- Texte visé : Proposition de loi, adoptée par le Sénat, après engagement de la procédure accélérée, visant à sortir la France du piège du narcotrafic, n° 907
- Stade de lecture : 1ère lecture (2ème assemblée saisie)
- Examiné par : Commission des lois constitutionnelles, de la législation et de l'administration générale de la République
Supprimer cet article.
Par cet amendement, les députés du groupe LFI-NFP s’opposent à la mise en place d’une procédure coffre. Non seulement cette procédure est inefficace, mais en plus elle porte une atteinte disproportionnée aux droits et libertés fondamentaux.
Cet article prévoit une impossibilité pour les avocats d’accéder à des éléments majeurs de la procédure. Ici, les auteurs de la proposition de loi entendent dissimuler les informations relatives à la mise en œuvre de techniques spéciales d’enquête.
L’objectif affiché est d’une part de garder secrète la nature des techniques spéciales d’enquête – afin qu’elles ne soient pas prévisibles par les personnes qu’elles visent – et donc qu’elles produisent les effets escomptés. D’autre part, il s’agit de préserver, la sécurité des agents infiltrés, collaborateurs de justice ou encore des témoins protégés.
Or, la nature des techniques spéciales d’enquêtes déployées sont en réalité déjà bien connues des personnes qu’elles visent. En outre, les dispositions actuelles du Code de procédure pénale répondent déjà à la nécessité de protéger les agents prenant part à la réalisation de techniques spéciales d’enquête : les articles 706-84, 706-63-1, ou encore 706-58 prévoient l’anonymat des agents infiltrés, des collaborateurs de justice, et des témoins protégés
Un tel article est donc inutile. Pire, il menace gravement le principe du contradictoire et les droits de la défense. Il instaure un déséquilibre disproportionné entre les parties, nuisant au principe d’égalité des armes. De plus, le Conseil national des Barreaux s’est inscrit contre cette proposition – alertant sur le caractère particulièrement attentatoire aux droits de cette mesure. Enfin, les recommandations du rapport d'information visant à évaluer l'efficacité de la politique de lutte contre le trafic de stupéfiants porté par Antoine Léaument et Ludovic Mendes vont dans le même sens.