Haïti a connu bien des épreuves au cours de son
histoire, mais son peuple est d’une trempe telle qu’il ne désespère jamais.
Le tremblement de terre qui a si durement frappé ce pays, en janvier
dernier, a montré une fois encore au monde entier l’extraordinaire vitalité
des Haïtiens qui, depuis plus de deux siècles, défendent leur indépendance
et leur liberté. « L’attitude de la collectivité, et je parle de gens très
pauvres, qui ne sont pas directement dans la vie politique, est remarquable.
Haïti est un pays meurtri mais c’est leur pays », a rappelé très justement
Lyonel Trouillot.
Premier territoire décolonisé, Haïti a su conserver des liens forts avec la
France : l’amour des mots, l’amour de la langue française ont inspiré aux
romanciers, historiens, dramaturges et poètes haïtiens des œuvres d’une
profonde originalité que les Français ne connaissent pas assez. C’est
pourquoi j’ai voulu que la soirée de soutien au peuple d’Haïti organisée par
l’Assemblée nationale soit placée sous le signe de la culture haïtienne.
C’est elle qui garantit encore la cohésion nationale dans le chaos des
villes dévastées, c’est elle qui apporte l’énergie d’espérer et demeure
porteuse d’avenir.
Les Haïtiens, qui font face si bravement aux conséquences de la catastrophe,
ne veulent en effet ni commisération, ni pitié. Ils récusent tout
particulièrement le terme de « malédiction », si souvent asséné par ceux qui
ne les connaissent pas. « Les Haïtiens sont des gens d’exception, courageux,
disciplinés, patients, mutuellement généreux et imaginatifs », écrit avec
vigueur Dany Laferrière. Leur dignité constitue pour nous tous un exemple.
Une fois passé le moment d’émotion, l’attention médiatique tend déjà à se
détourner de leur pays, qui reste pourtant à reconstruire. L’Assemblée
nationale, avec la Fondation de France, a voulu se mobiliser au profit de
nos amis haïtiens. Notre solidarité est ancienne et doit se manifester
durablement. Tel est le sens de cette soirée de soutien.
Bernard Accoyer
Président de l'Assemblée nationale |
|