Histoire et Patrimoine
Frise chronologique
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Le palais Bourbon et l’hôtel de Lassay furent édifiés simultanément, de 1722 à 1728, sur des terrains acquis en 1720 par la duchesse de Bourbon, la fille légitimée de Louis XIV et de Mme de Montespan, et dont elle céda une partie à son amant, le marquis de Lassay.
Le même parti architectural, dit « à l’italienne », caractérisait les deux
bâtiments : construction de plain-pied entre cour et jardin. L’ensemble formait l’un des lieux les plus en vue de la première moitié du XVIIIe siècle.
À la mort de la duchesse en 1743, le palais fut acquis par Louis XV qui le céda en 1764 au prince de Condé. Devenu maître des lieux, Louis-Joseph de Bourbon se consacra à l’aménagement de sa nouvelle demeure, où il se sentit vite à l’étroit au regard de son train de vie de grand prince du royaume. Commencèrent alors d’importants travaux d’aménagement et d’agrandissement, qui le conduisirent à racheter en 1768 au roi Louis XV l’hôtel de Lassay. Les deux bâtiments furent ainsi réunis, propriété d’un seul prince qui s’évertua pendant vingt ans à agrandir sa « maison ».
Sous la direction des architectes Barreau de Chefdeville et Le Carpentier, les deux ailes du Palais Bourbon furent agrandies et prolongées pour fermer la cour d’honneur. À leur extrémité, deux pavillons furent bâtis de part et d’autre du porche d’entrée en arc de triomphe. Conformément aux vœux du prince, ce porche s’inscrivait dans une imposante « colonnade-rideau » qui permettait aux passants d’admirer depuis l’extérieur la cour du Palais : c’est encore le cas aujourd’hui.
La décoration fut, elle aussi, modifiée à la gloire du prince : le vestibule de l’hôtel de Lassay fut par exemple – et est encore aujourd’hui – orné de trophées d’armes rappelant ses exploits militaires.
Confisqués en 1791, le palais Bourbon et l’hôtel de Lassay furent déclarés « biens de la Nation ». La palais Bourbon fut affecté en 1795 au Conseil des Cinq-Cents.
À la Restauration, le prince de Condé voulut récupérer son bien. Il reprit possession de l’hôtel de Lassay, mais fut obligé de louer le palais à la Chambre des députés. L’État devint définitivement propriétaire du palais Bourbon en 1827 et de l’hôtel de Lassay en 1843.
Après l’acquisition du Palais Bourbon pour y installer la Chambre des députés, l’architecte Jules de Joly dirigea pendant cinq ans les transformations qui allaient donner aux lieux leur physionomie actuelle : construction d’une salle des séances plus vaste ; avancement de la façade côté cour d’honneur et division de l’espace ainsi conquis en trois salons ; édification, en doublement de l’aile droite, d’une bibliothèque.
L’hôtel de Lassay fut surélevé d’un étage en 1848 et relié au palais Bourbon par une grande galerie des fêtes. Jules de Joly réorganisa également le rez-de-chaussée de l’hôtel, en créant cinq salons en enfilade côté jardin, servant aux réceptions, et trois salles côté cour. Il veilla à ancrer la décoration de l’hôtel dans son siècle d’origine, comme si le temps s’était arrêté au Siècle des Lumières.
Le duc de Morny, président du Corps législatif, fit de l’hôtel de Lassay l’un des centres de la vie parisienne sous le Second Empire. Grand amateur d’art, il fit construire en 1860 une seconde galerie pour y présenter sa collection de peintures exceptionnelles, qui rassemblait des Rembrandt, des Rubens, des Chardin, etc. À sa mort en 1865, la collection fut dispersée et remplacée par un ensemble de tapisseries de Beauvais et des Gobelins, qui donnent aujourd’hui son nom à cette « galerie des Tapisseries ».
Depuis 1879, l’hôtel de Lassay est le siège de la présidence de l’Assemblée nationale.
Dans le salon des Jeux, se tiennent chaque semaine les réunions de la Conférence des Présidents, pour établir le programme de travail de l’Assemblée nationale en séance publique. Réunie à l’initiative de la Présidente de l’Assemblée nationale, la Conférence des Présidents est composée des six vice-présidents de l’Assemblée, des huit présidents des commissions permanentes, du rapporteur général de la commission des Finances et du rapporteur général de la commission des Affaires sociales, du président de la commission des Affaires européennes et des présidents des groupes politiques. Le Gouvernement y est représenté par un de ses membres, généralement le ministre chargé des relations avec le Parlement.
Les autres salons de réception sont aujourd’hui fréquentés par un public nombreux et divers, à l’occasion d’événements diplomatiques, politiques et citoyens. Ils se visitent aussi lors des Journées européennes du Patrimoine ou de week-ends « portes ouvertes ».