Histoire et Patrimoine


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Consulat et Premier Empire

1806 - 1810

La nouvelle façade du palais Bourbon

Lorsque le Consulat puis l'Empire succèdent au Directoire, le palais Bourbon apparaît, à l’image du pays, profondément transformé. En effet, afin de ménager la place nécessaire à la construction de l’hémicycle, la façade héritée du palais primitif a été profondément dénaturée par Gisors et Lecomte, qui en ont obturé les ouvertures et y ont ajouté un lourd toit en « pain de sucre ». Le résultat s’avère peu en harmonie avec le paysage urbain environnant, lui aussi en pleine mutation. Le pont de la Concorde, achevé avec les pierres de la Bastille, relie désormais le site du palais Bourbon à l'ancienne place Louis XV. De l’autre côté de la Seine, au-delà de la rue Royale, la construction de la Madeleine, entamée en 1764, est réactivée dans la perspective d’en faire un “temple de la gloire” consacré aux grands faits d'armes de l’Empereur.

Pour mieux intégrer le bâtiment dans cet ensemble urbanistique hors du commun, pour corriger aussi l'impression disharmonieuse rendue par la façade, le Corps législatif donne en 1806 mandat à l'architecte Bernard Poyet de repenser entièrement la façade du palais Bourbon côté Seine.

La réponse de Bernard Poyet tient en une colonnade de facture classique. La Rome impériale constituant alors la référence obligée, le style corinthien est, sans surprise, retenu pour le dessin des douze colonnes. La statuaire ornant le perron exalte très classiquement la puissance de la loi et de l'Etat : sous le regard de Pallas et de Thémis, siègent quatre grands commis de l'Etat monarchique dont l'Empire revendique désormais l'héritage. Chacun incarne une vertu de l'action politique : Sully le réformateur, L’Hospital le conciliateur, d’Aguesseau l’unificateur du droit, Colbert l’organisateur de l’économie. Plus haut, le fronton représente "Sa Majesté l'Empereur revenant de la campagne d'Austerlitz, reçu par le président du Corps législatif et la députation."

Si elle est dépourvue de surprises sur le plan esthétique, la colonnade imaginée par Poyet est en revanche, sur le plan technique, riche d'audaces et d'innovations. La première d'entre elles tient dans le positionnement même de l'édifice. L’enjeu étant d’intégrer le palais à un paysage urbain déjà constitué, Poyet prend le parti d’aligner la colonnade non sur l’axe du bâtiment à "habiller", mais sur des axes donnés par des éléments extérieurs : le pont de la Concorde et la façade de la Madeleine. De ce choix résulte un décalage de dix-sept degrés entre la salle des séances et la nouvelle façade. Second trompe-l'œil imaginé par Poyet : le "perron-podium" de trente-deux marches soutenant l'édifice, qui ne répond à aucune nécessité sinon celle de surélever la colonnade pour la rendre visible dans son entier depuis la rive opposée de la Seine, malgré le bombement du pont de la Concorde.

La légende veut que, malgré tant d'ingéniosité déployée, la colonnade de Poyet eut le malheur de déplaire à Napoléon, à la gloire duquel elle avait pourtant été élevée. Dans un rapport rendu en 1891 sur le patrimoine de la Chambre, le député et futur secrétaire d'État aux Beaux-arts Antonin Proust rapporte cette anecdote : « L’empereur Napoléon trouvait [la colonnade] à ce point horrible qu'un jour il exprima publiquement le regret de ne plus être officier d'artillerie pour pouvoir pointer ses canons contre ce ridicule paravent. »

 

Palais du conseil des Cinq Cents avec son toit en pain de sucre © Assemblée nationale
Vue de la façade du Palais du corps législatif depuis le pont de la Concorde, Architecture de M. Poyet, 1810 © Assemblée nationale

 

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