillant la contribution de divers organismes publics et semi-publics aux charges de pension de leurs agents fonctionnaires).

La structure de l’état A serait affectée par les mouvements suivants :

– une ligne 0009 (recettes fiscales) serait destinée à recueillir le produit de la taxe sur les locaux à usage de bureaux, les locaux commerciaux et de stockage, consécutivement à la suppression du compte d’affectation spéciale n° 902-22 " Fonds pour l’aménagement de l’Ile de France " ;

– une ligne 0089 (recettes fiscales) accueillerait pour le budget général les recettes découlant de la suppression du fonds de concours qui voyait transiter le produit des " redevances " perçues sur les installations nucléaires de base ;

– une ligne 0331 (ressources non fiscales) verrait imputer la recette tirée de la rémunération des prestations rendues par divers services ministériels, autrement appelées " recettes d’ingénierie publique " ;

– une ligne 0509 (ressources non fiscales) servirait de réceptacle aux contributions pour charges de pension versées par divers organismes publics et semi-publics au titre des pensions de leurs agents fonctionnaires.

Les recettes à caractère définitif des comptes d’affectation spéciale s’élèveraient, en 2000, à 42,9 milliards de francs et s’inscriraient en recul de 7,2 milliards de francs par rapport à leur niveau voté en loi de finances initiale pour 1999. La suppression du Fonds pour l’aménagement de l’Ile de France et du Fonds national forestier, décidées dans le cadre du présent projet de loi de finances, contribuerait à hauteur de 2,2 milliards de francs et 0,4 milliard de francs respectivement à la diminution des ressources. La clôture du fonds pour le financement de l’accession à la propriété, décidée dans le cadre de la loi de finances initiale pour 1999, réduirait les recettes à hauteur de 6,6 milliards de francs.

En sens inverse, les engagements du Gouvernement en matière de financement de l’audiovisuel public auraient pour conséquence l’accroissement de 1,5 milliard de francs des recettes du compte d’emploi de la taxe parafiscale affectée au financement des organismes du secteur public de la radiodiffusion sonore et de la télévision. De même, les recettes du Fonds national de l’eau (ancien Fonds national pour le développement des adductions d’eau) croîtraient de 450 millions de francs.

Les ressources des budgets annexes, sans influence sur l’équilibre budgétaire, diminueraient de 0,3% par rapport à leur évaluation en loi de finances initiale pour 1999.

En définitive, le présent article propose de fixer à 1.502,3 milliards de francs le montant total des ressources nettes du budget de l’État, hors budgets annexes. La progression des ressources s’établirait ainsi à 0,4% par rapport à la loi de finances initiale pour 1999. Comme l’année précédente, votre Rapporteur général tient à souligner le caractère peu significatif de cette évolution, compte tenu de l’ampleur des changements de structure affectant le budget de l’État, en 2000 comme en 1999.

B.- Des plafonds de dépenses marqués par la stabilisation en volume des crédits du budget général

Le projet de loi de finances pour 2000 propose de fixer à 1.677,8 milliards de francs le plafond des dépenses nettes du budget général. Une fois encore, les budgétisations opérées dans le présent projet rendent peu pertinente la comparaison directe des deux années 1999 et 2000. En effet, la diminution de 8,8 milliards de francs des crédits inscrits sur le budget général doit être rapportée au montant des transferts divers qui affectent le volume des crédits sans pour autant signifier une variation des charges effectives de l’État.

Si l’on ajoute au montant inscrit au tableau d’équilibre le montant de 24,9 milliards de francs correspondant aux dépenses qui ne seront plus supportées par le budget général, la progression des dépenses de ce budget, entre 1999 et 2000, s’élève à 16,1 milliards de francs en valeur absolue, soit + 0,96% en valeur relative (). La progression en volume des dépenses du budget général, à périmètre constant, est donc quasi nulle, compte tenu d’une évolution prévisionnelle de l’indice des prix égale à 0,9%.

Parmi les dépenses ordinaires civiles, la charge nette de la dette s’inscrirait, pour la première fois depuis de nombreuses années, en diminution de 2,5 milliards de francs (– 1,1%). Votre Rapporteur général se réjouit, en particulier, de ce que la politique économique, engagée sur de nouvelles bases par le Gouvernement après le mois de juin 1997, se traduise enfin dans l’une des composantes les plus rigides des charges de l’Etat.

Pour leur part, les charges directes de personnel (rémunérations, pensions et charges sociales) s’accroîtraient de 22,5 milliards de francs, soit + 3,4% par rapport à la loi de finances initiale pour 1999. Votre Rapporteur général rappelle qu’une partie de cette progression est imputable à la budgétisation du fonds de concours qui recueille jusqu’à la fin de l’exercice 1999 la contribution de divers organismes publics et semi-publics aux charges de pension de leurs agents fonctionnaires, à hauteur de 5 milliards de francs. Par ailleurs, les charges de personnel enregistrent les derniers effets différés de l’accord salarial conclu avec les principales organisation syndicales en février 1998.

Les dépenses d’intervention s’inscrivent en diminution de 33,3 milliards de francs (– 6,7%). La majeure partie de cette évolution atypique provient du transfert vers le fonds de financement de la réforme des cotisations patronales de sécurité sociale – créé dans le cadre du projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2000 – des dépenses relatives à la ristourne dégressive, précédemment imputées sur le chapitre 44-77 du budget de l’Emploi, à hauteur de 39,5 milliards de francs. Les dépenses d’intervention sont marquées par d’importants redéploiements, présentés en détail dans le volume 2 du tome I du présent rapport général.

Les dépenses civiles en capital progressent de 1,5 milliard de francs et atteignent 80,3 milliards de francs. Là encore, les transferts de crédits entre budget général et comptes d’affectation spéciale contribuent à rendre moins évidentes les comparaisons d’une année sur l’autre.

Les dépenses militaires diminuent de 70 millions de francs. Un net réajustement en baisse des dépenses militaires en capital (– 3,7 milliards de francs) est partiellement compensé par une augmentation de 2,4 milliards de francs des dépenses ordinaires. Votre Rapporteur général rappelle que, sur ces 2,4 milliards de francs, près de 930 millions de francs proviennent de l’intégration au sein du ministère de la Défense des moyens humains relevant précédemment du budget des anciens combattants. Par ailleurs, les charges de pensions s’accroissent de 1,3 milliard de francs.

Le plafond des charges définitives nettes serait égal à 1.720,7 milliards de francs, en diminution de 12,6 milliards de francs (soit – 0,7%) par rapport à la loi de finances initiale pour 1999. Une fois encore, les évolutions réellement significatives sont parfois masquées par des effets purement optiques, dus aux modifications de périmètre qui affectent, dans le présent projet, les contours des différents supports budgétaires de la dépense.

Les charges définitives des comptes d’affectation spéciale s’inscrivent en nette diminution (– 3,8 milliards de francs, soit – 8,1%). Au titre des effets de structure, la clôture du Fonds forestier national, du Fonds pour l’aménagement de l’Ile de France et du Fonds pour le financement de l’accession à la propriété (décidée dans la loi de finances initiale pour 1999) réduit les crédits de 0,4 milliard de francs, 2,2 milliards de francs et 3,5 milliards de francs respectivement. Au titre des évolutions non liées à des évolutions de " frontières " avec le budget général, il convient de noter la légère diminution des crédits inscrits sur le compte d’affectation spéciale n° 902-24 qui recueille et utilise le produit des opérations de mise sur le marché de titres d’entreprises détenues par l’État. En sens inverse, 500 millions de francs et 400 millions de francs viennent abonder les crédits respectifs du fonds national de l’eau et du fonds d’investissement des transports terrestres et des voies navigables.

Le plafond des charges des opérations temporaires serait fixé à 384,4 milliards de francs, soit une augmentation de 4 milliards de francs (+ 1,1%) par rapport à la loi de finances initiale pour 1999. La totalité de cette progression est imputable au comportement des crédits inscrits sur le compte d’avance sur le produit des impositions locales (+ 4,8 milliards de francs). En 2000 comme en 1999, les émissions d’impôts locaux revenant aux collectivités et établissements publics locaux bénéficiaires d’avances (qui constituent les dépenses du compte n° 903-54) devraient être notablement ralenties par rapport aux années précédentes, du fait de la montée en régime de la réforme de la taxe professionnelle.

La progression attendue sur le compte n° 903-54, somme toute minime en regard du passé, devrait être partiellement compensée par une diminution des charges prévues sur le compte n° 903-17 portant les prêts du Trésor à des États étrangers pour la consolidation de dettes envers la France (– 1,7 milliard de francs) qui ramènerait opportunément la charge nette de ce compte à zéro. Par ailleurs, les crédits de dépenses ouverts sur le compte n° 903-07 portant les prêts du Trésor à des États étrangers et à l’Agence française de développement seraient augmentés de près de 650 millions de francs.

C.- Un déficit budgétaire inscrit sur une tendance solide à la baisse

Le déficit des opérations à caractère définitif s’élèverait à 218,4 milliards de francs, au lieu de 236,2 milliards ; compte tenu de l’excédent prévu pour les opérations temporaires, égal à 3 milliards de francs, le déficit général du budget de l’État s’établirait, en 2000, à 215,4 milliards de francs.

Le déficit de l’État s’inscrirait ainsi en recul de 21,2 milliards de francs par rapport à la loi de finances initiale pour 1999, alors que celle-ci était construite sur la base d’un déficit inférieur de 21,3 milliards de francs à celui de la loi de finances initiale pour 1998. Le déficit du budget de l’État représenterait 2,35% du PIB, contre 2,68% du PIB en loi de finances initiale pour 1999, soit un besoin de financement de 2,4% du PIB exprimé en comptabilité nationale (système SEC 95). Cette diminution contribue à ramener le déficit de l’ensemble des administrations publiques à 1,8 % du PIB environ, soit un niveau très inférieur à la limite imposée par le pacte de stabilité et de croissance.

Le mouvement de baisse tendancielle du déficit avait manqué d’être interrompu en 1998 du fait de la cessation des effets d’un expédient artificiel, le versement de la soulte de France Télécom. A nouveau fermement engagé dans la précédente loi de finances, il se confirme dans le présent projet de loi.

II.- Les autorisations d’opérations de trésorerie

A.- Paragraphe II :
les autorisations relatives à la dette de l’État

· Un usage constant sous la Ve République veut que, grâce à une interprétation " souple " de l’article 31 de l’ordonnance organique de 1959, ni le tableau d’équilibre ni les documents budgétaires annexés au projet de loi de finances ne comportent d’évaluation du " montant des ressources d’emprunt et de trésorerie ".

Assurément, il n’apparaît ni opportun ni réaliste de prétendre effectuer une prévision de l’ensemble des besoins de trésorerie, c’est-à-dire des mouvements de fonds à très court terme. L’incertitude sur les montants nécessaires à l’équilibre quotidien de la trésorerie, l’interdiction du découvert non financé et les délais d’adoption des lois de finances ne permettraient, en aucun cas, la détermination a priori d’un plafond pour ces ressources.

En matière de ressources d’emprunt, l’article 15 de l’ordonnance organique tempère le caractère absolu des dispositions de l’article 31. Le deuxième alinéa de cet article 15 dispose que " les émissions d’emprunt sont faites conformément aux autorisations générales données chaque année par les lois de finances ". Le paragraphe II, alinéa 1, du présent article a pour objet d’accorder au ministre de l'économie, des finances et de l'industrie, pour l’année 2000, une telle autorisation générale. Celle-ci porte sur le court, le moyen et le long terme, et les emprunts peuvent avoir deux objets : la couverture de l’ensemble des charges de trésorerie et le renforcement des réserves de change.

Pour la deuxième année – et désormais pour toutes les années ultérieures – l’autorisation générale d’emprunt proposée par le présent article est demandée pour des emprunts libellés en euros et non en francs.

Le programme d’émission de l’État – qui n’a en lui-même aucune portée juridique – constitue le cadre général conçu par le ministre chargé du budget pour assurer la couverture du besoin de financement ; il est publié au tout début du mois de janvier. Ce programme d’émission a longtemps été écarté des informations fournies au Parlement dans le cadre du débat budgétaire. Votre Rapporteur général se réjouit de constater que, comme l’année précédente, et suite à sa demande expresse, une évaluation des ressources d’emprunt a été portée à sa connaissance, sous la forme d’un tableau de financement de l’Etat.

Pour autant, le tableau de financement présenté ci-après ne saurait constituer un engagement du Gouvernement sur le montant ou la nature des ressources d’emprunt qui y sont portées, pour l’année 2000.

TABLEAU DE FINANCEMENT DE L’ÉTAT (a)

(en milliards de francs)

 

Exécution 1998

LFI 1999

PLF 2000

Pour mémoire : déficit en exercice

243,4

236,6

215,4

Déficit en gestion

220,1

236,6

213,0

Amortissement des titres longs (OAT) (b)

78,0

78,8

101,0

Amortissement des autres engagements de l’État

9,0 (e)

10,1 (e)

11,0 (e)

Besoin de financement à long terme

307,1

325,5

325,0

Amortissement des titres à moyen terme (BTAN) (c)

268,8

194,5

295,0

Divers

Besoin de financement à moyen et long terme

575,9

520,0

620,0

Recettes en trésorerie des émissions obligataires (OAT)

342,8

295,0

360,0

Recettes en trésorerie des émissions de BTAN

269,5

230,0

265,0

Financement à moyen et long terme

612,3

525,0

625,0

Émissions nettes de titres à court terme (BTF) (d)

39,1

31,4

26,0

Divers

– 75,4

– 36,4

– 30,0

Ressources totales nettes de financement

575,9

520,0

620,0

(a) Hypothèses conventionnelles pour 2000.

(b) OAT : Obligations assimilables du Trésor.

(c) BTAN : Bons du trésor à taux fixe et intérêt annuel.

(d) BTF : Bons du Trésor à taux fixe et intérêt précompté

(e) dont 2,4 milliards de francs, chaque année, au titre du remboursement progressif par le Trésor des concours de la Banque de France.

· Depuis la loi de finances pour 1991, l’autorisation générale d’emprunt est complétée par un ensemble d’autorisations relatives à des opérations dites " de gestion active " de la dette de l’État. Ces opérations, réalisées sur le marché secondaire de la dette, sont énumérées au paragraphe II, alinéa 2, du présent article. En effet, la politique de modernisation de la dette de l’État, engagée à partir du milieu des années quatre-vingt, a rendu nécessaire des interventions du Trésor sur les marchés. La concentration des émissions sur un faible nombre de lignes, très liquides mais " pesant " parfois plus de 100 milliards de francs, a pour corollaire des charges d’amortissement variant considérablement d’année en année, et de mois en mois. La gestion active de la dette permet de lisser l’échéancier des titres à amortir et d’optimiser le profil de trésorerie de l’État.

Le présent article propose de compléter la liste des autorisations accordées au ministre de l’économie, des finances et de l’industrie par la mention d’" opérations de dépôts de liquidités sur le marché interbancaire de la zone euro et auprès des États de la même zone ".

Le Trésor souhaite, en effet, élargir la palette des instruments dont il dispose pour gérer au plus près la liquidité de l’État et notamment le niveau de son compte courant auprès de la Banque de France. La pratique des prises en pension de titres détenus par d’autres agents financiers, notamment les spécialistes en valeurs du Trésor (), procure déjà un moyen souple et sûr de placer des liquidités excédentaires sur le marché afin d’en obtenir une rémunération supérieure à celles procurée par leur maintien sur le compte courant à la Banque de France.

Cependant, il peut survenir des occasions où les opérations de pension ne peuvent satisfaire aux besoins du Trésor. Selon les informations recueillies par votre Rapporteur général, il semble, par exemple, qu’il soit difficile de trouver après 16 heures un établissement qui ait la capacité de se porter contrepartie afin de conclure une opération de pension. Le dépôt de liquidités sur le marché interbancaire permettrait de retrouver une souplesse intrajournalière.

Par ailleurs, le présent article propose d’autoriser le ministre de l’économie, des finances et de l’industrie à effectuer des opérations de dépôt similaires auprès d’autres Etats de la zone euro. Les politiques de modernisation de la dette conduites par les États européens – où la France a le plus souvent été à l’avant-garde – conduit à des tensions beaucoup plus fortes qu’auparavant sur les trésoreries des Etats. Le remboursement de lignes arrivées à échéance, dont le principal s’élève parfois à plusieurs dizaines de milliards de francs, peut se conjuguer avec le versement, le même jour, d’une grande partie des intérêts dus dans l’année sur la dette de l’État. Ainsi, en France, les mois d’avril et octobre voient des sorties de trésorerie particulièrement importantes, notamment le 25 de chaque mois pour ce qui est des dépenses budgétaires (versements d’intérêts).

Les Etats de la zone euro ont, depuis quelques années, engagé un lent rapprochement de leurs calendriers d’émission, dans un cadre coopératif très informel. Ce mouvement a pour corollaire naturel une coordination renforcée en matière de gestion de trésorerie. Certains Etats, notamment la Belgique, se sont montrés intéressés par des opérations d’ajustement coopératif des trésoreries des Etats, les excédents temporaires des uns pouvant aider à financer, par l’intermédiaire de prêts et dépôts, les besoins temporaires des autres dus, par exemple, à une échéance très lourde.

La disposition proposée par le présent article viendrait en complément d’une innovation introduite par le décret n° 99-309 du 21 avril 1999. Celui-ci a autorisé le ministre de l’économie, des finances et de l’industrie à " procéder à des opérations d’emprunts sur le marché interbancaire et auprès des États de la zone euro ". Cette innovation pouvait être rattachée à la rédaction du paragraphe II, alinéa 2, de l’article d’équilibre de la loi de finances pour 1999, qui évoque les " emprunts à court terme ", sans préciser ni limiter leur nature.

En revanche, les opérations de placement de disponibilités, autorisées dans le cadre de l’alinéa 2 du même paragraphe du même article, ne comportaient pas, dans les lois de finances précédentes, les mentions du marché interbancaire et des opérations susceptibles d’être conclues avec d’autres États. Il apparaît opportun à votre Rapporteur général de recommander à l’Assemblée nationale l’adoption du dispositif proposé.

En revanche, s’agissant d’opérations si spécifiques, il conviendrait que le montant des dépôts sur le marché interbancaire et auprès des États de la zone euro, en fin de mois et en moyenne sur le mois, soit ajouté aux informations présentées dans les arrêtés mensuels récapitulatifs des émissions de valeurs du Trésor publiés au Journal officiel. Le décret du 21 avril 1999 précité a déjà prévu des dispositions similaires pour les opérations d’emprunts auprès des mêmes contreparties.

B.- Paragraphes III et IV : les autorisations traditionnelles
de prise de garantie

Les derniers paragraphes du présent article reprennent des dispositions traditionnelles, qui ont pour objet d’autoriser le ministre de l'économie, des finances et de l'industrie :

– à accorder la garantie de l’État pour le refinancement en devises d’emprunts communautaires ;

– à prévoir la stabilisation des charges d’emprunts en devises des établissements spécialisés dans le financement à moyen et long terme des investissements. Cette garantie est la contrepartie des encouragements donnés, depuis le milieu des années soixante-dix, à ces établissements pour couvrir une partie de leurs besoins en capitaux sur les marchés internationaux afin de faciliter le financement de la balance des paiements.

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La Commission a examiné un amendement de suppression de M. Marc Laffineur.

M. Gilbert Gantier a expliqué que le groupe Démocratie libérale ne pouvait accepter un projet de loi de finances permettant de fragmenter le budget de l’Etat et créant des recettes inopportunes.

La Commission a rejeté cet amendement.

Elle a ensuite examiné un amendement de M. Pierre Méhaignerie, ayant pour objet d’établir un nouvel équilibre entre les recettes et les dépenses.

M. Jean-Jacques Jégou a indiqué que cet amendement était l’aboutissement d’une réflexion visant à dégager des moyens nouveaux et, en conséquence, à réduire le déficit.

Votre Rapporteur général a jugé irréaliste le dispositif proposé par cet amendement, observant notamment qu’il était proposé de supprimer la subvention aux Charbonnages de France.

La Commission a rejeté cet amendement, puis a adopté l’article 36 sans modification, compte tenu de ses décisions sur les articles de la première partie.

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La Commission des finances, de l’économie général et du Plan a adopté l’ensemble de la première partie du projet de loi de finances pour 2000 ainsi modifiée.

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© Assemblée nationale

() Pour le détail des nouveaux modes de prise en charge des actions précédemment assurées par un compte d’affectation spéciale, on pourra se reporter au commentaire de l’article 44 du présent projet de loi, reproduit dans le tome III du rapport général.

() Les autres recettes du compte sont constituées par le remboursement des prêts accordés par le FFN. Avec la disparition du CAS n° 902-01, c’est le dernier compte d’affectation spéciale effectuant des opérations temporaires qui s’éteint.

() 33,1 millions de francs en 1996, 31,9 millions de francs en 1997, 36,4 millions de francs en 1998, 32 millions de francs prévus en 1999.

(1) Nouvelle ligne 9 des recettes fiscales.

(1) On rappellera qu’à l’occasion de l’affectation d’une part, des contributions sur les tabacs et alcools à la Caisse nationale des travailleurs salariés, le Conseil constitutionnel a estimé qu’aucune règle, ni aucun principe de valeur constitutionnels, n’interdisait d’affecter le produit d’une imposition à un établissement public (n° 152 DC du 14 janvier 1998).

() Article premier de la loi n° 92-3 du 3 janvier 1992 sur l’eau publiée au Journal officiel du 4 janvier 1992.

() Publiée au Journal officiel du 18 décembre 1964.

() Publiée au Journal officiel du 18 décembre 1964.

() L’arrêté du 14 novembre 1991 , modifiant l’arrêté du 14 septembre 1966, dispose que le nom " agence de l’eau " se substitue à celui d’" agence financière de bassin ".

() Voir à ce sujet le rapport public 1998 de la Cour des comptes et le rapport du commissariat général du Plan " Evaluation du dispositif des agences de l’eau ", 1997, La Documentation française.

() Décision n° 82-124 L du 23 juin 1982.

() Les 515 millions de francs se décomposent en 265 millions de francs (crédits ouverts en loi de finances) et 250 millions de francs (rattachement des fonds de concours).

() Les 764 millions de francs se décomposent en 264 millions de francs (crédits ouverts en loi de finances) et 500 millions de francs (crédits ouverts au titre du FNSE).

() Pour leur application, on se reportera aux instructions fiscales 3P-4-95 du 6 février 1995 (B.O.I n° 33 du 17 février 1995) et 3 P 1 – 96 (B.O.I n°18 du 26 janvier 1996).

() Rapport d’information n° 1781, Annexe n° 1.

(1) Page 244 et suivantes.

() Voir ci-après la présentation de l’amendement n° I-16 portant article additionnel après l’article 34.

() Là encore, il importe de noter que la non-imputation de la régularisation négative se traduirait par une diminution équivalente de la DCTP.

() Dans les développements qui vont suivre, l’analyse portera presqu’exclusivement sur l’impact du recensement pour la DGF. Rappelons, cependant, que le Gouvernement a déposé un projet de loi (n° 1809) relatif à la prise en compte du recensement pour la répartition de l’ensemble des dotations précitées.

() Le même dispositif de lissage à la hausse et à la baisse est prévu pour les départements et pour les établissements publics de coopération intercommunale à fiscalité propre.

() En conséquence, le montant de la majoration prévue par le présent article est étroitement dépendant des dispositions qui seront finalement retenues dans le cadre du projet de loi susmentionné.

() Un lissage sur deux ans des résultats du recensement nécessiterait une majoration d’environ 600 millions de francs pour parvenir à ce même résultat.

() La moitié de cette progression est liée à la majoration exceptionnelle de 500 millions de francs que le Gouvernement a décidé d’accorder, hors enveloppe normée, au titre de chacune des années 1999, 2000 et 2001.

() Il convient de préciser qu’il n’est pas possible de savoir, dès à présent, si une telle majoration sera également nécessaire en 2001 et 2002, puisque cela dépendra de l’évolution des deux indices utilisés pour indexer la DGF, à savoir les prix à la consommation et la croissance du PIB.

() Pour être précis, il faut indiquer que, grâce à l’utilisation d’un coefficient linéaire, les attributions de DSU par habitant ont varié entre 561,23 francs et 24,11 francs.

() Celles dont le potentiel fiscal par habitant est inférieur à 90% du potentiel fiscal moyen par habitant des communes appartenant au même groupe démographique.

() T.A. n° 361.

() Document E 1284.

() Votre Rapporteur général rappelle que la norme de progression de 0% en volume ou 0,9% en valeur pour le budget général, telle que fixée par le Gouvernement, s’entend du budget général exprimé en termes nets de recettes d’ordre venant en atténuation des charges de la dette. Or, dans le projet de loi de finances pour 2000, les recettes d’ordre sont légèrement supérieures à celles prévues dans la loi de finances initiale pour 1999 (17,2 milliards de francs au lieu de 16 milliards de francs). Il s’ensuit que la comparaison entre les deux budgets exprimés en termes de charges brutes est légèrement moins favorable que lorsqu’ils sont exprimés en termes de charge nette, puisque, dans ce dernier cas, on défalque du montant total des crédits du budget général en 2000 une somme supérieure à celle défalquée des crédits du budget général en 1999.

() Il conviendra de se reporter, pour plus de détails, aux développements formant la substance de la deuxième partie du volume 1 du tome I du présent rapport.