Histoire et Patrimoine
Frise chronologique
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L'ancienneté de la Bibliothèque de l'Assemblée nationale, les conditions dans lesquelles ont été rassemblés les premiers ouvrages, l'esprit encyclopédique enfin qui a guidé la politique des achats jusqu'aux environs de 1830, expliquent l'exceptionnelle richesse du fonds ancien.
Les trésors de l'Assemblée nationale réunissent près de 1 900 manuscrits, dont une bible du IXe siècle, les décades de Tite Live avec des enluminures du XVe siècle, le procès de Jeanne d'Arc, un calendrier aztèque, 80 incunables, des collections de journaux et d'affiches, et de nombreuses éditions originales.
L'Assemblée nationale possède notamment dans son fonds ancien plusieurs œuvres de Jean-Jacques Rousseau.
Un ensemble de versions manuscrites ou imprimées – annotées de la main de l'auteur – du roman La nouvelle Héloïse de Jean-Jacques Rousseau est conservé dans la bibliothèque. Ces versions ont précédé l'établissement du texte définitif que l'on connaît aujourd'hui. Il s'agit du premier brouillon (541 pages in 8° manuscrites) ; de la copie personnelle (794 pages in 8° dont 546 manuscrites) ; de la copie autographe pour la Maréchale de Luxembourg (six volumes, soit un ensemble de 1881 pages in 8° manuscrites) et de l'édition Duchesne-Coindet (1237 pages imprimées in 8° avec corrections autographes).
La version intégrale du brouillon de La nouvelle Héloïse, est accessible en version numérisée, accompagnée d'une courte notice de présentation.
La copie personnelle correspond au deuxième brouillon de La nouvelle Héloïse de Jean-Jacques Rousseau. Ce manuscrit comporte encore de nombreuses corrections et ne représente pas la version définitive de l’œuvre. Initialement, cette copie, reliée en maroquin rouge, est composée de quatre volumes, tous étant la propriété du conventionnel Hérault de Séchelles qui les avait achetés en Hollande, ainsi qu'un petit portrait sur émail de Mme de Warens. Les deux premiers volumes de la copie personnelle de La nouvelle Héloïse regroupent les trois premières parties de La nouvelle Héloïse et les deux suivants la quatrième, la cinquième et la sixième partie de l’œuvre. À la mort de Hérault de Séchelles, guillotiné en 1794, la Convention se saisit des deux derniers volumes à son domicile. Les émissaires de la Convention ne retrouvent pas les deux premiers volumes, ni le portrait qui font cependant leur réapparition en 1801, lors d'une vente aux enchères effectuée au bénéfice de la veuve du conventionnel. Tous ces souvenirs sont achetés pour 700 francs or par une seule personne, un particulier du nom de Rivière. De nouveau la trace des deux premiers volumes de la copie personnelle est perdue bien que, entre les deux guerres mondiales, un volume – le premier correspondant au deux premières parties de La nouvelle Héloïse – est retrouvé dans la bibliothèque du duc de Newcastle. L'autre volume (troisième partie), propriété de Louis Barthou, ancien Président du Conseil, a pu être consulté par un professeur à la Sorbonne, Daniel Mornet, pour l'édition Hachette de 1925.
La troisième œuvre copie de La nouvelle Héloïse pour la Maréchale de Luxembourg n'est pas véritablement un brouillon mais plutôt une copie autographe de La nouvelle Héloïse que Jean-Jacques Rousseau a réalisée en 1760 afin d'honorer l'une de ses bienfaitrices. Bien qu’il recopie son œuvre, il procède à un certain nombre de corrections. Ce manuscrit est orné de douze dessins originaux, exécutés à la plume et rehaussés de bistre par l’artiste Hubert-François Gravelot, sur les indications de Rousseau lui-même.
L'Édition Duchesne-Coindet de La nouvelle Héloïse est assez différente de la première édition de La nouvelle Héloïse qui paraît en 1761 à Amsterdam (Édition Rey). Il semble que Rousseau ne participe pas à l’établissement du texte et ne donne donc pas son aval à la publication. Il prend connaissance du livre imprimé chez l’un de ses amis, le genevois François Coindet (1734-1809). Irrité des changements de textes intervenus depuis 1761 sans son autorisation, il multiplie les corrections pour revenir à peu près à l'editio princeps, sous réserve d'une seconde préface et de quelques ajouts, telle que la traduction en français des citations italiennes.
Rousseau confie à son ami François Coindet cette version rectifiée afin qu’il puisse vérifier, documents originaux en mains, l’édition ultérieure de La nouvelle Héloïse en Suisse, dénommée « édition Duchesne-Coindet ».
Le fonds Rousseau contient également l’ouvrage Les Confessions rédigé entre 1765 et 1770. Il est publié par les éditeurs Paul Moultou et Pierre-Alexandre Du Peyrou en 1782 pour la première partie, et en 1789 pour la seconde, à partir des éléments qu'ils ont en leur possession. Néanmoins, Rousseau ayant fait plusieurs copies de son texte avec des variantes importantes, il existe, à la veille de la Révolution française, plusieurs manuscrits distincts des Confessions, avec des versions sensiblement différentes.
Les Confessions intégrées au fonds de l’Assemblée nationale dans leur version intégrale constituent le manuscrit dit « de Paris » remis à la Convention nationale le 5 vendémiaire an III (26 septembre 1794) par la veuve de Rousseau, Thérèse Levasseur.
Dans son ouvrage Rousseau, juge de Jean-Jacques, Dialogues, achevé en 1776, l’auteur s'efforce de se représenter sincèrement face à ses contemporains et à la postérité. Il met en scène un personnage nommé Rousseau qui s'entretient avec un « Français », au sujet de « J.J. », personnage absent. Le Français incarne un juge, Rousseau un avocat. À travers cet ouvrage, il revient sur la totalité de son œuvre et revendique notamment la paternité des écrits sur lesquels des doutes ont été émis.
Le manuscrit détenu par l'Assemblée nationale représente sa quatrième version. Il a été acquis par la bibliothèque de la Chambre des députés en 1812. En très bon état, il compte 225 feuillets numérotés par l'auteur et reliés en maroquin rouge.
Dans son ouvrage «L'Émile ou de l'éducation » Jean-Jacques Rousseau expose les principes d’une éducation conforme à la nature. Son objectif est de recréer « l’homme naturel », dont le savoir doit être constitué de notions concrètes, utiles pour la vie pratique. L’œuvre est divisée en cinq livres, suivant la croissance de l’enfant. Le livre I traite de l’éducation jusqu’à cinq ans, le deuxième de cinq à douze ans, le troisième de douze à quinze ans et le quatrième de quinze à vingt ans. Le livre V, lui, introduit le personnage de Sophie et évoque l’éducation des filles, le mariage, la vie de famille.
Outre divers fragments (Bibliothèque de Neuchâtel) et une copie séparée de la Profession de foi du vicaire savoyard (Bibliothèque de Genève), il reste trois manuscrits de l’Émile. Le « manuscrit Favre », le plus ancien, est un brouillon encore partiel, le plus tardif étant celui que Rousseau communique à son imprimeur Duchesne par l’intermédiaire de Mme de Luxembourg. Ils sont conservés par la Bibliothèque de Genève. Rousseau garde en sa possession une version intermédiaire qu’il nomme parfois son brouillon, conservée par l’Assemblée nationale.
Moins célèbre que ses écrits philosophiques et littéraires, Le Devin du village demeure l’œuvre musicale la plus connue de Jean-Jacques Rousseau. Il s’agit d’un intermède, un petit opéra en un acte. Composé au printemps 1752, il est achevé en trois semaines et seulement six jours sont nécessaires pour écrire le plan et la musique. Il est joué pour la première fois le 18 octobre 1752 à Fontainebleau en présence de Louis XV et de Madame de Pompadour. Ses talents dans le domaine musical rencontrent un réel succès auprès de la Cour et du roi lui-même. Le chanteur Jélyotte, qui tenait alors le premier rôle, lui écrit, le 20 octobre 1752 : « Le Roy, qui comme vous le savez, n'aime pas la musique, chante vos airs toute la journée, avec la voix la plus fausse de son royaume ».
Le livret, repris par Favart dès 1753 sous le titre Bastien, Bastienne a même inspiré le jeune Mozart, qui le mit en musique en 1768.
L’Assemblée nationale sait peu de choses sur l'histoire de la partition manuscrite conservée par sa Bibliothèque. Il semble qu'elle a appartenu aux musiciens François Francoeur, directeur de l'Académie de musique lorsque le Devin y fut représenté, puis Clos, avant d'être acquis en 1812 par Druon, bibliothécaire de la Chambre des députés. La Bibliothèque municipale de Lyon conserve une copie autographe du livret de l’œuvre.