XVIIe législature
Session ordinaire de 2025-2026

Séance du mercredi 15 octobre 2025

Sommaire détaillé
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Séance du mercredi 15 octobre 2025
Avertissement: version provisoire établie à 00:10

Présidence de Mme Yaël Braun-Pivet

Mme la présidente

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    La séance est ouverte.

    (La séance est ouverte à quatorze heures.)

    1. Questions au gouvernement

    Mme la présidente

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    L’ordre du jour appelle les questions au gouvernement.

    Réforme des retraites

    Mme la présidente

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    La parole est à Mme Nadège Abomangoli.

    Mme Nadège Abomangoli

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    Monsieur le premier ministre, votre présence sur ces bancs est une anomalie démocratique car vous êtes illégitime. (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP.) Vous perdez les élections mais continuez à confisquer le pouvoir. Nous vous ferons partir, comme vos prédécesseurs, jusqu’à ce qu’Emmanuel Macron parte –⁠ car le problème, c’est bien lui. (Mêmes mouvements.)

    M. Pierre Cordier

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    Dans une quinzaine de mois, il ne sera plus là !

    M. Alexandre Dufosset

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    Nous n’avons pas voté Macron, nous !

    Mme Nadège Abomangoli

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    Depuis huit ans, votre mission auprès d’Emmanuel Macron n’a pas changé. Vous multipliez les coups de force pour faire passer des politiques de guerre sociale, de saccage écologique et de division du peuple.

    Mme Nadège Abomangoli

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    Vous nous dites que vous n’utiliserez plus l’article 49.3. Vous refusez pourtant l’abrogation d’une réforme des retraites rejetée massivement dans le pays et dont la majorité de cette assemblée ne veut pas. (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP.) Vous êtes un 49.3 à vous tout seul. (Mêmes mouvements.)

    Mme Nadège Abomangoli

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    Votre suspension n’est qu’un écran de fumée, un stratagème grossier qui masque mal un budget de violence sociale que seuls les naïfs refusent de voir, des coupes budgétaires qui écrasent les plus faibles et cajolent les plus riches : 30 milliards d’économies sur le dos des retraités, des malades, des chômeurs et des apprentis. (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP.)

    Mme Nadège Abomangoli

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    Pour nous, ce sera la censure. Nous refusons d’emblée et en bloc la saignée dans l’hôpital, dans nos écoles, ou encore la suppression des APL pour les étudiants étrangers –⁠ encore une concession au Rassemblement national après une énième loi « asile et immigration » indigne. (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP.) Élu pour faire barrage à Marine Le Pen, Emmanuel Macron l’aura érigée en alliée qui le protège quand vient l’heure de proposer sa destitution. (Mêmes mouvements.)

    Mme Mathilde Panot

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    Exactement !

    Mme Nadège Abomangoli

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    Parce que vous gouvernez contre la dignité et l’unité du peuple, vous devez partir. Deux tiers des Français veulent l’organisation d’une élection présidentielle anticipée. Fidèles aux aspirations populaires, nous redéposerons une motion de destitution. (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP.)

    Mme Nadège Abomangoli

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    Il y a un devoir infiniment plus noble que la fidélité au chef : celui du démocrate de se soumettre à la volonté du peuple, dans la transparence et la clarté. Ma question est la suivante : ferez-vous passer votre arnaque de décalage dans le temps de la réforme des retraites par un amendement ou par une loi ? (Les députés du groupe LFI-NFP se lèvent et applaudissent.)

    Mme la présidente

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    La parole est à Mme la ministre déléguée auprès du premier ministre, porte-parole du gouvernement.

    Mme Maud Bregeon, ministre déléguée auprès du premier ministre, porte-parole du gouvernement

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    Vous parlez d’illégitimité. Or s’il y a bien une chose qui est légitime, c’est l’Assemblée élue il y a plus de douze mois par des Français qui étaient allés voter à plus de 75 %.

    Mme Maud Bregeon, ministre déléguée

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    Le premier ministre a mis sur la table l’abandon du 49.3, une mesure que vous réclamiez. Il a aussi mis sur la table la possibilité de débattre de la fiscalité et de la réforme des retraites –⁠ ce que vous aviez demandé. (Exclamations sur les bancs du groupe LFI-NFP.) Nous proposons le débat, vous voulez le désordre.

    Mme Maud Bregeon, ministre déléguée

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    Il n’y a aucun coup de force,…

    Mme Ségolène Amiot

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    À part votre présence ici !

    Mme Maud Bregeon, ministre déléguée

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    …seulement le respect de la Constitution.

    Mme Maud Bregeon, ministre déléguée

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    Faire de la politique, c’est défendre des positions. Le gouvernement s’y emploiera, sur ces bancs, lors du débat budgétaire. Chacun des groupes pourra agir de même. En revanche, faire de la politique, ce n’est pas se comporter en éditorialistes mais bien être en mesure de faire le pas, le chemin nécessaires pour éviter le blocage et permettre à la France de disposer d’un budget au 31 décembre.

    Mme Sophia Chikirou

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    Elle ne répond pas à la question !

    Mme Maud Bregeon, ministre déléguée

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    J’en viens à la question du véhicule législatif. Vous me demandez si un amendement au projet de loi de finances sera déposé. Nous aurons l’occasion de le préciser. (« Ah ! », rires et exclamations prolongées sur les bancs des groupes RN et LFI-NFP. –⁠ M. Matthias Renault mime un joueur de violon.) De mon côté, je vous pose une question : acceptez-vous d’entrer dans le débat budgétaire pour lequel les Français vous ont élus ?

    Mme Sophia Chikirou

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    Allez-vous en !

    Reconstruction de Gaza

    Mme la présidente

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    La parole est à Mme Dieynaba Diop.

    Mme Dieynaba Diop

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    Ma question s’adresse au ministre de l’Europe et des affaires étrangères. Lundi, l’espoir d’une paix durable au Proche-Orient est enfin apparu. La libération des otages israéliens détenus par le Hamas et des prisonniers palestiniens constitue le premier pas de ce chemin long et exigeant. Le deuxième devrait être la réouverture, ce jour, du point de passage de Rafah pour acheminer une aide humanitaire indispensable.

    Mme Dieynaba Diop

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    Deux ans après les attaques terroristes du 7 octobre et après des mois de bombardements ayant causé la mort de dizaines de milliers de civils palestiniens dans une logique génocidaire, le sommet de Charm el-Cheikh a rassemblé plusieurs pays et organisations internationales autour d’un objectif clair : amorcer la reconstruction d’une enclave devenue un champ de ruines et marquée par un effondrement humanitaire sans précédent.

    Mme Dieynaba Diop

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    L’urgence humanitaire se double d’un impératif politique. La reconstruction ne pourra être efficace que si elle s’inscrit dans une perspective de paix durable respectueuse de la solution à deux États.

    Mme Dieynaba Diop

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    Dans ce moment décisif, la France ne peut rester en retrait. Elle doit porter haut la voix de celles et ceux qui, depuis trop longtemps, vivent sans État et surtout sans avenir. (Applaudissements sur les bancs du groupe SOC et sur quelques bancs du groupe EcoS.) Reconstruire Gaza, c’est aussi contribuer à restaurer la possibilité d’y vivre dignement.

    Mme Dieynaba Diop

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    Ma question est donc simple : quelle sera concrètement la contribution de la France à la reconstruction de Gaza ? Comment articuler les principes du plan proposé par Trump et ceux de la déclaration de New York promue par la France et adoptée par l’Assemblée générale de l’ONU ? Comment la France compte-t-elle agir sur la scène internationale afin de poursuivre, par d’autres moyens, le processus de reconnaissance de l’État de Palestine et d’aboutir à une paix juste et durable au Proche-Orient ? (Applaudissements sur les bancs du groupe SOC et sur quelques bancs du groupe EcoS.)

    Mme la présidente

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    La parole est à M. le ministre de l’Europe et des affaires étrangères.

    M. Jean-Noël Barrot, ministre de l’Europe et des affaires étrangères

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    Vous l’avez dit, la journée de lundi a été marquée par la libération tant attendue des vingt otages qui étaient encore retenus par le Hamas à Gaza. Immense soulagement et immense émotion. C’était la première étape du plan de paix présenté par les États-Unis le 29 septembre.

    M. Jean-Noël Barrot, ministre

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    Il n’aurait pas été possible d’y parvenir sans les efforts déployés depuis un an par la France et par l’Arabie saoudite car, tout simplement, il aurait été illusoire d’espérer obtenir un cessez-le-feu et la libération des otages sans la formation d’un consensus concernant l’immédiat après-guerre et l’horizon politique. Or c’est précisément cette carence que l’initiative franco-saoudienne a permis de pallier.

    M. Jean-Noël Barrot, ministre

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    Si cette étape est considérable, la situation reste fragile. Nous parlons d’un cessez-le-feu, ce n’est donc pas encore la paix. Si le sommet de Charm el-Cheikh, auquel le président de la République a participé, était si important, c’est parce qu’il nous a permis de nous coordonner avec les autres pays européens et avec les pays arabes qui veulent prendre toute leur part dans la construction d’une paix durable dans la région.

    M. Jean-Noël Barrot, ministre

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    S’agissant de ces efforts, auxquels la France contribuera pleinement, trois axes se dégagent. Le premier, c’est évidemment l’aide humanitaire et la reconstruction. Il faut inonder la bande de Gaza d’aide humanitaire et commencer d’ores et déjà le travail de reconstruction. C’est la raison pour laquelle la France coorganisera, avec l’Égypte, une conférence dédiée à cette question.

    M. Jean-Noël Barrot, ministre

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    Deuxièmement, il faut assurer la sécurité, notamment des Gazaouis. C’est pourquoi la France présentera au Conseil de sécurité des Nations unies, avec le Royaume-Uni et en lien avec les États-Unis, une résolution visant à donner mandat à une force internationale de stabilisation en mesure d’opérer très prochainement à Gaza.

    M. Jean-Noël Barrot, ministre

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    Le troisième enjeu est la gouvernance de Gaza. Nous voulons que les Palestiniens y trouvent toute leur place, notamment une autorité palestinienne réformée, profondément transformée, comme le prévoit la déclaration de New York que nous avons défendue avec l’Arabie saoudite et qui a été adoptée à l’immense majorité des États membres des Nations unies le 12 septembre. (Mme Anne Bergantz applaudit.)

    Mme la présidente

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    La parole est à Mme Dieynaba Diop.

    Mme Dieynaba Diop

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    Nous saluons les avancées obtenues et resterons extrêmement vigilants s’agissant de l’action menée concrètement par la France dans la bande de Gaza. Elle est plus que jamais nécessaire, au nom de toutes celles et tous ceux qui souffrent depuis de très nombreux mois. (Applaudissements sur les bancs du groupe SOC. –⁠ M. Nicolas Bonnet applaudit aussi.) e

    Plan de paix à Gaza

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Michel Barnier.

    M. Hadrien Clouet

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    Un expert de la censure !

    M. Michel Barnier

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    Pendant que nous avons des débats nationaux –⁠ parfois même très hexagonaux, comme nous le constatons ces jours-ci –, le monde, autour de nous, continue de tourner et d’avancer, parfois plus vite qu’on ne le croit, parfois dans la bonne direction. C’est ce qui vient de se produire au Proche-Orient, où une lueur de paix et d’espoir s’est allumée, avec le retour des vingt derniers otages, même si nous pensons aussi à toutes celles et à tous ceux, nombreux, qui ne reviendront jamais.

    M. Michel Barnier

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    Nous devons cette lueur à la forte détermination du président des États-Unis d’Amérique, aux pays de cette région ainsi qu’à la France qui a coorganisé la conférence de New York. (Applaudissements sur plusieurs bancs des groupes DR, EPR et Dem.)

    M. Michel Barnier

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    Cependant, cette lueur est très fragile. J’aimerais poser, sur ces enjeux, deux questions à M. le Premier ministre. Tout d’abord –⁠ M. le ministre Barrot vient d’évoquer le sujet –, dans quelle mesure notre pays prendra-t-il part sur place, avec nos partenaires européens, à ce plan de paix pour lui donner une vraie chance de durer ? Je pense à l’aide et à l’urgence humanitaires dans la bande de Gaza, au démantèlement effectif du Hamas et à la formation des forces de sécurité de l’Autorité palestinienne ainsi, que, évidemment, à la reconstruction de Gaza mais aussi, dans le même temps, aux garanties de sécurité que nous devons, de manière définitive, durable au peuple d’Israël pour travailler à la perspective de deux États –⁠ l’État d’Israël et l’État de Palestine –  vivant côte à côte en paix et se reconnaissant mutuellement.

    M. Michel Barnier

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    Ma deuxième question, liée à la première, porte sur la recrudescence des actes et des paroles antisémites ici, chez nous, notamment depuis l’attaque terroriste du Hamas le 7 octobre 2023, avec, pour le seul trimestre… (Le temps de parole étant écoulé, Mme la présidente coupe le micro de l’orateur. –⁠ Les députés du groupe DR applaudissent ce dernier.)

    Mme la présidente

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    Je rappelle que le temps de parole est de deux minutes sauf pour le premier ministre.

    Mme la présidente

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    La parole est à M. le premier ministre.

    M. Sébastien Lecornu, premier ministre

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    Vous l’avez dit, nous avons enfin abouti à un accord de paix, fruit de plusieurs mois de mobilisation de la communauté internationale et des pays de la région avec lesquels la France n’a jamais perdu le fil ni le contact. Nous sommes ainsi parvenus, progressivement, à entrer dans le jour d’après, avec bien sûr la part d’aléas que cela comporte et auxquels nous devrons faire face dans un contexte d’urgences.

    M. Sébastien Lecornu, premier ministre

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    La première d’entre elles demeure l’urgence humanitaire, aussi bien s’agissant de l’alimentation que de l’accès aux soins. Je l’ai rappelé hier soir à un autre député : le fil conducteur de l’action de la France depuis de nombreux mois, y compris lorsque vous étiez le chef du gouvernement, est la possibilité donnée au ministère des affaires étrangères et au ministère des armées de procéder à un acheminement très important de denrées, de vivres et de médicaments. Nous poursuivrons dans ce sens, notamment avec le partenaire égyptien et dans le cadre des conférences évoquées à l’instant par Jean-Noël Barrot.

    M. Sébastien Lecornu, premier ministre

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    La deuxième urgence est la gouvernance du territoire palestinien. Cette question a déjà été abordée, je n’y reviens pas.

    M. Sébastien Lecornu, premier ministre

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    La troisième urgence est bien sûr la sécurité : désarmement du Hamas et capacité à faire monter en puissance des forces de sécurité palestiniennes. C’est indispensable pour la sécurité des civils mais aussi pour celle d’Israël. La France dispose des compétences nécessaires –⁠ forces armées et de sécurité intérieure – pour accompagner une telle formation et pour trouver un cadre avec nos partenaires britannique et américain, notamment au sein des Nations unies. J’ai cru comprendre, monsieur le ministre de l’Europe et des affaires étrangères, que des réflexions étaient en cours, en tout cas qu’un brouillon de résolution était actuellement élaboré, débattu et étudié au Conseil de sécurité des Nations unies.

    M. Sébastien Lecornu, premier ministre

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    La deuxième question que vous avez posée –⁠ même si ceux qui suivent nos débats ne l’ont peut-être pas entendue – porte sur la lutte contre l’antisémitisme à l’intérieur de notre pays.

    M. Sébastien Lecornu, premier ministre

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    La triste réalité, c’est que les actes antisémites ont augmenté. Ils ont été multipliés par quatre depuis le 7 octobre 2023. La triste, et inacceptable, réalité, c’est que nos compatriotes de confession juive représentent 1 % de la population mais concentrent plus de la moitié des agressions à caractère religieux enregistrées par les forces de police et de gendarmerie et par l’autorité judiciaire.

    M. Sébastien Lecornu, premier ministre

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    Face à un tel constat, vous nous appelez à redire –⁠ comme vous-même l’aviez fait en tant que premier ministre – la détermination totale du gouvernement de la République à ne rien accepter, à ne rien laisser passer, à lutter par tous les moyens contre l’antisémitisme, aussi bien à l’école qu’en matière de politique pénale ou de sécurisation des lieux de culte. Mais –⁠ je veux le dire parce que c’est un combat que vous avez mené au cours de votre vie politique : aucun plan, aucune ligne budgétaire, aucune loi ne changeront rien au fait que ce combat est un combat pour la République, qui doit être mené par l’ensemble des groupes politiques de cette assemblée. (Applaudissements sur les bancs des groupes EPR, DR et Dem ainsi que sur plusieurs bancs des groupes SOC, EcoS et GDR.) C’est bien là l’enjeu essentiel des semaines, des mois à venir : refuser l’antisémitisme et comprendre que lorsqu’on s’en prend à un juif de France, on s’en prend à la République ! (Applaudissements sur les bancs des groupes EPR, DR et Dem. –⁠ Mmes Dieynaba Diop et Ayda Hadizadeh applaudissent également.)

    Lutte contre le réchauffement climatique

    Mme la présidente

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    La parole est à Mme Cyrielle Chatelain.

    Mme Cyrielle Chatelain

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    Monsieur le premier ministre, sur tous les continents, l’extrême droite mène une guerre contre l’écologie. Pourtant, hier, dans votre discours de politique générale, vous n’en avez pas dit un mot. Donald Trump présente le changement climatique comme une grande arnaque, Milei rase les forêts, Poutine se réjouit de la fonte du permafrost en Sibérie et leur alliée, l’extrême droite européenne, exige l’abandon du pacte vert. Les scientifiques de tous les pays, y compris en France, font face à une croisade obscurantiste. Quelque 90 % des militants écologistes subissent des violences en ligne et sont parfois physiquement menacés.

    Mme Cyrielle Chatelain

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    Dans ce contexte, votre silence est alarmant. (Applaudissements sur les bancs du groupe EcoS et sur quelques bancs du groupe SOC.) Il nous fait craindre que vous ayez déjà abdiqué, d’autant plus que la politique conduite depuis 2022 est celle du grand bond en arrière s’agissant de l’écologie, avec pas moins de quarante-trois reculs environnementaux depuis le printemps.

    Mme Cyrielle Chatelain

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    Je n’ai pas le temps de vous questionner sur l’ensemble de ces reculs. Je n’aborderai donc qu’un seul sujet, pour lequel le gouvernement est décisionnaire : notre trajectoire climatique. J’ai deux questions. D’abord, dix ans après l’accord de Paris, allez-vous cesser de bloquer la hausse des objectifs climatiques au niveau européen ? Ensuite, allez-vous publier une programmation pluriannuelle de l’énergie sérieuse pour garantir le développement de l’éolien et du solaire (Applaudissements sur les bancs du groupe EcoS et sur quelques bancs du groupe SOC –⁠ M. Jimmy Pahun applaudit également) et permettre que, d’ici à 2030, 44 % de l’énergie que nous consommons soit d’origine renouvelable ?

    Mme la présidente

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    La parole est à M. le premier ministre.

    M. Sébastien Lecornu, premier ministre

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    Je vous l’ai dit : hier, je ne pouvais pas parler de tout au regard de la situation politique. Vous me permettrez de me livrer, en répondant à votre question, à une séance de rattrapage. Sans mépris aucun pour l’Assemblée nationale, j’aurai l’occasion d’y revenir plus longuement au Sénat, s’agissant notamment de la dimension locale des politiques environnementales.

    M. Sébastien Lecornu, premier ministre

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    Plusieurs défis sont devant nous. Je répondrai à vos deux questions et j’irai même un peu plus loin. La priorité est de continuer la décarbonation d’une partie de notre économie et de notre vie quotidienne. C’est une évidence en matière d’émissions et de souveraineté. Vous le savez, c’est aussi une évidence en matière économique car des filières économiques ont été créées sur le territoire, qui sont désormais porteuses d’emplois, et il n’y aurait rien de pire que de faire du stop and go –⁠ pour parler en mauvais français –, ce qui fragiliserait l’élan donné. Cela va peut-être trop lentement et le débat à ce sujet aura lieu si vous laissez la discussion budgétaire se tenir ici même. Il est en tout cas clair que freiner définitivement nos efforts de sobriété énergétique nous exposerait aux pires difficultés.

    M. Sébastien Lecornu, premier ministre

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    J’en viens à la production d’énergie, au sujet de laquelle vous avez posé une question très précise. C’est la même urgence : la décarbonation est essentielle pour des raisons non seulement climatiques mais aussi –⁠ pardon ! – géopolitiques. Dépendre du Moyen ou du Proche-Orient, de la Russie, d’un certain nombre de grands compétiteurs est évidemment inacceptable. On ne pourra pas parler de réindustrialisation si notre politique énergétique n’est pas au niveau. Si vous nous demandez si nous souhaitons ou allons dégrader, dans les documents à venir, nos objectifs en matière d’énergies renouvelables, la réponse est non.

    M. Sébastien Lecornu, premier ministre

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    En revanche, nous devons davantage interroger la manière dont l’argent public est employé pour financer les énergies renouvelables et faire en sorte qu’il n’y ait pas de rente de situation. Je sais de quoi je parle car j’étais secrétaire d’État chargé de ces sujets il y a huit ans et on voit bien qu’aujourd’hui, la situation du marché de l’électricité, la structure des coûts afférents aux énergies renouvelables, les filières économiques, s’agissant par exemple de l’éolien en mer, tout comme la manière d’équilibrer notre système électrique et de stocker cette énergie ne sont pas les mêmes qu’alors. Le vrai débat relatif à la programmation pluriannuelle de l’énergie portera sur le nucléaire –⁠ je sais que nous ne sommes pas d’accord à cet égard et je l’assume –, les énergies renouvelables et les bons moyens d’éviter que des effets de rente, des effets de bord ne découlent du financement de ces énergies. Ce sujet est essentiel.

    M. Sébastien Lecornu, premier ministre

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    Troisième thème, qui chevauche le national et le local : la biodiversité, un terme que je n’ai pas prononcé hier à l’occasion de mon discours de politique générale, pas plus que vous dans votre question. Ce thème pose la question des déchets, celle de l’eau et celle de la lutte contre les pollutions, sur laquelle la ministre chargée de l’écologie reviendra très prochainement. La dynamique et les enjeux afférents sont aussi globaux, nationaux que locaux. Nous ne ferons pas l’impasse sur un réexamen de la planification écologique à l’échelon local : les compétences en question sont fondamentalement décentralisées et les élus locaux doivent s’en emparer davantage. Nous en débattrons peut-être. Étant donné l’endroit d’où je viens, en tant qu’ancien maire et ancien président de département, je reste convaincu que c’est absolument essentiel.

    M. Sébastien Lecornu, premier ministre

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    La dernière étape est bien sûr internationale et européenne : il s’agit de faire en sorte que la France continue de mener le combat politique que vous avez décrit à un moment où le climatoscepticisme est plus puissant qu’il y a cinq ou dix ans. Ce qui, ces dernières années, était évident ou du moins à peu près consensuel a cessé de l’être, y compris au regard des politiques menées par un certain nombre de grandes puissances. Je crois pouvoir dire que la nomination, que vous n’avez ni citée ni saluée, de la ministre Monique Barbut témoigne, eu égard à son engagement et à son bilan de femme dirigeante d’ONG, de ce que le gouvernement de la République est capable de faire pour la France ! (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe EPR et sur quelques bancs du groupe Dem.)

    Mme la présidente

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    La parole est à Mme Cyrielle Chatelain.

    Mme Cyrielle Chatelain

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    Je vous ai connu plus précis, monsieur le premier ministre : vous n’avez rien dit au sujet du soutien à la hausse des objectifs climatiques à l’échelon européen, qui requiert un combat immédiat, et vous n’avez rien répondu au sujet de l’objectif de production d’énergies renouvelables à hauteur de 44 % de notre consommation énergétique.

    Mme Cyrielle Chatelain

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    Surtout, je vous alerte : la France n’a diminué ses émissions de gaz à effet de serre que de 0,8 % alors que ce chiffre aurait dû atteindre 5 %. Ceci doit être notre priorité. (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe EcoS. –⁠ Mme Dieynaba Diop applaudit également.)

    Reconstruction de Gaza

    Mme la présidente

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    La parole est à Mme Louise Morel, à laquelle je souhaite un joyeux anniversaire ! (Applaudissements sur les bancs du groupe Dem et sur quelques bancs du groupe EPR.)

    Mme Louise Morel

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    Merci, madame la présidente.

    Mme Louise Morel

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    Monsieur le ministre de l’Europe et des affaires étrangères, lundi dernier, 737 jours s’étaient écoulés depuis le 7 octobre 2023, ce jour d’horreur où plus de 1 200 personnes ont été tuées, dont cinquante et un Français, et plus de 250 Israéliens pris en otage. 737 jours d’angoisse et d’attente pour leurs familles et pour tous ceux qui refusent d’oublier, tant d’attente aussi pour les proches des prisonniers palestiniens, suspendus eux aussi à l’espoir de recevoir des nouvelles des leurs.

    Mme Louise Morel

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    Le lundi 13 octobre dernier, un espoir s’est enfin réalisé : les visages, les retrouvailles, les étreintes des vingt derniers otages libérés ont ému le monde entier. Je veux rendre hommage à toutes celles et ceux qui ont rendu cela possible, à votre action diplomatique, monsieur le ministre (Applaudissements sur les bancs du groupe Dem et sur quelques bancs du groupe EPR), à celle du président de la République, à nos armées, à nos associations humanitaires, qui ?uvrent chaque jour pour la paix et la vie.

    Mme Louise Morel

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    Je veux aussi saluer le plan de paix proposé par les États-Unis d’Amérique et soutenu par l’Égypte, le Qatar, la Turquie, les Émirats arabes unis et plusieurs pays européens, dont la France, plan qui a accéléré la libération des otages.

    Mme Louise Morel

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    Cependant, nous ne devons rien oublier. Rien des mois d’horreur à Gaza, rien des familles brisées, des enfants tués, de la famine orchestrée, rien de ce que le droit international devra juger. Face à ces tragédies, le multilatéralisme et la force du droit demeurent nos meilleurs remparts contre la barbarie. Nos institutions internationales doivent certes être plus rapides et plus fermes mais nous ne devons pas renoncer à cet idéal : le droit doit primer la loi du plus fort.

    Mme Louise Morel

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    Lundi a été une lueur d’espoir qui doit continuer à briller. Comment la France entend-elle répondre à l’urgence en renforçant l’aide humanitaire et, à long terme, soutenir la reconstruction de Gaza et accompagner les perspectives d’une paix durable dans la région ? (Applaudissements sur les bancs du groupe Dem. –⁠ MM. Vincent Caure et Jean-Luc Fugit applaudissent également.)

    Mme la présidente

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    La parole est à M. le ministre de l’Europe et des affaires étrangères.

    M. Jean-Noël Barrot, ministre de l’Europe et des affaires étrangères

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    Merci pour cette question qui nous rappelle de ne rien oublier. Souvenons-nous des 1 200 innocents sauvagement assassinés le 7 octobre 2023, lors du pire massacre antisémite de notre histoire depuis la Shoah. Souvenons-nous que, ce matin-là, quarante-huit de nos compatriotes ont été assassinés par les terroristes du Hamas, que huit autres ont été kidnappés pour être plongés dans l’enfer des tunnels du Hamas à Gaza, que cinq d’entre eux ont été libérés dans la joie et dans les larmes tandis que trois d’entre eux y ont laissé la vie. Souvenons-nous de certains de nos compatriotes qui se sont distingués ce matin-là : je pense à Liel Itach, citoyen français de 22 ans, qui a donné sa vie pour que d’autres puissent sauver la leur (Applaudissements sur les bancs du groupe EPR), mort en héros. Nous ne l’oublions pas, parce que la France n’oublie aucun de ses enfants. (Mme Mathilde Panot s’exclame ce qui suscite des protestations en réaction sur les bancs des groupes RN et UDR ainsi que sur quelques bancs des groupes EPR et Dem.)

    M. Jean-Noël Barrot, ministre

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    Mais la France ne se contente pas de dénoncer ou de condamner : la France agit. (Mêmes mouvements.) Le mois dernier, la France a rassemblé la communauté internationale à New York pour qu’au travers de la déclaration que cette dernière a endossée, à terme, la sécurité d’Israël soit garantie et les droits légitimes du peuple palestinien reconnus, afin que toutes les souffrances endurées ces deux dernières années ne se reproduisent jamais.

    M. Jean-Noël Barrot, ministre

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    La semaine dernière, c’est à Paris, au Quai d’Orsay, que se sont réunis les ministres des pays arabes et européens, qui veulent donner toutes ses chances à ce plan de paix et contribuer à sa réussite. Le 13 octobre dernier, à Charm el-Cheikh, le président de la République a réuni à son tour ses homologues pour que, s’agissant de la reconstruction de Gaza et de sa future gouvernance, de la sécurité des Gazaouis et d’Israël, qu’évoquait le premier ministre, toutes les forces soient mobilisées afin que tout ce que nous avons vécu ne se reproduise jamais. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe Dem.)

    Crise économique et sociale dans les territoires

    Mme la présidente

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    La parole est à M. David Taupiac.

    M. David Taupiac

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    Monsieur le ministre de l’économie, nos territoires sont en grande souffrance. À la faveur d’une crise économique et sociale d’une rare intensité et malgré la mobilisation des élus, des syndicats, des associations et des acteurs économiques, nous constatons tous la dévitalisation de bassins de vies entiers. Le constat est alarmant : avec plus de 65 000 défaillances d’entreprises en 2024, chiffre en hausse de 17 % par rapport à 2023, nous faisons face à une crise structurelle qui affecte durablement nos territoires.

    M. David Taupiac

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    Je citerai un seul exemple dans mon territoire du Gers, qui illustre à mon sens cette réalité tragique. En mars dernier, à Vic-Fezensac, la fermeture de l’abattoir Delpeyrat a entraîné la perte de soixante-quinze emplois directs. Le mois suivant, un incendie a ravagé l’usine Gerstube, privant soixante-dix salariés supplémentaires de leur travail. Au total, 145 emplois ont disparu dans un bassin de vie de 11 000 habitants où l’agroalimentaire, la viticulture et le tourisme constituent des piliers de l’économie locale.

    M. David Taupiac

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    À ces drames humains et économiques s’ajoutent des effets d’aubaine inattendus liés à ce type de sinistres, qui pénalisent encore davantage nos territoires. Entreprise familiale qui existe depuis près de quatre-vingts ans, Gerstube a été rachetée par le groupe Alfiplast. Depuis l’incendie qui l’a touchée, malgré la mobilisation des acteurs, la direction est restée quasiment injoignable. Ayant choisi de ne pas reconstruire l’usine, elle a finalement présenté un plan de sauvegarde de l’emploi qualifié de très insuffisant par les services de l’État. Se pose maintenant la question du devenir des indemnisations d’assurance.

    M. David Taupiac

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    Ces fonds sont notamment le fruit de la valeur ajoutée créée par les salariés et les acteurs du territoire. À ce titre, il paraîtrait incompréhensible qu’ils ne soient pas réinvestis localement pour maintenir l’activité économique du territoire. Comment l’État peut-il intervenir pour que cette activité économique reste dans ce territoire ? Plus globalement, comment instaurer un cadre légal pour garantir que les indemnités d’assurance soient réinvesties en faveur de la revitalisation de leur territoire ? (Applaudissements sur les bancs du groupe LIOT.)

    Mme la présidente

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    La parole est à M. le ministre de l’économie, des finances et de la souveraineté industrielle, énergétique et numérique.

    M. Roland Lescure, ministre de l’économie, des finances et de la souveraineté industrielle, énergétique et numérique

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    J’ai eu l’honneur d’être pendant deux ans ministre de l’industrie de la République française et je continuerai de mener les combats que j’ai alors engagés.

    Mme Mathilde Panot

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    On a vu le désastre !

    M. Roland Lescure, ministre

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    Je suis très heureux que notre ancien collègue Sébastien Martin, qui connaît bien l’industrie et les territoires, m’ait rejoint pour traiter ce dossier essentiel.

    M. Roland Lescure, ministre

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    Vous l’avez dit : en avril dernier, un incendie dévastateur a littéralement rasé l’usine de Gerstube à Vic-Fezensac. C’est un drame.

    M. Roland Lescure, ministre

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    Vous vous êtes fortement mobilisé aux côtés de la présidente de région, du président du département et de la maire pour tenter de convaincre le groupe Alfiplast de reconstruire l’usine, ce qu’il a refusé. Je tiens à vous dire que je regrette cette décision.

    M. Roland Lescure, ministre

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    Ma priorité, comme la vôtre je pense, sera de veiller au sort des salariés car, vous l’avez dit, le plan de sauvegarde de l’emploi n’est pas suffisant, notamment à l’aune des indemnités d’assurance qui ne manqueront pas d’être versées. Je travaillerai avec le ministre du travail pour m’assurer que ce plan les accompagnera dans de bonnes conditions et que de nouveaux emplois leur seront proposés, pourquoi pas au sein même du groupe.

    M. Roland Lescure, ministre

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    Ma deuxième priorité sera le territoire. Il y a moins d’un mois, le gouvernement a notifié à la Commission européenne le fait que l’aéroport d’Auch sera désormais un point de passage transfrontalier. L’entreprise JCB Aero est présente dans cette zone. Grâce à cette décision, nous allons pouvoir développer l’emploi.

    M. Roland Lescure, ministre

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    Le combat industriel est essentiel et difficile, mais grâce à des élus comme vous et à la mobilisation sans faille du gouvernement, je suis persuadé que nous allons y arriver.

    Suspension de la réforme des retraites

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Paul Christophe.

    M. Paul Christophe

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    Monsieur le premier ministre, on ne peut bâtir un compromis sur un mensonge. Vous avez annoncé hier, dans votre déclaration de politique générale, que vous proposeriez au Parlement la suspension de la réforme des retraites. Vous le savez, nous considérons que cette proposition est d’une dangereuse facilité.

    M. Fabien Di Filippo

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    Tout dépendra de la capitalisation…

    M. Paul Christophe

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    Les données démographiques sont sur ce sujet aussi factuelles qu’irréfutables. À sa création, notre système de retraite par répartition reposait sur plus de quatre actifs cotisants pour un retraité. Nous sommes aujourd’hui à moins de 1,8 actif pour un retraité alors même que la durée d’indemnisation moyenne a été multipliée par quatre.

    M. Paul Christophe

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    Depuis quarante ans, tous les gouvernements, de gauche comme de droite, ont dû procéder à des réformes paramétriques pour maintenir le système à flot, tant bien que mal. La réforme de 2023 n’échappe pas à cette règle. Faire croire à nos concitoyens que la sortie de crise, dans un pays aussi endetté que le nôtre, passe par une suspension de cette réforme est une fable dont nous paierons tôt au tard le prix. La vérité, c’est que nous devons être plus nombreux à travailler et que nous devons travailler plus longtemps.

    M. Paul Christophe

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    Par ailleurs, le discours ambiant depuis votre déclaration d’hier –⁠ je ne vous en tiens pas responsable – laisse croire aux Français que la suspension de la réforme est actée. Il faut que chacun soit très prudent : tant que le Parlement ne l’a pas adoptée définitivement, la suspension n’existe pas. Dès lors, il ne faudrait pas que les annonces d’hier amplifient encore un peu plus, dans quelques mois, la défiance de nos concitoyens envers leurs institutions.

    M. Paul Christophe

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    Aussi, j’ai plusieurs questions précises à vous poser : par quel véhicule législatif le gouvernement proposera-t-il au Parlement la suspension de la réforme des retraites ? («  Ah ! » sur les bancs du groupe LFI-NFP.) Le coût de 400 millions d’euros évoqué pour 2026 comprend-il les pensions supplémentaires versées et les pertes de cotisations qu’impliquent les départs en retraite plus tôt que prévu ? Enfin, et surtout, qui va payer ?

    M. Paul Christophe

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    En réalité seules trois options sont possibles : augmenter les cotisations pesant sur les actifs, baisser les pensions de retraite…

    Mme Prisca Thevenot

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    Non !

    M. Paul Christophe

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    …ou faire peser cette charge sur nos enfants et nos petits-enfants. (Applaudissements sur les bancs du groupe HOR.)

    Mme la présidente

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    La parole est à M. le premier ministre.

    M. Sébastien Lecornu, premier ministre

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    Vous avez raison, un bon débat, un débat loyal, ne peut pas s’appuyer sur des mensonges ou des imprécisions. Votre première question est de savoir quel vecteur sera utilisé. Cette question n’est pas très grand public mais, en effet, soyons précis : pour aller vite, dans des délais tenus, et pour avoir un débat de qualité, il faut que le gouvernement dépose un amendement au projet de loi de financement de la sécurité sociale…

    Mme Sandrine Runel

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    Quand ?

    M. Sébastien Lecornu, premier ministre

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    …dès le mois de novembre, c’est-à-dire dès le début de la discussion du PLFSS, comme chaque année depuis des décennies.

    M. Jérôme Guedj et Mme Sandrine Runel

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    En commission !

    M. Sébastien Lecornu, premier ministre

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    Oui, en commission. Les Françaises et les Français qui nous regardent sur les chaînes info peuvent voir que le débat a déjà démarré ! Mais ces éléments sont importants, car la procédure garantit la transparence démocratique.

    M. Sébastien Lecornu, premier ministre

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    Le gouvernement déposera donc cet amendement, mais il appartiendra au Parlement de décider –⁠ je l’ai suffisamment répété hier dans ma déclaration de politique générale. Chacune et chacun ici aura donc l’occasion de défendre ses convictions dans la plus grande des clartés (Mme Danielle Brulebois, M. Vincent Caure et Mme Anne-Cécile Violland applaudissent), comme vous avez commencé à le faire, monsieur le député, en disant ce que vous souhaitez pour les retraites non seulement pour aujourd’hui, mais, n’ayons pas peur, également pour demain. J’ai d’ailleurs ouvert cette réflexion dès hier, réflexion dont le rendez-vous était en principe fixé à l’élection présidentielle. Votre famille politique et le président de votre parti se sont déjà exprimés. Certains défendront peut-être la capitalisation, d’autres un système par points avec un âge pivot, d’autres encore un système par points sans âge pivot. J’ai mes propres convictions et j’aurai l’occasion d’y revenir le moment venu.

    M. Sébastien Lecornu, premier ministre

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    Ensuite, il ne peut y avoir de suspension de la réforme des retraites sans coût. Sur ce point aussi j’ai été précis hier et je le répète : je n’endosserai pas n’importe quoi ; il y va de la pérennité du système actuel. Vous l’avez dit, toute suspension adoptée devra s’accompagner de recettes en contrepartie. Il reviendra également au Parlement de se prononcer, dans la plus grande des clartés, avec les différents outils que vous connaissez.

    M. Sébastien Lecornu, premier ministre

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    Je souligne enfin, parce que nous ne devons pas être autocentrés et nous focaliser uniquement sur le gouvernement et le Parlement, que le véritable sens de cette suspension est non seulement la stabilité du pays (Mme Ségolène Amiot s’exclame) et le retour du calme dans nos débats –⁠ nous y sommes arrivés cet après-midi et je crois que c’est possible –, auxquels nous a invités un prix Nobel d’économie –⁠ ayons l’humilité de reconnaître que ceux qui connaissent leur sujet peuvent tracer un chemin –, mais surtout le rétablissement de la confiance entre les partenaires sociaux, lequel pourrait permettre d’atténuer l’amertume laissée par le conclave. Toutes les discussions pourraient ainsi reprendre, pas seulement sur les retraites, mais aussi sur le travail, le partage de la valeur et sa répartition dans l’entreprise –⁠ autant de sujets dont vous savez bien, en tant qu’ancien ministre des solidarités, qu’ils sont bloqués depuis le mois de juin dernier. (M. Louis Boyard s’exclame.)

    Mme Mathilde Panot

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    Laissez voter l’Assemblée !

    M. Sébastien Lecornu, premier ministre

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    La suspension, qui n’est pas l’abrogation –⁠ on nous l’a suffisamment reproché sur certains bancs –, est une chance. Soit nous nous en saisissons et vous déciderez, soit nous ne nous en saisissons pas et chacun devra assumer ses responsabilités. (Applaudissements sur les bancs des groupes EPR et HOR.)

    Projet de loi de finances pour 2026

    Mme la présidente

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    La parole est à Mme Elsa Faucillon.

    Mme Elsa Faucillon

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    Hier, le premier ministre a présenté les grandes mesures du budget 2026, dans la droite ligne des précédents, ceux-là mêmes qui ont mis nos comptes dans le rouge, qui ont fait reculer le pouvoir de vivre, appauvri les retraités, les chômeurs, les jeunes et les classes moyennes et populaires, tout particulièrement en outre-mer. Ces mêmes budgets qui vantaient une réindustrialisation pendant qu’une pluie de fermetures d’entreprises s’abat sur notre pays. Ces mêmes budgets qui abreuvent des multinationales d’argent public pendant que 35 000 emplois dans le bâtiment pourraient encore disparaître cette année.

    Mme Elsa Faucillon

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    Les Français se serrent la ceinture, des milliers d’emplois sont brisés, mais Emmanuel Macron, enfermé dans sa tour d’ivoire, contemple le pays qu’il a fracturé. Son monde est celui des actionnaires et des cabinets de conseil, pas celui des travailleurs et des travailleuses, des soignants, des familles et des mères seules qui galèrent. (Applaudissements sur les bancs du groupe GDR et sur plusieurs bancs du groupe EcoS. –⁠ MM. Carlos Martens Bilongo et Sébastien Delogu applaudissent aussi.) Votre budget, c’est sa politique. Vous osez présenter une taxe sur le patrimoine financier comme une mesure de justice, mais en excluant les titres d’entreprises vous épargnez plus de 95 % de la fortune des milliardaires. Bernard Arnault peut dormir sur ses deux oreilles. En revanche, de manière nette et précise, taxe par taxe, vous visez les plus modestes, les malades, les retraités, les étudiants, les apprentis et les étrangers. (Mêmes mouvements.)

    Mme Elsa Faucillon

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    Les Français scandent « justice fiscale ! », ils ne reçoivent que mépris de classe. Et même quand vous répondez à l’immense mobilisation contre la réforme des retraites par un obscur décalage, vous promettez que la facture sera salée pour le monde du travail. Pire, vous évoquez une possible capitalisation. Vous appelez à la responsabilité nationale alors que vous livrez l’État à un capitalisme sans foi ni loi ! Vous parlez d’ordre, mais c’est le désordre social que vous semez ! Vous invoquez la République, mais vous piétinez l’égalité et méprisez le résultat des urnes. (Applaudissements sur les bancs du groupe GDR et sur plusieurs bancs des groupes LFI-NFP et EcoS.)

    Mme Elsa Faucillon

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    Quand vous nous parlez du débat parlementaire comme d’une concession qui serait faite, on le voit bien : vous ne cherchez pas l’accord avec le Parlement, vous cherchez l’alibi du désaccord sur le dos d’un pays que vous avez déjà bien trop fracturé. (Applaudissements sur les bancs du groupe GDR et sur de nombreux bancs des groupes LFI-NFP et EcoS. –⁠ Mme Sandrine Runel applaudit également.)

    Mme la présidente

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    La parole est à Mme la ministre de l’action et des comptes publics.

    Mme Amélie de Montchalin, ministre de l’action et des comptes publics

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    Vous nous demandez quels sont nos choix économiques dans le projet de loi de finances pour 2026. Si vous pouvez nous poser la question, c’est parce que vous avez devant vous un premier ministre et un gouvernement (Exclamations sur quelques bancs du groupe LFI-NFP),…

    Mme Mathilde Panot

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    Illégitimes !

    Mme Amélie de Montchalin, ministre

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    …qui ont déposé un texte et qui ouvrent le débat. Dans quelques heures, certains d’entre vous veulent nous censurer.

    Mme Mathilde Panot

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    Tout à fait !

    Mme Amélie de Montchalin, ministre

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    Si vous nous censurez, il n’y aura plus de gouvernement. (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe LFI-NFP.)

    Mme Mathilde Panot

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    Et alors ?

    Mme Amélie de Montchalin, ministre

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    Il n’y aura donc pas de débat non plus. (Exclamations sur plusieurs bancs du groupe LFI-NFP.) Les seules questions dont nous débattrons seront l’incertitude et le désordre économiques, et le trouble créé dans le pays faute de stabilité.

    M. Stéphane Peu

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    Pouvez-vous nous répondre sur vos choix budgétaires ?

    Mme Amélie de Montchalin, ministre

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    Si vous nous censurez, le seul débat que nous aurons ne concernera pas le budget, mais la loi spéciale. Or celle-ci ne permet aucun choix. (Mêmes mouvements.) Censurer, c’est donc repousser les débats, repousser les choix.

    Mme Amélie de Montchalin, ministre

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    Aujourd’hui, nous faisons des propositions. Nous mettons sur la table une taxe sur le patrimoine financier des holdings. On peut ne pas débattre et laisser les choses telles qu’elles sont. On peut laisser les ultrariches continuer à prospérer dans ces montages. (Exclamations sur plusieurs bancs des groupes LFI-NFP et GDR.)

    M. Stéphane Peu

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    Vous les avez gavés pendant huit ans !

    Mme Amélie de Montchalin, ministre

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    Nous proposons une contribution différentielle sur les hauts revenus. Souhaitez-vous l’adoption de cette mesure ? (Nouvelles exclamations sur les bancs des groupes LFI-NFP et GDR.) Allons-nous en discuter ou préférez-vous ne rien faire du tout ? Nous proposons aussi des investissements pour les outre-mer et pour les PME. Mais pour en débattre, encore faut-il qu’il y ait un texte et un gouvernement, et donc qu’il n’y ait pas de censure.

    Mme Mathilde Panot

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    Cessez de nous prendre pour des imbéciles !

    Niveau des retraites

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Pierre-Henri Carbonnel.

    M. Pierre-Henri Carbonnel

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    Permettez-moi, en ce jour si particulier pour elle, d’avoir une pensée pour ma prédécesseure et amie Brigitte Barèges. (Applaudissements sur plusieurs bancs des groupes UDR et RN.) Elle a siégé onze ans sur ces bancs et a eu le courage de l’union des droites. Elle est pour moi un modèle. Merci Brigitte !

    M. Pierre Cordier

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    Je la préfère à Brigitte Macron !

    M. Pierre-Henri Carbonnel

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    Monsieur le ministre du travail, votre gouvernement a annoncé la non-indexation des retraites sur l’inflation. Vous voulez faire les poches de nos retraités. C’est une honte ! Ils ont travaillé dur toute leur vie. Arrêtez de punir les plus fragiles ! Aujourd’hui, deux millions de retraités vivent sous le seuil de pauvreté et 42 % d’entre eux envisagent de réduire leurs dépenses alimentaires, un tiers ayant déjà renoncé à un soin Les retraites agricoles sont misérables –⁠ 700 euros en moyenne. Ancien membre du parti LR, je vois les députés de ce groupe soutenir un gouvernement qui taxe les retraités. Chers collègues, réveillez-vous et censurez le gouvernement ! (Applaudissements sur de nombreux bancs des groupes UDR et RN.) Vous comptez sur vos bancs des agriculteurs et j’en suis un moi aussi. Alors, du courage !

    M. Pierre-Henri Carbonnel

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    Monsieur le ministre, comptez-vous, oui ou non, indexer les retraites et sortir de l’injustice ? (Applaudissements sur les bancs des groupes UDR et RN.)

    Mme la présidente

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    La parole est à M. le ministre du travail et des solidarités.

    M. Jean-Pierre Farandou, ministre du travail et des solidarités

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    Puisque c’est la première fois que je m’exprime dans une séance de questions au gouvernement, permettez-moi de commencer par vous dire que je suis un homme de dialogue, ce que j’ai démontré, je crois, à la SNCF. (Rires sur plusieurs bancs du groupe LFI-NFP.) Je suis partisan de poursuivre dans cet esprit avec la représentation nationale. Mon ministère et mon téléphone vous sont ouverts ! (Applaudissements sur les bancs du groupe EPR.)

    M. Jean-Pierre Farandou, ministre

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    Je veux aussi profiter de cette occasion pour remercier le président de la République et le premier ministre de leur confiance. Je le sais, le ministère qui m’a été confié est difficile.

    M. Jean-Pierre Farandou, ministre

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    Pour vous répondre sur le fond, il est vrai qu’au regard de la situation des finances publiques, que nous connaissons tous, un effort juste et partagé est nécessaire. Dans ce contexte, une année blanche a été annoncée, qu’il s’agisse des prestations ou des barèmes, qui ne seront pas augmentés, non plus que le montant des retraites. (« Une honte ! » sur quelques bancs du groupe LFI-NFP.) L’effort sera collectif et concernera toutes les catégories de Français.

    M. Hervé de Lépinau

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    Vous demandez aux pauvres de participer à l’effort… C’est de l’inhumanité !

    M. Jean-Pierre Farandou, ministre

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    La règle sera de ne pas dépenser en 2026 plus qu’en 2025. Cette mesure rapportera 3 milliards d’euros d’économies au budget de la sécurité sociale.

    M. Jean-Pierre Farandou, ministre

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    Il est vrai qu’un effort particulier est demandé aux retraités avec le gel des pensions en 2026 et la sous-indexation des pensions, de 0,4 point, jusqu’en 2030. Reste qu’il s’agit d’une copie de départ et que les débats vont se tenir. Par ailleurs, soyez-en sûrs, nous serons attentifs aux pensions les plus modestes et aux retraités les plus démunis.

    M. Hervé de Lépinau

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    On verra dans l’ordonnance !

    M. Jean-Pierre Farandou, ministre

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    Les mesures proposées s’inscrivent dans le cadre du rapport du comité de suivi des retraites, mais aussi du travail de la délégation paritaire permanente. Nous devons faire attention : le déficit de la branche retraite ne cesse d’augmenter et atteindra 6 milliards en 2025, 6,6 milliards en 2030 sans ces mesures. Le gouvernement souhaite maîtriser la charge des retraites dans le budget de la sécurité sociale. Je le redis, nous aurons l’occasion d’en discuter et nous serons attentifs, dans le débat, aux plus petites retraites et aux retraites des plus démunis. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe EPR.)

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Pierre-Henri Carbonnel.

    M. Pierre-Henri Carbonnel

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    J’apprécie votre franchise : vous avouez faire les poches des retraités. C’est misérable, mais au moins vous avez l’honnêteté de l’avouer. (Applaudissements sur les bancs des groupes RN et UDR.)

    Annonces budgétaires du premier ministre

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Jean-Philippe Tanguy.

    M. Jean-Philippe Tanguy

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    Pas moins de 19 milliards d’impôts nouveaux en 2026 sur les Françaises et les Français, les salariés et les entrepreneurs. Hier, monsieur le premier ministre, je le regrette, mais vous avez donc menti… Vous avez réussi à promettre plus de pouvoir d’achat, alors que votre budget est une véritable boucherie fiscale ! pour les classes moyennes et les familles, ces dernières payant déjà le plus lourd tribut de tous les pays développés. («  Eh oui ! » sur les bancs du groupe RN et sur de nombreux bancs du groupe UDR.) Pire, la charge fiscale est tellement insupportable dans notre pays que depuis quatre ans, les impôts ne rentrent plus comme ils le devraient… À défaut d’écouter la souffrance des contribuables, lisez les rapports de Bercy : peut-être y serez-vous alors moins insensible.

    M. Jean-Philippe Tanguy

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    Hier, vous avez menti en louant la valeur travail alors que vous allez geler tous les salaires des fonctionnaires et spolier les pensions des retraités à hauteur de 20 milliards, et pas pendant un an mais pendant quatre ans !

    M. Jean-Philippe Tanguy

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    Hier, vous avez menti car vous promettez de régler la crise des finances publiques alors que vous continuez à augmenter la dépense de 28 milliards. En huit longues années, vous et vos gouvernements n’aurez donc jamais été capables de baisser d’un seul centime la dépense publique !

    M. Erwan Balanant

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    Avec vous, ce serait 100 milliards de dépenses supplémentaires !

    M. Jean-Philippe Tanguy

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    Vous avez caché tous ces mensonges, monsieur le premier ministre, par une forfaiture particulièrement cynique puisque vous avez ainsi menti à des milliers de Françaises et de Français qui travaillent dur et qui nourrissent le légitime espoir de pouvoir prendre leur retraite plus tôt. Vous avez trompé tous ces travailleurs avec la complicité des sociotraîtres de service, jamais avares d’insulter l’intelligence et la dignité de nos compatriotes ! (Applaudissements sur les bancs du groupe RN et sur de nombreux bancs du groupe UDR.) La suspension des retraites n’existe pas autrement que dans vos mensonges ! Vous mentez avec les socialistes, mais vous mentez mal !

    M. Erwan Balanant

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    Baisse un peu de ton !

    M. Jean-Philippe Tanguy

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    Grâce à la sagacité de Marine Le Pen, vous avez dû avouer depuis hier qu’il n’y avait ni amendement, ni projet de loi, seulement un simple accord d’appareil avec des socialistes qui ne savent rien faire d’autre que mentir ! 19 milliards d’impôts plus un mensonge sur les retraites : quel beau pacte de lâcheté avec les LR et les socialistes ! (Exclamations sur les bancs du groupe SOC.)

    M. Jean-Philippe Tanguy

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    Alors avouez, avouez vos mensonges ! ! ! (Applaudissements sur les bancs des groupes RN et UDR.)

    Mme la présidente

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    La parole est à Mme la ministre de l’action et des comptes publics.

    Mme Amélie de Montchalin, ministre de l’action et des comptes publics

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    Il est dommage que vous n’ayez pas mis à jour votre question.

    M. Pierre Cazeneuve et M. Erwan Balanant

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    Eh oui !

    Mme Amélie de Montchalin, ministre

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    Le Premier ministre vient d’y répondre : il vient de préciser que la suspension passera par un amendement au projet de loi de financement de la sécurité sociale. Il vient de le dire, mais vous n’avez pas écouté. Or je pense que dans une assemblée, le respect c’est l’écoute.

    M. Jean-Philippe Tanguy

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    Le respect, ce n’est pas le mensonge !

    Mme la présidente

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    Monsieur Tanguy, s’il vous plaît !

    Mme Amélie de Montchalin, ministre

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    Et quand le Premier ministre s’exprime, nous devrions l’écouter. Ce sera un amendement…

    M. Jean-Philippe Tanguy

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    Un cavalier !

    Mme Amélie de Montchalin, ministre

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    …que cet hémicycle aura donc à débattre.

    Mme Amélie de Montchalin, ministre

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    Mais vous êtes dans une drôle de position puisque vous nous dites que vous voulez combattre ce budget tout en voulant censurer le gouvernement… Venez donc débattre, ne nous censurez pas (Applaudissements sur plusieurs bancs des groupes EPR, Dem et HOR), ne prêtez pas à l’idée que c’est dans les urnes que les Français vont voter le budget alors que ce n’est pas ainsi que cela se passe, pas ainsi que la Constitution l’a prévu.

    Mme Amélie de Montchalin, ministre

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    S’agissant du budget de l’État, vous parlez de mensonges. Mais il faut nous dire la vérité :…

    M. Jean-Philippe Tanguy

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    La vérité, ce sera les ordonnances !

    Mme Amélie de Montchalin, ministre

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    …dans le projet de loi de finances, la dépense publique rapportée au PIB baisse. Je le répète : elle baisse. Cela veut dire que si ce budget est voté tel que nous le proposons, il y aura moins de dépenses publiques en 2026 par rapport à ce que notre pays produit, soit 56,4 % du PIB l’année prochaine au lieu de 56,8 % cette année.

    M. Jean-Philippe Tanguy

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    Vous mentez et vous le savez !

    Mme Amélie de Montchalin, ministre

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    Vous parlez d’impôts, disant que c’est horrible… Mais il y aura l’année prochaine moins d’impôts par rapport au PIB…

    M. Théo Bernhardt

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    Mais arrêtez !

    Mme Amélie de Montchalin, ministre

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    …qu’en 2019 (Exclamations sur les bancs du groupe RN), comme il y aura moins d’impôts dans le budget l’année prochaine qu’en 2019. Vous dites que vous ne pouvez nous croire, que le gouvernement ment, mais je dois alors vous rappeler que semaine après semaine, mois après mois, j’ai suivi avec vous, en toute transparence, l’exécution du budget 2025. Et on a pu constater que oui, le déficit baissait, au niveau exact du chiffre que les députés avaient inclus…

    M. Jean-Philippe Tanguy

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    Non, c’est vous :

    Mme Amélie de Montchalin, ministre

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    …dans le compromis du mois de février : le déficit sera de 5,4 %, le gouvernement s’y était engagé et nous y sommes parvenus devant vous, avec méthode et avec rigueur. C’est d’ailleurs bien le moins que l’on doive au Parlement. Vous débattez, vous votez, nous exécutons. (Applaudissements sur plusieurs bancs des groupes EPR, Dem et HOR.)

    M. Jean-Philippe Tanguy

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    Et vous ruinez !

    Prix Nobel français

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Paul Midy.

    M. Paul Midy

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    Ma question s’adresse au ministre de l’économie et des finances.

    M. Paul Midy

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    Dans notre pays, il y a aussi des bonnes nouvelles : ces dernières années, nous assistons à une véritable pluie de Prix Nobel français ! (Applaudissements sur les bancs des groupes EPR, Dem e t HOR. –⁠ Mme Ayda Hadizadeh et M. Eli Califer applaudissent également.) Merci pour vos applaudissements adressés à Alain Aspect, Anne L’Huillier, Pierre Agostini et Michel Deviret, tous français… et d’ailleurs tous issus de ma magnifique circonscription de Paris-Saclay –⁠ je les salue aussi à ce titre.

    M. Paul Midy

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    Et avant-hier encore, c’est le Français Philippe Aghion qui a reçu le prix Nobel d’économie (Applaudissements sur les bancs du groupe HOR) car ses travaux ont permis de démontrer que la clé de la croissance, c’est l’innovation et le leadership technologique, ainsi que la capacité à créer un environnement qui permet le développement des meilleures technologies au monde. Et plus de croissance, c’est plus de ressources publiques et de meilleurs salaires pour tous les Français. Par conséquent, plus d’innovation, c’est aussi plus de ressources publiques pour payer la santé, l’éducation et notre sécurité. C’est bien le projet que je défends depuis des années avec ma famille politique, c’est-à-dire avec Gabriel Attal et tous les députés du groupe Ensemble pour la République. Nous avons donc consacré beaucoup de moyens à l’innovation ces dernières années, mais il faut continuer à accélérer car nous sommes en compétition avec les États-Unis et la Chine, qui ont considérablement accéléré. Il faut, à cet égard, maîtriser nos dépenses pour retrouver des marges de manœuvre sur les sujets prioritaires comme la recherche et l’innovation.

    M. Paul Midy

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    Nous serons donc particulièrement attentifs dans les débats budgétaires à ce que l’innovation soit une priorité et que les dispositifs qui y concourent soient préservés ou renforcés : je pense à la loi de programmation de la recherche, à France 2030, au crédit impôt recherche, au dispositif jeune entreprise innovante ou encore au dispositif jeunes docteurs.

    M. Paul Midy

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    Aussi, monsieur le ministre, partagez-vous les conclusions de notre prix Nobel et pouvez-vous dès lors nous rassurer ? (Applaudissements sur les bancs du groupe EPR.)

    Mme la présidente

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    La parole est à M. le ministre de l’économie, des finances et de la souveraineté industrielle, énergétique et numérique.

    M. Roland Lescure, ministre de l’économie, des finances et de la souveraineté industrielle, énergétique et numérique

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    En 1983 –⁠ je pense que vous n’étiez pas né –, quinze ans après la création du prix Nobel d’économie, la France avait son premier lauréat, Gérard Debreu, et cinq ans plus tard Maurice Allais ; il a fallu ensuite attendre trente-cinq ans avant d’avoir un autre prix Nobel d’économie, Jean Tirole, puis Esther Duflo, et maintenant Philippe Aghion. Les trois derniers sont absolument exceptionnels et ils ont travaillé sur des sujets très différents : la micro-économie et la théorie de l’incertain pour Jean Tirole, l’économie de la pauvreté pour Esther Duflo et les théories de la croissance, vous l’avez rappelé, pour Philippe Aghion. Ils ont enseigné à l’étranger –⁠ Philippe Aghion notamment à Harvard – et leur rayonnement est mondial. Très important : ces prix Nobel d’économie, ces chercheurs de classe mondiale, se sont intéressés à la vraie vie et sont capables d’éclairer la décision publique par des recommandations concrètes qu’on peut ensuite décider de débattre et de voter ici.

    M. Roland Lescure, ministre

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    Philippe Aghion, en effet un des pères des théories de l’innovation au service de la croissance et au service du bien-être de nos concitoyens, a présidé la commission sur l’intelligence artificielle, qui a conduit au sommet de l’intelligence artificielle de février dernier, puis au lancement des travaux sur l’intelligence artificielle qui font de la France peut-être pas la première encore, mais déjà la deuxième puissance internationale sur ce sujet fondamental. Je tiens donc vraiment à le remercier et j’en profite pour inciter l’ensemble des parlementaires à écouter son interview sur France Inter hier matin parce qu’il y a exposé plusieurs idées concrètes, entre autres sur la réforme des retraites.

    M. Roland Lescure, ministre

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    Et puis vous l’avez dit : il faut qu’on continue à travailler pour que l’innovation soit au cœur de nos priorités. Je sais que plusieurs sujets vous tiennent particulièrement à cœur comme à moi, sur d’autres sans doute y aura-t-il débat, mais nous partageons évidemment, je le sais, la même volonté forte et entière de s’assurer que l’innovation est au centre de nos stratégies de croissance. (Applaudissements sur les bancs du groupe EPR.)

    Mme Prisca Thevenot

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    Excellent !

    Mme la présidente

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    La séance des questions au gouvernement est terminée.

    ------------------Cette partie de la séance est en cours de finalisation---------------------------------------------

    M. Jean-Pierre Farandou, ministre

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    Ces dispositions sont maintenant intégrées respectivement à l’article 9  bis pour l’assurance chômage et aux articles 10, 11 et 12 pour les transitions et reconversions professionnelles. L’article 9  bis intègre l’accord signé le 27 mai 2025 pour réviser certains paramètres du mécanisme de bonus-malus créé en 2019. Cette disposition législative ajuste le dispositif pour le recentrer, notamment en excluant du champ du dispositif les fins de contrat pour inaptitude ou faute lourde.

    M. Jean-Pierre Farandou, ministre

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    Lorsque vous avez été saisis de ce projet de loi début juillet, la négociation sur les transitions et les reconversions s’était achevée le 25 juin, soit quelques semaines après son examen par le Sénat. Votre mobilisation et celle des partenaires sociaux ont permis d’intégrer ses conclusions par voie d’amendements en un temps record. Je souhaite vous rendre hommage, en particulier aux rapporteurs Stéphane Viry et Nicolas Turquois, pour ce tour de force parlementaire réussi.

    M. Jean-Pierre Farandou, ministre

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    Portant sur les transitions et les reconversions professionnelles, les articles 10, 11 et 12 permettront trois avancées concrètes, dont les salariés et les entreprises pourront se saisir rapidement.

    M. Jean-Pierre Farandou, ministre

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    La première consiste en la création d’un dispositif unique de reconversion, interne ou externe –⁠ au lieu de deux auparavant –, à la main de l’entreprise, et d’un dispositif de transition à la main du salarié. La seconde avancée permet de mieux cibler et de mieux orienter les projets de transition professionnelle engagés par des salariés vers les métiers porteurs. La troisième avancée repositionne l’entretien professionnel afin de permettre un suivi des compétences et du parcours professionnel du salarié. Ces trois avancées seront utiles à toutes les entreprises. Elles apporteront ainsi des réponses à l’usure professionnelle de leurs salariés en leur permettant de changer de métier en milieu de carrière.

    M. Jean-Pierre Farandou, ministre

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    Les nouvelles dispositions relatives aux transitions et aux reconversions professionnelles complètent les avancées intervenues en faveur de l’emploi des seniors et s’intègrent dans notre stratégie en faveur de l’emploi des 50 ans et plus. Ainsi, nous posons les unes après les autres les briques qui doivent permettre leur maintien dans l’emploi et faciliter leur recrutement au même titre que n’importe quel salarié.

    M. Jean-Pierre Farandou, ministre

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    Ces évolutions législatives sont d’autant plus importantes qu’elles interviennent à un moment où les fondamentaux de notre économie se transforment rapidement sous le coup des grandes transitions et où nous devons mieux accompagner les salariés, les entreprises et les territoires touchés par des restructurations, afin d’assurer une meilleure continuité professionnelle et salariale.

    M. Jean-Pierre Farandou, ministre

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    Les questions de gouvernance relatives à la gestion et à la répartition des fonds du projet de transition professionnelle n’ont pu être traitées en CMP en raison des règles de recevabilité financière. Aussi le gouvernement a-t-il déposé un amendement que j’aurai l’honneur de présenter dans quelques minutes. Le parlement a joué un rôle décisif pour assurer une transcription fidèle des différents accords. Sous réserve de l’adoption de l’amendement du gouvernement, je vous invite donc à adopter le texte établi par la commission mixte paritaire.

    M. Jean-Pierre Farandou, ministre

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    Nous avons bien travaillé ensemble pour les entreprises et les salariés de ce pays. Nous nous retrouverons cet automne pour d’autres rendez-vous importants. (Applaudissements sur les bancs des groupes EPR et Dem ainsi que sur les bancs des commissions.)

    Discussion générale

    Mme la présidente

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    La parole est à Mme Justine Gruet.

    Mme Justine Gruet

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    La nation se renforce lorsque chaque génération trouve sa place au travail, notamment les Français les plus âgés, parfois usés par la vie et éprouvés par les mutations du marché du travail.

    Mme Justine Gruet

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    L’âge est la première discrimination sur le marché du travail, selon la Défenseure des droits. Les plus de 50 ans ont trois fois moins de chances d’être recrutés, et cette réalité ne peut pas nous laisser indifférents. Cela se traduit également dans les statistiques. Le taux d’emploi des seniors en France est très inférieur à la moyenne de l’Union européenne, en particulier pour les 60-64 ans : il s’établit à 39 % en France en 2023, contre 51 % en moyenne dans l’UE, plus de 65 % en Allemagne et même 69 % en Suède. Ce constat invite le législateur à adapter le marché du travail et à mieux accompagner les seniors.

    Mme Justine Gruet

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    Dans cet esprit, un précédent gouvernement a invité les partenaires sociaux à négocier pour identifier les mesures favorables au maintien et au retour à l’emploi des seniors. Cet exercice de dialogue social s’est conclu par la signature de deux accords nationaux interprofessionnels (ANI) le 14 novembre 2024. L’accord portant sur l’emploi des seniors a été signé par les trois organisations patronales et quatre des cinq syndicats de salariés représentatifs. Seule la CGT n’a pas signé. C’est donc un exercice singulier auquel nous nous sommes livrés. Le Parlement traduit dans la loi un accord interprofessionnel, en étant prié de ne pas trop l’amender. Le groupe Droite républicaine a souhaité respecter l’accord interprofessionnel et la voix des syndicats tout au long de l’examen.

    Mme Justine Gruet

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    Ce texte sera utile à nos seniors. Il prévoit notamment une nouvelle obligation de négocier sur l’emploi des seniors ; la suppression de la limitation du nombre de mandats successifs pour les élus du comité social et économique (CSE) ; le renforcement des entretiens professionnels de mi-carrière et de fin de carrière ; l’expérimentation d’un contrat de valorisation de l’expérience pour faciliter l’embauche de seniors en CDI en contrepartie d’avantages pour l’entreprise ; l’assouplissement des conditions d’aménagement de fin de carrière, notamment la retraite progressive et le cumul emploi-retraite.

    Mme Justine Gruet

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    La commission mixte paritaire a rationalisé le projet de loi. À l’article 1er, une proposition commune des rapporteurs a permis de rétablir le caractère facultatif de « la santé au travail et la prévention des risques professionnels » et « l’organisation du travail et les conditions de travail » comme thèmes de la négociation de branche, conformément à la volonté des partenaires sociaux. De même, à l’article 2, la possibilité de mobilisation du fonds d’investissement pour la prévention de l’usure professionnelle, le Fipu, a été inscrite parmi les matières facultatives de négociation d’entreprise.

    Mme Justine Gruet

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    En définitive, ce texte permettra aux seniors de mieux préparer la deuxième partie de leur carrière et d’offrir aux entreprises davantage d’outils pour les intégrer. C’est heureux, et les députés du groupe Droite républicaine continueront à œuvrer en ce sens, car c’est ce que les Français attendent de leurs représentants. Nous voterons bien entendu en faveur du projet de loi.

    Mme Justine Gruet

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    L’amélioration de notre taux d’emploi, pour les seniors comme pour l’ensemble des Français, doit être une priorité. Si ce texte va dans le bon sens, il ne saurait se suffire à lui-même. Alors que les débats budgétaires vont commencer et que le Parlement devra pleinement jouer son rôle, nous devrions avoir un chiffre en tête : avec le même taux d’emploi que l’Allemagne, nous aurions 15 milliards d’euros de cotisations sociales supplémentaires et 5 milliards de prestations en moins à verser, ce qui représente au total 20 milliards d’euros, soit la moitié de l’effort recherché. Voilà le principal défi à relever.

    Mme Justine Gruet

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    Je livre ici plusieurs pistes parmi tant d’autres, qui pourraient tout à fait faire l’objet d’une loi travail : déplafonner pour tous le cumul emploi-retraite, afin d’inclure ceux pour qui cette possibilité est aujourd’hui limitée, alors qu’ils ont eu des carrières incomplètes et qu’ils perçoivent bien souvent de petites retraites, qu’ils ne peuvent améliorer autrement que par le travail ; améliorer le taux d’activité des parents de jeunes enfants en leur permettant, s’ils le souhaitent, de travailler à temps partiel plutôt que d’opter pour une mise en disponibilité –⁠ de droit –, un choix souvent subi, faute de pouvoir obtenir un temps partiel pour les enfants de plus de 3 ans ; faire connaître aux futurs retraités leurs droits à pension en amont, afin qu’ils fassent leur demande en toute connaissance de cause - des dysfonctionnements subsistent en effet, notamment au sein de la Caisse nationale de retraites des agents des collectivités locales (CNRACL), qui rendent nécessaires d’ouvrir ses droits pour en connaître les conditions ; développer la retraite progressive ; supprimer les « trappes à inactivité », qui dissuadent certains Français à temps partiel d’accepter d’augmenter leur temps de travail, car ils y perdraient.

    Mme Justine Gruet

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    Nous aurons l’occasion de traiter certains de ces sujets pendant le débat budgétaire qui s’ouvre prochainement. Les Français nous demandent de travailler ensemble, le cheminement du projet de loi ANI est un exemple de ce que nous savons faire. Je forme le vœu que cet esprit de responsabilité se prolonge dans les prochaines semaines. C’est l’intérêt de notre pays ! (Applaudissements sur les bancs des groupes EPR et Dem ainsi que sur les bancs des commissions.)

    Mme la présidente

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    La parole est à Mme Océane Godard.

    Mme Océane Godard

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    Le projet de loi qui nous réunit à nouveau nous concerne toutes et tous, que nous soyons déjà des seniors ou des seniors en devenir. Ce texte nous parle à toutes et tous, parce qu’il parle du travail et de nos vies professionnelles.

    Mme Océane Godard

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    Dans une période où le paritarisme est souvent malmené, nous saluons les partenaires sociaux, qui sont parvenus à un accord équilibré et responsable. Le groupe socialiste a voté pour le texte en commission, en séance publique, et nous soutenons aujourd’hui les conclusions de la commission mixte paritaire. Transposer fidèlement un accord est certes une étape nécessaire, mais notre rôle de parlementaires ne s’y réduit pas. Nous devons aussi ouvrir la voie aux évolutions à venir et veiller à ce que la loi accompagne concrètement la transformation du travail dans notre pays.

    Mme Océane Godard

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    Suite à la CMP, l’accord est préservé. Je salue le maintien des dispositions sur les entretiens de mi-carrière et de fin de carrière. Je salue également la consolidation du cadre relatif à la retraite progressive et au temps partiel de fin de carrière, qui donne davantage de souplesse aux entreprises et aux salariés, ainsi que le maintien des « modalités de management » et non plus « de gestion du personnel » parmi les thèmes facultatifs des négociations de branche. À ce titre, nous saluons le renforcement du rôle de Certif Pro et la création du Conseil national de l’orientation et de la formation professionnelles pour le développement des compétences, instance de pilotage qui sera utile. Ces éléments inscrits dans la loi posent des jalons importants.

    Mme Océane Godard

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    Cependant, plusieurs dispositions adoptées à l’Assemblée nationale ont été affaiblies en CMP. À l’article 1er, la santé au travail, la prévention des risques professionnels et l’organisation du travail ont été ravalés au rang de thèmes facultatifs, et non plus obligatoires, des négociations de branche sur l’emploi des salariés expérimentés. Or la question de l’emploi des seniors ne peut être déconnectée de celles de l’organisation et des conditions de travail. Cette question nous oblige au contraire à coordonner des politiques publiques traditionnellement distinctes l’une de l’autre : l’emploi et le travail.

    Mme Océane Godard

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    À l’article 2, la mobilisation du fonds d’investissement dans la prévention de l’usure professionnelle (Fipu) est, elle aussi, redevenue facultative dans les négociations d’entreprise. À l’article 4, le délai de carence du contrat de valorisation de l’expérience a été ramené de deux ans à six mois. Enfin, à l’article 11, la CMP a précisé que la rupture d’une période de reconversion ne donne pas droit à l’application du régime de licenciement économique.

    Mme Océane Godard

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    Ces reculs ont été présentés comme des ajustements techniques visant à coller à la lettre de l’ANI, mais ils réduisent les marges de protection pour les salariés et empêchent d’embrasser les questions dans leur globalité et leur complexité. Or le vrai sujet n’est pas seulement l’« emploi des salariés expérimentés », mais le travail, ses conditions, son organisation, sa qualité, et la capacité des entreprises comme celle de la société d’accompagner les parcours professionnels dans la durée.

    Mme Océane Godard

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    En France, la question de l’emploi des seniors revient comme un dossier à rouvrir faute d’avoir été traité entre deux réformes, tant on en parle rarement lors des débats sur la formation professionnelle, la gestion des compétences ou la qualité de vie au travail. Nous devons sortir de cette approche fragmentée et, disons-le, parfois médicalisante, qui traite la fin de carrière comme une fragilité à compenser plutôt que comme une richesse à valoriser, afin de permettre à chacun de travailler autrement. Le cœur du problème tient à la nécessité d’un changement culturel, à l’évolution des organisations du travail et de pratiques managériales trop souvent inadaptées, ce que confirme un récent rapport de l’Inspection générale des affaires sociales (Igas). Ce changement culturel n’aura pas lieu sans un recours massif à la formation professionnelle continue pour les salariés en poste, en particulier les managers.

    Mme Océane Godard

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    En conclusion, le groupe Socialistes et apparentés votera pour les conclusions de la commission mixte paritaire. Néanmoins, j’appelle dès à présent à ouvrir un chantier national sur la transformation du management, car c’est là que se jouent concrètement l’emploi durable et la qualité de vie au travail. À nous désormais de construire un plan d’investissement ambitieux pour les compétences managériales –⁠ c’est une proposition, monsieur le ministre –, afin d’accomplir cette révolution des pratiques dont les actifs et les entreprises ont besoin. (Applaudissements sur les bancs du groupe SOC. –⁠ Mme Joséphine Missoffe applaudit également.)

    Mme la présidente

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    La parole est à Mme Louise Morel.

    Mme Louise Morel

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    Le texte que nous examinons n’a rien d’une grande réforme spectaculaire mais il touche à quelque chose d’essentiel : le sens du travail à tous les âges de la vie. C’est un texte né du dialogue social, de la concertation et du compromis –⁠ autant de valeurs qui, aux yeux du groupe Les Démocrates, sont au cœur même de notre démocratie. Selon l’article 1er de notre Constitution, la République française est « indivisible, laïque, démocratique et sociale ». Or cette dimension sociale ne se résume pas à la solidarité nationale : elle s’incarne aussi dans la place donnée aux partenaires sociaux dans la construction des politiques publiques. C’est cette démocratie sociale que nous, Les Démocrates, défendons avec constance et conviction.

    Mme Louise Morel

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    Nous saluons donc la volonté du gouvernement de transposer fidèlement les accords nationaux interprofessionnels du 14 novembre 2024 relatifs à l’emploi des salariés expérimentés et au dialogue social, ainsi qu’une mesure concernant la convention d’assurance chômage. Ces accords, signés par toutes les organisations représentatives à l’exception de la CGT, traduisent une responsabilité partagée, celle de mieux préparer la vie au travail à tous les âges. Soyons lucides : la France reste en retard s’agissant de l’emploi des seniors. Aujourd’hui, moins de 40 % des 60-64 ans travaillent dans notre pays, contre un sur deux en moyenne dans l’Union européenne et plus des deux tiers en Allemagne ou en Suède.

    Mme Louise Morel

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    Ce retard n’est pas une fatalité. Il s’explique par des freins économiques –⁠ un marché du travail encore trop rigide – mais aussi par des freins culturels, à savoir une vision parfois dépassée de la valeur des salariés expérimentés. Nos voisins allemands ont su bâtir une culture du travail tout au long de la vie et je le dis d’autant plus qu’en tant que députée d’Alsace, je porte un regard privilégié sur les politiques menées outre-Rhin. Les parcours y sont plus évolutifs, la transmission des savoirs y est mieux reconnue et la transition vers la retraite y fait l’objet d’un meilleur accompagnement. C’est donc à notre tour de construire un modèle français du vieillissement actif fondé sur la dignité, la compétence et la reconnaissance.

    Mme Louise Morel

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    Le présent texte apporte des réponses très concrètes sur ces sujets. Il crée d’abord deux rendez-vous professionnels, l’un à 45 ans pour anticiper la seconde partie de carrière, et l’autre entre 58 et 60 ans afin de préparer la transition vers la retraite. Le groupe Les Démocrates avait déjà défendu le principe de ces entretiens lors de l’examen de la réforme des retraites de 2023. Ils permettront à chacun de mieux se projeter, de prévenir l’usure professionnelle et d’accompagner les transitions.

    Mme Louise Morel

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    Ensuite, le texte crée à titre expérimental un contrat de valorisation de l’expérience pour les plus de 60 ans. Ce dispositif, attendu depuis longtemps, permettra de lever les freins à l’embauche en garantissant davantage de sécurité juridique pour les entreprises ainsi qu’une vraie valorisation de l’expertise des candidats seniors.

    Mme Louise Morel

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    Enfin, le texte comprend aussi des mesures qui ont trait à la retraite progressive et aux aménagements du temps de travail. Elles vont dans le bon sens en offrant plus de souplesse, plus de choix et plus de respect des parcours. On peut vouloir continuer à travailler mais différemment !

    Mme Louise Morel

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    Au-delà des parcours individuels, l’emploi des seniors est un enjeu collectif qui nous concerne tous. Notre modèle social repose sur un équilibre fragile : il nécessite une population active assez nombreuse pour financer la solidarité nationale. Selon l’économiste Jean-Hervé Lorenzi, si la France atteignait le taux d’emploi des 60-64 ans observé aux Pays-Bas, le gain pour nos finances publiques serait de plus de 140 milliards d’euros. 140 milliards ! C’est considérable. C’est le budget cumulé de l’éducation nationale et de la défense et c’est la preuve qu’un modèle social fort ne repose pas sur plus d’assistance mais sur plus de participation. En valorisant les seniors, nous ne défendons pas seulement une génération : nous défendons la pérennité d’un modèle social auquel, j’en suis convaincue, nous sommes toutes et tous ici profondément attachés.

    Mme Louise Morel

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    En définitive, ce texte promeut une ambition simple : réconcilier la France avec le travail à tous les âges de la vie. C’est un texte d’équilibre, de confiance et de responsabilité, fruit d’un dialogue social vivant et d’une volonté sincère de compromis. Vous l’aurez compris, le groupe Les Démocrates, fidèle à sa vision d’un progrès juste et d’une société fondée sur la responsabilité, soutiendra avec conviction ce projet de loi. Permettez-moi enfin de saluer le travail des deux rapporteurs et plus singulièrement celui de notre collègue Nicolas Turquois. (Applaudissements sur les bancs des groupes Dem et EPR et sur les bancs des commissions. –⁠ Mme Justine Gruet applaudit également.)

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Paul Christophe.

    M. Paul Christophe

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    Nous sommes réunis pour entériner le projet de loi portant transposition des accords nationaux interprofessionnels en faveur de l’emploi des salariés expérimentés et relatif à l’évolution du dialogue social. Il s’agit là de l’aboutissement d’un processus législatif particulièrement riche, qui traduit notre volonté collective –⁠ celle des partenaires sociaux et du Parlement – à agir rapidement et concrètement dans ces domaines.

    M. Paul Christophe

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    D’apparence technique, ce texte est exceptionnel par le nombre et la portée des accords qu’il transpose : l’accord du 14 novembre 2024 relatif à l’emploi des salariés expérimentés, qui pose les bases d’obligations négociées pour une meilleure inclusion des seniors dans l’emploi et pour la transmission des savoirs en entreprise ; l’accord sur le dialogue social, signé le même jour, qui modernise la représentation du personnel et élargit les règles de désignation des membres des comités sociaux et économiques (CSE) ; la convention d’assurance chômage du 15 novembre 2024, qui adapte les règles de couverture des intermittences professionnelles et améliore l’accès au droit, en particulier pour les jeunes et les publics fragilisés ; l’avenant n° 2 du 27 mai 2025 relatif au bonus-malus sectoriel, qui affine les outils de lutte contre la précarité des contrats courts et recentre le dispositif sur les filières concernées ; enfin, l’accord du 25 juin 2025 en faveur des transitions et reconversions professionnelles, qui regroupe et simplifie les droits existants afin de rendre la formation et la mobilité professionnelle plus accessibles et surtout plus lisibles pour tous les salariés.

    M. Paul Christophe

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    Plusieurs réformes structurantes ont déjà vu le jour ces dernières années concernant la formation ou encore l’apprentissage, mais il reste à franchir une nouvelle étape pour répondre à un double défi de société : l’emploi des seniors et la valorisation de l’expérience. Rappelons-le : à peine 40 % des 60-64 ans sont aujourd’hui en activité en France, contre 50 voire 60 % chez certains de nos voisins européens. J’aimerais donc revenir sur les réponses immédiates que le présent texte apporte à nos concitoyens.

    M. Paul Christophe

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    Tout d’abord, il crée le contrat de valorisation de l’expérience, un CDI spécifiquement adapté aux demandeurs d’emploi de plus de 60 ans pour leur garantir une fin de carrière sécurisée, faciliter leur retour à l’emploi et offrir aux employeurs des dispositifs incitatifs. C’est à la fois un progrès social et une avancée pour notre économie ; nous nous en félicitons.

    M. Paul Christophe

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    L’accès à la retraite progressive est également mieux encadré, afin de permettre à davantage de salariés d’aménager leur transition vers la retraite. Le texte rend aussi plus simple et plus lisible le droit à la reconversion professionnelle, grâce à la création de la « période de reconversion » et à un accès facilité à la formation certifiante à tous les âges de la vie. L’entretien professionnel devient quant à lui un véritable entretien de parcours, pensé pour anticiper les transitions et garantir l’employabilité de chacun, en particulier lors des moments clés de la carrière.

    M. Paul Christophe

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    Ce sont là des étapes décisives pour protéger chaque Français face aux évolutions du marché de l’emploi, aux mutations technologiques et aux aléas personnels. Nous pouvons nous féliciter collectivement de l’esprit de compromis et du sens des responsabilités ayant animé la commission mixte paritaire, qui a transposé fidèlement les accords des partenaires sociaux. Au fond, ce texte n’est pas un aboutissement mais une étape. Il s’inscrit dans la volonté partagée d’œuvrer à la valorisation de tous les âges, à la protection des trajectoires individuelles et à la promotion d’un dialogue social renouvelé. Il répond finalement de la manière la plus concrète aux attentes des Français concernant le maintien dans l’emploi, la justice sociale et la cohésion entre les générations.

    M. Paul Christophe

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    Enfin, permettez-moi, monsieur le ministre, de profiter de cette occasion pour saluer l’investissement de votre prédécesseure, Mme la ministre Astrid Panosyan-Bouvet, à propos de ces enjeux. J’ai une pensée pour elle alors que nous concluons ces travaux ; vous avez compris qu’un bout du chemin reste à parcourir et que nous comptons sur vous. C’est donc avec conviction que le groupe Horizons & indépendants votera la rédaction issue des travaux de la commission mixte paritaire. Nous invitons l’ensemble de la représentation nationale à en faire de même pour l’emploi, pour le dialogue social et pour l’expérience au service de toutes et tous. (Applaudissements sur les bancs des groupes HOR et EPR et sur les bancs des commissions. –⁠ Mme Justine Gruet applaudit également.)

    Mme la présidente

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    La parole est à Mme Sophie Taillé-Polian.

    Mme Sophie Taillé-Polian

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    Je me réjouis de constater qu’enfin –⁠ depuis hier seulement –, les groupes du socle macroniste ont admis l’évidence : la réforme des retraites de 2023, passée en force il y a deux ans contre la volonté du peuple, ne peut s’appliquer en l’état.

    Mme Joséphine Missoffe

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    Alors ne votez pas la censure !

    Mme Sophie Taillé-Polian

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    Oui, cette réforme est une profonde blessure démocratique et nous ne cesserons jamais de nous battre jusqu’à l’obtention de son abrogation. L’annonce de sa suspension ne suffit pas et d’ailleurs, les propos tenus tout à l’heure par le premier ministre, qui a évoqué son inclusion dans le PLFSS plutôt que dans un texte isolé, ne sont pas faits pour nous rassurer.

    Mme Sophie Taillé-Polian

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    En effet, les conséquences de cette réforme sont désastreuses pour les salariés les plus abîmés par le travail, les plus précaires, les femmes et les plus âgés. À l’époque, notre groupe –⁠ en particulier Sébastien Peytavie, que je salue et à qui je souhaite un prompt rétablissement – avait proposé des mesures de justice sur la question précise de l’emploi des seniors, véritable angle mort de la réforme. Il y a deux ans déjà, nous relevions le caractère contradictoire de votre politique qui consistait à reculer l’âge de départ à la retraite sans se préoccuper de la précarité des seniors exclus du marché du travail. Faut-il rappeler qu’à 62 ans, en France, 40 % des personnes qui ne sont pas encore à la retraite ne sont déjà plus en emploi et sont donc davantage exposées à la précarité.

    Mme Sophie Taillé-Polian

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    Pour nous faire avaler la pilule, M. François Bayrou, alors premier ministre –⁠ on ne les compte plus ! –, a misé sur une opération politicienne sous couvert de dialogue social : le fameux conclave, qui n’était qu’un trompe-l’œil car il n’était pas possible, pour les organisations syndicales, de discuter de l’essentiel, à savoir le report de l’âge légal de départ. S’agissant de la pénibilité, le patronat ne voulut rien lâcher et ce fut un échec. Le gouvernement Lecornu propose cette fois une conférence sur les retraites et le travail. Les partenaires sociaux jugeront si les conditions sont réunies pour y participer –⁠ je le souhaite et j’aimerais qu’elle soit fructueuse –, mais si le Medef reste sur ses positions de blocage et préfère organiser des manifs de voitures de luxe ou des meetings entre riches, on peut déjà douter de sa réussite.

    Mme Sophie Taillé-Polian

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    Le présent projet de loi vise à améliorer l’emploi des seniors ; nous saluons cet objectif. Mais les dispositions présentes dans le texte sont microscopiques au regard des enjeux, qui sont immenses. Pourquoi ? Parce que –⁠ je viens de le dire – le dialogue social est bloqué par un patronat qui ne veut rien lâcher, ou si peu. Des accords ont lieu, certes, mais ils sont dérisoires. Comment peut-on appréhender le sujet ô combien important de l’employabilité des seniors en faisant l’impasse sur la question de la santé au travail et sur celle, si grave, de la pénibilité et des corps brisés ? Comment peut-on chanter les louanges de la valeur travail tout en obligeant les bénéficiaires d’un CDI senior à quitter leur emploi dès qu’ils ont atteint l’âge d’une retraite à taux plein, alors que beaucoup aspirent à continuer à travailler pour partir en retraite avec une surcote, si leur santé le leur permet.

    Mme Sophie Taillé-Polian

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    Alors c’est vrai, le texte comporte quelques avancées. Nous nous réjouissons notamment d’une victoire obtenue par notre groupe : l’employeur de plus de 300 salariés est désormais dans l’obligation d’examiner la possibilité de mobiliser le fonds d’investissement dans la prévention de l’usure professionnelle, le Fipu, lors de la négociation triennale. Sur les 5 milliards prévus, seuls moins de 22 millions d’euros ont en effet été consommés en 2025.

    Mme Sophie Taillé-Polian

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    Cependant, ces avancées sont notoirement insuffisantes. Dans la France de Macron, depuis huit ans, le bilan est clair : alors que des milliards ont été distribués aux entreprises sans la moindre contrepartie, on observe une dégradation du climat social dans les entreprises et une augmentation du nombre de demandeurs et de demandeuses d’emploi de plus de 50 ans.

    Mme Sophie Taillé-Polian

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    Nous regrettons aussi que dans la version finale du texte, l’entretien de parcours professionnel, prévu tous les quatre ans, ne soit obligatoire que pour les salariés restés dans la même entreprise durant cette période, alors que l’on sait à quel point les carrières, souvent hachées, sont marquées par la flexibilité. Nous regrettons ainsi que certains ne puissent pas bénéficier du dispositif. Nous déplorons également les risques de détournement du dispositif CDI senior et nous dénonçons l’obligation faite à ses bénéficiaires de faire valoir leurs droits à la retraite dès qu’ils peuvent être ouverts à taux plein : la retraite est un droit, pas une obligation. Enfin, ce projet de loi vient consacrer une nouvelle exonération sociale, un nouveau cadeau pour le patronat susceptible de créer un effet d’aubaine : alors que les difficultés budgétaires de notre pays ne cessent d’être invoquées pour demander des efforts, nous ferions encore des largesses ?

    Mme Sophie Taillé-Polian

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    La gauche et les écologistes portent un autre projet de société. Celui-ci permettrait à toutes celles et tous ceux qui sont exposés à des facteurs de pénibilité de bénéficier de manière systématique d’un départ anticipé à la retraite ; c’est une question de justice sociale. Concrètement, outre le rétablissement des anciens critères, supprimés par les ordonnances Macron, nous souhaitons l’intégration de nouveaux critères de pénibilité qui prennent en compte les métiers féminisés. Nous voulons sortir de la logique purement individuelle de la prise en compte de la pénibilité, alors que le compte professionnel de prévention est une usine à gaz : ses critères sont trop étroits et sa mise en œuvre trop complexe.

    Mme Sophie Taillé-Polian

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    Plus largement, c’est un plan d’investissement dans la prévention dont nous avons besoin. La marche qui reste à franchir est haute ; c’est pourquoi nous nous abstiendrons.

    ------------------Cette partie de la séance est en cours de finalisation---------------------------------------------

    Suspension et reprise de la séance

    Mme la présidente

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    La séance est suspendue.

    (La séance, suspendue à seize heures dix, est reprise à seize heures vingt.)

    Mme la présidente

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    La séance est reprise.

    2. Simplification du droit de l’urbanisme et du logement

    Commission mixte paritaire

    Mme la présidente

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    L’ordre du jour appelle la discussion, sur le rapport de la commission mixte paritaire, de la proposition de loi de simplification du droit de l’urbanisme et du logement (nos 1672).

    Présentation

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Harold Huwart, rapporteur de la commission mixte paritaire.

    M. Harold Huwart, rapporteur de la commission mixte paritaire

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    La crise du logement et de la construction a pris dans notre pays les proportions d’une bombe sociale à retardement. Quatre millions de ménages attendent un logement. Des milliers de maires s’épuisent, quotidiennement, à débloquer des projets de construction et d’aménagement, et les acteurs du logement et de la construction, dont le poids dans l’économie est si déterminant, se désespèrent de l’inflation des coûts et des délais que notre législation engendre tous les jours. Pour eux, ce texte, avec ces limites, est utile et attendu.

    M. Harold Huwart, rapporteur

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    L’objectif était clair : simplifier les procédures pour construire plus vite, sans dégrader les garanties démocratiques, environnementales et patrimoniales auxquelles nos concitoyens sont attachés et qui garantissent la préservation de nos paysages et de notre cadre de vie.

    M. Harold Huwart, rapporteur

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    De quatre articles à l’origine, nous sommes passés à près de quarante. De nombreux champs de simplification ont été ouverts, ici en séance mais aussi par les sénateurs puis par les membres de la commission mixte paritaire (CMP), qui ont permis de préserver la cohérence du texte –⁠ je les en remercie.

    M. Harold Huwart, rapporteur

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    Monsieur le ministre du logement, vous allez prendre la parole pour la première fois ici, dans vos nouvelles fonctions. Beaucoup de nos collègues sont très désireux d’entendre vos premiers mots et, surtout, attendent de vous un engagement fort en matière de simplification –⁠ et j’ajouterai de décentralisation, puisque le premier ministre en a fait une priorité et que nous sommes nombreux sur ces bancs à considérer que le logement est l’une des compétences qui a prioritairement vocation à faire l’objet d’une forme de décentralisation.

    M. Harold Huwart, rapporteur

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    Permettez-moi de vous faire une confidence, que vous ne répéterez pas et qui restera entre nous. Issu d’une longue lignée d’élus, je me surprends toujours à comparer les conditions d’exercice des maires que nous avons été, que nous sommes ou que nous redeviendrons sans doute à brève échéance, avec celles de nos prédécesseurs, de ceux qui ont rebâti la France, notamment lors de la reconstruction et des Trente Glorieuses.  Je suis consterné de constater que, dans une ville comme la mienne, il a fallu huit ans pour aménager un rond-point de sécurité routière sur une rocade que mon prédécesseur avait réussi à aménager en deux ans ; je suis consterné de constater que, pour aménager un jardin public, six ans de procédures et de recherches de financement ont été nécessaires, et quatre ans pour démolir un bâtiment construit en dix-huit mois à l’époque du général de Gaulle. De même, je m’étonne que, pour, aujourd’hui, rénover une salle de sport, il faille deux fois plus de temps que nos prédécesseurs n’en ont mis à la construire.

    M. Harold Huwart, rapporteur

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    Si je vous dis cela, c’est pour vous convaincre que, quand on parle de décentralisation comme le premier ministre l’a fait hier, on parle de maires et d’élus locaux qui ont, en réalité, moins de pouvoirs et moins de moyens d’action que n’en avaient leurs prédécesseurs avant la décentralisation, moins de prérogatives d’urbanisme, moins de pouvoir réglementaire et moins de marges financières que les maires bâtisseurs d’il y a cinquante ans.

    M. Harold Huwart, rapporteur

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    Or, à un moment où l’on demande aux maires de résoudre la crise du logement, de redynamiser les centres-villes, de financer la transition écologique et énergétique et que sais-je encore, il n’y a pas d’autre issue pour la France que de simplifier et de décentraliser massivement les compétences que l’État n’a, en réalité, jamais voulu lâcher ni abandonner, ne faisant, à défaut de capacité d’action, que multiplier les procédures de contrôle et d’autorisation qui affaiblissent l’action publique et discréditent l’autorité même de la puissance publique. Cela, monsieur le ministre, nous sommes très nombreux, ici, à en partager la conviction.

    M. Harold Huwart, rapporteur

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    C’est tout le sens de cette proposition de loi, dans le cadre nécessairement restreint qui a été le sien et compte tenu du peu d’heures qui ont été accordées à son examen : fusionner et alléger les procédures d’urbanisme, faciliter la transformation des bâtiments existants, raccourcir les délais de recours, renforcer les pouvoirs des maires contre les constructions illégales et soutenir la production de logements abordables, quand plus de 4 millions de ménages attendent un toit.

    M. Harold Huwart, rapporteur

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    Permettez-moi, pour conclure, de remercier mes collègues du groupe LIOT qui ont permis que ce texte puisse vivre dans le cadre de leur niche parlementaire, et d’avoir une pensée pour Valérie Létard, votre prédécesseure, avec qui ce travail a commencé et dont vous aurez, je l’espère, l’occasion de prolonger l’action, dans le délai qui vous sera imparti par cette assemblée. (Applaudissements sur quelques bancs des groupes EPR et LIOT. –⁠ Mme Stella Dupont et M. Lionel Vuibert applaudissent également.)

    Mme la présidente

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    La parole est à M. le ministre de la ville et du logement.

    M. Vincent Jeanbrun, ministre de la ville et du logement

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    Je souhaite tout d’abord remercier l’ensemble des parlementaires ayant contribué à l’élaboration de ce texte, en particulier pour le sérieux du travail mené en commission mixte paritaire. Je remercie également M. le rapporteur, qui l’a défendu avec énergie et conviction. Nous avons en commun d’avoir été maires, et je partage totalement ses propos sur l’incompréhension de nos concitoyens et des élus locaux face à toutes les difficultés qui enlisent les projets les uns après les autres. Après dix ans de mandat de maire, mon projet de cœur de ville, pourtant tant attendu, se trouve toujours bloqué ; c’est dire si cette proposition de loi est frappée au coin du bon sens et répond aux appels venus du terrain qui peuvent se résumer en trois mots : simplifier, débloquer, renforcer.

    M. Vincent Jeanbrun, ministre

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    Simplifier, débloquer, renforcer, pour rendre plus efficace l’action locale en matière d’urbanisme et de logement, tels sont les enjeux sur lesquels nous sommes tous attendus.

    M. Vincent Jeanbrun, ministre

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    Cette proposition de loi est le fruit d’un constat largement partagé : les normes, souvent redondantes, parfois inadaptées, freinent la réalisation de nombreux projets utiles et attendus.

    M. Vincent Jeanbrun, ministre

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    Je me réjouis que cette CMP ait été conclusive et qu’elle vienne confirmer l’ambition du texte initial, tout en intégrant des améliorations précieuses, issues de la navette parlementaire.

    M. Vincent Jeanbrun, ministre

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    Le texte comporte quatre volets principaux. Mieux accompagner les collectivités locales, d’abord. La loi donnera plus de souplesse aux communes, ce qui est une très bonne chose car cela leur permettra d’utiliser plus largement la procédure simplifiée de modification des plans locaux d’urbanisme (PLU), notamment pour augmenter la constructibilité jusqu’à 50 %. Concrètement, cela veut dire moins de temps perdu en procédures et moins de dépenses pour les services qui instruisent les dossiers. C’est un outil gagnant-gagnant essentiel pour relancer la construction de logements.

    M. Vincent Jeanbrun, ministre

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    Pour faciliter, en second lieu, la construction de logements, le texte assouplit les règles dans plus de 1 800 communes situées en zone tendue, là où chaque mètre carré est précieux. Il permet aussi d’introduire de la mixité fonctionnelle dans les zones d’activités : autrement dit, on pourra y construire du logement sans devoir se lancer dans une révision longue et lourde du PLU. Il adapte également le cadre juridique des résidences à vocation sociale pour pouvoir accueillir temporairement les salariés mobilisés sur les grands chantiers industriels. C’était une demande forte de nombreux élus locaux, que j’ai soutenue ici même et que vous avez bien voulu intégrer au texte –⁠ je m’en réjouis.

    M. Vincent Jeanbrun, ministre

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    La simplification des démarches administratives, en troisième lieu, découlera de la généralisation du permis d’aménager multisites, qui supprime des chaînes de demandes redondantes, soulageant de nombreuses collectivités et les services de l’État et permettant d’accélérer nombre de projets.

    M. Vincent Jeanbrun, ministre

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    Enfin, pour accélérer les procédures et améliorer les contrôles, le texte réduit de moitié les délais de recours gracieux contre les permis de construire et supprime leur effet suspensif, qui créait trop d’incertitudes pour les projets.

    Mme Sophia Chikirou

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    C’est poussif, cette lecture ! Un peu de conviction !

    Mme Mathilde Panot

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    c’est le problème, il n’a pas de convictions !

    M. Vincent Jeanbrun, ministre de la ville et du logement

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    Il renforce aussi la police de l’urbanisme : les collectivités pourront désormais prononcer directement des amendes administratives allant jusqu’à 30 000 euros, pour lutter plus efficacement contre les constructions illégales.

    M. Vincent Jeanbrun, ministre

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    Mes chers collègues, ce texte ne résout pas tout –⁠ ce n’était pas sa mission –, mais il simplifie utilement la vie des élus locaux, des collectivités et des services de l’État. Il donne des leviers là où il y avait des blocages, de la souplesse quand il y avait de la rigidité,…

    Mme Sophia Chikirou

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    Où ça ?

    M. Vincent Jeanbrun, ministre

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    …et fait gagner du temps aux élus quand ils se perdaient en démarches inutiles.

    Mme Sophia Chikirou

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    Combien de temps ?

    M. Vincent Jeanbrun, ministre

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    Je veux retenir l’esprit de construction partagée qui a animé les travaux du Parlement. C’est la preuve que nous sommes capables de dégager des consensus et des majorités dans cette assemblée.

    Mme Sophia Chikirou

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    Avec qui ?

    M. Vincent Jeanbrun, ministre

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    Je terminerai en remerciant le rapporteur qui a défendu ce texte concret avec conviction…

    Mme Mathilde Panot

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    Ce n’est pas votre cas !

    M. Vincent Jeanbrun, ministre

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    … et l’ensemble des députés qui l’ont examinée. Je salue également ma prédécesseure, Valérie Létard, qui a soutenu ce texte et participé activement à son élaboration, ainsi que tous ceux qui ont oeuvré à la simplification avant elle. Je pense notamment à notre collègue, M. Kasbarian.

    M. Vincent Jeanbrun, ministre

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    Je vous invite évidemment à voter ce texte. (Applaudissements sur les bancs du groupe EPR et sur plusieurs bancs du groupe DR.)

    Discussion générale

    Mme la présidente

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    Dans la discussion générale, la parole est à M. Joël Bruneau.

    M. Joël Bruneau

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    Mon collègue Harold Huwart a pu mettre à l’ordre du jour de notre niche parlementaire ce texte qui a été très enrichi au cours de la navette, puisqu’il compte désormais une quarantaine d’articles. Son  objectif est de simplifier les procédures liées aux documents d’urbanisme, de faciliter la production de logements dans un certain nombre de zones situées en périphérie urbaine, d’accélérer les projets en limitant les recours dilatoires, d’accueillir les travailleurs dans le cadre des résidences hôtelières à vocation sociale et, enfin, de renforcer les outils de lutte contre les constructions illégales.

    M. Joël Bruneau

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    Toutes ces mesures de bon sens, marquées par l’expérience de maires de communes de différentes tailles qu’un certain nombre d’entre nous partagent, ne remettent pas en cause l’essentiel des réglementations visant à maintenir la protection de l’environnement et de notre cadre de vie. En revanche, elles participent à l’allègement administratif dont nous avons absolument besoin.

    M. Joël Bruneau

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    Si je devais retenir un dispositif prévu dans ce texte, ce serait celui qui permet aux communes en tension, sans entamer une longue révision du PLU, et dorénavant du PLUI –⁠ plan d’urbanisme intercommunal –, de convertir une partie des zones d’activité en zones mixtes afin d’accueillir de nouveaux logements, en cohérence avec la sobriété foncière prévue par la loi ZAN –⁠ zéro artificialisation nette.

    M. Joël Bruneau

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    Ce n’est certes pas le grand soir en matière de simplification administrative des règles d’urbanisme qui, au fil des années, se sont considérablement alourdies pour toutes sortes de raisons mais, toujours, avec de bonnes intentions. Ce n’est pas non plus un texte qui suffira, à lui seul, à relancer une production de logements en panne depuis deux ou trois ans. Il faudra, pour cela, enfin reconnaître le rôle du bailleur privé –⁠ peut-être en auront nous l’occasion au cours de l’examen du projet de loi de finances. Toutefois, ne serait-ce que parce que cette proposition de loi facilitera la vie de tous ces maires qui essaient encore d’être un tant soit peu bâtisseurs, je vous invite, chers collègues, à la voter ce texte des deux mains.

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Julien Brugerolles.

    M. Julien Brugerolles

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    Nous arrivons au terme de la discussion d’un texte qui comprenait à l’origine quatre articles et désormais plus d’une trentaine. Si nous sommes de ceux qui considèrent que la complexité des démarches de délivrance des autorisations ou de révision des documents d’urbanisme place nombre d’élus –⁠ notamment ceux des petites communes rurales – devant des difficultés bien réelles, nous restons pour le moins perplexes sur le texte de simplification issu de la navette parlementaire.

    M. Julien Brugerolles

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    Il a été transformé en un catalogue de dérogations au droit de l’urbanisme sur lesquelles nous ne disposons pas d’étude d’impact et dont les effets pourraient être très variables d’un territoire à l’autre.

    M. Julien Brugerolles

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    S’il est nécessaire de faire évoluer notre droit de l’urbanisme pour une mise en application plus facile de la part des élus, de telles dispositions ne sauraient se traduire par des coups de canif dans les objectifs de transition écologique et de protection de l’environnement, ou dans les procédures de participation du public.

    M. Julien Brugerolles

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    À cet égard, la proposition de loi comporte un certain nombre de mesures très discutables parmi lesquelles : l’assouplissement des obligations de solarisation pour les parcs de stationnement, alors  que ces surfaces artificialisées doivent concentrer les efforts pour atteindre nos engagements climatiques plutôt que les zones agricoles ou naturelles ; la limitation du droit de recours, et l’extension des possibilités de recours à la consultation du public par voie électronique ; l’abrogation de l’obligation pour toute action ou opération soumise à évaluation environnementale de faire l’objet « d’une étude d’optimisation de la densité des constructions dans la zone concernée, en tenant compte de la qualité urbaine ainsi que de la préservation et de la restauration de la biodiversité et de la nature en ville ».

    M. Julien Brugerolles

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    Les travaux en CMP ont heureusement permis de voir disparaître des propositions très problématiques comme la réduction des obligations de solarisation des bâtiments ou la mesure imposant aux locataires des logements sociaux de louer une place de parking dans leur immeuble.

    M. Julien Brugerolles

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    Il reste que ce texte porte de nouvelles atteintes au droit de l’environnement et aux droits de nos concitoyens, en les éloignant parfois des grandes décisions d’aménagement, alors que 50 % des enquêtes publiques sont des enquête d’urbanisme, et que les enquêtes de proximité sont celles qui enregistrent la plus forte participation du public.

    M. Julien Brugerolles

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    Par ailleurs –⁠ et c’est le point le plus problématique –, ce texte n’apporte pas de réponse à la crise du logement que connaît notre pays. Il n’impulsera pas de réel élan pour relancer la construction, tant les réponses à la crise que nous vivons sont structurelles et ne relèvent pas directement des problèmes liés au seul droit de l’urbanisme.

    M. Julien Brugerolles

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    Rappelons que seuls 259 000 logements ont été mis en chantier en 2024 contre 435 000 en 2017, soit quasiment moitié moins.

    M. Julien Brugerolles

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    Ce texte n’ouvre pas non plus de perspectives pour remédier à la baisse de 19 % en dix ans de l’offre locative sociale. Je rappelle que 2,8 millions de ménages, soit environ 5 millions de personnes, attendent un logement social, sans compter les 350 000 personnes sans domicile fixe dont certaines continuent de mourir chaque année dans la rue.

    M. Julien Brugerolles

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    Même si je salue le travail du rapporteur et certaines mesures inscrites dans ce texte –⁠ notamment la meilleure transmission des données de l’administration fiscale aux collectivités pour lutter contre la vacance –, le véhicule de la proposition de loi apparaît très insuffisant au regard de l’urgence à reconstruire une grande politique du logement.

    M. Julien Brugerolles

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    Adapter notre droit de l’urbanisme aux enjeux d’aménagement différencié de nos territoires, aux défis posés par le changement climatique comme répondre à la crise du logement tout en permettant de développer l’emploi et la réindustrialisation dans les secteurs du bâtiment et de la construction supposent d’opérer un travail de fond et de renouer sérieusement avec ces gros mots que sont la planification et la programmation.

    M. Julien Brugerolles

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    Nous en sommes très loin aujourd’hui,…

    M. Guillaume Kasbarian

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    Pas si loin que cela !

    M. Julien Brugerolles

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    …que ce soit sur le plan budgétaire, monsieur le ministre, ou au regard du désengagement continu des gouvernements qui se sont succédé ces dernières années.

    M. Julien Brugerolles

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    Comme en première lecture, les députés du groupe GDR s’abstiendront sur ce texte, et restent dans l’attente d’une véritable loi de programmation digne de ce nom. (Applaudissements sur les bancs du groupe GDR et sur plusieurs sur les bancs du groupe LFI-NFP.)

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Olivier Fayssat.

    M. Olivier Fayssat

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    Notre pays souffre –⁠ voire agonise – de la paralysie administrative. Pour construire un logement, un atelier, une école ou une zone d’activité, il faut franchir plus d’obstacles que dans n’importe quel autre pays. À terme, il faudra une étude d’impact pour planter un arbre dans son jardin.

    M. Olivier Fayssat

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    Pendant que l’on remplit les formulaires, les chantiers ne démarrent pas, les entreprises stagnent et les citoyens attendent un toit. La simplification, c’est pour construire, avancer et rendre enfin aux élus la liberté d’agir sans que la prise de décision soit dictée par la procédure.

    M. Olivier Fayssat

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    Cette loi est d’abord un outil pour libérer l’action locale. Elle allège les procédures des PLU et des schémas de cohérence territoriale (Scot), trop souvent devenus des labyrinthes réglementaires. Elle permet aux maires et présidents d’intercommunalités d’agir plus rapidement et efficacement, sans passer des mois dans les méandres administratifs. Elle modernise les règles de délivrance des autorisations, en réduisant les délais de recours et en sécurisant les décisions.

    M. Olivier Fayssat

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    Lors de sa niche parlementaire, le groupe UDR avait également proposé un texte fort pour soulager la crise du logement. Cette proposition de loi suit cette volonté de passer d’un système de suspicion à un système de confiance. En simplifiant les règles, on redonne de l’air aux entreprises, aux architectes, aux promoteurs, à tous ceux qui font réellement. L’acte de construire, c’est aussi de l’emploi et de la croissance locale.

    M. Olivier Fayssat

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    Ce texte rend possible la reconversion des friches, accélère les projets grâce au permis d’aménager multisites et donne plus de souplesse aux établissements fonciers. C’est une approche concrète, tournée vers l’action, fondée sur des mesures qui redonnent aux territoires les moyens de se réinventer.

    M. Olivier Fayssat

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    Au-delà des textes et des sigles, une philosophie habite ce texte : celle de la liberté locale. Les maires connaissent leurs communes, ils savent où construire, où préserver, où réhabiliter. Leur donner davantage de latitude, c’est faire le pari de l’intelligence du terrain. On veut des maires qui passent plus de temps à couper des rubans qu’à remplir des formulaires, des entrepreneurs qui embauchent des maçons plutôt que des avocats.

    M. Olivier Fayssat

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    On ne manque ni de volonté, ni d’idées en France. Notre pays est seulement empêché par sa propre complexité. Nous avons trop longtemps cru qu’ajouter des couches de règles, c’était gouverner. À l’UDR, nous croyons qu’en libérant les forces locales, on gouverne mieux. Cette proposition de loi va plutôt dans ce sens : elle simplifie et libère.

    Mme Anne-Laure Blin

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    Il faut aussi supprimer des agences !

    M. Olivier Fayssat

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    Cependant, l’article 4 nous semble trop dissuasif en matière d’accès à la justice et il comporte des sanctions excessives. Le doublement du montant des amendes pour certaines infractions aux règles d’urbanisme, la réduction drastique des délais de recours, divisés par deux, et l’absence de prorogation du délai de recours contentieux par le recours gracieux incitant à déposer un recours contentieux en parallèle du recours gracieux, ne nous semblent pas pertinents.

    M. Olivier Fayssat

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    Nous émettons aussi des réserves sur l’article 6  bis qui facilite les procédures d’installation d’équipements d’énergies renouvelables individuels. (Applaudissements sur les bancs du groupe RN.)

    M. Olivier Fayssat

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    Pour ces raisons, le groupe UDR s’abstiendra sur ce texte.

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Frédéric Falcon.

    M. Frédéric Falcon

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    Depuis 2012, sous les gouvernements socialistes puis macronistes, l’État a voulu tout contrôler : les loyers, la construction, la rénovation. Après quatorze ans de cette politique, le marché du logement est à l’arrêt.

    M. Frédéric Falcon

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    La vérité, c’est que le socialo-macronisme a complétement échoué.

    M. Guillaume Kasbarian

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    Oh là là !

    M. Frédéric Falcon

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    On nous dit : nous allons relancer le logement. Et pour cela, que fait le gouvernement ? Il multiplie désespérément les lois pour gérer la pénurie et les dispositifs –⁠ certes, parfois bienvenus – comme l’extension du prêt à taux zéro ou encore l’exonération des droits de mutation pour l’achat d’une résidence principale.

    M. Frédéric Falcon

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    Ces mesures n’ont presque eu aucun effet sur la relance du secteur depuis leur mise en ?uvre, parce que le marché ne se relance pas avec des lois ou des dispositifs, mais d’abord avec la confiance. Or la confiance et la croissance ne se décrètent pas, et vous avez largement participé, chers collègues macronistes ou de gauche, à saborder croissance et confiance. (Applaudissements sur les bancs du groupe RN.)

    M. Frédéric Falcon

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    Les Français n’ont plus confiance et ils perdent espoir. Ils voient de nouvelles taxes et un projet de loi de finances qui les ponctionnera de plusieurs dizaines de milliards d’euros, réduisant un peu plus leur pouvoir d’achat immobilier. Cette nouvelle coalition prostitutionnelle socialo-macroniste assombrit encore leurs perspectives, n’inspirant rien de bon à ceux qui seraient tentés d’investir. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe RN.)

    M. Frédéric Falcon

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    Comment un jeune couple peut-il investir quand il ignore quelle taxe viendra demain, s’il conservera ses emplois alors que les faillites d’entreprises ont atteint un record historique en septembre ? Comment un promoteur peut-il construire quand chaque décret ajoute une contrainte, un surcoût, une incertitude ? Comment une banque peut-elle prêter quand la précarité ne cesse de s’aggraver, en même temps que la smicardisation croissante des salariés ?

    M. Frédéric Falcon

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    Vous nous parlez de simplification, mais vous avez été les plus jusqu’au-boutistes dans la surtransposition et dans l’imposition de nouvelles normes qui paralysent un secteur tout entier.  L’instauration des contraintes liées au diagnostic de performance énergétique (DPE) est un véritable scandale, provoquant le retrait massif du marché locatif de logements ne répondant pas à vos critères arbitraires, ni à votre idéologie décroissante. D’ailleurs, un décret modifiant le paramétrage de ces DPE vient, d’un coup de baguette technocratique, de rendre décents, du jour au lendemain, près d’un million de logements classés hier F ou G.

    M. Frédéric Falcon

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    Comme le Rassemblement national le dénonce depuis près de trois ans, c’est bien la preuve qu’il s’agit d’une escroquerie organisée, puisqu’un mauvais DPE entraîne une décote de 20 à 30 % de la valeur d’un bien. Vous pouvez être fiers, chers collègues macronistes et d’extrême gauche…

    M. Laurent Alexandre

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    Il n’y a pas d’extrême gauche dans l’hémicycle !

    M. Sylvain Berrios

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    En tout cas, vous vous êtes reconnus ! (Exclamations continues sur les bancs du groupe RN et protestations continues sur les bancs du groupe LFI-NFP.)

    M. Laurent Alexandre

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    Il n’y a pas d’extrême gauche ici !

    M. Laurent Alexandre

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    Il n’y a pas d’extrême gauche ici !

    M. Frédéric Falcon

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    … d’avoir organisé la dépossession de centaines de milliers de Français, souvent parmi les plus modestes. (Les exclamations se poursuivent sur les bancs des groupes RN et LFI-NFP.)

    M. Frédéric Weber

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    Un peu de silence !

    M. Frédéric Falcon

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    Je crois qu’un jour, il faudra rendre des comptes, ou tout au moins présenter vos excuses aux Français que vous avez spoliés et qui ont dû vendre à perte. Mais le Parti socialiste et la gauche proposent d’aller encore plus loin, en intégrant la performance énergétique dans les critères d’encadrement des loyers ou en contraignant les propriétaires qui n’ont pas les moyens de faire les travaux de rénovation de vendre à un bailleur social –⁠ sous-entendu, à un prix très décoté. Bref, d’organiser un transfert massif de la propriété immobilière des petits propriétaires vers les grandes foncières institutionnelles, c’est-à-dire des bailleurs sociaux massivement dirigés par des copains socialistes, dans une perspective clientéliste.

    ------------------Cette partie de la séance est en cours de finalisation---------------------------------------------

    Mme la présidente

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    La séance est suspendue.

    (La séance, suspendue à dix-sept heures vingt-cinq, est reprise à dix-sept heures trente.)

    Mme la présidente

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    La séance est reprise.

    3. Ratification de la convention n° 155 sur la sécurité et la santé des travailleurs

    Discussion, après engagement de la procédure accélérée, d’un projet de loi adopté par le Sénat

    Mme la présidente

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    L’ordre du jour appelle la discussion du projet de loi autorisant la ratification de la convention no 155 sur la sécurité et la santé des travailleurs (nos 969, 1355).

    Présentation

    Mme la présidente

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    La parole est à M. le ministre délégué chargé de l’Europe.

    M. Benjamin Haddad, ministre délégué chargé de l’Europe

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    Je suis très heureux de vous présenter le projet de loi autorisant la ratification de la convention no 155 de l’Organisation internationale du travail –⁠ OIT – sur la sécurité et la santé des travailleurs.

    M. Benjamin Haddad, ministre délégué

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    Le gouvernement a souhaité relancer le processus de ratification car, bien qu’adoptée en 1981, cette convention demeure un texte de référence, une véritable boussole pour toute politique en matière de santé et de sécurité au travail. Elle n’a rien d’un texte daté ou symbolique ; elle est éminemment actuelle. Les faits le prouvent : quatre-vingt-sept pays, dont dix-huit États membres de l’Union européenne, l’ont déjà ratifiée. L’Allemagne et l’Autriche ont lancé le processus de ratification. Cette année encore, des pays amis –⁠ la Thaïlande et le Chili, par exemple – ont déposé à Genève leurs instruments de ratification de cette convention.

    M. Benjamin Haddad, ministre délégué

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    Il est donc essentiel de faire entrer ce texte dans notre droit positif. Nous savons que la protection de la santé et de la sécurité au travail est une préoccupation majeure de nos concitoyens. La pandémie de covid-19 a profondément bouleversé nos organisations et nos habitudes de travail. Au-delà de nos frontières, des drames comme celui du Rana Plaza, survenu en 2013 au Bangladesh –⁠ accident le plus meurtrier de l’histoire de l’industrie textile avec plus de 1 000 morts et 2 500 blessés –, ont tragiquement rappelé l’universalité de ces questions. C’est dans cet esprit que l’OIT, en 2022, a fait du droit à un environnement de travail sain et salubre un principe fondamental du droit du travail. Il ne s’agit pas seulement d’une question de réglementation, mais bien d’un principe universel auquel aucun pays ne saurait déroger.

    M. Benjamin Haddad, ministre délégué

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    La convention no 155 occupe, à cet égard, une place particulière. Depuis 2022, elle fait partie des dix conventions fondamentales de l’OIT, au même titre que celles qui ont trait à la liberté syndicale, à l’abolition du travail forcé ou encore à la lutte contre les pires formes du travail des enfants. En ratifiant la dernière convention fondamentale de l’OIT qu’elle n’a pas encore ratifiée à ce jour, la France fera preuve d’exemplarité.

    M. Benjamin Haddad, ministre délégué

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    Permettez-moi maintenant de vous rappeler les objectifs que poursuit cette convention soumise à votre autorisation de ratification.

    M. Benjamin Haddad, ministre délégué

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    Tout d’abord, elle s’applique à toutes les branches d’activité du secteur privé comme du secteur public, et à tous les travailleurs. Elle prévoit la possibilité d’exclusions limitées. Le gouvernement n’a retenu, à ce titre, que des réserves strictement nécessaires et conformes au droit social en vigueur pour les travailleurs concernés, en ce qui concerne l’exercice du droit de retrait dans le secteur de la navigation maritime, dans celui de l’aviation civile et pour les militaires et les agents de la fonction publique chargés de missions de sécurité des biens et des personnes. Ces exclusions sont conformes à notre législation nationale et aux directives européennes. Comme le Conseil d’État l’a requis, elles ont fait l’objet de consultations larges avec les partenaires sociaux en amont du dépôt de notre instrument de ratification.

    M. Benjamin Haddad, ministre délégué

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    Nous avons entendu les débats et les interrogations que cette question a soulevés en commission et je tiens donc à vous le dire avec la plus grande clarté : le gouvernement entend procéder à cette ratification à droit social constant, y compris au sujet du droit de retrait des personnels navigants.

    M. Benjamin Haddad, ministre délégué

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    La convention, ensuite, énumère les mesures que les États doivent prendre en matière de santé et de sécurité au travail comme, par exemple, la détermination de procédés de travail en fonction des risques, la définition de la procédure de déclaration des accidents du travail ainsi que les obligations des employeurs.

    M. Benjamin Haddad, ministre délégué

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    Elle prescrit aux États membres, enfin, de mettre en place un système de contrôle de l’application des lois et de prescription concernant la santé et la sécurité au travail, en prévoyant des sanctions en cas d’infraction à ces règles ainsi qu’un système d’inspection approprié et suffisant.

    M. Benjamin Haddad, ministre délégué

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    Elle insiste, surtout, sur un point essentiel : la prévention et la participation des partenaires sociaux, en particulier par la consultation des travailleurs ou de leurs représentants sur les questions de santé et de sécurité au travail.

    M. Benjamin Haddad, ministre délégué

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    Ratifier cette convention, c’est donc affirmer avec force la volonté indéfectible de la France de promouvoir les droits fondamentaux au travail qui font l’objet d’une reconnaissance internationale. L’OIT est une organisation unique, réunissant gouvernements, représentants des travailleurs et des employeurs autour d’une même mission : la justice sociale. À travers elle, nous voulons envoyer un signal fort en faveur du multilatéralisme.

    M. Benjamin Haddad, ministre délégué

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    La France est un des dix membres permanents du conseil d’administration de l’OIT dont elle assure par ailleurs, depuis le mois de juin dernier, et pour un an, la présidence tournante. Elle est également le deuxième pays au monde à avoir ratifié le plus grand nombre de conventions de cette organisation.

    M. Benjamin Haddad, ministre délégué

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    En ratifiant cette convention, nous renforcerons notre engagement pour la promotion d’un environnement sûr et salubre au travail.

    M. Benjamin Haddad, ministre délégué

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    En ces temps où le multilatéralisme et la coopération internationale sont soumis à des vents contraires, toutes les actions que la France pourra entreprendre pour les promouvoir, les défendre et les illustrer prennent un sens particulier. Autoriser la ratification de cette convention, c’est permettre à notre pays de rester fidèle à son message universel de respect, de protection et de promotion des droits fondamentaux au travail. (Applaudissements sur quelques bancs des groupes EPR et Dem ainsi que sur les bancs du groupe HOR.)

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Pierre-Yves Cadalen, rapporteur de la commission des affaires étrangères.

    M. Pierre-Yves Cadalen, rapporteur de la commission des affaires étrangères

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    « La vie d’un entrepreneur est bien souvent plus dure que celle d’un salarié. Il ne faut jamais l’oublier, parce qu’il peut tout perdre, lui –⁠ et il a moins de garanties. » Emmanuel Macron, alors ministre de l’économie, annonçait ainsi la couleur. Sa politique a toujours été guidée, en effet, par la conviction que les salariés –⁠ ceux qui ne sont rien, pour reprendre les mots qu’il a employés par la suite – n’ont pas la vie dure. Ils se la coulent douce, en attendant de pouvoir prendre des vacances aux Bahamas sur leurs allocations chômage, comme l’a dit un de ses ministres, une fois Emmanuel Macron devenu président.

    M. Pierre-Yves Cadalen, rapporteur

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    L’offensive généralisée contre le droit du travail, commencée par Macron ministre de François Hollande et inlassablement poursuivie pendant ces huit dernières années après que l’élève a remplacé le maître, donne une tonalité pour le moins étrange à l’examen tardif, par notre assemblée, de la ratification d’une convention de l’Organisation internationale du travail sur la sécurité et la santé des travailleurs.

    M. Pierre-Yves Cadalen, rapporteur

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    L’amour du symbole fait perdre à certains le sens des réalités. La ratification de cette convention ne changera rien au droit français, qui est mieux-disant que dans les années 1980. Vous avez même réalisé l’exploit de susciter l’inquiétude légitime du personnel navigant aérien : le gouvernement, en effet, prévoit que ce secteur soit exclu de l’application du droit de retrait, droit qui leur est pourtant garanti depuis plus de quarante ans et qu’une jurisprudence constante a confirmé. Ce serait un comble que cette ratification fasse peser la menace d’une régression alors que tout le monde convient qu’elle ne comporte aucune avancée pour les travailleurs et les travailleuses ! Pour que l’Assemblée puisse se prononcer en toute connaissance de cause, le gouvernement doit impérativement éclaircir sa position sur cette question. J’ai déposé, en ce sens, un amendement qui vient de recevoir un avis favorable de la commission des affaires étrangères. Interpellé par les syndicats du secteur, je m’en fais le relais.

    M. Pierre-Yves Cadalen, rapporteur

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    Ce doute levé, il est clair que l’Assemblée devrait se prononcer en faveur de la ratification de cette convention. Je regrette, cependant, que les régimes d’exclusion n’aient pas été directement intégrés au texte, ce qui aurait permis aux parlementaires de discuter, secteur par secteur, de la pertinence de l’exclusion du droit de retrait.

    M. Pierre-Yves Cadalen, rapporteur

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    Si beau qu’en soit le symbole, la ratification de cette convention ne saurait en rien vous blanchir –⁠ pas plus de vos actions que de votre bilan. Le bilan du macronisme est catastrophique. La violence sociale de la politique menée ces dernières années a des effets bien concrets, conséquences de l’application du projet du président des riches –⁠ un projet fondé sur la précarisation du marché du travail et sur les attaques contre les protections des travailleurs.

    M. Matthieu Marchio

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    Vous avez voté pour lui !

    M. Pierre-Yves Cadalen, rapporteur

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    Chaque jour, en France, deux personnes meurent d’un accident du travail –⁠ deux fois plus que la moyenne européenne. On compte au moins 5 millions d’accidents du travail depuis 2017. Le recours de plus en plus massif à l’intérim –⁠ multiplié par sept en trente ans – est un facteur connu de multiplication de ces accidents : 50 000 accidents par an chez les intérimaires. La moitié des salariés en intérim déclarent être soumis à des cadences de travail élevées, propices à la multiplication des accidents.

    M. Pierre-Yves Cadalen, rapporteur

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    L’explosion du nombre des apprentis est également un facteur de risque majeur. Les salariés de mois de 20 ans, qui sont pour moitié des apprentis, connaissent deux fois plus d’accidents du travail que les autres salariés. Le premier ministre vient d’ailleurs d’annoncer une baisse des salaires nets des apprentis ; or les bas salaires sont également un facteur aggravant le risque d’accident du travail. Dans le secteur public hospitalier territorial, le nombre de départs pour invalidité a augmenté de 30 % en dix ans.

    M. Pierre-Yves Cadalen, rapporteur

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    Moussa Sylla est mort en juillet 2022 sur son lieu de travail ; ici même, dans cette Assemblée nationale que nous fréquentons quotidiennement. Il était employé par une société de sous-traitance –⁠ comme si nous n’étions pas capables de réinternaliser ces fonctions ! Je lui rends hommage en notre nom. (Applaudissements sur plusieurs bancs des groupes LFI-NFP et EcoS ainsi que sur les bancs du groupe GDR.)

    M. Pierre-Yves Cadalen, rapporteur

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    Voici l’envers de la médaille macroniste et de son expression, aussi mystique que confuse, la fameuse « libération des énergies ». En fait d’énergies, les seules que vous avez libérées sont des énergies destructrices pour les travailleurs et les travailleuses. Ce n’est pas tout : en 2018, vous avez supprimé les comités d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT), instances protectrices dont l’utilité à la protection des travailleurs était unanimement reconnue. Vous avez repoussé l’âge légal de départ en retraite à 64 ans ; vous savez pourtant très bien que les accidents les plus graves sont ceux qui frappent les travailleurs les plus âgés. Il suffit, pour le savoir, d’échanger avec celles et ceux qui sont dans cette situation –⁠ mais, pour vous, qu’importe.

    M. Pierre-Yves Cadalen, rapporteur

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    Vous avez également supprimé les critères de pénibilité qui rendaient visibles les souffrances évidentes au travail : le port de charges lourdes, les postures pénibles, les vibrations mécaniques, l’exposition aux risques chimiques.

    M. Pierre-Yves Cadalen, rapporteur

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    L’abrogation de la réforme des retraites est donc un impératif pour la santé et la sécurité des travailleurs. L’abrogation n’est pas qu’un mot, c’est une réalité concrète pour des millions de travailleuses et de travailleurs, à même de leur garantir une protection pleine et effective. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe LFI-NFP.) Il en va de même pour la retraite à 60 ans pour quarante annuités, qui figure au programme du Nouveau Front populaire que les Françaises et les Français ont placé en tête lors des dernières élections. Pour toutes ces personnes, la ratification de la convention ne changera rien.

    M. Pierre-Yves Cadalen, rapporteur

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    Pire, au moment de la ratifier, et alors que notre droit est supposément mieux-disant, la France ne respecte pas les obligations incombant aux membres de l’OIT en matière de contrôles des conditions de travail. Le corps des contrôleurs a été supprimé en 2013 et les départs en retraite non remplacés ont provoqué une situation telle que la France, aujourd’hui, en vient à manquer à ses engagements. Selon l’OIT, il faut un agent de contrôle pour 10 000 salariés ; nous disposons d’un agent pour 13 200 salariés. Nous ne respectons pas la norme d’une institution dont on nous propose de ratifier une nouvelle convention : tout le monde verra facilement le problème.

    M. Pierre-Yves Cadalen, rapporteur

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    La conquête du temps libéré est le grand mouvement d’émancipation des travailleurs par eux-mêmes. Baisser le temps de travail dans la journée, dans l’année et dans la vie, voilà le mot d’ordre du mouvement ouvrier auquel l’Organisation internationale du travail doit son existence. Dans ces temps troublés, il s’agit de ne rien céder de cet héritage et de revendiquer fièrement la légitimité du combat social contre les puissances de l’argent. Je viens d’une circonscription où, dans une clinique, des infirmières et des aides-soignantes manquaient de cadres car toutes étaient en arrêt maladie. La dégradation des conditions de travail, c’est la dégradation des conditions de soins, laquelle dégrade à son tour les conditions de travail, puisque nous nous trouvons en moins bonne santé.

    M. Pierre-Yves Cadalen, rapporteur

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    Voilà quelle est la spirale infernale dans laquelle nous entraînent vos politiques. Votre budget, aujourd’hui, ne déroge pas à cette règle. Avec tant d’autres qui nous soutiennent à cette heure, j’ai participé aux mobilisations contre la loi « travail », préparée par Emmanuel Macron en 2015. La république sociale, depuis lors, n’a cessé de reculer sous les assauts des affairistes qui nous gouvernent.

    M. Pierre-Yves Cadalen, rapporteur

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    Nous ne pouvons faire abstraction du contexte dans lequel nous examinons ce texte : à la veille d’une motion de censure décisive pour l’avenir du pays. Vous laisser gouverner, c’est laisser se reproduire encore cette violence sociale que vous abattez sur le pays ; vous laisser gouverner, c’est permettre la discussion d’un budget dont les coupes massives –⁠ une nouvelle fois – menacent notre quotidien et nos services publics ; vous laisser gouverner, c’est laisser se perpétuer l’indifférence coupable que vous organisez à l’égard des travailleurs et des travailleuses.

    M. Pierre-Yves Cadalen, rapporteur

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    Voter la censure, au contraire, c’est voter pour l’avenir du pays ; c’est voter pour les droits sociaux et la préservation de nos services publics et de nos protections sociales.

    M. Pierre-Yves Cadalen, rapporteur

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    S’abstenir de la voter, c’est reconduire, pour quelque temps encore, les macronistes, leur logique et leur monde de violence sociale.

    M. Pierre-Yves Cadalen, rapporteur

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    La responsabilité des uns et des autres, demain, sera lourde. Il reste une nuit pour y réfléchir, et j’espère que celles et ceux qui entendent sauver Macron y réfléchiront à deux fois. La nuit, dit-on, porte conseil : espérons que cela soit plus vrai que jamais. (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP.)

    M. Pierre-Yves Cadalen, rapporteur

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    Oui, espérons que vous tomberez demain ! Nous nous épargnerons ainsi, entre autres horreurs, l’imposition des indemnités perçues pour les maladies chroniques que prévoit votre affreux budget, imposition aux termes de laquelle une personne atteinte d’un cancer et gagnant 2 000 euros par mois payerait, chaque année, 850 euros d’impôt supplémentaires. Voilà toute la laideur de votre monde !

    M. Pierre-Yves Cadalen, rapporteur

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    La ratification de la convention de l’OIT sur laquelle nous devons nous prononcer est une formalité qui, dans le meilleur des cas, ne changera rien. Le véritable changement, celui qui s’impose, c’est une rupture claire avec la destruction méthodique de l’État social à laquelle vous vous employez.

    M. Pierre-Yves Cadalen, rapporteur

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    La vie d’un salarié est plus dure que celle de la poignée de responsables qui la malmènent : voilà la véritable leçon de huit ans de macronisme. (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP. Mme Julie Ozenne applaudit également.)

    Mme la présidente

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    La parole est à M. le président de la commission des affaires étrangères.

    M. Bruno Fuchs, président de la commission des affaires étrangères

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    Selon l’Organisation internationale du travail, chaque année dans le monde, plus de 2,9 millions de personnes meurent des suites d’un accident ou d’une maladie liés au travail, et l’on dénombre plus de 395 millions d’accidents du travail non mortels. Ces chiffres sont ahurissants, et tout à fait inacceptables, d’autant que des outils existent pour prévenir ces drames.

    M. Bruno Fuchs, président de la commission des affaires étrangères

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    La convention n° 155 de l’OIT, adoptée en 1981, est un instrument fondamental en matière de sécurité et de santé au travail. Elle impose aux États de développer une politique nationale de prévention des risques professionnels, fondée sur des principes clairs, applicables à tous les secteurs, et garantissant à chaque travailleur le droit à un environnement sûr et sain.

    M. Bruno Fuchs, président de la commission des affaires étrangères

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    Alors, pourquoi la France, pays des droits sociaux, n’a-t-elle pas encore ratifié cette convention ? Et surtout, pourquoi le faire maintenant ?

    M. Bruno Fuchs, président de la commission des affaires étrangères

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    La convention n° 155 n’est pas un texte symbolique, comme l’a rappelé le ministre il y a quelques instants. Elle promeut une vision préventive et systématique du travail. Il ne s’agit pas seulement de réparer après coup, mais d’agir en amont pour éviter les accidents et les maladies. Le nombre de maladies professionnelles liées aux troubles musculo-squelettiques explose depuis des années, et certains secteurs comme le bâtiment et les travaux publics (BTP), l’agriculture ou le secteur de l’aide à la personne sont particulièrement exposés. Cette approche est donc plus que nécessaire.

    M. Bruno Fuchs, président de la commission des affaires étrangères

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    La France, acteur historique du progrès social, a ratifié la grande majorité des conventions fondamentales de l’OIT. Pourtant, plus de quarante ans après son adoption, elle n’a toujours pas ratifié cette convention n° 155. Ce retard est d’autant plus surprenant que soixante-treize pays l’ont déjà fait, parmi lesquels l’Allemagne, l’Espagne, l’Italie, mais aussi des pays en développement, confrontés à des défis bien plus importants en matière de moyens.

    M. Bruno Fuchs, président de la commission des affaires étrangères

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    En outre, les chiffres sont alarmants en France : on a compté 679 000 accidents du travail en 2022, et 759 décès liés à des accidents du travail en 2023.

    M. Bruno Fuchs, président de la commission des affaires étrangères

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    Une première tentative de ratification a été engagée en 1986, mais le Conseil d’État a émis un avis défavorable au motif que les partenaires sociaux n’avaient pas été consultés à propos de l’exclusion de certaines catégories de salariés relevant des ministères en charge des transports et de la mer. Une deuxième démarche a été engagée en 2006, mais le travail préparatoire interministériel avait mis en lumière des problèmes liés au champ d’application et à l’exercice du droit de retrait des salariés.

    M. Bruno Fuchs, président de la commission des affaires étrangères

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    Ratifier cette convention permettrait non seulement d’aligner la France sur les standards internationaux, mais aussi d’envoyer un signal politique fort.

    M. Bruno Fuchs, président de la commission des affaires étrangères

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    La commission des affaires étrangères a largement adopté ce projet de loi, malgré la position défavorable –⁠ assez surprenante – de notre rapporteur et de son groupe politique, alors que ce texte constitue une avancée en matière de droit du travail et de protection des travailleurs.

    M. Pierre-Yves Cadalen, rapporteur

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    Vous en connaissez les raisons !

    M. Bruno Fuchs, président de la commission des affaires étrangères

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    J’ai rappelé les chiffres de 2022 et 2023 pour la France, qui sont tout à fait préoccupants. Il ne faut plus tergiverser : d’abord, à cause de la crise climatique, qui diversifie les risques professionnels ; ensuite, à cause des transformations du travail –⁠ digitalisation, télétravail, ubérisation – qui brouillent les responsabilités entre employeurs et travailleurs. La convention n° 155 impose justement de clarifier ces responsabilités en matière de santé et de sécurité.

    M. Bruno Fuchs, président de la commission des affaires étrangères

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    Enfin, il ne faut plus tergiverser car la santé mentale devient un enjeu majeur en France. La prévention du burn-out, des risques psychosociaux et des suicides liés au travail reste encore lacunaire. En insistant sur une approche globale de la santé, la convention no 155 couvre aussi la santé mentale.

    M. Bruno Fuchs, président de la commission des affaires étrangères

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    Autoriser la ratification de cette convention, comme l’a fait le Sénat, correspond à un engagement éthique, politique et social : c’est reconnaître que la santé des travailleurs ne peut être une variable d’ajustement, et affirmer que le progrès économique ne doit jamais se faire au prix de vies humaines. C’est aussi replacer la France dans le peloton de tête international, à une époque où les grandes puissances sont scrutées sur le respect des droits fondamentaux, notamment dans leurs chaînes d’approvisionnement.

    M. Bruno Fuchs, président de la commission des affaires étrangères

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    Je vous invite donc à adopter ce projet de loi, comme l’a fait la commission des affaires étrangères à une large majorité le 30 avril dernier. (Applaudissements sur les bancs des groupes EPR et Dem. M. Michel Castellani applaudit également.)

    Discussion générale

    Mme la présidente

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    La parole est à Mme Sabrina Sebaihi.

    Mme Sabrina Sebaihi

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    Ratifier en 2025 une convention de l’Organisation internationale du travail adoptée en 1981, c’est comme réparer un toit après quarante hivers. Cette convention consacre la santé et la sécurité au travail comme un droit fondamental. Elle aurait dû être ratifiée depuis longtemps, car elle traite de ce qui est au cœur du contrat social : le droit de travailler sans y laisser sa santé ni sa vie.

    Mme Sabrina Sebaihi

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    Ne soyons pas dupes : cette ratification n’est pas le grand progrès social auquel on voudrait nous faire croire ; elle constitue avant tout une formalité administrative, imposée parce que l’Union européenne exige désormais que les États membres ratifient toutes les conventions fondamentales de l’OIT. Ainsi, la France coche une nouvelle case –⁠ la dernière. Mais ratifier, ce n’est pas agir ; s’afficher protecteur, ce n’est pas protéger.

    Mme Sabrina Sebaihi

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    Depuis dix ans, les gouvernements successifs ont affaibli tous les leviers de la prévention, de la représentation et du contrôle dans le monde du travail. La loi du 6 août 2015 pour la croissance, l’activité et l’égalité des chances économiques, dite Macron, celle du 8 août 2016 relative au travail, à la modernisation du dialogue social et à la sécurisation des parcours professionnels, dite El Khomri, les ordonnances du 22 septembre 2017 : toutes ont lentement mais profondément érodé le droit du travail. La suppression des comités d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT) a laissé des millions de salariés sans instance dédiée à la santé et à la sécurité. L’inspection du travail a perdu 16 % de ses effectifs en six ans : désormais, un agent doit contrôler plus de 13 000 salariés –⁠ C’est bien supérieur au seuil recommandé par l’OIT.

    Mme Sabrina Sebaihi

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    Pendant que nous débattons, la réalité se dégrade : deux personnes meurent chaque jour en France à cause d’un accident du travail ; en 2023, la vie de 759 salariés a été fauchée sur leur lieu de travail. Notre pays figure parmi les cinq plus meurtriers d’Europe pour les travailleurs, avec un taux d’accidents presque deux fois supérieur à la moyenne européenne. Derrière ces chiffres, il y a des visages, des familles, des ouvriers, des intérimaires, des sous-traitants, comme Moussa Sylla, agent de l’Assemblée nationale, mort au travail en juillet 2022, à qui je rends hommage.

    Mme Sabrina Sebaihi

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    La crise n’est pas seulement physique, elle est aussi psychique. L’an dernier, près d’un salarié sur deux déclarait un épuisement professionnel. Le nombre de burn-out a doublé en dix ans. Là encore, la France est l’un des pays d’Europe où la santé mentale au travail s’est le plus dégradée. Les médecins du travail tirent la sonnette d’alarme : leurs effectifs ont été divisés par deux en vingt ans. Dans de nombreux départements, il ne reste qu’un seul médecin du travail pour 10 000 salariés.

    Mme Sabrina Sebaihi

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    Cette réalité est celle d’un pays où les corps craquent, où les têtes lâchent, où le travail rend malade. Quand on demande toujours plus aux salariés, quand la précarité devient la norme et la reconnaissance l’exception, ce ne sont pas les chiffres de la productivité qui explosent, mais les arrêts maladie et les drames silencieux.

    Mme Sabrina Sebaihi

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    Cette ratification relève du symbole et, sans moyens, sans courage politique, ce sera un affichage de plus. Comment croire à une volonté sincère de protéger les travailleurs quand, ici, on affaiblit le droit de retrait, on remplace la prévention par la pression, et la sécurité par la rentabilité ?

    Mme Sabrina Sebaihi

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    Au fond, le macronisme social, c’est cela : célébrer les droits dans les discours, tout en les détricotant dans les décrets ; ratifier une convention sur la santé et la sécurité au travail, tout en poursuivant une politique qui épuise les corps et fragilise les salariés.

    Mme Sabrina Sebaihi

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    Monsieur le ministre, vous l’avez dit, mais pouvez-vous nous garantir que le personnel navigant ne sera pas exclu du champ d’application de cette convention ? Nous débattrons d’un amendement que nous avons déposé, identique à celui du rapporteur, pour garantir que ces personnels soient pleinement couverts. Il n’y a aucune raison qu’un travailleur dans le ciel ait moins de droits qu’un travailleur sur terre. Nous serons très attentifs à l’engagement du gouvernement sur ce point.

    Mme Sabrina Sebaihi

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    Si vous voulez que cette ratification ait un sens, il faut des actes : il faut redonner des moyens à l’inspection du travail, rouvrir des postes, recréer des instances de santé et de sécurité dans toutes les entreprises. Il faut replacer la prévention et la dignité au cœur des politiques d’emploi car on ne construit pas la compétitivité d’un pays sur les cadavres du monde ouvrier. La vie des travailleurs vaudra toujours plus que les dividendes du CAC40.

    Mme Sabrina Sebaihi

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    Nous voterons pour cette ratification si le gouvernement garantit que personne n’en sera exclu. Mais surtout, ne nous parlez pas de progrès social si c’est pour mieux dissimuler des décennies de recul. Cette convention a été écrite au nom de la dignité du travail ; elle devrait être appliquée au nom de la dignité des travailleurs. (Applaudissements sur les bancs des groupes EcoS et GDR. Le rapporteur applaudit également.)

    Mme la présidente

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    La parole est à Mme Maud Petit.

    Mme Maud Petit

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    Cette convention est reconnue comme fondamentale par l’Organisation internationale du travail. L’autorisation de sa ratification par l’Assemblée nationale renforcerait donc à la fois son statut juridique et sa portée symbolique, tout en envoyant un message clair : la santé et la sécurité au travail sont des droits humains universels.

    Mme Maud Petit

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    Cette démarche s’inscrit dans une tradition ancienne et constante de la France, deuxième État au monde ayant ratifié le plus grand nombre de conventions de l’OIT. Depuis plus d’un siècle, notre pays s’est engagé régulièrement en faveur du progrès social et de la défense des droits des travailleurs. Depuis 1919, la France a ainsi ratifié 129 conventions et deux protocoles de l’OIT, témoignant de son engagement à respecter les normes sociales internationales.

    Mme Maud Petit

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    Cet héritage illustre également notre profond attachement au dialogue social, à la justice du travail et à la dignité des salariés. En 1988, la France avait déjà envisagé de ratifier cette convention. Toutefois, le Conseil d’État s’y était opposé, estimant qu’une étude préalable et une concertation auraient dû déterminer les catégories de travailleurs et les secteurs susceptibles d’être exclus du droit de retrait.

    Mme Maud Petit

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    Plus de trente ans plus tard, en juin 2022, cette convention a retrouvé toute son actualité lors de la cent-dizième Conférence internationale du travail, au cours de laquelle la sécurité et la santé au travail ont été reconnues comme des droits fondamentaux, au même titre que la liberté syndicale, la lutte contre le travail forcé et le travail des enfants, ou l’égalité de traitement.

    Mme Maud Petit

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    Le gouvernement propose au Parlement de mettre fin à cette exception –⁠ cette anomalie – puisque la France est le seul pays à n’avoir pas encore ratifié l’une des dix conventions fondamentales de l’OIT : la convention n° 155 relative à la santé et à la sécurité des travailleurs.

    Mme Maud Petit

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    Il est temps de combler cette lacune car il ne s’agit pas d’un simple texte technique : c’est une avancée majeure à l’échelle mondiale pour la protection de la santé, de la sécurité et du bien-être au travail. Son objectif est clair : garantir à chaque travailleur, quel que soit son statut ou son secteur d’activité, des conditions de travail sûres et saines. Elle promeut une véritable culture de la prévention, fondée sur la responsabilité partagée entre employeurs, salariés et pouvoirs publics.

    Mme Maud Petit

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    La convention précise les obligations des États en matière de politique nationale de prévention, de formation, d’information et de dialogue social. Elle prévoit également la mise en place d’un dispositif de contrôle du respect des règles, ainsi que des sanctions adaptées en cas de manquement.

    Mme Maud Petit

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    Notre pays dispose déjà d’un cadre juridique solide, fruit de décennies d’efforts collectifs et d’avancées législatives. Mais ce cadre, aussi complet soit-il, reste perfectible. La ratification de la convention n° 155 permettra d’inscrire notre législation dans une dynamique européenne et internationale cohérente, en renforçant la coordination entre les différents acteurs de la prévention et en assurant une meilleure gestion des risques professionnels, tant dans le secteur public que privé.

    Mme Maud Petit

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    J’ai entendu les interrogations concernant le droit de retrait des personnels navigants. J’entends aussi les réserves exprimées sur le fait que cette convention ne traiterait pas de l’ensemble des enjeux liés à la santé et à la sécurité au travail.

    ------------------Cette partie de la séance est en cours de finalisation---------------------------------------------