Histoire et Patrimoine
Frise chronologique
Frise chronologique
Découvertes thématiques
La carrière de Georges Clemenceau à la Chambre des députés commence en 1876. Élu dans le 18e arrondissement de Paris, son premier combat concerne l’amnistie des Communards de 1871. Par sa force verbale et sa pugnacité, Clemenceau s’affirme rapidement comme le chef de file des républicains radicaux, par opposition aux républicains modérés dits « opportunistes ». Il lutte pour une République laïque, démocratique et sociale. En 1882, il contribue à renverser les ministères Ferry puis Freycinet. Le 30 mars 1885, son réquisitoire contre l'expédition du Tonkin provoque la démission du cabinet Ferry, asseyant sa réputation de « tombeur de ministères ».
Les convictions avant-gardistes et l’éloquence de Clemenceau s’expriment notamment dans son opposition à l’entreprise coloniale. Le 31 juillet 1881, alors que la Chambre discute l’attribution de crédits pour une intervention à Madagascar, il s’illustre par ce discours :
« Les races supérieures ont sur les races inférieures un droit qu'elles exercent, ce droit, par une transformation particulière, est en même temps un devoir de civilisation. Voilà en propres termes la thèse de M. Ferry, et l'on voit le gouvernement français exerçant son droit sur les races inférieures en allant guerroyer contre elles et les convertissant de force aux bienfaits de la civilisation. Races supérieures ? races inférieures, c'est bientôt dit ! Pour ma part, j'en rabats singulièrement depuis que j'ai vu des savants allemands démontrer scientifiquement que la France devait être vaincue dans la guerre franco-allemande parce que le Français est d'une race inférieure à l'Allemand. […] Je ne veux pas juger au fond la thèse qui a été apportée ici et qui n'est pas autre chose que la proclamation de la primauté de la force sur le droit ; l'histoire de France depuis la Révolution est une vivante protestation contre cette inique prétention. »
Compromis à la veille des élections de 1893 par ses relations avec Cornélius Herz, un escroc impliqué dans le scandale de Panama, il fait l’objet d’une violente campagne d’opposition et n’est pas réélu député. Il se consacre alors pleinement à l’écriture, collaborant à divers journaux, et joue un rôle de premier plan dans le combat pour la réhabilitation du capitaine Dreyfus.
Élu sénateur en 1902 bien qu’hostile au bicamérisme qu’il considère comme une institution non républicaine, il doit encore attendre le 13 mars 1906 pour qu’on lui propose pour la première fois, à l’âge de 65 ans, un portefeuille ministériel. Il choisit l’Intérieur, qu’il conserve lorsqu’il devient, quelques mois plus tard, président du Conseil. Clemenceau gouverne pendant presque trois ans dans un contexte difficile. Confronté à d’importantes grèves, il réagit avec une grande fermeté et laisse l’image d’un homme d’ordre implacable tel un tigre, plutôt que celle d’un réformateur social tel que la gauche l’attendait. Il initie une vaste réorganisation des services de police, apporte son soutien à la création de la police scientifique par Alphonse Bertillon et institue douze brigades régionales de police composées de véhicules motorisés puissants – les « brigades du tigre » – chargées de combattre la criminalité sur le territoire.
Quand éclate la Première Guerre mondiale, il intervient activement comme président des commissions sénatoriales des affaires étrangères et de l’armée. Dans le cadre de ses fonctions, il multiplie les visites au front et n’hésite pas à distribuer dans ses rapports des blâmes au Gouvernement, affirmant le droit des parlementaires à critiquer le haut commandement militaire. En novembre 1917, le président de la République Raymond Poincaré l’appelle à la présidence du Conseil. Également ministre de la Guerre, Clemenceau tente de redonner au pays la vigueur indispensable pour l’emporter. Sa volonté est inflexible, son autorité indiscutée. Il impose l’union des armées alliées sous le commandement unique du général Ferdinand Foch et est surnommé « Le père la victoire ». Le 11 novembre 1918, Clemenceau annonce l’armistice à la tribune de la Chambre des députés.
Ayant renoncé à la présidence de la République, Il se retire de la vie politique en 1920.