Histoire et Patrimoine
Frise chronologique
Deuxième guerre mondiale
Création du Conseil de la Résistance et programme du CNR
En mars 1943 à Londres, Jean Moulin reçoit du général de Gaulle la mission d'unifier la Résistance en France au sein d'un "Conseil de la Résistance".
L'institution de ce Conseil répond à la nécessité pour le général d'acquérir une légitimité auprès des Britanniques et surtout des Américains qui choisissent de ne traiter qu’avec le régime de Vichy et ne reconnaissent que le général Henri Giraud comme interlocuteur en Afrique du Nord. Cette légitimité passe par l’acceptation de la résistance armée intérieure communiste et des autres mouvements de résistance, ainsi que par celle des différents représentants des partis politiques.
Le parcours et la personnalité de l'ancien préfet d’Eure-et-Loir qui a refusé, dès le 17 juin 1940, d’obéir aux ordres des Allemands entrés dans la cour de la préfecture, entraînent la confiance de la résistance intérieure. Rex, alias Jean Moulin, parvient à coordonner l'action de ces mouvements en métropole. Il préside le Conseil de la Résistance réuni pour la première fois dans la clandestinité, le 27 mai 1943 à Paris. Sont regroupés les représentants des huit mouvements de Résistance : Libération-nord, Libération-sud, Combat, Franc-tireur, Organisation civil et militaire (OCM), Front national de lutte pour la libération et l’indépendance de la France (créé par le parti communiste français), Ceux de la Libération (CDLL) et Ceux de la Résistance (CDLR). Les six principaux partis politiques sont représentés : PCF, SFIO, Parti radical et radical-socialiste, Parti démocrate Populaire, Fédération républicaine de droite, Alliance démocratique, ainsi que les deux confédérations syndicales : CGT et CFTC.
Le Conseil adopte, après débat, une motion de soutien au général de Gaulle « qui fut l'âme de la Résistance aux jours les plus sombres et qui n'a cessé depuis le 18 juin 1940 de préparer en pleine lucidité et en pleine indépendance la renaissance de la Patrie détruite comme des libertés républicaines déchirées ».
Jean Moulin est arrêté sur dénonciations intérieures par la Gestapo, le 21 juin 1943, dans la ville de Caluire-et-Cuire dans le département du Rhône. Il est assassiné au mois de juillet. Georges Bidault le remplace à la tête du Conseil de la Résistance qui ne prendra le qualificatif de « national » qu'à l'automne 1943.
Le programme d’action de la Résistance, arrêté le 15 mars 1944, nommé après la Libération Programme du CNR et aussi connu sous l’appellation Les jours heureux, est rédigé par Pierre Villon, un cadre du parti communiste français. Il présente « un plan d'action immédiate » et « des mesures à appliquer dès la libération du territoire ». Il prévoit le rétablissement des libertés fondamentales et des institutions républicaines, ainsi que de grandes avancées sociales.
Sont édictés principalement l'établissement de la démocratie la plus large possible, le rétablissement du suffrage universel masculin, la refonte du système éducatif, l'établissement d'un plan complet de sécurité sociale, le retour à la nation des grands moyens de production monopolisés, des sources d'énergie et des richesses du sous-sol, le droit au travail et le droit au repos, et enfin une extension des droits politiques, sociaux et économiques des populations indigènes et coloniales.
La nouvelle de la constitution du CNR et du soutien unanime qu’il apporte à de Gaulle est aussitôt connue à l’international. Les alliés acceptent que le général de Gaulle, chef du Comité national français, prenne, à Alger, la direction du Gouvernement de libération.