- Texte visé : Texte de la commission sur le projet de loi, adopté par le Sénat, après engagement de la procédure accélérée, de programmation pour la refondation de Mayotte (n°1470)., n° 1573-A0
- Stade de lecture : 1ère lecture (2ème assemblée saisie)
- Examiné par : Assemblée nationale (séance publique)
Sous réserve de son traitement par les services de l'Assemblée nationale et de sa recevabilité
Après l’alinéa 166, insérer l’alinéa suivant :
« L’État renforcera les instruments de surveillance et de régulation des marchés à Mayotte, notamment dans les secteurs essentiels où des positions dominantes entravent le bon fonctionnement de la concurrence. Il s’appuiera sur l’Observatoire des prix, marges et revenus de Mayotte, dont les moyens et les prérogatives seront consolidés, ainsi que sur l’Autorité de la concurrence, appelée à intervenir plus activement sur le territoire. »
Par cet amendement, le groupe LFI-NFP souhaite inscrire dans le rapport annexé une priorité claire du Gouvernement à lutter contre les effets de rente à Mayotte, dans une logique de justice économique et de protection du pouvoir d’achat.
Mayotte connaît une situation économique structurellement marquée par des positions dominantes voire des monopoles de fait dans plusieurs secteurs essentiels : importation de denrées alimentaires, distribution de matériaux de construction, vente de carburants, fret maritime ou encore télécommunications. Cette concentration économique limite fortement les effets bénéfiques de la concurrence sur les prix et la qualité de service.
Selon l’Observatoire des prix, des marges et des revenus de Mayotte, les prix à la consommation dans l’île restent supérieurs de 30 à 60 % à ceux de la métropole pour des produits de base comme les pâtes, l’huile, le riz, le savon ou le ciment. Ces écarts ne sont pas uniquement dus aux coûts de fret ou à l’insularité, mais aussi à des marges commerciales particulièrement élevées et à un déficit structurel d’alternatives pour les consommateurs.
En matière de carburant, la dépendance à un seul opérateur pour le stockage et la distribution explique un prix structurellement plus élevé que dans les autres départements ultramarins. Dans le secteur du fret, le manque de concurrence sur la ligne maritime reliant Mayotte à la Réunion et à Madagascar pèse lourdement sur les coûts logistiques.
Ces phénomènes sont bien identifiés, ils se sont encore approfondis après Chido. Mais les moyens de régulation sont aujourd’hui insuffisamment adaptés au contexte mahorais :
L’Observatoire des prix dispose de peu de moyens humains ou juridiques pour enquêter sur les marges réelles des opérateurs ;
L’Autorité de la concurrence n’a mené que très peu d’interventions à Mayotte, en raison d’un manque de remontée d’alertes et d’un seuil de notification des concentrations souvent trop élevé.
Dans ce contexte, il est indispensable de :
- Renforcer les instruments de suivi et d’intervention publique, en dotant l’Observatoire des prix à Mayotte de moyens accrus et d’un mandat explicite d’alerte et de saisine ;
- Favoriser des investigations proactives de l’Autorité de la concurrence sur le territoire, en lien avec les services de l’État ;
- Réviser les seuils de notification des concentrations pour les adapter à l’échelle économique réduite de l’île.